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16 févr. 2019, 17:14
Un "heureux" événement  Solo 
15 février 2044
Appartement des Kernac’h, Cardiff


Comme souvent depuis qu’il avait laissé son enfant aux bons soins de son meilleur ami, Sigmund, lorsque son emploi du temps lui permettait, transplanait à Cardiff où vivaient les Kernac’h et, provisoirement, Elisabeth Charleston. Lorsque sa fille lui écrivait, elle lui faisait longuement part de sa solitude : elle savait décrire son ennui dans de longues phrases larmoyantes. Et effectivement, elle était souvent seule : Elian étudiait à Poudlard et Evelyn, qui veillait sur elle, ne rentrait que tard le soir. Le sorcier lui rendait donc visite aussi souvent que possible ; ces visites régulières permettaient entre autres de renouer des liens qui s’étaient défaits avec le temps. Même s’il y avait encore un long chemin à faire, père et fille n’avaient pas été aussi proches depuis  des années.

Après un rapide petit tour à la boulangerie du coin, c’est à grandes enjambées que Sigmund grimpa les escaliers du petit immeuble, menant au troisième étage où se trouvait l’appartement. Il frappa deux coups à la porte ; plus pour prévenir sa fille de son arrivée qu’autre chose, puis entra sans plus attendre.

« Beth ! Bonjour ! » s’exclama-t-il. Il déposa les nombreuses pâtisseries sur la table –son porte-monnaie ne le remerciait pas pour tous ces achats, puis se rendit dans la chambre d’Elian. Sa fille était allongée sur le lit, les deux mains posées sur un ventre qui semblait prêt à exploser tant il était gros et rond.
« Papa » fit-elle d’une voix traînante. « Je fais de la rétention d’eau, tu as vu ? » Elle désigna ses chevilles gonflées avec un sourire. « La sage-femme m’a dit que je devais marcher régulièrement, me dégourdir les jambes. Mais j’ai fait plusieurs malaises hier soir. Evelyn veut que je reste au lit aujourd’hui. »

Sigmund s’assit sur le lit et contempla sa fille avec inquiétude.

« Tu manges bien ?
- Oui... Mieux qu’avant, c’est certain. On a jamais autant surveillé mon régime alimentaire de ma vie. Je crois qu’Evelyn s’inquiète autant que toi pour ce bébé, plaisanta-t-elle.
- Nous nous inquiétons aussi pour toi. J’ai apporté toutes les pâtisseries que tu as citées dans ta lettre. Le chausson aux pommes, la tartelette au citron, les scones, le crumble et un gâteau au chocolat. » lista Sigmund tout en comptant sur ses doigts.

Nul besoin de répéter : quelques minutes plus tard, la future maman était déjà assise à table et croquait alternativement dans un chausson aux pommes puis dans le gâteau au chocolat. Sigmund trouva une bouteille de jus de fruit en fouillant dans les placards et en servit un grand verre à sa fille. Il aimait bien la voir manger : il imaginait la nourriture aller directement jusqu’au fœtus, lui permettant de grandir et de bien se développer, afin de devenir un bébé bien gras et gros quand il serait temps de sortir découvrir le monde. C’était, selon lui, tout à fait indispensable pour le bien-être des deux personnes qu’il aimait plus que tout au monde. Ainsi il prenait un plaisir manifeste à voir sa fille ingurgiter des tonnes de sucre, quand son meilleur ami, lui, s’efforçait de lui apporter des repas équilibrés et complets.

« Ta mère aussi avait grand appétit quand elle était enceinte. Elle était devenue aussi grosse qu'une baleine ! Je ne sais pas comment tu fais pour rester aussi fine, malgré ce ventre qui semble prêt à exploser.
- Evelyn me fait manger plein de légumes. Il n’aime pas non plus quand je grignote entre les repas. J’ai parfois l’impression qu’il  me traite comme une gamine, avec tous ces interdits. Quand est-ce qu’on peut habiter ensemble ? Tu as trouvé un appartement ?
- Tu devrais être un peu plus reconnaissante. Ton parrain est aux petits soins avec toi, et il t’héberge depuis bientôt deux mois maintenant. Tant que tu es chez lui, c’est normal que tu aies à respecter ses règles de vie. »

Elle fit la moue et reporta sa totale attention sur ses pâtisseries. Sigmund soupira. Parfois, il avait l’impression qu’elle grandissait et devenait bel et bien adulte : mais rapidement, la réalité finissait toujours par les rattraper. Il n’avait pas mis longtemps à comprendre que le beau discours que lui avait servi sa fille, lorsqu’il avait appris sa grossesse, n’était en réalité que les illusions que se faisait une jeune femme encore bien immature. Il quitta la table, laissant sa fille s’empiffrer –qu’Evelyn ne s’étonne pas si elle n’avait plus d’appétit pour le dîner, et il entreprit de ranger et nettoyer un peu l’appartement. Il versait chaque mois une somme d’argent à son ami pour participer aux frais qu’engendrait sa fille, mais estimant que cela était bien insuffisant comparé à toute l’énergie qu’Evelyn fournissait pour prendre soin de son enfant, il aidait comme il pouvait, incluant un peu de ménage lorsque la poussière s’accumulait sur les meubles en bois clairs de l’appartement au style british, ou le rangement du bazar de sa fille. Quelques sortilèges ménagers plus tard, l’appartement était comme neuf. L’état de la chambre de Beth fit grimacer le sorcier. Sa fille avait tassé et empilé les coffres à jouets d’Elian dans un coin de la pièce pour placer ses propres meubles. Elle avait même changé les rideaux. La chambre ne ressemblait plus en rien à celle d’un garçon de douze ans.

« Ma puce ? » s’enquit Sigmund en rejoignant sa fille. « J’ai déjà visité quelques appartements. Mais il n’y avait rien qui correspondait totalement à nos attentes et à notre budget. C’est assez difficile de trouver un logement avec trois chambres qui ne soit pas trop cher.
- Tu as toujours des dettes ? demanda-t-elle d’une voix timide.
- Effectivement. »

La discussion se poursuivit, Beth évoqua tous les désagréments de la grossesse, ses repas, les nausées qu’elle avait parfois, les visites de sa mère qui venait exprès sur les heures où Evelyn travaillait pour ne pas le croiser, et bien d’autres sujets. Peu avant de partir, Sigmund décida d’offrir tous les vêtements qu’il avait tricotés pour le bébé ces dernières semaines. Il fouilla dans son sac banane et en extirpa une dizaine de pulls aux couleurs diverses ; parfois très vives, avec des motifs étranges, ainsi que d’autres vêtements qu’il avait lui-même confectionnés.

« Et voilà ! J’ai aussi fait un pull pour toi, tu vas l’essayer et me dire si cela te va. » s’exclama-t-il joyeusement.

Sa fille, elle regardait les vêtements avec un mélange d’étonnement et de dégoût.

« Papa, ces mélanges de couleurs… c’est… c’est presque un crime contre l’humanité. » avoua-t-elle à voix basse en désignant un pull vert et violet orné de nombreux cœurs multicolores. Sigmund écarquilla les yeux, surpris. « Tu as toujours des goûts aussi atroces en matière de vêtements. Pourtant, t’es assez bien habillé, là. » reprit-elle en regardant son père de la tête aux pieds. Il s’empourpra, presque en colère, mais s’adoucit aussitôt face au regard désemparé de sa fille.

« C’est les hormones qui parlent, ma chérie, c’est normal. Tu ne penses pas ce que tu dis. » affirma-t-il en caressant ses cheveux. Elle le regarda, blasée. « Ces vêtements-là, c’est une collègue qui me les a offerts. » Quelques semaines plus tôt, il avait trouvé un paquet qui lui était destiné en salle des professeurs, contenant trois tenues complètes. C’était un cadeau d’Amy Holloway, qui malgré le refus de Sigmund de recevoir des vêtements de sa part, n’en avait fait qu’à sa tête et avait trouvé un prétexte ridicule pour lui en offrir. C'était très gentil, mais Sigmund n'aimait pas qu'on lui fasse la charité. Puisqu’elle n’en démordait pas, il avait fini par accepter poliment son cadeau, très gêné, et s’était promis de lui rendre un jour la pareille.

« Ah ? Une jolie collègue célibataire ? dit-elle, soudain intéressée.
- Euh, non. Enfin, jolie, oui, mais elle va se marier dans quelques mois. C'est Amy Holloway, elle a été ta professeure, si je me souviens bien ?
- Mais oui ! Un peu petite, cheveux roux, la trentaine ? Ouais, elle était plutôt sympa. Pourquoi t’offre-t-elle des vêtements ?
- Je… ne sais pas vraiment. Elle voulait que je sois bien habillé pour son mariage, je crois. Et elle sait pour nos problèmes financiers. » expliqua-t-il avec un air fatigué. « Ma chérie, je ne vais pas tarder à rentrer. Je dois préparer certaines choses pour mes cours de demain. Repose-toi bien, je reviendrai te voir vendredi. » Il déposa un baiser sur le front de sa fille et lui sourit.

« Papa, plus que trois semaines avant l’arrivée du bébé. J’ai hâte, mais j’ai aussi tellement peur.
- Moi aussi Beth. Mais tout ira bien. »

Il saisit la dernière pâtisserie qui restait sur la table, l’engloutit rapidement puis transplana non loin de l’enceinte de Poudlard.

Prochain post : Début mars

#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !

08 mars 2019, 18:59
Un "heureux" événement  Solo 
Mercredi 2 mars 2044

- 8h01 -

Lorsque Sigmund avait reçu la missive de son ami qui l’informait que les contractions de sa fille se rapprochaient, son sang n’avait fait qu’un tour. Aussitôt, il avait précipitamment quitté son bureau, laissant au passage une petite pancarte sur laquelle était notée « Pas cours aujourd’hui. » sur la porte de sa salle de classe. Dès l’enceinte du château quittée, il avait transplané à Cardiff. A présent, il tournait en rond dans le petit salon de l’appartement des Kernac’h, comme un lion en cage. La sage-femme était déjà présente et s’occupait de Beth dans la pièce d’à côté.

« L’arrivée du bébé était prévue dans une semaine ! » vociféra une nouvelle fois Sigmund. Il n’aimait pas les imprévus, tout avait beau être prêt : lui, il ne l’était pas encore tout à fait. Après des semaines de recherche, il avait finalement trouvé une coquette petite maison ; à peine plus grande que son ancien appartement mais disposant tout de même de trois chambres qui bien qu’assez petites, conviendraient parfaitement dans un premier temps. Il n’avait pas encore signé le contrat de location ni prévu le déménagement : Evelyn allait avoir encore un peu Beth et son enfant à sa charge.

« Cela fait combien de temps ? » gémit-il une nouvelle fois en se tournant vers son ami, désespéré. Il ne savait pas quoi faire pour s’occuper. Il avait déjà fait l’inventaire complet de tout ce qui était nécessaire pour préparer l’arrivée de l’enfant, et coché plusieurs fois l’ensemble des éléments de la liste, vérifiant et revérifiant encore, pour qu’il ne manque rien, pas même le pèse-bébé ou la célèbre girafe moldue Sophie.

« Quelques heures. Les contractions ont commencé hier soir. » répondit Evelyn. Contrairement à son ami, il était assis dans le canapé, les bras croisés. Son visage paraissait inexpressif, mais Sigmund qui ne le connaissait que trop bien savait que ce n’était qu’une façade, et qu’il était lui aussi très inquiet même s’il ne le montrait pas.
- 8h37 -

A chaque cri de sa fille, ses poils se hérissaient sur ses bras tandis qu’il était parcouru d’un frisson. Il était tendu et peinait à contenir sa nervosité. Sigmund frappa quelques coups à la porte puis l'entrouvrit.

« Avez-vous besoin de quelque chose ? Ma puce, tout va bien ? Je peux venir lui tenir la main ? Puis-je faire quelque chose ? Lui apporter de l’eau ? Des coussins ? Elle va bien ? Ma puce, papa est là ! » enchaîna-t-il sans prendre de pause. La sage-femme vint à lui et lui sourit. C’était une jeune femme qui n’avait pas encore trente ans, elle faisait preuve d’une certaine assurance, ce qui ne rassura pas pour autant le futur grand-père.

« Tout se passe très bien, monsieur. Si vous avez quelques coussins de plus, ce n’est pas de refus. »

Il s’exécuta promptement, dépouillant le lit d’Evelyn de tous ses oreillers. 

- 10h15 -

« Pourquoi crie-t-elle si fort ! » se lamenta Sigmund. Il se tourna vers son ami, le regard accusateur. « Tu l’as trouvée où, cette sage-femme ? Tu es sûr qu’elle est compétente ? Pourquoi ne soulage-t-elle pas les douleurs de Beth ? 
- Bien sûr. Je n’ai pas embauché n’importe qui. » répondit-il, tout aussi tendu. Si son attitude était plus mesurée et son visage, presque impassible, ses poings serrés et le tapotement régulier de son pied sur le sol trahissait son anxiété. Sigmund, lui, faisait toujours les cent pas, toquant régulièrement à la porte pour quérir des nouvelles ou proposer son aide.

- 10h31 -

Evelyn toqua à son tour à la porte, plusieurs fioles contenant diverses potions sous le bras. Certaines étaient, selon ses dires, pour soulager les douleurs, d’autres, pour l’anxiété. La sage-femme les accueillit avec un air dubitatif ; probablement méfiante quant à la composition de ces potions inconnues. Sigmund, quant à lui, était impressionné par cette grande collection de potions. Evelyn déboucha l’une de ces philtres –quelque chose pour l’angoisse disait-il, et en avala quelques gorgées avant de tendre le reste à son ami. Celui-ci ne se fit pas prier et vida le flacon.

- 11h12 -

Sigmund avait finalement pris place dans le canapé, probablement légèrement soulagé par la potion. La tête penchée en arrière, rêveur, ses yeux fixaient le plafond. Sa main avait trouvé celle de son ami. Il la serrait dans la sienne pour contenir sa nervosité. Les cris de Beth ne tarissaient pas, accompagnés de quelques « J’ai mal » et « je ne vais jamais y arriver ! ». Heureusement d’ailleurs, ils avaient lancé quelques sortilèges pour insonoriser l’appartement. Ne tenant plus, le futur grand-père se redressa subitement et vint se coller à la porte. « Tout ira bien mon bébé ! Papa est là, ne t’inquiète pas ! C’est bientôt fini ! » s’écria-t-il impuissant, lui-même à peine convaincu par ses propos.

- 11h24 -

De retour dans le canapé, Sigmund tenait fermement la main d’Evelyn dans la sienne. La sage-femme sortit de la chambre et vint les voir. Elle les regarda l’un et l’autre avec un sourire rassurant.

« Tout se passe bien, messieurs. Votre fille s’en sort très bien. Votre petit-enfant ne devrait pas tarder à arriver. »  fit-elle en s’adressant aux deux hommes. Evelyn lâcha aussitôt la main de Sigmund.

- 12h02 -


« L’accouchement d’Ellen n’était pas aussi long. » commenta Sigmund, qui faisait à nouveau les cent pas dans le salon.

- 12h07 -

« Tu veux manger quelque chose ? s’enquit Evelyn avec hésitation.
- Non. »

- 12h23 -

Un cri de nourrisson retentit. Les deux hommes se levèrent d’un bond. Sigmund franchit sans plus attendre la porte de la chambre, ne tenant plus en place. Ses yeux se posèrent en premier sur sa fille, qui semblait très fatiguée mais bien vivante. Il pâlit à la vue des draps ensanglantés. Son cœur se serra dans sa poitrine. Sa vision se brouilla et quelques secondes plus tard, il sentait vaguement les bras d’Evelyn se refermer sur lui, l’empêchant de tomber.

- 18h00 -

Sigmund se tenait au chevet de sa fille. Il tenait sa main dans la sienne et la regardait avec tendresse. Le bébé reposait dans les bras de sa mère, endormi. Il était si minuscule qu’il pouvait probablement tenir dans les deux mains du sorcier. Mais c’est à peine si le nouveau grand-père osait y toucher, ayant bien trop peur de lui faire du mal par accident. Il semblait tellement fragile. Du bout de l’index, Sigmund caressa son front, songeur. Ce bébé était un peu comme un inconnu qui venait s’inviter dans leurs vies à l’improviste. Depuis l’annonce de la grossesse de Beth, tout s’était passé très vite et c’est à peine si le sorcier avait pu réaliser l’ampleur de cet événement. Maintenant que le nouveau-né était enfin là, la réalité les rattrapait tout doucement.

« Il est beau, n’est-ce pas ? chuchota Beth.
- Très. Il te ressemble un peu, à quand tu es née. Enfin, c’est difficile à dire pour l’instant. Ce bébé est un peu fripé. Et il est entièrement chauve ! Toi, tu es née avec quelques cheveux. » répondit-il en observant attentivement son petit-fils.

Beth adressa un regard noir à son père. Il lui répondit par un sourire espiègle.

« Chut. Jonathan Charleston, mon merveilleux garçon, n’écoute pas ton grand-père. Il ne raconte que des bêtises. Tu es magnifique, et moi, je suis une maman comblée. » susurra-t-elle à son enfant. Sigmund sourit, attendri. Il déposa un baiser sur le front de sa fille et de son petit-fils, puis quitta la pièce. Ils avaient besoin de repos.


#783f04 - DDM de Poufsouffle à partir de mars 2049 - Tutoyez-moi !