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03 janv. 2019, 22:29
Tabac chaud et sueurs froides
<-- Divagations clandestines

SOLO


PARTIE 2

LE BRUIT DES TALONS



    Les doigts repliés sur les genoux, ses ongles plantés dans sa peau à travers le tissu de son vêtement, et derrière le masque de peau qui recouvrait son visage effacé, Bal grinça des dents. C’était un bruit désagréable, un grincement de dents. Un mélange entre un couinement et un frottement. Un bruit à vous faire grincer les dents, à vous aussi.

    Bal, il grinçait des dents parce qu’il avait froid comme un mort – sauf qu’il n’était même pas encore mort. Et par Merlin, il n’avait pas l’intention de mourir ; il n’en avait jamais eu l’intention, d’ailleurs. Transcender le Temps, échapper à la Mort, c’était son petit truc, son objectif à lui. Certains rêvaient de devenir Ministre, lui rêvait de devenir immortel. Il avait trouvé sa complice, un temps. Elle le voulait aussi, nom d’un chien, elle avait partagé ses idées, et un jour, elle avait tout plaqué, comme ça. Et après, y avait eu le môme. Ça, c’était la goutte d’eau ; y avait plus que son môme, à ses yeux. Une sorte de coup de foudre, du genre du grand amour, tout ça pour un petit bâtard plein de machin visqueux qui avait fini par grandir auprès d’un abruti de rouquin inconsistant.

    Il allait le retrouver, ce petit bâtard, il allait lui dire : Salut ! c’est Papa ! et là, il serait sur le cul, le gamin, et ce serait tellement facile de faire le reste.

    Mais avant ça, il fallait sortir de là. Malgré tout son travail, il commençait à douter qu’il parviendrait à sortir de prison sans aide extérieure. Il en sortirait, il en était sûr ; mais il lui fallait quelque chose, un coup du destin, pour accélérer un peu le processus. Sa maîtrise exceptionnelle de la métamorphose ne suffirait pas : on ne se tirait pas de prison en se transformant en aigle ou en prenant le visage d’un être factice. S’il avait su, il aurait préféré que son Animagus soit une araignée ; ça passe entre les barreaux d’une cage, une araignée.

    Et puis il arriva, son coup du destin ; il sentait le tabac chaud et la sueur froide. C’était une odeur nouvelle ; c’est pour ça que Bal comprit que c’était l’odeur qui allait le sauver. L’odeur avait une voix aussi, une voix rauque de femme. Elle était un peu loin, mais elle s’approchait. Bal savourait le bruit de ses talons contre le sol. Il adorait ce son.

« Ce sont vos pires, ceux-là ? dit-elle en allemand.
- Oui, Madame, parmi les pires, fit une autre voix de femme ; celle de la femme d’ici, la sadique. »

   La sadique expliqua à l’autre femme ce que les autres criminels avaient fait, à mesure qu’elles avançaient. Arrivées devant la cellule de Bal, celui-ci entendit l’odeur de tabac chaud dire :

« Et lui ?
- C’est l’Aigle Rouge, comme ils disent. Il a tué une bonne vingtaine de Moldus, de ce qu’on a pu compter. Il les prenait comme cobayes pour tenter de trouver le secret de l’immortalité en créant des Inferi. Il a même b… sa sœur, l’ordure, puis il l’a tuée et en a fait une de ses créatures. »

    Pendant ce silence, Bal s’agita. Personne n’avait le droit de parler de Johanna comme ça ; personne ne connaissait la vérité. C’était des conneries, des raccourcis. La vérité était tellement plus complexe. Non, il ne pouvait pas laisser dire ça. Bouge, taulard enchaîné, t’es l’Aigle Rouge, t’es l’Ombre !

« Pourquoi n’a-t-il pas de visage ?
- On l’a récupéré comme ça. Dommage, il avait une belle gueule pour un cinglé. On poursuit ? »

     Le bruit de pas ne reprit pas tout de suite.

Oh, it's a bad, bad ritual, but it calms me down

06 janv. 2019, 23:41
Tabac chaud et sueurs froides
MADAME


    Quand on écrit « (Silence) », au théâtre, on ne s’imagine pas que le vrai silence, celui de la vie, est si long. La sadique de la prison appela encore « Madame » à poursuivre sa visite, mais Madame voulait rester devant la cellule de Bal. Ses cheveux noirs, épais, humides, lui tombaient sur ce qui n’était plus son visage. Derrière sa peau, on percevait pourtant un sourire. Bal savait qu’il était capable de faire ça. De sourire, alors même qu’il n’avait plus la moindre trace de bouche. Le mécanisme était toujours là, derrière les plaines de sa peau. Et Madame le voyait, son sourire invisible. Mieux que ça, elle le sentait comme une piqûre au fond de son palpitant.

« L’Aigle Rouge, vous dites ? demanda-t-elle.
- C’est cela même. On l’appelait aussi l’Ombre du Brandebourg. Mais tous ces titres ne valent plus rien en prison, dit-elle en tapant sur les barreaux de la cellule. »

    Le corps de Baldur se contracta de douleur.

« Maintenant que vous le dites... »

   Mais elle ne prononça pas un mot de plus et s’en alla dans un bruit de talons claqués contre le sol. Le Destin prenait la fuite.

    Tout redevint normal, Bal essaya à nouveau de s’exercer aux techniques de métamorphose qui, si elles ne pouvaient que difficilement l’aider à sortir de sa cellule, lui seraient forcément utiles une fois dehors ; en tant que fugitif. Les semaines passaient et chaque jour, à neuf heures et demie, il recevait sa dose de torture mentale. Mais il ne deviendrait pas fou. Personne ne le briserait. Il n’avait pas le droit de céder.

    Et finalement, Madame revint. Bal reconnut l’odeur de tabac chaud, il reconnut le bruit des talons. L’odeur stagna devant sa cellule, le bruit s’arrêta net. Bal leva la tête.

« Vu d’ici, on dirait un chiot abandonné, fit la voix. »

    Baldur s’agita, désireux de rentrer en communication avec cette femme. Il concentra tous ses efforts pour tenter de pénétrer son esprit, mais la cellule absorbait inlassablement ses flux de magie. Il n’y avait qu’avec la métamorphose, son art de prédilection, qu’il pouvait se permettre d’essayer de lui faire comprendre qu’il était là, prêt à communiquer. Alors, Bal concentra tous ses efforts dans sa bouche, ou du moins l’endroit où il aurait dû avoir une bouche. Il imagina ses propres lèvres rosées, en reconstruisit la forme délicate dans son esprit.

   Lentement, un creux se dessina à cet endroit de son visage complètement vierge, ses lèvres se gonflèrent et ses dents apparurent dans ce creux nouveau. Bal prit une profonde inspiration par la bouche, savourant le contact de l’air humide sur sa langue.

    Des bruits de pas précipités. Bal ne voyait toujours rien, mais il avait entendu la femme reculer. Il fallait admettre qu’avec pour seul élément décorant son visage une bouche, il paraissait encore plus effrayant que sans rien. C’est par la bouche que l’on dévore.

« Qu’est-ce que… »

    Bal sourit. Son sourire était bien réel, cette fois.

« Ne dites rien, fit-il d’une voix qu’il n’avait pas soupçonnée être si enrouée. »

    Il ne le savait pas, mais la femme venait de cacher sa propre bouche de ses deux mains.

« Je voulais vous parler, reprit-il.
- Comment…
- La magie que je maîtrise permet de faire toutes sortes de choses qui semblent impossibles à ceux qui n’ont pas l’esprit ouvert.
- Cette cellule est censée absorber chaque goutte de magie qui oserait échapper à son locataire, fit la femme, sûre d’elle.
- Certes, je n’ai probablement pas beaucoup de temps. »

    Silence. Encore. La bouche de Bal commençait à se déformer sous l’effort qu’il déployait pour la maintenir fixée sur son visage.

« J'ai reconnu votre odeur et votre voix. Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre, souffla-t-il, faisant mine de ne se parler qu’à lui-même, mais volontairement assez fort pour se faire entendre.
- Je ne suis pas ici pour discuter, coupa-t-elle. »

   Bal esquissa un dernier sourire, un peu rêveur, peut-être, et prit une inspiration par la bouche. Il s’apprêta à répondre, mais sa peau se reforma sur ses lèvres et les scella, jusqu’à ce qu’elles disparaissent complètement. Nouveau silence. Après quelques longues secondes, les pas de Madame s’éloignèrent, résonnant dans l’horreur de la prison.

Oh, it's a bad, bad ritual, but it calms me down

14 mars 2019, 23:48
Tabac chaud et sueurs froides
NIKKI


Nikki Wlach, épouse d'Ernest Wlach, était une femme ordinaire qui tentait d'échapper à un mariage désastreux en remplissant son agenda d'activités plus ou moins originales. Parmi celles-ci, on comptait aussi bien la concoction de potions que la visite des prisons, particulièrement celle que son mari guettait, certainement pour des manœuvres politiques que Nikki ne comprenait pas.

Ernest Wlach était un homme d'un âge avancé passionné par les très jeunes femmes. Nikki avait été une très jeune femme, et elle avait été flattée qu'un homme influent dans son pays tel qu'Ernest Wlach fut intéressé par elle. Loin d'être très ambitieuse, Nikki avait plutôt des difficultés à avoir confiance en elle, aussi acceptait-elle volontiers tous les compliments, plus ou moins hypocrites, qui lui étaient destinés. Elle les polissait, les câlinait, le serrait contre son cœur et se persuadait qu'elle les méritait, quand bien même elle s'évertuait, peut-être un peu machinalement, à les rejeter.

Le temps avait passé, et un mariage raté et sept trahisons plus tard, Nikki s'était endurcie. Elle avait décidé de prendre sa vie en main, de faire ce qu'elle voulait, de tout mépriser, et en haut de la liste figuraient les hommes, ces ordures dont les neurones étaient visiblement tombés, sous l'effet de la gravité, dans l'affreuse chose qui pendait piteusement entre leurs grosses cuisses en forme de jambon. Elle résisterait à son mari, elle resterait sa femme ; mais elle lui ferait comprendre qu'elle était une femme avant d'être une épouse - et elle partirait pour de bon au moment où il s'y attendrait le moins.

Nikki avait eu droit à une visite de la prison dans laquelle résidait Baldur Feuerbach par son époux, donc, et elle y avait cherché le Mal absolu. Elle avait vibré sous l'effet de ces ondes obscures d'une intensité rare, elle s'était nourrie du glauque, et elle mettait du sel dans sa vie comme on mettrait du sel sur une plaie ouverte. Voir le pire de l'humanité lui permettait à la fois de relativiser sur sa propre situation et de se complaire dans ce dégoût qui lui faisait se sentir si bien dans sa peau.

Elle retourna régulièrement dans cette prison, elle observa plusieurs prisonniers, mais l'un d'eux la bouleversait plus que les autres. Feuerbach. Face à lui, elle se sentait démunie, quand bien même elle se tenait du bon côté des barreaux. Elle se sentait petite fille à nouveau, spéciale, attendue comme un cadeau du ciel. Baldur Feuerbach aussi, semblait démuni face à elle : il acceptait les silences de Nikki, il se montrait patient, il risquait sa vie quand il la voyait, simplement pour échanger quelques mots avec elle. Vu d'ici, on dirait un chiot abandonné, avait-elle dit au tout début.

Au bout de plusieurs mois, elle se demanda si ce n'était pas de l'amour. C'était fou, bien sûr, aimer un prisonnier, un criminel, un meurtrier, et même un homme à nouveau, mais que pouvait-elle y faire ? Sans doute était-ce parce que c'était complètement fou qu'elle s'y jetait la tête la première. Je serai folle, ou je ne serai plus rien, pensait Nikki.

Alors, elle organisa l'évasion de Baldur Feuerbach. Elle ferait sa ronde, comme à son habitude, car il était admis, là-bas, que la femme d'Ernest Wlach aimait visiter les prisonniers - et la gardienne des lieux, qui était particulièrement sadique, était bien aise de voir qu'une autre qu'elle partageait sa passion pour les souffrances humaines, et elle faisait voir à Nikki son musée des horreurs avec un enthousiasme non dissimulé. Elle ferait sa ronde, donc, et elle embobinerait la sadique, la frapperait, peut-être, avec ce qu'elle trouverait sur place, à la tête, comme ça, et tant pis si elle mourait, elle libérerait Baldur, et ils s'en iraient, tous les deux, d'une façon ou d'une autre. Baldur avait réussi, au fil des semaines, à se recréer un visage : ce n'était pas le sien, mais il faisait l'affaire. S'il le fallait, il se transformerait en aigle, en l'Aigle Rouge, et elle s'en irait avec lui, tant pis pour les autres.

Pour la folie, pour l'amour, elle pouvait bien faire ça.

Oh, it's a bad, bad ritual, but it calms me down

16 mars 2019, 19:27
Tabac chaud et sueurs froides
OH SINNERMAN, WHERE YOU GONNA RUN TO?



1. EXT. CREP. VUE SUR LA PRISON PYRAMIDALE.
MUSIQUE OFF : French 79 - After Party (0:00")
TIMELAPSE.
Le soleil se couche sur la prison pyramidale, une grande pyramide inversée par laquelle on accède par un pont situé en son sommet. Le soleil passe derrière la ligne d'horizon.
Les nuages défilent dans le ciel de plus en plus sombre.
FIN TIMELAPSE.

2. INT. NUIT. COULOIR DE LA PRISON.
Des chaussures noires à talons claquent contre le sol. Les pas sont rapides.
Les pans d'une robe pourpre caressent les jambes fines d'une femme.

3. INT. NUIT. CELLULE DE BALDUR FEUERBACH
Une silhouette est agenouillée au milieu de sa cellule, les mains sur ses genoux, le dos droit.

4. INT. NUIT. COULOIR DE LA PRISON.
Les pieds de la femme en talons hauts accélèrent la cadence.
Une baguette de bois sort de l'une de ses manches pourpres.

5. INT. NUIT. CELLULE DE BALDUR FEUERBACH.
La silhouette se relève calmement en prenant appui sur ses mains.
Sous une masse de cheveux, le visage de l'homme est vierge : ni yeux, ni bouche. Seul un nez reste visible par deux petits trous qui percent la peau lisse du visage.
Quelques cicatrices linéaires blanchâtres barrent sa peau là où auraient dû être ses yeux et sa bouche.

6. INT. NUIT. DEVANT LA CELLULE DE BALDUR FEUERBACH.
Les pas ralentissent et s'arrêtent soudainement derrière une série de barreaux épais.

7. INT. NUIT. CELLULE DE BALDUR FEUERBACH.
Une bouche naît de la peau vierge du visage de BALDUR FEUERBACH et se fend en un sourire mesquin.
FIN MUSIQUE OFF.

______________


Nous serons heureux, pensa Nikki Wlach.
Je me demande comment je vais la buter, pensa Baldur Feuerbach.

Forte de son statut de femme de, ce qui heurtait sa fierté mais arrangeait ses affaires, Nikki n'avait pas eu beaucoup de mal à se débarrasser de la gardienne des lieux et de tous ceux qui s'étaient mis sur son chemin vers son bien-aimé. L'amour vous fait faire de drôles de choses, et Nikki avait sombré dans l'obscurité à une vitesse épatante. Baignant dans son fantasme de Bonnie and Clyde, Nikki pensait que rien ne servait d'aimer un meurtrier si ce n'était pour se cacher avec lui, partager ses peurs et sa fuite. Elle avait l'impression, désormais, d'être quelqu'un, de ne plus être femme de, mais complice de, dans une relation parfaitement équitable et réciproque.

Dans ces conditions, donc, faire sortir Baldur Feuerbach de sa cellule ne fut pas si difficile. On remettrait en cause la fiabilité de la prison, qui, comme toutes les prisons, avait ses failles, et peut-être même que cela compromettrait son cher mari, qui s'y intéressait tant.

Sitôt sorti de sa cellule et débarrassé de tout ce qui pouvait encore l'entraver, Baldur se jeta sur Nikki et la serra dans ses bras. Sa magie libérée, il put se créer un visage complet, vaguement ressemblant à celui qu'il portait avant. Ses yeux, cependant, avaient perdu leur couleur bleu-vert d'antan : ils étaient désormais d'un jaune cuivré. Les prisonniers alentours hurlaient et Nikki soupira d'aise : elle se sentait parfaitement à sa place, ici, entre les bras de cet homme qui, d'une part, l'aimait envers et contre tout, et qui, d'autre part, lui serait à tout jamais redevable pour ce qu'elle avait fait. Ayant sacrifié sa belle vie pour lui, elle avait tissé avec lui un lien que jamais rien ne pourrait rompre.

« Libères-en d'autres, susurra Baldur à son oreille. Mon amour, il le faut. Il faut faire vite. »

Nikki se détacha de lui à contrecœur et le fixa avec inquiétude. Elle ne comprenait pas pourquoi ils ne pouvaient pas partir tous les deux, tout de suite, sans se soucier des autres. Le regard que Baldur lui rendit l'intima de s'exécuter, et à la réflexion, elle comprit : il serait plus difficile pour le personnel de la prison de gérer la crise et de retrouver les fugitifs s'ils étaient plus nombreux. Alors, elle fit ce qu'il fallait faire, libérant deux autres prisonniers qui manquèrent de lui sauter à la gorge. Effrayée, elle attrapa la main de Baldur et la tira vers elle. Un léger spasme traversa le corps de son bien-aimé.

« Allez, peu importe, fit-il. »

Il prit une grande inspiration, leva les yeux au ciel et écarta les bras. Au bout de l'un d'eux était pendue Nikki, qui l'observait avec admiration et envie. D'un geste brusque, il se détacha de la femme à l'odeur de tabac et prit rapidement la forme d'un aigle rouge, plus imposant que jamais, plein de force et de rage. Nikki s'accrocha à lui, pensant qu'il l'emmènerait - c'était si romantique ! s'enfuir, enlevée par un aigle, comme ces women in white si pures et si innocentes qui finissent par tomber sous le charme de leur fatal man. La perversion était un sentiment qui la faisait se sentir terriblement vivante.

______________


x. INT. NUIT. DEVANT LA CELLULE DE BALDUR FEUERBACH
L'aigle rouge prend son envol, déployant ses ailes d'une taille impressionnante.
NIKKI est repoussée en arrière par l'aile droite de l'aigle.
Ses pieds s'emmêlent et elle tombe à la renverse.
Ses yeux bruns, noirs sous l'ombre de l'aigle, montent vers le ciel tandis que l'ombre disparaît de son visage.
Sa baguette est serrée dans son poing.
Prenant appui sur ses mains, Nikki se relève en titubant.
Sa baguette pointée vers le ciel lance des éclairs rouges.
Son visage, dont la bouche est déformée, est déjà humide de larmes et est régulièrement éclairé par de la lumière rouge.
Soudain, ses yeux se tournent sur le côté et s'ouvrent plus grand.
MUSIQUE OFF : Timber Timbre - Black Water (0:00")
Deux grandes silhouettes se tiennent devant celle de Nikki, dont le visage est tourné vers elles.
La silhouette de Nikki, cachée par les deux autres, baisse sa baguette.
Deux paires de gros pieds nus s'avancent lentement.
Nikki, paralysée et les bras pendant contre son corps, expire avec lassitude.
Son bras enveloppé dans sa robe pourpre se lève, sa baguette est mollement pointée vers les deux silhouettes.
Les yeux de Nikki se lèvent à nouveau vers le ciel.
Elle baisse les yeux en même temps que son bras.
Les deux silhouettes s'approchent de Nikki.
Elle s'écroule au sol et baisse la tête, serrant sa baguette contre son cœur.
Les deux silhouettes cachent le corps de Nikki et se baissent sur elle.
Une dizaine de cellules se succèdent, surmontées par des numéros. Dans chacune d'elle, un prisonnier regarde vers l'extérieur. Dans la première, un homme calme est penché au plus près des barreaux, dans la deuxième, une femme s'agite en hurlant, dans la troisième, une femme se roule par terre en riant, dans la quatrième, un homme tape des mains, etc.
Le visage de Nikki, humide, inerte et las, est voilé par l'ombre des deux silhouettes. L'ombre disparaît peu à peu de son visage. Ses yeux sont fixes, vides.

x+1. EXT. NUIT. AU-DESSUS DE LA PRISON PYRAMIDALE.
L'aigle rouge, que la nuit rend presque noir, vole au-dessus de la prison pyramidale.
Des explosions retentissent de l'intérieur de la prison.
L'aigle s'éloigne.
NOIR.
FIN MUSIQUE OFF.

Oh, it's a bad, bad ritual, but it calms me down