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13 août 2019, 19:06
 Pensionnat/Leeds  Les pieds dans les maux  Solo 
RP solo se déroulant de mi-mai à fin-août 2044. 

Pensionnat pour jeunes filles dans la ville de Leeds.



Mes souvenirs sont confus et, lorsque j'essaie de les classer, ce sont les mauvais qui me viennent d'abord en tête. Cette chronologie d'événements n'est pas toujours respectée, ils sont inversés et les dates ne correspondent pas, mais tout se déroulent comme je me souviens. Dès lors Lucifer reprend le contrôle, les petites voix reviennent dans ma tête et mes yeux se referment parce que je n'accepte pas encore cette décision. Poudlard me manque déjà, j'aurais aimé être là pour la fin d'année, j'aurais aimé la célébrer à la table de Serpentard autour d'un copieux festin.

Dans cette pièce, je suis prisonnière de ces murs frais et sombres, habillés de toiles d’araignées et de fissures. Mes paupières tombent, et mon esprit consolide une image où j'y vois s’approcher ma mère, Lucy. Je la vois m'annoncer la nouvelle, la mauvaise nouvelle. ¨Pourtant ce fut par une lettre que j'appris que je viendrais ici, à Leeds, pour séjourner dans ce pensionnat pour jeunes filles. Mais pourtant c'est bien elle que je discerne, je suis spectatrice de la scène et vois Lucy en face de mon propre corps, en face de mon ancien-moi qui n'osait pas défier ma propre mère. Mais si j'avais su, j'aurais remuer ciel et terre pour ne pas me retrouver ici. Cette scène tourne en boucle dans ma tête, elle ressemble à un souvenir, mais aussi à un rêve. Drôle de mélange. C'est ce mélange qui commence à m'agacer, je ne suis plus aux commandes de mes envies, je ne peux rien contrôler. Actrice ou spectatrice, avant je pouvais faire tout ce qui me plaisait, tout était permis, mais dans ce cas là c'est différent. 

Infrarouge, un faible rayon de lumière artificiel pénètre mes paupières au-dessus de moi, et des pas en rythme régulier m'empêche de me concentrer. Soudain, je m'extirpe à mes étranges pensées, je suis en alerte, quelqu'un approche. Un grand monsieur me regarde en pointe d’épingle, ses yeux silex me coupe les ailes, et mon visage se crispe d’un sourire. *Sois gentille, sois aimable, sois polie*, les dernières recommandations de ma mère resurgissent et prennent toutes la places. Il y a le silence qui se scelle entre le grand homme et moi sur un pied de guerre, ce pied près à se jeter sur mon dos. Il me parle : des mots en vracs dans mon estomac. 

-"Bienvenue dans notre pensionnat d'excellence pour jeunes filles. dit-il en serrant la main de ma mère qui se lève aussitôt. Moi je reste là, clouée sur ce siège miteux qui sent le vieux sans même prendre la peine de le regarder. Lucy me donne un coup de pied qui se veut discret pour me rappeler à l'ordre. Jee soupire bruyamment et tends la main dans sa direction. Il empoigne fermement mon poignet et l'agite de haut en bas de toute ses forces. Un gémissement s'échappe d'entre mes lèvres. Je récupère ma main dans un piètre état que je peine à fermer le point, il l'a fait exprès l'enfoiré. J'espère que vous avez bien prit connaissance du règlement dans l'une des pages annexes de mon hibou, car même si il est très long, il n'en reste pas moins important. Cette école a pour réputation d'être très prestigieuse et nous aimerions évitez qu'un élément perturbateur vienne l'entacher par je ne sais quelle fantaisie. Son regard se tourne à nouveau vers moi, il est tellement persistant que je n'arrive pas à me défaire de son emprise. *Assez !* Ais-je envie de lui hurler, mais je sais très bien que cela n'arrangera pas mon cas, je suis obligée de rester ici, obligée de contenir mes émotions, mais pour combien de temps encore ? Suivez-moi Miss Cross, je vais vous accompagnez jusqu'à votre chambre." finit-t-il par dire d'une voix tranchante. J'hésite à me lever, comme si j'avais encore le choix, mais ma mère attrape ma valise et moi avec, pour me traîner derrière elle.

Le pensionnat est immense. Pour accéder à ma chambre, on traverse de grande sale orné de portrait tous plus anciens les uns que les autres, me remmenant à une autre aire. C'est un peu vieux jeu, mais la déco est sympa. Après avoir gravit un nombre incalculable de marches, l'homme pointe du doigt le bout du couloir. "C'est celle du fond. Votre camarade de chambre est déjà arrivée, elle vous attend. C'est une ancienne élève habituée, c'est elle qui se chargera de vous faire la visite de l'école." prononce-t-il d'une voix rauque en tournant déjà les talons. Je regarde ma mère en faisant la moue pour lui prendre la main, et je fais le premier pas avec elle. Puis, le deuxième enchaîne avec le troisième, et ainsi de suite, jusqu'à me retrouver en face de ladite porte. Je déglutis difficilement ma salive, regarde à  nouveau maman et frappe timidement contre le bois. Derrière, j'entends un brouhaha inaudible, peut-être un "Attendez j'arrive" et un "Aïe !" dans le vent, mais rien ne peut me le confirmer. 

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j'atteins !
Septième année RP

14 août 2019, 20:05
 Pensionnat/Leeds  Les pieds dans les maux  Solo 
Le cliquetis des verrous retentis, et la porte s'ouvre enfin. Devant moi, une jolie blonde me regarde. Non, elle me dévisage. Légèrement intimidée par sa présence, je détourne les yeux avant que cette dernière ne prenne ma valise pour l'emmener à l'intérieur. Maman me dit au revoir une dernière fois d'un baiser sur le front que je viens par la suite essuyer d'un revers de la main, comme pour m'en débarrasser. J'en veux pas de son bisou, ce sont ceux que je déteste, ceux qu'elle m'adresse lorsqu'elle veut me réconforter, et même si j'en ai terriblement besoin, elle ne m'aura pas cette fois-ci. Elle ne s'en tirera pas aussi facilement, pourquoi est-ce qu'elle est encore là ?  En retour, elle attend que je la prenne au cou pour l'embrasser, mais je n'en ai pas la force, je lui en veux, et tant qu'elle ne m'aura pas sortie de ce trou à rat, je continuerai à lui en vouloir. Une fois que maman s'éloigne, je la regarde partir sans une once de regret, au contraire, je la toise du regard. Un regard qui se veut vif, tranchant, et froid. J'ai encore espoir qu'elle détourne les talons à la dernière minute, qu'elle fasse demi-tour pour me prendre dans ses bras et m'emmener loin d'ici, mais elle n'en fera rien, maman continue de s'éloigner, et je ne l'aperçois plus. Mes yeux sont humides, au moindre battement de cils il est fort probable que mes émotions prennent le dessus en faisant émerger quelques larmes. Le phénomène se produit l'instant d'après, ce qui me met en rogne : je fronce les sourcils, sèche ce que je prends pour de la faiblesse, et rentre dans la chambre numéro 212 pour y découvrir un mobilier et une décoration très minimaliste. Mon dortoir aux tons verts me paraît déjà si loin.

"- C'est pas très grand je sais, mais on fini par s'y habituer, me dit la jeune fille en s'approchant vers moi. Il existe des chambres bien plus grande, mais elles ne sont pas pour nous, elles sont pour les filles plus âgées. Elles sont toujours plus avantagées, mais sous quels prétextes ? L'âge de raison, la maturité ? Même certaines gamines de dix ans sont plus développées mentalement que les plus grandes du pensionnat, de vraies courges, je te jure. Je souris  à sa remarque puis balaye la pièce du regard afin de faire brièvement l'état des lieux. L'odeur de la peinture est si forte que je me chatouille le nez machinalement. Je suivis la blonde sans un mot, un sourire en dit bien trop de toute façon. Hm. Ici, c'est ton lit, et à côté le mien, en face la salle de bains, les toilettes à ta droite, et pour finir ma partie préférée... le balcon ! Pour échapper à la pression, pour prendre une grande inspiration, ou pour calmer tes nerfs, c'est l'endroit parfait. Oh, d'ailleurs je me suis pas présentée, moi c'est Diesel Barnol, j'ai pas de surnom particulier à part "Miss Pipelette" car on dit que je parle beaucoup trop, mais aussi "la vétérante", je suis la plus ancienne résidente de cette prison, je viens pratiquement tous les ans depuis que je suis âgée de sept ans, un vrai bonheur. Quant à toi t'es la nouvelle, Alaska Cross, quatorze ans si je ne me trompe pas. Voilà, maintenant qu'on a passé les formalités, tu peux te changer, ton uniforme est plié au bord de ton lit. La journée est loin d'être fini, je dois encore te faire visiter la prison. Le terme de prison est parfaitement adapté, les barreaux aux fenêtres, l'uniforme, le strict minimum dans la chambre, ainsi que les couleurs ternes et fades en ont tout l'air. 

Mes idées disparaissent aussi vite qu'elles arrivent, alors robotisé, je déplie soigneusement l'accoutrement aux couleurs du pensionnat. Une robe longue bleu-gris à vomir, ornée d'un col claudine aux tons plus foncés, et pour couronner le tout, des boutons noirs qui trace le buste. L'air affadi, je retire mon chandail extrêmement gênée, et dès qu'il retombe sur mes pieds, je me revêtis de l'uniforme.

- Depuis que t'as sept ans ? Et t'as quel âge maintenant ? articulé-je. C'est la seule chose qui m'intéresse pour l'instant. Elle. Diesel. En venant ici, je me suis promis de n’adresser la parole à personne, de ne pas m'attacher, de rester dans mon coin, discrète. Mais Elle, elle m'empêche de tenir cette promesse tant elle m’envoûte par son regard, et sa chevelure blonde. De fausse-blonde plutôt. Il s'agit sûrement d'une coloration, ou d'un sortilège. Je me permets donc de lui demander : C'est quoi ta couleur naturelle ? Diesel m'adresse un énième sourire, un sourire qui parvint à me déstabiliser, et ce sentiment d'impuissance jaillit en moi. Mon cœur est en pleine tachycardie, et mon esprit me joue des tours : alors que j'y voyais Diesel et moi quelques secondes auparavant, maintenant plus rien. J'essaie de comprendre et de décrire ce qui ce passe. Je vois quelqu'un. Une silhouette se déplace, s'approche. *Ulysse ?*. Les violentes pulsations dans ma cage thoracique s'arrêtent. Encore Ulysse qui vient me démêler l'esprit, couper mes idées absurdes. Je me sens soudainement coupable d'avoir consolider cette image par le biais de mon imagination, car même si je ne suis plus avec lui, j'ai encore l'impression de le trahir. Mais il faut se rendre à l'évidence, Nous c'est fini. Ulysse et moi c'est fini. C'est même moi qui ait mit un terme à tout ce qu'on avait construit, mais c'était la seule solution. Je n'aurai pas pu supporter cette distance, lui à Poudlard, et moi dans ce trou à rat. 

- Alaska ? Hé oh, la nouvelle ? *Merde*, je me suis absentée combien de temps ? Assez pour que la blonde le remarque : cette dernière agrippe mes épaules pour les agiter et je reviens peu à peu à la réalité en retrouvant la mobilité de mes paupières. Quel masque exhiber ? Quel jeu prodiguer ? Elle est beaucoup trop déroutante, cette fois-ci je devrais improviser. Y'a quelqu... ? Ah te revoilà, c'était flippant ce regard vide là. J'ai quinze ans, donc si tu calcules bien ça fait huit ans que je pourrie dans cette prison. Elle ricane, mais à sa place je ne sais pas si j'en jouerai autant. Ca n'a pas l'air de lui poser problème tant que ça, si ça fait bien huit ans qu'elle est coincée ici, alors pourquoi afficher ce sourire béat qui ne rime à rien ? Pourquoi même en être fière ? Je suis née blonde, je l'ai toujours été. Mais cette année j'ai eu envie de changement, et j'ai fait appel à un ami pour me lancer un sortilège afin d'obtenir du bleu. Evidemment, ma mère n'a pas apprécié, et encore moins mon père, ce qui était aussi le but d'un autre côté. Mais bon, je n'ai pas pu garder la teinte plus longtemps car tu imagines bien qu'ici, il est interdit d'avoir des cheveux colorés ou tout autre fantaisie. Normalement j'ai aussi un piercing au nez mais j'ai également dû le retirer. Fichu prison. 

Sur à ses mots, Diesel jette un coup d’œil sur sa montre et me supplie de la suivre en vitesse. Sans daigner résister, je m'exécute, sans même me poser de questions. Une défensive qui pourtant, est une pratique habituelle chez moi, et qui m'a sauvé la mise plus d'une fois. Mais les questions s'envolent, et la raison avec, et si elle veut allez où que ce soit, je la suivrai. Je la suivrai non pas parce que mon cœur me le dit, mais plutôt mon corps. La tension physique qui s'est installée entre nous deux est si forte que je ne peux la franchir, et même si j'en ai très envie, j'ignore encore ce qu'elle est, et ce que je veux vraiment. 

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j'atteins !
Septième année RP

27 oct. 2019, 20:38
 Pensionnat/Leeds  Les pieds dans les maux  Solo 
"- On va à la cafétéria ?" Diesel ne tenait plus en place. Comme d'habitude. 
Contrairement à tout le monde ici, elle ne négligeait pas son apparence. Tous les jours, sans exception, elle mettait son uniforme, se tartinait les lèvres d'une épaisse couche de rouge, et coiffait un chapeau de feutre noir piqué d'une plume de paon sur le côté. Il nous était pourtant interdit de quitter le pensionnat, et notre vie sociale se bornait aux résidents de cette prison. De plus, Diesel n'était pas particulièrement sociable et ne frayait spontanément qu'avec Alaska - qui n'accordait la moindre importance à son apparence. Elle était comme ça, toujours coquette et soignée. 

"- Tu as faim ? demanda la brune.
- Non, je n'ai pas faim. grommela Diesel. J'ai juste besoin de sortir de cette chambre. Ca ne te rend pas dingue, toi, de rester enfermée entre ces quatre murs ? Comme tu fais pour ne pas devenir cinglée ? Elle était comme un animal en cage. Et si ça continuait, elle allait attaquer les barreaux de fer de son lit avec les dents. La jeune fille lui répondit :
- Tu n'en fais pas un peu trop ? On est encore libre de sortir dans la cour. Puis... mon père et ma belle-mère vont arriver d'une minute à l'autre. Je dois les attendre. 
- Ils sont trop cool, tes parents. Tu leur as demandé s'ils étaient d'accord pour m'adopter ?
- Mais Diesel. C'est pas mes vrais parents. Enfin, c'est pas ma vraie mère, tu le fais exprès ?
- Je vais demander à être émancipée, rétorqua-t-elle. ...dès que je sors de ce trou à rat. Si je ne l'ai pas déjà fait, c'est uniquement parce que j'ai besoin de l'assurance de mes parents. Elle poussa un gros soupir. Merde, Alaska, gémit-elle une centième fois. J'en peux plus de rester enfermée dans notre chambre."

C'est vrai qu'elles y passaient énormément de temps là-dedans. Même en plein mois d'été, sa peau était toujours aussi blême et livide. La mère d'Alaska avait agrémenté la déco pathétique de cette chambre, pour que ce soit *un peu comme à la maison*. Mais ce ne sont pas des photos de famille, un ours en peluche, ou des fleurs qui allait l'aider à ce sentir chez elle. En l'occurrence, toutes ses bricoles ne faisaient que la conforter dans l'idée que ce séjour ici risquait de se prolonger. 

"- Si on allait au foyer ? suggéra la brune. On pourrait au moins jouer à un jeu en attendant mon père.
- Ah non, pas le foyer ! protesta Diesel. Il n'y a même pas de fenêtres. 
- Tu n'auras qu'à mettre un poster, lui dit-elle. Ca fera comme si il y avait une fenêtre, et en plus elle donnera sur un paysage d'Afrique ou les profondeurs marines. Il y en a pleins dans la bibliothèque.
- Tu ne m'aides pas beaucoup, soupira Diesel. En plus, je suis sûre qu'Egald traîne dans le foyer. S'il me voit, il va encore me demander d'exprimer ce que je ressens.
- C'est bien de s'exprimer, commenta Alaska. Egald dit que tout garder pour soi ça peut nous rendre encore plus fous.
- Depuis quand je garde tout pour moi ? lança Diesel en ricanant. 
- Oui, ça, c'est vrai, admit l'écossaise. Tu n'es pas obligée de rester coincée ici, tu as le droit de te distraire sans moi. D'ailleurs, je suis très bien toute seule. 
- Oh ! Alaska, protesta la blonde. Ne commence pas à jouer les héroïnes. Pas question de t'abandonner à ton triste sort dans cette chambre. 
- Tu as tort. Je t'assure que ça ne me pose pas problème. 
- Tu ne pourrais pas essayer d'arrêter de penser tout le temps aux autres, et admettre que tu ne peux tout simplement pas vivre sans moi ?
- Mvoui. souffla la jeune fille. Son cœur se serra dans sa poitrine, puis, elle vint se blottir dans les bras de son amie pour s'y endormir. 

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j'atteins !
Septième année RP

23 déc. 2019, 15:00
 Pensionnat/Leeds  Les pieds dans les maux  Solo 
"- Diesel, c'est ton tour, s'impatienta Alaska. 
Les deux jeunes filles étaient censées jouer aux échecs, mais la blonde avait décroché depuis une demie-heure et envoyait des textos en pianotant frénétiquement sur son téléphone. 
- Attends une seconde, dit-elle pour la centième fois en levant un long doigt maigre terminé par un ongle rouge sang. Elle se débarrassa de son chapeau noir et se gratta le crâne tout en contemplant les pions qu'elle avait en main. Diesel attachait beaucoup d'importance à son couvre-chef, quand elle l'a sur la tête, elle devient invincible. 

C'était vendredi soir et les gens de leurs âges étaient de sortie : ils vont au cinéma ou à des soirées, ils passent du temps à l'extérieur, profitent de la chaleur de l'été. Elles, elles étaient enfermées dans cette prison. Diesel tapa un dernier texto, un sourire diabolique aux lèvres. Quant à l'écossaise, elle s'amusait à empiler ses pions sur la table de lit qui leur servait de plateau de jeu. C'était ça, leur sortie du vendredi soir. Alaska détourna les yeux vers la fenêtre. 

- Je crois que les vautours sont de retours, dit-elle. 
Diesel se leva et alla regarder les fourgonnettes garées dans le parking. 
- C'est pour quoi, cette fois ? demanda-t-elle.
- Un petit garçon de trois ans, orphelin. dit une voix derrières elles, qui les fit sursauter. C'était Egald, le surveillant de nuit. Elles pourraient commenter l'affaire en disant que c'est triste, mais à quoi bon ? Oui, c'est triste... Mais ce bâtiment était déjà plein de tristesse. La blonde leva les yeux de son téléphones.
- Alaska, tu viens de prendre tes antalgiques, non ?
- Tu étais là quand l'infirmière me les a donnés, il y a dix minutes. 
- Ta prochaine dose, c'est dans quatre heures ? Ou plutôt trois heures et cinquante minutes ?
- Oui. Pourquoi tu me demandes ça ?
Mais Diesel ne répondit pas et se tourna vers Egald avec un air résolu :
- Egald, c'est le moment ! annonça-t-elle. 
- C'est le moment ? répéta Egald d'un ton alarmé. 
- Le moment de quoi ? s'interrogea la brune, mais de quoi parlaient-ils ? 
- Diesel, tu es sûre ? reprit Egald. 
- Oui, Egald, j'en suis sûre. Quelle question idiote ! Tu sais bien que je sais toujours ce que je fais. Allons-y, le temps passe, il ne nous reste plus beaucoup de temps.

Egald ne bougea pas. Il était tétanisé. Alaska crut d'abord que c'était encore un mauvais tour qu'ils lui jouaient, puis il lâcha :
- Je sais pas, Diesel. Je sais pas si c'est une bonne idée.
- On le fait pour Alaska, insista Diesel d'une voix douce. Ne l'oublie pas.
- D'accord, acquiesça-t-il. 

Diesel se laissa glisser de son lit, s'avança jusqu'à la porte, jeta un œil dans le couloir, de chaque côté.
- La voie est libre, leur lança-t-elle d'un ton de conspiratrice. Puis elle disparue. Alaska se tourna vers Egald. 
-  Qu'est-ce qui se passe ? Il haussa les épaules à sa question et lui adressa un sourire résigné. Diesel était déjà revenue avec un fauteuil roulant. Heu... Elle ne savait pas quoi dire. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui se tramait. 
- "Heu...", c'est le mot juste, approuva Diesel. Comment fait ton pour t'installer dans ce machin ?
- Dis moi d'abord ce qui se passe. Vous voulez m'emmener où ? 
- Non. On ne te dira rien, ça fait partie du pacte.
- Quel pacte ? 
- Celui qu'on a conclu quand on est devenues amis toutes les deux. Tu ne te souviens pas ? J'ai le droit de te bousculer de temps en temps, sans préavis, et tu dois suivre sans poser de questions. Tu as signé.
- Allez, coupa Egald, dépêchez-vous. Alaska ignorait ce qu'ils avaient comploté, mais c'était sûrement interdit, parce qu'Egald n'en menait pas large.

- Tu as entendu ? lui demanda Diesel. Allez, active. Mais la brune hésita. Ils mijotaient quelque chose de sérieux, ça, c'était sûr, et avec Diesel elle s'attendait à tot. Elle était capable du pire comme du meilleur, et c'était justement ce qui l'inquiétait : elle craignait le pire, mais ne voulait pas non plus passer à côté du meilleur. Elle tenta de sonder ses yeux noirs : ils brillaient d'excitation, mais ça ne lui disait pas ce qu'elle avait en tête. Allez, Alaska, insista-t-elle d'une voix douce qu'elle ne lui reconnue pas. Qu'est-ce qu'on a à perdre ? Après tout, elle avait raison. Au point où ils en étaient... La jeune fille leur expliqua comment manipuler sa jambe et les divers accessoires auxquels elle était branchée. Diesel lui libéra précautionneusement des poches liquide suspendues à la perche de perfusion. Tu pourras boire de l'eau comme une personne normale pendant quelques heures ? demanda-t-elle. 
- Il faut qu'on se grouille, dit Egald. Il prit un air très effaré, ça l'aidait à surmonter sa crainte. 
- Tu as raison, approuva Diesel d'un ton docte. Passons à la phase deux : Egald, va faire diversion. C'est pareil que de jouer la comédie. Tu aimes ça, jouer la comédie ? Imagine que tu es en train de faire tes débuts à Broadway et que tu es un grand acteur dans le rôle d'un ninja. Egald prit une profonde inspiration et sortit dans le couloir.
- Holly, appela-t-il en direction du bureau de l'administration. Je peux te parler ? 


- Tu es prête ? demanda Diesel à Alaska. 
- J'en sais rien, mais on va faire comme si. La blonde lui sourit et répondue :
- Excellente réponse. Elle s'approcha son fauteuil de la porte. De là où elles étaient, elles entendaient Egald raconter à Holly qu'il était constipé depuis cinq jours. Les deux amies avaient besoin de tout leur sang-froid pour ne pas éclater de rire. Elles avancèrent leur tête et Egald leur fit signe, pouce levé, quand Holly disparue pour aller au poste de soins des infirmières. Diesel ne perdit par une seconde et poussa son fauteuil dans le couloir, à l'opposé, vers les ascenseurs. Elle appuya sur le bouton d'appel pour descendre et elles attendirent ce qui leur parue une éternité. Alaska prit soudainement conscience qu'elle se sentait vivante, pour la première fois depuis très longtemps. Ce bourdonnement en elle, c'était de l'adrénaline. Elle ne se doutait pas que son corps était encore capable d'en produire. 

L'ascenseur arriva finalement au moment où Holly revint avec un médicament pour Eglad, et elles avaient juste le temps de s'y engouffrer sans qu'elle les voie. Elles étaient toutes les deux haletantes. Diesel, c'était l'excitation, mais Alaska semblait réellement à bout de souffle. 
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Rien, lui répondit-elle. Mais elle était pâle et s'adossa contre le fauteuil. Diesel l'avait déjà vue en mauvais état, mais en général la jeune fille parvenait à garder une attitude de battante, même quand elle vomissait ou titubait de fatigue et de faiblesse. C'était sans doute la première fois qu'elle la voyait abandonner son mordant. 
- Tu n'as vraiment pas l'air bien, Alaska. On devrait remonter. 
- Non ! protesta-t-elle avec force. On ne remonte pas. Pas maintenant. Tu vas jusqu'au bout de ce que tu avais prévu pour moi. 

Les portes de la cabine s'ouvrirent. Par chance, le bureau d'accueil n'était pas face aux ascenseurs, et elles profitèrent du remue-ménage créé par les résidents pour filer sans se faire remarquer par une des portes latérales. Dehors, la nuit était claire et fraîche. L'air vif semblait faire du bien à Alaska, qui reprit aussitôt des couleurs. Diesel poussait son fauteuil, elle contournait rapidement le bâtiment en direction de la petite colline. 

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j'atteins !
Septième année RP

30 déc. 2019, 18:09
 Pensionnat/Leeds  Les pieds dans les maux  Solo 
Diesel hissait lentement son fauteuil jusqu'en haut de la colline en quittant le sentier. C'était parti ! Alaska ne savait pas où, mais c'était parti. 

"- Tu es en train de m'enlever, c'est un délit grave. Tu en as conscience ? demanda-t-elle ironiquement.
- Désolée de t'avoir kidnappée, s'excusa la blonde, ça va, devant ?
- Oui, ça secoue un peu. 
- Tu ne vas pas vomir, au moins ? s'inquiéta Diesel. 
- Je ne crois pas. 
- Bon, finit-elle par déclarer. J'ai une question très importante à te poser : tu aimes quoi, comme style de musique ?
- Comme style de musique ? Je ne sais pas, je crois pas en avoir. J'écoute de tout, ce qui passe à la radio.
- Ah non ! s'exclama-t-elle. C'est inacceptable ! Je me doutais que tu écoutais de la merde, poursuit Diesel. Et c'est pourquoi je t'ai préparé un cours, Cross. J'ai ici une cassette avec une compil enregistrée tout exprès pour toi. Parce que je t'aime, Alaska, et que je me soucis de ton salut musical. Bon alors, si tu écoutes la radio, tu es gavée de chanteurs dit "romantiques" et de chanteuses qui suivent les conseils de leurs producteurs en essayant de percer. C'est bien ça ?
- Tout à fait.
- Eh bien, tu les oublies, dit-elle en ricanant. Moi, je vais te faire écouter de la musique, de la vraie. Avec des nanas qui prennent leur guitare pour écrire et chanter. Tu saisies ? 
- Je crois oui.
- Non, tu saisis pas. C'est pour ça que je t'ai préparé cette compilation. Je lance le premier morceau qui déchire ! Puis, tout en arrêtant de marcher, elle attrapa un sac en plastique de sous mon fauteuil où elle inséra la cassette dans le lecteur. 

Le morceau commençait avec des percussion et une ligne de basse. Puis, une frêle voix de jeune fille se mit à chanter. Elle parlait de rassemblement sportifs, des rêves d'adolescents... Puis des guitares électriques venaient se greffer sur la mélodie, le rythme s'emballait. Diesel chantait aussi. Elle avait une voix intense et mit beaucoup de conviction à brailler des paroles qui conseillaient d'aller jusqu'au bout de ses rêves, en dépit de tout, pour ne pas devenir fou. Elle avait monté le volume si fort qu'Alaska sentit vibrer les basses jusque dans la moelle de ses os. 

- Tu entends ça ? hurla Diesel. Tu entends cette rage ? Cette fille dégage quelque chose de magique. La brune entendait oui. Et elle sentait. Elle était bloquée dans ce fauteuil roulant, mais elle crut bien ne jamais s'être sentie aussi libre. Quand la chanson se finie, Alaska se rendue compte qu'elle tremblait. Mais ce n'était pas parce qu'elle avait froid. Elle tremblait d'émotion. Cette chanson c'est mon hymne, dit Diesel. Elle critique les moutons, les gens qui obéissent aveuglément, qui se font bien voir, qui ne sont que des hypocrites. La blonde enchaîna en annonçant la chanson suivante, qui d'après elle était une chanson d'amour qui n'avait rien à voir avec les habituelles, que cette chanson là parlait d'amour torturé. Ces nanas sont de vraies artistes, elles vivent pour la musique. Elles n'ont pas voix parfaites, et parfois elle forcent un peu trop mais c'est ce qui les rend intéressantes. 

Alaska ne s'était jamais sentie autant en sécurité, même si elle devrait plutôt flipper d'avoir fugué l'internat, ou plutôt de s'être fait enlevé par son amie. Elle était dans un monde protégé, où seules existent la musique et la voix de Diesel. Pourtant, quand elle voulue chanter à tue-tête la dernière chanson, elle s'arrêta vite, à bout de souffle.

- C'est l'altitude qui me gêne, dit-elle. Elle essayait de donner le change, mais la vérité, c'était qu'elle n'avait plus de force pour chanter parce qu'elle était trop malade. Cette musique l'avait galvanisé, et lui avait donné l'impression d'être invincible, mais malheureusement ce n'était qu'une illusion. 

Diesel arrêta enfin son fauteuil, et les lumières de Leeds s'étendaient à leurs pieds. La pleine lune se reflétait dans l'eau de la baie. La ville brillait de mille feux. Elle étincelait. Les rues vibraient de lumière et semblaient battre comme des artères. Depuis leur hauteur, la ville était un immense corps sain. Elles n'y voyaient ni la saleté, ni le crime, ni la pauvreté qui pouvait la ronger. Tout était parfait. Les deux jeunes filles demeurèrent silencieuses un moment, à contempler ce paysage. Diesel semblait calme, mais Alaska elle, remuait. 

En glissant je viens, en rusant je vaincs, le sommet j'atteins !
Septième année RP