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21 févr. 2020, 16:51
 Worcestershire  Être-de-rancœur  Solo 
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Arya Bristyle, 53 ans
Médicomage — Service de Pathologie des Sortilèges (Sainte-Mangouste)
Mère  d'Aelle



18 novembre 2044
Domaine Bristyle, Worcestershire



L’ennui. Arya ne pensait pas le ressentir de nouveau un jour. Sa vie était si bien remplie, que jamais cette idée ne l’avait effleuré. Elle avait été persuadée que quoi que subisse le monde, sa petite vie à elle serait toujours aussi merveilleusement bien réglée : ses patients, ses dossiers, ses interventions à l'hôpital, ses recherches, sa magie. Et son mari et ses enfants, également.
Elle avait tort.
*J’avais tort* pensa-t-elle en s’efforçant de se concentrer sur les lignes qui remplissaient le dossier qu’elle tenait entre ses mains. C’était pourtant un cas fort intéressant, l’un de ceux qui la faisaient palpiter et oublier tout le reste. Mais le fait était qu’elle était  allongée sur un foutu canapé et qu’elle n’avait absolument pas le courage de se lever, d’atteindre la porte menant au sous-sol, de descendre la volée d’escalier, de traverser le couloir, pour enfin pénétrer dans son laboratoire et son bureau. Sans cela, impossible d’avancer sur l’étude du dossier. Alors l’ennui la frappait et son coup était plus douloureux que sa hanche qui la lançait terriblement depuis le matin.

C’était une épave. Hier femme forte, aujourd’hui épave. Allongée sur un canapé, destinée à attendre que son mari lui apporte ses brioches, destinée à attendre qu’il l’aide à se lever (quand elle le lui autorisait), à attendre qu’il la soutienne pour gravir les escaliers menant à la bibliothèque. Attendre. Attendre. Attendre. Par les couilles de Merlin, pourquoi y avait-t-il tant d’escaliers dans cette fichue baraque ?! C’était certain qu’ils n’avaient pas pensé au futur quand ils avaient décidé de construire cette bicoque, pensa-t-elle en se souvenant du jour où ils avaient dessiné les plans avec Zile, ils étaient bien trop jeunes, bien trop idiots, trop innocents.

Tout cela était de la faute d’une seule personne. Si Gontag n’avait pas argué devant Zile qu’il était fortement recommandé à Arya de ne pas transplaner pendant un certain temps, pour la guérison de sa blessure, avait-t-il dit, elle aurait pu atteindre d’un claquement de doigt son laboratoire ou la bibliothèque sans devoir passer par son mari. Cela lui était impossible, désormais. Au moindre son de craquement, l’homme débarquera et lui fera une scène de trois jours. Cela s’était passé ainsi, la dernière fois ; Arya n’avait pas résisté à l’envie de transplaner dans leur chambre pour s’éviter de gravir les escaliers. Cela faisait longtemps que Zile n’avait pas crié aussi fort sur elle, lui rappelant combien elle était têtue et idiote et inconsciente. Evidemment, tout cela avait finit dans les larmes. Ses larmes. Et elle, elle s’était misérablement écrasée sur le sol quand mille aiguilles de douleur s’étaient  infiltrées dans sa hanche, lui faisant regretter son caprice.

Le monde était morne quand on était alité. Même les visites (quotidiennes, s’il-vous-plait) de ses enfants n’empêchaient l’atrophie de son cerveau. Arya avait l’impression de devenir une loque. Plus les jours passaient, moins elle avait envie d’attendre. Au diable la guérison ! Elle voulait sauver des vies, faire face à des maladies incurables, résoudre des mystères, palpiter au rythme de la vie ! Pas rester allongée sur un canapé à attendre que sa blessure se stabilise. Merlin, qu’il était vain de demander aux patients d’attendre. A quoi bon guérir si c’était pour sentir son cerveau se liquéfier ? Elle détestait cela, nom de Merlin ! Être statique laissait trop de place à la colère, celle-ci faisait son nid dans son coeur, nourrit par l’Ennui. Elle criait sur Zile dès qu’elle le pouvait, le regrettant après coup, elle repoussait ses enfants, elle geignait, faisait des crises de frustration, passait son temps à engloutir des brioches. Par Morgane, elle avait l’impression de revivre ses jeunes années, quand elle rentrait à Llangrannog pour l’été, chez ses parents, et qu’elle avait l’impression de crever tant la vie là-bas était d’un ennui mortel. Si les choses ne changaient pas rapidement, elle ne pourra plus s’empêcher d’agir. Sortir de cette maison, aller voir le monde, faire n’importe quoi, même si cela aggravait sa blessure.

Elle était en train de songer à toutes ces choses, maugréant à voix basse, et remuant sa colère à grand coup de pensées piquantes, quand l’ombre de son mari la surplomba. C’est à peine si elle leva la tête. Elle n’avait rien à lui dire, elle ne voulait pas voir la compassion dans ses jolis yeux et moins encore la colère froncer ses sourcils.

« Tu as reçu du courrier, » lui dit Zile d’une voix guillerette.

Contre toute attente, il s’installa dans le fauteuil qui côtoyait le canapé. Ce même canapé qui finira par prendre les formes de son corps, pensa Arya sans daigner répondre aux paroles de son mari, si elle restait une seconde de plus allongée dans ses coussins. Elle se foutait du courrier. Elle se foutait de tout, sauf de la douleur qui faisait pulser sa hanche contre laquelle elle luttait en crispant les mâchoires.

« Tu ne veux pas le lire ? » Son mari lui tendit une enveloppe blanche sur laquelle elle devinait son prénom et son nom. Elle haussa les épaules. « Tu veux que je te la lise ? »

Arya soupira. Qu’il fasse ! Elle soupira et laissa tomber sa tête contre l’oreiller, levant ses yeux vers la blanche pureté du plafond. Elle compta trois battements de coeur avant de trouver le courage, et la force, de répondre à Zile sans faire de caprice ; elle en mourait pourtant d’envie. Décidément, la colère faisait d’elle ce qu’elle voulait. Habituellement, elle ne luttait pas contre elle, trouvant cela normal d’exprimer ses émotions. Mais cette hargne-là l’encourageait à agir comme… Comme sa fille, réalisa-t-elle avec horreur. Sa petite fille de quatorze ans, bientôt quinze, qui se comportait exactement pareil lorsqu’une chose ne lui convenait pas. Face à cette réalité, Arya releva la tête et se força à sourire à Zile.

« Oui. » Elle soutint son regard. « S’il-te-plait. »

Ces mots étaient plus difficiles à sortir lorsque l’on était allongée comme une épave dans un canapé qui épousait vos formes. Du coin de l’oeil, elle observa son mari déchirer l’enveloppe. Il avait un sourire confiant sur le visage, mais elle savait qu’il luttait également contre son impatience. Cela lui rappelait les débuts de leur relation ; Zile faisait toujours beaucoup d’efforts pour accepter les manies et les comportements de sa femme, mais parfois, il n’y arrivait plus et lui faisait comprendre d’une telle manière qu’elle ne pouvait que s’excuser et s’étouffer avec sa culpabilité.

« Oh… »

La femme se redressa légèrement, alerté par son mari qui lui jetta un regard, une grimace sur le visage.

« Quoi ? demanda-t-elle. C’est qui ? »
J’ai bien peur que ça ne te plaise pas… »

Un soupire traversa de nouveau ses lèvres. Elle n’en avait pas conscience, mais elle espérait au plus profond de son coeur que ce courrier était une bonne nouvelle, l’une de celles qui allaient pouvoir mobiliser son cerveau. Une nouvelle de la Directrice de l’hôpital, par exemple, ou pourquoi pas, une personne en danger qui aurait mystérieusement eu besoin de son aide. Mais au vu de la tronche que tirait Zile, le contenu de la lettre était bien loin de contenter ces vains espoirs.

« Ce sont tes parents, » lui avoua l’homme du bout des lèvres.

25 févr. 2020, 17:09
 Worcestershire  Être-de-rancœur  Solo 
Le désespoir recouvrit le coeur d’Arya. Ses parents ! Par Merlin, il n’y avait rien de pire que ses parents ! Elle se laissa tomber contre l’oreiller, soudain vidée de toutes ses forces. Même la colère l’abandonna face à ses parents. Elle ne voulait rien savoir d’eux, surtout pas maintenant, pas aujourd’hui, pas cette année, jamais. Elle était fatiguée de tout et n’avait aucune énergie pour eux. Elle ne voulait pas supporter leur inquiétude (qui aurait cru qu’ils étaient capables de ressentir autre chose qu’un profond mépris pour sa personne ?) ou leurs remontrances quant à l’éducation qu’elle donnait à ses enfants. Elle ne le supportera pas plus aujourd’hui qu’elle ne l’avait supporté il y a un an et demi.

« Brûle-la, souffla-t-elle. Ou déchire-la. Fais ce que tu veux, je m’en contrefous. Débarrasse t-en. »

Elle sentit sur elle le regard désapprobateur de son mari. Elle fit comme si elle n’avait rien vu.

« Arya ! Ils s’inquiètent ! C’est aimable à eux d’envoyer des nouvelles. Sur ta demande, je ne leur ai pas écrit une seule lettre depuis qu’il t’ait arrivé… Enfin, tu sais. C’est normal qu’ils reviennent vers nous. »

La femme leva les yeux au ciel. *Comme Aelle*, lui rappela sa foutue conscience.

« Je vais te la lire, » décida soudain son mari. Arya grogna, mais ne répondit pas. Elle connaissait suffisamment l'homme pour savoir qu’il était vain de vouloir le faire taire. Il se redressa sur son fauteuil et Arya inspira pour se donner le courage d’entendre les paroles de ses géniteurs. 

« Bonjour, Arya. Ça commence bien ! »

La femme jeta un regard meurtrier à son mari.

« Contente-toi de lire cette put... Fichue lettre !
Ta mère et moi nous sommes réunis ce matin pour te rédiger cette lettre. »
Trop aimable, grimaça Arya.
Nous ne doutons pas, continua Zile sans faire attention à elle, que tout se déroule pour le mieux, pour toi et ta famille. Je suis certain que ça signifie qu’ils sont très inquiets. Malgré les temps qui courent, nous nous portons également du mieux que nous pouvons. »

Les dents serrés, Arya subit. Chacun des mots que son père avait écrit était une profonde source de douleur pour elle. La moindre chose lui donnait envie de crier et mettait à mal sa patience déjà bien faible. Elle se demanda si un jour elle serait comme eux, à envoyer des lettres insipides à ses enfants. Merlin, et si elle était déjà comme eux, à envoyer des lettres insipides à ses enfants ? Insensible à ses questionnements profonds, Zile continua de lire la lettre. Malgré elle, Arya écouta, essayant de repousser ses folles pensées.

« Nous vous convions t... C’est là où ça commence à être… Enfin, tu verras, la prévint son mari en lui jetant un regard par dessus la lettre. Ne t’énerve pas. Nous vous convions toi, ton mari et vos enfants à venir passer le réveillon de Noël à Llangr… »
« QUOI ? »

Le cri la poussa à se redresser subitement. La douleur explosa dans sa hanche et elle se recroquevilla, le souffle court. Mais cela ne l’empêcha pas de regarder son mari avec dans les yeux une lueur dangereuse.

« Il est absolument hors de question qu’on aille là-bas ! Tu entends ? Dans leur… Foutue maison avec leur foutues manies… Et ils osent nous inviter ? Nous convier ? » rugit-elle en mimant la voix dédaigneuse de sa mère.

Elle se débattit avec la couverture qui recouvrait ses jambes, ignorant le geste qu’entreprit Zile pour lui venir en aide, voulant ardemment arpenter la pièce pour apaiser sa colère tout en se sachant incapable de le faire.

« Je refuse, entends bien, je refuse d’entrer dans leur petit jeu de manipulation et me laisser… »

Et elle cracha et elle souffla, déversant comme un dragon enragé toute sa hargne, usant de mots bien trop vulgaires pour son vocabulaire habituel, dégueulant sur un Zile bien forcé de rester silencieux tout ce qu’elle pensait de l’invitation de ses parents. Son mari ne l’interrompit à aucun moment, il attendit que passe la tempête. Et elle finit par passer. Arya se mura dans un silence qui n’appelait à rien de bon, ses traits tordus sous la colère. Elle était à moitié redressée dans une position que Zile imaginait très inconfortable pour sa hanche, les bras croisés sur sa poitrine, un air revêche qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps sur son visage. Pourtant, face à cette grimace de colère, son coeur se gonfla soudainement d’amour ; qu’il l’aimait cette femme ! même lorsqu’elle agissait comme une enfant capricieuse. Il l’observa et quand il fut certain qu’elle avait finit de cracher son venin, il s’en retourna à sa lecture. Il allait devoir batailler pour qu’elle accepte la proposition de ses parents.

« Mettons chacun notre passé de côté pour nous retrouver, pour le bien des enfants. » Il retint les mots acerbes qui traversèrent son esprit ; comme si ses beaux-parents avaient déjà pensé au bien-être de leurs petits-enfants. Il se tut, car Arya ne serait que trop d’accord avec lui. « Noël est une fête familiale et cela fait si longtemps que vous n’êtes pas venu le passer à la maison.
Peut-être parce qu’ils n’ont aucune once de compréhension qui coule dans leurs veines ? »

Zile échangea un sourire avec sa femme qui le regardait du coin de l’oeil. Le moment complice sembla défroisser Arya qui répondit à son sourire, mais ne décroisa pas pour autant les bras. 

26 févr. 2020, 17:56
 Worcestershire  Être-de-rancœur  Solo 
L’homme, après s’être abreuvé au regard de sa femme, reprit sa lecture :

« Les enfants et vous-mêmes dormirez sur place, et nous passerons la journée du 24 et du 25 ensemble.
Ils ont déjà tout prévu, merveilleux ! ne put s’empêcher d’intervenir Arya. Écris-leur, si tu veux... Nous n’irons pas. »

Elle tourna la tête vers la véranda, marquant ainsi la fin de la conversation. Elle n’avait rien d’autre à ajouter. Elle ne voulait pas y aller et n’ira pas. Elle n’en revenait pas que ses parents aient crus qu’elle accepterait une telle proposition ! De son côté, Zile prit une profonde inspiration. Il en avait besoin avant de lancer la bombe qu’il avait sur le bout des lèvres. 

« Allons-y. »

La réaction ne tarda pas. Arya se retourna vers lui comme une furie, la colère faisant briller ses yeux. Elle ouvrit la bouche, prête à crier (elle se contrôlait si bien, avant, pensa Zile avec inquiétude), mais son mari l’interrompit avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit.

« Allons-y, répéta-t-il. Cela nous fera à tous beaucoup de bien, il est temps d’enterrer les tensions qui règnent entre vous.
Du bien ? Tu penses que ça fera du bien à Narym de les voir ?
Narym comprendra, parce qu’il sait tout comme moi qu’il est important de se souvenir de nos familles quand les temps sont aussi durs. »

Il n’aurait pas dû dire cela. Il le regretta aussitôt ; il savait très bien que sa femme allait en profiter pour— 

« Oh, tu veux te souvenir de ta famille, toi ? Veux-tu qu’on invite Vika à rejoindre la fête ? Je suis certaine qu’elle appréciera le Whisky de qualité que proposeront mes parents. »

—lui rappeler les relations qu’il entretenait avec sa propre famille. Il grimaça et soupira. Les secondes défilèrent sans que personne ne daigne ouvrir la bouche. Arya, fière d’elle, dressa le menton comme elle le faisait si bien quand elle voulait défier quelqu’un. Zile, lui, avait tourné la tête vers la fenêtre parce qu’il ne voulait pas laisser l’agacement qu’il ressentait transparaître sur ses traits et dans sa voix. Au bout de quelques minutes, il pensa avoir repris suffisamment contrôle de lui pour prendre la parole, et il accorda un regard à sa femme qui ne s’était pas détournée. Il lui sourit doucement et tendrement — ou du moins essaya-t-il.

« J’aimerais accepter, commença-t-il doucement, parce que malgré les tensions évidentes, nous avons toujours passé de belles fêtes chez tes parents. Et parce qu’Aodren et Naël adorent aller là-bas, qu’Aelle est toujours rayonnante quand elle aperçoit leur immense bibliothèque, comme Zakary, et parce que Narym aussi a besoin de se débarrasser de sa vieille colère. Et parce que… »

Il hésita, laissa le silence envahir la pièce et le regard de sa femme le transpercer. Il avait honte car il savait que ce qu’il dira convaincra sa femme et qu’il détestait utiliser ainsi sa tristesse pour la faire aller dans son sens ; mais il l’a ressentait sincèrement, cette tristesse, depuis qu’il était tout gosse.

« Parce que j’ai toujours aimé Noël, les grandes fêtes, les soirées familiales avec les grands-parents et que je n’ai jamais eu droit à ça. A part avec toi, nos enfants et tes parents, aussi difficiles soient-ils. »

Il l’avait dit. Il l’avait fait. Sa gorge se gonfla d’émotions. Il n’aimait pas se rappeler son enfance, nom de Dieu. Il n’aimait pas cela. Mais le résultat qu’il attendait se dévoila sous ses yeux, renforçant sa honte : Arya décroisa les bras et soupira, l’air vaincu.

« Je vais détester y aller. Narym aussi. » Elle lui lança un regard acéré. « Je ne ferais aucun effort s’ils n’en font pas. Est-ce bien clair ? »

Elle aimerait le détester. Elle aimerait sincèrement le détester quand il lui rappellait que ses exigences à elle l’empêchaient lui de profiter de ce qu’il aimait. Dans ces rares moments, elle se sentait si honteuse qu’elle serait prête à dire oui à tout. Pour apaiser la culpabilité qui la prenait de temps à autre, quand elle se laissait à y penser. Alors pour lui, oui, peut-être pouvait-elle accepter d’aller passer Noël à Llangrannog, même si cette seule idée suffisait à faire se recouvrir sa peau de frissons de dégoût. Pour lui, elle pourrait faire bien des choses. Même si cela la plongeait dans une colère noire et qu’elle tirera la tronche toute la fin de journée pour le lui faire payer. Elle hocha la tête dans la direction de Zile, refusant de parler plus que nécessaire de son moment de faiblesse, et l’encourageant à continuer sa lecture.
Le visage de son mari se fendit en un immense sourire heureux.
Et elle avait beau être en colère, Arya ne put que sentir son coeur se gonfler de joie devant cette subtile preuve d’amour.

« Merci, merci, ma chérie, dit-il avant de se pencher sur la lettre. Nous avons beaucoup d’espoir que tu acceptes cette invitation. Il est temps d’outrepasser nos sentiments respectifs pour nous retrouver autour d’un bon repas. C’est certain que le repas sera délicieux, sourit Zile, tout heureux. Comment s’appelle leur elfe, déjà ? 
Felgi, » répondit Arya du bout des lèvres, terriblement atteinte dans sa fierté et agacée de l’être.

Nous attendons une réponse rapide de ta part. Pensées, Ernest et Elisabeth Bristyle. Zile parcourut la fin du courrier, remarquant le cruel manque de compassion et l’impersonnalité des mots de ses beaux-parents. Il sourit à sa femme et conclut :

« Ils t’embrassent fort et nous souhaitent à tous une belle journée ! Annonçons cela aux enfants avant de leur répondre, veux-tu ? »

Seul un haussement d’épaules lui répondit. Zile compris qu’il avait déjà bien trop exigé de sa femme. Il savait également qu’il n’avait pas intérêt à insister maintenant, surtout pas quand elle était alitée, car cela finira sur une dispute. Et Zile détestait les disputes. Et par dessus tout, il comprenait le besoin de sa femme de se retrouver seule. Ce n’était pas facile pour elle de faire face à ses parents, il le savait.

Arya avait récupéré son dossier qui avait glissé sur le sol lors de son coup de colère et s’était replongée dans sa lecture, donnant ainsi l’impression à son mari qu’elle était passé à autre chose. Mais intérieurement, la lassitude manquait de la submerger. Ses parents, l’ennui, la douleur. Rien n’éclairera cette journée, finalement. Elle avait déjà envie qu’elle se termine, de passer à autre chose. Un voile de désespoir s’installa sur son âme, la torturant et lui imposant des pensées sombres et une étrange tristesse qui fit son nid dans son coeur. Son mari s’éloigna pour s’occuper de ses affaires, déposant sur le chemin un baiser sur le haut de son crâne et la laissant enfin seule. 
Et voilà revenir la Lassitude, Monstre Persistant, accompagnée de pensées acides et des souvenirs désagréables de son enfance.

- Fin -