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02 juin 2020, 19:17
Les cerisiers japonais  Solo 
[PNJ : Angel Fleurdelys, Flora Fleurdelys]

Mercredi 29 mars 2045 - 09h00
-Fife, Château de Dunfermline (Écosse)-

En amont de l’aventure « La fondation Coeur d’Or » :
https://www.poudlard.fr/viewtopic.php?f=50&t=23892


Éloïse disposa les branches de cerisier japonais dans un large vase de cristal qu’elle installa sur le piano du grand salon. Les rayons du soleil inondaient la pièce à travers les immenses baies vitrées. La jeune fille vida les cendriers et ramassa les verres vides laissés la veille au soir un peu partout par Angel, afin de les emporter en cuisine. Le propriétaire du château de Fife n’avait pas encore pris son petit-déjeuner malgré l’heure tardive. Il se levait de plus en plus tard ces derniers temps, délégant à son adjoint Redford la gestion du domaine agricole. Tandis qu’elle s’apprêtait à quitter la pièce, une faible voix dans son dos la fit sursauter :

- Éloïse... tu vas bien ?

Flora se tenait dans l’embrasure de la porte-fenêtre. Elle portait une longue cape noire laissant s’échapper ses boucles rousses. La pâleur de son visage et les petites cernes marquées sous ses grand yeux bleus laissaient présager de courtes nuits et un appétit de moineau. Elle semblait plus frêle que jamais.

- Madame Flora ! Je suis si contente de vous voir...

Éloïse posa son plateau sur la table basse, se dirigea vers elle et instinctivement lui soutint le bras. Elle n’avait plus vu Flora depuis plusieurs semaines.

- Asseyez-vous... Voulez-vous une tasse de café ?

Flora refusa délicatement d’un geste de la main, et prit place sur l’un des fauteuils tandis que sa jeune amie disposa un oreiller derrière sa nuque. La sorcière y laissa tomber sa tête dans un geste de lassitude. Elle observa la pièce. Ses yeux se posèrent sur le bouquet. Un petit sourire naquit sur ses lèvres.

- Les cerisiers du jardin sont en fleurs... ça me manquait... (voyant les verres vides) Angel n’est pas encore descendu ?

- Non Madame Flora. (hésitante) Monsieur Angel a tendance à vivre la nuit ces derniers temps...

Éloïse ramassa le plateau. Elle resta un instant debout devant l’ancienne Gryffonne :

- Il espère... je veux dire... il vous attend tous les soirs... la maison est bien vide sans Gabryel et sans vous.

Flora ne répondit pas, le regard perdu dans ses pensées. La jeune fille prit la direction de la cuisine. Sur le seuil, elle croisa Angel, une cigarette aux lèvres. Debout sans bouger, il fixait silencieusement la silhouette immobile de sa femme. Éloïse sortit et ferma la porte derrière elle.

- La cigarette te tuera... (sans se retourner) Et le whisky aussi.

- Tu seras veuve, si les moldus ne t’égorgent pas avant.

Un silence s’installa. Angel écrasa sa cigarette dans un cendrier, en sortit une autre de son paquet et l’alluma nerveusement.

- Tu es de passage ?

Flora dénoua la cape autour de son cou et baissa sa capuche. Elle remonta ses cheveux en chignon désordonné et passa sa main sur sa nuque tendue.

- Ce soir, je récupère Galaad à la fondation. C’est le dernier enfant qu’il me reste à placer. Glasgow n’est plus sûr et Miss Brewster ne peut plus assurer seule sa sécurité.

Gisele Brewster dispensait la direction de l’établissement. Mais son dernier hibou n’était guère rassurant. Les gens du quartier la regardaient de travers depuis quelques jours. Les récents évènements dans la capitale britannique avaient enveloppé toute la Grande-Bretagne d’un voile de suspicion générale nauséabonde. Les sorciers étaient traqués et les dénonciations devenues régulières. Le petit garçon n’était plus en sécurité à fondation Coeur d’Or. Tous les autres avaient trouvé des foyers d’accueil.

Flora se leva, laissant glisser sa cape sur le sol. Elle se tourna vers son mari. Leurs pupilles s’épousèrent un long moment. Angel écrasa à nouveau son tabac. Il fit quelques pas vers sa femme, ramassa son manteau et le déposa sur ses épaules avec douceur. Il caressa sa joue.

- Comment fais-tu pour être si belle ?

- Angel... Je vais surement te confier Galaad une fois que je serai allée le chercher. Il n’a nul autre endroit où aller. Je sais qu’il sera en sécurité avec toi. Ici, personne ne pause de questions. Chacun s’occupe de ses affaires.

- Tu ne restes pas avec nous ?

Flora se tourna vers les grandes vitres du salon et observa les arbres fleuris du jardin.

- J’ai encore des choses à régler. Tu sais, Edward... n’a pas donné signe de vie depuis presque trois mois. Le Réveil a plus que jamais besoin de moi.

- Edward, le Réveil, Ursula... ça fait des semaines que tu ne donnes plus aucune nouvelle. Tu ne vois pas ce qui se joue en ce moment Flora ? Tu veux vraiment y laisser ta peau ? Pourquoi ? (silence) POURQUOI ?

L’homme savait que la mère de son fils ne lui répondrait pas. Il abordait ce sujet à chaque fois qu’elle réapparaissait, sans jamais parvenir à lui faire prendre conscience du danger. Ou du moins, à lui faire admettre qu’elle encourait la mort à chacune de ses « missions ». Coeur d’Or, c’était autre chose... Flora n’avait pas beaucoup connu son père et sa mère l’avait à peine élevée. Cette fondation lui donnait l’occasion d’adoucir un quotidien sans parent qu’elle avait dû elle-même affronter.

- Gabryel n’aura pas eu l’occasion de connaître Penwyn finalement... je veux dire...

- Je sais ce que tu veux dire. (silence) Pour le moment, Poudlard reste l’endroit le plus sécurisant pour notre fils. Tant que Loewy dirigera l’école, Parkinson et tous ses dégénérés ne parviendront pas à y mettre un orteil. Les moldus non plus d’ailleurs.

Le vent emporta avec lui quelques pétales de fleurs des cerisiers et les déposa sur le seuil de la porte-fenêtre. Angel posa ses mains sur les hanches de sa femme et lui embrassa le cou.

- À quelle heure transplanes-tu pour Glasgow ?

- 19 heures. Je veux arriver avant le coucher de Galaad. Gisele m’attendra.

- Sois prudente mon amour...

La sorcière se tourna vers son mari et le regarda fixement au fond des yeux.

- Si à minuit, je ne suis pas revenue avec le gosse, tu pars chez Mamina à Paris. Au cas où... Je ne veux pas qu’on vienne t’arrêter à cause de moi. Tu entends Angel ? Tu m’as bien comprise ?

L’homme acquiesça de la tête. Il avait parfaitement saisi le message. Il passa la main dans l’épaisse chevelure de Flora.

- Je vais te faire couler un bain chaud, que tu te détendes un peu. Puis nous déjeunerons sous les arbres, sur l’herbe. Ça te dit ?

- Rien ne me ferait plus plaisir...

La légilimens sourit à celui qui avait jusqu’ici montré une patience et une confiance sans failles à son égard, au-delà des doutes et de la peur.
Elle tourna le regard vers le parc baigné de soleil. Verrait-elle les cerises cette année ?

Image

FIN

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »