Les garçons de la tribu Chronos étaient sortis jouer au basket moldu sur le terrain à quelques minutes de la petite maison familiale. Il n'y avait donc que des femmes à la maison: Vanellia, sa grand-mère Marbella, et Rose. Rose était là à présent, il faudrait bien s'y faire. L'amie intime de Maurice, le père de famille, était très discrète, elle ne parlait jamais directement aux enfants de son propre chef, elle se contentait de répondre aux questions s'il y en avait, mais n'en retournait pas en retour. Vanellia avait craint cette rencontre avec Rose pendant des mois, et au final, elle la trouvait presque trop absente. Aucune confrontation ne pourrait avoir lieu avec un fantôme... La colère accumulée pendant toute ces semaines semblait s'être soudainement évaporée suite à ce constat. Et Vanellia réalisait à quelle point elle avait été odieuse et égoïste. Elle rejoint Marbella qui était assise sur le canapé, et lui adressa un sourire sincère, bien que timide. La dernière fois, que les deux femmes s'étaient vu, ça avait fini en crise de larme. La fillette se demandait si sa grand-mère avait oublié l'incident à présent. Mais elle n'y croyait pas trop, elle n'avait reçu aucune lettre de sa part pendant tout le trimestre, et de son côté, elle n'en avait pas écrit non plus. A personne. Vanellia jeta un coup d’œil en direction de la cuisine, Rose s'y attelait, elle préparait de délicieux plats, il fallait bien l'avouer. Mais en tout cas, elle ne semblait pas se soucier de ce qui se passait dans le salon. Vanellia prit une grande inspiration, elle voulait avoir le courage de s'exprimer, et essayer de se faire pardonner.

- Mamie...

Le regard de sa grand-mère se posa sur la petite-fille, un regard acéré, qui tranchait nettement avec le sourire qu'elle affichait sur son visage. Ses yeux ne souriaient pas. Vanellia su immédiatement que ce sourire n'en était pas un.

- Oui Vany? un ton neutre, très sec, Vanellia savait à présent que sa grand-mère attendait bel et bien les excuses que la jeune fille comptait faire.

- Euh... Je voulais te dire... pardon mamie. la fillette baissa la tête, en signe de profond repenti. j'ai pas été gentille avec toi, tu sais, quand on est allé acheté mes fournitures... Vanellia osa un regard vers sa grand-mère. Le sien avait changé, son regard d'aigle se faisait moins glaçant. Enfin, elle souriait des yeux.

D'un geste de sa baguette, Marbella reposa les crochets à côté d'elle, et l'écharpe qu'elle était en train de fabriquer, se posa mollement sur un coussin du canapé. La grand-mère tourna son corps en direction de sa petite-fille, et posa sa main sur le genoux de la fillette.

- Tu sais Vanellia, il n'existe pas que la colère comme échappatoire, il va falloir que tu apprennes à affronter les épreuves de la vie différemment.

- Oui... une petite voix s'échappa de la bouche de Vanellia, alors qu'elle se perdait dans ses pensées. Autre chose que la colère? Non, elle ne connaissait pas grand chose d'autre, c'était sa carapace à elle, si on lui enlevait... Elle ne préférait même pas y penser. Sans doute qu'elle s'effondrerait comme un château de sable sous une vague.

- Bon, maintenant que tout ça est dit, raconte moi un peu ce que tu as fait à Poudlard cette année.

- Je suis dans l'équipe de Quidditch! Papa ne t'a pas dit? Vanellia souriait à présent, sa grand-mère aussi.

- Bien sûr qu'il me l'a dit, tu aurais vu ton père, fier comme un poulet. Tu manies la batte alors... Tu fais attention tout de même, Vany?

- Oui, je suis batteuse! J'adore ça, je tape sur tout ce qui bouge mamie! J'aimerais bien que vous me voyez jouer un jour... En plus, j'ai des amis dans l'équipe, je suis contente.

- Je suis contente pour toi ma chérie. Et les cours, ça va?

Vanellia haussa les épaules, ce n'était pas le plus important, non?

- Oh mamie, il fallait que je te montre quelque chose! Sans attendre de réponses, elle se leva brusquement du canapé et monta quatre à quatre es marches de l'escalier qui menait à l'étage. Elle s'engouffra comme une tornade dans sa chambre, s'accroupit au pied de sa valise qu'elle n'avait toujours pas défait. Elle fouilla plusieurs secondes les recoins et les doubles poches. Puis elle mit enfin la main dessus. Une photo. Vanellia l'observa un instant, comme elle l'avait déjà fait à de nombreuses reprises. Puis, elle fit le trajet inverse aussi vite que l'aller, dans sa course, elle manqua de dévaler l'escalier sur les fesses, tellement elle était impatiente.

- Regarde! Vanellia se tenait droite comme un "i" devant sa grand-mère, main tendu dans sa direction, une photo en noir et blanc à la main.

Intriguée, Marbella saisit délicatement la photo, et l'observa à travers ses petites lunettes rondes. Son visage exprima une intense surprise à la vue de la photo. Vanellia essayait de déterminer quelle émotion traversait la vieille dame: de la colère, de la joie, de l'inquiétude peut-être. C'était difficile à dire, tant Marbella semblait partie très loin dans ses souvenirs. Après des minutes interminables, la grand-mère posa la photo sur ses genoux et leva les yeux vers sa petite fille, descendant ses petites lunettes rondes afin de la regarder droit dans les yeux.

- Où à tu eu cette photo Vany? C'est ton père qui l'avait? Vanellia fit "non" de la tête.

- C'est un garçon à l'école. Il a dit qu'on avait les mêmes yeux. Et il m'a donné cette photo. C'est... sa grand-mère. dit-elle en posant son doigt sur la dame debout sur la photo.

- Comment s'appelle ce garçon?

- Ils sont deux en fait, deux frères: Rey et Drian Sifferlen. Tu connais?

Marbella posa une main sur sa bouche, un sourire dépassait de part et d'autre.

- Ma chérie, cette dame, c'est ma sœur. Et à côté, c'est son mari, Monsieur Sifferlen. On ne s'est pas parlé depuis des dizaines d'années ma sœur et moi... La vieille dame fit une pause, tentant de faire le tri dans ses pensées sans doute.

- Ma chérie, ces garçons sont comme des cousins éloignés pour toi, tu comprends?