Sans aucun doute, tu sais que ta directrice ira sûrement parler à ton meilleur ami. C'est peut-être la meilleure chose à faire pour tenter de le raisonner, tu en es certaine. Il ne vas peut-être pas l'apprécier mais il faut qu'il en parle et, s'il ne veut pas le faire, il faut croire que cela viendra à lui. 

Sa remarque te touche en plein coeur : Tu le sais, tu as du mal à le faire, c'est indéniable. Seulement, tu t'inquiétais vraiment pour lui et tu préférais trouver une solution plutôt que faire attention à ton manque de sommeil.

- C'est.. Ce que l'on me dit de temps en temps en effet. Mais vous savez, savoir ce qui lui arrivait m'aurait rassuré aussi, d'où mes recherches.

De temps en temps... Si on ne compte pas les fois où ta maman te le dit. Et ton frère et.. Enfin bref, tu t'occupes bien trop des autres, il faut bien l'avouer.

L'adulte ne semble pas s'inquiéter, alors tu tentes simplement :

- Excusez-moi mais... Sauriez-vous ce qu'il lui arrive ?

Si elle ne s'alarme pas plus que ça, c'est que ce qui arrive à Alexei ne doit pas être grave. Tu te détends un peu plus mais tu restes sur tes gardes, on ne sait jamais, peut-être tente-t-elle de te rassurer, tout simplement.

Elle voulait être rassurée et l’enseignante ne pouvait malheureusement pas faire grand-chose pour son élève. Après tout, elle n’était pas médicomage, ni infirmière. Elle était directrice de maison et professeure de rune. Rien qui ne puisse véritablement aider la jeune Cooper dans sa recherche pour aider son ami. La jeune femme hocha la tête, de droite à gauche, doucement, avant de dire « Malheureusement, je ne peux faire que des spéculations, je ne suis pas la plus à même de vous aider, il conviendrait donc de vous orienter vers un professionnel ». Et puis, ce n’était pas son rôle après tout. Elle allait mettre des suppositions dans la tête de l'enfant, et après ? Si ce n’était pas ça ? Lui reprocherait-on ? Possiblement.

« Vous devriez véritablement vous poser des questions : pourquoi cherchez-vous à tout prix à aider votre ami ? » Que noyait-elle ainsi derrière ses recherches, avait-elle quelque chose à cacher, portait-elle quelque chose sur ses épaules qu’elle n’arrivait pas forcément à assumer ? Joanne partait loin, c’était évident. Mais les personnes qui s’intéressent aux autres cachent souvent leurs propres lacunes. Comme si se pencher sur le cas des autres permettait d’oublier un peu le sien, d’éloigner un peu les choses. Joanne ne le savait que trop bien.

Tu te demandes si cela ne voudrait pas dire qu'il arrive quelque chose de rare et d'anormal à Alexei, ta directrice semble ne pas pouvoir en dire plus, en même temps, elle est déjà gentille d'en discuter avec toi, tu ne peux pas tout avoir.

- Vous voulez dire que son cas est rare ? C'est vrai, nous devrions aller voir l'infirmier mais c'est assez compliqué, comme je vous l'ai dit, il n'est pas du tout pour..

La suite est plutôt inattendue pour toi : Tu ne pensais pas que l'enseignante te dirait cela. Un peu étonnée, tu cherches une réponse valable à lui donner. 

- Et bien, je ne sais pas, c'est mon meilleur ami, je m'inquiète alors je fais de mon mieux pour l'aider. Pourquoi, ce n'est pas.. Normal ? dis-tu en baissant légèrement le regard, comme concentrée sur tout autre chose.

Tu hésites en prononçant le dernier mot de ta phrase. "Normal", mais qu'est-ce que la normalité ? Tu n'en as aucune idée, tu fais simplement ce que tu penses que tu devrais faire et ce que tu ferais bien de faire, plus pour les autres que pour toi, c'est bien vrai. Cependant, tu es comme ça, tu n'as pas tant de problèmes alors, autant en profiter pour se concentrer sur tes amis qui ont besoin de toi, non ? Tout cela te déconcerte un peu et te mets rapidement en question : Tu ne vois pas où ta directrice souhaite en venir. 

Est-ce que son cas était rare ? Non, la directrice de Serpentard n’en savait rien. Elle venait d’ailleurs de lui dire : elle n’était pas infirmière, pas plus qu’elle n’était médicomage. Il convenait donc que l’ami en question se réfère à quelqu’un d’un peu plus calé sur le sujet. Pourtant l’enseignante n’insista pas là-dessus, préférant laisser la question en suspens. Après tout, elle avait dit ce qu’elle avait à dire, à charge pour les adolescents de se prendre en main et de consulter qui de droit !

La question suivante, à vrai dire, méritait que Joanne y prête plus d’attention. « Bien sûr que si, c’est tout à fait normal et bon de prendre soin de ses amis. Il convient juste de ne pas s’oublier en cours de route et de prendre soin de vous ». Joanne laissa quelques secondes s’extirper avant de demander « Etes-vous certaine de prendre autant soin de vous que vous prenez soin des autres ? Il ne s’agit pas là de normalité, mais plutôt de ne pas vous perdre dans une aide qui vous serait dommageable ». Étendant le bras pour montrer les livres, l’enseignante ajouta « Comme une nuit de sommeil en moins, par exemple ».

Le sourire sur ses lèvres était fin, discret. Respectueux et poli, surtout. Il ne fallait pas que l’étudiante mette sa propre santé en danger pour celle d’un autre. Il convenait qu’elle prenne soin d’elle, aussi. L’un n’empêchait pas l’autre, Joanne en était certaine.

Les paroles de ton enseignante ne sont pas rien à tes yeux, cela veut dire beaucoup pour toi. C'est vrai que, parfois, ou tout le temps, tu penses à tes amis avant toi, sans vraiment trop savoir pourquoi, tu aimes bien aider les autres, c'est tout. Seulement, c'est bien la première fois que tu mets ton sommeil de côté pour une chose dans le genre, très certainement car tu voyais le cas de ton meilleur ami comme une urgence, jusqu'à aujourd'hui. 

Tu laisses sa question en suspend pendant un moment. Non pas que tu ne saches pas la réponse mais plutôt que tu ne la connais que trop bien et la dire à haute voix ne te plaira que moyennement. Et vu la question que l'on te pose, tu te doutes que la réponse n'est pas inconnue.

- Oui c'est vrai, je... Ça m'arrive.

Pas besoin d'en rajouter plus, tu sais que cela t'arrive assez souvent. C'est bien la première fois que cela concerne ton sommeil mais tu comprends bien que Miss Taylor ne pointe pas du doigt un seul cas, mais la généralité : Si tu as pu mettre de côté ton sommeil pour une nuit, tu as déjà  dû faire d'autres choses dans le genre et tu ne peux pas nier, cela t'est déjà arrivé, quand tu y réfléchis bien.

L’enseignante avait véritablement mis le doigt sur quelque chose dont l’adolescente n’avait vraisemblablement pas conscience. Joanne hocha les épaules et se releva. Elle avait fait ce qu’elle devait faire et il lui semblait plutôt inutile de punir la jeune fille pour ses recherches nocturnes. Elle ajouta simplement « Je vous encourage à ranger tous ses livres et à cesser vos recherches nocturnes. Je ne vous punis pas pour cette fois-ci, mais je compte sur vous pour ne pas recommencer ». Jetant un regard sur la salle commune endormie, Joanne soupira. Quelque part, elle ne pouvait pas en vouloir à la jeune fille de s’en faire pour ses amis. Mais il fallait aussi qu’elle pense à elle, c’était nécessaire.

Sans ajouter un mot de plus, l’enseignante s’en retourna dans ses propres appartements. Les étudiants avaient une fâcheuse tendance à lui créer des migraines sans précédent. Peut-être faudrait-il qu’elle consulte un médicomage ? L’épuisement pouvait-il être responsable de pareil problème ? Ou était-ce plutôt sa facilité à ressentir de l’empathie pour les élèves qui la mettait dans de pareils états ? Quoiqu’il en soit, il fallait qu’elle trouve une solution et qu’elle se soigne. Sinon, elle finirait par restée enfermée dans sa salle de classe, avec, pour seule compagnie, les runes qu’elle avait toujours côtoyées.

Fin du RP pour moi, merci

Voyant que tu échappes de peu à une punition pour des recherches, ton corps bouge légèrement à cause d'un frisson qui te traverse entièrement. Tu as eu chaud, très chaud et ce n'est pas la première fois cette année, ce qui te remet assez rapidement en question : Qu'est-ce qui ne va pas depuis septembre ? Tu n'en as aucune idée et, en réalité, tu étais bien trop épuisée pour réfléchir à tout ça à l'instant. 

- Entendu, Miss, excusez-moi, dis-tu toute penaude.

Tu te dis que tu lui as fait perdre beaucoup de temps et que ce n'est pas vraiment sympa de ta part, ce pour quoi tu t'excuses sincèrement. Tu ne cherchais pas à avoir des ennuis, tu comptais plutôt à les éviter mais il faut croire que tu t'es lourdement trompée, ce que tu te pardonnes difficilement. Le pire dans tout ça, c'est que tu ne sais toujours pas ce qui arrive à ton meilleur ami, que de temps perdu.

La voyant s'éloigner de toi, tu te décides à gagner ton dortoir pour dormir un peu et de manière plus confortable. Tu ne mets que très peu de temps à t'endormir et tu te réveilles juste avant le repas du midi, te permettant donc de continuer à reprendre des forces en mangeant un bout en compagnie de tes camarades de maison.

FIN DU RP

Merci à vous