Le cours de métamorphose avait été particulièrement ardu pour Ethan. On leur avait demandé de transformer un animal, remplacé par une peluche de souris en objet en un seul essai, à l'aide de Vera Verto. En un seul essai! Monsieur Lynch était d'un avis diamétralement opposé à son papa qui lui répétait sans cesse que c'est en forgeant que l'on devient forgeron. Sa tentative n'avait pas été un franc succès. Il s'était retrouvé avec verre d'une formé étrange et recouvert de poils de l'animal de base. Ethan n'était pas aussi doué que certains de ses camarades mais il parvenait toujours à maitriser les sortilèges à force de travail. Comment progresser avec un seul essai?

Au moment de sortir de la classe, Ethan voulait trouver Megan pour lui demander de l'aide pour le devoir car il savait son amie douée pour cette matière. Mais son amie était déjà bien entourée et semblait avoir du bon temps. Il n'avait pas eu le cœur de l'ennuyer avec du travail. Il s'engagea dans le couloir, résigné, lorsqu'il aperçut quelques mètres devant lui une autre de ses amies avec qui il n'avait pas passé du temps depuis un long moment. Elle avait l'air tout à fait disponible et elle aussi était plus douée que lui en magie. Il accéléra le pas pour la rejoindre. Quelle chance d'avoir eu le cours avec les Serdaigle! Il en faut peu pour être heureux.

- Hey Adulith, salut! Tu vas bien? demanda-t-il enthousiaste. Il décida de ne pas perdre du temps en palabres, superflues entre amis, et vint droit au but. J'ai eu super dur aujourd'hui au cours. Tu veux bien m'aider pour le devoir, dis? demanda-t-il débordant d'espoir.

Phrase soulignée pour la mission n°3 de la CdC

Il lui faudrait s'entraîner, mais elle s'en était plutôt bien sortie. Il fallait regarder de près et passer le doigt dessus pour sentir que son verre avait une consistance légèrement trop douce et moelleuse. Cela, elle pourrait l'améliorer, elle avait été déconcentrée et n'avait pas maîtrisé ses émotions. En même temps, en ce moment, elle avait du mal à ne pas penser à autre chose qu'aux cours. Entre la mort de la mère d'Adulith et la fracture entre le monde des sorciers et celui des moldus, elle avait tant de choses à gérer qu'elle avait parfois envie de retourner se coucher et d'attendre que les événements se calment tout seul.

Elle aperçut Ethan qui quittait le cours lui aussi, ils n'avaient pas beaucoup eu le temps de discuter dernièrement mais il avait l'air d'être occupé ou de chercher quelqu'un, donc elle continua son chemin en se disant qu'il faudrait qu'elle trouve un moment pour aller lui parler et voir comment il allait, surtout que lui aussi devait être touché par tout ce qui se passait en ce moment.
Mais tandis qu'elle avançait, elle entendit que quelqu'un derrière elle semblait vouloir la rattraper, elle s'aperçut que c'était Ethan et elle ralentit pour l'attendre. Finalement, ils auraient peut-être le temps de discuter dès à présent ! Elle était contente de le voir et accepta immédiatement de l'aider, au moins, cela lui changerait peut-être les idées et c'était l'occasion de passer du temps ensemble :
"Salut Ethan ! Bien sûr, je vais t'aider, même si j'avais un peu la tête ailleurs pendant le cours donc je ne sais pas si je serai très utile, mais on peut toujours essayer. Je me disais justement que ça faisait longtemps qu'on avait pas passé du temps ensemble, je suis contente de t'aider. Viens on va aller par là !" Lui attrapant le bras, elle l'entraîna vers une salle de cours vide juste à côté. Elle y venait parfois quand elle voulait s’entraîner seule et savait qu'il n'y avait pas de cours à cette période.

La petite Serdaigle semblait savoir où elle allait car elle attrapa le bras d'Ethan et l'emmena droit dans une salle de cours. De fait, l'endroit était vide. Ils pourraient ainsi s'exprimer librement, ce qui n'était pas superflu par les temps qui couraient.

Mais avant de prendre des nouvelles, il voulait réviser un peu. Le Poufsouffle déposa ses affaires sur un banc et sorti une peluche de souris, une réplique exacte de celles qui avaient été utilisées en cours juste avant.

- Hum oui, j'ai emprunté une peluche de la classe, dit-il un peu gêné. Je la remettrai à sa place la semaine prochaine, promit-il. Ethan n'était pas un voleur, mais il n'avait pas vu d'autre moyen que de s'exercer en dehors des heures de cours et il compte vraiment la remettre en place. Ce petit emprunt très temporaire ne ferait de mal à personne. Je vais te montrer le désastre.

Le garçon se concentra en essayant de mettre de côté ses préoccupations actuelles, visualisa le but à atteindre, prononça la formule, Vera verto, effectua les trois coups de baguette bien secs demandés mais se laissa submerger par ses émotions. Il avait peur pour sa famille depuis l'allocution du premier ministre moldu qui incite à la dénonciation de la sorcellerie. Ses yeux le trahirent, la crainte y étant clairement visible. La souris eut quelques soubresauts, devint translucide comme du verre mal dégrossi, perdit sa queue et ses pattes mais le corps et la tête restèrent intact.

- Misère, j'deviens vraiment trop nul, se désola-t-il. Pourtant en général j'me débrouille pas trop mal au cours de métamorphose. Tu as vu à quel moment je me loupe? demanda Ethan à Adulith? Son niveau de lancer de sort de magie descendait à vue d’œil ces derniers jours, et ce n'était pas sans l'inquiéter.

Ethan avait l'air bien décidé à s'entraîner car, à peine entré dans la salle, il sortit une peluche de souris. Il se justifia d'un air confus et expliqua qu'il comptait la rendre, mais Adulith comprenait très bien et pensait de toute manière qu'en ce qui concernait l'apprentissage de la Magie la fin justifiait les moyens.

Pendant que son ami lançait le sort, Adulith tenta de bien l'observer pour voir ce qui pouvait aller de travers. La gestuelle lui sembla bien, ainsi que la formule. Mais elle comprit très vite à son expression ce qui pourrait aller de travers. Et le résultat de la métamorphose confirma son idée. Comme elle, il n'avait pas réussi à peaufiner son sort et elle avait pu voir à son expression que son esprit voguait ailleurs durant le lancer du sort. Tout comme son esprit avait fait échouer son propre essaie lors du cours. Ce n'était pas de sa faute, dernièrement, se concentrer devenait difficile et peu d'élèves pouvaient encore vider leur esprit et éviter de penser aux évènements qui avaient lieu à l'extérieur de Poudlard.

Ethan prit un air désespéré et elle comprit que ce n'était pas la première fois qu'il avait du mal à gérer ses sortilèges. Elle tenta de le rassurer et de lui expliquer ce qui, selon elle, pouvait expliquer ses difficultés :
"Je crois comprendre ce qui pose problème... Tu n'arrives pas à te concentrer et à maîtriser ton sort. Ton esprit semble ailleurs. J'ai eu le même soucis en classe toute à l'heure... Tu aurais dû voir la fourrure de mon verre ! J'imagine qu'avec tout ce qui se passe en ce moment tu as du mal à te concentrer toi aussi ?"

Encore déconfit de son échec cuisant, Ethan écouta Adulith prononcer son verdict sur ses lacunes. Selon elle, il ne parvenait pas à se concentrer suffisamment pour réussir un sortilège. Elle lui confia qu'elle était en proie aux mêmes difficultés que lui. A tout bien réfléchir, elle devait certainement avoir vu juste. Les échauffourées entre moldus et sorciers, et plus encore l'allocution récente du premier ministre moldu pour son incitation à la dénonciation de la sorcellerie ne manquaient pas de le tracasser.

- Oui, tu as sûrement raison... Je suis inquiet, pour mon père et ma sœur surtout parce que maman est moldue. Depuis que le premier ministre moldu a lancé cette "chasse aux sorcières", Ethan imita les guillemets avec ses doigts, j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose de grave. Et dire qu'ils viennent à peine de déménager pour avoir la paix.

La lassitude émanait des paroles du Poufsouffle. Il ne comprenait plus le monde dans lequel il vivait. Pas qu'il ait déjà eu une vision claire de son fonctionnement - il était encore trop jeune - mais tous ses repères étaient chamboulés. Le monde tel qu'il l'avait connu jusqu'à aujourd'hui était occupé à se métamorphoser à cause d'un maléfice puissant lancé par le Conseil des Sorciers. C'était en tout cas son impression.

- Tu comprends pourquoi ils font ça, toi? J'veux dire, on dirait qu'ils cherchent à se faire la guerre. C'est nul! T'en penses quoi, toi?

Ethan savait qu'il pouvait tenir ce genre de propos avec Adulith. Elle était dans la même situation que lui: un parent moldu et un parent sorcier. Il était à peu près certain qu'elle nourrissait les mêmes craintes que lui. Et si elle se révélait être un soutien au Conseil des Sorciers, ce serait toujours intéressant d'en faire part au M.E.R.L.I.N.

En écoutant Ethan partager ses états d'âme sur la situation de sa famille et du monde en général, Adulith s'en voulut de ne pas s'en être préoccupée plus. Bien sûr elle avait suivi les événements, mais elle n'avait rien fait de spécial quand d'autres avait pris position. Même si elle était jeune, elle se disait qu'elle aurait peut-être pu faire plus, aider des gens, soutenir ses camarades...

Mais depuis qu'elle avait appris la mort de la mère d'Alvy et refusé de rentrer pour Noël, elle avait un peu perdu pied. Ce n'est que récemment qu'elle s'en était réellement inquiété. Ses parents devraient vivre séparés si sa mère rejoignait la ville pour les sorciers. Qu'allait devenir son père ? Est-ce que sa mère était en danger ? Est-ce que son père l'était aussi pour s'être marié à une sorcière ? Toutes ces questions lui apparaissaient à présent clairement.
Et Alvy, Sandre et son père ? Alvy venait juste d'enterrer sa mère et ils allaient devoir quitter leur maison. Peut-être que Madelyn les suivrait ? Son père serait donc tout seul. Dans la dernière lettre qu'elle avait reçue, elle avait appris qu'il était retourné dans leur ancienne maison à la campagne. Rester à Dublin tout seul était trop compliqué pour lui. Mais la lettre était restée flou sur ce que faisait sa mère. Elle ne le savait pas et essayait de ne pas y penser. Mais aujourd'hui ne pas y penser était impossible. Trop de choses étaient en jeu, et Poudlard n'était pas une bulle protectrice aussi hermétique qu'elle aurait pu le croire.

Et non, elle ne savait pas pourquoi ils faisaient ça. Elle n'avait jamais imaginé que la rencontre entre les sorciers et les moldus puisse tourner mal à ce point. Dans sa grande naïveté, peut-être due à son jeune âge, peut-être à son naturel optimiste, elle avait toujours pensé que les deux partis gagneraient à cohabiter, et elle était surprise et effrayée par la tournures que prenaient les événements. Elle se sentait impuissante et n'était même pas certaine d'avoir bien cerné toute la complexité de la situation. Elle essaya de faire le tri dans ses pensées avant de répondre :

"Moi aussi je m'inquiète pour mes parents, même si j'essaie de ne pas trop y penser... J'ai pas vraiment de nouvelles en fait... Et puis j'ai du mal à comprendre tout ce qui se passe ! Enfin, je comprends en gros tu vois, mais tout change très vite, ça fait peur !"
Elle s'arrêta un instant puis reprit en réfléchissant en même temps qu'elle parlait :
"Je pensais pas que si les moldus et les sorciers devaient se rencontrer ce serait aussi compliqué... Pourquoi ils ont des réactions aussi violentes ? Des deux côtés en plus... Tu as raison, on dirait le début d'une guerre... Tu sais ce que vont faire tes parents ? Tu crois qu'on devrait faire quelque chose nous ? "

Quelque part, en lui parlant ouvertement des événements présents, Ethan l'avait confrontée aux problèmes extérieurs alors qu'elle avait cherché à les éviter jusque là, et à présent des questions se bousculaient dans sa tête, mais il était peut-être temps d'affronter la réalité.

C'était une quasi constance, semblait-il, que les enfants présents au château recevaient peu de nouvelles de leurs parents. Le courrier qui avait été intercepté pendant des mois par le nouveau pouvoir en place avait créé un climat de défiance envers ce système de communication. Beaucoup d'élèves semblaient ignorer l'état de la situation de leurs parents, et Adulith ne semblait pas faire exception.

Son amie avait peur des changements rapides du monde extérieur à Poudlard, et à raison. Les piliers de leur jeunesse s'effondraient un à un. Elle lui posa plusieurs questions auxquelles il tenta de répondre. Elle se demandait pourquoi les deux communautés réagissaient de manière aussi violente.

- Papa me disait que les sorciers et les moldus n'étaient pas prêt pour vivre ensemble car leurs mentalités étaient trop différentes. C'est pour ça qu'il travaillait au ministère pour protéger le monde sorcier. Apparemment pour l'instant il avait raison, malheureusement...

Elle lui demanda ensuite s'il savait ce que feraient ses parents.

- C'est pas trop dur de ne pas avoir de nouvelles de tes parents? Je ne sais pas ce qu'ils vont faire. J'espère pas de bêtises. Mais ça ne risque pas avec papa qui reste enfermé dans la maison depuis des mois. Ils viennent juste de déménager en plus... Je ne vois pas ce qu'ils pourraient faire de plus. Papa a certainement dû protéger la nouvelle maison des regards indiscrets.

Elle lui posa enfin la question s'ils devaient faire quelque chose. Ethan essayait déjà de réagir en ayant adhéré au MERLIN. Il savait qu'il pouvait faire confiance en Adulith mais il ne voulait pas la mettre en danger en lui parlant de ce regroupement d'élève. Pas maintenant du moins, c'était encore trop tôt. Le groupe se cherchait encore, connaissant leurs limites.

- Je pense qu'on doit surtout être très prudents et ne pas dire n'importe quoi à n'importe qui. Les sorciers ont l'air très divisés, quand tu vois ce qui s'est passé au bal par exemple. On est fort jeunes pour pouvoir y changer quoi que ce soit, de toute façon... Tu ne penses pas? Tu as entendu parler de certaines choses peut-être?

Ethan se demandait sincèrement si elle avait entendu parler du MERLIN ou de toute autre organisation d'élève.

Même si les moldus et les sorciers avaient des mentalités différentes, pourquoi fallait-il que leur rencontre mène forcément à la destruction ? Cela restait un mystère... Ethan devait en savoir plus qu'elle sur le sujet, peut-être que son père lui en avait parlé. Elle voulut le lui demander mais craignit de le mettre dans une position inconfortable, en effet, il devait sûrement être discret sur ce qu'il apprenait, même de manière fortuite, grâce au travail de son père.

Quand il la questionna sur ses parents, elle hésita un instant, elle ne savait pas vraiment par où commencer. En effet, ses sentiments étaient mélangés, elle s'inquiétait pour eux, se demandait ce que faisait son père et quelles décisions avaient pris sa mère. Mais à cela se mêlait la culpabilité, celle n'avoir pas essayé de rentrer à Noël, ratant ainsi l'occasion de les voir. Celle de ne pas être allée à l'enterrement de la mère d'Alvy. Elle avait honte d'avoir abandonnée sa meilleure amie, et sa propre famille. Après elle s'étonnait de ne pas avoir de nouvelles... Elle songea qu'Ethan lui n'aurait pas laissé ses parents et sa sœur.

C'est donc avec un peu gênée qu'elle répondit : "C'est pas facile de pas avoir de nouvelles, mais c'est aussi de ma faute... J'aurais dû rentrer à Noël. Je les ai laissé... J'ai été égoïste. Mais toi, comment tu vis tout ça ? Et comment va ta sœur ? ça doit être dur pour elle aussi !"

Cette idée l'amenait par ailleurs à admettre qu'en plus d'avoir laissé sa famille, elle avait été tellement prise par ses pensées dernièrement qu'elle n'avait pas bien prêté attention au monde extérieur. Elle ne savait pas ce qui se passait dans le château, elle ne savait pas si des élèves avaient pris, eux, la décision de réagir.

Ethan semblait dire qu'ils étaient trop jeunes pour agir, peut-être. Mais dans son cas elle avait surtout été égoïste. Déjà après le bal elle n'avait pas été très utile, mais après la mort de la mère d'Alvy, elle avait été beaucoup plus renfermée.
A présent elle culpabilisait et avait honte de s'être laissée aller. Elle aurait dû agir, faire au moins attention aux autres, à ce qui se passait à l'extérieur, et s'inquiéter pour ses amis, comme Ethan, qui eux aussi avaient leurs problèmes et subissaient les conséquences des événements récents.

Elle hésita un peu puis tenta de s'expliquer, même si Ethan ne l'accusait de rien, surtout guidée par sa mauvaise conscience : "Dernièrement je n'ai pas fait grand chose, mais je ne pense pas qu'on soit trop jeunes pour agir... Souvent on se donne des excuses pour ne rien faire, je suis bien placée pour le savoir... J'ai entendu parler de rien de spécial, je n'ai pas pris la peine de faire attention à ce qui se passe au château dernièrement,même si j'aurais dû... Mais je suis sûre que si on le voulait on pourrait agir à notre niveau, il y a toujours un moyen de ne pas subir les événements quand on s'en donne la peine..." Contrairement à ce que j'ai fait jusqu'à présent, ajouta-t-elle en pensée.

Elle resta un instant silencieuse, sans savoir comment traduire en parole les sentiments qui se bousculaient en elle. Mais quelque chose dans le ton d'Ethan l'avait également interpellée, aussi elle demanda : "Je devrais être au courant de quelque chose ?"

Les vacances de Noël paraissaient déjà tellement loin. Ethan se rappelaient avoir vu de loin Adulith dans la Grande Salle pendant cette période car il avait aussi passé ses vacances au château. Il avait passé le plus clair de son temps soit dans la salle commune avec les quelques Poufsouffle restés sur place, soit dans le parc, la plupart du temps seul à rêvasser ou ruminer. Elle lui demandait comment il vivait tout cela.

- Je n'ai pas beaucoup de nouvelles non plus, à vrai dire... Je ne suis pas rentré non plus chez moi à Noël. Maman trouvait que c'était mieux que je reste ici à cause du déménagement. J'étais tellement déçu! Du coup je ne sais pas très bien comment ma sœur vit tout ça, mais si c'est comme en été, je ne suis pas sûr qu'elle comprenne grand chose. Tant mieux, d'une certaine façon... Pourquoi as tu voulu rester à Poudlard? Tu es fâchée avec tes parents?

Son amie semblait convaincue que les enfants pouvaient déjà agir à leur âge. Ethan sourit en entendant ses paroles car c'est aussi ce qu'il pensait au plus profond de lui-même, mais il leur fallait agir prudemment car la violence répercutée dans la Gazette des Sorciers était un avertissement sérieux. Il aurait voulu lui parler du MERLIN mais il restait sur sa pensée de départ: c'était trop tôt. Peut-être que plus tard, quand le groupe aurait mieux défini la marche à suivre, il pourrait s'ouvrir à elle à ce sujet. Si il était certain qu'elle partageait leurs convictions en tout cas. Mais cela en avait tout l'air pour le moment. Il fut bien embêté quand elle lui demanda si elle aurait dû être au courant de quelque chose. Il ne voulait pas lui mentir et préféra esquiver.

- Bah, au bal les élèves anti-moldus sont arrivés en groupe et avaient préparé leur coup. Peut-être qu'ils ne se sont pas tous faits chopper et qu'il existe encore toujours un groupe qui agit dans l'ombre... dit Ethan. En prononçant ses paroles, il eut un frisson dans le dos. Peut-être que des élèves les observaient à longueur de journée et préparaient un nouveau mauvais coup. Si c'était le cas, il fallait être encore plus prudent. C'est assez effrayant quand on y pense, non?

C'est vrai qu'Ethan n'était pas au courant des raisons qui avaient poussé Adulith à rester à Poudlard pour les vacances, il risquait de se méprendre. Elle n'avait pas parlé à beaucoup de monde ces derniers temps et s'était montrée assez renfermée. Elle ne pouvait pas mentir à Ethan et devait lui dire la vérité même si elle n'était pas très fière de ses choix depuis le mois de décembre.
Et ce que lui disait le garçon ajoutait à son angoisse et sa gêne n'avoir été si passive dernièrement. L'idée qu'un groupe d'élèves continue à agir dans l'ombre fit courir un frisson le long de sa nuque et elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil autour d'eux comme pour s'assurer que personne de les espionnait. Si elle avait pris le temps de réfléchir au lieu de s'enfermer dans sa morosité, peut-être serait-elle parvenue elle même à cette conclusion. Mais non, elle avait préféré détourner les yeux et ne penser qu'à elle. Elle sentait poindre en elle une colère envers elle et ceux qui se permettaient de détruire leur univers. Oui c'était effrayant. Et elle s'en voulait à présent de n'avoir pas été effrayée plus tôt. De n'avoir ressenti que de l'inquiétude, de la tristesse, mais sans que ces sentiments ne la sortent de son inertie. Mais pourquoi aurait-elle dû gérer tout ça ? Pourquoi personne n'est venue l'aider et lui expliquer ce qu'il fallait faire ? A nouveau elle eut honte de cette pensée, il y avait pire, bien pire que sa propre situation.

Elle rougit un peu, prise dans ces sentiments contradictoires, puis inspira lentement avant de répondre en essayant de ne pas croiser son regard :
"Avant Noël la mère d'Alvy est morte. Un accident... Je suis pas allée à l'enterrement. Je suis pas rentrée. Je n'ai pas réussi." Elle baissa la tête : "C'était égoïste de ma part, j'aurais dû rentrer, aider Alvy, son père, son frère, aider mes parents... Et puis faire attention aux autres au lieu de m'apitoyer. Mais j'ai pas réussi, la mort de Sara en plus de tout ce qui se passe en ce moment... c'était trop. Mais c'est pas une excuse je sais." Elle se sentait un peu bête à présent à tout déballer comme ça, à encore parler d'elle et cela l'énerva, elle tenta de se ressaisir, de ne pas se laisser aller. Elle inspira à nouveau, pour maîtriser ses émotions "C'est effrayant oui, mais il faudrait pas se laisser faire... Il y a déjà trop de choses qu'on maîtrise pas."