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12 juil. 2019, 00:47
 Glasgow  And nothing else matters  solo   suite   RPG+ 
20 juin 2044, midi

•••


Surréaliste. Comme un rêve éveillé. Comme une d’absence consciente. Alice avançait, tel une ombre accroché au pied de Kenneth. Son regard d’argent était droit, mais elle ne regardait pas. Tout autour d’elle se mouvaient les Moldus, et peut être quelques sorciers. Peu importait. Qu’ils marchent, qu’ils courent, qu’ils la regardent, qu’ils se moquent, qu’ils la plaignent, Alice s’en moquait. Seule sa marche l’importait. Il fallait avancer, se concentrer sur chacun de ses pas pour ne pas penser, pour ne pas se laisser aller aux interrogations futiles. Alice savait ce qu’il avait à savoir : son frère était un traitre, sa mère était une traîtresse.

« - Nous allons prendre le train.

Kenneth avait enfin parlé. Il avait enfin brisé ce silence qu’ils s’étaient inconsciemment imposés depuis qu’ils avaient quittés la voie 9 3/4. Ils s’étaient contentés d’avancer parmi les autres, Kenneth les guidant sans jamais lâcher Alice. Avait-il peur qu’elle s’évapore, ou bien que sa mère vienne l’enlever. Alice aurait couru, elle le sait. Elle aurait abandonné toutes ses affaires et aurait couru sans s’arrêter. Il ne fallait pas qu’elle parte avec sa mère, elle le savait. Sans son père pour la protéger, sans Jacob pour veiller sur elle, il ne fallait pas qu’elle soit seule avec sa mère.

⁃ Grimpes là dedans.

Alice avait levé son pied pour monter dans l’engin qui se présentait à elle. Ce n’était pas le Poudlard Express, c’était différent. Oncle Kenneth appelait cela train, pourtant. C’était spacieux, clair et lumineux. C’était moldu. C'était moldu, et ils grouillaient en son cœur. Ils étaient assis sur des sièges, côte à côte ou éloigner, leurs yeux vides rivés sur des boites plates qu'ils tenaient dans leurs mains.

- Va t'installer où il y a de la place.

Elle avançait, ses yeux passant d'un siège à un autre. Ils étaient tous si près les uns des autres, sans aucune intimité. Ce compartiment était bien trop grand, et il y avait bien trop de monde. Alice avançait au milieu des sièges, sans jamais lâcher le bras d'oncle Kenneth. Avancer n'était pas facile, et son coude se cognait plusieurs fois dans les rebords des dossiers, mais jamais elle ne lâcherait l'homme. Jamais.
De la place, il n'y en avait pas. Chaque place était occupée, et lorsqu'il y avait une place de libre, elle était auprès d'un moldu. Et Alice refusait de s'installer auprès d'un inconnu. Finalement, Kenneth ne lui laissa plus le choix : lorsque quatre sièges se présentèrent, il poussa Alice à s'asseoir à l'une des places vides.
Mais elle refusait de le lâcher, toujours. A présent qu'un inconnu était à ses côtés, à seulement quelques centimètres, il était hors de question de le lâcher. Ses grands yeux d'argent ne lâchaient pas Kenneth.

- Alice... je m'installe juste en face.

En face, c'était trop loin. En face, il n'était plus à proximité. C'était hors de question de le lâcher. Kenneth la regardait, inspirant et expirant lourdement. Comprenait-il seulement la
peur qui étreignait Alice ? Certainement pas. Cependant, il se tourna vers le moldu installé à côté d'elle.

- Bonjour. Est-ce que ça vous dérangerait d'échanger nos places ? Elle rentre de l'internat, et vous savez comment c'est ... »

Qu'il sache ou non, le Moldu ne fit aucun commentaire. Il se leva, et parti s'installer en face d'Alice. Aussitôt, Kenneth vint s'installer aux côtés d'Alice. Sa grosse malle, elle, était glisser entre eux. Elle prenait de la place, beaucoup de place, gênait aussi bien les deux sorciers que les deux moldus. Mais personne ne fit le moindre commentaire, malgré quelques claquements de langue de la femme installée en face de Kenneth lorsque la malle vint choquer contre son pied. Alice se moquait bien de ce peu de cet inconfort, il y avait bien plus important : ce drôle de train dans lequel elle était assise.
Son dos s'enfonçait toujours un peu plus dans son fauteuil au fur et à mesure que les Moldus passaient à côté d'elle. Ses doigts enroulés autour du bras de Kenneth se serraient un peu plus. Elle n'aimait pas cet endroit, elle n'aimait pas ces gens, et elle n'aimait pas cette journée. Il fallait qu'elle se termine, et vite.
Sa tête se laissa doucement aller contre l'épaule robuste de Kenneth. Elle voulait seulement se reposer un peu, s'échapper de cette réalité qui lui tordait les entrailles. Juste quelques heures, seulement quelques heures.
Si seulement c'était possible...
Dernière modification par Alice Sangblanc le 06 avr. 2024, 09:31, modifié 2 fois.

Sixième année RP - 741B47
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13 juil. 2019, 00:21
 Glasgow  And nothing else matters  solo   suite   RPG+ 
20 mai 2044, 17h

•••

Le voyage fut long, bien trop long pour Alice qui ne désirait qu'un peu de repos. Elle avait dû affronter le vacarme, la chaleur étouffante, l'odeur de certains Moldus et l'impolitesse d'autres. Les passages avaient été nombreux à côté d’elle, quelques Moldus avaient même fait des pauses à côté d’elle. Il y avait eu un petit garçon et sa mère, qui avait montré les cheveux d’Alice comme si il s’agissait de la chose la plus belle au monde. La mère avait lancé un regard désapprobateur à Kenneth, comme si la particularité physique d’Alice était de son fait. Il y avait également une vieille Moldue qui s’était arrêté pour dire à la fillette de prendre un peu le soleil. De quoi se mêlait-elle, cette grand-mère ? Est-ce que tous les Moldus étaient aussi intrusifs ? Et puis, un autre avait demandé deux « tickets de transport » à Kenneth, qui les lui avait donné. Avec une drôle de machine, le Moldu avait caressé les petits morceaux de papier avant de les rendre à oncle Kenneth. Ce monde était étrange, bizarre, bien différent de celui qu’Alice connaissait. Leurs moyens de déplacement, leurs manières, leurs regards... allait-elle vraiment pouvoir vivre dans leur monde ?

Le train s’arrêta une dernière fois, et les Moldus du grand compartiment se levèrent, se poussèrent, et marchèrent en direction de la sortie. Les deux sorciers, eux, restaient assis. Il était hors de question de se jeter dans cette marrée humaine bruyante et transpirante.

« - Est-ce que tu es déjà venu à Glasgow ?

Alice remua négativement la tête. Elle n’avait même jamais vue la moindre rue de Limerick, pourtant proche du domaine de son père. Alors Glasgow, a des heures de son Irlande, il ne fallait pas y penser. Sa mère n’avait jamais voulu que ses enfants soient au contact des Moldus, aussi ils n’avaient jamais quittés le cocon familial. A présent qu’elle n’était plus là pour régir la vie d’Alice, les choses allaient changer. Maigre consolation pour une enfant privée de sa famille.

- Tu verras, c’est beau comme tout. Allez, on sort. La voiture est garée sur le parking.

Alice ne comprenait pas, mais acquiesçait en se levant. A présent que les Moldus étaient tous descendu, c’était plus facile.
La petite fille quitta le train pour atterrir sur un quai de gare bondé. Tout autour d’elle, du bruit, du mouvement, des odeurs fortes, de la fumée. Pas de ciel, juste un immense plafond de fer et de pierres grises et sale. A l’aide de la manche de sa longue robe pourpre, Alice se cacha le bas du visage. Quelles horribles odeurs, elles lui brûlaient la gorge, enflammaient ses yeux. Cette gare était un enfer, il fallait en sortir au plus vite, et rejoindre « la voiture », quoi que ce soit cette chose.
Alice se saisit de la main de Kenneth qui se mit à avancer, créant un passage au milieu de la foule. La fillette restait dans son dos, buttant parfois dans ses pieds. Elle ne voulait pas entrer en contact avec le moindre Moldu. Ils avaient tous l’air si sales, certains avaient même les pieds à demi nu. Les femmes portaient des petits hauts qui montraient leurs bras et la naissance de leur poitrine. Ils faisaient chaud certes, mais ce n’étaient pas une raison pour porter si peu de vêtement.

- Ça va, Alice ? On va quitter la gare, surtout tu ne me lâches pas. Avec tout ce monde...

Bien sûr qu’elle n’allait pas le lâcher. Elle se cramponnait même à sa malle que tirait Kenneth. Et si un Moldu décidait de lui voler ?
Bien vite, la lumière aveuglante frappa Alice de plein fouet. Ils avaient quitté la gare, la foule s’était dissipée autour d’eux et, surtout, l’air était là. Alice se risqua à sortir de l’ombre de Kenneth pour regarder dans quelle direction ils allaient. Le soleil vint immédiatement agresser ses yeux, qu’Alice ferma aussitôt. Tirée par Kenneth elle continuait à avancer, et continuait à buter contre ses pieds.

- Ce foutu soleil... ça va tes yeux ? Ton père aussi galère quand il faut marcher en ville. Tiens, ne bouges pas.

Kenneth s’était arrêté, Alice l’avait comprit en se cognant le nez contre lui. Elle ne bougeait plus, attendait. Kenneth s’agitait devant Alice, lâcha même sa main. La petite fille cherchait la sienne, en vain.

- Voilà, ne bouges pas ... ne bouges surtout pas, sinon je vais te crever un œil..

Alice sentit quelque chose de froid glisser sur son nez, et même le long de ses joues. Ça se percha entre ses oreilles et sa tête, et ça ne bougea plus. La fillette ouvrit les yeux, et se surprit à voir le visage de Kenneth beaucoup plus sombre qu’il ne l’était. Il semblait avoir perdu toutes ses couleurs ! Aussitôt, Alice porta ses deux mains à ses yeux. Ses doigts, devenus gris clairs, s’écrasèrent contre deux petites vitres.

- Sans rire, tu ne sais même pas ce que sont des lunettes ?

Alice savait ce qu’étaient des lunettes, Christopher en portaient pour lire. Mais aux dernières nouvelles, elles ne modifiaient pas les couleurs ... ni l’intensité de la lumière.
La fillette regardait tout autour d’elle sans que le soleil ne brûle ses yeux. C’était grand, noyé de monde, puant et ô combien étrange. Les bâtisses étaient laides, à leurs pieds passaient des engins moldus à roues. Cette ville n’était pas belle, elle n’était pas belle du tout. Et pourtant, elle l’a dominait de toute sa hauteur, chaque édifice la toisait. C’était une grande dame vêtue de rouge et de gris, au regard méprisant, au sourire terrifiant.
Kenneth vint reprendre la main d’Alice pour se remettre ensuite à marcher, toujours en tirant la lourde malle d’Alice. Ses lunettes sur son nez glissait un peu, il lui fallait les remettre de nombreuses fois, jusqu’à ce qu’elle décide de laisser son doigt collé dessus. La petite fille devait bien le reconnaître, il était agréable de pouvoir regarder tout autour d'elle sans se brûler les yeux. C'était révolutionnaire. C'était certainement moldu.

Bien vite, leurs pas les amenèrent sur un grand espace au sol grisâtre où étaient disposés de nombreux engins à roues. Les couleurs étaient variées, certaines étaient plus présentes que d'autres. C'était comme un champ de fleur moldu, à grosse échelle cependant. Kenneth marchait, jusqu'à rejoindre une de ces machines à roues blanches. Ce n'était pas la plus propre, c'était certain.
Oncle Kenneth sorti une sorte de carte de la poche de son pantalon, la dirigea vers le tas de métal blanc et, aussitôt, un bruit en jailli. Elle s'était mise à s'allumer un coup, deux coups, et puis plus rien. Qu'est-ce que c'était que cette chose ?

- Tu peux monter à l'avant, si tu veux ?
- A l'avant de quoi ?
- Tiens, je commençais à me demander si tu avais perdu ta langue. A l'avant de la voiture. Je vais ranger la malle dans le coffre.

La voiture garée sur le parking. C'était donc ça. Ils se trouvaient sur un parking et toutes ces drôles de choses qui étaient garées dessus, qui roulait dans les rues.. des voitures. Des véhicules, c'étaient des véhicules. Comme un train, comme un bateau, comme une diligence. Alice s'avança vers l'avant, ses grands yeux posés sur cette voiture . Elle se risqua à poser un doigt sur une sorte d'oreille qui en dépassait. C'était chaud, très chaud. Il y avait un miroir, pourquoi y avait-il un miroir ? Alice laissa glisser sa main le long de l'oreille pour rejoindre la vitre. A l'intérieur, il y avait un siège, puis un autre, et à l'arrière, une banquette. C'était comme un petit compartiment, un petit compartiment en toute intimité. C'était bien. Une sorte de poignée se dessinait sous la vitre, c'était pour entrée, Alice le savait. Elle tira alors dessus et, aussitôt, la porte s'ouvrit. C'était facile.

- La voiture non plus, tu ne connais pas ?

Kenneth semblait surpris. Pourquoi l'était-il ? Alice était une vraie sorcière, pas une Née-Moldue, pas une Sang-Mêlée. Une vraie sorcière, tenue écartée du monde Moldu. Pourquoi ne comprenait-il pas cela ?
Alice ne fit aucun commentaire, et engouffra sa tête à l'intérieur du véhicule. Quelle chaleur étouffante ! Cela n'avait rien à voir avec le train ! Comment allaient-ils survivre dans une telle chaleur ? Ou bien, c'était ainsi qu'avançait la voiture, avec la chaleur ? Alice prit une grande inspiration, et se faufila dans l'engin. Ce n'était pas grand, vraiment pas. Et l'odeur était bizarre, forte, très forte. Alice l'avait sentie dans la rue. A ses pieds, il y avait beaucoup de bazar. Des papiers, des boîtes écrasées, des miettes... La petite fille releva aussitôt ses pieds pour s'installer en tailleur. La voiture se mit à tressaillir d'un coup et, l'instant d'après, la porte du côté du siège à côté d'elle s'ouvrit. Kenneth pénétra non sans mal dans le véhicule. En un claquement, il referma sa porte.

- J'aurais dû la garer sous un arbre... ça va, pas trop chaud ? On va mettre la clim, t'en fais pas. Et attaches toi.

S'attacher ? Alice regardait tout autour d'elle, cherchait ce qui pouvait lui servir. Pourquoi fallait-il s'attacher ? Cela n'avait aucun sens. Et puis, la voiture entière se mit à trembler, collant immédiatement Alice à son siège. Kenneth, lui, ne s'inquiétait de rien ! Il attrapait quelque chose à sa droite, comme si tout allait bien.

- La ceinture est de ton côté aussi, en haut à gauche. Tu trouves.... Alice, qu'est-ce que tu fais ? J'ai juste allumé la voiture, détends toi. C'est... comme le train tout à l'heure. Pour avancer, il faut le démarrer. Allez, fermes ta portière et attaches toi, je commence à avoir la dalle.

Il y avait beaucoup trop d'information, beaucoup trop. Dans un premier temps, il fallait se calmer : tout était normal. Inspiration, expiration. Le corps d'Alice se détendait petit à petit... finalement, ces tremblements dans son dos étaient agréable. A présent, il fallait fermer la portière. Alice se pencha sur le côté, attrapa ce qui semblait être une poignée... et tira. C'était fait. Et maintenant, l'attache...

- Quelle attache...?
- Attends, je te montre.

Kenneth vint se pencher sur Alice. De sa main, il attrapa une longue lanière au bout métallique qui semblait se trouver en hauteur. Il la tira, la passa devant Alice, et vint la bloquer juste à côté d'elle. La longue lanière se posa aussitôt contre son ventre et sa poitrine.

- Pourquoi faut-il s'attacher ?
demanda Alice.
- Pour plus de sécurité. Si je freine, tu peux être projetée en avant.
- Alors c'est dangereux, la voiture ?
- Non, ton oncle roule bien. Allez, on se met en route. »

Ses explications n'étaient pas très rassurantes, mais il fallait lui faire confiance. Il connaissait ce véhicule bien mieux qu'elle. Il connaissait cette vie bien mieux qu'elle. Cette vie, elle allait devoir la comprendre, s'y habituer pour ensuite la dompter. Faire comme les Moldus. Être... comme eux.
Les doigts d'Alice se resserrèrent sur sa robe. Non, elle ne le pouvait pas, elle n'en avait pas envie. C'était beaucoup trop.

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18 juil. 2019, 00:01
 Glasgow  And nothing else matters  solo   suite   RPG+ 
Ses petites jambes se pliaient et se dépliaient, comme les ailes d’un papillon. Cette promenade en voiture était agréable, c’était comme la diligence mais en bien plus rapide. Et puis, la maniabilité semblait bien plus facile, oncle Kenneth réussissait à la faire tourner sans forcer ! Il lui suffisait de faire de bouger un grand cerceau dans le sens qu’il voulait prendre. Ça semblait si facile !
Autour d’eux, il y avait eu d’autre voitures, toutes différentes, certaines n’avaient même pas de toit. Alice était fascinée par toute cette coordination. Comment faisaient les Moldus pour ne pas se percuter ? Ils avançaient dans tous les sens, alors comment faisaient-ils ? Ils étaient vraiment très fort.

Et puis, finalement, après avoir tourné et tourné, après avoir vu des bâtisses toutes plus différentes les unes que les autres, la voiture s'arrêta, et cessa de trembler. Le paysage avait changé, les grands bâtiments laids et lugubres s'étaient évaporés. A présent, il n'y avait plus que de petites maisons bicolore, de pierre orangées et de pierre blanches. Un parterre d'herbe les encadrait chacune, et quelques unes possédait même une voiture. Des haies verdoyantes, des barrières blanches ou des murets de pierre délimitait soigneusement chaque lieu de vie. C'était un bel endroit.
Kenneth, lui, s'était garé devant le portail de fer d'une des maisons en fin de rue. Elle aussi était bicolore, et était percée par de nombreuses fenêtres. Elle était entourée par une rivière d'herbe coupée court. S'agissait-il vraiment de la maison de Kenneth et de sa femme ? Alice avait du mal à y croire. Tout semblait si ordonné, alors que l'homme, lui, était l'incarnation du désordre.

« - Allez hop, tout le monde descend.

Alors, c'était bien ici. Prenant son courage à deux main, Alice imita Kenneth. Elle tira sur la poignée de sa portière et quitta la voiture. Ici, l'air était bien plus respirable. Il n'y avait plus ces odeurs entêtantes, seulement une délicate sensation de fraicheur. Alice gonfla ses poumons avec cet air pur, et relâcha le tout en refermant les yeux. Ce n'était pas Limerick, ce n'était ses grandes étendues sauvages qui s'étendaient à perte de vue... mais c'était déjà cela. C'était une liberté sans prison de pierre et de fer forgé. Ici, il n'y avait qu'un muret de pierre à enjamber, et Alice pouvait s'échappe si elle le désirait.

- Viens, Alice.

La petite fille appuya ses lunettes sur son nez et rejoignit Kenneth qui attendait de l'autre côté du portail, à présent ouvert. Alice allait enfin découvrir cette maison qui, dorénavant, allait être la sienne. Cette petite maison.
Il n'y avait qu'un étage. Comment faisaient-ils pour vivre à deux dans un espace aussi restreint ? A trois, Alice n'y pensait même pas. Et pourtant, il allait falloir faire avec... Par Merlin, le domaine de son père faisait bien trois fois de long cette maison !

- Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne te plait pas ? Attends d'être à l'intérieur pour te faire ton avis. Allez, viens.

Sans un mot, Alice suivit Kenneth qui se rapprochait de la porte de la bâtisse. Il poussa la porte, attendit un instant, et pénétra dans la demeure, la malle et Alice dans ses pas. Ce n'était pas grand, ce n'était pas son domaine. Il n'y avait pas d'immense escalier en entrant. Il n'y avait pas ce grand vestibule qui déversait chaque pièce. Pas de grandes portes. Pas de tableaux mouvants. Pas d'elfe. Rien qu'un porte manteau vomissant des vêtements en tout genre. Des escaliers de bois blancs. Un parquet clair. Des murs clairs. Des photos d'inconnus. Ce ne serait jamais sa maison.

- Tu peux accrocher ton manteau là. Imo ne va pas rentrer de suite, elle travaille tard ce soir. Je vais te faire visiter, et après je vais te montrer où tu vas dormir. Imo t'a fait quelque chose de bien.

Il continuait à avancer et à parler, conduisait Alice jusqu'à la prochaine pièce, la plus grande visiblement. Et la plus lumineuse. Il y avait un grand canapé à l'air moelleux, et une grande boîte noire posée sur son flanc. De grandes fenêtres perçaient les murs, baignaient ce salon de lumière. Une table de verre et ses chaises étaient un peu en retrait de ce salon. Et, plus loin dans la pièce, il y avait la cuisine, séparée par une moitié de mur. Alice tournait sur elle même, il y avait bien trop de chose à voir, trop de chose qu'elle n'avait jamais vu avant. Il y avait trop de question à poser. Cet endroit l'angoissait.

- Il y a une salle de bain et des toilettes juste là bas. L'atelier d’Imo est au fond là bas. Si tu pousses la grande fenêtre là, tu auras accès à la terrasse.

Alice demeurait silencieuse. Il y avait trop de chose autour d'elle, trop de mot à retenir, trop de chose à faire, trop de chose à penser. Cette nouvelle vie, Alice n'en voulait pas. Elle ne voulait pas de ce quartier moldu, de cette petite maison, de cette proximité avec Kenneth et sa femme. Elle voulait son domaine, ses immenses plaines verdoyantes, ses elfes de maison, son père. Seulement son père suffirait. Seulement le savoir en liberté.
Était-ce possible de faire demi tour, à présent ? Alice avait fait un choix, elle avait décidé de suivre Kenneth et de tourner le dos à sa mère. Elle avait préféré l'honneur à la facilité. Fallait-il regretter, quelques heures seulement après avoir choisi ?

- Viens, on va voir ton petit nid.

D'un coup de baguette, Kenneth souleva la malle d'Alice qui s'envola au dessus de leur tête. Le sorcier avançait, et Alice suivait, son regard ne lâchant jamais le dos de Kenneth. Cela, elle le connaissait, et ne voulait connaître que lui. Pas les gens sur les photos accrochées au mur. Pas les scènes sur les tableaux. Alice voulait sa stabilité, rien qu'à elle.
Kenneth et la fillette grimpaient les marches des escaliers de l'entrée. Il grinçait à chaque pas, arrachait à Alice une petite grimace d'inconfort. Et puis, l'étage arriva bien vite.

- Notre chambre est là, au fond du couloir. Là, il y a la salle de bain, avec une grande baignoire. Et juste ici, ce sera ta pièce. Allez, va regarder.

Sans entrain, Alice contourna Kenneth pour rejoindre la porte blanche. Elle la poussa, et pénétra dans la pièce. C'était une bibliothèque, aux grandes étagères pleine à craquer de livre, couvrant tout un mur. Une grande fenêtre au rideau d'un bleu profond éclairait toute la pièce, frappait la lumière du soleil déclinant sur le tapis de bleu lui aussi. Un bureau et sa chaise de bois était posé contre elle, et offrait une vue sur le jardin. Un lit d'enfant était accolé au mur, ses draps d'un blanc pur, sa grande couverture de bleu elle aussi. Ce n'était pas bien grand, mais c'était simple et sobre.
Alice s'avançait, son regard passait d'un coin à un autre. Les murs étaient dépourvus de photo, la fillette préférait cela. Elle ne voulait pas passer ses jours et ses nuits avec des inconnus.

- Je sais que c'est plus petit que ta chambre chez toi mais...
- C'est très bien. Merci Oncle Kenneth.

Ce n'était pas une chambre, seulement une bibliothèque aménagée pour l'accueillir. Elle ne faisait pas la moitié, ni même le quart de sa véritable chambre. Petit à petit, une boule se formait dans la gorge d'Alice. Non, ce n'était pas bien. Ce n'était pas chez elle. Ce n'était pas chez elle, et ça ne le sera jamais.
Sa malle toucha enfin le sol, et vint se glisser contre son lit.

- Je vais te laisser prendre tes marques, d'accord ? Je redescend. Viens quand tu voudras, d'accord ? Prends ton temps. »

Sans un mot de plus, Kenneth quitta Alice qui ne pipait mot. Lorsque la porte se referma enfin dans son dos, ses jambes se mirent à trembler, et à fléchir. A genoux sur le sol, ses longs cheveux blancs en halo autour d'elle, Alice gardait le silence, son regard braqué sur le tapis de sa chambre. Son père l'avait confié à cette famille, ce n'était pas pour rien. Pour sa sécurité, peut-être ? Certainement. Mais avait-il songé à ce qu'Alice allait ressentir, plongé dans ce monde qui ne lui appartenait pas, arrachée à ce confort qu'elle affectionnait tant ? Certainement pas.
A présent, il fallait être forte, digne et fière. Affronter cette épreuve sans flancher.

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10 août 2019, 22:56
 Glasgow  And nothing else matters  solo   suite   RPG+ 
Alice n’avait pas quitté sa nouvelle chambre. Elle avait quitté son manteau, avait enfilé ses chaussons blancs et s’était assise sur la chaise du bureau pour observer la vie suivre son cours de l’autre côté de la fenêtre. Il n’y avait rien eu d’intéressant, seulement le passage d’un oiseau dans le ciel. Entre ses doigts, la petite fille tenait fermement le galion que lui avait offert monsieur Penwyn lors de leur rencontre, lors de ce dernier moment de bonheur en compagnie de son père. Là où il était, sentait-Il le métal chauffer dans sa poche ? Avait-il conscience que la fillette était en proie à l’incertitude, à la peur, à la colère et à un million d’autres sentiments ? Ce n’était pas normal de ressentir autant de chose. De toutes façons, rien ne l’était en ce moment. En quelques mois, la vie avait basculé et était à présent maculé de noir : ceux des ténèbres. Ils étaient tout autour d’elle, tout autour de sa famille, et ils gagnaient du terrain jour après jour.
La respiration d’Alice était lourde, chargée de toutes ses émotions. D’un regard, elle contemplait cette pièce dans lequel son père avait préféré qu’elle soit. Il avait sentit les choses, c’était pour cela qu’Alice était ici. Avait-il était paranoïaque, ou seulement prévenant ? Comment avait-il fait pour savoir que sa femme allait devenir ce qu’elle est aujourd’hui ? Ces questions meurtrissaient Alice. Y avait-il eu des signes avant-coureurs ? Avait-il été possible de voir les choses avant qu’elles n’arrivent ? Son père avait vu, lui. Si seulement elle était comme lui, elle aurait peut être ou faire quelque chose. Mais quoi ?

Le ciel s’était drapé d’orange et de rose, et les premières étoiles étaient apparues. Son visage dans ses paumes, Alice les observait, s’amusait à les compter, cherchait où était celle de Grand-Mère Elisabeth. Tout là haut dans les nuages, elle devait se faire bien du soucis pour sa famille. Ce n’était pas bien de donner du mouron à une morte, l’au-delà devrait être un lieu de repos, pas un miroir sur les problèmes des vivants. Il fallait que tout se règle vite pour que Grand-Mère puisse se remettre à ses occupations célestes.

« - Veillez sur mon papa, Grand-Mère. S’il vous plaît, veiller sur lui. Scintiller dans le ciel pour lui montrer que vous êtes là... peut être qu’il vous verra depuis sa cellule ? Je ne sais pas si ... il peut voir l’extérieur, mais essayez s’il vous plaît. Il a besoin que quelqu’un lui donne du courage, jusqu’à ce qu’on le sorte de cet enfer...

Sa voix s’était cassée, alourdie par le poids des larmes qui grimpaient aux yeux d’Alice. Du revers de son poing, elle les chassa, ne voulant pas céder à ses émotions. Elle n’avait pas le droit de pleurer, sa situation était trop confortable. Son père, lui, croupissait dans une cellule entourée de mages noirs qu’il avait lui même enfermé. Et lui ne pleurait certainement pas.

Une odeur alléchante vint chatouiller le nez d’Alice. C’était de la tomate ? Oui, c’était cela, bien sûr. La fillette quitta sa chaise et s’approcha de la porte de la pièce pour l’ouvrir, et passer sa tête dans l’entrebâillement. L’odeur était plus forte, et cela venait du rez de chaussée. Oncle Kenneth cuisinait, et c’était quelque chose qu’Alice devinait succulent. Mais son avis était peut être biaisé par son ventre qui gargouillait depuis quelques temps maintenant. Aussi, Alice entreprit de descendre les escaliers, doucement, sur la pointe de ses pantoufles. A chaque marche descendue, l’odeur lui semblait un peu plus forte.
Arrivée dans le couloir, Alice rejoint la cuisine où se trouvait Oncle Kenneth. Vêtu d’un tablier de couleur taupe, il était penché sur les fourneaux, une cuillère en bois à la main. Une colonne de vapeur s’échappait des deux casseroles sur le feu, et se faisait engloutir en continu par une machine fixée au dessus, bruyante. La fillette garda le silence un moment, observant Kenneth passer et repasser devant elle, toujours sa cuillère en main.

- Pourquoi est-ce que tu n’utilises pas la magie pour cuisiner ?

Un sourire se dessina furtivement sur les lèvres de Kenneth. Il n’avait pas sursauté, n’avait même pas tressailli en entendant la question soudaine d’Alice, cachée dans un coin de la pièce.

- C’est une habitude, répondit-il. Imo préfère quand on fait les choses à la moldue.
- C’est une perte de temps, non ?
- C’est moins rapide, c’est sûr. Et ça fait plus de vaisselle. Mais tu sais, quand on vit dans un quartier moldu, il faut éviter de trop se faire remarquer. Imagines si la voisine passes devant la fenêtre et voit des tomates se découper toutes seules.

Alice haussa une épaule et s’avança dans la pièce pour se mettre aux côtés de l’ex Auror.

- Et qu’est-ce qu’on mange ?
- Des spaghetti bolognaise.
- Qu’est-ce que c’est ?

Surprit, Kenneth posa ses yeux sur Alice. Visiblement, ce plat était connu chez les moldus. Ne faisait-il rien comme les sorciers ?

- Même pas les spaghetti bolognaise ? Eh bien… tu vas en avoir des choses à apprendre. Ce sont des pâtes longues, avec de la sauce tomate, des petits légumes et de la viande hachée. Quoi, c’est quoi cette tête ? Tu n’aimes pas les légumes ? Il n’y en a pas beaucoup.
- Qu’est-ce que c’est comme viande ?
- Du boeuf… de la vache.

Alice soupira, une main sur son ventre. Manger de la viande ne lui plaisait pas… mais il serait mal poli de décliner le repas. Kenneth donnait bien trop de sa personne pour cela. Et puis… ce serait irrespectueux pour la vache qui s’est faite assassinée.

La petite fille garda le silence pendant que Kenneth finit de cuisiner. Elle l’observait, ses mains jointes dans son dos. Elle avait faim, très faim, et ce délicieux mélange qui se faisait sous ses yeux agitaient ses papilles. Il fallait qu’elle mange, vite.

Et puis, enfin, Kenneth apporta le plat sur la table, Alice dans ses pas. Il s’installa de suite, et indiqua Alice qu’elle aussi pouvait s’installer, juste devant lui. La table était mise, mais il manquait des choses, beaucoup de chose, comme les différents couverts, le deuxième verre…
Kenneth ne semblait pas s’en préoccuper. A l’aide d’une pince de métal, il servit les spaghetti bolognaises dans leur assiette respective. Les longs fils jaunes ruisselait de sauce d’un rouge vif agrémentées de petits morceaux, le tout s’enroulait dans la faïence blanche. Ils ne demandaient qu’à être dévorés.
Après avoir répondu un «bon appétit» à celui de Kenneth, Alice attrapa son couteau, sa fourchette et découpa les “spaghetti”. Concentrée à son ouvrage, elle ne faisait nullement attention à Kenneth qui s’était arrêté de manger pour la regarder faire. La fillette englouti une première fourchette, puis une seconde, avant de daigner lever les yeux sur Kenneth. Il souriait, l’air amusé.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda Alice, les yeux plissés.
- Rien. Je suis toujours étonné de voir la différence entre les sorciers isolés, et ceux qui vivent avec les Moldus. Vivre comme moi va te faire du bien, j’en suis sûr. Tu vas voir beaucoup de chose et en apprendre encore plus. »

Alice ne répondit pas. Si elle avait pu être ailleurs qu’ici, elle l’aurait été. Ce n’était pas son monde, et elle n’avait rien à y faire. Kenneth ne semblait pas être de cet avis. Après tout, lui était un Sang-Mêlé, il vivait comme les moldus depuis toujours. Il avait toutes les raisons du monde d’être amusé par Alice. Elle n'était rien, dans son monde.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

04 sept. 2019, 00:23
 Glasgow  And nothing else matters  solo   suite   RPG+ 
« Père, pourquoi faites vous ce métier ? Il est dangereux,
et moi j’ai peur que vous en reveniez jamais. »
« Le monde serait dangereux
si je décidais de faire autre chose de ma vie.
Combien de père ne rentreraient jamais chez eux si je n’étais pas Auror ?
Des tas, Alice. Alors, je prends des risques pour eux
car chacun devrait pouvoir vivre dans la sérénité.»
« Pourquoi faut-il que ce soit vous, et pas un autre ?»
« Parce que je veux aider les autres, et je suis bon à cela.
Écoute Alice.
Je veux te façonner un monde dans lequel jamais tu n’auras peur,
un monde où tous les enfants pourront grandir sans craindre les ombres.
Car ces ombres, je les aurais fait disparaître »


•••


Sa couverture pincée entre ses doigts, Alice essuya yeux larmoyants. Elle ne trouvait pas le sommeil, son esprit se permettait de vagabonder là où il ne devait pas aller : dans ses souvenirs. Ils étaient encore trop douloureux et menaçaient de la faire flancher à chaque instant. A chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait le visage de son père, entendait sa voix. Cela aurait pu être une consolation bienvenue si le visage paisible de son père ne se tâchait pas de sang. Des cauchemars, il ne lui restait plus que cela.

Après quelques heures à se tourner dans son lit, Alice se releva. De toutes façons, elle n’y arriverait pas. Ses pantoufles aux pieds, la fillette quitta la pièce et redescendit au rez-de-chaussée. Tout était plongé dans le noir, seulement éclairé par les quelques rayons de lune que la baie vitrée laissait filtrée. Alice vint s’asseoir devant elle, a même le sol. Il était froid, mais la fillette s’en moquait. Le nez levé sur les étoiles, Alice les observait, ses pieds joint dans ses petites mains. Face à elles, la petite Sangblanc s’y sentait bien, sereine, libérée. Elle les comptait, essayait de reconnaître les constellations, s’appliquait à chercher celle que sa grand mère faisait scintiller. Ces quelques exercices permettaient à son esprit de se reposer.

Soudain, la lumière s’alluma, aveuglant Alice qui se mit a papillonner des yeux comme pour chasser la poussière. Elle entendit des bruits de pas qui pénétraient dans la pièce, légers pour ne pas être entendu.

« - Alice ? Tu ne dors pas encore ?

La voix était féminine, surprise. La petite fille ne connaissait pas cette femme, mais elle savait de qui il s’agissait : Imogen.
Ses yeux habitués, Alice pu enfin la regarder.
Elle était grande, perchée sur de hautes jambes seulement habillée d’un short de toile noir. Son teint était halé, légèrement basané, l’air quelque peu humidifiée par un effort qu’elle avait certainement fait. Son joli visage était encadré par des cheveux bruns ondulés venant chatouiller ses épaules. Ils venaient certainement d’être lâchés, car ils étaient quelque peu dérangés, présentant encore la marque d’un élastique. Elle avait de grands yeux en amande, couleur de miel. C’était une belle femme, d’une simplicité qui échappait à Alice.

- Je suis Imogen, finit-elle par dire, son visage se décorant d’un sourire. La femme de Kenneth.
- Je sais.
- Tu sais, bien sûr que tu le sais. Bon…

Le regard d’Imogen se détacha de la fillette alors qu’elle partait en cuisine, un sac dans le dos. Alice se releva, remis ses pantoufles et s’approcha un peu, ses yeux passant et repassant sur la moldue.

- Comment ça se fait que tu ne sois pas au lit ?
Demanda Imogen en se servant un verre d’eau.
- Je n’arrive pas à dormir.
- C’est normal, je pense. C’est ta première nuit ici après tout. Ta chambre te plaît ?
- Elle est très bien.

La femme sourit à l’enfant, avant de boire son verre d’eau, sa tête partant lentement en arrière à chaque gorgée. Sa soif étanchée, elle reposa son verre et se tourna à nouveau vers Alice. Son regard passa sur ses longs cheveux blancs, puis sur ses bras d’albâtre, et vint enfin se planter dans ses yeux d’argent.

- C’est fou ce que tu peux ressembler à ton père.

Sa voix était un souffle, un murmure, chargé d’émotion qu’Alice comprenait, et vivait. Elle connaissait son père, elle le savait, pas autant que Kenneth bien sûr, mais suffisamment pour souffrir de le savoir enfermé.

- Je suis désolée, se reprit Imogen en voyant Alice baisser un peu la tête. Je ne voulais pas te rappeler … bref. Tu veux un yaourt ? Un jus de pomme ?
- Non, ça va, merci.
- Je vais aller prendre une douche, j’ai couru pour rentrer et je … enfin, voilà. Tu devrais allez dormir.
- Oui, mais je n’y arrive pas. Je tourne en rond, et ça m’énerve.
- Ça t’énerve… oui, je comprends. C’est chi… énervant de ne pas pouvoir dormir. Tu as essayé d’écouter de la musique pour te détendre ?
- Vous avez un tourne-disque ?
- Non, mais j’ai mon iPod si tu veux.
- IPod ?

Imogen haussa les sourcils un moment. Elle retira une lanière de son sac et le fit passer devant elle. Elle ouvrit une poche, passa sa main dedans et en sorti une petite boite rose enroulée de fil épais.

- Un iPod, répéta Imogen en le secouant un peu devant les yeux ahuris d’Alice. Ça sert à jouer de la musique.
- Comme un tourne-disque ?
- … oui, mais en plus petit. Et les musiques sont directement dedans.
- D’accord …

Alice ne comprenait pas bien où voulait en venir la femme, et Imogen semblait l’avoir comprit. Tout en déroulant la boite rose, l’iPod, elle s’approchait d’elle. Au bout des fils se trouvaient deux sortes de petites boules, peut-être un système d’accroche moldu.

- Tiens, dit Imogen en en tendant une à Alice.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Un écouteur. Tu le mets dans ton oreille pour entendre la musique. Allez, vas y. Alors, qu’est-ce qu’on va mettre…

Le doigt d’Imogen glissait sur l’iPod, et quelque chose défilait à grande vitesse. Alice se penchait un peu pour voir, ses yeux ronds. Finalement, son doigt s’arrêta, et pressa le petit encadré blanc qui défilait. Aussitôt, Alice entendit une guitare se mettre à jour dans son oreille, une guitare qu’elle entendait très distinctement. Et puis, une voix se mit à chanter. C’était une drôle de voix, grave, étrangère. Allemande, peut-être ? Un chanteur et guitariste allemand chantait là, juste dans son oreille.
Ses yeux se relevèrent sur Imogen. Elle bougeait sa tête sur le rythme de la chanson, l’écouteur à l’oreille elle aussi. La femme souriait en regardant Alice.

- Ça te plaît ?
- Oui, j’aime beaucoup l’allemand… et c’est entrainant. Qu’est-ce que c’est ?
- C’est Rammstein. C’est un vieux groupe allemand qui jouait à mon époque. J’écoutais ça j’avais… oh, au moins quinze ans !
- Et c’est dans votre… iPod ?
- Oui, et il y en a d’autres si tu aimes bien. Qu’est-ce que tu aimes comme genre de musique, Alice ?
- J’aime bien… Choppin, et aussi Hans Zimmer.
- Ah, ça je n’ai pas. Je t’en mettrai demain si tu veux. Mais j’ai Rammstein là dessus, tous les albums. Et puis… oh, en fait je n’ai que du vieux. Mais du bon vieux.
- Du bon vieux … ?
- De mon époque. Rammstein, 5FDP, RHCP… Tiens, si tu veux je te le prête pour cette nuit. La musique, ça aide à dormir.

Plus l’allemand chantait, et moins Alice s’imaginait dormir avec sa chanson en fond. Cependant, l’idée était séduisante, et même si le sommeil ne venait pas, Alice pourrait essayer de comprendre cette drôle de boîte.

- Merci, répondit la fillette en retirant l’écouteur. Ça pourrait peut-être m’aider.
- Je vais te montrer comment ça fonctionne, et après tu files au lit. »

Alice hocha la tête, et écouta soigneusement les instructions d’Imogen. Finalement, ce n’était pas si compliqué que cela.

La couverture tirée sur elle, ses écouteurs bien en place dans ses oreilles, Alice était prête à écouter la musique d’Imogen. A la manière de la moldue, son doigt glissait sur le petit encadré blanc, parcourant la longue liste de chanson qui se trouvait dans la boîte rose.
Finalement, elle arrêta sa fouille, attirée par un titre. Nothing Else Matters. Rien d’autre n’a d’importance. Elle cliqua.
Des notes délicates s’envolèrent dans ses oreilles, touchèrent son coeur avec une douceur bienvenue. Il y avait un savant mélange d’instrument, une association qui la touchait au plus profond de son âme. C’était beau, et ce le fut encore lorsque le chanteur se mit à déverser un peu plus de douceur. Ses yeux se refermèrent, son esprit transporté. Chaque paroles coulaient à ses oreilles. Elles n’étaient pas réconfortantes, au contraire : elles réveillaient quelque chose en Alice. Sa rage, sa colère, sa tristesse, son désespoir, mais aussi son courage, ses espoirs, son envie de se battre.

So close no matter how far
Si proche peu importe la distance
Couldn't be much more from the heart
Ça ne pourrait guère être plus près du cœur
Forever trusting who we are
Croyons éternellement en ce que nous sommes
And nothing else matters
Et rien d'autre n'a d'importance


• FIN DU RP •

Sixième année RP - 741B47
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