Même si elle avait passé une fin d'année plus que géniale, Lumah avait eu vraiment très hâte aux vacances. En début d'année, en effet, quand elle fait eu la surprise (c'était sûrement la plus généralissime de toutes les surprises de l'univers) de savoir que sa meilleure amie était elle aussi à Poudlard, quand elle l'avait vue de ses propres yeux, elles avaient toutes deux décidé de partir à la plage ensemble, dès que l'été leur ouvrirait ses portes. L'idée leur été venue des précédentes vacances d'Élicia, qui avait eu la chance de se baigner ; contrairement à Lumah.

Conformément à ce qui était prévu, Lumah était devant la maison de Boucle d'Or, un peu en avance même ; son père était très pointilleux sur les horaires et Lumah, elle, ne rechignait pas sur des minutes de plus avec sa meilleure amie.

Lorque Lumah sortit de la voiture - tant bien que mal, les ceintures des sièges arrière effectuaient très bien leur travail de sécurité -, que son père avait garé provisoirement, Élicia l'attendait, et l'accueillait avec un grand sourire aux lèvres. Lumah le lui rendit ; passer un jour sans sa meilleure amie était presque impensable !

« Je vais on ne peut mieux ! », répondit la petite, les yeux aussi pailletés qu'une figurine My Little Poney, avant de rire à la petite touche humoristique d'Éli.

Quand elle lui annonça que la voiture était bientôt prête, soit qu'ils allaient bientôt partir, Lumah se retint tant bien que mal afin de ne pas sauter de joie au sens propre. Elle aurait eu l'air fine à bondir comme une puce devant les parents de son amie. James sortit de sa voiture, d'une couleur noire un peu déprimante, suivit d'Isabel, que Lumah aimait néanmoins tellement. Elle s'attachait vite aux objets, et cette voiture faisait partie de son enfance. Le parents de la blondinette se dirigèrent vers les Caldin afin de les saluer puis leur apportèrent leur aide.

Puis, la voiture fin prête, tout le monde s'y assied plus ou moins confortablement, et ils partirent. Les deux fillettes s'occupaient en faisant des origamis, mais aussi avec des jeux de mains, de cartes et autres, puis la rouquine engagea la conversation avec Lumah, qui lui répondit, toute excitée :

« Ouiiiiiiii ! J'ai si hâte ! Tu sais à quoi ressemble notre maison, dis ? »

Lumah avait tant de choses à dire, après pourtant une année passée à ses côtés. Elle regardait de temps en temps la vitre, espérant voir la mer.

Lumah lorgnait du coin de l'oeil le lit en hauteur, écoutant d'une oreille les préférences de sa meilleure amie. Emma prenait le lit simple... Le lit du bas, si ça lui posait un problème ? Mais pourquoi diable lui aurait-ce posé un problème ? La petite bondit de joie, réussissant seulement à émettre un « Maisbiensûrqueçanemedérangepas ! » entre deux sauts, avant de sentir douloureusement un angles du lit en hauteur percuter sa tête.

A présent sur le sol, la blondinette rumina en se massant le crâne, s'appuya sur une des marches du lit pour se relever et lui rendit son sourire le plus solaire. Elle serait toujours aussi heureuse d'être en vacances avec sa meilleure amie et la famille de celle-ci, quand bien même le lit souhaitait se liguer à son tour contre elle.



Une heure avait suffit à la petite équipe pour déballer toutes les affaires (plus ou moins proprement) dans la maison dans laquelle ils allaient rester quelques jours durant, puis pour passer en ville pour acheter des maillots - strictement similaires pour les deux poufsouffles -, et enfin le temps de se poser sur la plage, bien allongés sur leurs serviettes respectives, sous un soleil puissant. Un petite heure et ils profitaient déjà de cette plage tant admirée, celle qui avait en bien hanté ses pensées depuis ce jour de septembre, jusqu'à en rendre invisible la neige.

Lumah n'était pas tout à fait allongée, pour sa part : comme tous les Caldin, elle s'était saisie de sa crème et s'en étalait copieusement (c'était là le souci d'être fichtrement pâle de peau, un moindre rayon chatouillant suffisait à la rendre d'une couleur homard et elle se retrouvait avec des douleurs insurmontables le lendemain), tout en pensant, à la vue du jaune de son maillot, à ses camarades de Poufsouffle. Lila en particulier, elle qui lui était si chère ! Elle espérait que ses vacances se passaient bien pour son amie, aussi bien que celles que la blondinette passait, au mieux.

Sans plus retenir ses paroles un instant, la blondinette se tourna vers Boucle d'Or, posant sa crème solaire sur sa serviette, et lui dit, enjouée :

« Ça me rappelle tellement la salle commune ! J'espère que Lila va b— »

Mais ses paroles furent interrompues par une question de la part de sa meilleure amie, qui pointait du doigt, avec envie, la mer. Sans pour autant lui en tenir rigueur, les yeux de la petite devinrent plein d'étoiles et elle sourit tant et si bien qu'il était impossible de ne pas comprendre quelles étaient ses intentions.

« La première à l'eau euh-, a le droit de donner un gage à l'autre ! », s'empressa-t-elle de dire en se levant d'un bond, bourrée d'énergie. « Trois..., deux..., un... C'est parti ! »

Lumah s'était déjà élancée, toute joie. A vrai dire, elle n'avait aucune idée de la distance qui la séparait de la mer, mais celle-ci semblait se rapprocher si vite que son impression d'être rapide n'en était qu'accrue, maintenant son sourire en place. A peine quatre secondes plus tard, la voilà qui sautait par dessus une légère vague, bras en l'air, comme pour mieux accueillir l'eau qui se présentait à elle. Elle tourna ensuite son visage vers le lieu où était supposée être son amie.

La petite avait couru comme si ça vie en dépendait - d'ailleurs, on lui avait conté un jour que c'était ainsi que l'on pouvait courir plus vite -, aussi jamais sa meilleure amie n'aurait pu la rattraper, si l'on omettait le fait qu'elle ait carrément triché, et la petite blonde le savait. Mais elle ne s'en faisait pas pour autant, loin de là ; bien trop attirée par la mer.

Elle entendit tout de même, au loin, un petit Attends-moi, auquel elle ne daigna répondre que par un rire clair, presque moqueur.

Mais Boucle d'Or ne manquait jamais s'exécuter sa revanche ; même, elle n'évitait aucune occasion de rendre à Lumah la pareille de ses actes (La petite en gardait d'ailleurs encore quelques séquelles, il fallait dire) : et une petite seconde après cela, trop courte pour Lumah, elle s'était jetée sur sa meilleure amie, la noyant dans son étreinte. La blondinette, elle, n'eut le temps de voir qu'elle chevelure rousse la cacher de la lumière du soleil un instant, puis un tableau d'un jolie couleur bleue la recouvrir, sa vue se brouillant sous le choc. Horrifiée, elle se débattit et se releva le plus vite possible, crachotant l'eau qui s'était infiltrée dans sa gorge pour aussitôt fusiller sa meilleure amie du regard, tandis qu'elle était plus occupée à courir en bravant les vagues pour échapper à sa colère.

Mais la blondinette n'eut même pas à courir un peu qu'une vague ramena brutalement sa meilleure amie à ses pieds. Lumah, le visage éclairé d'un grand sourire, la toisa, fière.



Une heure. Lumah regarda l'horloge, comme pour s'en assurer. Dans une heure, plus de plage, plus de ce même air, retour à la normale. Toutes et tous étaient attelés à la finalisation de leurs bagages, la petite peinant à plier ses vêtements, et toujours embêté par la perte de sa chaussette favorite ; elle n'avait pas osé jeter un regard aux sœurs Caldin, mais elle était persuadée que celles-ci tiraient une tête de six pieds de long. Difficile d'être motivé après d'aussi belles semaines, après tout !

Come pour confirmer ses pensées, la petite Greenleaf sentit le regard de la rouquine se poser sur elle, puis une voix presque inaudible s'élever.


Lumah la regarda avec une moue triste, avant de la serrer dans ses bras.

« Moi non plus... Mais on se refera ça, c'est obligé ! », lui promit-elle avec un regard plein d'espoir, que sa meilleure amie ne pouvait pas voir.