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02 nov. 2018, 00:25
Même pas peur (ou presque)  Solo 
[Solo - Animation Créations horrifiques]

Décembre 2042
-Ville portuaire de Fife, Ecosse-

Depuis une semaine, Gabryel Fleurdelys, 10 ans, 1m45, fluet chatain aux yeux bleus, les cheveux ébouriffés, et Grégoire Poivregris, son meilleur ami du même âge, roux et guère plus grand, tenaient à l’écart des oreilles indiscrètes des conciliabules secrets.
Si un adulte les avait surpris dans leurs discrètes discussions, il aurait à coup sûr pensé que ces deux-là préparaient une bêtise plus grosse qu’eux. Et il n’aurait pas tort. Les deux chenapants avaient mis au point un projet aussi terrifiant qu’excitant.
Pour la petite histoire, Gabryel était issu d’une éminante famille de sorciers, tandis que le second était le fils d’une famille moldue. Mais cela ne les empèchaient pas de s’entendre comme deux larrons en foire. Ils se connaissaient depuis toujours et arpentaient les sentiers de leur village natal depuis qu’ils étaient en âge de marcher.
Depuis une cinquantaine d’années, un petit hospital abandonné exacerbait l’imagination de tous les enfants de Fife, et nos deux compères s’étaient mis en tête de l’explorer le soir venu.

Le plan était simple : Ils avaient mutuellement raconté à leurs parents respectifs qu’ils dormiraient ce soir là chez l’un et l’autre, afin d’avoir le champs libre pour leur aventure. Grégoire avait établit sur papier une stratégie bien huilée. Leurs sacs à dos contenaient des lampes torches, et suffisamment de bonbons pour palier à toute envie de grignotter.
Ils s’étaient donné rendez-vous à 21h à la sortie de la ville. L’ancienne infirmerie se trouvait à quelques pas, non loin du port. A l’époque de sa construction, elle servait surtout aux pêcheurs blessés durant leurs virées en mer, mais aussi à l’ensemble des villageois. Depuis l’ouverure d’un centre hospitalier plus vaste à quelques kilomètres, la petite clinique avait été laissée à l’abandon. Il se racontait bien des histoires horribles autour de ce lieu.
Certains disaient qu’un loup-garou mi-homme mi animal s’y réfugiait la nuit pour dévorer les proies chassées en forêt.
D’autres racontaient que d’anciens patients ayant succombés à leurs blessures hantaient encore les lieux, jaloux des vivants et en quête de vengeance.
Il n’en fallait pas plus pour Grégoire et Gabryel qui marchaient sur la route silencieusement, chacun repensant à tous ces contes terrifiants, bien décidés à en découdre avec leurs trouilles.
Gabryel ne savait vraiment pas ce qui les attendait. S’il avait à l’époque déja commencé à étudier la divination à Poudlard, il lui aurait été utile d’utiliser les conseils prodigués en cours par le professeur Irène Field afin d’anticiper ce qui allait leur arriver. Mais pour l’heure, seuls son courage et son instinct pouvaient lui servir.

Au bout du chemin, la sombre silhoutte de l’établissement désert se laissait deviner, nichée entre les rochers qui arpentaient le bord de l’eau, en contrebas. Un frisson parcourut le dos des deux garçons. Le soir, tout semblait bien différent. Le bruit des vagues s’écrasant sur les pierres et le crissement des branches d’arbres bousculées par le vent ajoutaient à la sensation d’épouvante qui les envahit. Ni l’un ni l’autre ne prononcèrent un seul mot mais leurs regards en disaient long. Ils commencaient un peu à regretter de ne pas avoir préféré la chaleur d’un bon feu de cheminée et d’une douillette couverture. Mais il était trop tard pour reculer. Il fallait aller au bout de leur projet, sinon ils ne pourraient plus jamais se considérer comme de véritables aventuriers.

Arrivés à hauteur d’une grille rouillée entourant la propriété, Grégoire poussa du pied la porte en fer forgé, qui grinça comme le bruit d’un chat qu’on égorge. Ils arpentèrent le petit chemin de terre, jonché d’herbes folles pour déboucher sur un palier. Quelques marches de pierres les conduirent à une lourde porte dont le climat iodé avait rongé le bois et les gonds. A vrai dire, il était étonnant qu’elle tienne encore debout. Une simple pression de la main suffit à l’entrouvrir. Devant eux s’offrait un petit hall carrelé, parsemé de détritus et graviers divers. Une forte odeur de moisi et d’humidité leur agressa les narines. Le petit roux passa devant, suivit de près par le futur apprenti-sorcier, qui tenait fermement sa lampe torche et tentait d’éclairer l’endroit abandonné. Une fois à l’interieur, tout semblait calme hormis le gloussement du vent qui s’engouffrait à travers le verre brisé des petites fenètres. Des lourds rideaux blancs miteux se soulevaient parfois sous l’effet des embruns marins. A quelques mêtres des deux garçons, un imposant comptoir en granit fendu par endroit dominait le centre de la pièce, de taille plutôt restreinte.

- « Ce devait être le bureau des admissions. Ne restons pas là, ça caille trop. Penons le couloir à droite, il doit mener aux chambres... ».

La voix familiére de Grégoire avait résonné dans toute la pièce, ce qui provoqua une sensation de confort dans le coeur inquiet de Gabryel. Sous leurs semelles, le crissement de verre cassé et de cailloux qu’on écrase ajoutait à la morbide ambiance qui régnait. Grégoire avait toujours été le plus meneur des deux, et son camarade lui faisait une totale confiance, même si ce soir le jeune sorcier aurait volontier préféré faire demi-tour.
Ils contournèrent l’accueil pour déboucher sur une petite porte vitrée dont il ne restait que l’embrasure.
La seconde pièce était bien plus sombre et un peu plus large que la première. A son tour Grégoire alluma sa lampe. De vieux lits aux ressorts défoncés étaient renversés le long des murs. Des volets de fer étaient tirés sur les fenêtres de sorte qu’il n’y avait aucune lumière naturelle. Quelques fioles abandonnées moisissaient sur des étagères en fer. Ici et là l’on pouvait deviner des tas de bois abandonnés d’où grouillaient des nids de cafards. Tout sentait l’urine et la crasse.
Sur le vieux papier peint fleuri jauni par le temps, des tâches rouges dégoulinantes formaient des trainées morbides, comme si quelqun s’y était fait éclater la cervelle.

- « Quelqun s’est amusé à taguer ici, annonça le rouquin d’une voix chevrotante ».

Soudain, un son discret attira l’attention des garçons, dans l’un des coins sombres. Le bruit ressemblait à un frottement, comme du papier que l’on froisse. Gabryel serra le bras de Grégoire. Ce dernier pointa sa lampe dans un angle de la chambre. Il releva doucement son faisceau lumineux quand soudain, deux énormes yeux rouges apparurent devant eux, les observant avec un air aussi effrayé qu’effrayant.
Les deux garçons hurlèrent à l’unisson avant de décamper à toute vitesse. Dans sa précipitation, Grégoire laissa tomber sa torche qui vascilla sur le sol.

Ils traversèrent le hall sans attendre leur reste et se précipitérent hors de la batisse sans se retourner. Ils coururent jusqu’en bas du sentier et filèrent aussi vite que possible jusqu’à appercevoir la lumière des fenêtres à l’entrée du village.
Ils s’arrêtérent enfin pour reprendre leur souffle. Penché en avant, les mains sur les genoux, Gabryel essayait de se calmer tandis que son compagnon s’était assis sur le sol. Après quelques minutes de silence, Grégoire regarda son ami :

- « Je ne sais pas qui c’était, et je ne veux pas le savoir... On va dire que c’est suffisant pour ce soir, t’en penses quoi ? ».
- « Ouai... C’est bon. On a vu ce qu’il y avait à voir de toute façon. Vvvviens à la maison, on finira la ssssoirée dans ma chambre », bégailla nerveusement son camarade.

A un kilomêtre de là, à l’endroit duquel les deux enfants s’étaient enfuis, une chouette posée sur un vieux porte maneteau hulula en se grattant les plûmes avec le bout de son bec. La lampe d’un des deux garçons éclairait encore ses gros yeux ronds.
L’oiseau se disait que l’endroit devenait trop fréquenté à son goût, et qu’il était temps pour lui de se trouver un vieux tronc d’arbre en forêt pour terminer sa nuit bien tranquillement...

Fin du RP

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »