- MAIS BON SANG TU ES INCONSCIENTE OU QUOI?!

Un cri tonitruant s'était élevé dans la petite maison de Woolwich, et bien que Vanellia ne dormait toujours pas, il la fit sursauter dans son lit. La fillette tendit l'oreille, elle savait depuis plusieurs heures que quelque chose clochait, mais elle ne distinguait pas les mots, justes des sons et quelques bribes alors qu'elle était dans un demi-sommeil. Mais cette fois, ses yeux étaient grand ouverts, et elle fronçait les sourcils, soucieuse. Son père n'haussait jamais la voix. Ça devait être grave.

Retenant son souffle au maximum, la jeune Serpentard souleva sa couette, mis ses chaussons et le plus silencieusement possible, entrouvrit la porte de sa chambre. Elle entendit une voix de femme, sa voix à elle... C'était encore douloureux de prononcer son prénom, car maintenant, cette femme avait un visage, un caractère, un sourire. Vanellia ne pouvait plus simplement la détester car elle était l'amie de son père, si elle voulait la détester encore, il fallait qu'elle la déteste elle toute entière, et ça, c'était moins simple. Rose. Rose parlait, elle essayait de chuchoter, mais n'y arrivait apparemment pas face à l'excès de colère de Maurice, ce doux père de famille. Vanellia comprit qu'elle lui demandait de ne pas hurler *Trop tard* - car il allait réveiller les enfants *Double trop tard*. La fillette longea la couloir, passa devant la chambre de ses frères, elle entendait des ronflements de là où elle était. Il en faudrait plus pour réveiller ces deux oursons! Elle continua sur la pointe des pieds, puis descendit à peine deux marches, elle s'assit sur cette dernière, et tendit l'oreille. Une troisième personne était là, celle à qui s'adressait son père. C'était Marbella, sa grand-mère, elle était arrivée un peu avant dîner, et allait passer 3 jours avec eux, pour les fêtes, comme chaque année.

- Calme-toi Maurice, tu es ridicule. Et puis, ça ne te regarde pas. J'ai bien le droit de faire ce que je veux avec mes biens. Je n'étais même pas obligé de te le dire.

- Mais bien sûr que ça me regarde maman! Tu nous mets tous en danger. Notre famille! Si tu es découverte... lui aussi essayait de chuchoter, mais c'était peine perdu avec toute la colère camouflée dans sa voix.

- Jamais. le coupa séchement Marbella. Mon fils, jamais je ne mettrais les enfants en danger, mais ce combat est le mien, je participe avec les armes qui me sont propres. Je ne peux pas rester sans rien dire alors qu'une dictature se met en place. Sa voix s'étrangla bizarrement à la fin de sa phrase, et la vieille dame toussa plusieurs fois pour se ressaisir, ou bien camoufler son émotion.

- Maman... Maurice semblait à présent sans voix, il était impossible de savoir ce qu'il pensait à cet instant, mais Vanellia était persuadé que des millions de choses se bousculait dans sa tête. Ne prends aucun risque inutile, s'il te plaît maman. finit-il par souffler.

La suite de la discussion se fit plus apaisée, et Vanellia peinait à présent à discerner ce qu'il était dit. D'autant plus que l'horloge ne s'arrêtait pas de tourner, et ses paupières se faisaient bien lourdes. La fillette se redressa, elle priait pour que rien de craque sous ses pas. Elle regagna sa chambre, referma avec le plus grand soin la porte, et se blottit sous ses couettes. Quelque chose d'important s'était passé. Sa grand-mère résistait.