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21 juin 2020, 18:25
Noël 2044

♫Attention
Après-midi du 17 Décembre 2044
Première Année,
Solo
Poudlard & Manoir Blackfall

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...

Je sors de mon dortoir avec une malle grosse comme le monde, ma cape de voyage fermeture argent soigneusement attachée autour de mon cou et Tremble&Snallygaster dans la poche de ma robe. Je ne pars jamais sans elle. Elle représente ma domination face au monde.
Seulement une partie de mon dortoir fait de même et s’affaire autour de moi, la moins prestigieuse, les enfants nés-moldus.
Les autres sont déjà montés à bord du Poudlard Express pendant que nous avons patiemment attendu d’être appelées dans le bureau de la Directrice pour qu’elle nous explique comment rentrer chez nous. Je n’ai pas particulièrement apprécié tourner en rond dans le dortoir des Coronelles, les Serpentardes ne sont jamais très bavardes et de toute façon je ne ressens que rarement l’envie de leur adresser la parole. Ça y est, c’est enfin l’heure.

Il a fallu prendre prendre des mesures de précaution particulières pour les élèves comme nous. Une plume de paon, sorte de Portoloin.
Pas étonnant quand on voit tout ce qui se passe en Grande-Bretagne ces temps-ci.
Je m’arrache à mes pensées moroses et grimpe les sinueux escaliers du cachot pour arriver à notre salle commune, le Petit Salon des Serpentards, l’un de mes endroits préférés au monde mais surtout du château.
Ses murs et ses plafonds de pierre brute. La lumière chaleureuse diffusée par la Grande Cheminée au manteau gravé de diverses figures ouvragées mélangée à celle, verdâtre, agréable à sa façon, projetée par les reflets du Lac. Étonnement, je ne me sens pas enfermée ou étouffée par celui-ci. Au contraire, il me donne un sentiment de protection. Sûrement feint, mais réel tant que je pense qu’il existe. Certains pourraient se méprendre face aux lampes de chaînes et aux de crânes ou autres objets semblables faisant office de décoration, raison pour laquelle on surnomme notre Salle Commune les cachots. Mais moi, je les aime bien.
Si ces crânes sont avec nous, par surcroît dans notre domaine, c’est que c’est pour nous qu’on les a dégotés. Et surtout, c’est que ce ne sont pas les nôtres. Une sorte de trophée, donc.

Exactement le genre de réflexion qui ferait sortir de sa tête les yeux de ma sœur. Oh, Octavia, tu ne me manques pas. Pourtant, je vais te revoir dans quelques heures.
Qu’est-ce qu’on doit se dire après quatre mois de séparation emplis événements terrifiants ? Personnellement, je ne l’ai jamais accueillie quand elle rentrait de Poudlard. Sûrement fera-t-elle de même.
Le portrait d'Horace Slughorn se tient juste en face de moi, il tient une place d'honneur juste au-dessus de la porte ; c’est parce qu’il reste l'un des meilleurs professeurs de potions que l'école a connu. Après Severus Rogue, dit-on, mais malgré son implication dans la résistance durant l’Année des Ténèbres, les gens persistent à le voir d’un mauvais œil. On préfère citer Horace et sa bonhomie superficielle qu’un homme qui incarnait de son vivant tout sauf la sympathie. Voilà un exemple plutôt fidèle de pourquoi je déteste les gens. Ils ne sont jamais reconnaissants pour les bonnes choses.
D’ailleurs, il s’adresse à nous :

- Jeunes demoiselles, veuillez monter dans le bureau de Miss Loewy. Elle vous y attend.

Je suis sur le point de demander le mot de passe, mais j’imagine que les escaliers ont été provisoirement ouverts aux élèves. Je parcours donc le château en me fondant dans la masse jusqu’à arriver au lieu de rendez-vous.
Les instructions sont simples. A chaque élève une Plume qui la conduit à son domicile.
J’imagine qu’il n’y aurait qu’un Poufsouffle pour pouvoir se perdre.
Avant de toucher la douceur du paon, je me retourne une dernière fois. Mais pourquoi ? Je n’ai personne à qui dire au revoir. Une sensation désagréable s’empare aussitôt de moi et le monde se met à tourner à une vitesse effarante.
Je suis sur le point de glisser, me semble-t-il, lorsqu’elle me ramène chez moi. Devant le manoir. Ils ont là. Père, Mère, Tante Violette et Octavia.

Je leur souris franchement et ça me fait bizarre, c’est une habitude que j’ai perdu ces derniers mois.
Ma mère accourt avec son habituelle frivolité, celle qui me donne envie de lui lancer une remarque cinglante. Mais je remarque quelque chose dans ses yeux, de l’inquiétude ? Et je m’en abstiens.
Je la laisse m’assaillir de question et finir par mais tu auras tout le temps de nous le raconter une fois à l’intérieur, bien sûr.
Mon père n’a pas bougé, du haut des escaliers de marbre. Il me sourit discrètement et avec fierté, personne ne pourrait l’imiter lorsqu’il prend cette expression. Ma sœur le regarde avec l’air de s’ennuyer à mourir devant ce spectacle si touchant et ma tante, juste à côté d’elle me fait des signes de la main.

Arrivée dans le hall d’entrée, Miffy me débarrasse de ma cape et de ma malle puis s’enfonce dans la cuisine pour me préparer une chocolat chaud. C’est là que je me rends compte de ce qui me titillait depuis tantôt.

- Où est Grand-mère ?

On m’indique la salon. Elle se fait vieille et fragile. On l’a sûrement dissuadée de se joindre au petit comité d’accueil, à voir la tête qu’elle tire. Pourtant, son expression se radoucit dès qu’elle me voit.

- Carmie, comme tu as grandi ! Tu as au moins pris dix centimètres. Ça te dit que je t’achète de nouvelles robes pour Noël ? Et une robe de Bal ! Tu deviens assez âgée pour ce genre de festivité, il me semble. Un bal à lieu, cette année, à Poudlard ?

Je sais que sa remarque est inopinée, mais elle me prend de plein fouet. Le bal d’Halloween a été désastreux, malgré tout ce qu’on avait mis en place.
Pour moi, ça a été le point départ de toutes les monstruosités qui ont suivies. Je me rappelle les cris, la poussière, le noir. Le chaos.
On nous a dit par la suite que les élèves qui avaient organisé le déluge n’étaient pas de réels néo-Mangemorts. Qu’ils ont simplement fait ça par amusement, pour créer la division. Mais je n’y crois pas vraiment. Les événements atroces qui se sont produits en Grande Bretagne ont eu lieu juste après. Ça n’a pas pu être une coïncidence. C’était l’étincelle rêvée pour faire sortir de leur cachette ceux qui n'en pensaient pas moins, pour attiser la flamme.
De jeunes recrues, ayant accès à Poudlard, croyant dur comme fer aux idéologies traditionalistes et d’origines purement sorcières. Ça a dû sans aucun doute monter à la tête de certains. Plus dangereux encore qu’une bande de Serpentards révolutionnaires.
Mais alors que je suis sur le point de me reprendre, ma Grand-mère achève sans attendre ma réponse, enfonçant un peu plus dans mon cœur le clou qui venait de s'y loger :

- Oh, et quand ton père m’a dit que le Choixpeau t’avait répartie à Serpentard .. elle s’essuie les yeux d’un revers de la main. Tu es digne de ton nom, Carmen. Je peux te dire que s’il était là, ton grand-père serait aussi fier de toi que je le suis. Comme j’étais contente ! On a même fait un souper pour fêter ça.

Elle continue son monologue en tentant de m’amener vers la cuisine sans que je l'écoute, probablement pour me gaver jusqu’à ce que je n’ai plus faim, continuer de monopoliser la conversation et me soutirer quelques informations sur les petits-fils et petites-filles de ses connaissances étudiant à Poudlard dans mon année mais je sens une petite pression amicale dans mon dos et entends une voix familière résonner du ton ferme que j’aime tant :

- Je pense que Carmen en a entendu assez pour l’instant. Elle devrait aller se débarbouiller, les voyages en Portoloin ne sont jamais très agréables.

C’est Téah. Ma cousine préférée, bien que je la considère plus comme une sœur que je ne vois pas souvent, elle habite si loin. Quelle surprise. Je me jette à son cou. Je ne me souviens pas avoir été aussi démonstrative depuis longtemps. Si ça la surprend, elle ne le montre pas et me rend mon étreinte dans un sourire.
Je l’examine sous toutes les coutures. Elle est si belle, si grande, c’est presque une femme. Je voudrais être comme elle-même si je sais que je ne pourrais jamais l’être. Elle est trop parfaite à mes yeux.
Mes parents nous regardent avec chaleur et Père appuie la remarque de Téah :

- Pourquoi vous ne monteriez pas là-haut ? Je suis sur que vous avez pleins de choses à faire avant le souper de ce soir.


Un souper ? C’est Octavia cette fois que je questionne du regard et qui acquiesce. Elle est la reine des soupers, toujours belle, à s’afférer pour que tout se passe bien.
Elle me regardant de haut en bas, comme s’il y avait beaucoup de travail à faire pour me rendre présentable. C’est le premier vrai contact que nous avons depuis mon retour, il est formel sans être froid. Étrange, je me serais attendue à percer de la haine derrière ses iris après tous les éloges de Grand-Mère à mon encontre.
Nous nous dirigeons ainsi toutes les trois vers les étages.
Dernière modification par Carmen Blackfall le 15 juil. 2020, 19:08, modifié 5 fois.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.

28 juin 2020, 21:31
Noël 2044
♫Beautiful Little Fools
Avant-soirée du 19 Décembre 2044
Première Année
Solo
Chambres d'Octavia et Carmen

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- Cette vieille pie n’arrête donc jamais de jacasser ? s’indigne Téah.

Je sais qu’elle dit ça pour me montrer qu’elle est de mon côté et qu’elle comprend. Mais Octavia a l’air pincé quand elle lui répond :

- Ma grand-mère ne sait rien à rien, je te rappelle. Mieux vaut la maintenir dans l’ignorance tant qu’on le peut encore.

Un silence s’en suit jusqu’à ce que nous ayons atteint le deuxième étage, celui de ma chambre, de celle de ma sœur, et de celles d’ami. Des amies de ma sœur plutôt. H & H les jumelles maléfiques. Car moi, je n’en ai pas. Et que ce sont celles qu’Octavia ramène le plus souvent au manoir.

- Carmen, tu viens avec moi.

Je fais mine de protester mais je sais que c’est peine perdue.

- Ecoute, si tu pensais qu’en laissant pousser tes sourcils comme de la broussaille tu aurais le temps de te la couler douce en rentrant ici, tu te mettais le doigt dans l’œil.

Je lance un regard vers ma cousine qui s’éloigne déjà. On se dirige vers la chambre d’Octavia.

- Je ne savais pas qu’il y aurait un souper ce soir.

- Tu as donc été si peu attentive les vingt-et-une fois où je suis revenue de Poudlard pour les vacances ? Il y a toujours un souper, Carmen. Elle lève les yeux au ciel.

- J’imagine que tu vas te venger des éloges que m’a fait grand-mère en me transformant en un soosie de ta poupée hideuse à nœuds roses, je réplique.

- Je n’en ai rien à faire de ce qu’elle peut te dire, elle raconte n’importe quoi ces derniers temps, assène-t-elle d’un ton posé.

- Je vois que tu t’octroies le droit de critiquer Mamie sans hésiter. Lorsque c’est au tour de Téah, c’est une autre affaire..

- Oh, tais-toi maintenant. Je vois que Poudlard ne t’a pas fait du bien, je m’en doutais de toute façon. Il faudrait sûrement plus qu’un astéroïde pour te faire tomber de ta planète.

Je comprends tout de suite que c’est une référence à l’horrible lettre qu’elle m’a envoyé en Septembre, celle qui m’a mise dans tous mes états alors que j’étais mentalement affaiblie par mon arrivée au château. J’arrache vivement mon poignet à la poigne de sa main et cherche quelque chose à lui répondre, à lui balancer dans la face pour faire disparaître cet horrible petit sourire suffisant qu’elle arbore. Mais rien ne me vient. Je me promets qu’un jour, je lui ferai payer. Je m’assieds sur son lit de satin et regarde le sol pendant qu’elle se dirige vers le dressing qui sépare nos chambres.
Une larme coule, je ne comprends pas vraiment pourquoi. Sûrement la déception que je ressens alors que je me rends compte que rentrer à la maison n’est finalement pas une échappatoire.

Octavia revient avec trois robes de grandes occasions et manque de me demander laquelle je préfère jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle n’en a rien à faire. C’est elle la garce, pas moi. Je peux me montrer horrible avec les gens, mais pas avec la famille. Surtout lorsque ça fait trois mois qu’on ne s’est plus vus. Je me lève et croise le regard de ma sœur dans le miroir. Elle doit voir que je ne vais pas bien parce que son expression se radoucit et qu’elle se tait enfin. Elle me prépare un bain comme mère le lui a demandé, y ajoute toutes sortes d’huile et me fait enfiler chaque tenue plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle ait arrêté son choix. Je me retrouve nue comme un ver pendant qu’elle ajuste la robe à ma taille à coup d’aiguilles et de baguette magique. Ça lui prend un bon quart d’heure et je finis par l’enfiler. Ensuite, elle me brosse les cheveux et me coiffe comme elle seule sait le faire. Elle me délivre enfin après m’avoir fait tourner trois fois sur moi-même. J’ai l’impression d’être un caniche tout droit sorti du toilettage quand je m’effondre sur mes couvertures.
Téah m’y attend déjà.

- Alors, agréable le relooking avec la grande sœur chérie ?

Je suis tentée de lui lancer une pique mais je vois qu’elle a un petit sourire mi ironique mi compréhensif face à l’énergumène qu’est Octavia. L’école m’a décidément transformée en véritable bombe à retardement. Toujours tourmentée, ardente, sur le point d’exploser. Je soupire.

- Je ne te conseille pas d’aplatir tes boucles en t’avachissant comme ça dans ton panier, fait une voix à travers l’entrebâillement de la porte.

- Dégage, Octavia, je lui lance.

Je me relève pour refermer vivement la porte de me chambre et attends d’entendre ses pas s’éloigner pour continuer de discuter avec ma cousine.

- Alors, toujours aussi agréable en Russie ? je lui demande d’une voix ironique.

- Ne m’en parle pas. Mon père n’est quasiment plus que l’ombre de lui-même et maman ..

La voix à la fois tonitruante et surexcitée de ma mère l’empêche de continuer.

- Les filles ! C’est l’heure. Descendez-tout de suite, ils sont là.

Je suis sur le point de demander pardon à Téah et de lui dire de continuer, mais elle se lève sans hésiter et descend les escaliers presque en courant. Elle, toujours si calme. Je la suis.

- Romy. souffle-t-elle

Le soulagement est palpable dans sa voix. Je trouve qu’elle s’inquiète trop pour notre cousin, elle devrait se détendre. C’est d’ailleurs aussi l’avis de ce dernier. Mais après tout, qui suis-je pour donner des conseils en matière de relations fraternelles et qui est-il pour lui reprocher quoi que ce soit ? Elle, qui a tout sacrifié pour lui. Je m’élance vers Roméo et lui tend la main, il me la serre vigoureusement et salue le reste de la famille. Derrière lui, un homme quasiment méconnaissable. Mon oncle. Par alliance. Pour la première fois il me semble, une bouffée d’inquiétude pour lui me traverse. Les années ne lui ont jamais fait de bien, je l’ai vu toujours plus se désagréger au fil du temps. Mais rien de comparable à ce qui se tient en face de moi. De nous. Un silence pesant règne dans le hall. C’est mon père qui se jette à l’eau et pose la question qui nous brûle les lèvres.

- Armando. Où est Giulia ?

Ce dernier répond en Russe. Un dialogue a lieu entre les deux hommes. Père est un homme d’affaire, il parle tant de langues que je ne pourrais les compter. Mais ce n'est pas notre cas, le reste de la famille attend l’explication de cette mystérieuse absence. Ma tante commence à s’énerver :

- Mierda Armando ¡dinos dónde está Giu!

Génial. Le souper s’annonce de tout repos. Quand on commence à parler espagnol, c'est que l'émotion va être au rendez-vous. Avant que je m’en aille pour Poudlard, Tante Violette n’avait qu’un sujet à la bouche. Giulia-qui-serait-maltraitée-par-Armando-et-qui-ne-saurait-pas-comment-sortir-de-sa-situation. Elle en était et en est apparemment toujours persuadée. Elle lui envoyait des lettres et soutenait que les réponses qu’elle recevait n'étaient pas de la main de sa sœur. Elle a même tenté d’entreprendre un voyage en Russie mais les pays étrangers ne sont plus aussi tolérants envers les britanniques avec tout ce qui se passe dans nos pays. Elle a alors été persuadée que toute cette histoire était un complot national. Elle ne voulait rien entendre. Elle prétendait qu’Armando était à la tête du gouvernement russe et que les dirigeants du pays voulaient sauver son image en cachant ce qu’il infligeait à sa femme. Elle a écrit à son beau-frère, à sa sœur, au Ministre lui-même. Mais ses écrits sont restés sans réponse. Chez les Graziela, on ne fait pas les choses à moitié, disent-ils. Personnellement, je trouve simplement ma famille bornée. Ne pas la voir à un de nos rares soupers est la cerise sur le gâteau pour elle, j'imagine. Ma Grand-Mère lui tape sur l’épaule en de petits coups insistants :

- Dites, vous ne pourriez pas parler un peu Anglais ? On dirait une bande de sauvage et je ne comprends rien.

- ¡Calla a la anciana quiero saber dónde está mi hermana!

- Tatie, calme-toi, intervint Octavia. S’il est venu ici, c’est qu’il est prêt à s’expliquer.

- Reste en dehors de ça, Octavia, ma tante se tourne vers nous, Ouvrez-les yeux, mierda, s’il a décidé de parler Russe, ce n’est pas pour rien. Et toi Will, pourquoi tu ne nous explique pas ce qu’il raconte ?

- Violette. Si Julie n’est pas là, c'est parce qu’elle se fait aider. Le centre dans lequel elle est internée n’a pas jugé bon de la faire voyager. C'est son bien que tu veux, n’est-ce pas ?

- Evidemment que je veux son bien, mais il nous sert des conneries sur un plateau et croyez-moi, je vais lui faire cracher le morceau. William, mieux que nous tous tu dois savoir quand quelqu'un ment. Pourquoi essaie-tu de le protéger ?! ¿Dónde está mi hermana?
continue-t-elle d'asséner.

Elle continue comme ça un bon moment, à se répéter inlassablement, et ma mère finit par réussir à l’entraîner un peu plus loin par la force. Il ne reste plus que mes cousins et moi dans le hall. Grand-Mère a suivi mon oncle et mon père et Octavia a été réclamer les zakouskis près de Miffy.

- Téah, Romy, je suis vraiment désolée. Vous savez comment elle est, je tente d'excuser Tante Violette.

- Ne t’en fais pas Carmie, ce mec est un sale type, répond mon cousin en se détournant, le regard amer.

Ma cousine me lance un regard empli de tristesse, voir sa famille se dissoudre ainsi l’affecte énormément. Je la prends par le bras et nous nous dirigeons tous les trois vers le Grand salon où le reste des adultes est déjà installé.

*Suite des vacances en troisième post*
Dernière modification par Carmen Blackfall le 15 juil. 2020, 19:04, modifié 1 fois.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.

14 juil. 2020, 22:05
Noël 2044

♫London Symphony Orchestra
Soirée du 17 Décembre 2044
Première Année
Solo
Manoir Blackfall

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Le reste de la soirée se déroule sans trop d'encombre si ce n'est les quelques pics de Tante Violette, la saoulerie de mon Oncle et les habituelles remarques désobligeantes de Grand-Mère. Mais qu'est-ce qu'un souper de famille sans quelques petites querelles ? Miffy et les elfes que nous avons engagés pour ce soir se plient en quatre pour nos dégustations, ils font de véritables merveilles.
J'imagine notre elfe, trop contente du pouvoir absolu que nous lui avons délégué pour un soir, diriger avec sa petite voix couinante une équipe culinaire et ça me fait sourire. J'aime bien cette elfe. Quand j'étais petite, c'était souvent elle qui me bordait, s'occupait de moi lorsque j'étais malade et nourrissait toute la famille. Elle y a toujours mis tout son cœur. Ça lui fait plaisir. Elle nous est entièrement dévouée sans aucune pointe d'amertume visible dans ses yeux luisants aussi gros que des balles de tennis. Je ne comprendrai jamais les elfes. Pourtant, je dois quasiment plus à Miffy qu'à ma mère.

D'abord, ils nous servent l'Apéro avec au choix Sauterne ou Champagne en guise de boisson et caviar, saumons, huîtres ou langoustes comme mise-en-bouche. Il semble qu'ils ont misé sur le côté marin du pays pour débuter la soirée. Et puis, notre elfe sait à quel point nous adorons ce qui est salé. Tout le monde adore leurs préparations et ça calme un peu les tensions. Je retrouve la cuisine de chez moi, pas celle de Poudlard, et ça me fait du bien.

Une trentaine de minutes après que nous ayons fini les apéritifs, nous passons à l'Entrée. De généreux toasts au foie gras et au confit d'oignons, de gingembre, de framboise et de toutes sortes de sucreries sont disposés sur nos assiettes. Pour garder le thème terre-mer de la soirée, nous avons aussi droit à quelques coquilles St Jacques bien assaisonnées sur nos plats. Personnellement, je n'aime pas trop ça *trop gluant*, je les passe donc discrètement à Roméo sous la table. Depuis le début de la soirée, il ne cesse de se goinfrer en lançant des regards haineux vers son père. Il ne s'est jamais comporté en goulaffe les Réveillons passés et il me semble qu'il le fait exprès. Octavia lui donne fréquemment des coups de coude mais personne d'autre que moi ne semble le remarquer, et je fais moi-même semblant de ne pas l'avoir vu. Je me demande si leur père les nourrit bien. Connaissant mon cousin, il veut précisément lui faire passer le message que non. Mais Armando ne s'en rendra pas compte, parce qu'il est déjà saoul. Même pas minuit, marmonne Téah derrière la musique philharmonique qui résonne contre les parois marbrées de la Salle à Manger. Digne d'un réveillon à l'avance.

Quelques minutes plus tard seulement, on reçoit le célèbre le Trou-Normand. Une sorte d'entre-plats. Sorbet au citron noyé dans une quantité opulente de Calvados. C'est au tour de Roméo de me passer sa coupe. L'alcool lui rappelle trop la dépendance de son père. Ce dernier semble d'ailleurs se délecter de la confiserie et n'écoute plus que d'une oreille la conversation sur le Wisky Blackfeu qu'a engagé Grand-mère avec le reste de la famille. Je soupire, mes cousins méritent mieux. Je me lève discrètement pour me rendre au petit coin. En revenant, je passe par les cuisines. Dans l'encadrement de la porte, je vois Miffy, véritable cheffe d'orchestre, donner de son autorité en direction d'autres petits elfes. Ils courent, dérapent, suent, lavent les plats, cuisent, coupent, sous son regard inquisiteur. Dès qu'elle m’aperçoit, elle accourt et se penche si bas que son minuscule groin semble toucher le sol.

- Madame Carmen est-elle satisfaite des prestations ?

- Merci Miffy, elle semble rougir de plaisir sous sa peau verdâtre, nous le sommes tous, en effet. Un peu trop en ce qui concerne Armando, ses longues oreilles se tassent sous le poids de la honte, non, Miffy, ce n'est pas ça. Lui aussi apprécie. Simplement, puis-je suggérer à tes elfes d'avoir la main un peu moins lourde sur les futures quantités d'alcool qu'ils lui verseront ? Il ne le supporte pas bien, même s'il ne semble pas s'en rendre compte.

- Bien sûr, Madame Carmen, elle paraît avoir reçu un choc électrique, Madame pourra-t-elle s'excuser de la part de Miffy auprès de Monsieur Armando ? Miffy peut venir en personne, mais elle ne voudrait pas couper l'appétit des invités et encore moins celui de ses Maîtres. Monsieur William a été très clair, pas d'apparition des elfes pendant le souper, récite-t-elle quasiment.

- Je n'aurai pas besoin de lui faire passer le message .. tout ceci restera entre nous, je tente de lui faire comprendre d'une voix traînante.

- Evidemment Madame Carmen, Miffy souhaite à Madame de passer un bonne fin de soirée, me répond-elle sur un ton conspirateur.

Je souris en m'en allant et ai tout juste le temps de l'entendre vociférer sur les elfes qui ont préparé le trou normand de mon oncle. J'espère intérieurement qu'elle ne leur demandera pas à de se punir ou qu'ils ne le feront pas d'eux-même. D'abord parce que ces ordres n'étaient pas ceux de mon père même si je ne doute pas qu'il approuve les suggestions que j'ai fait à notre elfe, ensuite parce qu'il ne faudrait pas que ça retarde le souper. Je me rassieds en bout de table et aplatis les pans de ma robe.
Au tour du Plat, ou plutôt devrais-je dire du buffet, il se compose essentiellement de viande. Seuls quelques petits plats s'abstenant d'en contenir sont disposés devant moi. Je n'aime pas la viande. J'en ai pas grand chose à faire qu'on tue des bestioles ni de comment on le fait .. Mais à quoi bon en manger si c'est pas bon ? En mangeant, on discute un peu avec ma sœur. Mais de choses futiles, comme d'habitude. Roméo demeure quasiment muet et affiche toujours ce même air dégoûté, il en parle que quand on le questionne. C'est avec Téah que je discute le plus, mais de rien de bien intéressant. J'attends d'être seule avec elle pour ça. Peut-être en fin de soirée, si nous avons de la chance, j'espère. Le souci, c'est que quasiment tous les sujets intéressants son tabous à table. Nous pourrions parler de son école, mais le règlement le lui interdit - normalement - ou encore de son frère, mais il est juste à côté. Nous finissons rapidement par nous taire et à écouter la discussion des adultes qui est de plus en plus gênante. Dans les jeunes, seule Octavia y participe. Mère et elle semblent s'entendre comme larrons en foire.
Heureusement, le Dessert arrive vite et nous régale tant que nous ne cherchons pas à trouver matière à discuter. Je ne saurais pas le guérir, le peu des deux vins que j'ai bu m'est un peu monté à la tête.
Le Pousse-café suit rapidement. Il me parvient avec un petit mot « Le Whisky BlackFeu de l'oncle de Madame est une imitation d'alcool pour mineur. » finement tracé, contre tout attente. Je le fourre rapidement par-dessous mes cuisses.

C'est là que la dispute éclate. Les cris fusent de tous les côtés. Personne ne reste à l'écart. Le timbre de chacun en ressort. Mais je ne saurais pas distinguer qui prononce quoi. Chez nous, quand ça crie, c'est pour de bon.
- C'est dans ton-sous sol que tu la gardes, Armando ?
- Tais-toi Violetta, c'est toujours toi qui crée les problèmes !
- Et toi tu restes sage et polie, c'est ça que tu veux que je sois ? Écervelée à ta manière, Ari ?
- N'insulte pas ma femme de cette manière, tu sais que tu es le seul problème à cette table.
- Tatie n'est pas un problème,
je me surprends à marmonner.
- Ne te mets pas tes parents à dos Carmen, je sais me défendre.
- Parlons-en, de Mama y papa, Violetta. Eux-mêmes ne t'ont jamais voulu.
- Maman! Tiens-toi un peu,
intervient Octavia.
- Non, c'est à Violetta de s'en aller je pense, déclare Armando.
- Qui es-tu pour déclarer ça, Armando, hein ? C'est à toi de te casser! hurle Roméo, furibond.
- Papa, c'est p-a-p-a Roméo ! crie désespérément Téah, au bord des larmes.
- Allez jeune gens, ne recommencez pas vos chamailleries et tenez vous un peu.
Octavia emmène Grand-Mère dans le Salon aussi rapidement qu'elle le peut avec ses mouvements lents et saccadés avant qu'elle ne s'attire définitivement les foudres du reste de la famille.
- Laissez tomber, les enfants. Je n'ai plus rien à faire ici. Merci à vous, William et Ariana.
Et elle s'en va par le Réseau de Cheminette, étant la plus proche de l'âtre, sans attendre que quiconque puisse reprendre son souffle, comprendre le sens de ses paroles ou la raccompagner. Elle s'engouffre sans plus traîner entre de longues flammes vertes qui semblent lui lécher les chevilles sans la moindre brûlure.

*Suite des vacances en quatrième post*

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.