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19 janv. 2020, 17:56
 Stratford-upon-Avon  Déliquescence...  Solo   RPG++ 
12 Octobre 2039 – Stratford-upon-Avon


Un sourire. Un simple sourire.

Tel était le cadeau que la petite Amaryllis souhaitait recevoir en ce jour. Etonnant, oui. Une petite fille âgée de 8 ans devrait être heureuse à l’idée de recevoir une poupée, une jolie robe, un bijou brillant de mille feux,...
Mais non. Un sourire était ce qu’elle souhaitait recevoir, ce qu’elle rêvait d’apercevoir. Ne serait-ce qu’un bref instant. Elle voulait voir un sourire sincère. Un sourire lui étant destiné. Ce désir était empreint de naïveté, mais d’une maturité cachée. Pourquoi vouloir si peu quand on peut avoir bien plus ? Pourquoi se contenter d’un simple sourire sincère ? Surement parce qu’ils étaient bien plus rares que les nombreux présents matériels qu’elle avait reçus auparavant.

Bien plus rares, et plus précieux.

Ainsi, elle dansait. Elle dansait, et dansait, et dansait encore. Elle se surpassait, s’épuisait, se torturait.
Si jeune, mais si courageuse. Courageuse dans le simple fait de survivre, de supporter ces regards réprobateurs, ces regards critiques. Elle ne devait pas faillir. Sa fatigue ? Elle était bien présente. Autant physiquement, que moralement. Mais elle ne pouvait pas flancher. Elle ne devait pas se laisser abattre. Elle se devait de vivre. Pour sa sœur qui, elle, ne le pouvait pas, et ne le pourrait jamais plus. Elle voulait ressentir chaque sentiment, chaque sensation, chaque instant. Elle ne pouvait se laisser dominer par l’extérieur. Elle devait être maîtresse d’elle-même. Mais... Elle ne le pouvait pas. Pas pour le moment. Là, elle dansait. Elle tournait. Gracieusement. Légèrement. Sans faiblir. Sans fléchir.

Une fois de plus, elle était contrôlée par cet art si strict. Mais elle sentait qu’elle pouvait se libérer de ses liens. Il y avait quelque chose d’émancipateur dans ses mouvements. Elle pouvait se mouvoir. Et même s’il existait des choses plus libératrices, il n’en était rien. Elle ne les connaissait pas, et ne les connaîtrait sûrement jamais. Il n’était pas nécessaire de le lui dire. Il fallait lui laisser ce petit plaisir. Elle n’avait que 8 ans après tout.

Sa leçon terminée, elle se rendit aux vestiaires où se trouvaient déjà ses petits camarades. Elle se lava et s’habilla en vitesse avant de rejoindre son père qui l’attendait probablement devant l’institut. Elle pressa le pas, son sac sur le dos, lorsqu’elle vit la voiture et pénétra dans celle-ci en lâchant un faible « bonjour ». Son père lui répondit sur le même ton en la regardant rapidement à travers le rétroviseur. La voiture démarra, tandis qu’Amaryllis observait le paysage défiler sous ses yeux. Elle le connaissait par cœur. Dans 15 minutes, elle serait chez elle. Elle passerait par 7 rues, chacune composée d’une soixantaine de maisons en briques rouges. Elle apercevrait 84 arbres. Des pins, des églantiers, des hêtres,... Elle connaîtrait presque le nombre de fleurs qu’elle croiserait. Malheureusement, la voiture allait bien trop vite pour toutes les compter. Rien n’avait changé. Mais les passants, eux, étaient toujours différents. Ils avaient des histoires divergentes, et la petite fille s’amusait à les imaginer. Elle aimerait tant sortir pour leur demander la vérité, pour savoir si ses prédictions étaient exactes, pour satisfaire sa curiosité.

Une fois arrivée chez elle, elle retrouva sa chambre et y déposa son sac de danse, avant de ranger son contenu. Cela fait, elle s’assit sur son lit et expulsa tout l’air qu’elle avait dans les poumons. Dés qu’elle était en compagnie d’un individu, elle se sentait oppressée. Comme si celui-ci jugeait ses moindres faits et gestes. Elle avait l’impression d’étouffer. Ainsi, elle ne pouvait respirer qu’une fois seule. Il n’y avait pas à dire, laisser échapper toute cette pression était très agréable. C’en était libérateur. Elle inspirait, puis expirait tout l’air de ses poumons. Plusieurs fois de suite. Jusqu’à ce que son angoisse s’envola. Jusqu’à ce que le poids sur son cœur s’amenuisa. Jusqu’à ce que la boule dans sa gorge disparu.

Inspirer. 1. 2. 3. 4.

Expirer. 1. 2. 3. 4.

Le calme était revenu. Son être était apaisé. Désormais, elle pouvait rejoindre sa famille dans le salon. Sa mère, son père, son frère et sa sœur étaient installés sur le canapé à discuter, tout du moins, ses parents et son frère discutaient. Sa sœur, elle, était dans son coin et ne parlait pas. Cela faisait quelques mois qu’elle ne parlait plus. Amaryllis ne comprenait pas pourquoi. Ainsi, toute naïve qu’elle était, elle posa la question.


« - Autumn, pourquoi tu ne parles plus ? »


Autumn... Ce prénom lui allait bien. Elle possédait des cheveux d’un jaune similaire aux feuilles des arbres lorsque l’automne arrivait. Son teint pâle ressemblait au ciel nuageux de cette froide saison, et ses taches de rousseur rappelaient les citrouilles que l’on pouvait apercevoir dans les rues dès le mois d’octobre.
Trop occupée à contempler sa grande sœur, la fillette ne remarqua pas qu’elle avait provoqué un froid dans la pièce. La discussion s’était arrêtée. On entendait presque les mouches voler. Seul le bruit des respirations brisait le silence. Amaryllis regardait les membres de sa famille un à un avant de déglutir. Elle avait commis un impair. Elle le sentait. Elle le voyait dans ces yeux qui la scrutaient. Elle était mal à l’aise. Vraiment mal à l’aise. Le rouge lui monta aux joues, tandis qu’elle baissait la tête, honteuse. Un raclement de gorge se fit entendre, et son père prit la parole.


« - Amaryllis, vient dans la cuisine avec moi un instant s’il-te-plait. »


La blondinette suivit son père en silence. Elle releva la tête et remarqua que sa sœur n’était plus là. L’homme face à elle avait ce regard sérieux qu’elle ne voyait que très rarement.

« - Ta sœur... Autumn n’a pas de pouvoir magique. Elle est... Une cracmole. Sais-tu ce que cela signifie ? »


Amaryllis avait déjà entendu ce terme quelque part. Elle avait entendu sa grand-mère insulter un individu avec ce propos. Elle savait qu’il n’avait rien de valorisant. Ainsi, elle commença à s’inquiéter pour sa sœur. La vieille femme allait la rejeter. Le monde sorcier allait l’humilier. Elle serait seule. Perdue. Et si Amaryllis l’aidait, est-ce qu’on la chasserait elle aussi ? La blondinette se mordit la lèvre inférieure. Elle ne voulait pas être abandonnée.

Elle reprit d’une petite voix, légèrement cassée par le temps écoulé sans parler.


« - C’est pour ça qu’elle n’est pas à Poudlard ?
- Oui, en effet. Elle est incapable de lancer un sortilège.
- Tu crois que... Tu crois que grand-mère va l’abandonner ? »


Son père se tut un instant et regarda sa fille en silence, un brin d’inquiétude dans les yeux.

« - Tu sais ma chérie... Ta grand-mère est très... Conservatrice. Elle n’aime pas les personnes différentes. Mais il s’agit de sa petite-fille. Elle ne pourra jamais l’abandonner.
- Tu me le promets ?
- Oui, je te le promets. »


Il regarda sa fille tendrement avant de lui faire un petit sourire crispé. Il savait que ses propos étaient inexacts. Il savait que Judith l’effacerait de sa vie. Cela serait une honte si d’autres individus apprenaient qu’elle possédait une petite fille cracmole. Ainsi, pour elle, Autumn était morte tragiquement.

Amaryllis connaissait sa grand-mère, elle aussi. Et elle le savait... Son père lui avait menti.

Je suis d'accord avec la signature d'Oxy.
Amaryllis Lidwine, Deuxième Année
Troisième Année RP