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12 févr. 2019, 22:06
Les Sangblanc de France  Solo 
Ce sujet regroupera les RP concernant la famille française d’Alice. Il s'agira parfois d'OS et parfois de RP plus long qu'un post ou deux. Ils seront tous nommés pour mieux s'y retrouver.

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Au commencement
Chapitre I - La déchéance


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Il y avait bien des raisons de penser que les Sangblanc français étaient étranges, même pour des sorciers. Riches, nobles, purs mais étranges. Ils ne se montraient que rarement, et ne se mélangeaient jamais avec les autres sorciers, pas sans une bonne raison, en tout cas. Et les bonnes raisons, Henri Sangblanc, patriarche de la famille Sangblanc s’arrangeait toujours pour ne pas les trouver. Il n’était pas homme à apparaître dans toutes ces soirées mondaines organisées par ses contemporains. Il préférait le calme chaleureux de sa cheminée crépitante, son fidèle croup allongé à ses pieds. Henri passait plus de temps avec les animaux qu’avec les autres sorciers et en cela, personne ne le comprenait. Ce n’était pas une aversion pour ses semblables, bien sûr que non. Il aurait été stupide de le penser, car Henri avait été un habitué des soirées mondaines. Fut un temps où le manoir Sangblanc, vecteur de la majeure partie des galas de charité, fêtes de célèbres sorciers, bals masqués, anniversaires et célébrations de solstices, venait déchirer le silence et l’obscurité d’un halo de lumière empli de musiques festives et de rires, chaque nuit durant. Mais à la seconde où la raison de vivre d’Henri chu, la noirceur reprit ses droits sur le domaine.

Madame Élisabeth Sangblanc, la mère des enfants de Henri, la femme de sa vie, avait péri lors d’un voyage en Grèce dans des circonstances qui, aux yeux de tous, n’avait place qu’au milieu des nombreux mythes qui imprègnent les terres égéennes. Henri ne s’en était jamais remis, sa bien-aimée avait comme emporté une partie de lui-même avec elle, meurtrissant le cœur de sa famille au passage.
Dorian Sangblanc, l’aîné des enfants de Henri, anéanti par la disparition précoce de sa mère, tenta de fuir les souvenirs de celle-ci jusqu’en Écosse, abandonnant sa noblesse et sa famille dans sa quête d’amnésie...
Il aurait été cruel de penser que les jumeaux Léon et Pauline n’avait pas souffert de la disparition d’Élisabeth Sangblanc. Ils n’avaient que quinze ans. Quinze petites années. Perdre sa mère avait considérablement perturbé Pauline qui dès lors, vit chacune de ses nuits devenir le spectacle de scène indicibles tant par leur hideur que par leur surréalisme ; nulle potion n’avait fonctionné sur l’adolescente, et celle-ci ne trouvait nul autre échappatoire à ses rêves déments que d’interminables veillées, ou, assise, le dos arqué au-dessus de son bureau, elle griffonnait frénétiquement sur des carnets les images d’horreur qui venaient torturer son esprit chaque fois qu’elle daignait fermer les yeux, dépassant un peu plus chaque lune la capacité de résilience de celui-ci, comme pour enfermer ces abjections dans un carnet qui lui servirait de boîte de Pandore. Au fur et à mesure, elle était devenue... différente. Léon avait fait son possible pour aider sa jumelle, en vain. Pauline sombrait petit à petit dans la démence, à tel point que l’empathie devenait chaque jour un peu plus un frein à qui voudrait tenter de partager son fardeau par sa présence.
La cadette, Élise, du haut de ses dix ans, n’avait jamais versé une larme pour sa défunte mère. Jamais un cri de douleur n’avait franchi ses lèvres. Elle était resté incroyablement ... neutre. Les proches de la famille Sangblanc avaient trouvés toutes sortes de raison à cet étrange calme, comme son jeune âge ou encore le déni. Mais en grandissant, rien n’avait changé. La petite Élise semblait avoir perdu ses émotions. Rien ni personne n’était capable d’expliquer cette perte.

Une ombre néfaste semblait planer au dessus des Sangblanc. Une mort mystérieuse, la démence d’une enfant et l’extrême stoïcisme d’une autre. Henri avait essayé de comprendre pourquoi le sort s’était acharné sur sa famille. Mais jamais il n’eut de réponse.

Les années avaient passées, le visage de Henri s’était creusé, ses épaules s’étaient affaissés. L’âge s’était installé, et ses enfants avaient grandis. Son déserteur de fils, Dorian, s’était mariée à une Née-Sorcière et avait eu trois beaux enfants. Léon avait épousé une espagnole qui lui avait donné deux fils. Pauline rêvait toujours, Pauline avait changée. Mais Pauline avait trouvé un sens à ses rêves. Elle « voyait », disait-elle, et se consacrait maintenant à la divination. Élise, quant à elle, était devenue une femme sublime. Sa beauté avait attiré l’œil de plus d’un homme, et fut marié à trois d’entre eux. Tous des beaux parties. Le premier, Hans Bergmann, riche Sang-Pur d’Allemagne, était mort l’année qui suivait leur mariage. Élise n’a jamais désiré changer de nom, trop attaché à celui de son époux. Ses émotions, toujours silencieuses, semblaient parfois murmurer.

Henri, quant à lui, était devenu ce vieux patriarche que les autres sorciers aimaient à voir comme un vieil ermite qui parlait à ses hippogriffes comme on s’adresse à de « vraies personnes ». Mais il était heureux, Henri. Ses enfants venaient régulièrement lui rendre visite, ils profitaient aussi souvent que possible de ses petits enfants et voguait doucement sur le fleuve de son existence.
Dernière modification par Alice Sangblanc le 12 avr. 2019, 22:11, modifié 1 fois.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

15 mars 2019, 22:46
Les Sangblanc de France  Solo 
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Au commencement
Chapitre II - Le domaine


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Le domaine de Henri Sangblanc avait des allures de carte postale moldue. Perchée dans les hauteurs des Alpes, il surplombait les plaines, les forêts et les villages. Il avait de l’allure, ce petit château français. Du moins, au yeux des sorciers car lorsque les Moldus regardaient dans sa direction, ils ne voyaient que les vestiges d’un château délabré, supposée victime des nombreuses batailles qui opposaient jadis les nobles. Ils avaient étés nombreux les Moldus à vouloir le restaurer mais à chaque fois qu’ils s’en approchaient, l’idée leur sortait de l’esprit... comme par magie.
Et la magie, il y en avait, derrière ces murs. Elle semblait flotter tout autour du château, comme un léger brouillard. Elle formait une barrière entre le monde des Moldus et celui des Sangblanc.

Autour de lui s’épanouissait une grande forêt de conifères qui grimpaient jusqu’au ciel. Le vert sombre de leur épines faisaient ressortir le blanc des pierres du domaine. Il était vieilli par les années, les nombreuses années qui s’étaient écoulées depuis la construction du château. Les fleurs qui grimpaient de long de ses murs égayaient ce blanc terne. Elles changeaient régulièrement de couleur et de variété, tout dépendait des humeurs des Sangblanc. C’était un joli sortilège qui tenait depuis tant d’année que personne ne savait à qui on le devait. Une chose était certaine, personne ne voulait s’en débarrasser. C’était un héritage, un bel héritage.
Les murs étaient percés par de hautes fenêtres, offrant aux habitants une belle vue sur leur cour de petits galets blancs, elle même fermée par un grand portail en fer forgé. Une demi-douzaine de marche menait à la grande porte du domaine. Elle s’ouvrait sur un hall immense au sol et aux murs blancs recouverts de quelques tableaux. Le plus impressionnant surplombait toute la salle, et mesurait bien trois mètres de long pour deux de large. Il représentait un immense hippogriffe au pelage et plumage roux, à l’œil vif et au bec acéré. Il s’animait régulièrement dans sa prison de peinture, secouait ses ailes et cabrait, toisant qui le regardait avec son regard supérieur. Un animal a l’image de ceux qui résidait en ces murs.

Le domaine s’étendait sur trois étages. Au premier se trouvaient les pièces de vie commune. La cuisine était grande, suffisamment pour pouvoir y préparer de nombreux repas. Elle donnait sur la salle à manger et son immense table de bois massif. On pouvait y accueillir la famille proche et la plus éloignée, sans être dérangé par son voisin. Un grand lustre de cristal la surplombait, projetant sa lumière sur toute la salle. Plus loin, de l’autre côté du couloir, se trouvait le petit salon qui n’avait de petit que le nom. De beaux sofas aux pieds de bois sculpté formaient de petits espaces pour chaque groupuscule qui pourrait vouloir s’y détendre. Une belle cheminée de pierres blanches réchauffait la pièce lors des froides soirées d’hiver. Un grand tableau y était accroché, il représentait une femme magnifique aux longues boucles noires maîtrisées en un chignon. Elle portait une longue robe noire de jais qui traînait à ses pieds. Un sourire merveilleux aux lèvres, parfois une mine plus sévère, elle avait de l’allure et savait soutirer quelques larmes aux habitants, que ce soit par ses silences ou ses paroles.
A l’étage se trouvaient les chambres, une pour le patriarche, quatre pour ses enfants, cinq pour ses petits enfants et trois autres pour les hypothétiques invités. Chaque chambre disposait de sa propre salle d’eau. Chaque chambre disposait de sa propre décoration.
Au dernier étage, il y avait une porte close. Il n’y avait nulle serrure, nulle poignée. Nul accès. La curiosité maculait le bois dont elle était faite.

Divers animaux s’épanouissaient dans le domaine de Henri Sangblanc. Il y en avait toujours eu, aussi différent l’un que l’autre. Il y avait un jeune Croup et sa mère, le fléreur de la plus jeune des filles Sangblanc, des Botrucs dans les bois, un Noueux à trois pattes, mais surtout, il y avait les hippogriffes. Ils vivaient dans la forêt, aux nombres de six individus. Ils faisaient la fierté de Henri Sangblanc, et ce depuis leur arrivée dans ses bois. Ils les montaient fréquemment, non pas pour les soumettre à lui mais pour partager avec eux des moments réservés aux amis.

Deux elfes de maison prenaient soin du domaine. L'une, Valeria, était vieille et était plus une compagnie pour Henri qu'une véritable aide, sa seule occupation étant tout de même la préparation des repas. Félicie, quant à elle, était dans la force de l'âge et s'occupait du nettoyage et de l'entretien de la maison. Les deux elfes résidaient dans une pièce du rez-de-chaussé qui n'appartenaient qu'à elles. Cette liberté les rendaient très fidèles.

Le patriarche de la famille Sangblanc coulait des jours heureux dans son domaine. Il y recevait régulièrement ses enfants, plus souvent sa plus jeune fille qui venait prendre soin de lui. Il n'avait pas besoin de milles et une chose, son petit confort personnel lui convenait parfaitement.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

13 avr. 2019, 00:00
Les Sangblanc de France  Solo 
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Renaissance
Chapitre I - Le poids des maux


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Septembre 2037


« - Mademoiselle Alice ! Mademoiselle Alice, nous sommes arrivées ! Tout va bien, Mademoiselle Alice ? Un, deux, trois, quatre... Deux oreilles, une bouche, un nez... dix doigts... Ils sont tous là, c’est parfait !

Ici, l’air était plus frais. Le vent soufflait dans les arbres, les feuilles semblaient chanter. Il brûlait les joues chaudes de la fillette, ses oreilles semblaient s’embraser à son contact.
Ses yeux clos, la petite Alice n’avait pas le courage de les ouvrir, de peur que le chant du vent ne soit qu’un tour de son esprit. Elle avait besoin de l’entendre. Elle avait besoin qu’il remplace la voix de sa mère qui remontait dans ses pensées.

- Mademoiselle, Jenny revient ! Jenny va prévenir monsieur votre Grand-Père de votre arrivée !

Les petits pieds de Jenny s’éloignèrent rapidement, laissant la fillette seule avec les éléments. Tout était arrivé trop vite, bien trop vite. L’entraînement barbare de sa mère, sa punition, le sauvetage de son père, le transplanage... tout cela, en quelques instants. Était-ce un cauchemar ? S’était-elle laissée emporter par le sommeil pendant la classe de Rita ? C’était peut-être cela, finalement. Peut-être que tout cela n’était qu’un rêve cruel.
Mais le vent soufflait fort, si fort que son chignon serré en était décoiffé. Le froid lui léchait la nuque, lui arrachant alors tout impression chimérique.
Ça c’était passé.
La douleur de ses doigts meurtris lui revint aussitôt au visage. C’était réel. C’était bien réel. La brutalité de sa mère, les hurlements furieux de son père... Le cauchemar était bien réel.

« - Alice ?

La voix était douce, le ton calme, l'accent français prononcé. C’était la sienne, celle de cette femme qui jamais n’avait osé lui faire du mal. Celle qui jamais n’avait dit le moindre mot méchant à son encontre. C’était celle de la tante Élise.
Alice sentit ses deux grandes mains délicates venir se saisir des épaules de sa nièce pour l’amener contre elle. Une douce chaleur enveloppa alors Alice. Elle était enfin en sécurité.

- Par la crinière de Circée, tu es glacée, remarqua la tante Élise. Rentrons, il nous faut s’occuper de te pauvres doigts.

Ses grands yeux d’argent s’ouvrirent enfin alors que tante Élise s’écartait de la fillette. Alice l’observait s’en aller en direction de la maison, sa longue cape noire flottant tout autour d’elle. Sa longue chevelure blanche, elle, ne bougeait pas, le vent ne semblait pas avoir d’éprise sur elle. Elle retombait tout autour d’elle comme une avalanche. Et puis, Tante Élise pivota son visage en diamant sur Alice. Rien, son visage n’affichait rien. Ni la joie de revoir sa nièce, ni la colère de la savoir blessée, ni l’impatience de la voir statique dans son dos. Il n’y avait jamais d’émotion, jamais. Parfois, un sourire sans joie, seulement commandité par la volonté de sertir ses lèvres du bijou le plus naturel.

- Alice, ma douce...

Une vague d'émotion submergea alors la fillette. C'était comme une bouffée d'air brûlante qui vint la prendre à la gorge. Alice se mit à fondre en sanglot, sous les yeux blancs de sa tante. La petite ne laissa pas de temps de réflexion à Elise et fondit enlacer son giron. Pleurer, c'était tout ce qu'elle souhaitait. Sentir des bras réconfortants autour de son corps, sentir son cœur se noyer dans un bain d'amour. Elle aurait voulu remercier sa tante mais... aucun mot ne pouvait être prononcé. Il n'y avait que des pleurs. Rien que des pleurs. Des pleurs qui lui faisaient le plus grand bien.

Les sanglots finirent par disparaître d'eux même, sans qu'un mot ne soit prononcé, sans qu'un geste de plus ne soit fait. Lorsqu'elle jugea que sa nièce était calmée, Élise s'écarta doucement d'elle pour la regarder. Du revers de ses pouces, elle lui essuya les larmes qui ornaient ses joues rougies par le froid. Tante Élise avait toujours été gentille, avec sa nièce tout du moins. Elle ne s'étalait pas en démonstration affective, ces attentions étaient toujours d'une élégante sobriété. C'était une jeune femme fantastique. Du haut de sa petite vingtaine d'année, elle était destinée à devenir une Sangblanc accomplie, une vraie. Une qui ne pleure pas, qui se bat. Une femme digne qui porte fièrement son nom et tout ce qu'il implique.

- Tout ira bien à présent, tu n'as plus à craindre, assura Élise. Personne n'osera plus jamais te blesser. A présent, rentrons avant que le froid ne nous dévore toute crues.

En effet, Alice ressentait le vent la mordre avec ardeur. Il fallait se mettre à l'abri. La fillette hocha la tête, et se dirigea vers la maison, Elise dans ses pas. Le domaine de Grand-Père, enfin. Depuis combien de temps n'avait-elle pas franchi cette porte ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas admiré les fleurs qui grimpaient le long des murs ? Alice avait l'impression de tout redécouvrir.

A leur entrée, le tableau qui dominait le hall blanc se mit à s’agiter. C’était l’hippogriffe, cabré, montrant sa puissance de quelques battement d’ailes. Tante Élise ne s’en préoccupa pas et se rendit immédiatement au petit salon, la fillette dans ses pas. Ses grands yeux étaient fixés sur la cape de sa tante, uniquement sur elle. C'était comme un phare pour la fillette, bouleversée par les récents événements. Elle aurait aimé s'en saisir, mais ses doigts lui faisaient trop mal.

Les portes blanches du salon s'ouvrèrent à l'arrivée d’Élise et Alice. La petite fille jeta un regard à droite, à gauche, et constata que Grand-Père n'était pas là, ni ses elfes de maison. Par ce temps, c'était étrange. Alice l'aurait imaginé dans son fauteuil devant sa cheminée, son croup assis à ses pieds. Mais personne n'était là. Si, Jenny. Elle se tenait debout à côté d'une petite table qui composait le salon, entre deux fauteuils. Sur ladite table était déposé une tasse fumante, un bol ainsi qu'un livre joliment ouvragé.

- Mademoiselle Élise, l'essence de Murlap est prête, ainsi que le thé.
- Merci Jenny. Va prévenir mon père de votre arrivée. Il est dans la forêt. Où, je l'ignore. Va.

La petite elfe s'inclina et, en un claquement de doigt, s'évapora. Après que sa tante ai fait un geste pour l'inciter à s'asseoir, et un autre en direction de la cheminée pour enflammer les bûches déjà préparée, Alice s'installa sur le fauteuil. Elle jeta un coup d’œil au grand tableau qui trônait au dessus de la cheminée, il demeurait vide.

- Grand-mère n'est pas là ? demanda Alice en désignant le tableau.
- Elle reviendra bien assez vite, ne t'en fais pas. Plonges tes doigts dans le bol, cela te fera le plus grand bien.

La fillette se pencha légèrement en avant pour observer le contenu du bol d'albâtre. Le liquide était jaune, et peu avenant. Mais Alice voulait réduire au néant la douleur qui irradiait ses doigts. C'était froid, et presque immédiatement apaisant. Un réconfort supplémentaire.
Élise retira enfin sa cape qu'elle déposa soigneusement sur le dos du fauteuil. Elle portait une longue robe prune, droite, serrée à son corps. Elle était très élégante, comme toujours. Après avoir réajusté ses longs cheveux blancs, Élise vint s'asseoir aux côtés de sa nièce. Aucune d'entre elles ne chercha à parler, et ce calme était le bienvenue. Seul le crépitement du feu rompait ce silence. Parfois, Alice agitait un peu ses doigts dans le liquide jaune, comme pour s'assurer de ses sensations. La douleur s'amoindrissait. Bientôt, tout cela ne serait qu'un mauvais souvenir. Il n'y aurait plus que les jolies choses. Grand-Père, Tante Élise, Papa ...
Père. Père ?

- Tante Élise, quand est-ce que Papa va me rejoindre ?
- Il n'est pas prévu qu'il vienne. Pour le moment, tout du moins.
- Comment ...?

Demeurer seule, ici, sans son père ? Qu'est-ce que ça voulait dire, "pour le moment" ? Des heures, des jours... des semaines ? Alice se sentait défaillir, ses larmes revenaient à la charge. Comme si Elise avait entendu ses songes, elle vint poser sa main dans le dos de sa nièce pour lui caresser avec douceur.

- Il viendra lorsqu'il le pourra. Je vais m'occuper de toi pendant son absence, qu'elle soit courte ou longue. D'accord ? »

C'était une maigre consolation. Tante Élise ne remplacerait pas son père, même si elle y mettait toute sa volonté. Elle n'était pas son père, son repère, son guide.
Sa mère haïssait ce lien entre eux, trop défini, trop présent. Elle disait que cela rendait Alice faible. Mais sans lui, Alice ne serait rien, Alice ne réussirait pas à se mouvoir. Alice ne serait rien de plus qu'une ombre.
Cependant, la fillette hocha la tête. Elle ne devait pas pleurer, elle devait se battre, relever la tête, être grande, être digne. Il fallait être une Sangblanc.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

24 août 2019, 11:58
Les Sangblanc de France  Solo 
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Renaissance
Chapitre II - Souffler


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Ses doigts allaient et venaient dans l’essence de murlap. Ce qui était un soin était devenu un jeu de patience, la douleur avait à présent disparu. Mais Alice ne voulait pas quitter le bol, elle ne voulait plus ressentir la douleur. Elle voulait seulement un peu de repos, en attendant que son Grand-Père arrive. Il n’allait plus tarder, Alice le savait. Il accourrait pour venir la voir, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’il ne franchisse la porte du petit salon.
Le regard d’Alice quitta le bol pour se reporter sur le tableau de sa Grand-Mère. Cet à cet instant précis que la femme revint dans le cadre, toujours vêtue de sa longue robe noire. Sa longue boucles d’ébène était lâchée, et Alice ne se souvenait pas avoir déjà vu sa crinière libre. Grand-Mère avait vraiment été une très jolie femme, et l’aurait été encore aujourd’hui si elle n’avait pas trépassé aussi tôt. Lorsqu’elle l’observait, la tristesse s’emparait d’Alice. Malgré ce sourire ravissant qui quittait rarement son visage clairsemé de tache de rousseur, sa vision était triste. Tellement triste.
Les yeux bleus de Elisabeth Sangblanc se posèrent enfin sur sa descendance qui la regardait en silence. Elle inclina respectueusement la tête, décollant ainsi le sublime médaillon éclatant qui pendait à sa gorge. Alice avait toujours trouvé ce bijou merveilleux. Il ne s’agissait que d’une pierre précieuse scellée dans l’argent, mais la lumière qui s’en dégageait était hypnotisant. Il était magique, Alice en était persuadée.

« - Alice, dit-elle dans un sourire attendri. Quel plaisir de te voir au manoir.
- Bonjour Grand-Mère.
- Alice va rester quelques temps avec nous, expliqua Élise en se redressant un peu sur le fauteuil.
- C’est une excellente nouvelle. La vie à la française te fera le plus grand bien, n’est-ce pas ?

Alice agita un peu la tête pour acquiescer et baissa les yeux sur ses genoux. Elle supportait pas le regard intrusif de sa Grand-Mère, comme si cette dernière était capable de lire en elle, son ton interrogateur le laissait supposer, tout du moins.
Elisabeth n’ajouta rien de plus. Elle sourit une dernière fois à sa fille avant de se saisir du livre d’un autre tableau pour le lire, confortablement installée dans le canapé d’un autre cadre. Est-ce qu’Alice aura son charme et son élégance, lorsqu’elle sera plus grande ? Après tout, elle arborait déjà les mêmes boucles qu’elle, alors pourquoi pas. Alice aimerait lui ressembler. Elle ne voulait pas de sa peau constellée de tâches de rousseur, ni du noir de ses cheveux. Non, elle voulait seulement cette prestance qu’elle dégageait, cette force qui émanait d’elle.

- Grand-mère ? Demanda timidement Alice.
- Qui à t-il, trésor ?
- Est-ce que je serai comme vous, plus tard ? Belle, grande et forte, qui n’a peur de rien ?

Elisabeth referma son livre sur son pouce et posa ses yeux sur Alice. La bienveillance qui émanait de son sourire rendit Alice un peu plus confiante quant à cette question si soudaine et certainement bien impolie.

- Tu es une femme, Alice. Par conséquent, tu as suffisamment de force en toi pour devenir celle que tu veux être. Ne laisses jamais personne te dire le contraire.

La petite fille garda le silence, cherchant à comprendre ce que voulait dire Grand-Mère. Qu’est-ce que cela avait à voir avec sa question ? Pourtant, Elisabeth semblait parfaitement satisfaite de sa réponse, et s’en était retourné à sa lecture. Alice releva les yeux sur sa tante, qui avait récupérer sa tisane et la buvait, le petit doigt relevé. Un jour, Alice comprendra les mots de Grand-Mère, elle en était certaine.

La porte du petit salon finit par s’ouvrir. Alice se leva immédiatement de son canapé, tâchant la table de quelques gouttelettes jaunes lorsque ses doigts quittèrent l’essence de Murlap. Élise, après avoir délicatement reposé sa tasse, imita sa nièce. Alice n’attendit aucune invitation pour rejoindre le vieil homme qui avait pénétré dans la pièce
Henri Sangblanc était un homme élégant, comme l’était chacun de ses enfants qu’il avait élevé en leur inculquant la nécessité du beau paraître. Malgré le vent qui soufflait à l’extérieur, ses cheveux blancs étaient bien coiffés, parfaitement tirés en arrière, comme d’habitude. Sa barbe blanche et sa moustache étaient elles aussi bien peignées, sans la moindre fourche.
Lorsqu’il posa ses yeux d’argent sur sa petite fille, l’homme étira un fin sourire et marqua un peu plus ses rides.

- Bonjour ma petite, dit-il enfin de sa voix rocailleuse.

L’entendre était un véritable soulagement pour la petite fille, qui vint immédiatement nichée son visage contre les cuisses de Grand-Père. Même si la situation était terrible, elle se sentait en sécurité à présent, et n’avait plus rien à craindre de qui que ce soit.

- Elise, est-ce que tu t’es occupé de ses doigts ? demanda Henri.
- Bien sûr, Père.
- Très bien. Quelle horrible chose que voici. Punir ainsi une enfant.

Alice se détacha de son Grand-Père et se tordit le coup pour pouvoir le regarder. Cela fut nettement plus simple lorsqu’il pencha sa tête sur elle;

- Que dirais-tu de rejoindre ta chambre le temps que je discute de cette vilaine affaire avec ta tante et Jenny, hm ? Valeria va t’apporter de quoi te réchauffer. »

La fillette agita un peu sa tête pour acquiescer, et sourit lorsque le vieillard sourit. « Va », ordonna t-il simplement, et la fillette quitta le salon en trottinant. Elle ne voulait pas entendre parler de sa mère. Elle ne voulait pas entendre tante Élise dire qu’elle avait déjà prévenu son père et qu’il n’avait rien écouté, qu’il avait été stupide de tomber amoureuse d’une Née-Sorcière. Alice voulait seulement un peu de calme, et un chocolat chaud.

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