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27 janv. 2020, 16:02
Sang Maudit  SOLO ~ RPG ++ 
30 DÉCEMBRE 2044


*Sa faute. C’est sa faute.* Tu traînes le pas, les bras ballant et le dos voûté. Tu regardes devant toi, sans vraiment voir, perdu dans tes pensées qui t’assaillent de souvenir douloureux. Tu croises peu d’élèves ; beaucoup avaient déserté le château pour les vacances, voulant s’éloigner du souvenir traumatisant de la soirée des Morts, à laquelle tu n’avais pas assisté, bien trop renfermé dans tes propres problèmes. Tu avais appris bien plus tard, ce qu’il s’était vraiment passé, mais tu ne ressentais rien de particulier, restant neutre face à cette violence qui en avait détruit plus d’un.
Tu tiquas légèrement quand un Autre te frôla, et tu te collais d’avantage au mur, faisant rapper ton bras contre la paroi.

*J’voulais rester, bordel !*
Ils t’avaient poussés en dehors de la Salle Blanche, disant que tu avais l’air mieux et que tu ne pouvais pas passer le Nouvel An enfermé à l’infirmerie. Pourtant, c’était le seul endroit où tu te sentais bien ; aucun Autre à t’approcher, la salle calme et reposante et tu pouvais échapper à ton frère et à son regard emplit de pitié qui te dégouttait. Tu t’étais reclus loin de tous, et ta tristesse avait fini par s’envoler doucement, remplacée par la peur d’un deuxième abandon de la part de ton frère et une colère vive à son égard.



Alors tu marches. Sans regarder autour de toi, suivant les murs de près, comme un soutiens qui t’empêcherait de t’effondrer. Tu n’entends plus ce qu’il se passe au de-là de ton petit monde, comme s’il n’y avait que Toi, seule, perdue, et que le vide avait englouti les Autres et le Couloir, te laissant dans le noir le plus total.
Tu marches, sans qu’aucun obstacle ne viennent perturber ton ascension à l’aveuglette. Tu marches, presque apaisée, oubliant vite les pensées noires et les tracas.

Alors, noyée dans cette bulle protectrice qui te coupes du monde, tu ne réalises pas tout de suite de la présence du grondement sourd qui arrive derrière toi, l’appellation qui résonne comme un rugissement dans tes oreilles, tout à coup amplifié et qui te fait frémir. Mais tu ne réagis pas. Comme un tonnerre grondant, qui te déchire alors l’épaule et fait exploser la bulle, te ramenant à la réalité.
Tu fixes la main, posée délicatement sur ton épaule. La présence te dépasses de deux têtes, son ombre te recouvrant d’un voile protecteur. Tu sais. Mais tu ne veux pas.
Tu secoues l’épaule pour te débarrasser de cette main, esquisses un pas en avant prête à t’enfuir, mais Il est plus rapide et bien plus fort, et dans un mouvement sec, tu te retrouves face à Lui, qui te fixes de ses yeux clairs brillants, soutenant ton regard plein de haine avec une tristesse infini.

- Tu ne pourras pas m’éviter indéfiniment, Ash.

Ash. Il n’y avait que Lui, pour t’appeler comme ça. Il te regarde toujours, quelques mèches d’une blondeur presque divine lui tombe sur les yeux, ses mains te tenant toujours chaudement par les épaules. Tu commences à ressentir des picotements à la nuque, à force d’avoir la tête levé pour soutenir son regard.
Baissant les yeux devant toi, tu te retrouves à fixer sa poitrine qui se soulève et s’abaisse doucement, si calmement, alors que la colère revient, laissant tes joues se pourprer. Tu serres les poings. Les ongles s’enfoncent dans ta paume et scient la couche blanche et fine jusqu’à en laisser des marques en arc de cercle. La Douleur, encore, mais ce n’est que dans ta tête, rien qu’un message de ton cerveau pour te dissuader de continuer. Mais Enfant, si têtue, tu continue, écoutant le souffle léger qui sort et te caresse si délicatement le crâne.

- Écoutes-moi, s’il te plaît, il faut qu’on parle.

- Non.

Il tranche l’air. Tu sens le Grand se raidir et resserrer ses doigts encore plus fermement sur tes épaules frêles. Tu ne veux pas parler avec Lui. Tu ne veux pas échanger comme si de rien n’était, comme si l’Abandon n’aura jamais lieu. Entendre ses excuses qui ne serviront à rien face à la douleur qui emprisonne ton cœur. Et puis quoi ? Lui dire que ce n’est pas grave ? Que tu es heureuse pour lui ? Mentir sans arrêt ; tu n’en peux plus des secrets qui détruisent peu à peu cette relation, lui faire plaisir pour en souffrir ensuite. *Non.* Cela suffi.

- C’est pas à propos du voyage.

La pression se relâche sur tes épaules, en même temps que tes poings se desserrent. *Alors quoi ?* Mais il ne parle plus. Tu sens alors que ce n’est pas normal. Que Rien est Normal. Alors tu relèves la tête pour replonger dans son regard. Le Grand que tu admires tant et qui semble toujours si fort, paraît avoir perdu de sa superbe. Sa mâchoire tremble légèrement, comme s’il pouvait éclater en sanglot d’une seconde à l’autre. Sa posture si fière et protectrice et maintenant voûté par le poids d’une vérité atroce. Comme s’il avait vieilli d’un coup. Et ses yeux dans lesquels brillait d’habitude cette lueur de tendresse et de joie avait disparu, noyé dans une détresse qu’il ne parvenait plus à retenir. Un appel à l’aide pour tenir le coup.

- J’ai reçu une lettre.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.
29 janv. 2020, 18:08
Sang Maudit  SOLO ~ RPG ++ 
- Encore.

Les traits de ton visage se durcissent. *Alors c’est quoi maintenant ?* Une annonce pour précipiter l’Abandon ? Ou bien pire. *Quoi ?* Papa ou Maman. *Non.* C’est tout bonnement impossible. Irréaliste. Alors, qui ? Et puis, pourquoi ? Mais le Grand ne veut rien dire. *Il a Peur.* Impossible, ça aussi. Il n’a Jamais peur, il est toujours là pour Toi, plus solide que la pierre et imperturbable. Il n’a jamais mal. Jamais.
Mais ses yeux quittent les tiens à peine quelques secondes pour fouiller avec méfiance les alentours. Sa Peur devient contagieuse. Comme une brume sombre, elle rampe jusqu’à toi et t’engloutit dans un tourbillon invisible.

- Q...Quoi ?

Les mots ont du mal à franchir la barrière de tes lèvres. Tu les craches dans un murmure, alors que ses beaux yeux fuient avec honte. Il prend une inspiration. La veine de son coup tape avec frénésie, comme si elle voulait sortir et verser des litres de sang pour en finir. * Mourir plutôt que ça.* Mais ça quoi ? Des tas de scénarios te traversent l’esprit, tous aussi sanglant, tout aussi terrifiant.
Le Grand t’attrape le poignet dans un mouvement brusque, et te tires dans une salle ouverte. *Peur.*
La salle est sombre, les tables sont toutes bien alignées devant toi et le bois semble absorber le moindre rayon qui viendrait s’infiltrer par l’une des fenêtres. Il referme vite la porte derrière vous, et se tourne vers toi d’un mouvement fluide. Vos regard se croisent et s’agrippent l’un à l’autre. *Peur.*

- Il…fallait qu'tu saches.

Il sort de sa poche un bout de papier froissé avec lenteur. Il contemple la lettre et semble hésiter un instant. Des deux mains, alors, il te la tend, comme s’il venait de te remettre le destin de l’humanité entre les mains. *Non. Doit pas.* Mais tu tends les doigts malgré toi, attirée par la Vérité. Tu frôles le papier rugueux avant de t’en saisir. Le Grand s’appuie contre le bureau, les deux cramponnés au bois et te fixes avec une expression indéchiffrable sur le visage.
Tu la déplie délicatement, alors que l’appréhension t’envahit petit à petit. L’écriture noire qui recouvre la page blanche ondule et se tord, te donnes le tournis. Tu lèves les yeux vers Lui avant de te plonger dans l’océan de mots et de phrases, ponctué d’une voix inconnue.
Si le Grand a Peur, alors tout s’effondre.






Ambre,

Tu dois sûrement déjà savoir ce qu’il se passe en dehors de Poudlard, mais la situation est devenu bien pire. Il y a un peu plus d’un mois, le Conseil d’Ursula Parkinson à attaqué l’hôpital St Mangouste, comme tu le sais.
Pendant l’affrontement, deux obscurus ont endommagés une grande partie de Londres, et ça n’a pas échappé aux Moldus.
Je ne vais pas y aller par quatre chemin gamin, ils savent.
La Chasse a commencé et beaucoup de Sorcières ont totalement disparu depuis. La peur règne maintenant parmi nous tous, et certains de nos voisins nous regardent de travers.
Pour l’instant, nous restons à Bibury mais si on vient nous chercher, on fuira se mettre à l’abri, loin d’eux.
Les Sorciers ne sont plus en sécurités.

Je t’en supplie, ne quitte pas Poudlard. Tant que vous ne sortez pas de l’enceinte, vous ne craignez rien.
Prend soin de toi et de ta sœur surtout. Elle est beaucoup trop jeune et ne comprendra pas forcément ce qu’il se passe. Que le monde est devenu dangereux et incertain. Mais elle doit savoir.
A la fin de l’année, tu partiras le plus tôt possible chez Abey, tu seras en sécurité. Mais avec ta sœur, rien n’est sûr. Vos parents ne sont pas sûr. Ils peuvent être imprévisible et Ashley leurs appartient toujours. Je vais aller leur parler, que s’ils lui font du mal ils le regretteront amèrement.

Restez en sécurité en attendant.
Ne quittez pas Poudlard.
Notre monde est découvert.
On veille sur vous.

Ta Dada.






Tu ne sais plus. Tu regardes la lettre en avalant au fur et à mesure les nouvelles. Une valse de sentiment t’emporte dans une danse insurmontable. Tu comprends pas. Tu veux pas comprendre. Comme un tambour contre ton crâne, du coton dans les jambes et les poumons crevés. Comme un goût pâteux dans la bouche, les bras en plomb, un creux énorme dans le ventre et une boule de pétanque dans la gorge.



Tu ressens trop.



Le son te parvient trop fort. Le Grand qui respire trop fort, le Bruit des Autres derrière la porte, dans le couloir. Ton propre Bruit. Qui t’assaille et te dépasses, t’étouffes mais empêche tout cris et pleurs. Un son intérieur qui sonne et résonne, te traverse de toutes parts, comme une longue plainte silencieuse qui traverse l’air.
Les sensations te percutent. La pièce devient trop étroite, trop petite, et les murs qui se rapprochent. La feuille est insupportable au toucher. Elle te brûle les doigts et les marque au fer rouge. Alors, elle tombe en virevoltant, attirée vers le sol. Tes vêtements te collent à la peau, s’incrustent dans ta chair. Tu as beau tirer dessus, cela accentue la Douleur Invisible.
Ta vue alors se perce. Trop de lumière envahie par une obscurité irréelle.
Tu recules pour échapper à ce trop-plein qui te fait flancher. Tu sais plus.
Tout s'effondre. Alors le Grand a Peur.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.
26 mars 2020, 21:15
Sang Maudit  SOLO ~ RPG ++ 
Tout cela est irréel.



Le Grand regarde la lettre tomber doucement au sol, se mordant la lèvre inférieure. Ses yeux remontent lentement, jusqu’à ton visage, espérant pouvoir s’agripper aux tiens. Mais tu es Ailleurs. Dans une affreuse Boucle Infinie. Comprend pas. Tu avais entendu des Rumeurs, des chuchotements et des vérités murmurées à l’oreille. Mais tu ne t’en étais pas soucié, bien trop occupé avec tes petits problèmes et tes idées noires.
La Lettre venait de te rapporter de nouveau ces choses, mais Elle contrairement aux Autres, tu la croyais. Des milliers de questions frappent ton esprit. Tu serres tes lèvres l’une contre l’autre, laisses tes bras pendre le long de ton corps, ta tête trop lourde n’arrive plus à se relever, et continue inlassablement à regarder le sol.
*La Signature* C’est eux. Dada. Les autres sorciers de la famille, Dada. Tes grands-parents, Darla et Gordon. *Ambre est parti avec eux.* Au lieu de rester avec Toi, il t’a laissé seule, si seule. C’est eux, c’est sûr. Ta Dada. Ton esprit hurle. C’est faux, complètement faux. Jalousie. Elle n’est rien, chut. Tais-toi. C’est la première lettre qu’Il reçoit d’Elle ou de Eux ? Mais ferme-là, débile ! Ça fait Mal, alors tais-toi. Bordel !

Tu relèves les yeux, croises ceux du Blond et les scrutes avec mépris. Comment peux-tu croire ça, Enfant ? Que le problème, c’est Lui. C’est sa faute ? C’est cela que tu murmures au fond de Toi ? N’as-tu pas honte ? Jalousie, stupide. Et bientôt, tu te rends compte de tes pensées, et le Mépris disparaît dans un voile de Regret. Pas sa faute, au final. Tu baisses de nouveau les yeux et les Mots réapparaissent devant Toi, ancrés dans tes rétines. *Ils savent.* Deux mots. Qui veulent dire tellement de choses. Ils savent, tu sais, la Terre sait, l’Univers sait. *Je sais.* Comme une condamnation. Et ça te dégoûte profondément. Et les Mots flottent, tournent, et d’autres suivent, qui les rejoignent dans ce concerto d’incompréhension. *Les Sorciers ne sont plus en sécurité.* En sécurité – Sécurité. À l’abri, ils savent. Ils savent, à l’abri ! Un abri, mais où ?
Et ce conseil, qui te revient. *Non.* C’est pas un conseil, c’est plus fort, plus terrifiant. *Un Ordre.* C’est cela. *Ne pas quitter Poudlard.* Rester là, loin de ses repères, loin des Parents. Enfermé entre les pierres froides, prisonnier de sa propre existence. Mais les Parents ? La Lettre les décrit comme s’il s’agissait d’Inconnus. *Imprévisible.* Tu comprenais qu’il faille se méfier des Moldus. Les Moldus sont dangereux. Les Moldus sont des Monstres, ils pourraient te tuer sans pitié. Les Moldus t’emprisonneraient et te feraient du mal. Les Moldus haïssent les Sorcier, et inversement. Non ?
Mais Papa ? Et Maman ? Ils sont Moldus, mais ils sont Parents. Tes parents. Vos parents. Ils sont pas comme les Autres, ne te vendraient pas comme du bétail ou te tueraient de leurs propres mains. Pas leur Enfant. *Parce qu’ils m’aiment, n’est-ce pas ?* Stupide. Ils sont gentils *Hein ?*

Tu suffoques. Recule et cogne une table derrière toi. Comprends pas. Comprends plus. Tout cela te dépasses, t’engloutit et tu prie pour refaire surface, comprendre toute cette vérité dans laquelle tu te noies.
Une main chaude alors se pose sur ton épaule suivie d’une deuxième. Tu lèves les yeux et croises de nouveau les deux billes d’un bleu tendre, qui te fixent avec douceur. Tu frissonnes néanmoins à ce contact, mais n’essaies pas de te défaire de cette emprise chaleureuse. Les grandes mains glissent alors dans ton dos et les bras t’entourent. Ils t’attirent tout contre son torse, l’oreille près du cœur, et le rapide battement te berce lentement. Tes mains passent alors dans son dos à Lui. Et cette douce étreinte dure de longues secondes, avant que sa voix ne vienne te ramener à la réalité. Quand il parle, tu sens ses cordes vocales vibrer et sa voix grave résonner en Toi.


- Tout va bien se passer. J’te promets.


Tu ne réagis pas au Mensonge. Mensonge. *C’est rien qu’un Mensonge.* Malgré cela, l’entendre prononcer ses mots te fait un bien fou. Tu laisses passer les dernières secondes de ce précieux temps, avant de décoller vos deux corps l’un de l’autre. Aussitôt, tu redeviens distante. Il te regarde encore, mais pour Toi, l’échange est fini. Alors le Grand se baisse et ramasse la Lettre, la plie soigneusement, avant de la ranger tout au fond de sa poche arrière. Il se dirige vers la porte et, comme une machine, sans réfléchir plus que cela, l’ouvre, prêt à faire un pas au-dehors. Mais une pulsion qui d’un coup sort de tes entrailles le retiens, figé sur place.


- Ambre ?


Il se retourne, te dévisage avec inquiétude. L’impatience se lit au fond de ses prunelles claires, t’incite à vite prendre la parole, avant qu’un Autre ne vienne importuner ce moment. Mais tu fais durer le Silence et avance à petit pas vers la porte. Tu aimerais lui dire une chose, une dernière chose. Si Grande en trois Mots. Mais eux ne sont rien. *J’te pardonne.* Ça fait mal, ça t’attriste, mais ça le rendra Joie. Tu le dépasses alors, sort dans le couloirs presque vide et te retourne vers Lui. Plus Jamais.


- Tu m’enverras des lettres, hein ?


Et il sourit.
Pour deux, il a souri.
Le plus beau, depuis longtemps.

Et Plus Jamais.

Fin.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.