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14 juin 2019, 09:46
L'écho du bleu

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Ilfracombe, Angleterre
3 Mai 2044
Feat @Joanne Taylor


Après quelques secondes, la sensation de nausée quitta Grace et elle put profiter du paysage. Elle maîtrisait à la perfection le transplanage mais celui-ci restait physiquement désagréable. Aujourd'hui elle avait dû l'utiliser pour se rendre à Ilfracombe, village portuaire d'Angleterre. C'était la première fois qu'elle travaillait ici et elle ne demandait jamais à utiliser la cheminée dès le premier cours, par politesse et par prudence. Donner des cours particuliers en dehors de ceux donnés à poudlard n'avait rien en rapport avec son salaire, elle le faisait simplement par amour de la musique. Et aussi parce qu'elle aimait avoir l'occasion de rencontrer des adultes en dehors de ceux qui peuplaient poudlard.

Le lieu était particulièrement charmant. De grandes étendues vertes surplombaient l'océan. Le ciel dégagé reflétait sur l'eau une lueur turquoise qui donnait l'impression qu'on pouvait se baignait sans craindre le froid. Et les reliefs de la côte se découpaient sur le fond bleu en de jolies vagues d’herbe. Les bruits de la ville s'accompagnaient des cris des mouettes et du roulis de l'eau. Et ce que Grace trouvait le plus agréable, c'était l'odeur saline des vents marins.

Avant de se mettre en marche vers l'adresse qui lui avait été transmise, elle vérifia qu'il n'y avait personne autour puis entra dans sa valise. Tout en descendant l'échelle elle veilla à rendre celle-ci invisible au moins temporairement à l'aide d'un sortilège. Une fois certaine qu'elle ne serait pas vue elle referma la trappe et vérifia que tout était en ordre. La pièce faisait une dizaine de mètres carrés. Elle y avait rangé des instruments le long des deux mûrs adjacents à l'échelle ainsi qu'un bureau et une grande armoire dans laquelle elle rangeait partitions et méthodes sur le mur d'en face.

Le voyage n'ayant pas trop dérangé la pièce aussi elle se contenta de se changer, enfilant un jean et une chemise blanche. Elle se doutait que le village serait possiblement occupé par des moldus et se déguisait donc. Ceci fait, elle remonta à la surface, désenchanta sa malle, et se mit en route comme si elle était une voyageuse venue de nulle part. En traversant la ville elle esquiva les regards, baissant la tête comme si de rien était. Elle poussa un soupir de soulagement en arrivant devant la maison qu'elle espérait être la bonne. Elle regarda aux alentours mais remarqua qu'il y avait trop de moldus pour qu'elle puisse se changer avant d'entrer. Tant pis, elle ne serait pas présentable. Alors sans plus de préalables elle toqua à la porte.

Directrice de la Chorale
Si vous avez des questions, allez voir dans la Salle de Répétition (4e Etage) ou contactez moi par hibou.

14 juin 2019, 18:05
L'écho du bleu
Elle n’était pas au courant, de tout ce qui se passait dans la communauté sorcière. Elle avait bien vu les réjouissances de sa mère, mais elle ne s’en était pas offusquée. Il y avait longtemps qu’elle ne s’intriguait plus des joies ou des peines de sa mère, encore moins de ses frasques perpétuelles que semblait lui passer son mari. Assise dans la bibliothèque, la sorcière attendait que vienne le professeur de musique commandait par sa mère. Son « Tu n’as pas le choix, c’est ainsi », résonnait encore dans les lieux. Joanne elle, aimait beaucoup la musique, mais il fallait dire que les cours qu’elle avait suivi étaient désormais bien loin. Elle ne comprenait pas pourquoi sa mère s’acharnait à l’occuper ainsi mais elle se garderait bien de lui dire.

Ainsi quand un bruit se fit entendre, indiquant clairement que le professeur engagé pour elle était là, elle soupira, se leva et alla ouvrir. Elle fut plutôt surprise en ouvrant la porte. Il y a avait là une jeune femme – d’environ son âge peut-être ? – vêtue comme une moldue. Aussitôt, Joanne éclata d’un rire nerveux et laissa un cinglant « Heureusement que ma mère ne vous verra pas » s’enfuir de ses lèvres avant de se reprendre. « Navrée, j’ignore totalement votre nom et le pourquoi ma famille vous a engagée mais … entrez, je vous prie ».

Elle glisse sur le côté de la porte, pour permettre à son invitée du jour d’entrer. Elle la détaille du regard et s’amuse du côté vestimentaire très moldu. Nul doute que si sa mère la voyait elle hurlerait à la trahison. Au fond, c’est presque un gage de confiance pour Joanne. Se pouvait-il que le professeur – ou plutôt la professeure – envoyée par sa mère se révèle être une soupape de liberté bienvenue ? Quelque chose d’aussi imprévisible pouvait-il vraiment permettre à la sorcière de voir différemment ? Elle ne savait pas, mais il y avait quelque chose de rafraîchissant dans la présence de cette femme au manoir familial.

Il y a longtemps que Joanne aurait du le quitter, ce fameux manoir. Mais elle se retenait, s’emprisonnait même dans cette cage où elle était malheureuse, où son regard bleu se confrontait perpétuellement avec les idées de sa mère. Et puis il y avait son père, que la jeune femme ne voyait plus beaucoup. Elle devait donc se contenter des dires de sa mère qui lui disait qu’il était malade, pas bien, qu’il allait mourir. Mais était-ce là la vérité ?

14 juin 2019, 19:08
L'écho du bleu


On vint rapidement lui ouvrir. Elle resta interdite un instant en constatant que son interlocutrice était particulièrement belle. Il fallût qu'elle prenne la parole pour que Grace détache son regard de ses yeux. Ils étaient bleus, mais pas le bleu qu'on voyait habituellement dans les yeux des gens. Non, ils étaient bleus comme si la femme avait tant regardé l'océan que celui-ci lui avait prêté un peu de ce que lui même volait au ciel.

Le stress gagna la poitrine de la musicienne lorsqu'elle se rendit compte que l'autre s'amusait de sa tenue. Ce rire, ce commentaire, ce manoir... Tout laissait croire que ceux-ci n'étaient pas du camp des bons. Des choses horribles étaient arrivées. A poudlard la veille on avait abordé la situation et on avait fait largement renforcé la sécurité. D'ailleurs pour se rendre ici Grace avait du sortir du domaine à pied, et s'éloigner largement en balai pour pouvoir transplaner. Il allait rapidement falloir qu'elle se décide à ne se déplacer que par cheminées. Il était possible de circuler depuis la sienne mais à des conditions très spécifiques. Elle était faite pour qu'elle ne l'utilise que deux fois par jour. Le temps d'un aller et d'un retour. C'était une sécurité plus que rassurante, qui lui permettait de s'assurer qu'aucun intrus ne pénétrerait depuis ses appartements. Et ce matin elle avait hésité à venir donner cours après avoir lu la gazette. Les choses empiraient...

Sous les ordres de la jeune femme elle entra. Néanmoins elle veilla avant toute chose à répondre a son accueil : "Si vous le voulez bien je vais prendre quelques minutes pour me changer. Je me suis déguisée de peur de croiser des moldus... Je me prénomme Grace, Grace Beauchamp. Je travaille comme professeure de musique à Poudlard. C'est un travail à plein temps, cependant je me plait à donner des cours particuliers."

Elle lui sourit chaleureusement, oubliant rapidement la première impression, et marcha jusque dans l'entrée. Là elle attendit que la jeune femme ne la guide. Elle espérait pouvoir connaitre l'instrument qu'elle voulait pratiquer avant d'entrer dans sa valise aussi elle enchaîna : "Pourrais-je savoir comment vous nommer ? Et j'aurais aussi besoin de connaitre l'instrument que vous souhaitez pratiquer, la personne qui m'a contacté ne l'a pas précisé. "

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15 juin 2019, 17:14
L'écho du bleu
La blague n’est apparemment pas du goût de l’enseignante : comment lui en vouloir ? Joanne la première s’en serait offusquée si seulement elle avait su. Mais elle ne savait rien, rien de rien. Aucune lecture d’aucune sorte et sa mère restait muette comme une tombe. Rien ne pouvait transparaître de l’actualité ténébreuse qui s’était emparée de la communauté sorcière. Il semblait à la sorcière aux yeux azurs que son invitée ne prenait pas spécialement bien la remarque sur la tenue puisqu’elle se justifia presque immédiatement, indiquant s’être changée de peur de croiser des moldus.

Joanne, avec une nonchalance qui la caractérisait fort bien, haussa les épaules et répondit d’un « Pas de problème pour la tenue, personnellement elle me dérange pas ». Nouveau regard de bas en haut. Après tout, si elle n’était pas sous le joug de sa mère il était probable que la jeune femme en fasse autant. Pour l’instant c’était hors de question et il fallait arborer les robes de sorcières conçues pour elle. Cela ne lui déplaisait pas pour autant, elle s’était habituée aux coupes, à la couleur – absente – au fait de ressembler plus à une ombre qu’à une silhouette. Seuls ses iris colorés dénotaient dans le paysage. Comme une erreur de la génétique. Comme le vilain petit canard qu’elle était dans cette mare boueuse.

Mais la conversation continue, de nouveaux mots s’extirpent des lèvres de la professeure. Elle aimerait savoir le nom de son hôte, il faut croire que la mère de Joanne a omis de laisser ce genre d’information à l’enseignante qu’elle a engagé. Passionnant. La sorcière soupire. Elle s’agace du comportement de sa génitrice. Comment appeler cela autrement ? Pourtant, elle devrait être joyeuse, recevoir quelqu’un dans le manoir, seule, cela n’arrivait que peu souvent. Elle était telle une princesse prisonnière dans sa tour d’ivoire alors la venue de la dénommée Grace avait quelque chose de rafraîchissant, il fallait qu’elle en profite pour ne pas montrer le pire d’elle-même, si c’était possible.

« Joanne Taylor » qu’elle répond en lui tendant la main pour la saluer de manière plus digne que précédemment. « Le piano, mais cela fait très longtemps que je n’en ai pas joué ». D’ailleurs elle ne comprenait pas pourquoi sa mère avait une nouvelle lubie à lui faire reprendre le piano de la sorte, mais comme d’habitude elle s’était tue et avait acceptée sans broncher. « Quand j’étais plus jeune, j’aurais aimé faire du violon, mais vous savez ce que c’est ». Ou peut-être pas d’ailleurs, Joanne hausse les épaules et continue, prenant le ton de sa mère « Pour des raisons de décence tu ne peux pas faire de violon, c’est trop sensuel ! Les femmes font du piano, c’est tout ! ». La sorcière lève les yeux au ciel, il ne fait nul doute que si la jeune femme qui venait d’arriver était comme sa mère, elle ne tarderait pas à l’apprendre là, maintenant. Mais quelque chose lui disait – sans doute cette tenue de moldue – qu’elle était loin du compte.

15 juin 2019, 18:31
L'écho du bleu
Grace se ravisa en apprenant que ses vêtements n'étaient pas un problème. Elle se sentait plus à l'aise pour jouer lorsqu'elle était débarrassée des manches pendouillantes et des pans trop longs. La jeune femme lui répondit qu'elle s’appelait Joanne. Joli prénom... La professeure s'appliquait à retenir le prénom de tous ses élèves, même à l'école. C'était un effort qu'elle trouvait nécessaire lorsqu'on voulait paraître soucieux. Elle accepta la main qu'on lui tendait avec joie, la serrant doucement en retour.

Du piano, très bien. C'était un instrument très prisé. Seulement elle espérait que la femme en aurait un chez elle, sinon elles devraient jouer dans sa valise. Ou alors elle attirerait celui qu'elle avait avec un accio si elle trouvait la place de le mettre quelque part. Les paroles qui suivirent l'étonnèrent au plus haut point. Ses deux sourcils se levèrent de concert quand elle entendit ces réflexions. Penser ceci des instruments, c'était un blasphème pour la musicienne. Elle eut du mal à se retenir lorsqu'elle lui répondit : " Les instruments ne connaissent pas le sexisme, fort heureusement. Le violon n'a rien de spécifiquement masculin. Moi-même j'adore en jouer."

Elle inspira profondément et réfléchit. Peut-être pouvait-elle proposer d'apprendre le violon plutôt que de continuer le piano ? La volonté était un élément clé de l'apprentissage, sans lequel on ne pouvait faire grand-chose.

- Pourquoi ne pas vous essayer au violon ? Si vous jouez habillée il n'y a pas de raison que ce soit sensuel, rit-elle.

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17 juin 2019, 13:35
L'écho du bleu
L’enseignante ne semble pas apprécier les paroles de Joanne. Peut-être est-ce pour cela que cette dernière s’adoucit ? Comme s’il s’agissait d’un test que voulez lui faire passer sa mère, elle s’attendait tellement à tout. Mais il fallait croire que son cerveau était plus malade que celui de sa mère, puisque la professeure de musique qui lui faisait face semblait vraiment contrariée par les propos de Joanne sur le violon. Elle sourit. De manière plus sincère cette fois-ci, moins polie. Moins lisse aussi.

Et puis vint la proposition. De ne pas continuer sur la voix du piano mais de débuter le violon. Instinctivement, la sorcière se méfie, s’il s’agissait d’une épreuve destinée à tester son degré de servitude à la cause maternelle elle avait à perdre. Encore que ? Elle haussa les épaules, prit un air volontairement indifférent et laissa un « Comme vous voulez », ainsi elle remisait le choix à la jeune femme et elle n’était pas décideuse. C’était souvent comme ça. Et puis si toute cette mise en scène n’était qu’un piège tendu par sa mère, au moins elle aurait l’avantage de ne pas avoir trop donner d’elle-même.

Cependant, quelque chose titillait la sorcière. Si c’était réellement une enseignante, quelqu’un qui donne véritablement de son temps pour elle, ne lui montrait-elle pas une mauvaise image d’elle ? Celle, dédaigneuse, qu’elle avait l’habitude d’offrir aux proches de sa famille ? Si. Cela ne faisait aucun doute. Mais le rire de la professeure ramène Joanne à la réalité. Elle n’a pas le temps de prendre une décision mûrement réfléchis. Il fallait agir vite, et de préférence bien. Alors elle laisse un simple « Nous allons aller dans la bibliothèque, nous serons plus à notre aise ». Elle n’avait volontairement pas répondu à la blague, histoire de ne pas s’empêtrer dans quelque chose duquel elle ne pourrait plus sortir ensuite. Rester toujours à distance, prendre le recul nécessaire pour juger chaque chose.

Quelque pas dans le hall d’entrée – beaucoup trop gigantesque et somptueux à son gout – et elle se dirige vers la double porte en bois décoré qui mène à la bibliothèque. Elle l’ouvre d’une main, invite de l’autre la professeure à la suivre. « Il n’y a qu’un piano ici ». Et d’immenses rangées de bouquins. Des ouvrages en tous genres, du sol au plafond. Entreposés sur des étagères en bois, un vieux bois charmant, qui craque dès qu’on l’effleure. Combien y’a-t-il de livres ici ? Beaucoup trop pour être comptés. La bibliothèque a une odeur bien particulière, cette odeur de vieux livres, de pages maintes fois tournées. La pièce se complète avec un petit salon – un fauteuil et un vieux canapé dont le cuir a été lissé par les assises répétées, notamment par le postérieur de Joanne.

Et de l’autre côté de la pièce, trônant de toute sa splendeur, le sublime piano familiale. D’un noir similaire à la chevelure de Joanne, avec ce détail en plus : il est laqué, et pas une once de poussière ne le recouvre, contrairement aux bibelots qui décorent la pièce. Sa mère avait clairement un gout infâme pour la décoration mais Joanne se plaisait dans cet environnement où, si souvent, son père lui avait raconté des histoires. Désormais il n’y venait plus et elle jouissait seule de l’immense bibliothèque. Et du piano, qu’elle chérissait beaucoup plus qu’elle ne voulait bien l’admettre. La sorcière se retourna vers l’enseignante et demanda « Votre choix sera le mien pour l’instrument ». Toujours cette impossibilité du choix, au cas où sa mère soit à l’origine d’un traquenard sans pareil.

17 juin 2019, 19:53
L'écho du bleu
Comme vous voulez ? Qu'entendait-elle par là ? Elle laissait le choix à Grace... Certainement par indifférence. Ce n'était même pas elle qui avait pris contact pour des cours. Peut-être s'en fichait-elle, ou peut-être ne voulait-elle pas jouer... Lorsque Joanne lui sourit, Grace pensa qu'elle était tout de même très avenante et qu'elles n'auraient pas de problème à s'arranger.

Son hôte la mena dans la bibliothèque. Tout ici était incroyablement luxueux. On était loin du confort de poudlard... Grace aimait avoir de la place, et la sensation de vide ne la gênait pas. Mais elle aimait avoir au moins une pièce étroite, dans laquelle elle pouvait se sentir en sécurité.
Ils n'avaient pas lésiné sur la décoration, pensa t'elle. La bibliothèque ne rivalisait naturellement pas avec celle de poudlard mais était impressionnante malgré tout. Tout ce luxe confirmait les pensées de Grace, ces gens étaient de toute évidence des sorciers fortunés, peut-être hauts placés même... Ou entrepreneurs. Le piano était magnifique aussi. D'un noir brillant il appelait à jouer. On ne voyait que lui !

Grace fut tentée de proposer à Joanna le piano puisque celle-ci lui laissait le choix, mais elle se ravisa. Le plus simple était de lui faire essayer le violon. La professeure était de ceux qui pensaient que la musique était plus magique que tout ce que pouvaient faire les sorciers. D'ailleurs elle était convaincue qu'on pouvait avoir un coup de foudre pour un instrument. Elle-même était une grande spécialiste de la basse, bien que l'instrument ne soit pas forcément très prisé chez les sorciers. Elle se débrouillait sinon avait la plupart des instruments.

Maintenant qu'elles étaient dans la salle faite pour travailler elles allaient pouvoir commencer. Grace pris les devant : "Bien. Je vais vous faire essayer le violon, et quand vous saurez un peu jouer je vous guiderais avec le piano."

Elle sourit et s'approcha prudemment de Joanne. Elle lui lança un regard l'air de demander son autorisation pour la toucher et n'attendit pas de réponse pour le faire. Elle prit le poignet de son élève -et remarqua à l'occasion que celle-ci la dépassait en taille- puis elle tendit son bras et traça un trait bleu ciel le long de celui-ci avec sa baguette. "C'est pour vous choisir un violon" affirma-t-elle en observant le numéro qui se traçait de lui-même au-dessus du trait. Elle fit ensuite disparaitre le ruban bleuté d'un coup de baguette. "parfait, même pas besoin du sept huitièmes, un entier ira très bien ! Je reviens."

Ses mesures prises Grace ouvrit sa valise au sol et y entra. Elle avait pris avec elle trois violons différents, un 7/8, un entier et un 3/4 pour ces plus jeunes élèves. Elle se saisit donc de l'entier, un Bernd Hiller de bonne qualité et qu'elle appréciait beaucoup. Elle prit aussi un archer et remonta rapidement. Avant de se lancer dans des explications elle récupéra encore quelques informations : "Bon, l'instrument vous convient ? J'ai besoin de savoir si vous avez fait du solfège et si vous avez déjà joué un peu de violon ?"

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23 juin 2019, 23:18
L'écho du bleu
L’enseignante s’était décidée, visiblement peu impressionnée par la bibliothèque. Oh, Joanne était-elle surprise ? Non. Même qu’elle s’y était habituée alors pourquoi pas les autres ? Puis la luxure apparente ainsi dévoilée, elle n’aimait pas forcément cela non plus. Bref, ses pensées s’éparpillaient alors elle essaya de se concentrer sur ce que lui disait la professeure. Pour commencer, elle allait essayer le violon. Elle arqua toutefois ses sourcils. L’enseignante n’avait-elle pas dit qu’elle allait guider Joanne au piano ? Bon après tout, elle n’était pas là pour compter les lys de la tapisserie que l’on pouvait voir ça et là.

Une approche prudente et un regard qui en dit long sur le respect que vouait la professeure à son élève. Cette dernière aurait aimé lui dire qu’elle n’avait pas à la traiter comme une reine, elle savait que ça ne changerait rien. Il y avait toujours une sorte de hiérarchie absurde lorsqu’il s’agissait d’un pseudo employeur et d’un pseudo employé. Elle, ne voyait pas cela comme ça. Mais il était évident que sa mère en pensait tout autrement. C’était épuisant, de danser sous la pluie ainsi. D’éviter les gouttes qui surgissaient de nulle part.

Quoiqu’il en soit, Joanne se laissa faire. Tel un pantin désarticulé qu’elle passait le plus clair de son temps à être, cela ne changeait pas vraiment la donne. Ses yeux sont figés sur l’action entreprise par Grace mais le cerveau n’imprime pas. Le corps se laisse faire, tend le bras, se laisse mesure. Hoche la tête même quand la professeure de musique indique que c’est pour le choix du violon. A dire vrai, rien ne réveille Joanne de sa torpeur dans laquelle elle semble être plongée. Comme si tout était si aberrant dans sa vie qu’elle s’était habituée à voir les choses se transformer en ce qu’elles n’étaient pas. Le coup de baguette qui fit disparaître le ruban, suivi des quelques paroles de la jeune femme, réveillèrent enfin Joanne, qui secoua rapidement sa tête alors que Grace terminé son « Je reviens ».

La tête penchée sur le côté, Joanne regarda l’enseignante de musique entrait dans sa valise. Là, c’était sûr. Sa mère ferait une syncope si elle voyait cet outil de saltimbanque en plein milieu de la bibliothèque. La sorcière laissa presque échapper un rire à cette vision inhabituelle. Mais elle se garda bien de tout commentaire et attendit que la jeune femme ressorte de sa valise, accompagnée d’un violon. Oui, il était beau et il est probable qu’il aurait été plaisant pour Joanne de le contempler encore et encore, mais là n’était pas l’essentiel. L’enseignante avait posé une question à laquelle Joanne se contenta de répondre d’un simple « Oui, un peu de solfège, comme tout le monde je suppose ». Elle n’en savait pas grand-chose, c’était vrai.

Puis elle continua « Non, je n’ai pas eu l’occasion de toucher à un seul violon, il me semble vous avoir dit pourquoi toute à l’heure ». Son front était plissé de désapprobation. La jeune femme qui lui semblait si proche l’instant d’avoir semblait désormais bien loin d’elle. Lui rappelant sa mère qui n’écoutait jamais les réponses à ces questions, le regard en devint même suspicieux. Elle ajouta donc, simplement « Je me contentais du piano ».

24 juin 2019, 15:48
L'écho du bleu
Un peu de solfège... Ce serait suffisant. Tout le monde ne savait pas lire les notes, et c'était un langage pourtant si simple. Grace avait appris tous les secrets pour le déchiffrer et l'écrire et même son histoire. Pour certains le langage de l'univers étaient les mathématiques, mais dans l'univers de Grace on parlait plutôt en musique.

La réponse concernant la pratique du violon semblait plus sèche. Grace soupira intérieurement, l'apprentissage allait être rude. Elle avait souvent du mal à travailler avec des gens rudes avec lesquels on ne pouvait pas discuter, cela rendait tout plus difficile. Elle n'hésita pas une seule seconde à répondre sans se laisser décontenancer : "Je sais, votre mère ne le voulait pas. Mais les enfants désobéissent souvent à leur parent. J'osais espérer que vous auriez peut-être suivi votre volonté. Mais ne vous inquiétez pas ce n'est pas un problème."

Elle tenta un sourire plus timide cette fois puis se décida à commencer son cours. Elle choisit de commencer par de la théorie : "Avant que nous ne commencions à jouer il va falloir que vous fassiez connaissance avec l'instrument. Le violon est composé de dix-sept parties, je ne vais pas vous les citer unes à unes, vous ne les retiendrez peut-être pas en une énumération. En revanche..." elle fit une pause et sortit sa baguette "accio fiche technique 384". Une feuille vola hors de sa valise et vint filer dans sa main. Elle la tendit à son élève. "Vous pouvez noter pour notre prochaine séance que vous devez apprendre les noms de ces 17 parties d'ici la prochaine fois. Naturellement rien ne vous oblige à le faire mais si vous souhaitez avancer j'estime qu'un peu de théorie ne vous fera aucun mal. Bon en soi il y a plus de parties mais les professeurs ne les font pas toutes apprendre. Je n'ai pas mis les cordes et le dos qui me semblent trop évident, ni l'âme ou encore le sillet dont je ne me sers jamais à l'oral. Ah et vous avez avec cela l'anatomie de l'archer tout naturellement, en une dizaine de parties. Les connaitre ne sert qu'à alimenter votre culture générale."

Grace marqua une pause le temps de laisser l'élève regarder la feuille et de la poser quelque part puis elle enchaîna. “Tenez-vous droite, relâchez la tension dans vos bras et épaules, je vais vous apprendre à tenir votre instrument. Vous êtes droitière ou gauchère ?"

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14 juil. 2019, 00:11
L'écho du bleu
L’enseignante répliqua sur un ton qui rendait plus suspicieuse encore Joanne. Le gouffre semblait vraisemblablement se creuser entre les deux femmes. Quel dommage ! Elle aurait apprécié avoir une amie, quelqu’un à qui elle pourrait se confier. Ce n’était visiblement pas le jour de cette sublime rencontre. Joanne pesta intérieurement, elle aurait aimé lui répondre que les méthodes éducatives de ses parents ne laissaient que peu de place à la discussion, qu’elle aurait préféré suivre sa volonté plutôt que d’être perpétuellement dans l’ombre de la volonté de ses parents. Mais elle ne le pouvait pas, c’était ainsi. Elle était un oiseau pris au piège d’une cage doré. Un animal sauvage qu’on avait enfermé dans un zoo et qu’on exposait au bon vouloir des exploitants et de leurs invités. C’était ce qu’elle était. Une poupée de chiffon que l’on exposait pour prouver une réussite familiale qui n’existait pas. C’était aussi navrant que triste.

Fort heureusement, l’enseignante commença son cours et Joanne n’eut pas le loisir de lui répondre – l’espace d’un instant, elle pensa que c’était mieux ainsi – elle préféra ainsi se concentrer sur ce que lui disait la jeune femme. Dix-sept parties qu’elle n’avait pas l’intention d’apprendre, plus ça allait et plus il était probable qu’elle revoit l’enseignante. Joanne attrapa la feuille que Miss Beauchamps lui tendait, elle hocha vaguement la tête sur ses conseils mais très clairement, elle avait perdu le lien, l’envie, le besoin de faire autre chose. Elle maugréait contre elle intérieurement, elle aurait dû se contenter du piano, simplement !

Elle ne répondit pas à la demande de l’enseignante, elle se garderait bien de lui dire le fin fond de ses pensées. Sans doute que la professeure de musique s’en rendrait compte toute seule. Peut-être même était-ce le cas ? En tout cas, elle demanda à Joanne de se tenir droite et de relâcher les tensions qui étaient siennes. Compliqué, véritablement. Pourtant elle essaya, sa crispation ne cédant pas. Sa mâchoire restée définitivement crispé sur un faux sourire, les dents serrées. Elle lâcha juste un simple « Droitière » à la question de la jeune femme. Elle était droite comme un i, une véritable poupée obéissante. Pourtant, intérieurement elle est déjà loin. Elle voyage sur d’autres horizons, se surprend même à penser à s’enfuir, s’en aller. Juste un instant. Loin de tout. Pourtant, elle reprend consistance – un peu – et demande « Et pour la suite alors ? » comme si elle était déjà pressée d’en finir.

C’était terrible, ce changement de psychologie en si peu de temps. Comment cette femme qui lui semblait si proche il y a quelques instants seulement pouvait lui paraître à présent comme une étrangère qui l’importunait ? Comme un parasite, un nuisible qu’elle aimerait chasser. La mâchoire ne se desserrer toujours pas alors que son regard d’azur restait figé sur la jeune femme, dans l’attente d’une suite, si suite il devait y avoir.