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29 juin 2019, 08:13
 France  Que les pions prennent place  Solo 
Manoir des Montmort ~ France
Juin 2043
♪♫


Dans le parc désert, un craquement se fit entendre tandis que les silhouettes de deux sorciers faisaient subitement leur apparition. C'était la première fois qu'Elina posait les pieds sur le sol français. Dès que ses pieds eurent retrouvé un appui stable, elle relâcha le bras de Léandre. L'usage répété de portoloins ces derniers mois lui avait au moins permis d'arriver sur ses deux pieds sans vaciller. La Poufsouffle n'était cependant pas là pour voir du pays. Tout ce qu'elle pouvait apercevoir du domaine où elle se trouvait, c'était un parc bien entretenu ceinturant une bâtisse imposante qui semblait sortie d'une photographie monochrome. Des murs blanchit au toit d'ardoise, aucune touche de couleur ne venait égayer le tableau. Une ribambelle de fenêtres leur faisait face telle une multitude d'yeux aveugles. On aurait difficilement pu trouver plus différent des lieux qu'elle avait pu occuper avec ses parents. Ceux-ci avaient toujours été un peu biscornus ou de guingois, mais ils dégageaient quelque chose de chaleureux. Cette bâtisse-ci était toute en angles et en lignes rigoureuses. Il s'en dégageait une méticulosité froide. Peut-être que le temps maussade y était également pour quelque chose, mais Elina décida d'emblée qu'elle n'aimait pas cet endroit.
Elle glissa un regard du côté de son compagnon de transplanage. Pour ce qu'elle avait pu en voir, le caractère de Léandre était au diapason de ce qui se dégageait de cette bâtisse. Elle n'avait aucun mal a l'imaginer parcourir les enfilades de couloirs glaciales du manoir. Les seules fois où elle l'avait vu se départir de son air impassible, c'était pour arborer son détestable sourire tordu débordant d'ironie et de mépris. Jamais elle n'avait vu d'autre expression sur son visage. Sans lui adresser le moindre mot, il se mit en route vers la bâtisse. Elle lui emboîta le pas en silence, faisant léviter doucement sa malle derrière elle. La jeune sorcière n'était pas arrivée jusqu'ici pour rester devant le pas de porte.


~ Quelques instants plus tôt à la gare King's Cross ~


La septième année d'Elina venait de s'achever, marquant la fin de ses études. La fin des Aspics était un soulagement, mais faire ses adieux au château s'était avéré plus difficile qu'elle ne l'aurait cru. Le Poudlard Express, machine insensible à ses états d'âme, l'avait ramenée, ainsi que tous les autres élèves, sur le quai 9 ¾. Après avoir traîné sa valise derrière elle le long des coursives du train, elle avait réquisitionné un chariot sur le quai, prenant soin de stabiliser la cage de Jauc sur l'empilement de bagages. Le hibou qui sommeillait l'avait accompagnée depuis son entrée à l'école des sorciers. Ses bons et loyaux services étaient bien de nature à lui valoir quelques égards.
Les volutes de fumée crachées par la locomotive rouge et noire plongeaient les lieux dans une sorte de brouillard artificiel. On ne percevait parfois plus que les ombres des parents venus chercher leurs rejetons. Tandis que certains se précipitaient sur les personnes venues les accueillir, d'autres montraient bien plus de retenue. La Poufsouffle observait toute cette agitation d'un œil distrait. C'était la dernière fois qu'elle traînait sa valise le long de ce quai. Il y a encore quelques mois, sentir approcher le moment de quitter Poudlard aurait fait naître chez elle un sentiment d'angoisse et non seulement de nostalgie. L'angoisse de l'attente des résultats de ses Aspics et des réponses des écoles supérieurs dans lesquelles elle avait postulé, l'angoisse de quitter un lieu bien connu et une routine bien rodée pour elle ne savait quoi... Assister à la mort de Rhodri avait fait voler en éclats ces petites inquiétudes du quotidien. L'angoisse était désormais quelque chose qu'elle conservait pour d'autres occasions.

Elle se figea néanmoins sur place en reconnaissant le sorcier qui se tenait sur le quai à quelques mètres devant elle. Même si elle ne l'avait pas revu depuis la coupe d'Europe du Quidditch, elle reconnus immédiatement les yeux de loup. Les pupilles dorées n'étaient pas de celles qu'on oubliait facilement. Elle ne remarqua pas tout de suite la présence d'une autre personne à ses côtés. Une personne qui passait pourtant difficilement inaperçue avec sa chevelure flamboyante. Ingrid, la tante d'Elina était la parfaite antithèse du sorcier. Sa nature exubérante se révélait au premier regard et elle semblait absorbée par ses tentatives pour tirer de Léandre autre chose que son expression impassible habituelle. Une entreprise ardue et visiblement vouée à l'échec si l'on en croyait l'expression figée de son cobaye. La tante d'Elina était la plus petite de la famille et sa nièce l'avait dépassé depuis quelques années déjà. La vision de cette petite sorcière s'animant autour du sorcier impassible donnait à Elina l'impression de voir un boursouflet sautillant devant un sombral. Il sortait néanmoins par moment de son mutisme pour lui répondre. Léandre était visiblement capable de se montrer, sinon chaleureux, un tant soit peu sociable lorsqu'il n'était pas en sa présence. Pour une raison qui lui échappait et dont elle prétendait se moquer éperdument, le sorcier aux yeux de loup n'était qu'hostilité envers elle.
Il ne servait à rien de repousser la confrontation. Avec un soupir, elle se remit en marche pour combler les quelques mètres qui les séparaient encore. Les salutations chaleureuses de sa tante ne pouvaient pas être plus en décalage avec l'ignorance délibérée des bonnes moeurs à laquelle se livra le sorcier, se contentant de faire peser son regard sur elle. Elina n'avait pas coutume de tomber dans la flagornerie. Elle se faisait le reflet de ceux qui lui faisaient face. Chacune ne pouvait prétendre qu'au degré d'amabilité qu'il démontrait à son égard.


« Léandre. »

Les yeux dorés qui ne l'avaient pas quittée depuis qu'elle avait remarqué la présence du sorcier ne cillèrent pas un instant.

« Petite-soeur. »

Les yeux de Léandre s'étrécirent légèrement et Elina crut voir passer l'ombre de son sourire tordu sur ses lèvres. Il n'y avait aucune tendresse dans ces mots. Elle aurait parié son poids en chocogrenouilles qu'il savait pertinemment qu'elle détestait l'entendre l'appeler comme ça et qu'il le faisait donc délibérément. Mais son visage retrouva rapidement son impassibilité. Le regard d'Ingrid passait de l'un à l'autre tandis qu'elle affichait un air perplexe.

« Allons, allons, on croirait que vous vous rendez à un enterrement. »

La sorcière aux cheveux écarlates se détourna un instant d'eux pour décrocher la cage de Jauc du charriot à bagages en faisant preuve d'un soin qui contrastait avec son attitude tourbillonnante. Le hibou ouvrit un œil pour s'enquérir de la raison des mouvements de sa cage, mais le referma dès qu'il identifia la personne qui s'en était emparée. L'animal aussi s'était accoutumé à l'énergie débordante de la sorcière.

« Je m'occupe de Jauc, le pauvre risque de ne pas apprécier le voyage. »

Se retournant pour faire face à Elina, elle la prit dans ses bras pour une accolade qui cette fois tira une protestation à Jauc qui avait été secoué dans l'entreprise. Dans un murmure destiné à échapper aux oreilles de Léandre, elle souffla a l'oreille d'Elina.

« Essai de prendre sur toi. Les Montmort sont un peu... Enfin tu le découvrira bien assez tôt. » Puis, elle se détacha de sa nièce et commença à s'éloigner des deux sorciers, ne se retournant que pour agiter sa main en guise d'au-revoir à leur intention, lançant à la cantonade : « Amusez-vous bien ! »

Sans perdre davantage de temps, la sorcière tourna les talons, entrainant le hibou avec elle et laissant les deux sorciers à leur confrontation silencieuse. Il n'y avait qu'Ingrid pour être parfaitement insensible à l'atmosphère glaciale qui régnait entre eux.
Leur tante partie, Léandre offrit son bras à Elina sans plus de cérémonie :


« Nous y allons ? »

Elina acquiesça. Elle n'était pas là pour se disputer. Pas même pour Léandre lui-même. Elle attrapa fermement la poignée de sa valise avant de s'accrocher au bras de Léandre. L'instant d'après, un crochet venait la tirer par le nombril pour l'entraîner loin du quai 9 ¾.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..

29 juin 2019, 10:58
 France  Que les pions prennent place  Solo 

Ingrid Fawley


Malgré l'empressement des gens présents sur le quai absorbés par les retrouvailles, l'exubérante sorcière attirait quelques regards. Ses cheveux teints de manière si caractéristique compensaient bien sa taille. L'anglaise se souvenait encore très distinctement des cris d'orfraie de ses parents la première fois qu'elle s'était teint les cheveux ainsi. Elle n'avait jamais eu la diplomatie de sa sœur. Là où Isabella prenait tout avec le calme et le flegme attendu d'une anglaise pure souche, elle, versait dans la provocation. Isabella avait grandi avec pour principal souci d'être à la hauteur de ce que ses parents attendaient d'elle. Elle en avait souffert bien sûr, tiraillée entre ses propres convictions et les idéaux rétrogrades nourris par leur famille.

Ingrid n'avait jamais eu ce genre de préoccupations. Elle était la cadette. Une autre fille et par conséquent une déception pour ses géniteurs dès les premiers instants. Elle en avait toujours eu conscience et avait pris soin de leur faire payer à chaque occasion de ne pas lui avoir laissé la moindre chance de prouver qu'elle avait une valeur propre elle aussi. Elle aurait pu nourrir de la rancoeur à l'égard de sa sœur en laquelle leurs parents mettaient tous leurs espoirs, mais Isabella avait toujours été de son côté. Et Ingrid n'aurait pas pu ignorer ce qu'elle traversait. Cadmus Fawley était loin d'être le père aimant qu'on pouvait espérer et leur mère, Calyptia, ne s'opposait jamais à lui. Quand bien même elle avait toujours détesté cela et cherché à le changer, ne rien représenter à leurs yeux avait au moins permis à Ingrid de gagner un peu de liberté. Qu'importe ce que faisait leur insupportable cadette tant qu'Isabella répondait à leurs attentes. Et Isabella y répondait. Elle s'y efforçait du mieux qu'elle le pouvait. Jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Frank.

Il avait été le soutien qui lui manquait pour s'opposer clairement à la famille Fawley. Sitôt mariés, ils avaient quitté l'Angleterre pour la France et Ingrid en avait profité pour prendre son indépendance, quittant définitivement le carcan familial elle aussi. La famille Montmort s'était avérée guère plus plaisante que les Fawley, mais Frank en était l'héritier. Il avait des obligations auxquelles il ne pouvait se soustraire et le couple s'accommodait de la chose. Ils l'avaient fait toute leur vie. Quand ils avaient perdu leur premier enfant cependant, ils avaient décidé de prendre de la distance. Ils avaient regagné l'Angleterre et retrouvé Ingrid. Jusqu'à la naissance d'Elina. La crainte de la voir subir la même pression que celle qu'on leur avait imposé toute leur vie les décida à couper les ponts avec tous leurs proches et à s'exiler loin de leurs familles. Ingrid était la seule avec laquelle ils avaient gardé contact.

Aujourd'hui, Isabella, Frank et leur fille étaient de nouveau sur le sol anglais. Et ce premier enfant perdu se trouvait aux côtés d'Ingrid. Comment les Montmort avaient-ils pu prétendre que l'enfant était mort-né ? Au-delà de l'aspect pratique, comment avaient-ils pu décider sciemment d'infliger la douleur de la perte d'un enfant à leur propre fils ? A chaque fois qu'elle y pensait, une colère froide s'emparait d'Ingrid. Ne trahissant en rien ses pensées, la sorcière faisait preuve des mêmes manières enjouées qu'a son habitude. Elle avait appris à cacher ses véritables sentiments lorsque c'était nécessaire. Son père avait pour habitude de mettre à profit la moindre faille que les gens laissaient paraître en sa présence. Qu'elle soit sa fille n'y avait jamais rien changé.

Abreuvant Léandre de son joyeux babillage, elle le contemplait à loisir. Il était grand, comme son père. Il la distançait aisément et devait dépasser Elina d'une tête. Elle s'amusait à distinguer chez lui les traits qu'il tenait de Frank et ceux qu'il tenait d'Isabella. Là où Elina avait hérité des yeux bleus et des cheveux blonds de son père, Léandre avait hérité de sa carrure. Quoiqu'il n'ait pas les épaules aussi carrées... Sa nièce présentait plutôt l'ossature fine de sa mère. Les yeux de Léandre en revanche devaient davantage au noisette des yeux d'Isabella, mais tiraient vers une nuance ambrée assez particulière.
Léandre s'était toujours montré un parfait gentleman à son égard. Il ne se départait jamais de sa politesse bien que cela reste une froide application de la bienséance. Il n'y avait pas de chaleur derrière ses mots ou ses actions. Uniquement de froides réflexions et une mécanique bien huilée. Elle ne pouvait lui en tenir rigueur. Elle savait pertinemment ce que c'était que d'être élevé par une de ces familles de Sang-Pur prêtes à tout pour aller à l'encontre de leur déclin inéluctable. Mais le fait que Léandre soit venu prendre de ses nouvelles à Sainte Mangouste alors qu'ils ne s'étaient encore jamais rencontré lui donnait matière à croire qu'il avait bon fond.
Réalisant que le regard de Léandre, qui n'avait jusque-là eu de cesse de se promener sur la foule de sorciers grouillante, s'était figé elle regarda dans la même direction. A temps pour voir sa nièce émerger de l'un des panaches de fumée du Poudlard Express.

Lorsqu'elle fut à portée d'embrassades, Elina ne pu y échapper. La dernière fois qu'elle avait vu sa nièce, Ingrid était encore en observation à Sainte Mangouste. Sortir enfin de ce cadre aseptisé était un progrès indéniable. Ayant fourni à sa nièce ses dernière recommandations et ayant pris en otage un hibou qui ne semblait pas tant s'en formaliser, elle décida de ne pas s'attarder plus longtemps. Sa nièce était une passionnée. Elle dégageait quelque chose de chaleureux et secrètement, Ingrid espérait que cela parvienne traverser la carapace que Léandre s'était forgé. Qu'ils passent un peu de temps ensemble ne pouvait qu'être une bonne chose. Elle était davantage inquiète de savoir qu'Elina allait rencontrer les Montmort, mais sa nièce était suffisamment intelligente pour avoir compris depuis longtemps à quel genre de sorciers elle allait être confrontée. Sans compter qu'elle ne serait pas seule. Frank se trouvait déjà sur place.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
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09 oct. 2021, 21:16
 France  Que les pions prennent place  Solo 
Manoir des Montmort ~ France


Ils remontèrent l'allée jusqu'à l'imposante porte à double battant du manoir, accompagnés par le seul son des gravillons sous leurs pas. S'accordant au reste du manoir, les portes ornées de formes végétales en fer forgé avaient été peintes en noir. Sans un regard en arrière pour Elina, Léandre poussa l'un des battant pour entrer dans la bâtisse. La Poufsouffle lui emboita le pas pour mieux découvrir un intérieur tout aussi froid et monochrome que la façade. Le hall était immense, mais surtout immensément vide. Les rares meubles visibles semblaient cependant tous d'excellente facture. Les habitants des lieux ne comptaient visiblement pas sur une décoration ostentatoire pour témoigner de leur statut. On aurait pu penser à de la modestie, du moins avant d'avoir rencontré les maîtres des lieux. On réalisait alors que, loin d'être de la modestie, cette décoration sobre n'était le résultat que de leur certitude que toute personne franchissant le seuil de cette demeure savait déjà parfaitement à quoi s'en tenir. Et c'était probablement vrai...

Un dallage en damier sans la moindre fantaisie recouvrait le sol jusqu'à caresser la première marche d'un escalier double imposant. Le hall comptait plusieurs portes menant aux nombreuses autres pièces que comptaient le rez-de-chaussé. La porte d'entrée se referma derrière Elina dans un claquement sonore qui se répercuta dans le hall. L'instant suivant, un elfe de maison apparu dans un craquement. La jeune femme le vit courber l'échine devant Léandre.


« Bon retour maître Léandre. »

« Monte les affaires de notre invitée dans sa chambre. Où se trouve mon grand-père ? »

L'accent mis sur le terme "invitée" était suffisamment perceptible pour qu'Elina ne manque pas l'allusion. Il fallait croire que Léandre et elle s'accordaient au moins sur le point de n'éprouver aucun plaisir à ce qu'elle se trouve là.

« Monsieur est à l'étage, maître Léandre. Je vais le prévenir de votre arrivée. »

L'elfe fit léviter la valise d'Elina jusqu'à lui d'un claquement de doigt avant de disparaître dans un nouveau craquement. Un silence inconfortable s'installa entre les deux jeunes sorciers. Aucun d'eux n'était disposé à fournir l'effort de nourrir une conversation de convenance. Le pas rapide d'une personne descendant les escaliers se fit bientôt entendre. Au froncement de sourcils de Léandre, la sorcière n'eut pas de mal à comprendre qu'il ne devait pas s'agir de la personne qu'il attendait. Effectivement, la silhouette qui ne tarda pas à apparaître était des plus familières à Elina. Frank Montmort marqua un arrêt sur le premier pallier, le temps d'identifier les personnes présentes, un grand sourire apparaissant sur son visage en reconnaissant sa fille.


« Elina ! »

Il ne lui fallut pas longtemps pour dévaler les marches restantes et entraîner la jeune sorcière dans une étreinte chaleureuse. Elina remarqua à peine le pas sur le côté que fit Léandre avec une désinvolture feinte pour garder ses distances avec Frank Montmort. Toutes ses pensées étaient tournées vers ses côtes qui n'étaient décidément plus habituées aux démonstrations d'amour paternel trop enthousiastes. Frank fini toutefois par la relâcher, lui donnant l'occasion de retrouver son souffle avant qu'il ne décide de la noyer sous un flot de paroles :

« Tu as grandit depuis la dernière fois ! Mais dis-moi, tu as une petite mine. Les Aspics se sont bien passés ? Tu es aussi fine qu'une brindille. Je sais bien que tu es attrapeuse, mais tu dois te nourrir correctement. »

La dernière fois... cela faisait près d'un an et demi qu'elle n'avait pas vu son père. C'était la première fois qu'ils étaient restés séparés aussi longtemps. Incapable de placer un mot, Elina ne manqua pas pour autant le regard glacial de Léandre à l'égard de son, de leur, père. Ces retrouvailles furent néanmoins écourtées par une voix glaciale :

« Un peu de tenue Frank. Tu n'es plus un enfant. » *

Elina ne compris pas un traitre mot de ce qu'avait dit le nouvel arrivant, mais le ton employé en disait suffisamment long. Un homme bien plus âgé se tenait sur le premier pallier de l'escalier qu'avait quitté Frank peu de temps auparavant. De haute stature et la posture raide, il était campé fermement sur ses deux jambes, ses deux mains posées sur le pommeau argenté d'une canne qu'il tenait devant lui. Des cheveux blanchis par l'âge, des traits coupés au couteau et un regard acéré, il lui déplu instantanément.

« Léandre, tu peux disposer. Frank, montre donc sa chambre à ta fille, qu'elle puisse s'installer avant le diner. » *

Indécise, Elina vit Léandre s'incliner brièvement face au vieil homme avant de quitter les lieux en empruntant la porte la plus proche. Son regard oscilla un instant entre son père et le nouvel arrivant. Un sourire toujours fièrement affiché, son père s'était toutefois raidi suite aux paroles de l'homme aux cheveux blancs. Passant un bras dans son dos, il incita silencieusement sa fille à l'accompagner. Ils empruntèrent l'escalier pour gagner l'étage, passant non loin du vieux sorcier qui ne cilla pas un instant, semblant plus proche de la statue que de l'être humain.

* Les dialogues suivis d'une astérisque sont en français.

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16 oct. 2021, 15:14
 France  Que les pions prennent place  Solo 

Hector Montmort


Pour la plupart des grands-parents, la venue de sa petite fille était considéré comme un motif de réjouissances. Pour Hector Montmort, ce n'était guère différent que d'accueillir une étrangère sous son toit. Il aurait pu s'amuser à retrouver dans les traits de la jeune sorcières ceux de son épouses et les siens, mais il n'était pas homme à jouer. Après avoir congédié Léandre, il se contenta de jauger du regard la jeune femme sans laisser paraître la moindre émotion. Il n'était pas encore certains qu'elle mérite d'être considérée comme l'une des héritières de cette famille. Sa plus grande crainte était liée à l'éducation que son fils avait bien pu lui prodiguer. Encore à ce jour, il était incapable de dire où il s'était trompé. Mais son fils n'était pas le seul sujet sur lequel il s'était fourvoyé. Isabella Fawley était également la digne héritière d'une famille de sang-pur. Sa lignée était irréprochable, de même que son talent magique. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait été placée à la tête du Département des Mystères du Ministère de la Magie britannique ! Elle aurait dû être l'épouse parfaite pour son fils. Ils auraient dû constituer un couple parfait en tout point. En un sens cela avait été le cas. Leur relation était solide et durable. Quelles étaient les chances qu'ils nourrissent tout deux d'absurdes pensées contre la pureté de la lignée sorcière ? Ces idées n'avaient pu leur être inculquées que par les enseignements de Poudlard et Beauxbâtons ! Aucune de ces écoles ne trouvait grâce à ses yeux.

Hector Montmort s'était assuré de donner à Léandre une éducation qui lui éviterai la déconvenue que lui avait infligé Frank. Une éducation que Beauxbatons ne parviendrait pas à entacher de quelque manière que ce soit. Il n'avait que peu d'estime pour l'école française qu'il avait lui-même côtoyé en son temps. Un ramassis de faibles d'esprit sans volonté accueillant sans broncher les lignées souillées. Mais il avait su graver la supériorité de leur sang jusque dans l'âme de son petit-fils. Rien n'ébranlerait les convictions de ce dernier, il y avait veillé. Pas même les avertissement de la direction à l'encontre du comportement de Léandre. Son attitude ne pesait pas lourd en comparaison de son talent. Les avertissements n'avaient jamais été plus que cela ; des parchemins se voulant le rappel d'une autorité fantoche qui ne savait plus quand les mots devaient céder la place aux actes.

Mais dans le cas d'Elina, il n'avait eu ni contrôle, ni regard sur l'éducation qui lui avait été prodiguée. Son fils, tout traître qu'il soit, avait tout de même permis à leur sang de rester pur en épousant Isabella. Mais qu'en serait-il d'Elina ? Bercée par la folie de ses parents, serait-elle capable de se lier à un vulgaire sang-mêlé ? Ou pire, un né-moldu ? Son esprit ne pouvait concevoir un seul instant qu'elle puisse aller jusqu'à se tourner vers un être dépourvu de magie. Quand bien même, l'idée de voir leur lignée souillée de la sorte faisait naître en lui une rage profonde. Il ne le permettrait pas. Et si, par malheur, sa petite-fille échappait à son contrôle comme l'avait fait son père des années durant, alors il ferait disparaître son nom de l'histoire de cette famille. Cela ne changerait pas grand-chose. Après tout, n'avaient-ils pas déjà un héritier prêt à porter fièrement le nom des Montmort ? Il ne donnerait à personne d'autre l'occasion de décevoir ses espoirs comme son fils l'avait fait. Ce renégat n'était ici que parce qu'il manquait encore un peu d'expérience à Léandre pour s'occuper pleinement des affaires familiales et que lui-même avait vu sa santé décliner rapidement de façon inquiétante. Le vieil homme avait perçu le ressentiment de Léandre et sa défiance envers Frank lorsque ce dernier avait été "rappelé" au domaine. Son petit fils avait considéré cela comme une insulte envers ses capacités et Hector s'en était délecté. Plus Léandre érigerait de barrières entre lui et son père, plus longtemps il continuerait à jouer paisiblement dans le creux de sa main. De la même manière, Léandre semblait voir sa soeur comme une menace potentielle. C'était une bonne chose. Hector s'assurait ainsi qu'il ne serait pas réceptif aux idées aberrantes que ces deux-là pouvaient amener dans sa demeure.

Il ne tourna pas la tête quand Frank et Elina passèrent près de lui pour gagner l'étage. La tenue moldue que portait présentement sa petit fille était une insulte à ses yeux. Tant qu'elle ne porterait pas quelque chose de plus approprié, il ne lui adresserait pas la parole, ni un regard de plus.

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16 oct. 2021, 16:24
 France  Que les pions prennent place  Solo 
Elina suivit son père sans mot dire avec l'impression que la température avait subitement chuté de plusieurs degrés. C'était la première fois qu'elle voyait son grand-père. Nul besoin de le lui présenter. Même si l'énergie de la jeunesse l'avait quitté, il n'était pas bien difficile de retrouver chez lui certains des traits de son père. Sa chaleur en revanche, il en était dépourvu. Mais elle doutait qu'il en ait un jour été doté. Ses parents l'avaient toujours tenue soigneusement éloignées de tout ce qui touchait de près ou de loin à ses grands-parents. Enfant, elle l'avait regretté. Elle avait envié ces enfants qui, le ventre plein et le visage barbouillé de chocolat, revenaient d'une visite chez leur mamie, leur petite main tenue bien au chaud par la poigne protectrice d'un papi souriant. Elle avait demandé une fois à ses parents pourquoi, elle, elle n'avait pas de grands-parents. Une seule fois. L'enfant qu'elle était avait suffisamment de sensibilité pour saisir la gêne et la tristesse que cette question avait fait naître chez Frank et Isabella. La petite Elina avait donc chassé bien loin cette question si dérangeante. Son père et sa mère étaient amplement suffisants.

Ce n'est qu'une fois entrée à Poudlard que cette question était revenue. En grandissant, elle s'était dit que ses grands-parents n'étaient peut-être plus de ce monde. C'était l'explication la plus simple qu'elle avait trouvé à la réaction de ses parents. Une lettre était venue bousculer cette théorie. Ses grands-parents étaient bel et bien en vie et il n'avait pas fallut bien longtemps pour qu'elle comprenne que ce silence était dû aux convictions plus qu'au chagrin. Il lui avait fallut attendre encore des années cependant pour finalement se tenir face à son grand-père. Il y a des choses auxquelles on pense s'attendre et auxquelles ont croit être préparées. Mais le moment venu, le choc est néanmoins présent. Elle découvrait maintenant que, même avec ses grands-parents à ses côté, ce désir naïf de connaître ces joies enfantines n'aurait jamais été comblé. L'homme qu'elle avait était découvert lui faisait l'impression d'une statue de marbre. Il lui était difficile d'imaginer que dans ses veines coulait le même sang que dans les siennes. De la glace lui aurait semblé mieux convenir.

Le visage de Léandre lui traversa l'esprit. Elle l'avait immédiatement détesté. Lui et son sourire tordu. Mais quel genre de personne serait-elle devenue élevée par un sorcier tel qu'Hector Montmort ? Elle réalisa trop tard que son père s'était arrêté devant une porte et se heurta à son dos massif. Il se retourna en lui adressant un regard interrogatif tandis qu'elle massait l'arrête douloureuse de son nez.


« Voici ta chambre. »

Passant devant lui, Elina fit quelques pas dans une pièce de belle taille. L'endroit était aussi dépourvu de couleurs que le reste de la demeure. Son regard passa sur un grand lit tiré à quatre épingle, une commode, une penderie de bois sombre et une grande fenêtre à laquelle elle se serait presque attendue à voir des barreaux. Sa valise, probablement déposée par l'elfe de maison quelques instants plus tôt, constituait l'unique tâche de couleur visible. Son père entra à sa suite et ferma la porte derrière lui.

« Tu as dû être surprise. »

Elle se retourna pour lui faire face avec une moue dubitative : « Pas vraiment. Il y avait bien une raisons pour laquelle vous ne parliez jamais d'eux maman et toi. » Après un court silence, elle repris : « Tu as vraiment grandit ici ? »

Le manoir tout entier lui donnait froid dans le dos. Il n'avait rien d'effrayant, mais il ne s'en dégageait aucune âme. Elle avait pourtant toujours cru que le lieu de vie d'une famille était doté d'une âme propre.

« Oui. »

« Léandre aussi ? »

Frank marqua une hésitation, portant un regard indécis sur sa fille avant de répondre : « Il semblerait, oui. »

« Pourquoi ? »

Désarçonné, le sorcier fronça les sourcils d'un air songeur :
« Eh bien, c'est le manoir des Montmort... Ils ont toujours vécu ici. »

« Tu n'as pas compris ma question. Pourquoi il a grandit ici ? Pourquoi pas avec nous ? »

Une expression douloureuse passa sur le visage de son père. Bientôt remplacé par ce qui ressemblait à de la colère.

« Je ne sais pas... Cinq ans avant ta naissance, quand nous vivions encore ici ta mère et moi, elle a donné naissance à un enfant mort-né. Nous n'avions jamais remis en question les paroles du médicomage. »

Les paroles de son père trouvèrent échos dans celles d'Ingrid quelques années plus tôt. Elle avait déjà entendu parlé de cet incident et du fait que Léandre pensait avoir été sciemment abandonné par Isabella et Frank. Elina savait bien qu'aucun d'eux ne serait capable d'une telle chose, mais si Léandre pensait le contraire...

« Tu devrait mettre une tenue sorcière pour le diner. Les Montmort sont traditionnalistes. »

La discussion était close. Frank quitta la chambre, la laissant seule. Elina n'ouvrit sa valise que pour en tirer une tenue que ses hôtes pourraient juger convenable : une robe de sorcière noire sans la moindre fantaisie. Il n'était pas question qu'elle s'installe dans cet endroit. Elle n'avait pas l'intention de s'y attarder plus que nécessaire. Quand l'heure du diner approcha, elle fut surprise par l'arrivée sonore de l'elfe de maison qu'elle avait vu un peu plus tôt :


« Le diner est servit mademoiselle. On m'a chargé de vous y conduire. »

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17 oct. 2021, 23:29
 France  Que les pions prennent place  Solo 

Melité Montmort

Manoir des Montmort ~ France
20h


Melité née Boisderose, épouse Montmort était une femme qui avait été fort belle durant sa jeunesse. Ses traits conservaient toujours des traces de leur grâce passée, mais son expression sévère les rendaient difficiles à saisir. Ses yeux, auparavant d'un bleu profond, avaient commencé à se voiler doucement avec l'âge. Malgré sa vue déclinante, son orgueil n'avait jamais pu tolérer qu'elle porte des lunettes. Ses cheveux désormais plus blancs que blonds n'avait finalement perdu que peu de couleur. Ils étaient toujours relevés en un chignon soigneux qui libérait sa nuque. Là où son époux préférait les costumes sombres tirés à quatre épingles, elle optait pour des robes sur mesure majoritairement blanches ou gris perle. Le son de ses talons sur le carrelage monochrome l'accompagna jusqu'à la salle à manger où le diner ne tarderait pas a être servit. Un elfe de maison lui présenta son siège à l'une des extrémité de la table. Prenant soin de ne pas froisser sa robe, elle y pris place, faisant face à son époux. Il en avait été ainsi depuis le jour de son mariage et il en serait ainsi jusqu'à ce qu'ils s'éteignent.

Frank et Léandre étaient déjà présents eux aussi. Dans cette demeure, c'était une façon de montrer son respect à la maitresse de maison que d'arriver avant elle aux repas afin de l'accueillir. A son habitude, Léandre s'était installé aussi loin de son père qu'il lui était possible et prenait grand soin de se comporter comme s'il n'avait pas été là. Ce soir cependant, l'arrivée de la maitresse de maison ne marqua pas le début du diner. Une invitée devait encore se présenter. Melité ne savait que peu de choses d'Elina. Son fils et sa belle-fille avaient fait de leur mieux pour la tenir éloignée d'eux. Une attitude inconcevable à ses yeux. Sa petite-fille, tout comme son petit-fils, aurait dû grandir dans le manoir familial. C'était la preuve que son époux et elle avaient pris la bonne décision en s'assurant de garder Léandre à leurs côtés. Le médicomage de la famille n'avait pas été difficile à convaincre. Il ne leur avait même pas demandé leurs raisons. Bien sûr, étant mère elle-même, Melité avait regretté de devoir infliger à Isabella la souffrance de la perte d'un enfant. Il était absurde de devoir en arriver à de telles extrémités entre sang-purs. Cependant, le nom des Montmort passait avant toute chose et la suite des évènements leur avait donné raison. Hector et elle avaient élevé Léandre comme leur fils. Mieux encore pour lui éviter de faire les mêmes erreurs que Frank. Elle avait été partagée lors du retour de ce dernier sous leur toit. C'était là sa place, celle qu'il n'aurait jamais dû quitter et, en ce sens, c'était pour le mieux. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de craindre qu'il ne s'entête dans son erreur et ne tente de leur reprendre Léandre. Heureusement, ils avaient bien élevé le jeune héritier des Montmort et il s'avérait totalement hermétique aux tentatives d'approche de son père.

La vieille femme s'interrogeait toutefois à propos d'Elina. Elevée en dehors du berceau familial, elle craignait le pire pour cette enfant. Toutefois, son éducation avait dû être convenable au moins sur le plan de l'apprentissage magique. Sa victoire lors de la dernière édition du Tournoi des Trois Sorciers avait fait rejaillir la gloire sur le nom des Montmort. La jeune sorcière avait démontré par cette victoire la supériorité du sang pur. C'était une sorcière indubitablement talentueuse et c'était pour cette raison qu'elle avait été invitée à passer le seuil de ce manoir. Hector ne l'aurait pas permis autrement. Le temps qu'elle y passerait permettrait au patriarche des Montmort de statuer sur son avenir dans la famille. Melité aurait souhaité qu'elle demeure dès à présent ici, où elle aurait toujours dû se trouver, mais son époux n'était pas prêt à risquer une nouvelle trahison comme celle de leur fils.

La jeune sorcière fit son entrée peu de temps après, précédée par un de leurs elfes de maison. Elle portait une robe de sorcière noire qui sembla bien banale aux yeux de la vieille sorcière. Indigne d'une sorcière de cette famille en tout cas. C'était mieux que ces oripeaux moldus que certains jeunes sorciers portaient désormais à l'occasion, mais Melité Montmort n'était pas femme à se contenter du mieux. On lui avait appris à ne tolérer que le meilleur. Elle aurait aimé toutefois que sa vue n'ai pas autant baissé. Quelques années plus tôt, l'article de la Gazette du Sorcier à propos du Tournoi des Trois Sorcier que l'on avait porté à sa connaissance était accompagné d'une photographie. Au premier regard elle avait cru se voir dans ses jeunes années. Elle aurait aimé pouvoir contempler les traits de la jeune sorcière maintenant que l'occasion lui en était donnée.

24 ans inRP
Benjamine de la Pédagogie, Championne du Tournoi des Trois Sorciers, Rôtisseuse de Sang-Pur (BBQEAF), coeur du KEN et Briseuse de Rêves. La fille du FEU!
¤ Ne sous estimez pas les griffes du blaireau parce que sa fourrure vous semble douce ¤..