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27 déc. 2017, 18:46
S'imposer peut être une clef  PV 
La voix de la jeune Poufsouffle résonna dans les couloirs oùelles se trouvaient. Un simple mot. Un simple mot, mais suffisamment chargé pour que la rouquine comprenne qu’elle avait enfin réussi à chatouiller la corde sensible de la plus jeune. Enfin, avait-elle envie de dire. Enfin elle se réveillait de son état presque léthargique qui faisait encore douter Ambre quelques minutes auparavant sur le fait que l’autre Poufsouffle pouvait ou non ressentir quelque sentiment que ce soit. Le ton qu’elle avait employé dans la prononciation de ce simple mot évoquait la colère. Colère qui se rapprochait d’elle, à en croire les bruits de pas sourds qui s’approchaient de plus en plus de la quatrième année.

Ils s’arrêtèrent. D’un coup. Le dernier bruit de pas sur le marbre résonnait encore faiblement dans le couloir. Puis le silence. Ambre se tenait toujours face aux escaliers mouvants, attendant la réaction de la plus jeune. Mais quelle réaction ? Même elle ne savait pas à quoi s’attendre. Au lieu de ça, le silence régnait, entrecoupé de temps à autre par la respiration de l’autre, ouvrant et fermant la bouche tel un poisson dans un aquarium. Prise au piège par ses propres réactions et pensées.

« T’as parfaitement réussi à combattre le temps. »

Un sourire s’afficha sur le visage de la rouquine. Non pas à cause de la réponse qu’elle venait d’avoir, mais bien à cause de l’absurdité de la discussion qu’elle avait avec l’autre fille. Pensait-elle vraiment tout ce qu’elle disait à l’autre, ou ne faisait-elle cela que pour s’amuser, que pour embêtait l’autre et tenter de la faire sortir de ses gonds ? Que pour ressentir le plaisir de gagner elle ne savait quel débat sur un sujet qu’elle ne comprenait pas et dont elle n’avait que faire ? Le faisait-elle par ennui ? Pour occuper son temps ? Occuper son temps… Encore et toujours le temps qui court…

Le ton entre les deux jeunes filles était monté d’un coup, sans réelle explication. Ambre ne voulait plus combattre verbalement l’autre. Elle savait de toute façon que quoi qu’elle dise l’autre ne l’écouterait pas. La preuve :


« Je me suis imposée dans ton espace, dans tes pensées,presque dans tes mouvements. Oui, je me suis imposée, et tu me dis maintenant que j’ai combattu le temps. »


Elle rigola faiblement et se retourna pour faire face à l’autre.Elle n’avait pas bougé. Ambre lui sourit et lui dit calmement, tendrement :


« Tu n’écoutes pas ce qu’on te dit. S’imposer peut être une clef pour combattre le temps. N’est-ce pas ce que je t’ai dit juste avant ? Ne viens-tu pas de me dire que je venais de réussir à combattre le temps ? »

Derrière elle, l’escalier venait de s’ancrer sur le bord du couloir, prêt à supporter le poids des potentiels passagers qu’il devait emmener sur les bords d’un autre couloir. Le sourire de la quatrième année s’effaça au moment où elle tourna les talons et où elle détourna son regard de la jeune fille pour le poser sur l’escalier. En deux pas, elle se trouva sur une des marches, invitant l’autre à la rejoindre :


« Tu comptes rester ici ou faire le chemin avec moi jusqu’à la salle commune ? Dépêche-toi, le temps est compté. »


Elle ponctua cette dernière phrase par un sourire. Évidemment, l’escalier n’allait pas rester là indéfiniment, mais elle avait fait exprès de la souligner à l’autre. Disons que c’était une gentille provocation.
Dernière modification par Ambre Baxrendhel le 03 mars 2018, 17:05, modifié 1 fois.

« DÉFONCE-LES TOUS », Monseigneur Endive • « Le souffle des Poufsouffle jamais ne s'étouffe » • Batteuse des Frelons

01 févr. 2018, 10:50
S'imposer peut être une clef  PV 
Ce couloir n'était pas naturel, cette fille, cette voix et ces souvenirs ; rien n'était naturel pour mon esprit étriqué par la fatigue. Le déchirementde mon existence était artificiel, fade, pale comme un fantôme. D'une impalpabilité dérisoire. Et pourtant, je pouvais le sentir tout au fond de mon cœur et dans mes mains. Surtout dans ma pauvre serre blessée que je tenais tout contre ce cœur empoisonné. Sa pulsation n'était qu'une création de mon esprit, son existence, qu'un jeu de ma part. Oh, je jouais. Je jouais avec tant d'ardeur que je parvenais même à rendre invisibles mes envies. Que voulais-je faire ? Que souhaitais-je manger ? Qu'aimais-je ? Que désirais-je penser ? Le fait le plus hasardeux de mon existence était de vouloir ces questionnements. Je me plaisais à les penser, car je sentais dans la seconde qui suivait les affres de l'Intemporel qui me riaient au nez : Rien, Ely, rien.

Rien. Merlin, je vomissais ce rien.

C'est exactement ce rien qui me permettait de me tenir debout dans ce couloir. Qui m'obligeait à me tenir dans ce lieu. J'entendais dans mes oreilles l'écho de ma propre voix qui avait perdu tant de sa consistance que de sa cohérence. Et j'attendais débilement devant une fille la réaction à des paroles qui déjà n'existaient plus. Tout au fond de moi, je trouvais peut-être cela dérisoire et inutile. L'ancienne Aelle, qui ne faisait jamais rien sans motivation ou intérêt, restait coincé dans ce couloir à faire tout ce qu'elle n'aimait pas. Merlin, je n'avais aucune raison pour expliquer ma présence ici. Je ne pouvais que sentir les légères traces d'une colère en moi ; mais envers quoi était-elle dirigé ?

« Je me suis imposée dans ton espace, dans tes pensées,presque dans tes mouvements. Oui, je me suis imposée, et tu me dis maintenant que j’ai combattu le temps. »

Parle. Parle encore, parle toujours, Joueuse, mais je ne sais pas à quoi tu réponds.

Mais je savais que répondre, que penser et j'en profitais car cela partirait si vite.

Elle a tort. *Tort, tort, tort*. Elle était si loin de ma compréhension. Elle était toute proche de moi, j'avais encore la sensation de sa caresse sous mon menton – je m'empêchais de mener une main à ce dernier pour l'effacer hargneusement. Et pourtant elle persistait à rester si loin, dans sa propre existence, sans voir qu'ici, ici, en moi, ces mots n'avaient absolument aucun intérêt. J'aurais aimé lui dire qu'elle avait détruit tous mes efforts pour ne plus penser à Charlie, que cela duré depuis de nombreuses semaines et que son seul geste m'avait profondément bousculé. J'aurais aimé qu'elle comprenne que rien n'avait d'intérêt, que je me traînais comme une âme en peine car je n'avais aucun chemin à suivre. A cet instant, j'aurais aimé qu'elle me comprenne, mais je n'avais ni la force, ni la réelle envie d'ouvrir la bouche et de forcer ma voix à s'échapper de son étau de glace. Au fond de moi, peut-être savais-je qu'elle était incapable de comprendre.

Je fermais les yeux pour que son rire ne me bouscule par trop fort. Ainsi, son éclat intérieur était presque agréable. Je me rendais compte que j'aurais aimé la suivre dans son rire.

J'aurais aimé, je savais. Finalement j'avais des souhaits. Mais ils avaient un goût de cendre et n'étaient pas accompagné par l'élan nécessaire pour les accomplir.

*Tu as tort, car ma seule façon de combattre le temps est de me laisser bercer. Bercer*. Ma passivité me sauvait. Joueuse, ne le sais-tu donc pas ? C'était cela la clef et ça marchait, ça marchait jusqu'à ce que tu parviennes à moi avec tes pensées parasites.

« Tu comptes rester ici ou faire le chemin avec moi jusqu’à la salle commune ? Dépêche-toi, le temps est compté. »

J'ouvrais les yeux pour la regarder. Elle s'était éloigné et la rousseur de sa chevelure était toujours un magnifique contraste avec l'effroyable tableau qui régnait entre nous.

Elle allait s'en aller. Et je resterais seule dans ce couloir, à ne pas savoir où aller, à ne pas savoir que faire. Les murs semblaient déjà se refermer sur moi et mon corps tremblait puissamment pour les en empêcher. Merlin, elle allait partir.

Sa phrase resta obscure pour moi jusqu'à ce que je baisse le regard et que j'aperçoive l'escalier sur lequel elle était. Ses mots prirent sens, sa proposition également. Son sourire me frappa et je ne pus comprendre le saut que fit mon cœur au sein de mon corps. Elle était passé de l'état de dangereux félin à celui d'agréable arbre bienfaiteur. Et je ne la comprenais pas.

Mais peut-être ne souhaitais-je pas comprendre car mon esprit restait résolument tourné vers une pensée qui agressait le peu de conscience qui me restait. Elle me l'arrachait, me la bouffait avec toute l'ardeur de sa faim. Et cela m'effrayait car je me laissais tenter.  Et que je savais, malgré toute l'incompréhension et la torpeur qui me définissait, je savais que jamais une telle situation ne s'était produite. Puis j'oubliais ces pensées pour m'avancer d'un pas hésitant vers elle.

Elle n'était qu'une Joueuse rousse, de ma Salle Commune, qui parlait avec des mots que je ne comprenais pas et à laquelle je restais indéniablement invisible. Pourtant, dans son discours, elle m'offrait une clé si Puissante que je ne pouvais m'empêcher de m'avancer de mon pas tremblant vers sa lumineuse présence. Elle m'offrait le chemin. Le choix. Dans sa proposition bancale que mon esprit avait réussi, je ne sais comment, à saisir, elle m'offrait le chemin. Mon cœur, qui s'était emballé, se calma soudainement et ma peau cessa de se remplir de frissons. Je n'avais pas à réfléchir, je devais me laisser porter. Oui, me laisser porter.

J'avançais jusqu'à la dépasser, l'hésitation de mon pas n'était qu'un souvenir qui ne devait plus me poursuivre. Je descendais quelques marches, sentant le tremblement impatient du grand escalier sous mes pieds, puis je me retournais vers elle car je devais la suivre. Toute seule, je ne savais pas où aller. Dans ma main pulsait la douleur agréable, elle m'embaumait les sens et me faisait penser à autre chose, elle m’emmenait loin d'ici et mon regard hagard était une porte ouverte sur ma perte.
Moi, la seule chose que je voyais, c'était la Joueuse – m'avait-elle donné son nom ? La seule chose que je percevais était le chemin vers lequel elle me menait.

Merlin, j'espérais qu'il soit plus long que ma propre vie.

11 sept. 2018, 22:36
S'imposer peut être une clef  PV 
Debout sur les escaliers, elle attendait une réaction de la part de l’autre. Elle ne pouvait l’obliger à la suivre, mais l’idée de sa compagnie jusqu’à la salle commune ne lui déplaisait pas. De plus, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que, si la plus jeune la suivait, c’est qu’elle avait gagné sa confiance. Un peu comme si, tout ce qu’elle avait dit précédemment au sujet du temps, était juste. Comme si cela avait eu du sens pour l’autre. Comme si elle avait gagné le débat. Comme si elle avait raison. Et qui n’aime pas avoir raison ?

Elle avait son attention. Elle l’avait gagné. Cela se voyait. L’autre Poufsouffle la regardait. Toujours pas dans les yeux. Mais sa bouche, oui. L’autre regardait sa bouche, comme si elle pouvait voir les mots s’en échapper.

Et, comme si les mots invisibles qu’elle voyait sortir de cette bouche prônaient la bonne voie, le bon sens, la vérité, l’autre se leva et s’avança vers les escaliers. Elle ne semblait pas sûre de ce qu’elle faisait. Ambre sourit.

En quelques instants, elle se trouva sur l’escalier. Elle dépassa la batteuse et s’arrêta quelques marches plus bas que celle sur laquelle se trouvait cette dernière. Puis elle se retourna. Regarda Ambre. Elle l’attendait. Elles feraient le chemin ensemble.

La rouquine descendit à son tour les marches qui les séparaient. Une fois à la hauteur de l’autre, elle dit calmement :


« Cool… On y va alors. »

Et, comme s’ils l’avaient entendu, les escaliers se mirent à bouger. Dans leurs mouvements, ils laissaient entrevoir de temps à autre des morceaux de couloirs, des passages inaccessibles, avant de leur offrir un nouvel escalier, de nouvelles marches, qu’elles devaient emprunter. Après quelques mouvements de leur ballet incessant, les escaliers leur offrirent le hall d’entrée.

Elles descendirent les dernières marches et traversèrent le hall du château. Elles atteignirent rapidement l’entrée de leur salle commune, dont la batteuse ouvrit l’accès avant de s’y engouffrer. Quelques Poufsouffle qui se trouvaient dans le petit salon relevèrent furtivement la tête de leurs parchemins lorsqu’elles entrèrent, avant de replonger dans leurs devoirs.

Ambre se tourna vers l’autre :


« Bon… Notre périple s’achève ici. Je dois déposer mon livre dans mon dortoir. C’était cool cette discussion sur le temps. C’était instructif d’avoir un point de vue différent. Merci. »

Elle sourit une dernière fois à la plus jeune et se dirigea vers son dortoir. Juste avant de quitter le petit salon, elle fit volte-face et réussissant cette fois à planter ses yeux dans ceux de la plus jeune, dit, un sourire malicieux aux lèvres :

« Au fait… j’me suis pas présentée. Je suis Ambre Baxrendhel. Et toi ? »

Dernier post pour moi, je te laisse conclure. Merci pour ce rp, tu sais déjà tout le bien que j'en pense ;)

« DÉFONCE-LES TOUS », Monseigneur Endive • « Le souffle des Poufsouffle jamais ne s'étouffe » • Batteuse des Frelons

22 déc. 2018, 10:00
S'imposer peut être une clef  PV 
Aucune pensée ne vint me déranger tout le temps que dura le trajet jusqu’à la Salle Commune. La Joueuse rousse marchait et je la suivais ; parfois, c’est moi qui semblait marcher devant et alors elle jouait à celle qui me suivait. C’est du moins ce qui me semblait être. Au fond de moi, je savais pertinemment bien que c’est elle qui nous dirigeait, que c’est elle qui me ramenait à la Salle Commune. Peut-être aurais-je dû lui en être reconnaissante ? Ce ne fut pas le cas. Sa présence était une douceur pour mon esprit étriqué, j’avais l’impression qu’elle m’offrait un répit que je n’aurais osé demander. Mais déjà, je ne me souvenais plus des mots que nous avions échangé. Je savais qu’ils étaient importants et je savais également qu’ils me reviendraient lorsque cela serait nécessaire ; pour l’instant, la seule chose qui persistait était sa proximité qu’elle m’avait imposée.

Sans un mot, nous entrâmes dans la Salle Commune. Il y avait ici quelques Autres qui ne nous calculèrent pas. Puisque je ne savais que faire ou que dire, je me tournai vers la rousse qui m’avait mené jusqu’ici. Elle me regardait également et je compris que notre rencontre allait prendre fin. Je n’éprouvai aucune peine à ce constat, seulement une douleur inexplicable. Elle se posa sur mon coeur et fit se nouer ma gorge. Et, comme si tout mon corps était concerné, ma main crispée pulsa d’un piqure lancinante. Je baissai la tête pour que l’autre ne vit pas dans mes yeux les larmes qui manquèrent de les faire brûler. *Je vais faire quoi ?*. Cette pensée écrasa toutes les autres. Par Merlin, qu’elle s’en aille rapidement pour que je puisse arrêter d’avoir peur de ce qui allait suivre ! Je ne voulais pas être épargné. J’aurai préféré ne jamais la rencontrer si cela devait signifiait qu’une fois partie ce serait plus dur qu’avant qu’elle n’arrive.

« Bon… Notre périple s’achève ici, » commença-t-elle. Je ne pus résister à l’envie de lever vers elle mon regard vide. « Je dois déposer mon livre dans mon dortoir. C’était cool cette discussion sur le temps. C’était instructif d’avoir un point de vue différent. Merci. »

Le temps.
Celui qui déjà m’étouffait de sa poigne. Merlin, combien de temps me séparait du prochain cours ? Qu’allais-je faire jusque là ?

Sans un mot, je la regardai s’éloigner. Elle lâchait la laisse qu’elle avait réussi, sans que je ne m’en rende compte, à passer autour de mon cou. J’étais libre d’aller où je le souhaitais, pourtant je n’avais aucune idée de la direction que j’aurai voulu prendre.
Quand elle se retourna vers moi, mon coeur se retourna avec elle ; allait-elle me donner une direction ?

« Au fait… j’me suis pas présentée. Je suis Ambre Baxrendhel. Et toi ? »

Non, elle n’allait rien me donner du tout. Je n’avais même pas la force d’être déçu. Je regardai son sourire et ses yeux de feu. Ambre Baxrendhel. Ce nom me disait vaguement quelque chose. C’était une Joueuse, voilà pourquoi ; Aodren m’avait-il déjà parlé d’elle ? Possible, mais je n’en avais rien à faire.

« Aelle, dis-je sans m’en rendre compte. Aelle Bristyle. »

Je me plongeai dans ses yeux avec la sensation de me rendre. Voilà, tu sais qui je suis. Cela ne t’avance à rien. Et cela n’a aucun intérêt pour moi non plus. Je tournai la tête vers les tables près du feu ; le regard vide, je me dis que je pourrais étudier pour attendre. Puis je me rappelai que j’en avais absolument pas l’envie. Le gouffre du temps s’étira devant moi et je me sentis étouffer. Étouffer de ma propre lassitude.

Sans un regard vers la Joueuse, peut-être était-elle déjà partie, je me détournai et sortis de la Salle Commune. Je n’avais aucun contrôle sur mes pas, et sur rien d’autre. Je ne pouvais que me diluer dans la douleur qui faisait s’alourdir mon coeur. J’avais la sensation de m'empêtrer dans une chose qui était trop grande pour moi. Comme si je me noyais en moi-même.
Ouais, je me noyai et cela n’était même pas agréable.

- Fin -


Même si nous avons mis un temps indéfiniment long à terminer ce RP, je te remercie, Plume. C’était une très belle Danse et j’ai apprécié écrire cet ultime post et ce dernier face à face entre Ambre et Aelle.