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23 avr. 2020, 07:32
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Montesquieu

Samedi 15 Octobre 2044
Une salle de cours vide, fin d'après-midi


Avec @Eldan Travis

Elle entra dans la salle vide. De longues fenêtres baignaient la pièce ronde d'une faible lumière en cette journée d'Octobre 2044 où il faisait déjà bien sombre à l'extérieur. Au loin, on apercevait les collines d'Ecosse cachées sous un voile gris. Des causeuses en cuir clair avaient été installées tout au long des murs circulaires laissant, au centre, un unique pupitre. La jeune fille laissa derrière elle la porte légèrement entrouverte et s'assit en boule dans une des causeuses, encerclant fermement de ses bras fins ses genoux, comme pour se fondre dans son propre corps.

Là, loin de tous, elle laissa éclater sa douleur. La tristesse, jusqu'alors retenue prisonnière, sortit de ses gonds et dévoila l'étendue de sa furie. De lourds sanglots se formèrent qu'elle ne put retenir. En un instant, de lourdes larmes inondèrent son joli visage. Les pensées se bousculaient dans sa tête, sans ordre cohérent, chacune alourdissant sa peine.

Où sont Papa et Maman? Pourquoi m'ont-ils laissé ici? Pourquoi, alors que je ne connais personne? Je veux les voir, je veux leur parler! Pourquoi ne sont-ils pas là alors que j'ai besoin d'eux? Que vais-je faire maintenant ?Je suis seule... si seule... les gens ici sont tellement différents! Ils ne m'aiment pas! Ils ne me comprennent pas! Certains se moquent de moi, m'insultent, me traitent de sang-de-bourbe, de moins que rien. Ils disent que je ne devrais pas être ici. Ils rigolent à chaque fois que je ne comprends pas, que je fais une bêtise. Ils sont si méchants. Je ne comprends pas ce que j'ai bien pu leur faire. Ils parlent anglais, pourtant je ne les comprends pas. Ils utilisent des mots bizarres que je suis censée connaître... et moi quand je leur réponds ils s'en fichent, me traitent de moldue. Je veux rentrer chez moi... je veux rentrer chez moi... loin d'ici, loin de ces gens qui ne veulent pas de moi.

Plus les pensées défilaient, plus l'état de Sophie empirait. Elle peinait à respirer, ses sanglots se changeaient en spasmes incontrôlés, un étau comprimais désormais sa poitrine. Elle avait mal. Mais cette douleur physique n'était rien à côté de la douleur qui lui lacérait le cœur, qui lui tordait les entrailles, qui lui incendiait les veines. Jamais auparavant elle n'avait connu ce sentiment. Le rejet. Et maintenant, elle pleurait amèrement le souvenir d'un temps où tout était plus simple, plus doux. Le temps innocent où personne ne cherchait à lui faire du mal, le temps protégé par des parents aimants qui veillaient constamment sur son bonheur, le temps où elle était heureuse. Désormais, elle le savait, rien ne serait plus comme avant. Elle était face à l'inconnu, sans ceux sur qui elle avait toujours pu compter, et devrait se débrouiller par elle-même pour survivre dans ce monde. Monde qui ne voulait pas d'elle.

Elle ne contrôlait plus rien. Elle était émotions. Et celles-ci menaient batailles dans son corps frêle, laissant derrière elle un cœur meurtri. Abattue, perdue, seule. Seule surtout, dans un monde violent dont elle ne maîtrisait pas les codes, loin de tout ceux qui lui était chers, elle pleurait.

Enfant du démon et mangeuse d'âmes!
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29 avr. 2020, 15:52
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
MI-OCTOBRE 2044. FIN D'APRES-MIDI. ALENTOURS DE 17H30.
SALLE DE COURS VIDE, POUDLARD.


Le samedi après-midi, Eldan ne savait jamais véritablement à quelle activité s'adonner. Il avait beau y réfléchir chaque semaine, la panne d'inspiration s'imposait à lui encore et toujours. En général, son travail avait déjà été effectué au cours de la semaine et, si ce n'était pas le cas, il complétait toujours ses devoirs le plus tôt possible, soit dans la soirée du vendredi ou dans la matinée du samedi. De plus, il apercevait souvent ses amis de Serdaigle sortir dans le parc, que cela soit pour lire ou discuter, mais le petit garçon n'aimait pas cet endroit. L'herbe lui piquait de partout, l'air lui donnait froid et il ne s'y sentait jamais autant en sécurité qu'entre quatre murs, sans compter le soleil qui l'éblouissait ou le réchauffait un peu trop à son goût. Il fallait aussi préciser que la lecture n'était pas non plus l'activité favorite du blondinet. Alors, parfois il jouait dans le dortoir, d'autres fois il en profitait pour délivrer une lettre à ses parents à la Volière, et finalement d'autres fois, il se baladait dans les couloirs.

C'était un jour comme celui-ci qu'il avait atterri devant l'une des nombreuses salles de cours du château. En effet, après son repas du midi, il n'avait -comme toujours- pas su quoi faire et était donc retourné dans la Salle Commune des Serdaigle, suivant ses amis. Cependant, ces derniers s'étaient bien vite orientés vers des endroits qui ne l'intéressaient pas et le petit garçon avait donc refusé poliment leurs invitations. Il était donc resté seul, se reposant un peu dans le dortoir quelques minutes, avant de se décider à parcourir le château. Eldan s'était d'ailleurs fait la réflexion que cela lui permettrait peut-être de rencontrer de nouvelles personnes, surement plus casanières que ses amis du moment. Les plus fêtards ne le dérangeaient pas mais il n'était pas spécialement compatible avec ce genre de caractère.

Ainsi, ce jour-là, Eldan parcourait donc allègrement les couloirs de Poudlard, quand il entendit un bruit émanant d'une salle qui aurait du être vide au vu de l'heure et du jour. Il s'agissait d'une salle de cours. Surpris et troublé, il s'en approcha donc et entendit les pleurs de ce qui semblait être une jeune fille. Constatant alors que la porte était ouverte, le jeune garçon pénétra donc dans la salle.

En y entrant , le blondinet découvrit un corps, ou plutôt une boule de corps, entassé sur une chauffeuse, spasmant. Du haut de ses onze ans, le petit garçon ne comprit pas tout de suite ce qu'était un spasme -il n'en avait jamais vu précédemment- mais il réalisa bien vite que l'élève en face de lui avait besoin d'aide, bien qu'il soit relativement impressioné. Il se dépêcha donc de s'approcher d'elle, tentant de faire le moins de bruit possible pour ne pas la perturber, et, une fois à ses côtés, se racla la gorge pour signifier sa présence. Il ajouta :


- Tu as besoin de quelque chose ?

Il espérait ne pas la déranger, mais surtout pouvoir l'aider.

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03 mai 2020, 08:24
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Elle leva la tête et le regarda, cachée derrière le voile de ses larmes, celui qui venait d’entrer, celui qui avait percé sa solitude, celui qui lui avait parlé. Elle aurait bien voulu lui parler en retour, lui dire, tout révéler, exprimer ce qu’elle avait sur le cœur. Mais la crise était encore trop puissante, elle hoquetait, peinait à trouver son souffle.

- Je ….. ssss …. Je …. Essaya-t-elle d’articuler sans succès.

Depuis petite, elle avait toujours été ainsi. Elle encaissait, coups après coups, blessures après blessures et les enfermaient au plus profond de son être. Elle ne laissait jamais transparaître sa douleur. Elle ne laissait pas à ceux qui lui avaient fait du mal la satisfaction de la voir blessée. Elle ne les laissait pas avoir cette emprise. Elle préférait réagir devant eux par la colère ou par le rire. Les autres la croyait forte, ce n’était pas le cas. Chaque parole avait bien atteint sa victime, avait fait une déchirure dans son cœur. Lorsqu’une énième attaque arrivait, celle de trop, elle ravivait les plaies anciennes et alors tout redevenait vif dans son esprit. Chaque mot prononcé, chaque regard jeté, chaque signe de rejet se mélangeait pèle-mêle dans ses pensées. Le monstre de se douleur se tenait face à elle et de manière sadique lui faisait revivre chaque instant, rajoutait une couche de dédain, amplifiait les détails.

Alors l’enfant rendait les armes et succombait aux larmes. Et la crise était violente. Toujours. Ce n’était jamais deux petites larmes élégantes qui perlaient au coin des yeux avant de rouler délicatement le long de ses joues. C’étaient des torrents violents, invincibles, qui déferlaient de ses yeux et de son nez. C’étaient des spasmes violents qui la prenaient, et combinés à sa gorges nouée, l’empêchaient de respirer et lui provoquaient comme des crises d’asthmes.

La crise était violente, mais toujours salvatrice. Comme une tempête qui se déchaîne pour laisser une terre lavée de toute impureté. Chaque larme emportait une part de ses malheurs. Chacune d’elle était salutaire. La crise la laisserait exténuée, vidée, revigorée.

Mais le repos viendrait après, là, face au garçon, elle dévoilait encore l’étendue de sa peine. Là elle n’était encore que douleur et se laissait malmener par le monstre de ses sombres pensées. Telle une histoire sans parole, elle laissa s’exprimer son regard. Elle essaya de lui partager tout ce qu’elle n’arrivait pas à exprimer avec des mots, sa souffrance, sa peine, sa détresse, son besoin de réconfort. Elle ne voulait plus rester seule. Elle avait juste besoin de quelqu’un qui se tiendrait là, à côté d’elle, et qui lui dirait « je comprends ».

Mais arriverait-il à comprendre ? Elle n’en savait rien. Elle espérait.

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12 mai 2020, 17:42
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Eldan détailla alors la salle du regard. Il se trouvait actuellement dans une vaste pièce encerclée de grandes vitres, ou plutôt baies vitrées, donnant sur l'étendue du Parc. Il regarda très rapidement à travers le verre, et vit au loin quelques têtes qu'il crut reconnaître, mais n'y fit pas plus attention que cela. La salle était ensuite meublée de nombreuses chauffeuses et, au fond, on pouvait voir un tas de tables et de chaises qui devaient sûrement être éparpillées dans l'ensemble en cas de cours dispensé. Le cuir rose et vieilli des fauteuils détonnaient un peu avec le marron dur du bois qui composait le reste du mobilier, mais le petit garçon se fit la réflexion qu'un décorateur n'avait de toute manière pas du être engagé pour s'occuper de cette pièce.

A cette pensée, il redirigea donc son attention vers la fille à côté de laquelle il se tenait. Elle venait de relever sa tête vers le blondinet, qui fut frappé de voir toutes les larmes qui dégoulinaient contre ses joues. Le mot "torrent" lui vint immédiatement à l'esprit, et il trouva que cela était véritablement conforme à ce qu'il regardait. Il observa alors distraitement son corps -d'un regard de jeune enfant, comprenez bien- et vit qu'il convulsait presque, peinant à respirer. Les lèvres qui lui étaient attribuées tentèrent alors d'articuler quelque chose, mais c'était bien trop inaudible et incompréhensible pour qu'Eldan en saisisse le sens. Celui-ci était surtout impressionné d'assister à une crise comme celle-là.

Même en fouillant dans ses souvenirs, il ne retrouva rien de tel. Bien sur, le jeune garçon avait déjà pu observer des gens pleurant, et lui-même était aussi parfois passé par là -bien que rarement-, mais jamais cela n'avait pris une telle ampleur. Il réfléchit donc à la manière qu'il conviendrait le mieux d'agir, quelque peu désemparé face à la situation. Il ne voulait ni en faire trop, ni pas assez, mais surtout il souhaitait à tout prix éviter de déranger voire de blesser la jeune fille qui lui faisait face.

Reproduisant un geste qu'il avait déjà vu comme exécuté par sa mère, le petit blondinet posa sa main sur l'épaule de la brunette. Il appuya un peu dessus, bien que très légèrement : assez pour la pousser à se calmer, à reprendre son souffle, ses esprits, mais pas trop non plus afin d'éviter que sa main constitue un vrai poids. Voulant vérifier que la jeune fille n'en était pas gênée, il lui demanda :


- Ça ne te gène pas si je mets ma main là ?

Il réalisa alors que la jeune fille perdait vraiment son souffle, et qu'elle ne se calmait pas. Cela le rendit un peu inquiet et il lui conseilla alors :


- Respire calmement. Tout doux.

Il était même sur le point de rajouter "ça va aller" lorsqu'il pensa qu'il n'en savait rien : après tout, peut être que ça n'irait jamais, cela dépendait de ce qui la mettait dans cet état. Toujours était-il que pour aller mieux, Eldan savait très bien que parler et délivrer ses souffrances à quelqu'un d'autre aidait, et il demanda alors à la jeune fille :


- Tu veux parler de quelque chose en particulier ?

Après tout, rien n'était dit qu'elle ne préférait pas se taire, mais il valait mieux essayer de l'aider par tous les moyens possibles, quitte à s'essuyer un refus agressif.

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24 mai 2020, 18:53
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Soudainement, il posa sa main sur son épaule. Est-ce que cela dérangeait? Non... pas vraiment. Ses pensées se détournèrent de ses idées noires un instant pour s'accrocher au souvenir de sa maman. Sa maman, si gentille et si patiente. Sa maman, son odeur aux notes florales, ses cheveux qui lui chatouillaient le cou quand elle se penchait pour l'embrasser, la bienveillance dans son regard. Sa maman qui la prenait doucement dans ses bras en lui caressant les cheveux pour la réconforter. Sa maman et son amour inconditionnel qui apaisait ses chagrins. Elle aurait tant aimé se réfugier contre son cœur et l'écouter lui raconter des histoires drôles pour la faire rire et oublier ses petits tracas. Elle aurait su trouver les mots pour la réconforter, elle qui la connaissait mieux que personne. Les mots magiques qui lui auraient redonner le sourire. Qu'est-ce qu'elle lui manquait! Terriblement. Elle aurait tant aimé qu'elle soit là auprès d'elle, pour lui confier toutes ses joies et ses peines. C'était la première fois, que l'enfant était ainsi arrachée au bras protecteurs et se retrouvait à lutter seule face à ses soucis quotidiens. Et elle était perdue, déboussolée. Il lui manquait le repère protecteur qui avait été présent depuis sa naissance et bien avant.

La main sur son épaule n'était pas la même, beaucoup plus petite, plus timide aussi. Et elle lui rappelait cruellement le vide dans son cœur. Elle aurait tant voulu que cette main soit celle d'une autre. Et pourtant, la délicatesse du geste réussit à fracturer légèrement la noirceur de son tourment. Elle s'était posée, telle un oiseau, et lui avait offert un soupçon de tendresse dont elle manquait cruellement. Ce n'était rien, une main posée sur son épaule, et pourtant c'était tout à la fois.

Alors il commença à lui parler gentiment, elle ne l'entendait qu'à moitié. Pourtant elle comprit, il lui fallait respirer, se concentrer sur ce geste si simple, et pourtant si compliqué. Une inspiration. Une expiration. Ce geste si banal, si puissant. Elle le recommença, encore et encore. Et les sanglots s'apaisèrent. Et le rythme de son cœur se calma. Mais les larmes glissaient encore le long de ses joues. Son petit corps ébranlé, lui parut soudain bien lourd et elle s'enfonça davantage dans le canapé, rompant par la même le contact qui avait été instauré par les deux enfants.

Elle le regarda, les yeux encore luisant, et lui dit simplement "merci". Elle lui était reconnaissante de son cœur compatissant qui avait su trouver son âme en peine. Elle mit dans son regard toute sa sincérité et sa gratitude. Mais aussi toute sa peur. Elle s'était calmée à présent, mais la tristesse était encore présente, diffuse. Il lui posa une question. Est-ce qu'elle voulait parler? Ce n'était pas la bonne question. Est-ce qu'elle pouvait parler? Elle ne le connaissait pas. Juste un inconnu. Comment réagirait-il? Pouvait-elle lui faire confiance ou était-il comme les autres, haineux et détestables? Elle avait peur. Peur de se retrouver de nouveau malmenée et insultée pour une raison si futile que le sang qui coulait dans ses veines. Elle n'aurait pas la force de riposter. De se battre à nouveau. Auparavant, elle n'aurait pas hésité un instant, mais les événements du mois passé avaient ébranlés ses certitudes.

Pourtant, elle voulait tout lui dire, elle était fatiguée de lutter jour et nuit face à ce sentiment qui grandissait en elle et qui la rongeait de l'intérieur. Rester seule dans son malheur ou avouer ce terrible secret qui lui brûlait la gorge. Un garçon qui venait consoler quelqu'un qui pleure ne devrait pas être méchant, si? Elle l'espérait, follement. Elle ressentait désormais le besoin pressant de se délester du poids qui la tirait vers le bas, qui lui volait son sourire. Alors d'une voix timide qui ne lui ressemblait pas, elle laissa s'échapper de ses lèvres:

_ Je ... je ne veux pas être une sorcière.

Désolée pour ce retard :ermm:

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29 mai 2020, 14:31
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Aucun souci ;)

La respiration de la jeune fille se calma un peu, cessant les saccades, reprenant un rythme plus serein, plus viable. Eldan sentait sous sa main son corps se ressourcer, tenter de reprendre ses esprits après la violence qu'il venait de subir. Le petit garçon comprit bien vite l'intense concentration que cela demandait à sa propriétaire qui était sans aucun doute en proie à un démon qui ne lui laissait aucun répit. Cependant, il fallait qu'elle respire, peu importait le taux d'énergie que cela pouvait lui puiser : c'était nécessaire à sa survie ; et le Serdaigle sentait bien qu'elle y mettait beaucoup de volonté. Petit à petit, l'élève concernée reprit alors ses esprits, de manière de plus en plus calme. Les larmes arrivèrent à la fin de leur course, le sang qui pulsait dans ses veines se fit plus lent, moins virulent, ses secousses cessèrent. La crise s'arrêtait.

Cependant, tout ce dont le garçon pouvait avoir conscience grâce au contact de sa main sur l'autre corps fut éloigné : la jeune fille s'en décolla, préférant s'enfoncer loin dans les coussins de la chauffeuse. Ce n'était pas si grave, si c'était ce dont elle avait besoin, car la priorité du petit garçon était bien, là, de faire en sorte que la jeune fille aille bien, ou tout du moins mieux. Cela ne semblait pas chose aisée mais il considérait déjà cela comme possible, faisable. D'abord, si le moelleux canapé pouvait participer à son réconfort, il valait mieux qu'elle s'y rue plutôt que de rester en fusion avec la main d'Eldan qui, il en était sur, ne lui apportait surement pas tant que ça, voire pas grand chose du tout.

Soudain, ce dernier posa les yeux sur le meuble et se rendit compte que le déplacement de la jeune fille lui avait laissé une place pour s'asseoir à côté d'elle, et un grand dilemme s'imposa alors à lui : s'asseoir, ou ne pas s'asseoir. Telle était la question. S'asseoir signifiant s'imposer, pénétrer dans sa zone de confort -ce dont elle était surement loin d'avoir envie- mais aussi se rapprocher, développer une atmosphère plus intimiste. A l'inverse, ne pas s'asseoir présentait donc les avantages comme les inconvénients opposés à s'asseoir. Il fallait donc peser le pour et le contre : déterminer ce qui en valait la peine, et ce qui n'en valait pas.

Pourtant, cette réflexion fut rapidement interrompue : les yeux d'Eldan furent attirés par un autre regard. Deux globes larmoyants le fixaient en effet désormais, et ils furent même rapidement accompagnés d'un difficile remerciement. Alors, le petit garçon fit son choix, élucidant son dilemme : il ne s’assoirait pas. A lui, cela n'apporterait quasiment rien tandis que cela pouvait enlever tellement à la fille qui lui faisait face. Le Première Année ne considérait vraiment pas cela comme rentable. Quant au petit mot de remerciement, il avouait ne pas réellement savoir ce qu'il avait fait pour le mériter, mais cela ne l'empêcha toutefois pas de l'accueillir avec beaucoup de gentillesse, de reconnaissance presque même.

Le regard toujours ancré sur lui, la jeune fille prononça alors :


- Je ... je ne veux pas être une sorcière.

C'était donc ça le problème. La jeune fille ne voulait pas, ou plus, être une sorcière. Décidément, les élèves de Poudlard avaient des soucis bien singuliers. Depuis le début de l'année, Eldan avait vu tous types de problèmes chez les gens qu'il avait pu rencontrer. Celui-ci, c'était une première, et il entrait probablement dans la catégorie de ceux qu'il comprenait le moins. Ne plus vouloir appartenir au monde sorcier, mais pourquoi donc ? Ou peut-être qu'elle voulait être un sorcier ? Il n'y comprenait vraiment rien. Lui avait toujours baigné dans cet univers magique, et il lui était véritablement étrange de vouloir s'en séparer. Selon lui, cela ne permettait que de se simplifier la vie, de s'ôter des problèmes que les moldus traînaient chaque jour. Souhaitant donc faire taire toutes ses interrogations, le petit blondinet demanda donc :


- Pourquoi ?

Cette phrase, et même ce mot, était particulièrement simple mais surtout sans jugement. En effet, il ne voulait surtout pas que cette incompréhension soit mal comprise ou perçue par la jeune fille qu'il voyait en pleurs devant lui depuis tout à l'heure, et il avait vraiment peur qu'elle se renferme au moindre faux pas. Il sentait que cela pouvait arriver à n'importe quel moment. Alors, il marchait sur des œufs et faisait attention à chaque détail. C'était ça aussi, prendre soin des gens. Son opinion, il en parlerait plus tard.

Toutefois, n'y tenant plus, il s'empressa tout de même de demander, à la suite de sa précédente question :


- Au fait, je peux m'asseoir à côté de toi ? Enfin, ça ne te dérange pas ? C'est pas grave si c'est le cas.

S'il fallait qu'il reste debout, il le ferait, quitte à avoir mal aux jambes, si c'était pour ne pas déranger la jeune fille. Cependant, il espérait tout de même qu'elle l'autorise à partager la chauffeuse avec elle.

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05 juin 2020, 14:01
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Elle se sentit gênée face à son manque de manières, maintenant qu'elle observait le garçon, elle pouvait voir qu'il avait envie de s'asseoir lui aussi. Il avait été obligé de le lui demander. Avant, ce serait sans doute une des premières choses qu'elle aurait faites, lui proposer de s'asseoir à ses côtés, puis ils auraient ri aux conversations que seuls les enfants sont capables d'avoir. Mais là, l'idée ne lui était même pas venue que quelqu'un veuille s'asseoir à côté d'elle.

Elle tapota légèrement la place laissée libre à ses côtés, tout en hochant la tête en signe d'acquiescement, l'invitant pas la même à venir la rejoindre. La chauffeuse n'était pas bien grande, mais les enfants non plus. Elle appréciait la présence bienveillante du garçon à ses côtés, loin de l'animosité habituelle qu'elle recevait. Cette douceur qui se dégageait de lui et qu'elle désirait tant retrouver depuis son arrivée dans cette école. Elle souhaitait sincèrement que cela restât ainsi, qu'elle ne le fasse pas fuir ou pire, qu'il commence à lui parler avec ce ton cruel, plein d'animosité, qu'elle connaissait si bien malheureusement. Elle savait que parler était risqué, que cela pouvait mettre en péril la relation qui était en train de se tisser entre les deux enfants. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à ne pas lui répondre, elle lui devait bien ça. Elle se le devait à elle aussi, d'exprimer tout ce qu'elle avait sur le cœur, de libérer les mots qu'elle gardait enfermés au plus profond de son être. Alors elle commença à lui révéler son tourment d'une petite voix, à peine un murmure, comme si elle avait peur que les paroles ne se retournent contre elle et ne la blessent. Il entendrait néanmoins, ils étaient assez proches pour cela.

_ Je ne veux pas devenir comme eux... des personnes pleines de haine et de mépris pour autrui. Je ne veux pas maîtriser des gens à cause du sang qui coule dans leurs veines, leur ascendance ou s'ils sont capables ou non de maîtriser la magie. Mes parents ne sont pas sorciers et pourtant ils les valent mille fois, eux ou leurs familles. Une boule lui monta à la gorge, l'émotion revenait, puissante. Je... je ne comprends pas pourquoi ils me détestent comme ça. Je ne leur ai rien fait pourtant. Avant, tout le monde m'aimait. Ici, ils ne m'aiment pas. Je ne veux pas vivre avec des gens qui ne m'aiment pas. Je veux rentrer chez moi.

Elle aurait voulu paraître forte et détachée, comme si le regard des autres ne faisait que l'effleurer sans lui faire de mal. Mais ce n'était pas le cas. A onze ans seulement, il lui était bien difficile de faire abstraction de ce que les autres pensaient d'elle. La manière dont elle était perçue gardait de son importance. Elle aurait tant aimé plaire à tous, ou du moins être acceptée. Mais le rejet avait été brutal, virulent, haineux.

Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle devait faire face à pareille discrimination grotesque. Trop noire pour certains, trop blanche pour d'autres. Victime de l'hostilité de personnes aux idées bornées. Mais alors, ses parents, sa famille ou ses amis avaient toujours été là. Ils l'avaient soutenue, réconfortée et lui avaient redonné confiance en elle. Ici, elle était seule. Elle avait perdu son soutien protecteur, la barrière qui empêchait la haine d'atteindre son innocence.

Elle ne comprenait pas l'irrationalité de ce rejet. Quelles fautes avait-elle commises pour mériter pareil traitement? Aucune, si ce n'est le fait d'être née différente de ses bourreaux. On l'avait insultée, malmenée, méprisée. Le "sang-de-bourbe" résonnait encore à ses oreilles comme une gifle qu'on lui aurait assénée. Elle ne parvenait pas à se libérer du joug des préjugés de ceux qui ont la haine semée dans leur chair et dans leur sang. Alors les jugements préconçus la condamnait coupable, et à son cœur en rage il ne restait qu'indignation face à telle injustice.

Non, elle ne voulait pas appartenir à ce monde déplorable qui, sous prétexte de se croire au-dessus de tous, n'engendrait que désespoir.

Elle n'osait pas regarder dans la direction du garçon, de peur de voir le dégoût apparaître sur son visage. Elle ne voulait garder en mémoire que l'image du garçon tendre, bienveillant et attentif qui était venu au secours de ses larmes. Alors, elle regardait au loin par la fenêtre, le gris paysage écossais.

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21 juil. 2020, 14:21
 RPG+  La tristesse vient de la solitude du cœur
Navré de ce retard inqualifiable.

Commençant à avoir sérieusement mal aux jambes, Eldan se dandinait pour essayait de réduire cette douleur du mieux possible. Il se plaçait donc sur une jambe, puis sur l'autre, puis sur l'une, puis sur l'autre, et ainsi de suite pour que l'une soit ménagée tandis que l'autre se reposait. Le petit garçon fut donc plus que ravi de voir que la jeune fille aux cheveux bruns tapotait le siège à côté d'elle, l'invitant à s'asseoir. Certes, le Serdaigle avait toujours vu ce geste exécuté à l'attention de chiens, mais pour lui, cela était donc particulièrement gentil : on le percevait comme fidèle, serviable, affectueux, patient. Nombre de qualités qu'il aimait renvoyer. Relevant le délicat mouvement de tête de l'élève en face de lui, le Première Année n'osa pas la faire attendre davantage et prit donc place à sa droite sur la chauffeuse qu'il partageait donc désormais. Elle était un peu étroite, il fallait le dire, mais les enfants étant assez petits, ils avaient tout de même chacun leur place.

Leurs corps étaient toutefois collés, et Eldan put donc à nouveau sentir le rythme de la respiration de sa voisine, des battements de son cœur, des saccades qui saisissaient encore à intervalles réguliers son petit corps. Instinctivement, le petit garçon posa donc à nouveau sa main sur son épaule -il avait bien pensé à la cuisse mais en aurait été un peu dérangé- et écouta ensuite la jeune fille qui commençait à parler :


- Je ne veux pas devenir comme eux... des personnes pleines de haine et de mépris pour autrui. Je ne veux pas maîtriser des gens à cause du sang qui coule dans leurs veines, leur ascendance ou s'ils sont capables ou non de maîtriser la magie. Mes parents ne sont pas sorciers et pourtant ils les valent mille fois, eux ou leurs familles.

Il fallait tout de même le préciser, Eldan ne comprenait pas grand chose à tout ce qu'était en train de lui raconter la fille assise à côté de lui, il n'avait aucune idée de tout ce qu'il pouvait se passer en dehors de la bulle qu'il connaissait et qui était d'ailleurs assez restreinte. De plus, la jeune fille employait des mots qu'il considérait comme un peu trop savants pour lui tels que "ascendance" ou "mépris". Il ne saisissait même pas qui était le "eux" concerné par ce discours. Enfin, lorsqu'elle parla de "valeur des gens", cela sembla évident au Serdaigle : il ne doutait pas que ses parents pouvaient être plus valeureux que ce fameux "eux", même moldus. Dans sa tête, il ne faisait aucune distinction, ce qui rendait la compréhension de ce discours compliqué. Toutefois, il continuait d'écouter l'élève attentivement, essayant de calmer son corps qui se remettait en ébullition.

- Je... je ne comprends pas pourquoi ils me détestent comme ça. Je ne leur ai rien fait pourtant. Avant, tout le monde m'aimait. Ici, ils ne m'aiment pas. Je ne veux pas vivre avec des gens qui ne m'aiment pas. Je veux rentrer chez moi.

La poursuite de ce que disait sa voisine fut davantage à la portée d'Eldan : en somme, elle était triste que l'on ne l'appréciait pas vraiment depuis son arrivée à Poudlard -le Première Année n'excluait pas la possibilité qu'elle soit plus grande que lui. Même si, contrairement à précédemment, le blondinet comprenait cette fois le sens des mots entendus, cela ne l'empêchait pas de demeurer dans une certaine incompréhension : lui appréciait bien la fille qui lui parlait, même s'il ne la connaissait pas encore vraiment. Il ne voyait donc pas vraiment les raisons qui pouvaient pousser les autres à ne pas agir et ressentir de même.

La jeune fille paraissant avoir terminé son explication, le Serdaigle tenta alors de la regarder dans les yeux, mais cela devenait véritablement difficile : elle le fuyait des yeux, préférant observer le paysage qui transparaissait de la fenêtre. Alors, puisqu'Eldan ne pouvait pas rentrer en contact visuel avec elle, il préféra essayer de lui dire, d'un ton sincère mais aussi rassurant :


- J'ai pas tout compris le début, y avait beaucoup de mots compliqués, mais tu sais, moi je t'aime bien. Et je suis sur que tes parents aussi.

Se disant que la jeune fille voudrait probablement se changer les idées, le petit garçon se leva, sur ses deux pieds, puis l'invita :

- Tu ne veux pas aller te balader un peu dans le château ?

Il espérait grandement que la réponse soit positive, cela changerait les idées à la fillette.

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