Irlande - Galway - Maison des Johnson
2 août 2043

Les premiers rayons lumineux commencés à percer à travers les rideaux, lorsque James se réveilla en sursaut. Il se leva très rapidement avant de s’assoir sur le bord de son lit, haletant ; sa main sur la poitrine. Il essayait de se calmer. Encore un de ses cauchemars qui lui offraient le plaisir d’un réveil pour le moins désagréable. Après quelques minutes il s’extirpa de ses draps, encore trempés, vestige des sueurs froides dont il avait été victime lors de son funeste voyage nocturne.

Comme à son habitude il descendit au rez-de-chaussée et machinalement, il ouvrit l’unique porte qui donnait sur le salon. Il essaya de se faire le plus discret possible dans la pénombre et se dirigea vers la fenêtre pour tirer le lourd rideau qui occultait la lumière. Puis il s’approcha du lit où était allongée sa mère.

Cette dernière le regardait en souriant tant bien que mal. Son visage pâle, ses joues creuses et ses cheveux coupés à ras, la rendait méconnaissable. Mais pour James c’était toujours sa mère : une femme admirable qui s’employait à sourire à son fils, et ceux même s'il s’agissait de réaliser d’importants efforts. James alla lui chercher une tasse de thé avant de s’assoir à côté d’elle. Ils parlaient peu mais le silence qui régnait, suffisait à lui seul. Soudain son père entra brusquement dans la pièce. Il regarda James d’un air sévère et lui fit signe de sortir. Arrivé dans le salon il s’esclaffa, ne pouvant se contenir :

- « Combien de fois je dois te le dire James ! Tu ne dois pas venir déranger ta mère, elle a besoin de repos si elle veut se rétablir ! »

- « Mais je… fin je… papa tu sais… je… » balbutia James

- « Ecoutes James, tu es un garçon formidable, très attentionné, mais parfois tu veux trop en faire ! » son père semblait s’apaiser mais à nouveau il haussa le ton :
« En revanche ta conduite d’hier est inexcusable. Le directeur de l’école m’a fait parvenir un mail dans lequel il m’explique que tu aurais brulé le paquet de copie que ta maitresse avait laissé dans la classe. Il se trouve que tu avais raté ce devoir ! Alors je sais que cette accusation peut paraitre totalement tirée par les cheveux, car tu ne te promènes pas avec un briquet, mais permet moi de douter de ta parfaite innocence. Apparemment tu étais seul dans la classe et on t’a retrouvé avec un tas de cendre quelques heures plus tard. »

James regarda son père d’un air assassin. Il ne pouvait pas lui dire que le tas de feuille avait subitement brûlé sans qu’il puisse vraiment trouver une explication rationnelle. Pourtant il n’était pas fou, enfin du moins il l’espérait ; sa mère avait encore besoin de lui.

Son père entra dans l’ancien bureau aménagé en chambre pour sa mère. Cela faisait maintenant plus d’un an que cette situation durait. James n’avait pas vraiment compris de quoi souffrait sa mère, c’était une maladie dégénérative rare au nom complexe. Depuis le jour où on lui avait diagnostiqué, elle avait enchaîné des traitements tous plus lourds les uns que les autres, sans qu’il y ait une amélioration de son état. Encore une fois le jeune garçon ressassait des pensées noires.
Alors qu’il s’asseyait, appuyé contre la porte, il entendit les voix de ses deux parents :

- « William je t’avais déjà dit de ne pas faire cas de ce que ton fils peut faire à l’école. Tu sais très bien qu’il ne les contrôle pas. » la voie de sa mère était à peine audible.

- « Adele, j’en suis conscient, mais on ne peut pas non plus ignorer ce qu’il peut faire. Il s’agit aussi de la sécurité de ses camarades et de ses enseignants. Imagines, les conséquences si le feu s’était propagé dans l’école !? »

- « Je tiens à te rappeler que c’est toi et toi seul qui as souhaité l’inscrire dans cette école. Toi et toi seul qui m’as consigné au mensonge. De toute manière il va bientôt recevoir la lettre. Et ne compte pas sur moi pour tout lui expliquer. Je n’ai pas la force de le faire. »

- « Ne t’inquiète pas j’essayerai de trouver les mots. »

- « Non tu devras... »

James se leva aussi tôt et remonta dans sa chambre, il ne voulait pas se faire surprendre à écouter derrière la porte. Il était troublé. Qu’est-ce que cette conversation signifiait ? Qu’est qu’il ne contrôlait pas ? Il avait aussi parlé d’une lettre ? Ses parents lui cachaient des choses ! Mais pourquoi ? Pendant toute la matinée il resta accroupi à réfléchir à ces étranges paroles. Il n’aurait jamais imaginé trouver une réponse à ses questions au cours des heures suivantes.

14h30

Un hibou, sur le bord de sa fenêtre, tenait une enveloppe dans son bec. Il fixait James de ses deux yeux globuleux, d’un jaune électrique. Le jeune garçon tout étonné s’approcha de lui et prit la lettre. Il était à la fois soulagé de ne pas s’être fait pincer, mais aussi angoissé à l’idée d’ouvrir cet étrange courrier. Après vérification, il se trouva que James était bien le destinataire. Il y trouva un parchemin plié en quatre, avec une écriture soignée à l’encre verte.

Collège Poudlard, école de sorcellerie

Directrice : Kristen Loewy

Cher Mr Johnson,
Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d’ores et déjà d’une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

Veuillez croire, cher Mr Johnson, en l’expression de nos sentiments distingués.

Marty Lamberts
Directeur adjoint

James était encore plus perdu. Une école de sorcellerie ? C’était surréaliste ! C’était même digne des meilleurs films fantastiques qu’il ait vu au cinéma. Apparemment il était même déjà inscrit. Comment est-ce possible ? Il ne put s’empêcher de faire un lien avec l’étrange discussion de ses parents. Tous deux lui cachaient des choses… Piqué sur le vif James descendit les escaliers à toute vitesse, ouvrit violemment la porte de la cuisine.

Son père faisait des crêpes pour sa sœur qui comme à son habitude, jouée dans le jardin.

- « James ?! » s’étonna Mr Johnson

- « Tu m’expliques ? »
demanda James d’une voix sèche

Son père regarda la lettre, muet, il ne semblait pas étonné. James pouvait voir dans son regard qu’il réfléchissait à ce qu’il allait dire, comme si la réponse qu’il allait donner pouvait démultiplier la colère de James.

- « Et bien voilà, James. Ta mère et moi, nous avons cherché à te protéger. Comme tu as pu le lire et le comprendre, tu es un sorcier. Oui… Un sorcier. Tu n’es pas comme tous les autres enfants de ton âge, tu as des pouvoirs magiques, qui se sont d’ailleurs déjà manifesté. »

- « C’est le moment de le dire ! » s’esclaffa James d’un ton ironique

- « Écoute, tu es un garçon intelligent. Je n’ai pas de pouvoir magique, ta mère si. Nous ne savions donc pas si tu allais hériter du talent de ta mère. Je voulais aussi te laisser le choix de choisir où tu allais construire ta vie. Maintenant tu as ce choix : tu peux appartenir au monde des sorciers ou à celui des moldus, ceux qui ne possèdent pas ce don merveilleux dont tu disposes »

- « La blague du siècle ! Je suis plus un enfant, tu sais le père Noël n’existe pas. Ca sert à rien de me le faire croire chaque année. J’ai découvert la vérité il y a bien longtemps ! »

- « Malheureusement si, tu es encore un enfant. »

James, furieux, parti en trombe de chez lui, prit son vélo. Il arriva dans le petit bois à deux kilomètres de chez lui, monta dans la cabane qu’il avait fabriquée en haut d’un vieux chêne, puis se recroquevilla sur lui-même. Il tentait de faire le vide dans sa tête mais des pensées n’arrêtaient pas de se bousculer.

William Johnson entra dans la pièce où se reposait sa femme. Cette dernière ouvrit les yeux regardant son mari d’un air amusé.

- « Alors comme ça tu as trouvé les mots pour lui expliquer ! »

- « Je t’en prie Adele j’ai été terriblement nul. »

- « Non tu as été parfait. Il lui faut du temps, comprends-le. J’ai mis cinq ans à te révéler la vérité et rappelles-toi combien ça a été dur pour toi. »

- « Il est parti… »

- « Il va revenir. » répondit Adele Johnson en souriant

- « Et pour sa sœur, Arya ? » demanda Mr Johnson, soudain inquiet

- « Je lui demanderai de garder le secret, ce n’est pas un souci. Peux-tu-appeler Élisabeth, demande-lui de l’accompagner faire ses achats de Poudlard, elle saura mieux que toi »

Cela faisait une heure que James pensait à ce qu’il venait d’apprendre. Tout lui semblait être comme un rêve, pourtant il savait qu’il s’agissait de la vérité. Il trouvait là, des réponses à ses nombreuses interrogations. C’était lui, qui avait été à l’origine de tous ces évènements étranges. Un jour son enseignante était tombée parce que son talon s’était cassé : elle avait fait plusieurs jours à l’hôpital. C’était survenu, quand James était particulièrement en colère envers cette dernière qui l’avait puni pour avoir trop bavardé durant le cours. Il avait alors simplement cru au hasard : une étrange coïncidence, rien de plus.

Il était en colère parce qu’on lui avait caché la vérité mais pouvait aussi comprendre le choix de ses parents. Encore une fois ils avaient voulu son bien. Il se sentait bien dans sa cabane, c’était son coin à lui. L’endroit où il allait dans les moments de doute, les moments difficiles mais il décida de rentrer chez lui. Il fallait qu’il parle à tout prix à sa mère.

Il faisait nuit noire lorsqu’il arriva chez lui. James entra en faisait attention de ne pas faire trop de bruit. Son père et sa sœur dormaient, mais il savait que ce n’était pas le cas de sa mère. Il ouvrit lentement la porte de sa chambre et vint s’installer sur le lit à côté d’elle.

- « James tu as vu quelle heure il est ? » sa voix était toujours aussi faible, mais James pouvait percevoir son amusement.

- « Je sais mais papa m’a dit… j’ai eu besoin de réfléchir ! »

- « Réfléchir, c’est la chose que tu sais le mieux faire… Parfois tu réfléchis trop, beaucoup trop. »

- « Alors c’est vrai ? »

- « Je pense que la réponse tu la connais, n’est-ce pas ? »

- « Oui… » après un long moment de silence « toi tu es une sorcière ? »

- « Effectivement, j’ai aussi fait mes études à Poudlard. Les meilleures années de ma vie, des amis, des petits copains, la jeunesse. Puis j’ai rencontré ton père. »

- « Et mamie ? Papie ? Tante Elisabeth ? Oncle Harry ?»

- « Aussi des sorciers, excepté Harry qui n’a pas de pouvoir, c’est un cracmol. Tout le monde a joué le jeu, pour que tu puisses faire ton choix. Tu n’es pas obligé d’aller à Poudlard. Mais te connaissant, tu as déjà pris ta décision. »

- « Oui j’y vais… » après un nouveau silence « Mais Arya ? Elle ne sait pas, je ne peux pas mentir à ma sœur ? »

- « Pourtant tu vas devoir, c’est pour son bien, comprends-le. Papa a contacté tante Elisabeth, elle viendra à la maison dans une semaine, et vous partirez faire les courses de rentrée ensemble. »

10 août 2043

James était très heureux, sa tante Elizabeth et son mari Peter étaient venu comme prévu à la maison. Elle était très impulsive : une vraie pile de nerfs ! Cette dernière avait sept ans de moins que sa sœur et avait deux enfants Jane et Edward, âgés respectivement de quatre et deux ans. Ils avaient tout les deux bien grandi, et étaient devenus très turbulents. Avec Arya qui s’occupait d’eux, ils faisaient un boucan difficilement supportable. James et les adultes devaient presque crier pour se faire entendre.

- « Alors comme ça tu as reçu ta lettre ! Oh c’est formidable mon James, ta mère devait être fier de toi ! » s’écria Elizabeth toute euphorique.

- « Elizabeth, les enfants font beaucoup trop de bruit, ta sœur est dans la pièce à côté, il faudrait… » dit son mari en tentant d’attirer son attention

Mais Elizabeth, l’ignora :
- « A savoir dans quelle maison tu vas être réparti ! »

- « Maison ? » demanda James avec étonnement

- « Ah oui c’est vrai, personne ne te l’a expliqué. A Poudlard tu vas être réparti en début d’année, dans une des quatre maisons : Serdaigle, Serpentard, Gryffondor et Poufsouffle. Ça sera comme une seconde… heu maison. Oui oui ! Et ces maisons sont en compétition pour remporter la coupe en fin d’année ! Personnellement le choixpeau magique a décidé de m’envoyer à Poufsouffle, comme ta mère d’ailleurs. »

- « Chérie il faudrait peut être demander aux enfants… »

- « Peter a été réparti à Serdaigle. Toutes les maisons sont très bien, parfaitement, oui très très bien »

James n’avait pas tout compris, mais il espérait trouver des livres pour se documenter sur le monde des sorciers lorsqu’il ferait ses achats. Son père demanda alors :
- « Quand comptez-vous partir ? »

- « Je pense que nous irons faire toutes les petites courses demain. Peter restera ici avec les enfants. »

- « Et en parlant des enfants je pense que … »

- « Parfait, pourriez-vous prendre en passant, les médicaments d’Adele, je vous donne l’ordonnance. »

Elizabeth pris le papier et plissa les yeux en essayant de décrypter les noms scientifiques inscrits sur la feuille. Voyant, son comportement, William ajouta :
- « Ne t’inquiètes pas James t’aidera. C’est un enfant remarquable »

- « D’ailleurs mon cœur, les enfants sont… »

La tante de James sembla tout à coup très énervée :
- « Tu as qu’à le leur dire triple andouille ! C’est pas bien compliqué ! ». Peu à peu elle prit un air désolé « excusez moi c’est qu’avec le troisième qui est pour dans six mois, je me sent un peu surmenée. »

Les deux cousins de James, Matthieu neuf ans et Joshua cinq ans faisaient un vacarme assourdissant et pourtant Arya, huit ans, lisait paisiblement sur le canapé. Elle posa subitement son ouvrage, et d’un ton assuré s’adressa à ses deux cousins :

- « Joshua, Matthieu, vous faites beaucoup trop de bruits, ma maman se repose. »

Les deux garçons regardèrent leur cousine, assez surpris. Elle s’était comportait comme une adulte, et à travers ces simples mots, elle avait fait preuve d’une autorité troublante.
Arya était une petite fille très mature, calme et disciplinée, mais restait quand même une petite fille. D’ailleurs ses changements de comportement étaient assez surprenants aux yeux de son entourage. Si parfois on aurait dit qu’elle était plus âgée que son frère, à d’autres moments elle se comportait comme une gamine, à chialer, à bouder et à faire du chantage. Tante Elisabeth sembla encore plus énervée :

- « Sérieux Peter ! Même ta nièce a plus d’autorité que toi ! »

- « Oui, je… mais les enfants c’est… comment dire » balbutia son mari

- « Les enfants allez jouer dans le jardin, tout de suite ! » s’esclaffa tante Elisabeth en coupant Peter

James en profita aussi pour sortir de la pièce discrètement et se dirigea silencieusement vers le bureau réaménagé en chambre médicalisée.

Sa mère ne dormait pas, ce qui n’était pas étonnant ! Elle semblait terriblement fatiguée, mais tant bien que mal, elle souriait à James. Elle ressemblait beaucoup à son fils avec ses long cheveux noirs, épais et légèrement bouclés ainsi que ses deux yeux noirs qui brillaient de bonheur.

- « Maman… » Murmura James en prenant sa main dans la sienne.

- « Oui… mon chéri ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda-t-elle dans un souffle

James lui sourit, elle le connaissait si bien… Et même s’il n’avait pas prononcé un mot elle lui avait déjà fait un bien fou.

- « J’ai peur, peur d’être perdu… De ne pas avoir ma place dans ce monde…»

- « C’est humain, mon chéri… Ne t’inquiètes pas, tu appartiens à ce monde, et je suis sûr que tu vas adorer. »

- « Mais si on me critique... parce que je ne sais pas… j’ai peur d’être manche, de… »

- « Les autres on s’en fiche ! Et puis tu es un garçon courageux, penses plutôt à toutes les choses nouvelles que tu vas découvrir, les personnes que tu vas rencontrer ! »

- « Tu as raison, je vais pas avoir peur de ça »

James se sentait honteux d’être aller voir sa mère pour se plaindre, alors que elle, elle faisait preuve d’un courage exemplaire. Ses craintes n’étaient rien en réalité. Il songea qu’il était en bonne santé et chanceux d’avoir une famille comme la sienne. Si sa mère pouvait affronter ce monstre qu’est la maladie, il pourrait affronter l’inconnu. Il en était certain !

Pleins d’énergie il embrassa tendrement sa mère et sortit pour rejoindre son père, sa tante et son oncle.
Il les regarda et avec entrain il demande :

- « Bon on y va quand ? On a qu’un jour pour acheter tout ça ! » Il montra le vieux parchemin avec la longue liste de fourniture…

Après quelques embrassades ils sortirent tous dehors, laissant Arya à l’intérieur. Peter regarda sa femme :
- « Bon tu fais attention à toi ! Promis j’assure avec les deux moustiques. »

Elisabeth lui sourit et l’embrassa avant de se tourner vers James.
- « On va transplaner, t’inquiètes pas ça va aller ! Hihi ! »

- « Transpla quoi ? » s’étrangla James

- « En gros se téléporter ! Je dois avouer que dans le temps, je n’étais pas très doué ! Hihi ! Je me demande même comment j’ai eu mon permis. Plusieurs fois j’ai perdu une jambe ou un bras. Mais ne t’inquiètes pas je gère !!! Hihi ! »

- « Ah heu… » James regarda son père qui semblait très inquiet. Il songea, comment vivrait-il avec un bras ou une jambe en moins ? Il resterait avec sa mère, dans sa chambre ou peut être…

CHPOUM, avec le bruit d’un bouchon de champagne Elisabeth et James disparurent.