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06 avr. 2019, 14:11
 Bristol  L'irruption
Réécrit le 16 juillet 2020.

17 août 2043, matinée
LUMAH A ONZE ANS


Dix-sept août. Un jour on ne peut plus simple d'été, que Lumah a entamé très tôt ; avec ou sans réveil, elle garde un rythme plutôt scolaire et peu dire adieu à ses rêves vers sept heures, huit si la fatigue la cloue au lit. Puisqu'elle se doit d'être la moins bruyante possible, la petite s'occupe en pensant simplement, puisque froisser du papier, son activité favorite, réveillerait dans leur sommeil léger Neïa et Isabel (quant à son père, il n'entendait rien, seul le soleil arrivait à avoir un peu d'effet sur lui), et qu'il faisait encore trop froid ce matin pour s'occuper des plantes. Son esprit divague vers des évènements plus ou moins marquants, jusqu'à lui rappeler un drôle de jour, le douze juillet.

12 JUILLET 2043, MATINEE
La lettre


Ce jour-ci, Lumah avait fait un cauchemar ; pour une fois que le monde des Songes l'avait acceptée ! Il fallait croire que cet univers ne la laisserait jamais profiter qu'un peu de ses fruits. Déçue, elle avait secouée la tête et était descendue boire un verre d'eau, en frottant ses yeux pour les ramener à la réalité. Son regard légèrement flou se posa d'abord sur l'horloge, qui affichait dix heures - il était déjà si tard ! -, et pourtant, personne n'était encore levé, à part elle ; elle entendait encore son père ronfler, sa soeur se retrourner dans son lit... Aucun bruit de la part de sa mère, cependant ; elle devait dormir profondément.

Ennuyée, la blonde leva son verre pour observer ses jolis reflets d'argent et de ciel, l'agita pour remuer l'eau qui lui donnait un air d'océan, quand, à travers, ses yeux en croisèrent d'autres. Intrigue. La petite baissa son verre et en face d'elle se dessina, plus net que jamais, un hibou. Sous le choc, elle recula, émit un son inaudible - son dos avait heurté une table aux angles stricts - et versa l'entier contenu de son verre sur son pyjama. C'était froid, désagréable.

Mais c'est cette même eau qui lui fit vite reprendre son esprit ; alors, une curiosité inouïe s'empara d'elle et ses yeux scrutèrent l'oiseau, remarquant ses grands yeux impatients, tandis que ses doigts mettaient toute la pression dont ils étaient capable sur la poignée de fenêtre pour le faire entrer. Obéissant, le hibou s'immisca aussitôt dans la maison ; mais il ne fit rien de plus que secouer sa tête pour l'inciter à se saisir de la lettre qu'il portait au bec.

Je dois encore rêver, pensa la fille, toujours abasourdie.

Mais penser l'être ne l'empêcha pas d'accepter l'ordre du hibou ; néanmoins, elle n'avait même pas eu le temps d'avoir pu en lire le destinataire qu'elle entendit la voix endormie de Mrs Greenleaf s'élever.

« Lumah ? Tu ne pourrais pas faire moins de bruit quand tu te réveilles ? On croirait entendre un hippopotame. »

Il y eut un long moment pendant lequel il ne se passa pas grand-chose : Isabel observait le hibou avec des yeux tout aussi ronds que ceux de Myrtle, son chat, qui venait d'ailleurs de se lever d'une grosse sieste.

Puis, après cet instant (d'un joli silence), la mère de la petite blonde demanda à sa fille, pointant du menton le volatile :

« Tu l'as laissé entrer ? »

La petite fille regarda sa mère comme si ele s'attendait à des représailles, mais Isabel s'approcha du hibou sans mot dire pour lui présenter sa main. Furieux et impatient, l'oiseau lui asséna un coup de bec ; le visage d'Isabel se teinta alors d'étonnement mêlé d'excitation (elle venait sûrement de se rendre compte qu'il était bien réel), et, toujours mutique, elle vint pour arracher la lettre des mains de Lumah, dont elle lut seulement les indications.

« C'est pour toi », lui chuchota-t-elle.

Enfin, elle permit à Lumah de voir la lettre. L'adresse était écrite d'une belle encre verte, mais son contenu était encore plus intriguant. Il captiva la petite autant qu'il l'apeura. Quelques lignes.
Miss Lumah Greenleaf,

Devant la table du salon,



Londres

Angleterre
Comment, comment diable pouvaient-ils savoir où elle se trouvait ? Qui était donc cette personne qui l'avait parfaitement localisée ? Lumah espérait entraperçevoir une solution dans les yeux noisette de sa mère, mais ils étaient aussi perdus que les siens - elle était en profonde réflexion.

Délaissant ses questions, Lumah entreprit d'ouvrir la lettre (elle laissa le hibou se servir dans la cuisine), et découvrit un sceau de cire, tout aussi magnifique - de fait, cette lettre était magnifique, de toutes parts -, sur lequel était gravé quatre animaux, qu'elle reconnut comme une lion, un aigle, un serpent... Et le dernier lui semblait être un blaireau ; et au centre de ceux-ci était marquée la lettre P. P comme Pomme, P comme Peluche, P comme Parfait. Délicatement, Lumah ouvrit l'enveloppe et tira la lettre qui se présenta à elle.
COLLEGE POUDLARD, ECOLE DE SORCELLERIE

Directrice : Kristen Loewy

Chère mademoiselle Lumah,

Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous bénéficiez d'ores-et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipement nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er Septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, chère mademoiselle Lumah, en nos sentiments distingués.
La Lumah citée dans cette lettre était peut-être censée comprendre tout cela, mais pas la Lumah actuelle ; il n'empêche que ça sonnait très bien.

Désormais, toute la maison était réveillée. Le hibou, légèrement gênée par le brouhaha qui s'était soufainement installé, s'était envolé dans le jardin tandis que les parents Greenleaf disutaient activement de cette fameuse lettre.

Lumah, bien trop curieuse de son sort, avait tendu l'oreille. Jake, son père, avait toujours été quelqu'un de parfaitement rationnel, aussi elle ne fut pas surprise de l'entendre douter de ce qu'il venait de lire, ni même de l'entendre comparer la Jolie-Lettre à un simple blague que l'on voulait leur jouer. Parce qu'au fond d'elle, Lumah espéait que ce soit vrai. Un nouveau monde, rien que ça ! Et elle savait bien que certaines choses qu'elle faisait n'étaient pas normales, si le terme était seulement approprié. Isabel, quant à elle, semblait plutôt favorable, surement parce qu'elle avait assisté à ces fameux intants.

« — Réfléchis-y bien : elle pourrait avoir inventé ces moments, dit une voix d'homme - celle de son père -.

J'étais avec elle quelques fois, pourtant. Ce sont des petits riens mais l'un est très récents, et je sais que Lumah ne m'aurait pas menti. Elle m'a raconté qu'elle était restée suspendue au sol lorsqu'on l'avait poussé, se défendit la mère.

Ah ? Interjecta-t-il en guise de réponse.

Et pourquoi ne pas demander l'avais à Lumah, aussi ? Après tout, elle est la principale interressée. »

Leur deux regards se plantèrent dans celui de leur fille. Ils savaient pertinamment qu'elle les avait écoutés, et c'était normal, après tout.

Et pourtant, même si elle avait suivi leur débat, la petite restait bien trop incertaine.

Oui ?
Non ?
Oui ou non ?
Rationnel ou irrationel ?
Il existe ou il n'existe pas ?

Au fond, que voulait-elle ?

« Je... Veux y aller. »

17 AOÛT 2043, MATINEE
Accepter


Cela avait mis plusieurs jours, plusieurs semaines, mais les Greenleaf avaient finalement décidé de faire confiance en cette lettre ; ils avaient par ailleurs trouvé au dos une autre lettre, avec une longue liste de fournitures, qu'elle allait acheter le lendemain, dix-huit août.

“ Il lui arrive d'avoir des agissements curieux. Mais bon, c'est Lumah ! ” ED
17 ans (à l'aide) 6eA #674ea7