A venir

Orphéa regardait tristement par la fenêtre de la cuisine. C’était la seule, avec celle de la salle de bain, qui donnait sur la cour intérieure que les Cooper partageaient avec les autres habitants de l’immeuble. La fillette regardait les enfants jouer, en jetant de brefs coups d’œil au carton d’invitation posé sur le plan de travail. Pour une fois, elle était invitée à un anniversaire, et sa mère avait refusé qu’elle y aille. Depuis sa première manifestation magique, elle avait la sensation de ne rien pouvoir faire. Elle passait davantage de temps chez ses grands-parents à Bottomgraig, loin de Glasgow et des moldus qui habitaient tout proches. Même s’il y avait plusieurs familles sorcières dans ce quartier de la ville, elles étaient relativement discrète, et bien intégrées. Ce qui rendait les manifestations de magie en public d’autant plus problématique. Raison pour laquelle Harper et Caleb avaient de plus en plus de mal à laisser la petite brune sortir sans surveillance. Son père était au cabinet et sa mère, bien qu’étant à la maison, travaillait sur différentes potions tout en s’occupant de Noria, ce qui l’empêchait de pouvoir accompagner sa fille à l’anniversaire auquel elle souhaitait tant se rende. Orphéa avait bien essayé de sortir discrètement pour rejoindre ses amis, mais Harper avait bien évidemment pris des précautions, et verrouillé la porte d’entrée. Et si les manifestations de magie n’étaient pas rares, la fillette ne les contrôlait pas, et n’avait donc aucun moyen d’ouvrir celle-ci. Alors la brune se contentait d’observer ses voisins courir derrière un ballon, se gaver de sucreries et de soda, et surtout rigoler. Sa mère lui avait demandé plusieurs fois de la rejoindre dans le salon pour s’occuper, lui avait proposé de lire un livre, ou de jouer avec sa sœur, mais dès qu’elle avait le dos tourné, Orphéa en profitait pour retourner dans la cuisine. Le moment le plus horrible fut celui des cadeaux. L’Écossaise pouvait voir son petit paquet, posé sur la table, attendant d’être ouvert. Harper était passé chez les parents de celle qui fêtait son anniversaire et avait prétexté, qu’Orphéa passait le week-end chez ses grands-parents pour excuser sa présence. Elle en avait profité pour offrir le cadeau choisi par sa fille. La brune put voir l’emballage se faire déchirer et tomber au sol, et la poupée qu’elle avait choisie, brièvement regardée puis reposée sur la table sans qu’on ne lui accorde plus d’intérêt. Le pire dans tout cela, c’était qu’Orphéa savait que ce genre de situation allait se reproduire. Elle passait déjà tous ses mercredis au manoir de ses grands-parents, et à présent, elle s’y rendait de plus en plus souvent dans la semaine. Là-bas, on lui enseignait la politesse, les bonnes manières, la musique, et ce genre de chose « très importante » d’après Rachel. Si la petite brune n’appréciait pas réellement ses cours, ses parents étaient bien trop contents d’avoir une solution de garde lorsqu’ils travaillaient pour se préoccuper du fait qu’elle s’épanouisse dans ces activités ou non. Elle ne leur en voulait même pas. Ses cousins étaient également souvent présents à Bottomgraig, et elle comprenait que les parents qui travaillaient ne pouvaient pas s’occuper de leurs enfants tous les jours. Au moins, là-bas, elle était en présence d’enfants comme elle, et n’avait pas à se préoccuper du fait de cacher ses pouvoirs. Cela aurait certainement pu être très amusant si sa grand-mère ne les empêchait pas de jouer comme ils le voulaient. Elle était très stricte, et les effusions de joies, les rires, les roulades et les chamailleries étaient formellement proscrites. Quand elles n’étaient pas là et qu’ils étaient seuls avec leur grand-père, les choses étaient différentes. Les cousins de la famille Cooper étaient plus libres. La seule chose qui leur était interdite était de jouer, ou même de toucher à la cornemuse de Jacob. De toute façon, Orphéa avait bien essayé de souffler dedans une fois, c’était trop compliqué pour qu’elle s’y intéresse réellement. En pensant à tout cela, la fillette regardait ses voisins moldus jouer dehors. Elle devait s’y habituer. Elle n’avait pas le choix, elle ne pourrait pas faire partie de ce monde là.

À peine plus d’un an séparait Orphéa de sa rentrée à Poudlard. Sa lettre d’admission, devait normalement arriver d’ici quelques mois. Elle était très impatiente, mais aussi très frustrée de ne pas pouvoir y rentrer dès septembre. C’était le lot de tous les jeunes sorciers nés en fin d’année. Elle s’agaçait de ne pas être née deux mois plus tôt. Si cela avait été le cas, elle aurait pu rentrer à l’école des sorciers en même temps que Billie, qu’elle considérait comme sa cousine depuis des années. Celle-ci allait recevoir sa lettre d’ici quelques semaines, et elle avait déjà demandé à Orphéa si elle et ses parents pouvaient l’accompagner sur le Chemin de Traverse pour faire ses achats. Et tout cela l’emmenait à se questionner sur sa future rentrée et sur les écoles de magie en général.

« Maman ? demanda la fillette distraitement. Pourquoi tu n'es pas allé à Beauxbâtons comme Mason ? »

« Parce que je suis née à Londres, et lui en France, répondit Harper en levant le nez de son livre. Papy a été muté quelques mois avant ma naissance »

« Et tu ne regrettes pas de ne pas avoir été là-bas ? poursuivit la jeune fille. Surtout quand ils sont rentrés en France ? »

« Ça a été dur, mais je ne regrette pas, dit-elle avec un petit sourire. En internat on ne peut voir ses parents que pendant les vacances, alors qu’ils soient à côté ou dans un autre pays cela ne change pas grand-chose. Et puis si je n’avais pas été à Poudlard, tu ne serais pas là ! »

« Ha bon ? Questionna Orphéa curieuse. Tu as rencontré papa là-bas ? »

« Oui. On jouait tous les deux au Quiddicth dans les équipes de nos maisons, alors on se connaissait vaguement, commença sa mère en refermant son livre pour le déposer sur ses genoux. Ton père n’était pas aussi bon qu’il aime te le dire, il a joué son premier match en tant que titulaire en sixième année seulement ! Et comme il voulait faire ses preuves, il était un peu violent avec la batte, et il m’a envoyé à l’infirmerie avec un cognard bien placé. Ensuite il est venue me voir à l’infirmerie tous les jours, avec des chocolats ou des fleurs pour se faire pardonner. On a commencé à se parler un peu plus, et il a fini par m’inviter au bal de Yule. C’est à partir de ce moment-là qu’on a commencé à sortir ensemble »

« Trop cool, s’exclama la petite brune. Et ensuite ? »

« Ensuite ? poursuivit Harper un peu étonné que sa fille veuille en savoir davantage. Après Poudlard ton père est allée à l’Institut Supérieur de Droit Magique, pendant que moi je terminais mes études à Poudlard. Ensuite je suis allé à l’Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques d'Angleterre, et nous avons décidé d’emménager ensemble. Il a travaillé dans un cabinet d’avocats à Liverpool, puis ici à Glasgow, et moi j’ai été recruté comme guérisseuse des Orgueil de Portree, avant de finir par jouer en tant que remplaçante. C’est une mauvaise chute qui m’a obligé à arrêter, et je suis tombée enceinte plus ou moins au même moment. Pendant ma grossesse, j’ai proposé mes services de guérisseur aux voisins pour m’occuper, et ça a tellement bien fonctionné que j’ai continué ensuite. Après ta sœur est arrivé »

« Tu penses que je vais rencontrer mon amoureux à Poudlard ? »

« C’est possible ! rigola-t-elle doucement. À Poudlard ou ailleurs, ça ne change pas grand-chose finalement le lieu où l’on se rencontre »

Harper laissa sa fille pensive avant de reprendre son livre et de se replonger dans sa lecture. Orphéa ne savait pas vraiment ce qui la faisait le plus rêver sur Poudlard. L’idée d’intégrer une équipe de Quiddicth, le fait de rencontrer plein de personnes, d’apprendre la magie, ou bien simplement le lieu en lui-même. De toute façon, elle en saurait rapidement plus. Elle savait que Billie lui enverrait tout un tas de lettre pour lui raconter ce qui se passait au château, et pour lui expliquer tout ce qu’elle apprenait !

Uniformes, manuels scolaires, trousse de toilette, culottes, chaussettes, brosse à dents, potions pour les cheveux… Orphéa vérifiait sa valise, si l’on pouvait réellement appeler cela une valise, pour la cinquième fois. Elle avait tout ce qui était inscrit sur la liste, pourtant elle avait encore la sensation d’oublier quelque chose. Sa mère avait essayé de la rassurer, en lui expliquant que si quelque chose manquait elle le lui ferait parvenir par hibou, mais la jeune fille voulait que tout soit absolument parfait. On ne rentre qu’une seule fois à Poudlard. Elle fit une dernière fois le tour de l’appartement, en cherchant dans tous les coins, un objet qu’elle dont elle pourrait avoir besoin. La brune commença son inspection par la cuisine, mais il n’y avait rien de particulièrement intéressant. Elle attrapa tout de même une boule à thé qui trainait sur la table. Cela pouvait servir. Au cas où il n’y en avait pas à Poudlard. La fillette passa ensuite dans la pièce de vie, et farfouilla dans la grande bibliothèque, parmi les livres, pour en sortir ceux qu’elle appréciait. Finalement, il n’y en avait pas tant que cela. Elle aurait aimé emmener certains bibelots qui décoraient la pièce, mais elle savait qu’ils n’avaient pas leur place à Poudlard dans son futur dortoir. Comme beaucoup d’autres choses qu’elle avait dû laisser un peu à contre cœur. Cette pièce était agréable, et si elle ne doutait pas que sa salle commune le soit tout autant, elle mettrait certainement un moment à s’habituer. Le fauteuil dans lequel elle avait l’habitude de s’asseoir et moelleux juste comme il le fallait, probablement même un peu formé à l’empreinte de ses fesses. À Poudlard, des dizaines voire des centaines d’élèves s’étaient déjà assis dans les fauteuils, alors ils ne seraient certainement pas aussi confortables. Et la jeune fille n’aurait pas non plus son plaid préféré. Heureusement, elle aurait Gaspard. Il pourrait laisser ses poils blancs un peu partout ce qui lui rappellerait forcément un peu l’appartement. En espérant qu’il ne préfèrerait pas se promener dans tout le château, et qu’il serait là quand elle en aurait besoin. Avant de retourner dans sa chambre, Orphéa s’arrêta dans la salle de bain. Les tiroirs de celle-ci débordaient de produit qu’elle aurait aimé mettre dans sa valise, mais sa mère n’était pas d’accord. Elle avait déjà son baume à lèvre, son démêlant, plusieurs produits pour la peau dont, des gommages, des masques, des nettoyants. Harper estimait que c’était largement suffisant pour une jeune fille de onze ans. La brune profita tout de même du fait d’être seule pour subtiliser un gloss. Cela pouvait servir après tout ! Elle retourna dans sa chambre pour y déposer sa trouvaille puis en fit un énième tour. De toutes les pièces, c’était certainement celle-ci qui allait le plus lui manquer. Elle était excitée à l’idée d’avoir des personnes avec qui partager sa chambre, mais cela l’effrayait également. La fillette avait peur de manquer d’intimité. Si elle faisait des cauchemars, tout le monde serait au courant. Pareil si elle se mettait à pleurer parce que ses parents lui manquaient. En plus, elle ne pourrait pas décorer l’espace comme elle le voulait. Elle aurait adoré pouvoir emmener avec elle sa parure de lit Noir des Hébrides, mais elle doutait que cela s’accorde réellement avec la décoration de sa future maison. Orphéa s’était autorisé à prendre sa collection de cartes Chocogrenouille dans l’espoir de pouvoir échanger ses doubles et ainsi la terminer. Elle avait en revanche laissé ses peluches. Elle ne voulait pas passer pour une enfant devant ses camarades. Mais elles allaient terriblement lui manquer. En fait, tout allait lui manquer ici. Mais elle se sentit prête à découvrir un nouveau lieu, et à se faire de nouveau amis. Avec le temps, ils deviendraient certainement comme une nouvelle maison, et comme une nouvelle famille. Poudlard, j’arrive ! La jeune fille referma sa valise, en se promettant que cette fois, elle ne l’ouvrirait plus avant d’être arrivé à l’école.

En rentrant enfin chez elle après l’annonce bouleversante de l’arrivée prochaine d’un bébé, tout ce qu’Orphéa espérait, c’était se glisser dans son lit et dormir jusqu’à la rentrée. Une fois arrivée dans leur appartement de Glasgow, la petite brune se déchaussa, jeta sa veste sur le portemanteau et fila vers sa chambre sans adresser un regard à ses parents.
Elle trouva alors sa soeur adossée à la porte de sa chambre, un air coupable sur le visage. La petite Serpentard tenta de passer mais Noria lui barra la route.

« Laisse-moi passer, lui demanda-t-elle en essayant de garder son calme. Je ne suis pas d’humeur »

« Je ne peux pas te laisser passer » lui répondit simplement la fillette, faisant toujours barrage de son corps.

« Ha bon ?! et pourquoi donc ? continua Orphéa en haussant la voix. Qu’est-ce que tu as encore fait ? » 

Elle s’approcha et commença à pousser sa soeur. Malgré son jeune âge elle avait pratiquement autant de forces que son ainée, ce qui ne facilitait pas le travaille de la petite brune. Après un cours instant de lutte, elle réussit finalement à ouvrir la porte de sa chambre. Sa chambre ... Sa chambre qui visiblement ne lui appartenait plus. Les meubles étaient toujours les mêmes, mais sa décoration s’était envolée. À la place de tout cela se trouvaient toutes les affaires de sa soeur. Elle devient alors rouge écarlate.

« J’espère que tu te fiches de moi, marmonna-t-elle rouge de colère. J’espère vraiment pour toi que t’as pas osé faire ça »

Elle la bouscula pour se rendre dans ce qui était autrefois la chambre de la petite blonde. En entrant dans la pièce, elle trouva ses propres affaires. La guerre était déclarée... Sa soeur avait osé lui voler sa chambre !

« Non mais pour qui tu te prends ?! hurla-t-elle en s’approchant de sa cadette, prête à lui arracher les yeux. Je vais vraiment te massacrer ! »

« Tu n’es même plus à la maison, tenta Noria, en s’enfuyant dans sa nouvelle chambre pour fuir la rage de sa soeur. Tu as une autre maison, tu n’as plus besoin de celle-ci ! »

Elle s’enferma à clé, laissant Orphéa tambouriner à la porte en hurlant. Sa mère alertée par le bruit de leur dispute s’approchait pour essayer de clamer le jeu.

« Ouvre-moi ! cria-t-elle. Maman, comment vous avez pu la laisser faire ça ?! »

« Ma chérie, calme toi s’il te plaît, demanda tranquillement sa mère. Noria, ouvre-nous, on va discuter. Ouvre-nous, sinon je le ferais moi-même »

La fillette ouvrit sa porte à contre-cœur, sachant très bien que sa mère pouvait la déverrouiller en un mouvement de baguette. La Serpentard en profita pour lui hurler à la figure une nouvelle fois.

« Tu n’es qu’une sale peste, je... » Elle fut coupée par sa mère qui attrapa chacune de ses deux filles par le lobe de l’oreille, pour les trainer jusqu’au salon, et le fit s’assoir sur le canapé, de part et d’autre de leur père. Puis elle s’assit dans un des fauteuils et prit calmement la parole.

« Orphéa je suis vraiment désolée, nous avons oublié de te prévenir »

« Oublié ?! C’est vrai que c’est un simple détail, rien d’important. Elle a changé de chambre sans même me demander mon avis, continua-t-elle en montrant sa sœur d’un doigt accusateur. Comment vous avez pu la laisser faire ?! »

« On n’a rien laisser faire du tout, ok !? demanda Harper en haussant la voix, agacée par l’attitude de ses filles. Elle l’a fait dans notre dos, nous nous en sommes rendu compte il y a à peine deux semaines »

« Je pense que ce serait bien que tu présentes des excuses à ta sœur Noria, proposa Caleb. Ensuite vous pourrez en discuter plus calmement »

« Discuter ?! couina Orphéa. Il n’y a rien à discuter, je vais récupérer ma chambre, elle reprendra la sienne »

« Elle ne sert plus à rien ta chambre, argumenta sa cadette. Moi je suis là tout le temps je ne vois pas pourquoi j’aurais la plus petite chambre ! » 

« Stoop, stop, stop ! cria Harper, visiblement à bout de nerfs. Je ne voulais pas vous en parler maintenant, mais vous me poussez à bout ! Avec l’arrivée du bébé, nous allons probablement devoir déménager, alors dans le fond ça n’a aucune importance de savoir qui récupérera la chambre. Comme nous allons passer Noël à Bottomgraig, et le nouvel an en France, nous allons seulement être à l’appartement pendant quelques jours. Pour l’instant, on laisse les choses comme elles sont, et on avisera aux prochaines vacances si on n’a pas déménagé »

Les deux sœurs se regardèrent bouche bée. 

« Pardon ?! Déménager ?! Vous n’êtes quand même pas sérieux ?! »

« Jeee veeeuux pas déménageeeer » commença à pleurnicher Noria

« Les filles, on est déjà à l’étroit à quatre ici, argumenta Caleb. Imaginez à cinq ! Et voyez le bon côté des choses, on pourrait prendre une maison, avec un jardin »

« Ho parce que vous pensez vraiment qu’une nouvelle maison va tout arranger ? demanda la petite brune. À moins qu’elle soit suffisamment grande pour que je ne croise jamais cette peste, je ne vois pas ce que ça va changer ! »

Noria se remit à pleurer de plus belle, et ses parents ne savaient pas quoi dire pour clamer les deux fillettes.

« Pourquoi tu me détestes ?! demanda-t-elle en reniflant. Avant tu étais gentille avec moi, mais depuis que tu es partie à Poudlard tu ne m’aime plus »

« Ce n’est pas vrai ! C’est toi qui es jalouse car tu es toute seule ici, pendant que je peux faire de la magie avec mes amis »

« Stop, ça suffit ! Vous me faite honte toute les deux, dit Caleb d’une voix dur avant de se lever et d’attraper la petite main d’Orphéa pour la trainer vers la cheminée. Je l’emmène chez mes parents, reste ici avec Noria. On reviendra demain quand tout le monde sera calmé »

Il embrassa sa femme, et attrapa une poignée de poudre de cheminette avant de disparaître avec sa fille ainée.

Orphéa avait été réveillé tôt ce jour-la. Elle avait prévu de faire la grasse matinée, mais le remue-ménage qui régnait dans l’appartement avait eu raison de ses rêves. La petite fille était sortie de sa chambre en se frottant les yeux, et avait eu pour surprise de trouver une partie de la famille Cooper dans son salon. Ses tantes Arya et Megan, l’oncle Basil, et les cousins Calum et Kyle. Sa soeur était elle aussi debout, en train de prendre son petit déjeuner.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en baillant. Ou sont papa et maman ? » 

« C’est le grand jour, annonça Megan. Ta mère a commencé à avoir des contractions vers 5h40, tu ne devrais pas tarder à être grande soeur ! Grace est avec elle »

Orphéa resta impassible devant l’annonce de sa tante. Elle qui pensait qu’elle serait tranquille encore quelques semaines, elle allait probablement devoir revoir ses plans de vacances. Plans qui avaient déjà été bien trop modifier. D’abord par ce foutu nouveau gouvernement, qui les empêchait de se rendre en France sans raison valable. À cause de ce bébé et du déménagement que cela allait impliquer. Elle aurait mieux fait de rester à Poudlard. Elle ne laissa rien paraître, et se dirigea simplement vers la cuisine pour se servir un verre de jus de citrouille. L’horloge indiquait qu’il était 7h13, ce qui signifiait que cela plus d’une heure et demie. Orphéa ne s’y connaissait pas vraiment en naissance, mais elle trouvait cela très long. Elle commença même à s’inquiéter pour sa mère. La seule chose qui la rassurait c’est que Grace soit à ses côté. Elle avait quatre enfants, elle devait certainement maîtriser les techniques d’accouchements à la perfection. Un peu rassurée, elle bu une gorgée de jus, avant de se rendre compte que l’appartement était bien silencieux.

« Pourquoi on n'entend rien ? demanda-t-elle. Elle ne risque rien ? »

« Non ne t’en fais pas, la rassura Megan. Ton père a dû insonoriser la pièce pour que tu puisses dormir tranquillement »

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Il était maintenant 9h04 et le salon de l’appartement s’était vidé. Il ne restait qu’Orphéa et Megan. Calum était dans la cuisine entrain de préparer du thé, et Aria était sortie se promener avec Kyle et Noria qui commençaient à devenir fatiguant. 

« Pourquoi ça dure aussi longtemps ? demanda la petite brune à sa tante. Est-ce que ça fait vraiment mal d’accoucher ? »

« C’est normal, ne t’en fais pas, lui dit-elle calmement en attrapant la tasse de thé que lui tendait Calum. Des fois le bébé n’est pas pressé de sortir donc l’accouchement dure plus longtemps. Mais il y a des potions et toutes sortes de sortilèges pour diminuer la douleur. Ta mère n’a probablement presque pas mal »

Orphéa était peu convaincu. Elle savait que certaines femmes perdaient la vie en donnant naissance à leurs enfants, et elle pensait fortement que pour en mourir, cela devait être très très très douloureux. Elle ne souhaitait la mort de personne, mais si quelqu’un devait mourir elle espérait que cela ne serait pas sa maman. Elle préférait ne pas avoir de petit frère. D’ailleurs elle n’en voulait même pas. Ses parents avaient imposé ce bébé alors même qu’il allait avoir un impact direct sur sa vie à elle.

« Je n’ai pas envie que papa et maman aient un nouveau bébé, dit-elle sur un ton de confidence. Noria est déjà bien trop peste, je n’ai pas envie d’avoir quelqu’un d’autre pour m’embêter »

« Je suis sur que tout va bien ce passer, tenta Calum en s’asseyant à ses côté. Et puis le bébé sera tellement petit et tellement mignon qu’il ne pourra pas t’embêter »

La Serpentard respira calmement en réalisant qu’il n’avait pas tort.

« Les relations entre frères et soeurs sont parfois compliquées, renchérie Megan. Mais chacune est unique. Se sera forcément différent, car vous aurez presque 12 ans d’écart. Quand il aura l’âge de ta soeur tu seras déjà adulte imagine un peu ? »

À ce moment précis, le père de la jeune fille entra dans le salon. Tous se retournèrent vers lui en attente de nouvelles.

« Orphéa, tu viens avec moi ? dit-il doucement. Je voudrais te présenter ton petit frère »

La brune se leva et suivit son père sans dire un mot, se retournant simplement vers sa tante et son cousin avec un regard inquiet. Elle entra dans la chambre de ses parents en même temps que la tante Grace en sortait pour leur laisser un peu d’intimité. Harper se trouvait dans son lit avec un petit être dans les bras, enveloppé dans un linge blanc. Orphéa s’approcha doucement pour le regarder.

« Il s’appelle Oscar » précisa sa mère.

Elle pencha sa tête au-dessus de son petit frère. Elle trouva qu’il ressemblait à une petite patate frippée, mais elle préféra ne rien dire, ses parents semblaient tellement heureux. Elle regarda sa petite tête pleine de cheveux blonds, et elle posa délicatement sa main sur le crâne du bébé. Finalement, il n’était pas si moche que ça comme bébé. Et pour l’instant, il ne parlait pas et ne marchait pas, donc aucune chance d’embêter Orphéa. Il ne pleurait même pas, il était juste mignon.

« Bonjour Oscar »