Les boutons de fleurs avaient commencé à faire leur apparition quand Jules avait quitté le château, endroit de sa culture et de son apprentissage. Les jeunes pousses étaient jolies : rosées, bleutées, verdâtres, jaunâtres et même parfois rougeâtres. Jules aurait aimé y résider un peu plus longtemps afin de pouvoir les admires, ces fleurs si innocentes et lumineuses, mais non, il devait partir.

Ses valises bouclées, Philias dans sa cage de transport, il attendait le train sur le quai, comme tous les autres élèves. Jules savait qu'il devait attendre Herschel, le petit garçon avec qui il s'entendait si bien depuis qu'il l'avait croisé pour la première fois par hasard au chemin de Traverse, avec qui il avait acheté son hibou adoré. Les deux sorciers s'entendaient bien, très bien même : ils étaient sur la même longueur d'ondes, ils s'amusaient bien ensemble. "Ah, le voilà !" chuchota-t-il quand il vit le petit rouquin s'approcher au loin. Jules leva et agita alors sa main gauche en espérant que son ami allait le voir, chose réussie.

A présent retrouvés, ils s'échangèrent quelques petits mots, sous le ton de la rigolade, avant d'entrer dans l'engin rouge et noir. Il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour trouver un compartiment vide car ils étaient entrés dans les premiers. Qu'est-ce qu'ils étaient chargés ! Entre leurs malles, la cage de Philias, leurs affaires... Le trajet passait en un temps éclair tellement les deux garçons ont discuté ensemble, rigolé et mangé.

  Il baissa les yeux sur la lettre de ses parents qui lui disaient qu'ils seraient heureux qu'il passe ses vacances avec son ami. Angélique était à ses côtés, lui disant au revoir avant qu'il n'entre dans le train, elle ne rentrerait pas à la ferme durant les semaines qu'ils avaient devant eux. Ils n'étaient pas non plus rentrés pour Noël, ils avaient été leur cousin. Il n'arrivait pas bien à se rappeler ce que sa sœur lui avait dit, pourquoi ils n'avaient pas pu rentrer à la ferme. Quelque chose en rapport avec Poudlard. Reece était un sorcier, c'était en partie pour cela qu'ils étaient allés chez lui pour les vacances d'hiver. Alors quand Jules avait proposé de passer les vacances à deux, Herschel avait été très heureux de ça et avait tout de suite accepté, quoique sous réserve de l'avis de ses parents. Depuis quelques semaines, il se rongeait à nouveau les ongles. Il savait que ses parents étaient en confis en ce moment sur Poudlard et tout ce que ça entraînait. Ils étaient Moldus et Maman avait un peu de mal avec ce monde qui lui volait ses enfants alors que Papa trouvait que cette chance qui leur était offerte n'était pas à louper. Pour lui, la chance qu'avait ses deux aînés était inestimable, tandis que pour sa femme qui était beaucoup plus réservée dessus, cette chance ne leur offrirait que des ennuis. Après-tout, elle n'était pas sans savoir ce qui ce passait à Poudlard en ce moment, Herschel lui avait raconté quelques bribes dans ses lettres. 

  Il avait été un peu plus réservé que d'habitude dans le train, se demandant ce que Angélique ferait de ses vacances. Elle n'était pas sans savoir que si leurs parents apprenaient qu'elle avait un copain, cela irait mal pour elle. Ils étaient protecteurs, parfois trop mais ils avaient toujours dis que leurs bébés n'auraient de relation qu'une fois majeur ou avec des personnes dignes de confiance. Le fait qu'ils n'aient jamais rencontré le Serpentard leur ferait sûrement peur. 


  La mère de Jules était jolie et semblait douce comme une pâtisserie. Jules semblait si heureux, tellement qu'il semblait plus jeune que lui à cet instant, alors il le suivit docilement en fait un sourire poli à sa mère. D'une toute petite voix, il lui dit bonjour en rougissant furieusement avant de rentrer dans la jolie voiture. Il n'aimait pas vraiment les longs voyages. Dans le Poudlard Express, il y avait la possibilité pour les passagers de faire quelques pas pour se dégourdir les jambes alors que dans les voitures, c'était pas possible. Son seul petit plaisir était de regarder le paysage défiler à toute allure par la fenêtre. C'était beau, magnifique même de voir les plaines laisser la place aux champs, puis aux forêt verdoyantes. 
Jules et le petit roux en avait profité pour parler de pleins de petites choses qu'ils oublieraient sûrement tous les deux très vite. 


  Leur maison n'était pas du tout comme la ferme, elle était plus petite que la bâtisse qu'ils habitaient, sa famille et lui, mais elle n'en était pas moins mignonne et accueillante. Pourtant, en ce instant, le banc sur lequel il était assit lui semblait être le plus désagréable du monde et il se tortilla en rougissant, jouant avec ses doigts pour éviter de les taper sur la table devant lui. Il se colla un peu plus à Jules, son cœur battant à travers la peau de ses bras qu'il pouvait sentir le calmait. ll était très mal à l'aise, l'avait toujours été devant des adultes qu'il ne connaissait pas. Ses oreilles devenues rouges tomates, semblaient chauffer à mesure que le temps passait. 

  -J-j'aime bien... Merci. Avez-vous besoin d'aide madame ? 

L'ambiance cosy de la maison était chaleureuse : quelques bougies étaient allumées, des pots de fleurs suspendus grâce à des tressages en macramé étaient ci et là, quelques plaids sur l'unique canapé et un tourne disques vintage comblait le vide entre la cuisine et le salon. La maison manquait à Jules en période scolaire. Malgré qu'il adorait sa vie de sorcier, sa mère lui manquait et les champs qui entouraient sa maison également. A Poudlard, impossible de se rouler dans la boue ni de monter aux arbres et encore moins de faire des cache-cache dans le foin car... il n'y avait pas de foin.

La nuit était tombée depuis maintenant plus d'une heure et quart, il devait donc être aux alentours de 21h45. Nuit noire, sans lumière ni lune. L'unique source lumineuse provenait de la maison perdue dans la campagne où trois personnes s'y trouvaient. Un blanc. Tout le monde mange sans faire de bruit et encore moins le petit rouquin qui ne semblait pas être rassuré. "Tu as l'air si discret, n'aies crainte, je ne vais pas te manger ou... peut-être pas encore maintenant car il reste de la dinde" s'exclama la mère sous le ton de la rigolade. Jules aurait aimé racontait toutes les péripéties qu'il avait subit depuis les dernières vacances mais ne voulant pas monopoliser la parole, il se tut. "Maman, tu vas lui faire peur le pauvre !" dit-il avant de chuchoter à sa mère de manière à ce que son ami entende également "Tu pourras préparer des trucs bien gras pour l'engraisser afin qu'il y ait plus à manger ?".

Les bruits des couverts commençaient à s'espacer : les trois commençaient à finir leur repas. Voyant qu'il restait encore deux petites cuisses, Aurore proposa à Herschel : "Tu en reveux petit chou ? Il en reste et ça serait bête de gaspiller...". Jules lui, n'avait plus faim et il le fit bien savoir en s'allongeant sur le reste du banc, le ventre plein, bien plus que d'habitude car il ne pouvait pas résister à la cuisine de sa mère. "Dis M'man, demain on peut manger fish&chips ? Tu les cuisines si bien ! Ah et aussi, on peut sortir dehors demain ?" demanda Jules, presque sûr que les réponses allaient être positives. Sa mère n'était pas du genre à lui faire plaisir lorsqu'il revenait comme cela de Poudlard pendant quelques jours car ils étaient si éloignés en temps scolaire... "Bien sûr, j'irai vous chercher ça demain en revenant du travail" expliqua-t-elle d'une voix toujours aussi douce, à en faire tomber des cœurs.

  Il mangeait lentement, de façon à ne pas en mettre partout pour ne pas passer pour quelqu'un d'affreusement mal élevé devant celle qui allait l'accueillir sous son toit pour les deux prochaines semaines. Il rougit à nouveau à leurs phrases. Il savait bien qu'elle n'allait pas manger, si elle, ni Jules qui de toute façon n'aurait jamais assez d’appétit pour le manger tout entier, et de plus, il ne saurait probablement pas par où commencer. Et puis, il ne fallait pas oublier qu'il y avait très peu de chance que son ami si doux soit en fait un cannibale qui invitait des petits enfants pour les manger, un peu à la façon du grand méchant loup. 

  -J'aimerais bien, oui. C'est très bon ! Vous devriez penser à rajouter des tomates, ça rajouterait du gout et ça donne un bon truc. Enfin, si vous voulez...

  Il finit de manger en silence, écoutant Jules et sa mère. Les deux se ressemblaient beaucoup, de ce qu'il voyait, même leur humour était proche, on ne pouvait pas nier que Jules était bien son fils. Il se tourna vers Jules, posant une de ses mains sur sa jambe pour la secouer un peu. 

  -Un jour je t'inviterais à la ferme, je suis sûr que tu trouverais ça cool. Je suis sûr que Mama accepterait qu'on fasse une tarte aux pommes si tu aime ça. il se tourna vers la mère de Jules, Aurore, se corrigea-t-il intérieurement. Avez-vous besoin d'aide pour débarrasser ? C'est très beau chez vous, j'aime beaucoup ! 

Jules était amusé de voir que son ami n'était pas comme d'habitude, beaucoup plus sage et calme. Cela lui faisait bizarre de le voir dans une telle attitude mais il était certain qu'il allait redevenir comme avant d'ici quelques jours, le temps qu'il prenne son aide en ce lieu qui lui était encore inconnu il y a de ça deux jours.
Qu'est-ce qu'il allait bien s'amuser ensemble ! Entre faire des bêtises dehors, faire des après-midi cache-cache, jouer aux pirates pour après faire des maisons dans les arbres, les vacances n'allaient pas être de tout repos !

Herschel proposa à Aurore d'inclure des tomates dans la recette pour la prochaine fois. A vrai dire, ce n'était pas spécialement une mauvaise idée mais allez donc trouver des tomates en Ecosse durant le mois d'avril, c'est presque mission impossible ! A part si vous préférez manger de jolies tomates toutes brillantes et pleines de pesticides venant de l'autre bout du monde. Ici, ce n'était pas le but. On voulait manger local, pas international alors d'une voix douce, la mère de Jules expliqua : "Tu as raison petit chou mais bon, des tomates en ce mois, je crains qu'elles soient plus artificielles que naturelles tu sais...". Elle en profita alors pour s'intéresser un peu plus à son convive qui allait resté pendant encore deux semaines : "Et sinon, tu as des frères et sœurs ? Que font tes parents comme métier ? Poudlard te plait ?". On aurait dit un vrai entretien de police alors pour rassurer son ami, Jules prit la parole : "Maman, tu devrais peut-être devenir agent de police parce que vu l’interrogatoire que tu lui passes !" dit-il sous le ton de la rigolade.

Laissant les deux discuter, sans même prenant le temps de refuser la proposition de Herschel sur le fait de débarrasser la table, Jules se leva et prit les assiettes. Il les amena ensuite sur l'évier afin de faire la vaisselle. Et là, flashback ! Il se revoyait dans cet évier avec sa mère qui le nettoyait, un petit canard en plastique flottant sur l'eau. Qu'est-ce qu'il avait rigolé ce jour là ! Tellement que l'eau avait fini par déborder, inondant à moitié la pièce.
Ce souvenir remontant avait fait perdre le cours de la discussion à Jules. Alors, attendant que Herschel termine sa réponse, il enchaîna : "Dis Maman, pourquoi on ouvre pas une ferme nous aussi ? Et pourquoi on adopterait pas un petit animal ? Et est-ce que Herschel pourra revenir ?". Caprices de gamin allons-nous dire, c'était la vérité. C'est alors qu'Aurore lui répondit, après avoir écouté attentivement les dires des deux enfants : "Jules, c'est un peu compliqué en ce moment et tu le sais. Je n'ai pas le temps de m'occuper d'un animal et puis il serait bien trop triste d'être toujours tout seul à la maison en journée... Quand tu reviendras de Poudlard, en tant que grand sorcier victorieux, on en aura un, promis ! Et bien sûr que oui, Herschel pourra revenir à la maison quand il le voudra".

L'ambiance était calme dans la maison, douce et posée. Jusqu'à ce que soudainement, on toque à la porte... Qui est-ce ?

    C'était vrai, les légumes hors saison étaient rarement une nourriture locale, malheureusement. A la ferme, ils mangeaient uniquement ce qu'ils plantaient et récoltaient, alors forcément, leurs plats changeaient selon le temps qu'il faisait et le jour où ils étaient. Il hocha la tête aux mots de la mère de Jules. 

    -J'ai une grande sœur et quatre petits frères et sœurs, ronronna-t-il, et mon papa et ma maman travaillent à la ferme. Et aussi, Poudlard, c'est trop cool !

    Il était un peu triste pour le blaireau jaune et noir, qu'il ne puisse pas adopter d'animal. Lui avait un chien dont la loyauté n'était plus à revoir et pleins d'autres animaux un peu partout. Chaque enfant en avait un et considérait de toute façon tous les autres animaux de la ferme comme les leurs. En tant qu'humbles fermiers, tous aimaient beaucoup les bêtes et Herschel n'arrivait pas à imaginer sa vie sans la ferme. C'était comme si quelqu'un qui adorait les patacitrouilles et en mangeait chaque jour devait arrêter. C'était impossible pour lui de se penser en ville, dans un appartement sans jardin et sans verdure. 

    C'était calme chez Jules, loin des hurlement des jumeaux qui jouaient ou d'Angélique qui chantait sous la douche. Jules et sa mère évoluaient ensemble comme s'ils ne pourraient jamais être un danger l'un pour l'autre. Ils dansaient presque dans la cuisine entre la table et le lavabo comme s'ils avaient été créés pour évoluer dans la même pièce ensemble. Peut-être était-ce la cas. 

    Il s'assit en vitesse sur sa chaise quand il entendit toquer à la porte. Il n'était sûrement pas censé être là si quelqu'un était prévu pour arriver, ou peut-être qu'il se sentait juste un peu comme un intrus dans la maison. Après-tout, il n'était pas vraiment de la famille alors cela aurait été normal qu'il n'essaie pas de savoir qui se trouvait derrière la porte, ce n'était pas ses histoires. Il se souvenait de l'autre fois à la ferme, quand les amis d'Angélique avaient frappé et qu'il leur avait ouvert à la place alors qu'ils ne savaient pas qu'elle avait un petit frère. Elle n'avait pas vraiment été en colère contre lui, c'était juste que du coup il s'était un peu ridiculisé parce que du coup ses amis avaient cherchés à savoir plus de choses pour lui et quand ils revenaient à la maison, ils lui envoyaient toujours un bonjour joyeux, alors ça n'avait été qu'un mal pour un bien. C'était juste que, souvent, angélique était très protectrice de sa vie en dehors de la ferme pour ne pas que les parents ne s'y mêlent toujours. Maman était toujours très curieuse des fréquentations de ses enfants.