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01 juil. 2020, 14:54
Descente au tombeau  Solo 
Irlande, Noël 2044
Maison familiale.



Elle voulait pas les revoir.
Ils vont être déçus.
T’es indigne d’eux.
Puis elle l’entendit. Ferme. Sourd.

*Clac clac*

Elle se redressa d’un bond, essayant de fit ce qu’elle espérait n’être qu’une apparition.
Mais elle ne pouvait plus bouger.
Pétrifiée sur place par la Lâcheté et la Peur, son cœur menaçait de se décrocher de sa poitrine et résonnait comme une lourde cloche dans la maigre chapelle de sa poitrine.

*Clac clac*

Il l’avait vue.
Deux yeux d’acier se tournant vers elle.
Pas même un sourire sur son visage.

*Clac clac*

Il fendait la foule, à présent.
Grand, finement musclé, saluant de la main quelques sourires avec un sourire éclatant uniquement destiné à Ils et Elles, sourire disparaissant à chaque fois que les yeux bleus se posaient sur elle.

*Clac clac*

Sa main jaillit de la foule pour l’entraîner loin du train.
Elle s’éveilla d’un coup.
Les bruits revinrent en force, agressant ses oreilles, lui donnant envie de pleurer.
Elle essaya de se débattre, cherchant dans la masse informe de familles les cheveux d’Ary.

*Elle est où? Merde, elle est où ? J’veux pas y aller!*

« Alison arrête de faire l’enfant ! »

Un coup plus violent la projeta à terre.
Des milliards de pieds se levèrent, flamboyant du désir de l’écraser.
Vulnérable, elle se recroquevilla sur le sol, les mains au-dessus de la tête dans un vain effort de se protéger.
Une main bourrue la releva d’un coup, la forçant de nouveau à avancer.
*A...Ary...ARY !*

Elle essaya de se débattre mais la pression sur son épaule grandir jusqu’à faire craquer les os, lui donnant envie de vomir.
*M’en fous ! Ary ?! Ary t’es où ?! Pitié reviens !*

Finalement un coup plus violent que les autres lui fit voir ses flash lumineux longtemps, masquant les visages à ses yeux, déformant les voix à ses oreilles, lui faisant vomir les trois petites lettres qui constituaient ses seules pensées.

Elle hurlait, elle essayait de s’échapper, elle avait mal à l’épaule et à la gorge à force de lutter. Mais rien à faire.
Son frère était plus fort.
Le vacarme était plus fort.
Elle n’était Rien.

Puis elle se retrouva assise sur une banquette de cuir brun à l’intérieur d’une voiture bleue.
Elle essuya rapidement son nez tremblant et ses yeux rouges, orbes brûlants des écueils de ses larmes contenues.

Des pas. Il s’éloignait.
Le coffre claqua quand son frère termina de ranger sa malle à l’intérieur.
Puis, il entra au poste du conducteur, boucla sa ceinture et mit le contact après avoir envoyé un baiser du bout des doigts a une fille qui le regarda en rougissant.
*Quelle idiote.*

Prostrée, le front contre la vitre, elle regarda le paysage se flouter des nuages du ciel tandis que son frère commençait à prendre de la vitesse pour rentrer.
*Pourquoi les nuages roulent sur mes joues ?*
Dernière modification par Alison Morrow le 02 sept. 2020, 15:27, modifié 6 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

01 juil. 2020, 14:58
Descente au tombeau  Solo 
Point de vue de Jack Morrow,
Frère d'Alison.


La montre claqua une nouvelle fois.
Par Merlin, qu’est-ce qu’elle fichait?
Le froid traversait sans peine mes gants fins, me gelant les doigts.
Si elle n’arrivait pas bientôt, je la laisserai là.
Des images d’une petite fille aux cheveux noirs perdue dans la neige flottèrent devant mes yeux.
Je détournais la tête en soupirant.
Pas de sentimentalisme.
Tant pis pour elle. Je dirai aux parents qu’elle était restée au château pour Noël et qu’elle avait jugé ça plus sûr.

Je rouvris le couvercle.
Enfin, une forme noire se dessina dans la brume du train.
Assise, seule, sur les marches du train.
Mais qu’est-ce qu’elle fichait là ?
Ses yeux verts rencontrèrent les miens.
On dirait ceux d’un lapin avant qu’une voiture ne lui roule dessus...
C’est censé être à gryffondor, Ça ?

Alison se redressa, enfin.
Je me dirigeais vers elle, claquant et rouvrant la montre avec entrain en pensant à notre futur aidons chauffée, perdue dans la lande.
De la poudre de cheminette reposait dans ma poche, froide sous mes doigts.
Notre moyen de rentrer dès que nous arriverons au café. Le lieu demandait un peu de voiture et il n’était pas mécontent de celle qu’il avait réussi à louer pour Noël.

J’agrippais son bras maigre, enveloppé dans une cape noire, vu qu’elle n’avait pas l’intention de bouger seule.
Saluant d’anciens camarades d’école, je fendais aisément la foule.
Du moins jusqu’à ce que cette idiote décide de tirer sur son bras pour se dégager de mon emprise.
Elle semblait presque chercher quelqu’un.
J’avais pas le temps de m’arrêter.
J’allais surtout pas m’arrêter pour elle.

Alors, je tirais un peu plus fort.
Elle tomba sur les pavés.
La remettant debout en soupirant, je la traînais dans la voiture lorsqu’une voix m’interpella.

Une de mes anciennes amies me fit un sourire, et je ne peux m’empêcher de le lui rendre en remarquant qu’elle-même venait chercher son petit frère dans le train.
Échangeant quelques paroles, je claquais le coffre puis lui proposais de la raccompagner.
Elle déclina mon offre avec un sourire tout à fait charmant et je claquais ma portière en lui envoyant un baiser du bout des doigts.

La gamine derrière semblait furieuse.
Un curieux mélange de tristesse et de colère.
Je crût voir rouler des larmes sur ses joues.
Bizarrement, cela me mit mal à l’aise.
Je savais que ma mère ne serait pas contente et me répèterai de ne pas m’occuper des autres, et que c’était bon pour les Poufsouffle.

Je haussais les épaules.
Tant pis pour les larmes.

« Les gryffons ne pleurent pas. »


J’ai l’impression qu’elle panique au son de ma voix.
Certainement une impression donnée par les nuages et les lampadaires moldus déformant son visage.
Le silence s’installa, pesant.
Après m’être raclé la gorge, et mal à l’aise, j’osais lancer un : « Alors, Poudlard ? »
Dernière modification par Alison Morrow le 28 août 2021, 12:35, modifié 2 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

01 juil. 2020, 15:06
Descente au tombeau  Solo 
Les lumières filent, elles courent sur les flancs de la bagnole.
Son frère conduit, il dit rien. C’est tant mieux.
Essuyant de nouveau les nuages liquides s’écoulant de ses yeux, elle essaye de ne pas penser à la rouge.
Ary.
*La ferme.*
Ary Ary Ary Ary Ary Ary
*Ary Ary Ary Ary Ary A...*

« Les gryffons ça pleure pas. »


Elle se redresse, blême.
Son cœur tambourine dans sa poitrine, son corps transporte la Peur comme s’il ne trouvait pas un autre moyen de l’extérioriser.
Elle avait Peur.
Elle était Peur.

Le monde devint noir. Il fondit sur elle, immonde corbeau croassant a ses oreilles, vicieux, horrible, d’une voix si onctueuse qu’elle lui explose les tympans.

Il sait.
Ils savent tous.


Idiote même pas capable de rester discrète deux minutes.


« J’pleure pas! » cracha-t-elle encore.

Le tunnel s’ouvrît sur une circulation fluide.
Les temps n’étaient pas sûrs.
Les gens préféraient rester chez eux plutôt que de se balader la nuit.

La voiture freina après quelques minutes de route devant une auberge décrépie, aux murs sales et aux vitres poussiéreuses.

Son frère ouvrit sa portière, descendant chercher sa valise.
Elle se précipita pour la lui arracher des mains en voyant un bout d’écharpe jaune flotter au vent.

Ils entrèrent dans l’établissement décrépit, et elle suivit tant bien que mal son frère se dirigeant vers la cheminée du fond.
Puis il la plaça elle et sa valise dans la cheminée, lui tendit une grosse poignée de poudre qui la fit éternuer, et dicta consciencieusement l’adresse, la forçant à la répéter derrière lui comme si elle était une arriérée.

« Ça va, j’ai compris. »

Baissant la tête vers ses bottines, elle tendit le bras, et prononça rapidement l’adresse, s’envolant dans un nuage de poussière.

Elle avait l’impression de tomber.
Tout était vert, la poussière lui entrait par la bouche, par les yeux, par le nez.
Elle suffoquait, agrippant sa valise comme un naufragée essayant de survivre pendant la tempête.

Puis le choc.
Sourd, qui fit craquer ses os et résonner son crâne.
La tête posée contre le parquet, crachant ses poumons sur le sol, elle entendit malgré ses oreilles bourdonnante la voix mi-agacée mi-ironique de sa mère.

« Tiens tiens, quelle surprise. Tu sais plus tenir debout ?! »

« Megan. Arrête un peu. »

La voix de son père lui fit ouvrir de grands yeux et lui coince le reste de sa toux dans sa gorge.
Deux yeux bleus vifs, énormes, descendent sur elle.
Elle se recroquevilla, essayant de se faire encore plus minuscule.
Un jet de flammes signalant l’arrivée de son frère ponctua la phrase de son père :

« C’est une Rouge maintenant.»

Un gros sourire éclairait la face brute de son père, lui donnant envie de vomir.
Sa mère paraissait dédaigneuse.
Son frère Connor lui adressa un chaleureux sourire tandis que sa sœur June levait le pouce en signe de victoire.
Elle chercha à sourire mais ses lèvres semblaient engourdies par les mensonges qu’elle avait insinué.
*Mais qu’est-ce que j’ai fait ?*
Dernière modification par Alison Morrow le 28 août 2021, 12:35, modifié 1 fois.

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06 août 2020, 12:00
Descente au tombeau  Solo 
Prétextant sa valise, elle monta se réfugier dans sa chambre.
Tout allait vite, trop vite pour elle.
Essoufflée en haut des marches, elle pénétra dans l’obscurité la plus profonde.
Sortant sa baguette de sa poche au cas où des Ombres malvenues lui sauteraient dessus, elle appuya sur l’interrupteur.
La lampe grésilla un instant avant qu’une belle lueur chaude envahisse la pièce.
Tout était à sa place.
Son lit était collé au mur du fond, les draps faits.
Les rideaux encadraient la fenêtre donnant sur les étoiles, fantômes translucides immobiles.
Le bureau se découpait dans un carré d’ombre.

Elle posa sa malle sur le lit, puis fouilla longuement avant de trouver son uniforme.
Chaussettes jaunes, cravate et écharpe atterrirent bientôt sur le lit.
Elle n’était pas assez douée pour faire tenir un sorte longtemps et pour le dissimuler à ses parents.
Aussi, elle fourra le tout sous son lit, dans une vieille boîte à chaussures vide.
Soupirant un instant, elle ressortit sur la pointe des pieds.

Ses parents discutaient.
June et Connor mettaient la table.
Jack semblait lire un livre sur le quidditch.
Elizabeth était plongée dans un gris Manuel poussiéreux sur la physique quantique. Passionnée par les moldus, elle travaillait énormément pour tout savoir d’eux, laissant quelques fois certains de leurs livres traîner.
Ceux-ci finissaient souvent dans les mains d’Alison qui ne se privait alors jamais de les lire.
Son préféré restait à ce jour Le Petit Prince.
Certains passages lui avaient donné les larmes aux yeux et elle le gardait depuis sous son lit.
Jayson n’était pas là, certainement chez lui, avec Lahira.
Tous étaient à leur place.
Il n’y a pas de place pour toi, Enfant.

Elle secoua légèrement la tête, puis glissa adroitement sur les lattes de parquets qui eurent la bonté de demeurer muettes au passage de son corps fluet.
Elle tourna doucement le loquet de la chambre de sa grande sœur et récupéra rapidement dans les étages les plus hauts de la grande armoire occupant un pan entier de mur l’ancien uniforme de gryffondor que sa sœur avait eu.
Ressortant de la chambre, elle se hâta de cacher le tout dans sa valise avant de redescendre les marches, en silence.

Sa mère l’attendait en bas, lui crachant au passage un « Tu te crois où ? Ne commence pas à prendre la grosse tête, toi, ou ça se passera très mal. Va aider Connor et June. Maintenant. »

Elle fila sans demander son reste, la mort dans l’âme.

Le repas fut habituel, saupoudré de quelques questions en plus sur Poudlard et la directrice, auxquelles elle répondît en quelques phrases les plus exactes ou mes plus proches de la vérité lorsqu’elle devait décrire les autres Rouges.

Elle remonta dans sa chambre après avoir débarrassé la table, en prétextant la fatigue du retour.
Sa mère parut heureuse de la voir s’en aller, son père ne daigna pas lever les yeux de la pipe qu’il commençait à bourrer.
Seul Connor lui adressa un petit coin d’œil discret.
Elle ressentit une bouffée de gratitude envers son petit frère et lui répondît par une de ses rares esquisses de sourire.

*Tout s’est bien passé.*
Et demain ?
*Je verrai demain.*
Tu devrais faire plus attention.
*Pourquoi ? J’m’en suis pas si mal tirée !*
Le calme avant la tempête est souvent à la mesure de la Belle-Terrifiante qui s’ensuit après. Retiens bien ça, Petite.

Restant avec ces mots tournant dans sa tête et ne parvenant à les noyer dans d’autres phrases ou notes de musique, elle resta longtemps les yeux ouverts, sa baleine contre son cœur, les yeux rivés aux pâles Lumineuses brillant derrière sa fenêtre.
Dernière modification par Alison Morrow le 14 oct. 2020, 14:28, modifié 4 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

06 août 2020, 12:00
Descente au tombeau  Solo 
Le reste des semaines semblait s’écouler sans accrocs.
Elle avait réussit à esquiver les trop grandes questions, ne parlait que peu et faisait mine de ne pas exister.
Tout était rentré dans l’ordre.
*Pourquoi j’me sens pas à ma place alors ?*

Le poids sur ses épaules devenait chaque jour plus lourd.
Elle avait beau s’enfuir dès que possible dans les champs, essayer de filer comme le vent pour rattraper les nuages, elle se sentait lourde.
La brise lui giflant le visage n’effaçait en rien son malaise.
La neige s’accrochant à ses bottes étaient comme ses pensées : gelées. Indécollables. Toujours présentes et senties.

Sa tante et son oncle avaient été invités aujourd’hui.
En rentrant dans la maison, elle sentit déjà l’odeur de cigare tte caractéristique de la sœur de sa mère.
Grande, excentrique, portant une écharpe rouge et or attachée négligeaient sur un blaser bleu, elle avait revêtu un short violet et des collants argentés criards.
Elle retint un frisson de dégoût mais trouva un écho à celui-ci dans les yeux noirs de sa mère.
Son oncle bavardait légèrement avec son père.

Elle se déshabilla lentement, en silence, essayant de laisser le moins de neige fondue dans l’entrée lorsqu’une voix tonitruante l’apostropha.

« Alors la voilà enfin ! Encore partie dehors ! C’est fou ce que les enfants sont insolents de nos jours... Une vraie gryffone comme sa mère ! »

Elle n’eut que le temps de respirer un grand coup avant d’être frappée par une accolade d’ours chargée de fumée de cigarette.
Retenant la toux qui lui brûlait la gorge et les larmes qui lui piquaient les yeux, elle marmonna une phrase inintelligible qui lui valut un grand sourire de requin de la part de sa tante.

« Ou pas... Dommage. »

Un éclair de peur la tétanisa sur place.
*Comment elle sait ?! *
Mais la femme se détourna pour piocher une poignée énorme de cacahuète dans le bol qui avait sautillé jusqu’à elle.

Son oncle s’approcha d’elle et tendit la main avec un air intéressé qu’elle lui trouva abject.
A contrecœur, elle déposa sa baguette dans la paume ouverte qui lui pendait sous le nez.

« Hmmm... Pas mal, bois de cerisier. Joli. Peut mieux faire. »

Seamus détestait sa baguette.
En bois d'aubépine, elle lui semblait faible et inutile.
Depuis son plus jeune âge, il avait désiré détenir la baguette de sureau.
C’était un ancien serpentard, ce qui n’étonnait personne.

Elle récupéra hâtivement la baguette et la rangea à sa ceinture, rassurée de retrouver les creux bien connus des dessins du bois.
Cachant son trouble, elle entreprit de calmer quelques assiettes récalcitrante et suivit d’une oreille les conversations allant bon train.
Elle s’endormait presque au milieu de ce cahot de Mots, lorsqu’une question lui fut adressée.

Se relevant légèrement et repoussant une de ses mèches sombres derrière l’oreille elle fixa son regard sur sa tante.

« Hein ? »

Celle-ci soupira avant de rétorquer :
« Je disais : avec qui es-tu dans les dortoirs ? Une de mes amies m’a envoyée une lettre pour m’apprendre que sa fille était entrée à gryffondor elle aussi. »

Son cerveau hurlait de faire attention, et elle agrippa le bord de la chaise pour empêcher ses doigts de trembler.
Soufflant discrètement, elle prit la parole en priant Merlin de bien vouloir cacher les tremblements de sa voix.

« Euh... Y a une fille qui voulait être à serpentard... Maxine... Une qui s’appelle Ary, une Lily, une... »

« Oui oui » la coupa sa tante excédée, « est-ce que tu es avec une Harmony ? »

Alison secoua la tête en signe de dénégation.
Non.
Elle était pas avec.
Elle la connaissait pas.
Elle voulait pas la connaître.

Sa tante parut surprise de sa réponse mais haussa les épaules avant de partir vers un autre sujet.

« D’ailleurs, vous savez ce qui est arrivé précédemment ? Des rumeurs courent comme quoi le directeur de Poufsouffle aurait changé. Et ce n’est pas tout mais beaucoup semblent dire qu’il est louche...Déjà, il est professeur d’études des moldus ! Vous vous rendez compte ? »


« Il est pas bizarre ! »


Aussitôt que les mots sortirent de sa bouche, elle le regretta.
ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau comme pour la déchiqueter.
Toutes les têtes étaient tournées vers elle.
*Par Merlin, une idée vite !*

« Elizabeth aussi étudie les moldus et elle est pas bizarre. »

Lâcha-t-elle en essayant d’éprouver la mer assurance que celle qu’elle essayait de geindre.
Sa tante eut un sourire horripilant mais ne répliqua rien en avisant la baguette tournoyant dans les mains de sa sœur.

« Je crois qu’on va y aller. Nous ne sommes pas bien reçus ici. »


Elle se leva avec grâce et fluidité, contourna la chaise, prit le bras de son compagnon et claqua la porte.
Un lourd silence s’ensuivit, qu’Elizabeth brisa.

« J’t’ai pas demandé de me défendre, minus. Je peux le faire seule, merci. »

Son ton sarcastique teinté d’une colère contenue et les tremblements des couverte sur la table montraient son énervement extrême.
Elle se leva en haussant les épaules, baissant la tête face au regard inquisiteur de Jack et s’enfuit dans sa chambre, l’estomac noué.




Mais quelle idiote elle faisait.
Dernière modification par Alison Morrow le 22 août 2020, 12:48, modifié 1 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

18 août 2020, 10:34
Descente au tombeau  Solo 
Les bougies étaient allumées, éclairant de leurs pâles lueurs les murs du salon, couverts de papier peint.
Un immense sapin trônait en plein milieu de la pièce, saupoudré d’une neige magique tombant du plafond. Des petits angelots avaient réussi à se débarrasser de leurs entraves de fil de fer et voletaient autour de l’arbre, se poursuivant ou jouant des notes de flûtes et de harpe.
Les grelots s’agitaient seuls sur les branches, tandis que celles-ci s’ébrouaient par moment pour enlever le surplus de neige.

Au pied du sapin, déposés sur le tapis, une montagne énorme de cadeau cachait le tronc, enveloppant l’arbre comme une chaude écharpe colorée.
Un feu gigantesque ronflait dans la cheminée, ajoutant son odeur de bois brûlé et de laurier dans la pièce.

Au centre, une table immense était recouverte d’une nappe immaculée, blanche comme un linceul, où des chandeliers reposaient, supportant des bougies allongées et déjà fondues.
Les flammes tremblotaient à cause du vent causé par toute l’agitation aux alentours.
Elle dut décrocher ses yeux du spectacle pour ne pas renverser la pile d’assiette qu’elle tenait dans les mains.

Campbell, le grand chat, était étalé de tout son long sur le sol, étirant et rétractant ses griffes, se roulant sur le dos, les yeux clos, profitant de la chaleur environnante.
Elle alla déposer les assiettes de porcelaine et les couverts d’argent ciselés, mis les verres à pieds sur la table, les serviettes et leurs ronds, les marque-places et les Christmas crackers, ainsi que les figurines senteurs apportant un frais parfum d’if.

Si on se dirigeait vers la gauche du salon, en passant à droite du sapin se trouvait la cuisine. Une énorme dinde rôtissait dans le four, encadrée de pommes de terre et de marrons.
D’autres plats étaient fourrés à la hâte dans le frigo, sur la table ou dans les placards en attendant les invités.
À cet instant, la maison ressemblait plus à une ruche qu’à un havre de paix prêt pour Noël.

La sonnette retentit bruyamment, la faisant grimacer.
Elle jeta un dernier coup d’œil à sa robe noire plissée, aux manches longues fermées d’un bouton en or, et à ses ballerines corbeau.
Absolument macabre.
Mais Noël exigeait visiblement d’être habillé comme à un enterrement.

Elle reconnut la voix bourrue de son oncle maternel, accompagné de Madison.
Ils furent suivis de Jayson et Lahira, ainsi que la sœur de celle-ci.
Furtive, elle essaya de se montrer discrète, apportant les coupes de champagne avec June, répondant aux quelques questions sur Poudlard et Gryffondor.
Le rictus en coin de Madison ne lui échappa pas, et elle ne put s’empêcher de la foudroyer du regard.

Enfin, tout le monde s’installa autour de la table, se prenant les pieds dans les guirlandes qui s’étaient échappées des branches, renversant un peu de champagne, riant fort.
Tout ce brouhaha lui donnait une migraine d’enfer, comme si un mauvais lutin avait choisi son crâne comme caisse de résonance d’un tambour et le frappait de ses deux mains de toutes ses forces.

Mis à part sourire un peu, éviter les questions trop personnelles et faire semblant d’avoir la bouche pleine pour ne pas répondre, tout était simple.
Elle avait décroché cinq mots depuis le début du repas, sans que personne ne s’interroge de son mutisme.
Plusieurs fois, elle avait vu le regard pesant de sa tante, alourdit d’un mascara rouge, se fixer sur elle. Son sourire dévoilait des canines blanches et pointues, la faisant ressembler à un requin allant dévorer sa proie.

Ses yeux verts ne purent s’empêcher de s’assombrir clairement à chaque fois, et sa baguette de la démanger singulièrement.
*Rien qu’un petit gonflus...De rien du tout...
Elle vit à peine passer la dinde, les légumes, le fromage et autre plats que son frère à sa droite tendit le cracker sous son nez.

« Alors, lutin ? On tire ? »


Elle se retourna, interloquée qu’il l’ait appelé ainsi, essaya de cacher le sourire qui menaçait de lui dévorer le visage, et parvient à hocher la tête, une étincelle dansant dans ses yeux.
*Lutin...*
Elle saisit l’autre bout du cracker, savourant la chaleur des doigts de son frère encore sur le carton, et s’apprêta a tirer.
Il lui lança un regard malicieux, qui fit battre son cœur un peu plus vite.
D’un coup, ils tirèrent de concert, elle, manquant partir à la renverse, lui, solide sur sa chaise.
Elle vit avec étonnement que le morceau le plus gros lui était resté entre les mains.
Elle paniqua, s’attendant à voir son frère râler, sa mère hurler et une dispute éclater.
Au lieu de quoi, son frère rit un peu, posa la fine couronne de papier sur sa tête, et déversa la suite des cadeaux dans son assiette, heureusement propre.
Il y avait là une chocogrenouille, un puzzle sorcier qui bougeait une fois reconstitué et une phrase censée prédire l’avenir griffonnée sur du papier journal et dont les lettres se mélangeaient lorsqu’on le secouait.
 « Et roule, roule petite boule de neige... C’est de là que naissent les avalanches. »

Ne sachant comment interpréter l’énigme, et peu désireuse que quelqu’un tombe dessus, elle secoua de toutes ses forces le papier, faisant s’entrechoquer les lettres.
Mais inexorablement, elles revenaient à leur place, impitoyables, narquoises, la regardant fixement de leurs fioritures noires.
Heureusement tout le monde s’était détourné d’elle.
Elle glissa le papier dans sa poche, le cachant aux regards curieux.
Celui de sa tante glissa un instant sur elle, toujours chafouin, mais avec une étincelle mauvaise brillant derrière ce masque.
*A force de mettre des masques, ils deviennent le visage de la vérité. *

Finalement, ils se retrouvèrent tous au bord du sapin.
Elle resta en retrait, habituée à regarder cette scène de loin puisque personne ne lui offrait jamais rien.
Les paquets cadeaux volaient en tout sens dans des explosions de rouge, bleu, violet et rose, des profusions de rubans en tissu, en plastique, à paillette ou unis venaient s’accrocher aux cadres des murs.
Même sa mère ne semblait s’en soucier, riant à gorge déployée, la tête en arrière.

« Ali...Son. »

Tout se figea.
Elle regarda fixement sa mère, qui avait visiblement l’air perplexe.
Un cadeau ? Pour... *Moi?*

Lentement, elle s’avança.
Elle avait l’impression que son corps pesait des tonnes, que chaque Pas allongeait la dosa tenace entre elle et le sapin, qu’un poids invisible écrasait impitoyablement sa poitrine au fur et à mesure qu’elle approchait.
Elle. Avait. Peur.
Elle voulut ouvrir la bouche pour nier, dire qu’il y avait eu une erreur, mais rien ne sortit de ses lèvres abîmées.
Jack lui tendit le paquet.
Enveloppé dans du papier soie couleur dorée, il avait une forme rectangulaire et un gris ruban bleu en velours achevait le paquet.

« Vous regardez quoi comme ça ? Tiens, Elizabeth attrape ! »


La voix de son père éclata dans le silence.
S’ensuivit une cohue monstre, chacun se ruant à nouveau sur ses cadeaux, se les envoyait à coup de baguettes magiques, riait, se remerciait, plaisantait, se fichant de la bousculer ou de lui écraser les pieds.

Le cœur battant, elle n’était plus la.
Plus vraiment.
C’était le premier cadeau depuis...Depuis...
Elle sentait qu’elle aurait du se souvenir de quelque chose. Mais elle n’arrivait pas à remettre la main dessus. Impossible. Le souvenir glissait entre les mailles de sa mémoire, tel une anguille, et disparut dans l’oubli.
Haussant les épaules, elle se concentra sur le paquet.
Un livre ? Certainement vu la forme...
Elle émit encore plusieurs hypothèses de plus en plus farfelues, notamment « un lingot d’or de Gringotts » et « une tortue à carapace rectangulaire ».
Elle défit lentement le noeud, qui s’enroula autour de son avant-bras comme un gros chat bleu élastique.
Le papier tomba à ses pieds, dévoilant une boîte blanche.
L’ouvrant, elle resta émerveillée devant Les aquarelles qui y reposaient, explosant de vives couleurs.
Des pinceaux étaient mis sur la tranche de la boîte, accompagnés d’un petit mot.
« Joyeux Noël Lutin. »

Relevant la tête, elle chercha le regard de Jack.
Celui-ci croisa le sien, mit un doigt devant sa bouche et lui fit un clin d’œil.
Une boule chaude s’était logée au creux de son ventre, ne cessant d’enfler tellement elle était heureuse.
Elle refoula ses larmes, ne gardant sur son visage qu’un sourire contrôlé alors qu’elle avait envie de hurler sa joie.
Des aquarelles !!!

Ses pieds piétinaient seuls sur le sol, ses bras fourmillaient d’envie de les utiliser.
Pourtant elle devrait attendre la fin du dîner.
Secouant la tête, elle se força à patienter, assise à la table, la boîte sur ses genoux.
Les secondes semblaient avoir ralenti leurs cours.
L’aiguille traînait sur la face ronde de l’horloge, ne daignant bouger que de quelques millimètres à chaque fois qu’elle tournait la tête vers elle.
Rongeant son frein et saccageant ses lèvres sous l’effet de l’impatience, elle soupira lorsque la soeur de Lahira décida de partir. Une de moins.
Le reste des invités s’attabla devant de gâteaux et des bonbons de Bertie crochu.

Jack se pencha vers elle, et remarqua son agitation.
D’un air complice, il murmura :

« Tu veux que je la range en haut, Lutin ? »


Elle hocha la tête, un petit sourire éclairant son visage.
Son frère s’en empara et remonta rapidement les marches, disparaissant dans les hauteurs de l’escalier.

Madison se racla la gorge, l’air soudain contrite.

« Je m’en voudrais de gâcher cette belle soirée... Mon amie a parlé à sa fille et... Celle-ci ne connaît aucune... »


Jack dévala alors les marches, l’air horrifié et blessé, une longue écharpe à la main.

« C’est quoi ÇA ? »


Elle sentit le sang quitter son visage tandis que sa tante achevait.

« Aucune Alison à Gryffondor. »


Les reflets jaunes et noirs de l’écharpe dansaient à la lueur des flammes.
Elle sentit tous les regards converger vers elle.
Jaune et noir.
Des éclairs de compréhension s’allumèrent ça et là.
Jaune et noir.
Poufsouffle.

 « Et roule, roule petite boule de neige... C’est de là que naissent les avalanches. »
Dernière modification par Alison Morrow le 22 août 2020, 12:52, modifié 2 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

20 août 2020, 14:47
Descente au tombeau  Solo 
/!\Ce post contient des éléments de violence, aussi abstenez-vous de lire si vous êtes sensible.

Sous les feux des regards, il lui semblait qu’elle allait s’embraser d’une seconde à l’autre.
Et pourtant le temps s’écoulait, elle ne brûlait pas, elle ne respirait pas non plus, de peur de déclencher pour de bon l’Avalanche.
 « Roule, roule petite boule de neige... »

Le hérisson de Jack, Calamity J., en profita pour s’installer sur ses genoux, ravi de son immobilité soudaine et du calme ambiant.

« T...Tu nous as mentis. »

Cœur qui s’arrête.
Organe frêle qui se contracte d’un coup, encaissant la fureur qui allait éclater.
On se serait cru juste avant l’orage.
Air électrique, tension, lourdeur dans l’atmosphère, silence de mauvaise augure.

« J-j-je... »

« Tu-as-osé-mentir. »

Voix implacable, qui gronde.
Elle n’arrive plus à détacher ses yeux de ceux de glace de Morgan.
Elle a peur. De cet instinct qui vous hurle de vous s’enfuir, sans vous retourner, d’esquiver la vérité, de s’enfermer dans le noir pour entendre le bruit de votre souffle court rebondir vers votre tête.
Elle est figée, yeux écarquillés, regardant dans l’iris de son père l’écharpe aux mauvaises couleurs pendre mollement au bout de la main de son frère.

Elle ne sait pas où elle trouva la force de se détourner des yeux furieux pour regarder Jack.
Son regard hurle Douleur, Peur et Désespoir.
Celui qu’il lui retourne hurle Trahison, Désillusion, Tristesse.

« Regarde-moi quand je te parle! REGARDE-MOI PUTAIN !  »

Son corps sursaute, pivote brusquement vers le Grand qui a hurlé.
Il sensé brusquement dressé, comme un ressort, la dominant de toute sa taille.
Elle aperçoit du coin de l’œil sa tante dont le sourire s’est figé en une grimace d’appréhension.
Comme pour répondre à la tension qui régnait, les lampes grésillèrent, n’illuminent plus que par intervalles.
Des étincelles dorées se consumaient dans l’air.
Et il hurle, il hurle, lève sa main vers elle, sa main immense, énorme, qu’elle voit s’approcher à toute vitesse, qui fond sur sa proie, prête à l’écraser de sa masse gigantesque.
Elle n’écoute pas, elle n’écoute plus.
Elle ne veut pas écouter, elle ne veut pas se souvenir.

Elle avait juste peur. D’avance, deux larmes translucides se formèrent à ses yeux.
La gifle lui renversa la tête sur le côté, lui brûlant la joue, lui coupant le souffle pour de bon.
Ses yeux voyaient troubles sous les larmes, elle avait mal, horriblement mal.
Sa joue était en feu, des picotements la parcouraient toute entière.
Elle sentit légèrement un autre liquide plus chaud, poisseux, couler d’une plaie ouverte.
Sa langue sortit de sa bouche, rencontra une plaie, sanguinolente.
L’odeur du sang lui boucha les narines, obstrua ses poumons, répandit son goût amer dans sa bouche.
Elle avait envie de vomir.
Et cette impression de vertige qui ne passait pas, tout tournant à une vitesse folle, sa tête ne répondant plus, sa main molle sur sa cuisse.
Elle voulait la bouger, essuyer le liquide Pourpre qui dégoulinait sur sa robe, y laissant des traînées un peu plus sombres.
Mais rien à faire. Pas un frémissement, une esquisse de mouvement. Elle restait inerte comme soudainement handicapée par le pouvoir qu’elle avait vu se déployer venant d’une de ses semblables.
Et les étoiles qui tourbillonnaient, en même temps que les anges, les lumières, les bougies, les étincelles des lampes, les visages figés qui ne faisaient rien, s’étaient transformés en statues horrifiées ou pétrifiées.

Il hurlait toujours, un flot de mot aussi gros qu’une vague et dont elle saisissait quelques bribes.
Si elle avait été capable de tout entendre, elle aurait compris ceci :

« TU AS OSÉ NOUS MENTIR ! T’ES QU’UNE INCAPABLE, TU NOUS RESSEMBLERA JAMAIS ! T’AS CRU QUOI EN NOUS DISANT QUE TU ÉTAIS UNE ROUGE ? T’EN SERAS JAMAIS UNE ! T’AURAS JAMAIS NOS VALEURS ! TU VAUX RIEN ! T'ES FAIBLE, TU L'AS TOUJOURS ÉTÉ ET TU LE SERAS TOUJOURS! TU PLEURES ? TU OSES PLEURER, IDIOTE ? TU DEVRAIS MÊME PAS ÊTRE LÀ ! ELLE AURAIT DU ÊTRE LÀ À TA PLACE ! ELLE, ELLE ÉTAIT COMME NOUS ! ELLE, ELLE NOUS AURAIT JAMAIS MENTI ! ELLE NE NOUS AURAIT JAMAIS DÉÇUS ! ELLE ÉTAIT TOUT ET TOI T’ES RIEN ! T’ES RIEN, T’ENTENDS! RIEN DU TOUT !  »

«  MORGAN ARRÊTE ! »

Malgré les larmes et la douleur, elle cru voir des larmes perler sur les joues de sa mère. Elle avait un poing dans la bouche comme pour s’empêcher de hurler. Mais c’était d’elle que venait tout de même le cri.
Son frère était pâle comme un linge et avait lâché l’écharpe au sol.
Les autres regardaient la scène interloqués, ne sachant plus où se mettre.

Sa tante haussa les épaules, prit Seamus par le bras et claqua la porte. Lahira et Jayson les suivirent bientôt, Lahira profondément choquée, Jayson la foudroyant du regard.

Morgan était debout. La chaise s’était renversée derrière lui.
Il tremblait, la tête baissée et ses poings étaient sûrement appuyés sur la table comme s’il cherchait à la briser.
Finalement, il donna un coup de pied rageur dans le bois, qui craqua sinistrement, et partit en claquant la porte si fort que les murs tremblèrent.

Ce son lui transperça la tête.
Elle avait mal partout. Ses membres fonctionnaient à nouveau, tout comme sa main, mais elle n’arrivait toujours pas à parler.

Sa mère s’approcha, la releva sans ménagement, la regardant tituber et s’écrouler à moitié au sol.
Elle la traîna dans la salle de bain, se fichant d’écorcher ses pieds sur la moquette ou de lui briser quelque chose.

« Episkei. »

Le goût de sang reflua.
Elle croisa son reflet dans le miroir. Il la terrifia.
Deux grands yeux verts hagards, pétrifiés où on lisait toute la peur du monde, des cheveux en bataille, une bouche à nouveau réparée mais maculée de sang, tout comme son cou et le haut de sa robe.
Elle ressemblait à un spectre, blafarde, muette, incapable de formuler une pensée conséquente.

Sa mère fit couler l’eau dans le lavabo, lui donna un gant et partit sans un regard en arrière.
Son reflet la percuta à nouveau dans le liquide translucide.
Ses doigts s’enfoncèrent profondément dans le plastique entourant la cuvette.
Faisant se décrisper un à un ses doigts, elle les trempa dans l’eau, effaçant son reflet, essuya le sang tant qu’elle put, frottant à s’en arracher la peau.
Faire partir cette peau, ce corps, cette âme, la laver, l’effacer, l’essorer pour en enlever tous sentiments.
Perdre son enveloppe comme les serpents, devenir une autre personne, connaître une autre existence.
Elle se dégoûtait. Profondément.

Son corps fut saisi d’un violent haut le cœur.
Elle plongea la tête dans l’eau rougeâtre pour ne pas vomir, hurlant silencieusement sa peine sous l’eau, étouffant ses cris avec les bulles.
Elle releva la tête.
*Reflet.*

La poignée de porte pivota.
Elle ne bougea pas, fermant douloureusement les yeux, encore hébétée par ce qu’il venait de se passer.

« Lutin ? »

Jack.
Elle eut envie de fondre en larme et de se cacher à jamais.
Elle ne méritait pas ce surnom. Elle ne méritait pas cette attention.
Tout était de sa faute.
Et de celle du choixpeau. Elle le haïssait.

« Lutin...T’es vraiment conne. »

Une serviette atterrit dans ses mains.
Elle rouvrit péniblement les yeux, croisa le regard de son frère.
Elle s’essuya le visage, barbouillé d’eau aux reflets roses de mauvaise augure.

Jack haussa les épaules.
Puis il se raidit et son regard se durcit. Elle suivit des yeux son bras qui tremblait et son cœur manqua un battement.
La boîte d’aquarelle.
Les jointures des doigts la retenant étaient blanches tellement ils étaient crispés.

« Vraiment conne, Lutin. »

Elle le vit comme dans un songe s’approcher du feu et balancer rageusement la boîte dans les flammes.
Son cœur tomba en miettes au fond de sa poitrine.
Elle avait tout perdu.
Dernière modification par Alison Morrow le 18 sept. 2020, 20:20, modifié 2 fois.

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

20 août 2020, 15:34
Descente au tombeau  Solo 
*Plic plic*
Bruit de soleil.
Bruit de renouveau.
Bruit de Merveille.
*Plic plic*
Bruit des larmes.
Bruit des gouttes pourpres contre la faïence.
Bruit des charmes.
*Plic plic*
Si fin, si discret.
Il faut tendre l’oreille pour l’apercevoir.
Mais rien n’échappe à ceux qui ne dorment pas le soir.

Les jours s’étaient écoulés, comme tout jour se doit de partir pour laisser la place au suivant.
Mais ils se ressemblaient tous.
Trop durs. Trop orageux.
Pardonner et Morgan n’étaient pas des synonymes, elle le savait.
Alors pourquoi cette plaie au fond de la poitrine ?

Chaque nuit elle se réveillait, en sueur, la gorge étranglée d’un hurlement silencieux, les mains tendues devant elle pour protéger son visage, voyant les yeux d’aigles se plisser, la main se soulever, légère, puis s’abattre d’un coup, suivie des hurlements.
Elle avait alors peur, mal, un étrange élancement qui lui consumait le visage.
Elle sentait un liquide dégouliner de sa lèvre, paniquait, ne se rendait compte que quelques secondes plus tard qu’il s’agissait des larmes.

Ce matin, comme tous les autres, elle attendit qu’Ils aient fini de manger.
Un accord tacite entre eux.
Trouvant du réconfort à observer les gouttes de neige fondues s’éclater contre le verre de sa vitre, elle les écoutait patiemment, les entendant s’entremêler avec le bruit des couverts en bas.

Puis tout qui se fige, juste le *Plic plic* un peu agaçant qui continue.
Alors elle descendit, évitant la cheminée où reposait Calamity J.
Depuis la boîte d’Aquarelle, elle détestait les flammes dévorantes qui avaient étouffé et réduites en cendres les couleurs et les pinceaux.
Se servant ses toast et son œuf au plat, elle allait planter sa fourchette dans celui-ci lorsque sa mère surgit derrière elle.

Elle se figea, rentra instinctivement la tête dans les épaules tandis que Megan la toisait.
Puis brusquement, les sourcils de la femme se haussèrent, un « O » informulé vint arrondir sa bouche et ses yeux s’écarquillèrent.

« C’est quoi, Ça? »

Elle frissonna.
Elle tenait cette phrase en horreur depuis les derniers jours, et l’entendre à tout bout de champs la hérissait.
Comme s’il avait entendu le ton menaçant, Godric tourna sa tête plumeuse vers eux.
Elle foudroya du regard les yeux oranges plissés, serrant malgré elle les mains sous la table pour les empêcher de trembler.

Sa mère s’approcha d’elle et d’un geste rapide, ramena ses cheveux pour mettre au jour une mèche rousse.
Elle pâlit, s’attendant à être grondée.
Le désarroi mêlé à la douleur infinie qu’elle lut dans les yeux couleur glace la fit frémir.

Megan se reprit pourtant rapidement, empoignant sans ménagement son bras et la tirant dans la salle de bain du rez-de-chaussée.
Celle qu’elle s’efforçait d’éviter depuis...Depuis.
Le lavabo était immaculé, comme si jamais aucune eau rouge n’avait souillé son sein. Le miroir était toujours là, crâne, lui renvoyant avec une précision énervante son image.
Elle lança un regard noir à son reflet.

« Ça fait combien de temps que t’as ça ? »

Elle tourna légèrement vers Megan, grimaçant lorsqu’elle s’arracha plusieurs cheveux au passage.
Sa mère la secoua rudement, enfonçant ses ongles dans ses épaules.

« Tu m’as entendue Idiote, ou tu veux que j’appelle ton père ? »

L’effroi la pétrifia un instant.
Comme un film, elle vit la scène se dérouler à nouveau, les yeux-orage, la main, les cris.

« D-Depuis l-la rentrée.»

Sa mère sembla se pétrifier, puis soudain, d’un coup de baguette expert, enroula la mèche autour de son poignet et dit d’une voix forte : « coloro ».

Un noir jais recouvrit ses cheveux, enveloppant la mèche étrange, la dissimulant aux regards.
Elle sentit une migraine pointer sous son crâne.
Quelque chose dont elle aurait dû se souvenir.
Y avait aussi une robe noire. Et des cheveux flammes. Qui devenaient noirs.
*C’est n’importe quoi. J’divague.*

Elle allait poser une question, lorsque sa mère ajouta brusquement « oubliettes».

*Noir. *


Vous voyez, ces migraines qu’on a lorsque quelque chose nous échappe ? Ce sentiment pulsant inlassablement à l’arrière de votre crâne, vous indiquant que vous avez oublié quelque chose de capital ?
C’était à peu prêt ce qu’elle ressentait en se regardant devant le miroir de la salle de bain, seule.
*Mais qu’est-ce que je fous là ?*

Elle avait l’impression d’avoir oublié quelque chose.
D’important.
Une mèche rousse. Qui devenait noire. Des yeux tristes.
*C’est n’importe quoi.*

Haussant les épaules, elle se détourna, revint dans la salle à manger et piqua dans son œuf, encore chaud.
Elle se foutait bien d’oublier. Pour une fois elle aspirait à l’oubli.
Et puis... Elle rentrait à Poudlard demain.
*Enfin...*

FIN

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.