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27 nov. 2019, 15:42
Le Dullahan  Solo 

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Illustration de BINHONG XU

Octobre 2037 - FLASHBACK
Prologue
L’horloge affichait 21h30 sur la grande et unique horloge de la maison. Chems était pendu aux lèvres de son père, les yeux élargis de fascination. On aurait pas pu autant en dire de son grand frère Aidan, qui, accoudé sur le canapé, faisait mine de regarder les images passant à la télévision, trahit par ses yeux trop incertains sur la direction où se poser. Ça ne faisait que plus sourire Fehin. Chems était toujours une oreille attentive à ses histoires, mais Aidan lui, en grandissant, avait perdu la curiosité de son petit frère. Les avoir tout les deux à l’écoute était plus d’une précieuse occasion.

« C’est un esprit libre qui parcourt l’Irlande sur son grand cheval. Une fée maléfique, sans tête et qui recherche ceux qui ne veulent pas écouter leur parent… entre autre » L’adulte lança un rictus en biais au cadet, une lueur amusée au fond de ses yeux verts. La chair de poule remontait déjà au concerné en regardant l’extérieur de la fenêtre du salon. Il faisait nuit noire, un vent léger faisait trembler quelques fois une vitre —le temps annonçait la pluie— mais mise à part pour le grincement des volets et le bruissement des feuilles d’arbre, aucune ombre, aucun mouvement suspect n’était visible de dehors. Pourtant, l’imagination florissante et sollicité par les mots de son père, le plus jeune croyait voir des choses. Chems s’insurgea donc, la voix bancale :

« C-c-c’est pas vrai, tu dis ça pour faire peur. En plus, il pourra voir personne si il a plus sa tête... 

- Que tu crois! rebondit aussitôt Fehin en grondant, sans jamais se départir de son sourire, et remonta ses lunettes rondes sur son nez. Mais son cheval noir voit tout pour lui. En plus… » L’adulte marqua une pause atroce, s’amusant de voir Chems déglutir et Aidan délaissé la télé. « Il garde toujours sa tête dans sa main gauche. Et parfois, il la soulève comme une lampe pour veiller sur les champs et les forêts »

L’image était si glaçante pour le plus jeune qu'il en couina, ne pouvant plus lâcher les fenêtres des yeux, dans l'expectative de voir ce fameux cavalier sans tête casser les vitres pour rentrer chez eux d'une minute à l'autre. Instinctivement, sa main se referma sur un coussin. Surement qu’il le fera tomber de son cheval avec ça! « D’ailleurs en parlant de champ, Chems, poursuivit son père, la voix soudain bien plus sévère. Miss Tierney est venu me voir tout à l’heure… »

Sans que l’adulte n’ait besoin d’aller plus loin, le garçon de six ans comprit où se dirigeait la phrase.

En plus du ricanement agaçant d’Aidan, Chems ne manqua pas les deux lasers que sa mère lui lança par dessus  le comptoir de la cuisine en entendant le nom de leur voisine toujours bien trop prise pour cible par les bêtises du garçon. Le dullahan, de passage dans la conversation, disparut bien vite des préoccupations. Cependant, l’heure du coucher arrivé, Chems n’était pas parvenu à fermer l’oeil cette nuit. Là, collé sur sa rétine, cette silhouette dont le cou ne tenait aucune tête. Et parfois même, il croyait voir son ombre entre deux arbres, derrière la fenêtre de la cuisine, ou encore dans l’entrebaillure de la porte de sa chambre...

In my defense, I was left unsupervised
7ème année RP - Game On

26 déc. 2019, 17:43
Le Dullahan  Solo 
20 Juin 2044
King's Cross - Londres
Rebondissaient cris et rires sur les dalles ambrées de la grande King’s Cross. Une foule inconsciente, de passage dans ce carrefour reliant l’écosse et l’angleterre. L’horloge surplombant la gare affichait à peine midi et quart... C’était l’heure d’arrivée d’un train particulier que tous les quaies n’avait tous pas la chance d’accueillir.

Entres les plateformes 9 et 10, se dissimulaient l’aménagement pour recevoir le poudlard express, venu de pré-au-lard, sans une escale. On se trouvait pourtant dans la même gare, mais traversé le passage de pierre magicalement induit, l’atmosphère était tout autre.

Comme la face d’un penny était sombre quand son côté pile était exposé à la lumière, king’s cross était similaire. La part moldue de la gare était bruyante et lumineuse presque autant que son revers sorcier était morne, sombre et froid.

Le plus triste de cette histoire, c’est que les choses n’avaient pas toujours été comme ça.
C’est triste…

Le poudlard express entrait enfin à la gare King's Cross, et depuis son départ de pré-au-lard, pas une seule fois, le garçon n’avait levé la tête de son poing, posé sur le rebord de la fenêtre du train. Sans se soucier de sa joue engourdie, Chems se repassait le départ pour les grandes vacances et les derniers jours de sa deuxième année. Combien ceux-ci étaient différents de la première avec cette ambiance morose qui s’était répandu dans le grand château. Pas de barbecue cette fois, le coeur n’y était pas... pour personne... Ils étaient moins nombreux à prendre le train avec tout ceux qui allaient passer leur vacances à Poudlard, Chems avait même trouvé une cabine pour lui seul! Mais passé la réalisation de cette situation inhabituelle, ce n’était pas bien enthousiasmant finalement. La dame aux bonbons n’était même pas passé pendant le voyage. Encore plus nul… Il expira profondément par le nez en sentant le train freiné. À travers la vitre, plusieurs silhouettes sombres se tenaient sur le quai, surplombant les parents. “Je crois que ces gens sont la raison qui empêche les sorties à Pré-au-lard. Je crois que ce sont des agents du nouveau ministère. Je suis certain... Des manteaux noirs” Les mots de Rufus résonnèrent dans sa mémoire. Il fronça les sourcils. Jusqu’à présent, il n’avait pu les voir qu’à travers la lunette d’un des télescope de la tour d’astronomie. 

Le sifflement du train à vapeur le sortit de sa contemplation. Rapidement, il vérifia ses poches pour s’assurer que sa baguette était bien toujours sur lui et récupéra sa robe de sorcier jeté en boule sur la banquette d'en face. Il n’avait qu’une hâte, revoir son père, même ce casse pied d’Aidan, et retrouver la gaieté de leur bicoque rafistolée.  Il commençait à étouffer de magie.

D’habitude, dès qu’il posait un pied en dehors du train, il était toujours surpris de trouver l’air plus chaud qu’à l’intérieur de la locomotive, un brouhaha enfiévré et chaleureux cueillait les élèves à la sortie. Pourtant cette fois, un coup de vent glacé lui donna la chair de poule alors qu’il n’était pas encore tout à fait à l’extérieur. L’ambiance était définitivement différente. Il y avait plus de chuchotement que de cris et de rire. Les gens semblaient tous si sérieux. Chems ne se perdit pas plus longtemps en rêverie et roula précipitamment sa valise vers le dernier pilier du quai 9 ¾. Avec son père, ils avaient convenus qu’ils se retrouveraient toujours là, puisque la foule était toujours si dense vers le milieu du quai. On aurait pas pu dire la même chose maintenant, avec la présence des manteaux noirs. Plus il approchait du pilier de ferraille, plus son coeur s’accélérait. 10 mois sans se voir, et autant sans nouvelle.

Cependant, la personne qu’il trouva debout là n’était pas son père.

Là où s’affaissait habituellement la figure de son mari, Leyla Daley, le dos et les épaules droites, se tenait à sa place, à quelques centimètres de la surface de fer. « Maman ? » Elle n’était pas surprise par la sidération de son propre fils. Comme aurait-elle pu? Elle n’était jamais venu l’attendre à la gare ni à l’école moldu d’ailleurs. Pas encore remis de sa surprise et celle-ci passait déjà ses bras autours lui dans une étreinte rigide qui figea Chems d’autant plus lorsque le souffle de sa mère rattrapa sa stupeur au vol. « Ton père et ton frère nous attendent dans la partie public de la gare » chuchota-t-elle en brisant l’étreinte, laissant ses mains sur ses épaules. « Pourquoi? » s’enquit le garçon.

« C’est plus sûr ».

Chems chercha silencieusement une autre explication, mais sa mère ne le regardait pas…ou plus; ses pupilles voyaient plus loin que lui. Curieux, il tourna la tête par dessus son épaule alors que Leyla se relevait. Un manteau noir s’approchait avec la légèreté d’une ombre. Son vêtement était si ample qu’il couvrait tout jusqu’à ses pas. La pensée saugrenue qu’il puisse trébucher détendit à peine Chems. Des papiers passèrent de la main de Leyla à la sienne, qu’il ouvrit s’en plus de cérémonie. Mais ses yeux semblaient sans cesse être attiré sur autre chose. « Et vous êtes de… ? » demanda-t-il après avoir fixé intensément le visage de sa mère qui répondit, aussi stoïque qu’elle l’avait toujours été: « Irlandaise par alliance ». Le manteau noir semblait faire mine de ne pas l’entendre, ses yeux ayant promptement retrouvés les pièces d’identités dès lors qu’il eut reçu sa réponse, et ses mots suivant jaillirent presque moqueusement: « Tout s'explique ».

"Faut pas trop t’en demander toi…" songea Chems, retenant à peine une grimace. Cette pensée s'était à peine évadé que derrière l’ombre de son chapeau, les deux billes noires du manteau noir bifurquaient des papiers  d’identité de sa mère à lui. Le garçon en sentit sa colonne vertébrale se rigidifier instantanément. Le timing était d’un parfait que l’irlandais pensa que ce manteau noir avait pu l’entendre, du fond de ses pensées. C’était suffisamment angoissant d’imaginer ne plus avoir l’intimité dans son propre esprit, alors inconsciemment, il eu un mouvement de recul, s'apprêtant à prendre un pas en arrière alors que l’immense silhouette se penchait sur lui, lui bloquant le soleil ainsi que tout échappatoire.

« Quand à toi, comment t'appelles-t-on? »

La gorge complètement sèche, Chems ouvrit la bouche. Si il y avait une chose qu’il pouvait faire par automatisme, c’était au moins dire son prénom. Mais au moment de solliciter sa voix, il ne la retrouva pas.

« Killian. »

Il aurait juré avoir sentit sa mère s’approcher, se placer d’un pas à peine plus en avant que lui, mais il était trop obnubilé par les deux yeux sombres et brillants sous cet immense chapeau. Dans sa crainte germa sa curiosité, alors qu’il cherchait à distinguer les traits de cet homme si sombre et étouffant. Peu importe ce qui avait poussé sa mère à donner son deuxième prénom à l'instar de son premier, Chems s’accorda à suivre aveuglément cette décision sans se laisser surprendre par celle-ci tant son attention était focalisé sur l’homme en noir. Il haussa la tête, avala sa salive, répétant le prénom peu familier.  « C’est au moins ça » sembla grondé la voix du contrôleur en se redressant. L’irlandais en sentait déjà plus d’oxygène arrivé à ses poumons d’avoir le manteau noir à distance. Les papiers passèrent de main après ça et, abaissant le devant de son chapeau anormalement écrasant comme salut, dit avec toute la rigidité du monde : 

« Soyez sûr de profiter pleinement de ses vacances » 

Ô combien Chems aurait voulu faire un commentaire, ô combien il se serait prit à cracher silencieusement une remarque. "On a pas besoin de ton autorisation. Vas là bas. J’espère que ça ne sera pas le cas pour toi. " Mais il craignait bien trop de voir encore cet homme, par il ne savait qu’elle force, se retourner, et de ses yeux perçant, lui faire comprendre qu’il avait le pouvoir d’entendre ce qu’il n’était pas censé entendre. Comprendre ce qu’il n’était pas censé comprendre. Chems le voulait loin, ne voulait plus rien avoir à faire avec lui pour l’heure, le mois et les années à venir. Mais un rapide coup d’oeil sur le quai occupé par les figures sombres, la face sombre de quelques parents, et l’appréhension similaire à la sienne qui lisait sur le visage des élèves revenus de Poudlard, l’angoisse pour certains même, écrasèrent avec la semelle d’une botte de géant, ses espoirs audacieux.

« Donne moi ça » le pressa sa mère en prenant de sous son bras sa boule de robe de sorcier qu’elle plongea rapidement dans son sac bien trop petit. Le vêtement n’opposa aucune résistance, comme il ne déforma aucunement le sac de Leyla mais Chems n’était plus là pour le voir à ce moment puisque, devant le passage de sortie vers la partie moldu de la gare, le garçon piqua un sprint, si seulement ce n’était pas que pour fuir cette atmosphère horrible, se convaincre que l’envie de revoir son père primait sur son malaise d’être en présence des manteaux noirs. Chems savait qu’il n’avait pas couru aussi vite pour le traverser l’année dernière. 
Aussitôt le passage entre la gare sorcière et moldue franchit, sa prudence vola en éclat. Le bruit, la précipitation, la chaleur… chaque détails différents au quai du poudlard express était un réconfort d’ajouter à sa carte. Chems serait resté le nez en l’air à regarder le motif en croisillon du plafond de la gare King's Cross si sa mère ne l’avait pas invité à avancer d’une main entre les omoplates. Il suivit distraitement les pas de celle-ci, plus captivé que jamais par l’ambiance de la gare, ses yeux se promenaient partout.
Sa progression et sa bougeotte prirent fin à l’arrivée d’une grande main aux doigts osseux saisissant le dessus de son crâne, le forçant à regarder droit. Un sourire de requin scinda le visage de Chems en deux.  

« Qu’est-ce que t’as à regarder partout comme ça. On dirait une figurine à tête branlante » railla la voix moqueuse d’Aidan dans son dos. 

Le garçon de 12 ans se mordit la lèvre inférieure, sentant monter en lui un enthousiasme qu’il avait déjà du mal à contenir, levant son propre pied pour marcher sur ce qu’il savait être celui de son grande frère en guise de salutation et de réponse en bonne et due forme. Mais une autre voix ralentit efficacement sa tentative. Une autre voix rassurante, chaleureuse, grave, bienveillante, une voix qui lui avait bien trop manqué.

« Shhh- Repose tout de suite et gentiment ce pied sur le sol, pas de geste brusque p’tit monstre. »

Son grand frère lâcha sa tête, non sans la pousser sèchement en avant mais Chems ne releva pas l’agacement manifeste de ce geste. Malgré les mèches gênantes étant tombés devant ses yeux de la manoeuvre d’Aidan, elles ne l'empêchèrent en aucune façon de voir son père, le visage aussi souriant que le sien malgré son avertissement, deux sac de viennoiserie dans chaque mains. Le poufsouffle sentit ses yeux s'humidifier et passa rapidement le dos de sa main dessus. Il en oublia presque tout de l’année sans nouvelle qu’il avait passé à Poudlard, de l’inquiétude qui lui avait noué l’estomac chaque nouvelle nuit au château.

Enfin il était là. Enfin il était rentré... Et c’était ce qui comptait le plus dans l'instant.

In my defense, I was left unsupervised
7ème année RP - Game On

11 sept. 2020, 15:45
Le Dullahan  Solo 
20 Juin 2044, 5 heures plus tard
Holyhead → Dublin
La ville de Holyhead était un tronçon, un passage dont le port ouvrait l’accès à l’Irlande et sa capitale. Mais, à presque 300 miles de Londres, comment s’y rendre? La grande King’s Cross, de tout son large réseau, ne touchait pas du bout des doigts la communauté. La gare d’Euston par contre, offrait cet aller, elle seule donnant accès à la ville portuaire et ses ferries à destination de l'Irlande.
Quatre heures de trajet pour quitter le territoire britannique et le garçon, dont s’était à peine achevé sa deuxième année à l’école de sorcellerie Poudlard, se désolait d’avantage de constater que son deuxième train était d’une ambiance similaire au premier.
L’écume blanche laissait une trace mousseuse derrière le bateau s’éloignant du port de Holyhead. Chems avait rejoint la poupe depuis qu’il était monté sur le ferry en compagnie de son père et de son grand-frère, mais pas de sa mère. Leyla les avait quitté avant d’entamer le trajet du retour, n'ayant fait le déplacement en réalité que pour éviter que son mari ne risque le blanchissement complet de mémoire. Son départ avait eu le don de tarir l’excitation des toutes récentes retrouvailles laissant un vide, un trou formé par le gigantesque non-dit qui avait régi toute la deuxième année détude du garçon et avait ressurgi comme une tonne de brique dès lors que la maman les eut quitter. 

Six mois d’absence pour autant de silence, et pendant 4 heures de train, de Euston à Holyhead, que ce soit pour son papa comme pour Aidan, personne n'avait pipé mot sur la raison de ce silence, ni même sur le tremblement de terre qui avait secoué le monde de la magie. Cette situation donnait à Chems l'irrépressible envie de se tirer les cheveux mais il était de trop anesthésié par l’insensibilité de sa propre famille pour faire autre chose que regarder les vagues, désabusé. Au milieu d’un triangle équilatéral d’émotion, un sommet représentait son irascibilité; sa colère d’avoir été laissé sans une lettre pendant presque six mois, un autre son inquiétude déchirante; ce désespoir pendant la même période, et enfin, le dernier sommet, la consolation et le soulagement infini d’être enfin leur présence, tous sain et sauf, ils rentraient à la maison... Il avait bien vérifié que tout ça n’était pas qu’un beau rêve, une utopie inquiétante, en se pinçant le dos de la main plus de fois qu’il n’était nécessaire. 

Dans cette réalité crue, le comportement de son père et de son frère étaient décalés… dilués… La personne la moins étrange encore dans ce maelström était paradoxalement celle qui avait toujours été la plus indifférente dans sa vie… sa mère. 

« Tu sais que tu m’as fais faire tout le tour du bateau, lui parvint, dans son dos, la voix de son père.
- C’est bien.
- Hey, arrange-moi ce ton. Maintenant. Disait silencieusement Fehin de sa voix toujours posée. La condescendance ne passerait pas. Chems rentra un peu plus sa tête dans ses bras en l’entendant. Qu’est-ce qui t’as pris de t’éclipser comme ça? Ça ne te coute rien de me prévenir au lieu de t’enfuir comme un voleur et nous laisser nous inquiéter. »

Réflexion auquel le garçon ne répondit que par un “d’accord” et "désolé" moufler dans un mmfhh éloquent qui ne tira qu’un soupir fatigué de son père, celui-ci se déplaçant déjà pour se poster à côté de son fils, reflétant sa position accoudé à la rambarde.

« Pourquoi cette petite mine? Ça ne te ressemble pas. »

Chems leva les yeux, s’échauffant légèrement. Pourquoi? Sérieux là? Que son père ne le regarde pas, préférant visiblement scruter la terre s’éloignant, renforçait l’offense. Qui des deux devait dire pourquoi? La main du plus jeune enserra un peu plus le métal froid de la rambarde.

« Je devais rentrer pour Noël et maman m’a envoyé un hibou pour me dire que je pouvais pas, contra le garçon en mettant bien l’emphase sur “maman”. Maman qui n’envoyait jamais de lettre. Papa, on avait prévu ça depuis les grandes vacances. La lettre que vous m'avez envoyer pour m'obliger à rester au château pour Noël ne disait pas pourquoi ! » dérailla son irritation.

Depuis ces deux tigres dans le couloir, depuis que l’école s’était isolé aux milieux des eaux et couverte du ciel, depuis que des hiboux revenaient dans la grande salle le plumage fumant et des lettres éventrés dans leur bec, mais jamais un seul n’avait atterrit pour lui. Ça n’avait pas été la nervosité qui l’avait empêcher de dormir ou bien le stress de la veille d’un contrôle, comme il semblait vouloir s’en convaincre inconsciemment.

Il avait eu peur...

« Pourquoi me dire de pas venir ? Pourquoi ne pas me dire pourquoi? Et pourquoi… pourquoi ne pas me répondre? J’ai pratiquement vidé la volière !! » Je me suis fait un sang d’encre ! « J’ai envoyé… pleins, pleins pleeeins de hiboux. Il y en avait un marron avec des plumes un peu beige tu vois? Puis un autre aussi, moucheté un peuuu... gris foncé, vous l’avez pas vu passer celui là? Gris tu sais, bizarre même, comme—
- Chems je sais je sais j’ai compris.
- Ba alors! rouspéta le garçon d’un air crédule en laissant claquer ses bras le long de son corps. Je...pourquoi… je-...je comprend pas ? »

… très peur.

Le ferry avait pris de la vitesse et un courant d’air faisait voler écharpes et vêtements des passagers sur le pont du bateau, mais il ne faisait pas froid. Il ne faisait pas froid pourtant Chems s’était mit à trembler. Trembler comme jamais la neige de l’avait fait trembler. Même lui n’y comprenait rien, frottant ses paumes entre elles pour chercher… quoi ? Un peu de chaleur? Le soucis était une sensation bien plus frigorifiante qu’il ne l’avait cru. Son nez se mettant à couler, il renifla piteusement sans se rendre compte que ce n’était pas la seule chose sur son visage qui s’était mit à ruisseler. L’espace de quelques minutes, il était de nouveau tout seul, encore sans un signe de sa famille, à brasser dans une mer sombre sans même voir l’horizon. La boule au milieu de sa gorge qui s'était forgé depuis décembre était si monstrueuse qu'il mit beaucoup plus de temps pour réussir à faire passer une goulée d'oxygène satisfaisante.

« Ça va mon bonhomme, tu es là maintenant. Avec nous.
- Non ça va pas, susurra-t-il, la voix étranglée, exclusivement pour les oreilles de son père. J’ai cru qu’il était arrivé quelque chose. » Immensément peiné et tout aussi irrité, appréciant moyennement les quelques regard indiscret qu’ils recevaient maintenant, Chems tira frénétiquement sur le bout de ses manches, clignant vite des yeux pour tenter de les débarrasser de leurs larmes, il ne réussit fatalement qu’à les faire se dévaler d'avantage. La friction sur ses bras, et les “tout vas bien” le firent doucement atterrir. Et seulement alors, il se rendit compte que le visage de son père était à son niveau maintenant. Qu'ils étaient tout les deux bien plus éloignés de la rambarde et que l’adulte avait mit un genou à terre. Chems ne se souvenait pas d’être arrivé à cette position, et en outre, que son père avait autant vieillit. Son visage si proche du sien, il constatait des marques qui n’avaient pas été présentes un an auparavant. Les deux poches violacées tombants d'une paire d'yeux souligné par plusieurs plis plus creusés que jamais, et son teint blafard... Le garçon resta abasourdit devant la misère qui était passé sur son père, non seulement ça, mais par son propre aveuglement également. Dès lors, il n'était plus qu'à deux doigts de pleurer une nouvelle fois. 

« Il est arrivé quelque chose, tu le sais, le corrigea doucement Fehin en confrontant les yeux humides de son fils pour la première fois depuis qu’il s’était retrouvé. Il se passe encore des choses graves. La situation commence a changé ». Ce regret et cette peine suintant de ces mots terribles achevèrent de le déchirer en deux. Le monde magique qu’il avait apprit à aimer se dissolvait, disparaissait sous les coup de mortier d’Ursula Parkinson. Il n’y avait plus de place pour le moldu dans la magie. Lui qui avait tout appris de son père, d’avoir sa confirmation définitive maintenant, directement de cette bouche qui lui avait conté mille et une histoire sur le monde des sorciers avec tant d’émerveillement, était un violent coup dans son moral fragilisé. « Ta mère cherche à éviter.... l'exposition. Avec le nouveau conseil et sa surveillance tu comprends ?  » Fehin avait du mal à trouver ses mots, hésitant dans tout, même dans ce qui avait alimenté tant de ses passions jadis. Chems baissa les yeux sur ses pieds sans pouvoir supporter d'assister à l'anéantissement d'un idéal. 

« Il y a autre chose. »

Laborieusement, éreinté, il releva la tête sur une bouche muette qui s'ouvre et se referme sans rien dire. « Et bas quoi alors? » s'impatiente le garçon. Suivant le stimulus involontairement rude de son fils, Fehin réajusta sa position et renifla, mais le poufsouffle est trop bousculé pour être sensible à l'avertissement du regard que lui lance son père. 

« C'est à propos de ton frère. »

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