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30 juin 2020, 22:39
Naissance
16 Octobre 2032, soirée
Cordoue, Espagne
Chez ses Grands-parents
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Nous étions mi-octobre 2032 à Cordoue, loin dans les terres d’Espagne.
Ariana avait tenu à accoucher dans son pays natal, entourée de sa famille qui s’en était montré ravie. Violetta, la cadette, vivait toujours avec ses parents et Giulia, l’aînée, avait pris congé et s’était déplacées chez leur mère pour l’occasion, emmenant sa fille et son mari avec elle. Elle aussi était enceinte.
La tradition chez les Graziela était de ne pas connaître le sexe de l’enfant avant la naissance, pour porter bonheur. Jusqu’ici, seules des filles avaient porté ce nom. D’abord Giulia, ensuite Ariana, puis vint Violetta, naquit Octavia, la fille d’Ari qui venait tout juste d’avoir six ans et finalement Téah, celle de Giu qui avait déjà cinq ans.
Les deux petites étaient surexcitées à l’annonce de la naissance de deux petits bébés qui viendrait leur voler leur place de cadette dans la Généalogie. La première voulait un petit frère et l’autre une sœur. Leurs mères leur avaient bien dit d’arrêter leurs spéculations car elles risquaient d’être déçues, que ce serait le Ciel qui déciderait mais elles n’en faisaient rien alors elles laissaient couler.

Dans cette riche famille espagnole, on ne plaisantait pas avec Dieu, c’était une éducation très religieuse qu’on se transmettait de parents à enfant. Les deux grandes l’avaient très bien supportées mais moins la petite dernière, Violette, qui depuis sept ans vit seule avec ses parents qui lui mettent une pression insupportable afin qu’elle décide de passer sa vie en Espagne. Ces derniers étant triste que leurs deux autres filles aient respectivement déménagé en Russie et en Irlande. Vous n’aimez donc pas le soleil de l’Espana ? Leur demandait-elle sans cesse à chaque fois qu’elle les voyait alors qu’elles passaient leurs vacances chez eux.
En tout cas, c’en était top pour Violetta qui s’était promis que dès qu’elle en aurait l’occasion, s’enfuirait le plus loin possible d’eux et de leur doctrine. Seule Violette n’avait pas d’enfant et s’était promis de ne jamais en avoir. Elle n’affectionnait pas particulièrement ses nièces, ne les voyant pas souvent et ne voulait surtout pas perpétrer la pression parentale qu’on lui avait mise.

C’est d’ailleurs cette soirée-là, le 16 Octobre, qu’elle choisit pour en parler à sa sœur, Ariana. Cette dernière était assise sur une causeuse à l’extérieur, regardant la vue imprenable que lui offrait la Montagne de Zuheros. Il n'était pas si tard mais tout le monde était exténué par la journée dans le centre de la ville qu'ils avaient passé, seule Ariana ne parvenait pas à trouver sommeil pour cause de contractions et veillait sur la terrasse. Elle n’en avait rien dit à son mari, qui dormait à l’étage, pour ne pas donner de faux-espoir. Les crampes qu’elle avait n’étaient pas aussi douloureuses que celles qu’elle avait eu lors de son premier accouchement.
Violetta arriva discrètement par derrière et s’assit sans bruit à côté de sa sœur.

- C’est beau, n’est-ce pas ? ne tarda d’ailleurs pas à demander cette dernière.
- Bah, pas tant que ça, répondit simplement Violetta.
Sa sœur la regarda dans les yeux et la détailla.
- Tu n’as jamais aimé vivre ici, n’est-ce pas ?
- Ce n’est un secret pour personne, dit-elle simplement en brisant leur échange visuel, affrontant la montagne.
- Mi Violetta, tu sais que tu es en âge de t’en aller ? Tu as beau dire ce que tu veux sur eux, je sais que tu culpabilises envers mamá y papá. Ils s’en remettront. Comme ils l’ont fait pour nous.
- Tu parles, qu’ils s’en sont remis. Tu n’es pas là toi, à chaque déjeuner lorsqu’ils se plaignent de ton absence. On est une famille.
- J’ai vingt-sept ans ma sœur.
- Oui, mais tu n’en avais que vingt à l’époque. Et moi dix-sept. Ça a été dur sans vous, tu sais, et ça ne va pas mieux avec l’âge.

Ariana baissa les yeux, elle s’en était voulu de laisser sa petite sœur seule au pays comme Giulia l’avait elle-même fait avec elle, mais elle était décidée à suivre cet homme. William Blackfall et ses belles danses. Cette culpabilité n’avait donc pas suffit. Et pour dire la vérité, elle ne le regrettait pas même si en conséquence, sa relation avec sa sœur s’était dégradée. Elle chercha donc un argument pour s’excuser, qu’elle n’eut pas de mal à dénicher.

- Ne parles pas de ce que tu ne sais pas, Vio. Lorsque vous êtes partie pour Beauxbâtons et que j’ai dû suivre des cours à domicile, tu crois que ça a été une partie de plaisir ? Je ne m’en suis jamais plainte en tous cas. Je n’ai même jamais cédé à la jalousie face à votre Magie. Alors tu peux comprendre que lorsque j’en ai eu l’occasion, c’est sans hésiter que j’ai décidé de voler de mes propres ailes. J’avais bien droit à ça.

Un silence fit son nid. Un tabou venait d’être mis sur la table. C’était rare chez les Graziela où les règles de bienséance étaient primordiales.

- Tu as sûrement raison, finit par murmurer Violetta.
- Viens avec nous, dit soudain Ariana.

La cadette la regarda avec des yeux ronds. Ces derniers brillaient de crainte et d’excitation. Elle y avait déjà pensé, elle attendait juste le bon moment. Mais cela n’enlevait rien à la soudaineté de la chose. Ariana lui sourit.

- Mamá y papá ne vont pas être contents, donna Violetta pour toute réponse.

Les deux sœurs se regardèrent et puis éclatèrent de rire. Cela aurait pu être bon, mais Ariana eu soudain très mal dans le bas du ventre, elle poussa un cri. Il n’en fallut pas plus pour sa sœur qui partit en courant et en vociférant dans toute la maison ¡Violetta da a luz! Ella está dando a luz! Les lumières s’allumèrent dans toutes les pièces et la famille accourut, se poussant dans les escaliers un peu trop étroits pour huit personnes dont deux adultes. Un deuxième cri, plus strident encore, perça le silence de la nuit. Armando fit demi-tour, provoquant la chute de sa belle-mère qui s’étala en une volée de marche et courut chercher sa femme pour prendre de la poudre de Cheminette. Ils étaient déjà partis pour le Santa Cruzz Hôpital que le reste de la famille tergiversait toujours devant Ariana qui hurlait et pleurait en sueur. Elle ne voulait ni transplaner ni passer par le réseau de cheminette, rechignant tout ce qui avait un rapport avec la Magie, sauf que les autres ne possédaient pas de voiture.

- Mi amor, por favor. Nous n’avons pas le choix, la supplia William.
- Si, nous l’avons ! Si nous passons par cette fichue cheminée, ce sera une sorcière, j’en suis sûre, réussit-elle à formuler.
- Tu dis n’importe quoi, mi bella, et qu’est-ce que ça importe ? C’est de notre enfant qu’on parle.
- dije que no, dije que no, répéta-t’elle à travers ses cris.

Les membres de la famille échangèrent des regards soucieux. Ce fut la petite Téah qui eut l’idée de déclarer :

- Et si nous appelions des Médicomages ici ? Il y en a en Espagne, non ?
- Bonne idée, mi querida souffla sa grand-mère en l’embrassant sur le front. Georgio, passe un coup de Cheminée pour les prévenir.

Chose aussitôt dite, aussitôt faite. Ils arrivèrent en moi d’une minute et l’embarquèrent dans la chambre la plus proche, au rez-de-chaussée. On ne sut pas exactement comment ça se déroula, mais ça dura plusieurs bonnes heures. Les médicomages refusaient de laisser quiconque d’autre que le père entrer dans la chambre pour éviter de compliquer les choses, au grand déplaisir de Barbara. Ainsi, cette dernière, son mari, Violetta et ses deux petites filles attendirent le reste de la nuit dans le salon, enchaînant inquiétudes et boissons chaudes pour passer le temps qui défilait si lentement que les deux enfants finirent par s’endormir. Ce ne fut qu’au petit matin que les cris affolés s’estompèrent pour laisser place à un silence inquiétant. Georgio ouvrit la porte de la chambre à la volée sans en attendre la permission. Le bébé ne pleurait pas et était tout boursouflé et d’une couleur bleue inquiétante.

-Il ne pleure pas, constata Octavia. C’est normal ?

Violetta traduit la phrase de la petite aux médicomages mais ceux-ci ne mouftèrent pas, trop occupés à tenter de ranimer le bébé. Ils le souquaient, le retournaient, lui donnait de virulentes tapes.

- Arrêtez, vous allez lui faire mal ! C’est mon frère ! hurla Octavia.

Son père lui dit de se taire d’un ton autoritaire, ce qui fit pleurer la petite. Sa tante lui expliqua qu’ils essayaient simplement d’aider le bébé et elle se calma un peu. La famille entière retenait son souffle quand l’enfant lâcha son premier cri, à mi-chemin entre un hurlement et un sanglot. William s’effondra dans les bras de sa femme et se mit à pleurer sans retenue, le reste de la famille reprit contenance et alla aussitôt féliciter les nouveaux parents.

- Alors, fille ou garçon ? demanda Téah.

Malgré l’anglais, les médicomages semblèrent comprendre et vérifièrent aussitôt.

- Es una niña pequeña, annonça l’un d’eux.

- Encore une petite fille ! s’écria Georgio en s’effondrant sur un fauteuil de velours pourpre derrière lui.

Téah hurla de joie et commença à danser tandis qu’Octavia se mit à pleurer à chaude larmes, mais pas de joie. Par un petit coup de cheminée, Armando leur appris que leur enfant venait tout juste de pointer le bout de son nez. Un petit garçon du nom de Roméo qui était visiblement plein de vie à en voir la vigueur avec laquelle il tétait le sein de sa mère. Les cousins étaient né le même jour, quasiment en même temps et promettaient de faire la paire.

Qui n'a plus d'espoir n'aura plus de regret.
Quand il est sans remède un chagrin est fini.