Le Coeur de la petite bat très vite dans sa poitrine. Elle sait pas trop pourquoi, mais elle a vraiment peur. Et si Étoile lui disait de dégager ? Étoile... *J't'ai déjà vu quelque pa...* Ouais, l'Autre c'est aussi une deuxième année. Elle l'a d'jà vu plusieurs fois. *Jamais causé* Pourquoi elle aurait causé à une Autre insignifiante ? *J't'aurais jamais causé si t'avais pas répondu à mes Mots* Jamais. Ça aurait été dommage, non ? Ouais, peut être. Elle sait pas encore si c'est une bonne rencontre. Surtout avec Étoile qui persiste à dire des conneries. Toujours la même chose, cette phrase qui interrompt ses Pensées « Nan. Je suis pas une étoile. » et qui flotte encore dans l'air. Pourquoi Étoile la croit pas ? L'Enfant voit bien, pourtant. Elle voit une Étincelle brillante dans les Perles d'Étoile, pleins de Sentiments et d'Émotions cachés. *'est vraiment une Étoile dont la lumière est encore étouffée* Elle brille. Elle voit Étoile qui brille. C'est beau.

*CASSIOPÉE !* Elle retient son souffle. C'est quoi c'Nom qui apparait dans sa tête, comme ça ? Elle a rien d'mandé, elle. Sauf si c'est *Oui ! C'est son Nom à el...* le Nom d'Étoile. Voilà. Cassiopée. C'est joli, comme Nom. Et elle Ose dire qu'elle est pas une Étoile. Même son Nom est celui d'une Étoile. *La chance* Bordel, la chance qu'elle a, Étoile. La petite Poufsouffle, elle, c'est rien qu'une Gamine idiote. Perdue dans les Ténèbres sans pouvoir retrouver la Lumière. *Cassiopée* Elle s'souvient. Y'en a qui l'appellent Cassy. *Bande de débiles* Faut pas écorcher ce beau Nom d'Étoile.

L'Autre continue à parler. *Nan, j'suis pas une Étoile, moi* Certainement pas. *Juste une Gamine Ratée* Tiens, ouais. Ça lui était jamais v'nu à l'Esprit, mais c'est une Ratée, en fait. Une Erreur. *Merci Étoile, j'aurais pas compris sans Toi* Ah ah. Marrant. En voulant lui dire qu'elle était une Étoile, l'Autre lui a fait comprendre le contraire. C'est débile. *Mais j'suis pas une Étoile* Et faut pas que la vraie Étoile se trompe. Tiens, elle va le lui dire.

Mais Étoile tend un doigt blafard vers elle. *Pourquoi ?* Y'a une cicatrice dessus. Elle s'en fout. Son Regard ne s'y attarde qu'une demi seconde avant de revenir se planter dans les Perles d'Étoile.



Ouais. Mais, et si Étoile l'a prenait pour une tarée ? *J'l'aurais bien mérité. J'suis une Ratée* Les Larmes montent à ses yeux et elle les refoulent difficilement. Elle veut pas pleurer devant Étoile... Non, elle doit pas !



*Très belle* Vraiment vraiment très belle. Foutrement trop belle, par rapport à la mocheté insignifiante de la petite.



*Connasse* Pourquoi elle a dit ça ? *Ratée* Elle aurait vraiment pas dû. C'était bien, à parler avec Étoile. Parler un peu avec les Mots, surtout avec les Silences.
Tiens, il est beau aussi, le Silence. Elle l'écoute à sa manière en regardant Étoile.

-Et toi t'es aveugle, Emmerdeuse. Y'a pas d'étincelles dans mes yeux, t'es juste stupide.

Pourquoi elle est agressive ? Elle le sait pas. Mais elle sait que l'autre n'a pas le droit de dire ça, elle n'a pas le droit de lui parler d'elle comme ça parce qu'elle ne sait rien, qu'elle ne saura jamais rien. Elle n'a pas le droit de lui dire qu'elle est une étoile parce qu'elle n'a pas le droit de mentir quand Cassiopée croyait qu'elle était pas comme les autres. Elle a pas le droit de la regarder parce qu'elle va la bouffer, la Serpentard restera gravée sur ses pupilles et elle en crèvera de regarder tout le temps sa laideur. Elle a pas le droit de la toucher, ni même de penser à cette chose qu'elle est sinon elle en crèvera. Et, merde, elle veut pas que d'autres choses se détruisent à cause d'elle et de ses mains dégueulasses. Elle a pas le droit de dire qu'elle est belle, parce que c'est pas vrai. Elle n'est pas belle, elle ne le sera jamais et c'est comme ça. Ça ne sera jamais autrement.

Elle n'a pas d'étincelles dans les yeux, tout ça est parti depuis bien longtemps, bien avant qu'elle ne puisse juste comprendre ce que disait ses parents quand ils parlaient de magie. Merde, elle a toujours su qu'elle n'était pas pareille que les autres, qu'elle ne serait jamais au même niveau d'Arthur bien avant de savoir parler parce qu'elle est toujours passée après tout et tout le monde. Il n'y a rien dans ses yeux, elle ne vois rien dans le miroir et elle ne veut rien voir. Se soucier, c'est être faible, montrer les choses qui lui bousillent la tête, c'est être faible. Est-ce que l'autre dit qu'elle est faible ? Foutaise ! Elle l'est pas, elle a travaillé pour le pas l'être alors l'autre se la ferme ! Tais-toi !
 
-Parles pas d'moi comme ça, tu connais rien.

L’Autre répond trop violemment. L’Autre, pas Étoile. Je me suis trompée. Mon cœur bat trop vite, dans ma poitrine, il veut s’échapper. Un cri monte dans ma gorge, mais je le réfrène bien vite. Emmerdeuse. L’Autre me lance le surnom à la face, comme pour me blesser. Elle veut me faire mal. Elle est comme tout le monde, au fond. Différente en surface, pareille à l’intérieure. Ou le contraire. Différente à l’intérieur, mais elle se laisse bouffer par ses similitudes. Elle veut me blesser, me tuer. Je ne dois pas me laisser faire. *Qu’est c’j’fous là ?*. Paupières closes pour un instant, afin de laisser les souvenirs remonter. Les mauvais Mots ; les vrais Maux. Cette fille. Étoile. *T’rien qu’un Trou Noir, va !*. Elle m’a dévoré. Elle a tout fait remonter.
Ma main glisse vers ma baguette, cachée dans ma poche de cape. Je secoue doucement la tête, les paupières relevées mais le regard évitant celui de l’Autre. « Y’a pas d’étincelles dans mes yeux. » Parce que tu décides de pas en avoir. Moi, je veux en avoir ! Je veux... je veux... en avoir... *pour Aelle !*. Je décide d’en avoir pour vivre, pour [Re]Naitre. J’ai décidé ça en septembre, je l’ai voulu au plus profond de moi, et ça ne changera pas. Je tombe, je tombe, mais je suis fière ! C’est moi la meilleure ! Je suis pitoyable, mais tous ces Autres sont dégueulasses. Finalement, même Étoi *Trou Noir* est moche. Moi, je suis moche mais je serai belle. Et je m’en fous, d’elle. Elle n’est rien.
Rien d’autre qu’une gamine qui a fait remonter tout ce qui est mauvais. Un Trou Noir dans lequel j’ai failli tomber. Je suis au bord du gouffre. Elle m’a presque attrapé.

Ma main finit le chemin jusqu’à ma baguette et je la sors d’un coup sec, la pointant devant moi. Un instinct, puissant ; dévastateur. L’Incendio trouve sa place dans ma bouche, mais je l’y garde encore un peu. Quelle idée d’embraser une Étoile ; non, un Trou Noir. Rien d’autre qu’un Rien. « T’es juste stupide. » Et toi, t’as personne pour te relever, alors tu veux faire sombrer les autres. Tu m’auras pas ! Tu m’auras pas, Cassiopée-qui-fait-sombrer.

« Si.. s’tu bouges, j’te défonce ! Je... fais gaffe ! J’sais l’fai... J’VAIS T’BRÛLER ! »

La baguette à quelques centimètres de sa face, le cœur qui bat beaucoup trop vite, comme toujours. Devant moi, il pourrait y avoir des flammes. Des flammes qui la dévoreraient pour la rendre bien plus belle. Je pourrais... oui, je pourrais la brûler. Je souris à cette idée. Un sourire bizarre. Et je me relève vite, avec hâte, la baguette toujours pointée vers son visage.

« J’t’ai pas menti. J’suis p’t’êt’ stupide, mais t’as des étincelles dans les yeux. Elles attendent juste d’être réveillées. C’est comme ça qu’ça marche ! »

Une flamme pour embraser les étincelles, voilà ce qui lui faut. Mais je m’en fous, moi. Je vais partir, et ce sera fini. Je ne penserai plus jamais à elle. C’est tout, voilà. Un Incendio serait vraiment beau pour m’en aller sans qu’elle me poursuive, mais au moment où je commence le geste, la formule se bloque dans ma gorge. Alors, mon regard se plante enfin dans le sien pour capturer la vision des étincelles, et je tourne les talons.

Courir est bon pour oublier. Une brûlure se fait sentir dans tout mon corps, et je ne pense plus à elle. Elle est là, avec ses mots qui font mal — « toi t’es aveugle » *FERM’LÀ !*. Pas d’aveugle ici —, mais ce n’est plus pareil. Il faut l’oublier. L’oublier. Oublier.

Oublier que j’ai été pitoyable. Comme toujours.

Ceci est la fin ; il y aurait pu, sans doute, avoir une autre échappatoire, ou une suite. Mais ceci est la fin. Alors merci, Belle Plume. J’ai grandement apprécié d’écrire avec toi, et ce hibou que tu m'as envoyé, un jour, restera dans ma mémoire.