Maddie avait vu une affiche pour un cours optionnel intitulé "Les femmes et la magie" placardé sur le panneau de sa salle commune. Curieuse de tout, elle n'eut pas besoin de se poser la question. Il était certain qu'elle allait s'y rendre. Ce n'est que deux jours après, en repassant devant le panneaux d'affichage qu'elle vit que le cours était donné par la directrice en personne. Elle était restée plantée devant pendant trente bonnes secondes la bouche grande ouverte. Sa curiosité doubla voir tripla et son impatience pointa le bout de son nez. Débordante d'enthousiasme, elle en parla aux personnes se trouvant autour d'elle au moment de sa découverte. Bien entendu, elle ne leur apprit rien. Eux avaient lu l'affiche jusqu'au bout dés la première fois. 

Le jour J elle se rendit aussi présentable que possible même si elle serait noyée parmi la foule d'élèves qui allaient se présenter à ce cours. Elle soigna sa tenue et sa coiffure et s'assura surtout d'avoir tout le matériel nécessaire pour prendre des notes. Elle se présenta devant la salle de cours avec une petite boule au ventre. Il fallait dire que la situation était plutôt impressionnante. 

La petite blonde respira un bon coup puis s'avança en prononçant un enthousiaste "Bonjour" accompagné d'un grand sourire à l'intention de son professeur d'un jour. Elle tourna ensuite le buste pour observer la pièce et chercher ses camarades Poufsouffle. La disposition des tables n'était pas celle habituelle mais au moins cela était plus facile pour repérer quelqu'un. Elle trouva donc aisément Cassandre et Lucy. Maddie s'efforça de ne pas courir pour les rejoindre. Elle ne voulait pas se faire remarquer négativement. 

"Coucou les filles!" dit-elle tout bas avant de s'asseoir à une place libre à côté de ses copines et déballer son matériel. 

*Je n'irais pas* Pensée balayant toutes les autres tel un souffle de vent ravageur, cette énième contradiction me fige sur place. Autour de moi, un espace réduit ; le couloir forme un angle bien dessiné à cet endroit, et dix mètres plus loin, la salle. Un frisson angoissant survenu à la simple évocation de ce lieu me fait lentement poser une main tremblante sur le mur. Plongeant brusquement l'autre dans ma poche, dissimulée entre des replis de ma robe de sorcière, je saisis entre mes doigts la feuille de papier froissée et la déplie lentement devant mes yeux.
Chose rare et intrigante, j'ignore ces Mots qui ne possèdent en aucun cas le pouvoir de me prendre au cœur et de me faire frémir d'envie. Un cours de Magie en plus ? Jamais de la vie ; seul point clair dans mon esprit est cette évidence. Pourtant, mon regard dérive vers l'inscription juste en dessous, tracée en des lettres souples et claires : mon écriture. Bien évidemment ; j'ai recopié l'affiche avec une précision inhabituelle, le plus infime détail figure sur le parchemin chiffonné.
*Je...* Mes pensées s'embrouillent ; je me remets à bafouiller intérieurement. Fichue, fichue, foutue affiche. Je ne veux pas être ici, dans ce couloir, à quelques pas seulement de la salle de cours et, plus précisément, de cette femme. Le simple souvenir de sa Présence me fait me figer, pétrifiée par l'aura de puissance qui se dégageait de la directrice de ce Château qui m'emprisonne, formant un Carcan avec ses pierres dures. *J'n'veux pas* Non, je ne veux pas voir cette Force. Ce n'est pas une femme, juste une Force, un flux de puissance. Et pourtant... mes yeux dévient, poussés par le Destin à la main si sûre qu'elle les fait se poser droit sur les Mots qui tuent, inscrits tout en haut.
*Zhuangyán* Je tremble, je serre le poing si fort que le parchemin s'en retrouve écrasé, lacéré par mes ongles furieux. Magies du Monde. Qui est l'Autre ayant inscrit ces Mots me tiraillant, m'explosant de manière à répartir mes fragments dans le Château tout entier ? Loewy, surement. Oui, c'est elle. Je la hais pour avoir tracé ces Mots synonyme de cauchemar. Des Mots modelés à partir d'un souvenir. Non. Je ne veux pas y penser je ne veux pas y *Zhuangyán*

*Qiong !*, m'affolé-je. Mes yeux me piquent, je crois que je vais vomir et pleurer en même temps. La chinoise s'impose brutalement, avec son sourire et ses Perles laiteuses. Son Rejet, lors de la dernière épreuve, le dôme noir ayant recouvert cette arène de fortune crée à partir du stade. C'est à cause de cette délégation que Loewy ouvre ce cours, mais moi, je ne veux pas. Je ne veux pas me sentir telle que je suis en cet instant, avide de la Connaissance que possède cette femme, et surtout, avide de la Connaissance sur les Magies du Monde. Ce Mot qui tue, parce que moi, je ne fais pas partie des Magies du Monde, je suis juste une petite ratée qui étudie à Poudlard. *Poudlard*, craché-je. Poudlard, le Château de Magie le plus inutile et fade au Monde. Je veux étudier avec les chinois, avec Qiong et Mei. Ah ! peut-être que je serais forte, si j'étais là-bas.

*J'n'irais pas*, me buté-je. Chose pouvant sembler étrange aux Autres, je me sens capable de rester ici jusqu'à ce que chaque pore de ma peau ait accepté mon refus. Ou ait forcé mon acceptation. Mais je ne veux pas y aller ; non, je ne veux pas suivre tous ces Autres qui me passent devant, parfois en me lançant des drôles de regards moqueurs ou étonnés. Ils sont trop nombreux.

*Mais... Qiong ?* NON JE N'VEUX PAS ! Explosion. Déflagration. Mon Âme s'arrache, se disperse. Fragments. Éclats. Je suis Ici et Ailleurs, je suis fendue, incomplète. Fusion. Je suis moi, je suis Thalia, et je frémis avant de commencer à marcher sans même comprendre ce que je fais. *'non* Je dois rester ici, pourquoi avancé-je ? *Qiong* Détermination puissante et étrange. J'avance, j'accepte, et je suis terrifiée.

La Silhouette imposante de Loewy me fait avaler ma salive dès que je l'aperçois, mais je me plante devant elle, comme tout le monde, avant de laisser mon regard parcourir chaque courbe, interstice, replis et creux de ses vêtements, de ses cheveux et de son visage. Froide, imposante. Je... *Je rien du tout* Oh. Elle est juste... une Force. L'aura qui émane d'elle pourrait me réduire à néant, mais je dresse la tête avant d'entrouvrir les lèvres pour murmurer :

« Miss Loewy, d'une voix calme et tranchante. Je suis posée, présente, étrange. Ma Présence doit sûrement être plus évanescente et à la fois plus consistante que celle de tous les Autres réunis. Des questions, mais aussi de simples Mots, se bouleversent dans mon esprit, des interrogations pour tester les pensées qu'elle arrive à Songer en quelques instants : pourquoi ce cours ? Zhuangyán. Qiong. Vous... ? Je... ? Tout se bouscule ; je ne peux plus penser correctement. Alors une petite phrase s'échappe d'entre mes lèvres : vous allez nous dévoiler la Connaissance ? »

Et je reste figée là, devant elle. Je suis devant l'entrée ; je peux encore partir en courant si je veux, mais je ne le ferais pas. Les Autres peuvent passer à côté de moi, sans même m'effleurer ; sinon, je ne serais pas plantée là. Je ne risquerais jamais un contact.
Mon regard a parcouru la pièce et la salle en amphithéâtre, et je sais que la place qui sera bientôt mienne est celle, tout au fond, dans un coin, où personne ne regardera. Ou personne ne s'installera. Personne ; sinon, je le défonce d'un simple regard. Là, plantée devant Loewy, je crois que je m'en sens capable. Une place à côté d'une rousse m'attire ; ou, plus précisément, c'est la fille aux cheveux de feu qui m'intrigue, mais lorsque je vois la fille qui est installée à côté d'elle je *Mcwood* déglutis. Non, pas là. Je n'irais pas m'asseoir à côté de cette fille aux cheveux rougeoyants qui a, pour une raison inconnue, attirée mon regard. La place au fond de l'amphithéâtre sera très bien.

Comme toujours, je serais seule. Mais pour le moment, je fixe la directrice, sans trop savoir où poser le regard. Je ne peux supporter trop longtemps de la fixer dans les yeux, alors je promène mon attention sur son visage et ses cheveux, d'une manière presque imperceptible. *Dis moi, Loewy, tu vas nous faire entrevoir la Connaissance ?*

Lorsqu’on lui avait parlé de ces cours de Magie du Monde, facultatifs mais instructifs, Alice n’avait pas tergiversé. Elle n’avait pas non plus posé milles et une question à ses camarades plus âgés et, surtout, plus au fait des événements de Poudlard. Elle irait. C’était certain. Rater un cours aussi susceptible de l’intéresser n’était pas envisageable.

« - Elle a déjà parlé des grandes écoles dans le monde, lui avait expliqué une septième année de sa maison. Et des légendes, aussi ! C’était passionnant. Vraiment, tu perdras pas ton temps.

Quel serait l’intitulé du cours, cette fois ? Alice l’avait ignoré, jusqu’à consulter le tableau d’affichage de sa salle commune.

Magies du monde : Les femmes et la magie dans le monde.

L’intitulé lui avait plu. Mais c’était surtout le nom du professeur indiqué sur l’affiche qui lui plaisait. Loewy. Kirsten Loewy. La directrice de Poudlard en personne. Aucune autre personne n’inspirait autant de fascination aux yeux d’Alice. Elle était un morceau de nuit, un fragment de fumée. Un voile sombre, insaisissable. Mais pour une fois, Alice l’aurait en face d’elle, cette grande dame aux cheveux d’ébène. Pour une fois, Alice pourrait l’observer de près.

Une heure avant le début du cours sur la Magie du Monde, Alice s’était préparée, de la tête au pied. Elle avait habilement coiffée sa longue chevelure blanche en un chignon haut, impeccable, strict, dégageant ainsi son visage opalin. Comme à son habitude, elle s’assura que sa robe soit bien lisse, et droite.
Après s’être longuement regardée dans le miroir, à la recherche d’un défaut, qu’il soit capillaire ou non, Alice quitta la salle commune. Elle n’avait pas attendu Brett, certaine qu’il serait déjà en salle de classe au moment où elle quitterait les dortoirs. Peut-être le retrouverait elle là-bas?
Quelques dizaines de minutes plus tard, Alice se retrouvait devant l’épaisse porte qui la séparait de la classe. Elle s’assura à nouveau que son chignon était bien tiré, avant de pousser la porte, et y entrer à l’intérieur de la pièce.
Alice fut frappé par deux choses : les nombreux élèves des quatre maisons et la disposition des tables, en demi cercle. Tout au bout, il y avait le bureau du professeur. De la directive Loewy. Elle était là, élégante, fière. Écrasante. Sa prestance fit frissonner la fillette. Elle était fidèle à sa réputation, et comme Alice l’avait imaginée.
Sans prêter attention aux élèves, sans chercher à reconnaître qui que ce soit, Alice entreprit de rejoindre les premiers rangs, la tête haute, le regard droit. La fillette reconnue la crinière rousse d’Irisia, à côté de la tête blondinette de Brett. Elle s’arrêta aussitôt à leur hauteur et se pencha un peu sur eux, leur offrant un léger sourire.

- Bonjour vous deux, dit-elle. Je vais m’installer devant. Hors de question de rater une seule bribe de parole de miss Loewy. On se voit tout à l’heure. »

Aussitôt, Alice se redressa et reprit sa route vers le premier rang. Elle aurait aimé saluer la directrice en personne, mais une poufsouffle y était déjà occupée. Dommage. Une autre fois.
Alice choisit de s’installer au bout du premier rang. Par soucis de tranquillité, la Serpentard reposa son sac à la seule place à côté d'elle. Hors de question d'être dérangée par un quelconque crétin désireux de faire le beau devant la Directrice.
Alice s’assit et sorti ses affaires une après l’autre. Sa longue plume blanche, son encrier, ses parchemins. Elle était prête. Prête à boire au puits de savoir que miss Loewy allait mettre à leur disposition.

"Magies du monde : Les femmes et la magie dans le monde."

Un tel titre de cours aurait rebuté Aliosus en temps normal, c'était évident. Non seulement il n'était qu'en première année et commençait à peine à maîtriser les bases, mais en plus ce titre ne lui disait rien, mais alors rien du tout. Il avait pesé le pour et le contre : il était en retard dans son devoir de Métamorphose, ce serait sûrement ardu comme cours, et puis, même s'il avait du mal à se l'avouer, il n'était pas aussi courageux qu'il aurait aimé le croire. Il n'avait pas très envie de prendre sur son temps libre pour un nouveau cours.

D'un autre côté, c'était une belle occasion, une occasion qui ne se représenterai sans doute pas de sitôt. Qui sait, ça pourrait faire la différence, tous les élèves suivent les mêmes cours, mais ceux qui auront assisté à celui là auront un petit quelque chose en plus. Ça aussi ce n'était pas très humble, mais inconsciemment Aliosus sentait qu'il avait envie de faire partie de "ceux qui ont cours avec madame la Directrice". 

C'était donc poussé à moitié par la curiosité et à moitié par son arrogance que le jeune Serpentard passa la porte de la salle de classe qui bruissait déjà des murmures des présents, des parchemins que l'on sort et des plumes qu'on affûte. Lorsque du coin de l’œil il aperçu une ombre qui se trouva être madame Loewy il se raidit par réflexe et ne pu réprimer un léger frisson. Elle était accaparée mais il inclina la tête.

- Madame la directrice.

Sachant qu'il était loin d'être en avance, il ne chercha pas bien longtemps une place et choisit la première qui se présenta à lui, au second rang de l’amphithéâtre improvisé. C'est seulement en sortant ses affaires qu'il commença à regarder autour de lui et à reconnaître certaines têtes. Il s'installa du mieux qu'il pouvait en se demandant si le cours serait seulement théorique. Il espérait que non. 

"Ah ah ah ! Mais je m'inquiète pour rien, je suis tellement insignifiante, Miss Loewy ne va même pas se souvenir de moi !" s'exclama la petite blonde tout en bravade devant la brune qui l'accompagnait vers ce mystérieux cours intitulé Magie du Monde : Les femmes et la magie dans le monde. Elle soutint le regard de Eileen avec un grand sourire pendant quelques secondes, puis se cacha le visage dans les mains, misérable.

"Et si elle me regarde encore comme l'autre fois... Elle me fait trop peur." marmonna t-elle. Un œil vert apparaît derrière les paumes moites. "Et  toi, tu as décidé de venir à ce cours pourquoi, Eili ?".  Le groupe de jeune fille avaient longuement discuté de l'éventualité de ce cours. Herminie se doutait qu'elle y trouverait des camarades, Maddie Joy par exemple. Maddie, qui s'était fait quelque peu charrier quand elle avait tardivement découvert l'identité du professeur du jour... Herminie soupira après avoir sourit à la réponse d'Eileen. Elle même n'avait pas raté le nom, et avait retourné chaque argument dans sa tête jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à maintenant, même, car bien qu'en route vers la salle, seule la présence de son amie lui permettait de ne pas prendre les jambes à son cou.

Elle eut un sourire désolé vers Eileen. "Je veux apprendre, et puis en découvrir plus sur les sorcières ça m'intéressait... Mais j'avoue que la présence de Miss Loewy est un point que j'aurais aimé éviter. J'ai un peu la honte, depuis..." *depuis l'épreuve*.  Elle secoua la tête et se tût. La porte de la salle était presque devant elles. Herminie souffla un grand coup, et entra. Le petit "Bonjour" poli passa sans doute inaperçu derrière une de ses consœur aux longs cheveux noirs. Thalia, Thalia qui assénait très sérieusement une question très étrange. Herminie cligna des yeux et alla s’asseoir à pas de loup derrière Cassandre et Lucy. Dévoiler la connaissance ? On était pas en divination. Elle continua à fixer Thalia du coin de l’œil, tout en évitant le regard pénétrant de la directrice et installa ses affaire. "Bonjour Cassy, Lucy" chuchota t-elle ensuite. "Tu as trouvé la salle, Maddie ?" ajoute t-elle, chipie qu'elle est, avec un signe de la main pour saluer son amie. 

Fin octobre 2043
Salle de cours - Poudlard
3ème année


L’excitation fiévreuse qui règne dans le château me met mal à l’aise. Il me semble que les élèves se sont donné le mot pour paraître plus désagréables aujourd’hui qu’hier ; ce n’est pas peu dire. Après avoir tenté de les fuir une bonne partie de la matinée, ce qui n’a guère été aisé puisque mon estomac a tenu à se sustenter dans la Grande Salle, je me suis lentement mais sûrement mis en route vers le cinquième étage.

A présent, j’ai peur de vomir les tranches de bacon qui ont généreusement accompagné mes oeufs. Mon estomac joue les fous dans mon ventre. Il se contracte pour se relâcher aussitôt, m'amenant à plaquer une main moite sur mon ventre distendu. Mes doigts se crispent sur ma cape sombre et tentent, en vain, de s’enfoncer dans ma peau que je sens bouillante. J’ai bien trop chaud pour un mois d’octobre. Par Merlin, j’ai bien trop chaud pour Poudlard ! La peau parcourue de frissons et l’estomac en peine, j’avance péniblement, le regard baissé sur mes pieds.

Le brouhaha incessant des couloirs tournoie autour de moi, me plonge dans une torpeur presque agréable. Je me laisse porter par les bruits, marchant lentement et frôlant les murs pour ne pas que les Autres me frôlent. Quand je pose le pied sur la dernière volée d’escaliers menant au cinquième étage, mon corps se révolte : je m’arrête net, le souffle coupé. Une poussée dans le dos me signifie que les élèves qui me suivent ne vont pas attendre que je reprenne ma marche. Je me décale sur la droite, me recroquevillant contre la rambarde alors qu’une bande d'adolescents me dépasse. Ils parlent si fort que je les suis du regard, éberluée par leur seule présence. Je les suis du regard et déglutis quand ils disparaissent sur le palier du cinquième.

M’appuyant faiblement sur le garde-corps, je me raisonne ; il n’y a aucun risque de me présenter devant Loewy. Ce cours est ouvert à tous, et l’Adulte aura bien trop à faire pour me calculer. N’est-ce pas ? La crainte refuse de me quitter et c’est le souffle coincé dans la gorge que je gravis les dernières marches.
Mon coeur bat de plus en plus vite.
Par Merlin, ne me suis-je pas promis de tout faire pour ne pas me trouver face à Kristen Loewy cette année ?

Je veillerai personnellement à ce que son comportement soit irréprochable.

Sa voix, plus froide que son coeur, s’est inscrite dans mon crâne. La Directrice m’a d’ors et déjà prouvé qu’elle n’est certainement pas du genre à revenir sur ses paroles. Je ne peux être persuadée que d’une chose : aucun autre élève dans ce cours ne sera plus présent à l’esprit de Loewy que moi-même. Et cela me donne envie de vomir. De fuir. De disparaître. *J’peux l’faire*. Oublions le savoir ! La bibliothèque me donnera la connaissance que pourrait m’offrir cette femme !
Je m’arrête. Là, tout au fond du couloir, la salle de classe - je le sais car la racaille hétéroclyte qui s’engouffre par la porte ne peut qu’être motivée par la nouvelle matière de Madame la Directrice Kristen Loewy.
Si je fais demi-tour dans l’instant, je n’aurai aucune peur à avoir. Mon coeur se calme à cette seule vérité ; je n’aurai à affronter ni Loewy, ni son regard de glace, ni le souvenir cuisant de sa puissance imposante.
Mais si je me détourne de ce but que je me suis fixé, je peux envoyer se faire voir tous mes espoirs de connaître ce qu’Elle sait ; soit tout ce qu’un livre ne peut m’apporter.

« J’la déteste, Merlin ! » murmuré-je entre mes dents.

Les poings serrés, le dos raide, je reprends ma route. Et mon coeur ne me pardonne pas cette décision ; il se met à battre si fort que ma vision se trouble.
Je fourre la main dans ma poche, caressant le talisman de Zik’ du bout des doigts. Toute la sagesse du petit renard bleu ne peut me convaincre de ne pas mourir de peur face à Loewy.

Juste avant l’entrée de la salle, je m’arrête et m’appuie contre le mur : *J’rentre dans la salle*, tenté-je de me rassurer, *j’la r’garde pas, j’file au fond, j’m’assoie dès qu’j’peux*.
Par Merlin.
J’ai déjà prévu le rouleau de parchemin que je vais dérouler devant moi pour y fourrer mon nez et mon pot d’encre le plus difficile à ouvrir pour m’occuper. Il est hors de question que je la laisse me ficher la trouille dans une salle de classe. Je suis ici pour le savoir et pour rien d’autre.

Je prends une grande respiration que je retiens, j’agrippe la lanière de mon sac, je crispe les doigts autour de ma baguette et d’un coup de hanche je me décale du mur pour rentrer dans la salle de classe. Le son diffu des conversations me frappe : il laisse trop de place à un silence gênant qui coule sur ma peau. Je manque de rentrer dans un Autre qui s’est planté dans le passage ; je l’évite au dernier moment, le regard fuyant. Rapidement, le coeur en peine, j’avise la salle de classe, les Autres, la disposition des lieux. Je manque de m’étouffer quand la silhouette de la Sorcière se dessine à l’orée de mon regard et je m’empresse de frôler les murs jusqu’au bout de la salle. J’ai terriblement chaud et mon souffle balaye mes lèvres sèches. Paniquée, je dépose mon sac sur la table la plus au fond et la plus à droite et tire la chaise à moi. Je me précipite pour m'asseoir, si bien que le coin de la table m’explose la hanche. Le souffle coupé je baisse la tête sur mes mains.

Il me faut toute ma concentration pour parvenir à sortir de mon sac parchemin, plume et encre. Dans mes oreilles résonnent les battements de mon coeur et plus fort encore mes pensées : *elle m’a vu, elle m’a vu, elle m’a vu !*. Je m'exhorte au calme en dépliant mon parchemin.

   Le couloir qui menait à la salle de classe où elle se rendait semblait être sans fin pour Eileen. Bien qu’accompagnée d’Herminie, une de ses camarades de Poufsouffle, l’Irlandaise appréhendait légèrement ce cours. Non pas parce que le sujet ne l’intéressait pas, après tout, c’était un cours facultatif alors si elle n’avait pas été intriguée par ce fameux cours de Magie du Monde : Les femmes et la magie dans le monde, elle ne serait pas là, à discuter avec Herminie en se dirigeant vers la salle. Mais parce que c’était la directrice, Miss Loewy qui allait l’enseigner. Elle ne l’avait jamais rencontrée, mais de par sa stature de directrice, elle ne pouvait qu’appréhender.

- Ne t’inquiète pas Minie, tout va bien se passer. Je suis sûr qu’elle sera bien trop occupée pour s’occuper de nous, tenta de la rassurer Eileen. Et puis, on n’est sûrement pas à son niveau, mais on, tu n’est pas insignifiante pour autant.

   Insignifiante. Et puis quoi encore ? Certes, les deux jeunes filles étaient des élèves parmi tant d’autre que Miss Loewy ne ferait sûrement pas la différence entre chacun, mais de là à dire qu’elle était insignifiante, Eileen n’était pas d’accord.

- Et bien, j’aime apprendre de nouvelles choses, en apprendre plus sur le monde qui nous entoure. Et puis je suis curieuse de savoir la place des sorcières dans tout ça, vu qu’on parle principalement des sorciers célèbres et pas vraiment des sorcières, expliqua la brune. Et toi Minie ?

   Elle écouta attentivement la réponse de sa camarade, grimaçant légèrement devant le léger mal-être de la blonde en évoquant la directrice.

   Levant la tête devant elle, Eileen remarqua qu’elle était arrivée au niveau de la porte. Plaçant sa main sur l’épaule d’Herminie pour lui donner un peu de courage, elle entra également dans la salle en classe et articulant un « Bonjour Miss » à l’intention de la directrice, qui ne l’entendrait sûrement pas.

   S’installant à côté de sa camarade blonde et dernière trois autres Poufsouffle qu’elle avait reconnu comme étant Cassandre, Maddie et Lucy, Eileen sortit sa plume et de l’encre. Elle allait également sortir un rouleau de parchemin lorsque la question d’une autre Poufsouffle si elle en jugeait à ses robes posa une question assez étrange, la « Connaissance » ? Eileen regarda la jeune fille bizarrement puis sortit son parchemin de son sac pour enfin attendre patiemment le début du cours.

La veille

Drian le tira par la manche alors qu'il passait devant le tableau d'affichage, attirant son attention sur un papier qu'il n'aurait sans doute jamais aperçu sans son intervention. Le rouquin lisait rarement les messages placardés au mur, il ne prenait jamais le temps.

- Magie du Monde : Les femmes et la magie dans le monde, lit-il à voix haute. Tu as déjà assisté à un de ces cours ? Ils sont ouverts à toutes les années apparemment.

Rey secoua la tête en signe de négation et s'approcha à son tour en plissant le nez. Un nouveau cours apparemment, qui commençait demain et qui serait dispensé par la directrice elle-même. Il réprima un frisson. Beaucoup de rumeurs circulaient au sujet de cette femme et celle qui le préoccupait et l'intriguait le plus était sans doute qu'elle serait une sorcière noire. Les rares fois où il avait eu l'occasion de la voir en chair et en os lui avait suffit pour qu'il fasse de cette idée sienne. 

- On devrais y aller, asséna Drian, le sortant de ses pensées. Peut-être parlera-t-elle de Qiong et Mei. Leur magie était impressionnante. 

Qiong... Son frère avait raison, si il pouvait en apprendre plus sur la chinoise, c'était bien à ce cours. En plus, il était réellement intrigué par la forme de magie que les étrangers avaient utilisé. Peut-être en existait-il encore bien d'autres. 

- On ira, acquiesça-t-il.

***
Le jour J

Les frères Sifferlen entrèrent à leur tour dans la salle de classe où la Directrice et une sorte de petit chat attendaient que les élèves volontaires pointent leur nez. Ils la saluèrent et allèrent se chercher une place. Il y a avait déjà pas mal d'élèves, certains deuxième année avec qui il avait déjà discuté entre deux cours, d'autres élèves qu'ils ne connaissaient pas et bien sûr la team des filles de Poufsouffles de son année. Heureusement qu'Elian était là pour représenter la gente masculine des blaireaux, il n'avait malheureusement pas réussi à convaincre Eliott de l'y accompagner.

Drian s'installa au premier rang, serein. Rey, lui, préféra une place au milieu. Pas trop près des pipelettes, sait-on jamais. Le temps que le cours commence, le rouquin continua son inspection des présents. C'est alors qu'il aperçu Aelle dans le coin le plus reculé qu'elle avait pu trouver. Étonnant qu'elle soit là vu son palmarès, il se demanda comment Miss Loewy allait réagir. Lorsqu'il finit de passer en revue tous les présents, il sortit à son tour de quoi écrire, le cours n'allait surement pas tarder à commencer, il n'était pas question de se faire remarquer.

L'arrivée de Lucy fut un réel soulagement pour toi et tu t'empressas de retirer le peu de tes affaires qui auraient pu déborder sur son bureau afin de lui laisser la place, un grand sourire se dessinant sur ton visage alors que tu murmurais :

"Tu rigoles, j'espère ! J'avais tellement peur de me retrouver seule !"

Les autres filles ne tardèrent pas à arriver et ce fut un réel soulagement pour toi de voir que tu n'étais finalement pas seule en ce lieu. Toutes tes amies s'étaient d'ailleurs regroupé autour de toi. Par contre… Point de garçons de la maison si ce n'était Elian. Tu soupiras finalement avant de porter ton regard sur le reste de la salle de classe pour voir qui était présent tout en saluant les filles :

"Je pensais que j'allais être seule ! Je suis trop contente que vous ayez toute pu venir !"

Ton regard continuait à aller et venir sur le reste de la salle de classe et se porta un moment sur Downing, comme pour attirer l'attention du jeune homme. Vos regards se croisèrent… Ou pas… Et tu tournas immédiatement les yeux sur la directrice qui ne semblait pour l'instant pas encore prête à commencer le cours. Il était un peu trop sérieux à ton gout, alors, tu chuchotas :

"On va rigoler un peu les filles !"

Tu attrapas alors un morceau de parchemin dont tu déchiras un petit morceau en forme de rectangle avant de sortir ta plume et ton encrier. Celui la même dans lequel tu trempais ta plume quelques secondes auparavant et commençait à tracer un petit mot rapidement sous les regards amusés de tes camarades avant de murmurer :

"On va voir comment il va réagir !"

Tu leurs montras le mot pendant que l'encre séchée avant de le replier de façon sophistiqué de façon à former un petit origami en forme d'oiseau. Baguette magique en main, tu agitas cette dernière vers le morceau de papier et le fis s'envoler, direction la table du Gryffondor.

Dès que le message se posa sur la table de ce dernier, tu te retournas précipitamment en pouffant, tout comme tes camarades. Cela faisait du bien parfois, une petite blague.

@Clément Downing

Il n'avait pas fallu très longtemps à Eider pour se décider à assister à ce cours facultatif. Lorsqu'il était question d'apprentissage la fillette ne tergiversait jamais.
C'est donc après avoir vu les annonces en salle commune, et sur un accord commun avec Vanellia, qu'elle se dirigeait dès à présent vers ladite salle de cours. Accompagnée de son amie, Eider se faufilait à travers les élèves présents dans les couloirs, à la recherche de ce fameux endroit. La fillette maintenait son sac sur son épaule et pressait le pas pour éviter d'être en retard à cette première heure ; elle ne cherchait même pas à savoir si Vanellia la suivait, persuadée que c'était bel et bien le cas.
La foule se fit de plus en plus rare et deux garçons pénétrèrent dans une salle à quelques mètres. Elles étaient arrivées.

En entrant dans la pièce, Eider ne put que remarquer l'installation particulière. Habituée aux tables alignées en rang, elle fut surprise de constater que ces dernières étaient disposées en arc de cercle. Son étonnement se transforma rapidement en une sorte de satisfaction. Cela laissait-il sous-entendre que le cours dispensé serait interactif, moins porté sur un blabla ennuyeux ? Eider l'espérait, car avec une telle disposition, les échanges et les questions ne pouvaient qu'être renforcés.

- Bonjour. Ce simple mot avait aussi bien été prononcé pour ses camarades que pour leur professeure. La fillette se moquait de savoir s'il avait été entendu par tous ou seulement une partie, elle l'avait fait par pure politesse. Son acte seul lui importait.
La Serpentard jeta un bref regard sur les têtes déjà présentes et en reconnut quelques-unes. Elle se faufila à travers les tables à la recherche de deux places libres, sachant que le premier rang était une mauvaise idée connaissant Vanellia. En passant devant Clément, Eider lui adressa un rapide "Salut". Les deux enfants avaient appris plus ou mois à se connaître et la fillette devait reconnaître qu'ils se ressemblaient plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Quant à leur rivalité durant les cours, elle était toujours aussi présente.
La jeune Dawkins repéra finalement des places dans le fond de la salle et elle les désigna du doigt, attendant l'approbation de son amie.

Lorsqu'elles furent installées sur leur chaise respective, Eider sortit son parchemin, son encrier et sa plume, et les utilisa aussitôt pour y inscrire "Les femmes et la magie dans le monde". Une fois les lettres tracées, elle porta son regard sur leur directrice et un petit sourire amusé se dessina sur son visage. *Que du noir hein ?* Kristen Loewy était le sujet de nombreuses discussions et la rumeur selon laquelle elle était une sorcière noire était connue de tous. De son côté, la Serpentard n'y accordait que peu d'attention. Les bruits de couloir ne l'intéressaient guère et elle préférait se faire sa propre opinion. Mais quoi qu'il en soit, à ce moment précis, face à eux, se tenait une sorcière tout de noir vêtue.


Note : Vanellia et Eider vont s'asseoir à côté de la place repérée par Thalia.
@Vanellia Chronos