Elina était de ceux qui voulait entendre chacun des partis avant de prendre position. Les deux petites sorcières avaient présenté leur version des faits, la jeune femme attendait maintenant que l'accusé fasse de même. Les faits dénoncés étaient particulièrement graves et ne devaient donc pas être pris à la légère. S'il s'avérait exact que Paddock Buttercup faisait un usage continu de Felix Felicis depuis plusieurs semaines, il encourrait de sévères sanctions pouvant aller jusqu'au renvoi. Que celui-ci soit définitif ou non n'était pas du ressort d'Elina.

Au plus grand désagrément de la jeune professeure, la défense de l'accusé se fit à grand renfort de cris et de gesticulations hargneuses. Paddock Buttercup exsudait littéralement de rage, frappant des phalanges sur la table avant de débuter sa diatribe : 

"Madame ! J'espère que vous n'apportez aucun crédit à toutes ces élucubrations ! Je suis parfaitement innocent et ça m'enrage de me voir accuser de la sorte..."

Pointant un doigt agressif à l'encontre des jeunes filles, il continua sur sa lancée :

"Voila des jours que ces deux gamines nous importunent, moi et mes camarades. Guet Apens dans les couloirs ? Vols d'effets personnels directement dans mon dortoir ? Et maintenant elles essayent de m'accuser ?!! Pardonnez ma colère, mais sérieusement !??"

Toute dignité envolée, le jeune homme se livrait à une crise qui frâlait le ridicule. Il présentait à présent des traits communs flagrants avec un buffle en colère alors qu'il suait à grosses gouttes. Les yeux de la jeune femme dérivèrent un instant sur les deux jeunes filles, mais revinrent bien vite sur leur cible. Miss Singh et PoirreFresh devraient également s'expliquer en ce qui concernait ces histoires de vols et autres actes répréhensibles. Cependant, les faits reprochés à Paddock Buttercup étaient autrement plus grave et réclamaient d'être tirés au clair en premier lieu.

"Du Felix Felicis, sérieusement ? Comme si j'en avais besoin ? Tout mes honneurs actuels ne sont dus qu'à mon seul travail ! Cela fait des années que je cultive mon excellence ! Rien n'est dû à la chance ! C'est la pire insulte que l'on pourrait me faire. Paddock Buttercup ? Chanceux !? Non mais vous vous rendez compte du travail nécessaire pour briller dans cette école ?!"

Les jérémiades bruyantes du Gryffondor commençaient à user la patience d'Elina avec la même efficacité que ses paroles. La jeune Aishani Singh, bien décidée à ne pas le laisser s'en tirer haussa la voix à son tour, ne remarquant pas que les yeux de la professeure s'étrécissaient :

"Arrête ton char, Pad ! On a été dans ta valise ! On a vu tout le procédé de fabrication. Tu en as trois marmites en train de bouillir, et une quarantaine de fioles simil..."

"Quoi ma valise !? Elle est parfaitement normale ma valise !"

Remontant ladite valise sur son bureau, il l'ouvrit pour dévoiler un contenu des plus banals avant d'en vider le contenu sur le sol. Un geste qui déplu fortement à la professeure.

"Où est il donc, ton laboratoire, ma belle !!? Ma valise est parfaitement normale, professeure ! Elle n'a absolument rien à cacher..."

Jenny PoirreFresh était visiblement la seule capable de garder un peu de tenue. Profitant d'un instant de silence miraculeux elle intervint :

"Il est vrai que nous avons vu l'intérieur de cette valise contre son gré pour affirmer que celui-ci contenait un laboratoire. Et si je n'avais pas pu visiter cet intérieur habilement dissimulé je n'aurais jamais pu obtenir cette fiole, voyons une première année qui obtient du felix felicis, ça ne semble pas étrange ? Les valises magiques ont souvent un fond qui est caché afin d'éviter qu'un moldu ne tombe accidentellement sur quelque chose qu'il ne devrait jamais voir. Aishani tu as une valise qui fonctionne de la même manière si je ne m'abuse. Puisque Paddock tu te déclares innocent je suppose que tu ne verras aucun mal à ce qu'elle vérifie que ta valise est bien normale ?"

Si seulement les deux autres avaient eu la présence d'esprit de s'exprimer de manière calme et posée quand bien même la jeune Serpentard ne lui apprenait rien. Mais les Gryffondor étaient visiblement incapables de maîtriser leur sang-chaud et Elina en avait assez vu. Voyant le visage rougeaud et désormais congestionné de Paddock Buttercup s'agiter et une nouvelle crise arriver, elle frappa violemment son bureau du plat de la main dans un claquement sonore tandis que sa voix se faisait tranchante :

"Il suffit ! Si j'ai envie d'assister à une tragédie grecque, je vous le ferais savoir monsieur Buttercup. Vous n'êtes pas dispensé de vous tenir convenablement. Il en va de même pour vous miss Singh. Que l'un de vous s'avise une nouvelle fois de dépasser le volume sonore d'une conversation correcte et je vous envoie régler cette histoire directement avec miss Loewy."

Elle laissa aux élèves le temps de bien saisir ses paroles, mais elle n'en avait pas encore fini avec eux. Dirigeant son regard sur la tragédienne en devenir elle asséna d'une voix cinglante :

"Monsieur Buttercup, je suis passé sur les bancs de cette école avant vous. Je pense avoir une assez bonne idée du travail nécessaire pour « briller » comme vous dites."

Cette réflexion du Gryffondor suffisait à lui faire dire qu'il n'avait pas ce qu'il faut pour ça. Celui qui avait pour seul objectif sa popularité ne pouvait espérer guère plus qu'une célébrité fugace.

"Amenez cette valise sur mon bureau. Il vaudrait mieux pour vous que vous ne m'ayez pas prise pour une moldue crédule."

Elle avait grandit entouré de sorciers et avait donc connaissance de l'existence de ces bagages soumis a des sortilèges d'extension indétectables. Cependant, ceux-ci étaient particulièrement honéreux et il était assez surprenant que des élèves en soient dotés. Reportant son attentions sur les deux première année, elle ajouta :

"Quant à vous mesdemoiselles, nous reparlerons de ces « vols d'effets personnels » et « guêt-apens »."

Cela attendrait cependant que l'affaire du Felix Felicis soit éclaircie. Elle ne pouvait néanmoins pas prendre parti en décidant de croire les paroles de l'un et pas de l'autre. Ces points devraient également être éclaircis.

Paddock serrait les dents. Rien n'allait dans le sens qu'il attendait. La professeure, d'habitude si absente et distraite, fronçait les sourcils d'un air profondément désappointée. Les deux sorcières inquisitrices ne lui laissaient pas le temps de respirer. Et ce mal de crâne qui lui écrasait le crâne à grand coup de maillet...

Il avait besoin de sa dose. Sa main, cachée par la manche de sa cape de sorcier vint toucher sa dernière fiole. Vide, désormais. En général, il en gardait toujours sur lui, fiole de secours, au cas où quelque chose d'imprévu arriverait. Excés de confiance ? Non ! Tout cela était la faute de ces deux gourgandines...

La professeure tapa sur son bureau du plat de la main, excédée. Comment ça, de la tragédie grecque ? Paddock se défendait ! Il était dans son droit d'être en colère... Il grinça des dents à la tirade de la professeure. Il avait du mal à la distinguer, sa vision devenant floue par moments. Qui était elle pour lui dire de se taire ? Fichue parvenue. A peine plus jeune que la plupart des élèves, et elle croyait avoir une quelconque autorité sur eux ? Oh mademoiselle... Vous êtes professeur d'histoire de la magie... Et même avec un poste aussi tranquille, vous avez disparus durant plusieurs jours en Novembre. Quelle autorité croyait vous avoir ? Même lui même, Paddock, en avait d'avantage en seulement quelques mois de travail.

Elle lui demandait de s'approcher désormais. De poser SA valise sur son bureau. Ah ! Inacceptable ! Pas question que son précieux laboratoire ne tombe en d'autres mains que les siennes. C'était le sien ! C'était sa propriété ! Donner sa valise serait signer définitivement l'arrêt de sa gloire...

Il lui fallait un plan et vite. Paddock fit mine de s'avancer, refermant sa valise, marchant lentement vers le bureau du professeur. Il n'avait pas le choix, elles étaient trois mais deux d'entre elles n'étaient que des premières années... C'était la prof le problème. Son mal de crâne lui vrillait la cervelle... Il s'avança jusqu'à la distinguer à nouveau. Quelle était le problème avec sa vision ?..

Ce fut à cet instant que la professeure se détourna vers les deux sorcières pour leur faire la morale. Maintenant ! La baguette du sorcier tomba dans le creux de sa main, alors qu'il la levait, avec le regard dur de ceux qui n'ont plus rien à perdre. Qu'importe si les deux jeunes filles le voyaient, elles étaient insignifiantes. Même le regard de surprise exorbitée de l'indienne était un délice. Il avait fait ses recherches, il avait d'abord pensé l'utiliser sur Lucrèce, pour la rendre plus docile, plus malléable. Tant pis, ce serait la professeure en premier... Il avait besoin d'une alliée si il comptait s'enfuir...

"Professeure ! Attention !"

Trop tard, petite idiote... Son sourire se fit sadique et triomphant.

"SEDUCTON..."

La professeure ne manqua pas de réprimander ma comparse et l'autre gueux pour leur comportement. Il est vrai qu'ils haussaient trop le ton pour ce qui aurait dû être une simple discussion de fin de cours. L'idée que nous puissions avoir à régler cette affaire dans le bureau de la directrice m'arracha toutefois un frisson. Je n'avais pour ma part aucune envie d'y finir, d'autant plus que nous n'étions pas irréprochables.

Notre professeure nous rappela d'ailleurs que l'on ne s'en tirerait pas à bon compte. Je regrettais aussitôt tous mes actes. Certes tout ça avait été pour une cause juste mais en me laissant prendre au jeu d'Aishani j'avais commis un nombre de bêtises supérieur à toutes celles que j'avais pu commettre jusqu'ici. Entrer dans le dortoir des garçons, tendre des pièges, voler des choses, sécher des cours... le bilan était gros et je ne me pensais pas capable d'en assumer les conséquences. Tout ça finalement parce que j'avais eu la curiosité de suivre Aishani lorsque je l'avais vu affublée d'un ventre factice... Mais Pad méritait punition au moins tout autant que nous et ça me réconfortait grandement. Après tout ses manigances coûtaient à Aishani de subir d'horribles migraines, je l'avais bien vu et je ne pouvais le laisser faire.

Pad s'approcha valise en main du bureau. Tout sembla aller très lentement. Dès l'instant où je vis sa baguette glisser dans sa main et la voix d'Aishani s'élever je réagis. J'eus le réflexe de tendre ma baguette vers lui et sans prendre le temps de réfléchir je lançais le premier sort qui me vint : "BOMBARDA". Je n'étais jamais impulsive, aussi le sortilège n'avait rien d'idéal. La peur qui me transcendait n'avais pas empêché le succès du sort interrompant Pad alors que lui-même prononçait un autre sortilège. La détonation qui retentit aux oreilles de Pad résonna dans la salle. Il avait été déstabilisé, mais il reprit rapidement une position normale, comme si rien n'avait eu lieu.
Sous mon regard impuissant il porta sa main à son oreille et appuya légèrement dessus comme pour en chasser le sifflement. Puis il fit fi de la douleur pour lever à nouveau sa baguette...



Si la première année avait pu l’interrompre d'une manière plus que désagréable, Paddock n'avait pas renoncé pour autant. Le sourire triomphant qui donnait à son regard une lueur victorieuse avait laissé place à une grimace horrifique. Les coins de sa bouche pointaient vers le bas tant il serrait ses lèvres. Il ignora la petite verte sans même prendre la peine d'essayer de la désarmer. Il était presque trop tard désormais et la moindre fraction de seconde comptait si il voulait agir avant une riposte. : "SEDUCTO..."

Quand elle en eu fini avec lui Paddock Buttercup referma sa valise et se mis en mouvement en direction du bureau que la jeune professeure lui avait désigné. Elina se détourna légèrement de lui le temps de s'adresser aux jeunes filles tandis qu'il continuait d'avancer lentement vers elles. Elle fut cependant rapidement alarmée par les regard paniqués des jeunes filles.

"Professeure ! Attention !"

"SEDUCTON..."

Elina fit aussitôt volte face tirant sa baguette de sa poche d'un mouvement fluide. Le Gryffondor la tenait en joug et lançait déjà un sort. La jeune professeure savait ses réflexes suffisamment bons pour esquiver un sort lancé avec une visée aussi imprécise, mais les deux premières années se retrouveraient alors sur la trajectoire du sort. Jenny PoirreFresh qui avait vu Paddock Buttercup prendre sa baguette et bénéficié de quelques courtes, mais précieuses secondes supplémentaires fut la première à réagir.

"BOMBARDA"

La détonation interrompit le Gryffondor qui porta la main à son oreille pour tenter de se débarrasser du sifflement avant de réitérer sa tentative. Mais l'effet de surprise était passé et Elina était en position pour riposter. Il aurait au moins dû savoir qu'il n'aurait qu'une seule et unique chance.

"SEDUCTO..."

"Stupefix !"

Ce sort était décidément très utile en cas d'urgence. Rapide à lancer et permettant de mettre l'adversaire définitivement hors d'état de nuire. Elle regarda le lâche s'effondrer au sol sans ressentir le moindre remord à l'idée de la bosse qu'il pourrait se faire.
Depuis qu'elle avait appris l'existence des Conjurateurs et qu'elle les avait rejoint, Elina avait suivit un entrainement bien plus poussé que l'apprentissage de la magie tel qu'il était couramment pratiqué entre les murs de Poudlard. Elle s'était frottée à des sorciers infiniment plus doués et dangereux que le Gryffondor. Infiniment plus rapides et bien moins prévisible aussi... Acculé, il tentait de mordre, signant par là-même l'aveu de sa culpabilité. Sans compter que, si elle en croyait la respirations lourde du garçon et son attitude fiévreuse, ses capacités étaient altérées par le manque.

Elina observa froidement l'élève désormais comateux. Si les effets secondaires du Felix félicis lui donnait des circonstances atténuantes, il venait néanmoins d'aggraver encore son cas et il devrait en payer les conséquences. Ce serait une tâche indélébile sur son dossier qui lui fermerait bon nombre de portes. Vouloir briller au point de se moquer de savoir que sa gloire n'était qu'un artifice entretenu par une potion et qui ne devait rien à son talent... Pour Elina qui était allé jusqu'à déposer son nom dans la coupe de feu pour se mettre à l'épreuve c'était une forme de stupidité difficile à pardonner.
Les accusations des jeunes filles semblaient se confirmer et l'usage de Felix félicis par Paddock Buttercup pouvait excuser au moins en partie les moyens délictueux qu'elles avaient employés. Les propriétés de cette potion étaient bien difficiles à contourner et le confondre sans le priver de sa réserve aurait relevé de l'exploit. Les jeunes filles s'en tireraient très certainement avec un sermon de circonstance pour avoir enfreint le règlement...

« Miss PoirreFresh, allez cherchez miss Llyod je vous prie. »

Paddock Buttercup avait besoin d'être examiné rapidement. La bosse qu'il avait gagné n'était pas un problème, mais l'usage répété de chance liquide avait des conséquences. Une fois la jeune Serpentard partie en quête de l'infirmière, Elina se reporta son attention sur Aishani Singh.

« Miss Singh, si vous me montriez ce laboratoire ? »

L'indienne recula d'un pas, se protégeant les yeux d'une main, spectatrice effrayée devant ce duel de sortilèges. Jenny avait été d'une rapidité incroyable, malgré la relative lenteur de Paddock, mais le bruit de tonnerre de son sort avait dressé les cheveux sur la tête de la Gryffonne, alors que la professeure d'histoire de la magie terminait de neutraliser le jeune homme.

L'indienne regarda comme au ralenti le corps du jeune mage tomber à la renverse, se pliant d'avant en arrière sous l'effet du sortilège, sa face totalement ahurie, avant qu'il ne touche le sol dans un dernier lourd fracas. Sa baguette roula hors de sa main, sa valise claquait sur le sol de pierre... Était il mort ? Non, il grognait inconsciemment de douleur, ses yeux fermés, comateux.

C'était un choc pour la jeune fille, qui inconsciemment avait posé ses mains à ses oreilles, se tenant la tête, comme pour s'assurer que son esprit ne s'enfuie pas par là... Ces baguettes étaient dangereuses ! Absolument dangereuse ! C'était la première fois qu'elle était si proche d'un Stupefix !.. Un seul tir et la cible s'effondrait comme sous les effets d'un Taser... Ses yeux effarés passèrent de Jenny à la professeure, toujours la baguette dans sa main... Elle reporta son regard sur le corps étendu de Buttercup... Son autre main, glissa le long de son ventre sur le sol, et une petite fiole de potion vide roula hors de sa manche, dans un petit tintement de cristal.

Elle ne détourna pas le regard, entendant à peine Miss Montmort demander à Jenny d'aller chercher l'infirmière... L'indienne était dans une stupeur incontrôlée... Elle savait, elle savait que Pad le méritait, qu'il avait sorti sa baguette en premier, qu'il allait sans aucun doute tenter un sort bien plus terrible sur la professeure... Mais l'enfant à ce moment précis, s'en voulait profondément. Elle s'était retrouvée au milieu de cet échange de sortilège. Elle était responsable de ce qu'il venait de se passer... Elle n'arrivait pas encore à assimiler toute les conséquences de ses actions... Et cela la terrifiait...

"Miss Singh, si vous me montriez ce laboratoire ?"

La mention de son nom la fit brusquement reprendre pied avec la réalité. Toujours dans son esprit, elle dévoila une grimace choquée à la professeure, avant de répondre :

"Oui... Oui bien sur, professeure."

Mais l'indienne n'arrivait pas à avancer. Quelques secondes elle resta immobile, secondes qui semblèrent une éternité. Elle ne compris pas d'où elle trouvait la force de faire le premier pas, puis le second, puis le troisième... Sans qu'elle ne l'assimile, elle était déjà aux pieds de Buttercup, s'abaissant pour récupérer la valise. Si proche, il semblait aller bien, grognant et frémissant, ses yeux crispés mais conscient... Il semblait s'être cogné très fort sur le sol... L'indienne détourna les yeux, revenant vers le bureau de la professeure.

Elle posa la valise sur le bureau, l'ouvrant sur un contenu vide. Elle la referma, et manipula le petit levier à l'épreuve des moldus. Puis elle repris la valise, avant de la poser sur le sol, devant miss Montmort. D'un petit clic, celle ci se réouvrit, alors que l'indienne présentait l'entrée obscure du laboratoire de Pad Buttercup.

"Voila, professeure... Vous trouverez le laboratoire en dessous, avec trois marmites de préparation de Felix Felicis, et une armoire compléte remplies de fioles prêtes à la consommation..."

La voix de l'adolescente était faible... Quasi inaudible...

Elle tremblait.

Je restais quelques secondes aussi figée que Pad devant le spectacle. J'avoue n'avoir jamais cru un professeur d'histoire de la magie capable que quelconque prouesse en sortilèges... Il fallait avouer qu'elle était réactive et que le sortilèges choisi était impressionnant. Ma pauvre détonation avait finalement eu autant d’intérêt qu'un pull en plein mois d’août...  De plus le choix d'un sort bruyant n'était pas des plus judicieux si notre pauvre professeure avait des maux de tête... La prochaine fois je me garderais d'intervenir. 

La professeure semblait désormais plus énervée. J'essayais de garder contenance lorsqu'elle m'ordonna d'aller chercher l'infirmière. Mon regard vagabonda alors entre le corps immobile et la professeur puis je sortis en silence, aussi doucement que possible, comme si le moindre bruit encore allait briser l'atmosphère écrasante de la pièce. Celle-ci était comme une plaine après l'orage, tout y était calme, Aishani semblait peinée par les événements. Je n'y prêtais plus attention  et passait le pas de la porte.

Toujours muette j’airais dans les couloirs en fantôme, accélérais le pas au possible et laissait mon corps me mener à bon port tandis que mon esprit divaguait. La scène se rejouait encore et encore dans mon esprit, il était désormais presque impossible de me détacher du nom de "Buttercup", planté sur mes lèvres comme pour ne pas l'oublier. Il se répétait tant, résonnait dans les couloirs, comme un leitmotiv duquel on ne pourrait se passer...

J'entrais devant l'infirmerie, ne sachant que dire à madame Loyd je commençais de la manière la plus singulière : "Buttercup... Est immobile. Il ne trichera plus sur ce qu'il est, mais je doute qu'il soit très en forme. 'Comprenez...il voulait...il voulait..."

L'infirmière me demanda de me calmer et de lui expliquer clairement la situation, inquiète soudainement de ce qui avait pu arriver, elle ne tint même pas compte de mon manque de politesse. Aussitôt j’enchaînais plus clairement : "C'est une urgence. Dans la salle de Miss Montmort, c'est elle qui...qui m'a dit de venir vous chercher."

Alors aimablement elle daigna me suivre. Le chemin se déroula d'abord en silence puis elle essaya de glaner quelques informations malgré mon air hébété. J'expliquais qu'il était immobile, à cause d'un sortilège, qu'il avait attaqué le premier. Je repris finalement mes esprits et cessais de me morfondre. Je prenais conscience de la situation et le nom du sort lancé par miss Montmort me revint presque "...oui Stupeflip ou un truc du genre...  Voilà un sort qui rend immobile... Vous avez ce qu'il faut à l'infirmerie ?...  D'accord."

Enfin nous arrivâmes devant la salle, je laissais l'infirmière agir tandis que je me précipitai en direction d'Aishani. Sa présence m'était familière et me rassurait, maintenant que nous pouvions laisser la situation en charge à des adultes  je tenais à rester près d'elle.

Jenny PoirreFresh quitta la salle pour se mettre en quête de miss Lloyd sans se faire prier davantage. Lorsqu'Elina reporta son attention sur la jeune Singh, elle constata qu'elle ne quittait pas des yeux le corps inconscient de Paddock Buttercup. Quand elle s'adressa a elle, la jeune professeur eu droit à une grimace choquée qui la surpris et l'amena à se demander si c'était la première fois que la jeune sorcière voyait un sortilège lancé contre un autre sorcier.

"Oui... Oui bien sur, professeure."

La jeune fille resta immobile un moment avant de faire quelques pas hésitants en direction du Gryffondor stupéfixé. L'état de son élève commençait à sérieusement l'inquiéter. Elina ne quitta Aishaini Singh des yeux que le temps d'aller récupérer la baguette de Buttercup qui avait roulé non loin. Suite à quoi elle rangea la baguette du Gryffondor et la sienne dans sa poche, jugeant plus prudent de soustraire au regard de miss Singh l'objet probable de son traumatisme. La jeune Gryffondor vint poser la valise sur le bureau et la manipula un instant avant de la poser ouverte sur le sol devant la jeune professeure.

"Voila, professeure... Vous trouverez le laboratoire en dessous, avec trois marmites de préparation de Felix Felicis, et une armoire complète remplies de fioles prêtes à la consommation..."

La Gryffondor tremblait et sa voix était quasiment inaudible. Maintenant franchement inquiétée par son attitude, la professeure délaissa la valise, ne quittant toujours pas son élève du regard.

« Ça va aller miss ? Ne vous en faites pas pour monsieur Buttercup, il n'est que sonné. Il n'aura aucune séquelle de ce sort hormis peut-être la bosse qu'il se serait faite dans la chute. Miss Lloyd la fera disparaître en un tour de main et pourra s'assurer que son sevrage se passe sans accro. »

Sur ces mots, elle tira une chaise pour la jeune fille.

« Asseyez vous, vous tremblez comme une feuille. »

Jenny revint peu de temps après, accompagnée de l'infirmière. Tandis que la Serpentard rejoignait son amie, la jeune professeure présenta la situation à l'infirmière. Elina avait eu l'occasion de côtoyer miss Llyod plus souvent qu'à son tour que ce soit durant sa scolarité ou au cours des derniers mois. Tant et si bien que les deux sorcières pouvait entrer dans le vif du sujet sans perdre de temps en formalités. Une fois le cas de Paddock Buttercup présenté à l'infirmière, Elina demanda à la sorcière de bien vouloir examiner rapidement la jeune Gryffondor qui semblait toujours aussi traumatisée. Le Gryffondor félon attendrait encore un peu que l'on mette fin à son immobilité. Son cas ne présentait pas d'urgence et tant qu'il était dans cet état comateux, il ne souffrait pas des effets du manque de Felix Félicis qui le rendait des plus instables. Laissant les élèves aux bons soins de miss Lloyd, Elina se décida à explorer le contenu de la valise. Miss Lloyd avait sorti d'une poche de son tablier une tablette de chocolat de chez Honeyduck qu'elle proposa aux jeunes fille tandis que la professeure d'HdlM prenait appui sur le premier barreau de l'échelle menant au laboratoire de Paddock Buttercup. Quand ses pieds prirent contact avec le sol du laboratoire clandestin, elle se retourna pour avoir une vision d'ensemble des lieux. La salle était petite, mais bien agencée. On y trouvait tout le nécessaire pour réaliser des potions. Alambics, bocaux en tout genres et livres de potion se disputaient la place. Il y avait même un ingénieux système pour absorber la fumée générée par les chaudrons. Trois d'entre eux bouillonnaient doucement dans un coin. La jeune professeure n'eut pas à chercher bien longtemps les preuves du forfait du Gryffondor. Les chaudrons contenaient du Félix Félicis à différents stades d'élaboration et il y avait là quelques fioles remplies du liquide doré.

Elle devait bien reconnaître que le Gryffondor avait fait preuve d'organisation et d'ingéniosité dans son installation. Il avait dépensé dans l'agencement de ce laboratoire et la fabrication de Felix Félicis une énergie qui aurait été bien mieux employée à ses études et aurait pu lui permettre d'atteindre l'excellence dont il se vantait de manière honnête. Elina était toujours atterrée de constater que certains élèves étaient assez stupides pour mettre plus d'efforts dans l'élaboration de techniques de triches qu'ils n'auraient eu à en fournir pour étudier comme leurs camarades. En ayant assez vu, la professeure remonta l'échelle. Une fois sortie de la valise, elle la referma et la cala sous son bras. S'adressant à miss Singh, elle déclara.

« Je vais aller informer votre directeur et la directrice de cette affaire. Ils déciderons des sanctions qui s'imposent à l'encontre de monsieur Buttercup. »

Avant de s'exécuter, elle demanda à la jeune fille : « Vous vous sentez mieux ? »

La jeune professeur échangea un bref regard avec miss Lloyd, mais celle-ci semblait gérer parfaitement la situation. D'un léger signe de tête, l'infirmière lui signifia qu'elle pouvait partir tranquille. Rassurée, Elina tourna les talons pour se mettre quête d'Oliver Briggs.

Une fois le gros de l'action passé on se sent bien mieux. Pour l'instant la professeure n'a pas remarqué que certaines choses nous incriminaient aussi, et je ne compte pas lui en faire la remarque. Pad était à terre et immobile. Pourtant dans son regard il y avait quelque chose qui ne cessait jamais de bouger. Une lueur qui laissait transparaître toute la colère de ce corps immobile et qui me signifiait qu'il se vengerait. Inquiète parce que ses yeux laissaient entendre dans le silence je me tournais vers Aishani. La pauvre était bien trop dans ses pensées pour réfléchir aux conséquences. Elle fit savoir à la professeure qu'elle se sentait mieux.

Encore une fois la professeure s'adressa à ma collègue. M'ignorait-elle ? De toute façon je n'en avais que faire l'histoire de la magie n'était pas ma matière préférée. Puisqu'elle partait je fis de même. Rien ne nous retenait plus ici. Je fis signe à la gryffondor de me suivre mais elle semblait vouloir se reposer et manger encore un peu. Qu'importe.

Alors que je marchais dans le couloir j'eus la -mauvaise- surprise de rencontrer Lucrèce. "Eh toi ! Tu es la sale petite peste qui harcèle Paddock. Elle est où ta copine ?

Je choisis de l'ignorer. Rien ne servait de lui parler. Malheureusement elle me barra le passage et je daignais répondre : "Elle est encore là bas, laisse-moi passer maintenant !

- C'est quoi votre problème à vous deux ?

- C'est pas nous qui avons un problème, c'est Pad.

- Ne l'appelle pas par son surnom ! cria t'elle. Dis-moi ce qu'il s'est passé.

- Ton petit chéri fabrique du felix felicis pour être populaire, madame Montmort va avertir la direction et il sera sévèrement puni. Tu verras, il ne sera plus le même sans sa potion.

- Tais-toi petite idiote ! Tu mens !

- Laisse-moi passer maintenant."

Naturellement, Lucrèce n’obtempéra pas. Elle soupçonnait ses accusations d'êtres des mensonges enfantins et refusait de se contenter de ses explications. N'y tenant plus je fis demi-tour et me mis à courir en sens inverse. Par réflexe sans doute elle me courut après. Je n'étais pas spécialement rapide mais je parvins à la semer grâce aux escaliers qui se mirent en mouvement alors que je leur passais dessus. Je leur devais une fière chandelle.



Avec Aishani on ne s'est pas reparlé depuis cette dernière fois où l'on s'est vues. Je crois qu'après quelques autres bêtises elle a été renvoyée. Ou alors ce sont ses parents qui ont refusé qu'elle reste à poudlard. Quoi qu'il en soit elle me manque un peu...

Paddock est resté calme un long moment, pendant une période je ne l'ai plus du tout recroisé. Ces temps-ci je le croise parfois, mais il se contente de me lancer des regards noirs. Je suppose qu'à la moindre incartade il sera renvoyé... C'est tant mieux. Lucrèce elle fait comme si je n'existais pas, et comme si paddock non plus n'existait pas. Quand tout le monde a appris ce qu'il avait fait il n'a plus eu un seul ami. Je le plains un peu, il ne méritait peut-être pas une si grosse punition...

Hier Paddock m'a mis un coup d'épaule dans le couloir pour que je m'arrête. Forcément j'ai eu très peur de ce qu'il allait faire. Mais il m'a juste dit "L'heure viendra où je me vengerais. Quand tu baisseras ta garde et que tu t'y attendras le moins, tu paieras."