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15 août 2018, 22:20
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Août 2043


Cette année à Poudlard avait été ponctuée par un peu de recherche, pas autant que Phœbe l’avait imaginé, chaque avancée était un minuscule pas de fourmi. Cependant elle avant avancé, un tout petit peu. L’élément qui l’avait le plus hantée après analyse de ses souvenirs, et qu’elle avait pris bien du temps à réaliser, concernait l’énigme de l’homme qui avait tué Emrys. Dans un premier temps c’était le chagrin d’avoir perdu un ami très cher qui l’avait assaillie, qui l’avait retournée. Elle aurait voulu avoir la possibilité de faire le deuil à l’époque et pas à retardement. Après quelques mois son esprit s’était éclairci et elle s’était trouvé des intentions différentes. Débusquer cette silhouette qui avait projeté la lame empoisonnée sur l’enfant, sans vaciller, avant de s’évaporer dans les airs. Un pan lui manquait elle en était certaine. Il lui était impossible de donner un visage distinct à ce personnage, et la réaction de ses parents était impossible à rappeler à elle. À chaque fois qu’elle se concentrait sur cet instant précis, des fragments semblaient vouloir s’échapper irrémédiablement.

Durant une année complète elle avait réussi à fuir ses parents, qu’elle tenait pour responsables de sa confusion. Ils avaient pris une décision à sa place, sans même lui en parler. L’avaient droguée aux somnifères pour faire leur petite manipulation magique. Ce coup bas n’était toujours pardonné. Ce n’était pas le motif de sa présence ici, dans la résidence de famille en France, sa cousine Æglé l’y avait conduite. L’un des moments importants cette année fut la visite chez le professeur Holloway lors des vacances de Pâques. La nécromancie. C’est ce qui avait amené la petite Swan à sa porte. L’échange avait permis de faire un vrai pas en avant, mais n’avait pas permis de donner une identité concrète à l’auteur du crime. Sur d’autres plans en revanche l’adolescente avait un nouvel œil.

Elle n’avait plus vraiment le choix. Le couple Swan représentait la dernière source capable de dire qui avait brisé l’enfance de Phœbe. De toute évidence ils le cachaient s’ils le savaient. Encore un moyen de protéger leur petite fille trop vulnérable pour tenir le coup, devaient-ils penser. Un goût amer emplissait la bouche de la sorcière verte et argent. Elle les détestait, leur en voulait, et ne venait qu’à reculons. Des informations, des réponses. Voilà tout ce qu’elle quêtait ici. Ses parents avaient intérêt  à être loquaces et cesser de tout lui dissimuler. C’était à elle de décider quoi faire de son histoire, plutôt que de permettre à des adultes de ne lui fournir que quelques pièces de puzzle en gardant une partie pour plus tard. Maintenant, elle les voulait !

L’adolescente frappa à quelques reprises sur le heurtoir et patienta. Il était magique, ce qui signifiait que les habitants dans la demeure avaient entendu cette manifestation et étaient avertis de l’arrivée d’un visiteur. Quelques secondes d’attente avant qu’une femme à la chevelure de feu ouvrit la porte et se figea à la vue de la jeune magicienne. Deux petites lunes transpercèrent les deux perles vertes qui observaient la nouvelle venue. Les lèvres de l’adulte bougèrent pour former un prénom, à vrai dire la petite Swan n’entendait pas, sa tête saturée par un sifflement aiguë filant de part en part être ses oreilles. Cependant l’arrivée d’un homme de plus grande taille, de ces pierres d’ambre dissipa le doute. La famille était de nouveau réunie, deux personnes d’un côté du pas de la porte, la benjamine n’ayant pas encore fait le pas pour les rejoindre. Ils se jaugeaient. Aucun n’osait prononcer le moindre mot pour briser la tension palpable.

Après un silence qui se prolongea encore quelques minutes, Phœbe brisa l’inertie avec quelques mots prononcés simplement et sans émotion.

« Je suis de retour. »

N’attendant pas la réaction des deux sorciers, la petite Swan avança de quelques pas, et sans un regard de plus envers ses géniteurs, elle traversa ce couloir familier pour rejoindre sa chambre et s’y calfeutrer pour les prochaines heures. L’affrontement verbal, la discussion devrait être préparée, l’étudiante ne comptait pas les attaquer de front.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel
15 août 2018, 22:50
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Assise en tailleur sur son lit, la petite Swan méditait. C’était une technique apprise en Divination cette année, mais elle l’utilisait pour réactiver certaines parties de son esprit, se rappeler certaines choses. Se contrôler surtout, ne laisser paraître que ce qu’elle souhaitait montrer. Pour le moment à venir, elle ne pourrait pas se permettre de laisser ses parents la  lire, la comprendre. Ils n’avaient aucun droit, surtout pas celui d’avoir un ascendant sur leur fille. Elle exigerait d’eux la vérité, un unique élément qu’il lui devaient bien. Alors le moment de la réconciliation serait, peut-être envisageable. Cela dépendrait aussi de la nature des confessions.

Phœbe se regarda dans la glace, toujours sa petite taille même si elle avait gagné quelques centimètres en plusieurs années. Ses yeux qui n’avaient pas pétillé depuis longtemps. Ternes. Cependant elle avait appris à les glacer, leur conférer un reflet froid qui lui donnait un air plus dur. Elle semblait moins fragile ainsi. Sa silhouette restait relativement frêle, mais ce n’était pas une faiblesse. Elle n’était pas une sorcière faible. La magicienne avait de quoi tout affronter. Elle s’en donnerait les armes.

Sa petite main saisit  la poignée de la porte, et elle la poussa doucement avant de la refermer derrière elle. L’adolescente suivit le couloir et descendit quelques volées de marches avant d’atteindre le salon, où ses parents se tenaient côte à côte sur le canapé, l’air anxieux. Ils échangeaient par regards et ne remarquèrent pas tout de suite l’arrivée de leur enfant. Cette dernière avança d’une démarche spectrale, ses pas ne faisaient aucun bruit, amortis par le tapis qui couvrait le sol. Elle se posa alors sur un fauteuil faisant face aux adultes et attendit qu’ils lui accordent de l’attention et constatent sa présence avant de faire son annonce.

« J’ai à vous parler. À propos de ce que vous m’avez rendu l’été dernier. »

Ces derniers mots étaient-ils nécessaires ? C’était une évidence que le sujet serait le suivant. Phœbe n’aurait pas adopté un tel air grave si elle avait souhaité parler de ses résultats scolaires, de ses relations ou de ce genre de broutilles. Cependant, il lui semblait important de contextualiser. Poser officiellement le thème sur la table. Observer les réactions faciales des sorciers. Les ombres qui pourraient traverser leur regard.

« J’ai eu le temps de tout analyser. Mon petit doigt me dit que vous avez… omis un détail. Que je n’ai pas recouvert l’intégralité de ma mémoire. »

Une petite pause avant le terme clef pour voir si les adultes allaient trahir quelque chose. Cependant ils connaissaient la finesse d’esprit de leur fille, iles était certainement préparés à être impassibles. Bien que le mouvement corporel d’Ulysse n’échappe pas à la petite Swan. La phrase suivante fut dite lentement, et bien qu’elle se donne vaguement un air de question, le ton était affirmatif. La Serpentard montrait qu’elle ne laissait aucune place au doute ou à la contestation. Elle avait démêlé les petites indications de son esprit pour arriver à ce qui était pour elle plus que certain, que le couple Swan devrait être dans l’incapacité de nier. Du moins ils pourraient tenter, mais ne tromperaient d’aucune façon la sorcière.

« Vous me cachez quelque chose. Bien que je ne sache pas quoi exactement. »

Psyché lança un regard à son époux. L’expression de l’homme se voulait-elle rassurante ? La fille aux yeux gris faillit froncer les sourcils devant cette expression mais n’oublia par le contrôle. Un sourire en coin à la place. Acculés. Elle avait raison, ils détenaient une information. Le moment de flottement ne dura pas car aussitôt ils regagnèrent tous deux leur contenance et le père répondit.

« La magie de l’oubli est délicate, nous avons fait notre possible pour que le passage soit aussi propre que nos pouvoirs le permettaient. Mais tu as dû aller à Sainte-Mangouste car ton esprit ne s’est pas complètement remis. C’est l’explication la plus probable au flou que tu ressens. Sache que nous sommes là si tu as besoin de soutien pour surmonter ce que tu traverses. »

Hypocrites. Le sourire aux lèvres, à prétendre qu’il n’y avait pas de problèmes. Que c’était d’elle que venait la confusion. Alors qu’elle savait qu’il avait un détail gardé en eux. Et que visiblement l’un protégeait l’autre en se taisant. Il fallait mettre cela au clair. La petite Swan avait besoin de plus d’indices avant de revenir à la charge.

« Bien sûr, c’est moi qui suis folle. »

Sa voix avait été à peine vibrante, elle se contrôlait de mieux en mieux. Ces mots avaient été prononcés en même temps qu’elle se levait, quittant la pièce en serrant les poings.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel
15 août 2018, 23:19
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« On ne peut pas lui dire. Il l’a retrouvé une fois, si elle sait elle ne sera plus protégée, il pourra la retrouver. »

Psyché était très inquiète, sitôt Phœbe disparue elle s’était tournée vers son époux Ulysse. Ce que leur fille ne savait pas, c’était que les débuts, les prémisses de leur amour avaient été difficiles. Leur union n’était pas approuvée par le père de Psyché, et il avait vu d’un très mauvais œil qu’un français débarque en Angleterre et vînt lui ravir sa fille, ils n’avaient jamais obtenu sa bénédiction. Mister Picéa avait toujours montré une franche animosité à l’égard du sorcier, et avait même juré d’avoir sa peau pour se venger de la perte de sa fille, car il tenait pour coupable le magicien Swan.

Pouvait-on dire d’un homme qui passe son temps à voyager pour faire des recherches qui n’aboutissent presque jamais dans un laboratoire mobile qu’il soit respectable ? De quel droit arrachait-il  une jeune femme d’une famille de la noblesse sorcière britannique à sa vie de confort pour la balancer dans un monde hostile ? Le couple n’avait jamais pris les menaces au sérieux. Du moins Ulysse avait tenté de se rassurer, arguant que cet homme devait tout de même être raisonnable, au moins un peu. La jeune sorcière n’en était pas si certaine. Elle connaissait mal son père, le voyait très peu, mais il cachait de toute évidence de très sombres pulsions. Le genre d’homme qui donnait envie de changer de côté de rue quand on le croisait. Il avait une aura puissante, qui pouvait pousser les esprits les plus faibles à s’écraser.

« Je comprends ma chérie, nous sommes parvenus à nous dissimuler toutes ces années, nous ne pouvons pas lui permettre de déchirer à nouveau notre famille. Pourtant… si Phœbe était avertie cela pourrait affaiblir son pouvoir sur nous. Elle sera plus vigilante ? »

La rousse baisse les yeux. Ce presque inconnu, qui n’était rien de plus que la personne qui avait engrossé sa mère, avait des idées fixes sur ce que devait être un sorcier d’une famille noble. Il avait soit renié sa fille, ou alors cherchait à éliminer Ulysse, le sorcier qui l’accompagnait dans sa vie. Leur amour avait donné naissance à cette merveilleuse Lune qu’était leur fille, elle les avait plus que soudé, jusqu’à ce que le père de Psyché refasse surface lors de leur premier voyage important en famille. Le magicien en avait l’intuition, il était la cible de cette lame enchantée. Il aurait dû mourir ce jour-là. Mais c’était sans compter le nouvel ami de leur petite Phœbe. Il n’avait été qu’un obstacle dans la ligne de mire du sorcier anglais. Et son pari était presque réussi.

La famille se retrouvait éclatée. Ils avaient perdu toute la confiance de leur enfant. L’été dernier ils avaient volontairement rendu avec moins d’intensité le passage où les yeux de la fillette rencontrait la silhouette de son grand-père. Elle ne devait pas savoir. Cependant, l’adolescente savait utiliser son esprit. Elle avait compris, avait mis le doigt sur l’élément flou. Elle avait fait semblant de ne pas avoir saisi, mais les parents n’étaient pas dupes. Ils avaient bien compris qu’elle voulait savoir qui était l’homme. Au moins son apparence physique. À quels desseins ? Ils savaient.

« Elle risque de vouloir le retrouver. Pour aplanir la situation. Ce qui la mettrait vraiment en péril. Emrys comptait beaucoup elle. Une amitié d’enfance brisée marque profondément. Même si elle comprend quel est son visage elle ne doit pas faire le lien. Je ne peux pas lui dire que mon père… est l’assassin. Que c’est un sorcier fou qui en a après toi, moi, elle. »

Des larmes fines commençaient à couler au coin des yeux de la sorcière qui se sentait mal. Son père était un être abject qui n’apportait avec lui qu’un vent de destruction. Durant tout ce temps ils avaient pris garde à toujours se déplacer et à séjourner dans des endroits protégés par des barrières magiques, contacts minimaux avec les moldus, car le mage pouvait se dissimuler dans n’importe quelle foule, il avait prouvé sa détermination.

Deux regards inquiets et indécis étaient plongés l’un dans l’autre, leurs mains tremblantes, se demandant ce qu’ils pourraient annoncer, ce qui devait rester caché.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel
15 août 2018, 23:52
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La petite Swan avait quitté à grandes enjambées le salon, sans un regard en direction des adultes. Elle n’était pas rentrée directement dans sa chambre. L’adolescente se surprit à faire un petit tour par la galerie des ancêtres. C’est ainsi qu’elle appelait cette pièce mais il existait certainement un autre nom plus officiel. C’est là qu’étaient réunies les représentations des membres de la famille sur des générations. Au cœur trônait toujours les membres actuels. Il y avait donc la peinture avec Phœbe toute jeune, elle tenait à peine debout, et ses deux parents. Un peintre sorcier s’en était chargé, de tels sortent que les membres de la composition bougeaient un peu parfois. La Serpentard voyant toujours avec attendrissement son mini-soi. Cela la ramenait à une époque agréable. Quand les choses allaient bien. Pour de vrai.

Elle avait tout le temps cette fois-ci et ne se contenta par de ce tableau. Elle recula de quelques pas pour avoir une vue d’ensemble. À droite se trouvaient les représentations de la famille d’Ulysse son père, et à gauche celles de la famille de Psyché sa mère. Jamais cette dernière ne lui avait présenté ses parents, prétextant qu’il était difficile d’entrer en contact avec ces derniers, d’autant qu’ils étaient souvent en déplacement. Les yeux gris de l’adolescente s’attardèrent non pas sur les portraits représentants chacun l’un de ses parent seul, mais sur un portait de plus petite taille, coincé dans un emplacement où il était moins mis en valeur. L’adolescente s’approcha de plus près et vit une fillette l’air fier sur les genoux d’un sorcier austère. Son regard était glaçant, dur, hautain. Il donnait l’impression d’irradier un rayon destiné à réduire en poussière tout ceux qui le croisaient. Mais ce n’était pas le plus perturbant, elle reconnaissait ce regard. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes avant de comprendre. De finir son puzzle aux pièces infinies. C’était l’Homme.

Des réponses. Un éclairage. Elle avait besoin d’une confirmation. Plus besoin de contrôler son attitude. C’était la preuve qui rendait inutile les manipulations, le choix des mots. Une image valait mille mots ? Voilà le moment où Phœbe en comprenait toute l’ampleur. Elle détacha le portrait du mur, il n’était pas trop encombrant et elle pouvait le porter. Elle rejoint aussi vite que possible ses parents, qui étaient toujours au même endroit. Ils avaient l’air d’avoir eu une conversation sérieuse et humide. La petite Swan n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Elle brandit comme un trophée le portrait et pointa le doigt sur le sorcier terrifiant qui tenait une petite sorcière sur ses genoux.

« C’est lui ! Qui ? Vous le connaissez, il ne peut en être autrement ! Et vous le protégiez durant toutes ses années, c’est ça ? »

La tension était à son comble. Les adultes se levèrent, tétanisés dans un premier temps. Psyché pris alors le tableau, avec une once de dégoût de de tristesse dans son attitude. Elle jeta un regard qui transpirait le mépris et la rancœur comme Phœbe n’en avait jamais vu.

« Je suis cette jeune fille sur le premier plan. Et ce magicien qui se tient à l’arrière... il est devenu un ennemi de notre famille le jour où il a cherché à la briser. C’est aussi par les liens du sang ton grand père. »

Puis, comme si les rebords du tableau lui brûlaient les mains, la magicienne lâcha très vite. La bombe était lancée. À présent la sorcière verte et argent savait. Quelle serait sa réaction ? Que ferait-elle vis-à-vis de cet homme, à présent qu’elle avait enfin son identité ?

Les deux adultes craignaient sérieusement qu’elle ait une idée dingue, comme tenter de l’affronter ou de le rejoindre pour retourner sur  l’évènement le plus douloureux de son passé. Sa magie était puissante, mais elle restait une enfant. Encore plongée dans l’apprentissage de la magie. Elle ne pouvait s’exposer à la noirceur pure incarnée par son aïeul. Sa vie pouvait bien être en jeu. Après tout, son grand-père la considérait certainement comme la bâtarde d’une union illégitime. La mine inquiète, le couple Swan observait leur enfant, espérant qu’elle comprenne pourquoi il ne lui avait pas annoncé de but en blanc à l’âge de six ans qu’un membre de sa famille avait assassiné froidement son ami. Ce n’était pas une nouvelle facile à partager.

Éternelle nouvelle Lune
Sombre Ciel
16 août 2018, 00:17
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Aussitôt la petite Swan s’était retournée pour ne pas voir les regards contrits de ses parents. Toujours à lui cacher des éléments essentiels, la pensant trop vulnérable pour affronter. Je ne suis pas faible ! avait-elle envie de crier. Elle reconstituait lentement la scène. Un sorcier détraqué avait attaqué la famille, c’était son ami qui avait pris l’arme mortelle. Qu’importait au sorcier, une seule cible devait souffrir pour que son œuvre soit accomplie. Maintenant par sa faute Phœbe se sentait aussi détraquée, brisée. Cela changeait son point de vue sur Ulysse et Psyché. Au début elle avait cru qu’ils la pensaient incapable de se remettre d’un décès, l’empêchant de faire le deuil. Mais cette affaire allait beaucoup plus loin. Car elle avait pensé ensuite qu’ils protégeaient un agresseur, où ne voulaient pas qu’elle sache de qui il s’agissait. En réalité ils s’étaient aussi protégés eux-mêmes. Avaient agi en parents pour protéger l’ensemble de la famille Swan. Toutes leurs manipulations paraissaient à présent un peu moins injustifiées. C’était un monstre qui avait été à l’œuvre, et les adultes avaient pour un temps tenu à l’écart la menace. La petite Swan revoyait tous ces petits détails, ces sortilèges de protection, ces potions de camouflage. Soi-disant pour le secret magique. C’était pour échapper à ce terrible homme.

Pour autant, comprendre n’était pas synonyme de pardon. Le couple avait opté pour une solution facile, avaient écarté le souci temporairement, pour quelques années, à présent tout revenait dans la figure. C’était une stratégie de fuite qui avait été adoptée. La Serpentard sentait qu’elle devait récupérer la flamme du combat, passer à l’offensive, ce geste ne serait jamais pardonné. Qu’il soit son grand-père et partage le même sang rendait plus que jamais l’étudiante intransigeante, le crime était d’autant plus puissant et réveillait plus de rage qu’elle n’en avait jamais ressenti. Il s’agit de réparer le tort causé à Emrys, à la fillette qu’elle était à l’époque, à sa mère terrifiée par son propre père, à Ulysse la première victime de ce fou violent et noir.

Phœbe poussa un cri, et une onde de choc se répercuta tout autour d’elle, la souffrance avait pénétré en elle. À genoux, elle était recroquevillée sur le sol et comprenait enfin tout. Plus rien ne lui était dissimulé, beaucoup d’émotions, de ressentiments se bousculaient en elle. Il lui fallait de focaliser sur un état d’âme. Sa ligne directrice, qui l’apaiserait et lui permettrait d’agir. D’avancer au lieu de nager dans la confusion comme elle se l’était permis lors de sa dernière année à Poudlard. Après toutes ces recherches internes et externes, l’action. La vengeance devait être bien préparée. Dans un premier temps, elle devrait devenir forte, n’avoir aucune faille, transpirer d’une magie puissante et belle. Élégante. Ensuite elle ferait des recherches. Au lieu de fuir cet homme qui l’avait détruite, ce serait enfin à son tour de le détruire. De l’anéantir. Dès qu’elle serait majeure et qu’elle pourrait faire usage à loisir de ses pouvoirs il goûterait sa rage. Phœbe serait impitoyable. Elle lui destinait un sort pire que la mort. Son ami était mort en quelques secondes, avait peut-être pu partir en paix. La petite Swan n’offrirait jamais une telle grâce à un ennemi, à l’incarnation de la pire espèce de tout ce qu’elle abhorrait. Abject, repoussant, imbu. Elle torpillerait ses fondations jusqu’à le faire subir la pire de chutes. La déchéance éternelle.

Ses plans resteraient secrets, ses parents n’en seraient pas informés, ils voudraient l’en empêcher. Même Emrys ne souhaitait pas qu’elle s’abaisse à la vengeance. Mais c’était à présent son seul moteur. Elle n’avait plus d’ancre véritable qui puisse la guider vers une autre voie. À présent Phœbe pouvait annoncer qu’elle s’était trouvée, et non retrouvée. Durant toute une année elle avait cherché à comprendre qui elle pourrait être. Celle de son enfance jusqu’au jour fatal ? Celle d’artifice et de mensonges jusque l’an dernier ? Celle de cette année qui nageait dans la brume et le brouillard ? Elle ne voulait pas redevenir une ancienne Phœbe, elle s’était finalement dévoilée. Une nouvelle Lune avait éclos. Et elle présenterait un éclat inédit.


[Fin]

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