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15 janv. 2018, 20:50
Le piège du lac  Libre 
Quand tout va mal, on a tous une partie égoïste qui voudrait crier au monde entier « eh je suis là, aidez-moi s’il vous plaît », mais d’un autre côté, notre société est basée sur le principe de ne pas embêter son voisin avec ses problèmes. Alors, on garde les choses pour nous en espérant que quelqu’un s’aperçoive que l’on a besoin d’aide. On se persuade que l’on ne mérite pas de demander de l’aide et que si personne ne le voit, on doit se débrouiller seul. Et même lorsqu’enfin une âme tente de nous sauver, on a tendance à la rejeter pour pouvoir continuer de s’apitoyer sur son sort en continuant à se dire que l’on ne mérite rien ni personne. Evidemment, certaines personnes échappent à ces règles immuables, ou ne voient pas exactement les choses de cette manière. C’était le cas d’Ebony. Comme la plupart des gens, elle préférait tout garder pour elle-même. Mais là où était toute la différence était la raison pour laquelle elle ne disait rien. Ce n’était pas parce qu’elle pensait ne mériter aucune aide, mais plutôt parce qu’elle voulait se débrouiller toute seule. Elle ne supportait pas de ne pas pouvoir s’occuper d’elle-même sans l’appui de quiconque. La petite fille avait toujours eu un caractère assez dure avec elle, mais depuis que Madison n’était plus là, ce caractère s’était renforcé. La seconde raison à son silence était bien évidemment que dans l'action de parler à quelqu'un il y avait une dimension sociale et elle avait décidé de ne pas prendre en compte cette dimension dans sa vie pour le moment.

La Serpentard avait obtenu un Acceptable en astronomie. Ce n’était pas si mal me direz-vous, mais ce n’était pas assez pour la brunette. Toute la journée, elle s’était énervée dans sa tête, mais elle avait réussi à passer outre en prenant part aux cours qu’elle suivait. Maintenant qu’elle se retrouvait toute seule dans son lit, elle était trop énervée pour trouver le sommeil. Jetant un œil à sa montre, elle se rendit compte qu’il était déjà minuit passé et que par conséquent, elle se tournait et se retournait depuis un peu plus de deux heures. Au début de la soirée, elle avait été dérangée par le bavardage incessant de ses camarades de dortoir. Habituellement, après leur avoir demandé une ou deux fois de se taire, elle arrivait à avoir un silence relatif, mais là, elle n’avait pas eu le cœur à faire des efforts pour ne sortir rien qu’une petite phrase. Elle était trop épuisée mentalement. Très vite, les chuchotis s’étaient tus et le calme du dortoir avait été rompu uniquement par les ronflements légers et les mouvements des élèves dans leur sommeil.

Lasse de ne pas trouver le sommeil, la petite Ebony décida de se lever prudemment. Elle ne savait pas encore très bien ce qu’elle allait faire, mais elle ne pouvait décemment pas rester indéfiniment à se tourner et se retourner dans son lit. Elle enfila un pull, sa cape et de grosses chaussettes – il était hors de question qu’elle se fasse prendre en dehors de son dortoir avec ses chaussons lapin, elle trouvait déjà cela assez honteux d’avoir des chaussons lapin dans son dortoir – et s’assit dans un canapé de sa salle commune au coin du feu. Très vite, l’aventure l’appela. Ses yeux firent plusieurs allers-retours entre la sortie et la cheminée avant qu’elle ne décide finalement qu’un petit tour dans le château ne pouvait pas lui faire de mal. Au pire elle se ferait prendre par un professeur et ne devrait pas trop mal s’en sortir pour un premier écart, - peut-être pourrait-elle-même éventuellement jouer de ses talents de comédiennes si elle pensait que ce jeu en valait la chandelle -au mieux elle découvrirait un peu plus son lieu de vie et pourrait plus facilement s’endormir en revenant. Fière de son raisonnement, elle s’empressa de sortir par le mur, non sans avoir vérifié que sa baguette était dans sa poche et que personne ne pouvait la voir sortir.

Lors de ses premiers pas, elle sursautait à chaque fois qu’elle entendait un craquement, la plupart du temps dû à un petit animal ou aux résonances du château en lui-même. Au bout d’une bonne demi-heure, n’ayant croisé aucun être vivant capable de lui faire la morale, elle se détendit et commença à prendre plus de plaisir dans son exploration. Au détour d’un couloir, elle put apercevoir le lac par la fenêtre. En cette période, avec la lune qui l’éclairait, elle trouvait ce spectacle vraiment magnifique. La petite fille resta d’ailleurs perdue dans cette contemplation, tellement perdue qu’elle ne se rendit pas compte que quelqu’un s’approchait. Quand elle entendit les pas derrière elle, elle sut qu’il était trop tard pour revenir en arrière. Ne sachant pas quelle technique était la plus appropriée avec le peu d’informations qu’elle possédait sur la personne, elle décida de faire comme si de rien était en attendant la sentence qui ne manquerait pas d’arriver.

Troisième année RP (2043-2044)

JE SUIS UNE FILLE.