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24 juin 2020, 16:47
Migration d'oiseaux sauvages  PV 
« Je crois qu'il profita, pour son évasion, d'une migration d'oiseaux sauvages. »
Le Petit Prince, Antoine de St-Exupéry


20 juin 2044

La première pensée qui traversa Lyn, avant même d'ouvrir les yeux, fut "Quand est-ce qu'on part ?" ; la suivante fut quelque chose ressemblant vaguement à "oh woh woh ces vacances vont être beaucoup trop cool" ; et enfin, "ow Dezeum, préviens avant de sauter sur moi". Puis elle ouvrit les yeux, et fut ravie de constater qu'elle ne s'était pas réveillée au milieu de la nuit, parce qu'avec son excitation elle aurait été incapable de se rendormir.

Sans attendre, l'aiglonne se redressa, recevant un miaulement plaintif de la part de son chat, forcé à sauter du lit. Un coup d’œil au dortoir lui confirma qu'elle avait devancé Solwen – comme quoi, quand elle est motivée, elle peut avoir la première place.
Elle laissa gracieusement ces dernières minutes de léthargie à son amie, et fila attraper quelques vêtements pour s'habiller en vitesse, une chemise à carreaux et de simples jeans. À son retour cependant, elle eut le plaisir de la voir consciente (ou du moins c'est l'impression qu'elle donnait), et la salua d'un grand sourire tout en s'occupant pour tromper son excitation.
Après avoir mis quelques affaires supplémentaires dans sa valise et fait son lit, elle put descendre en compagnie de Solwen pour prendre leur petit-déjeuner.

•••

La matinée eut beau passer comme au ralenti, une fois à bord du Poudlard Express, Lyn avait juste l'impression que les derniers jours étaient passés en coup de vent. Solwen et elle ne cherchèrent pas particulièrement à se mêler à d'autres connaissances, et se retrouvèrent dans un compartiment avec quelques élèves d'années différentes.
On ne peut pas dire qu'elles furent bavardes durant le voyage – Lyn reprit la lecture d'un roman qu'elle avait commencé au début de la semaine – mais elles eurent tout de même quelques discussions, par-ci par-là. À un moment, l'aiglonne prit la parole, hésitante, sans lever les yeux de sa page.

– J'espère qu'on pourra aller chez moi sans problème. Mes grands-parents ont dit qu'ils s'en occupaient mais... Ugh, je suppose que si ça s'était mal passé, ils m'auraient envoyé un hibou. Juste. Hm. Je me fais du souci pour rien, uh ? Elle soupira, embarrassée de manifester son inquiétude aussi clairement. Il n'y avait aucune raison pour que leur voyage soit refusé. Il s'agissait simplement de retrouver sa famille. Rien de terriblement dangereux pour le gouvernement.
Lyn avait à peine remarqué qu'elle avait commencé à mordiller et triturer la peau sur ses lèvres.

Le reste du voyage se passa de la même manière que le début, calme mais avec une certaine tension perceptible.

•••

Descendue juste devant son amie, la petite italienne lui tendit la main depuis le quai comme pour l'aider, affichant un sourire narquois.
– Milady.

Quelques secondes plus tard, une voix la fit sursauter et elle rougit légèrement, relâchant la main de Solwen. Son grand-père venait de la saluer, un air plutôt jovial sur le visage. Aussitôt, malgré son embarrât toujours présent, elle se sentit rassurée, parce qu'il n'y avait pas moyen que cette figure soit porteuse de mauvaises nouvelles.
Sur la pointe des pieds, elle lui fit une bise, puis l'homme se tourna vers Solwen, se présentant comme "Oscar, papy de la grande fille ici présente" – dans son dos, Lyn fit une grimace à l'évocation de sa prétendue grande taille (certes, elle avait grandi depuis la dernière fois qu'elle avait vu ses grands-parents, mais. ugh.) – et "tu dois être Solwen, de toute évidence" (le "Lyn nous a beaucoup parlé de toi" était presque audible par télépathie mais fort heureusement, il s'abstint de rajouter un commentaire).

À l'extérieur de la gare, ils furent menés devant la voiture dans laquelle attendait la grand-mère de l'aiglonne. À leur approche, elle s'empressa de sortir avec élégance, et manqua d'écraser la fillette dans son embrasse. Les présentations reprirent, "Agatha Felix et blah blah blah Solwen blah ton prénom est très joli blah blah" et bientôt les valises furent chargées et les passagers furent tous installés – Dezeum et Taun tout au fond de la voiture (Agatha avait insisté que ça ne serait confortable ni pour les filles ni pour leurs bestioles si ces dernières restaient sur les genoux des premières et, bien que douteuse, Lyn avait consenti).

Consciente que Solwen ne devait pas être à l'aise après la rencontre de deux adultes inconnus, bien que très amicaux, Lyn prit sa main dans la sienne en silence, et pressa doucement, lui adressant un sourire qui se voulait rassurant.
Le trajet se passa avec des questions posées aux fillettes de temps en temps, et les deux adultes expliquant qu'ils avaient tout géré niveau administration, mais que c'était infernal de circuler dans tous ces couloirs et après devoir attendre pour ensuite devoir prendre un autre chemin et cætera, traduction "je déteste la paperasse". Lyn sourit et eut un petit rire en réponse à cette diatribe. Malgré tous les changements politiques, ses grands-parents étaient restés identiques à eux-mêmes.

•••

21 juin 2044

On pourrait comparer le réveil de Lyn ce jour-là à celui de la veille : un réveil caractérisé par une certaine impatience à l'idée de mettre les voiles, mais cette fois à bord d'un avion.
La différence par rapport à la veille est que seules Solwen et Lyn étaient présentes dans la chambre d'invité, aucun camarade de dortoir à éviter de déranger. Lyn se redressa sur son matelas au sol (elle lui avait gracieusement laissé le lit) et éteignit son réveil, puis répéta les mêmes opérations que la veille (cette fois, le réveil avait permis de synchroniser le réveil des deux amies et donc le déroulement de leur mission), entre le bonjour, l'habillage, le petit-déjeuner, les valises, etc.
Et puis très vite, ce fut le moment de partir une nouvelle fois, et à nouveau, Oscar et Agatha les accompagnèrent, assurant qu'ils s'occuperaient de tous les papiers et qu'elles pourraient se contenter de prendre place à bord de leur avion sans se faire de souci sur quoi que ce soit.

Comme à chaque fois qu'elle rentrait à Naples, Lyn avait rajouté dans sa valise un cadeau et une lettre de ses grands-parents pour le reste de la famille Felix. Le temps de la séparation vint, et en très peu de temps, Solwen et Lyn se trouvèrent installées à bord du géant ailé.

– Wow. J'ai l'impression que c'est passé super vite, pas toi ? J'espère que les vacances vont être leeeentes, qu'on puisse passer un max' de temps ensemble !

Lyn lui lança un sourire allant jusqu'aux oreilles, complètement excitée et impatiente de montrer Naples à son amie.

Quelques instants, et l'avion décolla.

“C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” - Le Petit Prince, St Exupéry

06 juil. 2020, 00:03
Migration d'oiseaux sauvages  PV 
20 juin 2044


Ce matin-là, lorsque je me réveillai, j'eus la grande surprise de voir que Lyn était déjà debout et habillée. Un véritable exploit. Ou alors c'était moi qui était carrément à la bourre. Un coup d’œil à mon réveil m'indiqua que nous étions dans la case "miracle". En voyant Dezeum sur le lit de mon amie, je me demandai alors si ce n'était pas lui qui était à l'origine de ce réveil précoce. Cependant, à voir l'agitation de l'Aiglonne, il était possible que ce soit son excitation qui l'ait tirée si tôt du lit.

En haussant mentalement les épaules, je sortis doucement de mon lit. Après m'être étirée un bon coup, je brossai rapidement mes cheveux, puis allai m'habiller d'un jean noir simple et d'un tee-shirt tout aussi basique. En revenant dans le dortoir, je vis Lyn affairée à terminer sa valise. Ayant déjà clôt la mienne la veille au soir pour être sûre de ne rien oublier, j'en profitai pour me coiffer rapidement de deux tresses. Je fis ensuite mon lit en même temps que la brunette, puis on descendit les quelques étages nous séparant de la Grande Salle pour aller prendre notre petit déjeuner.

Au moment de remonter en Salle commune pour nous brosser les dents, j'abandonnai Lyn quelques minutes pour aller récupérer Taun à la Volière. Je savais qu'elle n'allait pas m’accueillir à bras ouverts, elle détestait être enfermée dans sa cage lors du trajet en Poudlard Express, mais je n'avais pas tellement le choix. J'aurais le reste de l’Été pour me faire pardonner avant que l'on reparte pour un tour.
Légèrement essoufflée, j'arrivai dans la pièce de vie des oiseaux. La Volière était vide d'élève, et le nombre d'oiseaux présents assez restreints, surement déjà récupérés par leurs maîtres pour la plupart. Je repérai ainsi rapidement mon petit hibou. Elle était perchée en hauteur et me regardait de ses grands yeux, la tête inclinée sur le côté. Je lui fis signe de me rejoindre, mais elle ne bougea pas de son perchoir avant que je lui montre une friandise. Lorsqu'elle prit son envol, je tendis mon bras devant moi pour qu'elle atterrisse dessus. Elle était tellement légère que quand elle fut sur mon bras je sentis plus ses serres que son poids.

Après l'avoir caressée quelques instants et lui avoir proposé, pour l'amadouer, une seconde friandise qu'elle ne se fit pas prier pour engloutir, je l'invitai à rejoindre mon épaule, ce qu'elle fit tout naturellement. Quand on passait du temps ensemble, j'étais son perchoir préféré. Ça ne m'aidait pas à garder des pulls en bon état mais bon, je trouvais son attitude mignonne, donc tant pis si ça me valait un peu de couture. Puis il m'était devenu rapidement réconfortant de sentir sa présence tout près de moi et de l'entendre de temps à autre vocaliser.
Prudemment, je retournai en Salle commune, priant pour ne pas manquer une marche ou réaliser une autre maladresse de ce genre pouvant blesser Taun. Ce n'était vraiment pas le moment.




La cage de Taun sur mes genoux, j'étais assise à côté de Lyn dans le Poudlard Express. Nous étions installées dans un compartiment avec plusieurs élèves que je ne connaissais pas plus que de vue. Leur présence plus le fait que mon amie soit plongée dans un roman firent qu'on ne parla pas beaucoup durant le trajet. Pour ma part, j'observai les paysages qui défilaient par la fenêtre à ma droite tout en caressant du bout du doigt mon petit hibou. Je sentais qu'elle n'appréciait pas le moment et qu'elle me boudait un peu parce que je lui faisais subir ça, donc je tentais de la détendre comme je le pouvais avec quelques caresses entre les barreaux.

A un moment, Lyn prit la parole, sans cesser de lire, et elle me partagea son inquiétude à l'idée qu'il y ait des soucis lors du début de nos vacances, notamment au niveau de la paperasse pour quitter le pays. Je lui serrai doucement la main pour tenter de la rassurer, avant de lui confirmer qu'elle devait certainement s'inquiéter pour rien et que tout allait bien se passer. En tout cas j'espérais que ce soit le cas. Certes le contexte actuel était assez angoissant, mais normalement tout irait bien. Il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas le cas. Si ?
Le fait de voir Lyn, d'habitude si joviale, aussi tracassée n'avait rien pour me rassurer, j'absorbais son inquiétude. J'essayai cependant de rationaliser et me forçai à penser à autre chose. J'étais déjà assez effrayée de partir sans mes parents pour un pays que je ne connaissais pas, dans une famille que je n'avais jamais réellement rencontrée, je n'avais pas besoin de me stresser en plus pour des protocoles dont je ne savais rien et dont je ne pouvais rien maîtriser.




Après quelques heures de trajet, nous étions enfin arrivées à King's Cross. Lyn descendit la première et me prit la main pour m'aider à la rejoindre sur le quai, étant encombrée par Taun. Lorsque je touchai le sol, elle libéra immédiatement ma main, et je remarquai à ce moment l'arrivée de son grand père, expliquant son éloignement. Elle lui fit rapidement la bise et je la sentis tout de suite plus détendue. Son grand-père se tourna ensuite vers moi, puis se présenta, même si je savais très bien qui il était, l'ayant déjà vu plusieurs fois venir chercher Lyn. Il ajouta que j'étais probablement Solwen, ce qui ne devait pas être bien dur à deviner au vu de la situation. Un sourire poli aux lèves, je confirmai, avant d'ajouter un petit "Enchantée".

Une fois les présentations faites, je récupérai ma valise de ma main libre, et suivis Lyn et son grand-père dans la foule qui se massait près des quais. On sortit de la gare et arriva près d'une voiture garée dans le parking où la grand-mère de la brunette nous attendait. Elle nous salua elle aussi chaleureusement et se présenta, comme son mari l'avait fait quelques minutes auparavant. Devant ces deux adultes que je ne connaissais pas, je me sentais un peu intimidée et j'étais heureuse de sentir la présence rassurante de Lyn à mes côtés.

Les valises furent misent dans le coffre de la voiture, rejointes rapidement par les cages de Dezeum et Taun à la demande de sa grand-mère, selon laquelle le trajet serait plus confortable ainsi.
*Pour qui ?* Pour Taun, il était évident que le voyage aurait été bien plus confortable sur mes genoux qui auraient amorti les cahots du trajet. Quant à moi, je serai certainement plus à mon aise, mais je ne me sentais pas très à l'aise à l'idée de mettre mon petit hibou dans un coffre de voiture. J'aurais mille fois préféré perdre un peu de mon confort et la garder en sécurité contre moi, où j'étais certaine qu'il ne lui arriverait rien. Cependant, je ne dis rien, et obéis, espérant que Taun ne m'en voudrait pas trop de lui faire subir ça en plus du voyage en train.

Sentant probablement que je n'étais pas des plus à l'aise lors du trajet, Lyn me prit gentiment la main et la serra doucement. Je la remerciai d'un sourire tout en serrant à mon tour sa paume de mes doigts, et me concentrai sur ce que racontaient ses grands-parents. Ils nous posèrent quelques questions et discutèrent pendant de longues minutes de la paperasse dont ils avaient dû s'occuper. Je ne compris quasiment rien, mais continuai à écouter. Ou plutôt "entendre", je devenais tellement peu concentrée qu'il aurait été incorrect de dire que j'écoutais. Je profitai du trajet pour observer le paysage londonien, qui n'avait rien à voir, ni avec Poudlard, ni avec Henley-on-Thames. Partout, on pouvait voir une foule de gens, habillés de costards, de tenues excentriques ou se fondant dans la masse, marchant rapidement vers leur destination, se jouant des feux rouges, occasionnant des klaxons énervés des automobilistes qui n'étaient pas tous plus respectueux de la signalisation. Tout ça formait un hypnotisant bordel que je prenais plaisir à observer depuis le confortable intérieur de cette voiture où les sons m'arrivaient étouffés et noyés dans les paroles des deux adultes.

Quelques temps plus tard, on arriva chez les grands-parents. J'entrai, un peu intimidée, avec la sensation que j'étais en quelque sorte une intruse. Lyn connaissait parfaitement le lieu, j'étais la seule qui découvrait tout et ne connaissait rien. Cependant, il fallait que je m'y fasse, la même chose se déroulerait le lendemain avec le domicile de Lyn. Mais peut-être serait-ce plus simple pour moi, étant donné que j'étais quasiment certaine de retrouver l'esprit de mon amie dans sa chambre. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais j'étais persuadée que lorsque j'arriverais dans la pièce qui lui était attribuée, je me dirais qu'il était évident qu'il s'agissait de sa chambre. J'étais certaine que tout dans cet espace respirerait la joie de vivre et la jovialité de la Serdaigle.

Avant que nous ne montions nos valises dans la chambre qui nous attendait, je remerciai les deux adultes de leur accueil chaleureux et de leur hébergement. Je suivis ensuite Lyn, ma valise dans une main et la cage de Taun dans l'autre.
Je défis le minimum de mes affaires, juste ce dont j'aurais besoin pour la soirée, histoire de ne pas avoir à tout refaire avant de repartir. Une fois fait, je me tournai vers mon petit hibou, toujours plantée dans sa cage, que j'avais pourtant ouverte après que nous soyons montées pour lui permettre d'en sortir.
"Tu boudes ?" Aucune réaction. Cependant, lorsque je lui tendis mon bras, elle décolla et vint s'y poser, et après quelques caresses, monta sur mon épaule. Une fois rassurée qu'elle ne me fasse pas la tête, je m'installai tranquillement sur le lit avec Lyn, où on lança une partie d'un jeu de société moldu.



21 juin 2044


Je fus réveillée par le bruit du réveil de Lyn, qui venait du pied de mon lit. Émergeant de mon sommeil, je mis quelques instants avant de me rappeler d'où j'étais. En même temps que le souvenir de la veille arriva l'inquiétude de la journée à venir. J'étais stressée à l'idée de rencontrer les parents de mon amie ainsi que son frère, mais surtout j'étais inquiète à l'idée de me rendre dans un pays étranger sans mes parents, pays dont je ne parlais pas du tout la langue. J'imaginais que je pourrais comprendre un minimum ce que les gens disaient, puisque c'était une langue proche du Français, mais je serais bien incapable de prononcer ne serait-ce que quelques mots. 'Fin bon, Lyn m'aiderait là-dessus heureusement.

En parlant d'elle, la miss était déjà levée et visiblement tout aussi en forme qu'à son réveil de la veille, à croire que les vacances avaient un effet excitateur sur elle. Ne voulant pas la faire attendre, je m'habillai rapidement de vêtements pas trop chaud -il était certain que la température ne serait pas la même à Londres qu'à Naples, aussi préférais-je anticiper. Une fois habillée et coiffée, je fermai pour la seconde fois en deux jours ma valise, avant que nous ne descendions petit déjeuner avec Lyn.

Très vite, il fut de nouveau l'heure de partir. Vint avec elle le moment de remettre Taun dans sa cage de transport. Je vis dans son regard qu'elle appréciait très peu la blague. Même si elle ne parlait pas, ses yeux parlèrent pour elle.
"Tu m'as déjà fait le coup hier, et aujourd'hui tu recommences ? T'abuses pas un peu ?" Je lui fis quelques caresses pour me faire pardonner, puis vérifiai qu'elle avait tout ce qu'il lui fallait pour le trajet, avant de lui glisser une petite friandise et refermer la porte de la cage. Je recouvris cette dernière d'un tissu opaque pour lui éviter un maximum de stress.



Après un deuxième voyage en voiture très semblable au premier, nous arrivâmes à l'aéroport. Je trouvai limite ce lieu plus rassurant que la demeure des grands-parents, puisqu'il m'était familier depuis que j'étais petite. Dès qu'on partait en France, on venait ici. Je n'aurais pas dit que je connaissais l'aéroport comme ma poche, mais je savais sans problème m'y repérer.

On enregistra nos valises et les caisses de transport de Dezeum et Taun, puis il fut l'heure des au-revoir avec les grands-parents de mon amie. Je les remerciai une nouvelle fois de leur accueil et observai la foule pendant que Lyn profitait de ses derniers moments avec eux. Il fut ensuite temps de passer par la douane etc. où on vérifia nos bagages de main, notre identité et autres. Enfin, on put accéder à l'avion, en un temps qui me sembla à la fois extrêmement long et très court.

Lyn et moi étions installées côte à côte, non loin de la fenêtre, et visiblement nous n'étions ni l'une ni l'autre anxieuses du décollage ou du vol, contrairement à certains enfants dont je voyais la mine peu rassurée d'ici. Mon amie semblait à l'inverse particulièrement excitée, ce qui -me direz-vous- ne changeait pas beaucoup des vingt-quatre heures précédentes.


- Wow. J'ai l'impression que c'est passé super vite, pas toi ? J'espère que les vacances vont être leeeentes, qu'on puisse passer un max' de temps ensemble !

Son enthousiasme me tira un grand sourire. J'étais heureuse de voir qu'elle avait tant hâte de débuter ces vacances ensemble.

- Je trouve aussi que c'est passé assez vite, surtout depuis hier matin. Je doute que les vacances passent beaucoup plus lentement, mais ça ne nous empêchera pas de profiter !

Lorsque je finis ma phrase, l'avion commença doucement à s'avancer vers la piste de décollage, et quelques minutes plus tard il quitta le sol pour prendre son envol vers les cieux. Direction Naples.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince

11 août 2020, 21:26
Migration d'oiseaux sauvages  PV 
Post co-écrit


21 Juin 2044


Notre voyage se passa comme un remake de notre trajet en train de la veille, presque silencieux, mais avec une excitation bouillonnante à peine dissimulée. Encore plus que la veille, même, puisque Naples ne serait pas une simple étape mais notre destination finale.

Au bout d'un certain temps, je me rendormis, fatiguée par ma propre agitation interne et bercée par les sensations aériennes (l'avion ne serait jamais aussi fun que le balai, mais c'est plus pratique pour dormir je vous l'accorde), et me sentant peut-être un tout petit peu désolée de laisser Solwen... "seule", id est avec une camarade de voyage inerte.

À mes côtés, Lyn ferma doucement les yeux, et je sentis qu'elle s'endormait. La laissant plonger dans les bras de Morphée, je détournai mon attention vers la vue aérienne qui s'étalait sous mon regard. Il nous restait grosso modo deux heures de vol avant d'arriver à Naples, deux heures que je ne savais pas encore comment occuper, d'autant plus que je sentais le stress monter à l'idée d'arriver dans une ville et une famille (quasiment) inconnues. Je jetai un coup d’œil à mon amie maintenant endormie dans son siège. *Au moins pour toi ça passera vite*
Je regardai encore quelques instants les paysages défiler à travers le hublot de l'avion, avant de sortir un roman de mon sac de voyage et me plonger dans ses pages.

•••

En début - presque milieu, à vrai dire - d'après-midi, notre avion atterrit. Nous foulions enfin le sol italien.

Je sentis l'euphorie reprendre, trois fois plus forte. Sourire béat sur le visage, je serrai la main de Solwen, et nous voilà qui posâmes un, puis deux pieds dehors, sur la terre ferme. Je connaissais par cœur cette routine, alors je guidai mon amie dans l'aéroport, direction les valises. Nous n'eûmes pas à attendre longtemps pour les récupérer, et aussitôt je nous emmenai à un autre endroit, avec tout autant d'assurance. J'étais chez moi, en terre totalement connue.

Après que nous soyons descendues de l'avion, Lyn, en habituée des lieux, se fit ma guide. Si elle ne prêtait pas réellement attention à ce qui nous entourait, coincée dans sa bulle d'excitation, ce n'était pas mon cas. Pour moi, tout était neuf, chaque détail attirait mon attention. J'entendais tous les gens autour de moi s'exprimer avec rapidité dans une langue que je ne comprenais nullement, et j'en fus amusée. Habituellement, mes trajets en avion me menaient dans des pays dont je maîtrisais la langue, les personnes s'exprimant dans un langage qui m'était inconnu ne représentaient qu'une petite partie de la population. Ici, j'étais dans cette petite partie de population. Pour une fois, l'étrangère c'était moi. Si c'était un peu angoissant, c'était aussi particulièrement grisant. Un regain d'excitation me gagna, et je serrai plus fort la main de Lyn tandis qu'elle me guidait à travers la foule de voyageurs en direction de nos bagages. Une fois que j'eus récupéré ma valise ainsi que Taun, elle me tira vers un nouvel endroit.

– C'est là qu'on se retrouve quand ils viennent me chercher, et je crois bien qu'on est les premières au rendez-vous hehe.

J'eus un petit sourire un peu angoissé à l'idée de savoir que sa famille n'allait pas tarder. J'avais peur de les déranger, qu'ils ne m'apprécient pas etc. Je me faisais certainement du tracas pour rien, mais je ne parvenais pas à être rationnelle à ce sujet. Je me raccrochai surtout au fait que j'allais pouvoir profiter de Lyn en dehors de Poudlard, et ça, ça valait le coup.

Je pris les deux mains de mon amie dans les miennes et commençai à les bouger de droite à gauche sans vraiment réfléchir. J'suis sûre qu'on va manger de la pizza au resto ce soir, à chaque fois que je reviens ils me traitent comme une touriste... Mon ton était calculé pour paraître consterné mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir un grand sourire aux lèvres. Cette facétie de mes parents avait commencé comme une blague, lors de mes premiers mois à Poudlard, mais c'était vite devenu une tradition (ce qui n'empêchait pas la blague d'en rester une) à chaque retour à Naples.

Je sentais qu'elle était vraiment excitée de savoir que ses parents et son frère n'allaient pas tarder, elle ne tenait plus en place et commençait à babiller. Bien qu'un peu stressée, je me laissai doucement gagner par son excitation. A la simple idée de savoir que j'allais très probablement goûter une vraie pizza italienne pour le dîner suffisait à me donner le sourire et évacuer de ma tête mes inquiétudes.
- Aucun souci, ça me va d'être traitée en touriste, je suis là pour ça non ?
Après tout, j'étais venue pour passer des vacances avec Lyn, mais aussi pour découvrir la culture de son pays. Et la culture, ça passe aussi par la cuisine. Même si je doutais que les pizza italiennes atteignent le niveau d'un bon resto japonais ou vietnamien (sorry not sorry Lyn) j'avais hâte de goûter à tout.


Une dame ne tarda pas à se montrer, marchant droit dans notre direction. Dans une robe d'été aux couleurs vives, longs cheveux châtain ondulant autour de son visage, la mère de Lyn nous jeta un grand sourire. Elle avait presque l'air d'une star, avec les lunettes de soleil qui complétaient le tableau.

La voilà ! Je lui lui fis un grand coucou et me dirigeai à grands pas (autant que mes courtes jambes me le permettaient) vers elle, Solwen juste derrière.
C'est avec une voix douce et un léger accent italien – un peu plus audible que le mien, étant donné que j'avais baigné dans l'anglais dès l'enfance – que ma mère prit la parole.
– Bonjour les filles, j'espère que vous avez fait bon voyage ! Ravie de te rencontrer, Solwen, je suis Amelia, génitrice de la boule d'excitation ici-même. Son ton était sérieux mais on pouvait deviner l'amusement dans ses yeux et son sourire narquois. Je lui jetai un regard noir, mais retournai le sourire juste après et l'embrassai sur la joue en guise de salutation. Amelia toucha le museau de Dezeum, le mieux qu'elle pouvait atteindre à travers la grille de la boîte. Je les regardai affectueusement, repensant au deux chats de la maison (et non aucun des deux ne s'appelait Felix, même pour la blague) que je n'allais pas tarder à revoir.

- Le voyage s'est bien passé oui, merci ! Et enchantée également de vous rencontrer.
J'ajoutais un petit sourire poli, intimidée par l'adulte inconnue qui se tenait devant moi. Cependant, en la voyant caresser du bout du doigt Dezeum à travers les grilles de sa cage, elle me parut soudain beaucoup moins impressionnante, et je me sentis un peu plus détendue. Ma valise et la cage de Taun dans les mains, je suivis les deux Italiennes vers la sortie de l'aéroport, mon regard attrapant tout ce qui ne m'était pas familier. Chaque inscription attirait mon attention, et je ne pouvais m'empêcher d'essayer de faire le rapprochement avec du Français pour tenter de comprendre ce qui pouvait bien être écrit sur ces panneaux. Cet intérêt me valu cependant de presque perdre mon amie et sa mère dans la foule. Une fois retrouvées, je me forçai à être plus concentrée sur le chemin de la voiture. Il aurait été assez peu sympa de commencer les vacances par une disparition.

Je dois dire que. J'étais assez admirative de Solwen pour être aussi fluide dans sa réponse alors qu'elle avait totalement l'air pétrifié. C'était assez drôle à voir et en même temps j'avais peur qu'elle ne parvienne pas à se mettre à l'aise de tout le séjour. J'espérais que ça s'adoucirait vite, une fois qu'elle aurait vu que ma famille était loin de la dévorer toute crue. Quoique, pour Esteban, ça restait à voir.


Le cirque avec les valises et la voiture recommença, mais cette fois-ci Amelia ne nous donna aucune instruction sur la place de nos compagnons à poils et à plumes, qui furent donc mis sur nos genoux.
Amelia ne parla pas beaucoup, réservant probablement les questions pour plus tard, parce que indéniablement Thomas voudrait nous poser les mêmes, alors autant ne pas nous demander de répéter les mêmes réponses. Et puis elle présumait aussi qu'après un tel voyage, le calme était plus reposant qu'une discussion animée.

•••

Et puis finalement. Finalement, nous-y voilà, voiture garée dans une petite rue, devant la maison que Lyn était impatiente de retrouver. Amelia nous ouvrit le coffre et nous tendit nos valises, puis se dirigea vers le portillon, armée de son trousseau de clefs. Le bruit de l'ouverture fut bientôt suivi de l'ouverture de la porte d'entrée, au bout du chemin, laissant voir deux curieux dans l'encadrement.

– Bienvenue dans mon humble demeure, madame. Je mimai une courbette du mieux possible, avec tous mes bagages qui me gênaient.

Après avoir remarqué la présence du père et du frère de Lyn à quelques mètres de nous, je me sentis de nouveau un peu inquiète. Surtout à propos de ce dernier en réalité, je me demandais comment ça allait se passer avec Esteban. Je savais qu'il était malgré tout assez proche de sa grand sœur, donc comment prendrait-il le fait que je "l'accapare" pendant quelques jours ? Je me forçai à respirer calmement et à cesser de me tourmenter avec des suppositions. Lyn s'empressa de glisser une pitrerie pour me détendre, ce dont je la remerciai avec un sourire amusé.
- Merci, vous êtes trop bonne milady

Mon père, un homme pas très grand mais largement assez en comparaison de ses enfants (et dire que quand Esteban va faire sa poussée de croissance il me dépassera sans doute, triste sort !), s'empressa de nous débarrasser de notre fardeau, et je le saluai de la même manière que ma mère.
Ladies. Pas difficile de reconnaître Lyn Felix elle-même à travers les mimiques de mes parents. Puis, tourné vers Solwen : Bonjour Solwen, ça fait plaisir de te rencontrer enfin. Tu peux m'appeler Thomas. Je roulai des yeux en entendant son emphase sur le "enfin". Comme si je leur avais parlé tant que ça de Solwen ! ...

Mon sourire se crispa légèrement quand son père s'approcha de nous. Cependant, il m'apparut rapidement qu'il n'avait pas l'air plus méchant qu'Amelia, ce qui me rassura un peu -non pas que j'eus pensé que les parents de Lyn étaient de tortionnaires, loin de là, mais les inconnus et moi on n'était pas trop potes en général.
- Enchantée de vous rencontrer également Thomas.
Après les présentations, je pris quelques instants pour observer la maison de l'extérieur. Elle était assez grande, plus que ce que je n'avais imaginé, et très jolie, entourée d'un jardin simple mais fleurit, ce qui ne pouvait que me plaire.

Je libérai Dezeum pour le laisser gambader dans le jardin – le gazon, bien vert, avait l'air fraîchement tondu, et vers le fond, près des fleurs, un chat noir (Jack probablement, il était trop foncé pour que ce soit Frog) se roulait sur la terre sans nul doute chauffée par les rayons du soleil – même si le félin roux ne tarderait pas à aller quémander sa pitance. J'eus à peine le temps de sourire paisiblement devant la familiarité de cet environnement, quand mon frère se jeta dans mes bras. Difficile de deviner s'il visait un câlin ou un plaquage mais je réussis tant bien que mal à rester sur mes pieds et retournai l'embrasse avec plaisir – il m'avait manqué, même si je savais qu'au bout de même pas 24 heures je voudrais repartir loin de lui.

Tout d'un coup, une petite boule d'énergie nous fonça dessus et sauta sur Lyn, qui faillit tomber sous la rapidité de cet assaut. Esteban. Je ne l'avais jamais vu, mais il était exactement comme l'image que je m'étais faite de lui lorsque mon amie m'en avait parlé. Bien qu'elle me l'ait certaines fois décrit comme une petite terreur, pour le moment il semblait plutôt mignon à être tout excité du retour de sa sœur.

Je n'eus même pas le temps de dire un mot. Pas une bredouille, rien, et déjà la mitraillade commença.
– Coucouuu c'est qui on a pas assez à manger pour cinq elle reste combien de temps ? Wow. J'étais sans voix. Agression caractérisée. Manquait plus que le pistolet sur la tempe. Avec ses grands yeux ronds, le petit garçon jaugea Solwen d'un air curieux. T'es qui ?

*Wahou.* Fut tout ce que je réussis à penser après cette suite de mots sortie à vitesse grand V de la bouche du garçon. *Ça c'est du débit de parole.* Avec une pointe, mais vraiment une pointe, de curiosité. Je notais cependant que la gourmandise devait être un trait commun des Felix.

Je faillis me faire un facepalm. Je me contentai de me pincer le haut du nez, arborant un air exaspéré. Too bad, je ne pouvais pas dissimuler mon sourire qui menaçait de s'élargir à chaque seconde.
– Si tu connectais un peu le câblage là-dedans, – je lui tapotai le crâne – j'ai dit que j'invitais Solwen à passer le début des vacances chez nous, qui tu veux que ce soit ?

Je n'eus pas le temps de répondre au "T'es qui ?" d'Esteban, Lyn se chargea elle-même de lui rappeler qu'il connaissait déjà la réponse à ses questions. J'observai la scène, touchée par la complicité qui nouait clairement les deux frères et sœurs.

Je roulai des yeux et reportai mon attention vers Solwen (l'invitée du moment, tout de même !), air désolé sur le visage – bien que le comportement de mon frère m'amusait plus que je ne le laissais paraître. Je pense que je n'étais pas si différente de lui, après tout. Enfin, façon de parler. Ugh. Ça y est, tu as rencontré le terrible gnome Esteban. Il est hélas trop tard pour faire demi-tour. Pleure tout ton saoul.

- Mince, j'avais déjà commencé à échafauder un plan pour m'enfuir au milieu de la nuit, tu m'as percée à jour. Dommage, il va falloir que je reste jusqu'au bout alors.

Ça me réconfortait, qu'elle arrive à retrouver la parole malgré... tout ça, montrait qu'elle commençait à être plus à l'aise. Je ne la laissai pas là-dessus, malgré tout, et lui jetai un sourire narquois.
N'y pense même pas, seule dans une contrée inconnue ? Tu ne ferais pas un mètre dehors sans moi.
Je poussai affectueusement mon frère à l'intérieur de la maison, histoire d'éviter de bloquer le passage avec toutes ces présentations qui ne finissaient pas de nous interrompre, et fis signe à Solwen de me suivre dans ma chambre, où mon père venait de déposer nos valises.

Étouffant un rire, je suivis Lyn dans la maison à travers différentes pièces, la cage de Taun toujours dans mes bras. Une fois arrivées dans sa chambre où nous attendaient nos valises, je déposais mon petit hibou près du lit et glissai une friandise entre ses barreaux pour la faire patienter encore quelques minutes.

– Pour l'instant ils nous laissent tranquilles mais attends-toi à ce qu'on soit bombardées de questions au repas, le grand jeu c'est de dévier toutes les questions vers Esteban.

- Pas de souci ne t'inquiète pas, j'ai la même chose quand je rentre. Tu en profiteras pour me montrer comment tu t'en sors à ce "grand jeu".
C'était un jeu. Elle y était forcément forte. C'était Lyn quand même.

Hm. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me renvoie ma propre boutade comme un défi, maintenant il allait falloir au moins que j'essaie de jouer ce "jeu", ne serait-ce que pour ma fierté et ma légitimité en tant qu'hôte expérimenté. Solwen 1, Lyn 0. Je lui renvoyai un grand sourire et surtout un pouce vers le haut pour bien lui signifier que j'avais la situation bien en main.
Je laissai tomber mon sac de voyage au pied de mon lit, et soufflai un grand coup, tournant sur moi-même pour regarder ma chambre. Je crois que mon visage s'illumina (pas littéralement, les gens qui brillent ça n'existe que dans les histoires de vampires). Home, sweet home.
– Bon bah, voilà, bienvenue chez moi ! J'espère que ma chambre est à ta convenance parce que je te laisse pas dormir ailleurs. Dès que tu es prête je te fais visiter la maison ! En attendant, tu peux jeter un coup d’œil par la fenêtre. Je souris jusqu'aux oreilles, guettant les réactions de mon amie pour cette découverte totale de mon habitat. Je savais exactement ce qu'elle allait voir par la fenêtre, et je savais que ça lui plairait.

- Votre chambre me convient miss, je dormirai ici sans souci.
Je profitai du moment pour observer un peu plus attentivement la chambre de mon amie. Comme je m'y étais attendue, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il s'agissait bien de son espace. Les murs étaient colorés, par-ci par-là je voyais quelques jeux (dont une jolie collection de Rubik's Cube) et des peluches, ainsi que des livres. Bref, tout dans cette chambre respirait Lyn.
Suite à son injonction, je me dirigeai ensuite vers la fenêtre. Au fond du paysage que j'apercevais se dessinait dans un joli bleu la mer, rendue brillante par le grand soleil qui l'éclairait.
- Oh ! On voit la mer d'ici, c'est trop chouette !
J'étais réellement surprise et très contente de cette jolie vue. Certes, la vue en elle-même ne m'importait pas beaucoup, c'était plus ce qu'elle signifiait qui m'intéressait : il y avait la mer à quelques minutes d'ici. Et ça, c'était cool.
Avant de me lancer dans quoi que ce soit d'autre, je m'approchai de Taun et la libérai enfin de sa cage. Elle en sortit comme une flèche et vint se poser sur mon épaule. Après quelques instants de caresses, je lui donnai ce qu'elle et moi savions très bien qu'elle voulait. J'ouvris la fenêtre, et après un petit pincement affectueux de l'oreille, elle ne se fit pas prier pour prendre son envol. Je la regardai faire quelques secondes, puis refermai le carreau.

•••

La maison des Felix était grande. Déjà, le terrain était grand, le jardin s'étalant un peu entre l'entrée et le portillon mais également sur une belle surface à droite de la maison. Au fond, différents parterres de fleurs ajoutaient des couleurs, mais le reste était essentiellement du gazon, un arbre et la balançoire.

En entrant, on était accueilli dans un petit vestibule qui donnait sur le salon (qui servait aussi de salle à manger) droit devant, et un couloir à gauche. Le couloir débouchait sur la cuisine à gauche, et de nouveau le salon à droite. En allant tout droit, on atteignait l'escalier menant à l'étage, et une salle dans la continuité du salon mais qui ne faisait plus tout à fait partie du salon, où siégeaient sans logique particulière une batterie, une table de travail (ou de dessin), des outils divers, etc. (Ici, le "etc" signifie non pas que le reste est une suite logique facilement imaginable mais simplement que la narratrice a choisi de s'épargner une longue liste qui ne serait probablement jamais exhaustive.)

En haut de l'escalier était donc le premier étage, avec les chambres. Celle des parents était située juste au-dessus de la cuisine (et de l'arrière-cuisine), et servait aussi de bureau à Amelia. Au-dessus du salon étaient, de la plus proche à la plus éloignée de l'escalier, une petite chambre d'invités, puis la chambre d'Esteban, et enfin la chambre de Lyn. Ces deux dernières, dont les fenêtres étaient localisées sur l'arrière de la maison (et dont aucune maison ne venait en travers), donnaient très subtilement une vue sur la mer.

La chambre de Lyn, à présent. Le lieu était meublé avec une bibliothèque (à étagères et tiroirs, qui n'hébergeaient pas que des livres), un bureau, un placard et, bon, c'était vraiment bien rangé le premier jour des vacances. Dans l'un des blocs constituant la bibliothèque trônait fièrement sa collection de Rubik's Cubes. Et bien sûr, il y avait son lit, sa table de nuit, et, au beau milieu de tout ce tableau, un pouf où deux ou trois peluches s'entassaient.
Le tout dans une atmosphère plutôt colorée, puisque les meubles étaient peints de différentes couleurs pastels, et les murs d'un rose pâle. Il ne manquait plus qu'un étalement de jouets sur le sol (désormais rangés dans des tiroirs ou son placard, exposés sur des étagères ou bien donnés à son frère) pour compléter l'ambiance enfantine de la chambre.

"If your absence doesn't bother them, then your presence never mattered to them in the first place"
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.” Le Petit Prince