"Squouique !", cria le rat caché sous le lit, regardant avec des yeux ronds et les dents en avant, l'indienne qui fouillait sans se soucier de lui. Selon ses recherches, Pad n'avait pas d'animaux de compagnie, il n'était donc certainement pas son familier... Elle lui jeta donc un regard de prédateur, accueilli avec un éternuement de mépris par le muridé. Très vite, elle trouva une valise qu'elle sorti au grand air. Mais c'était une valise normale, de facture moldue...

Jurant intérieurement, elle tourna la tête vers Jenny, qui montait la garde à la porte. Pas une si mauvaise idée si quelqu'un arrivait... Elle revint au lit devant elle, vérifiant ses déductions. Les photos sur le tableau en liège représentaient toutes Pad Buttercup, ça devait être son lit... Oh ! Peut être pas en fait... Se rapprochant, l'indienne examina d'avantage les images. Non, ce n'était pas le lit de Pad, mais de l'un de ses acolytes... Une photo, la seule, de sa famille était perdue sous tout les portraits de Pad, presque disparue sous le nombre.

Aishani se passa la main sur le visage, légèrement perturbée par la découverte. Si ce qu'avait déduit Jenny était vrai, c'était peut être l'effet du Felix Felicis. Pad passait ses nuits avec ses camarades de dortoir. Il était impossible d'imaginer la dose d'exposition qu'ils avaient subis. Inquiète, elle tourna son regard vers les autres tableaux d'affichage. Des photos de Pad partout. A perte de vue. L'admiration avait tourné à l'obsession chez ces jeunes garçons. Et au vu du sourire radieux de leur idole, cela n'était pas pour lui déplaire...

"Diablerie..."

Ne put s'empêcher de marmonner l'indienne en s'éloignant du lit, afin de pouvoir revoir la chambre dans son ensemble. Elle n'avait pas vraiment le temps de voir tout les lits, elle devait trouver une solution pour être décisive dans sa recherche... Mais elle avait beau chercher, aucun détail ne ressortait, rien ne pouvant lui faire dire avec certitude que tel lit, tel coin de chambre, était bien celui de Pad Buttercup. A moins que... Ses yeux vinrent à l'affut de chaque tableaux de souvenirs. Tous étaient couverts d'images de Pad, sauf un qui semblait en avoir beaucoup moins. Elle s'approcha, inquisitive. Des images de groupes, des portraits à plusieurs, Pad portant des objets comme des trophées. Hmmm... Et surtout trois images en particulier, des portraits de famille... Sa mère surtout, Pad lui ressemblait tellement c'était fou...

Il y avait de fortes chances que ce soit le bon lit cette fois. Aishani tomba à genou, mais ne trouva pas de valise quelconque. Elle grimpa rapidement sur le lit, mais ne trouva pas de valise non plus au dessus. Évidemment, le Gryffondor était futé. Il avait du la ranger à un endroit un peu plus discret. L'indienne se gratta furieusement la tête, elle n'avait pas le temps pour ces bêtises... Puis soufflant un grand coup, elle décida de détailler précisément dans sa tête ce qu'elle voyait.

Le lit en baldaquin tout d'abord. Rien dessus, rien dessous, certainement rien dedans. Son dossier haut et en bois dur était collé contre le mur du dortoir. A sa droite, une petite commode d'appoint, collée dans un renfoncement à une haute fenêtre à loquet. Il y avait trois tiroirs tous suffisants pour une petite valise. A la gauche du lit, une haute et étroite armoire, pour les tenues, elle était légèrement ouverte, faisant paraitre la manche d'une des longues tenues de sorciers obligatoires. Elle était collée sur le même mur que le lit, laissant l’accès à côté à un renfoncement supplémentaire, menant à une fenêtre de plein pied, dont chaque morceau pouvait s'ouvrir séparément. Certainement pour les hiboux. Enfin, la lourde et profonde malle aux couleurs de la maison trônait devant le lit, elle aussi ouverte, son contenu mis en désordre l'empêchant de se fermer correctement.

Aishani croisa les bras, une moue se dessinant sur son visage. Elle tournait le dos à la porte, mais tendit l'oreille vers Jenny, toujours de garde. Elle l'appela :

"Jenny ? Si tu étais un rusé sixième année... Quels endroits seraient les moins probables pour planquer discrètement ta valise pleine de culpabilité ?"

Aishani jura, signe certainement que ses recherches n'étaient pas si fructueuses que je pouvais l’imaginer. Dans le couloir le silence était de mort mais ce n'est pas pour autant que je me sentais rassurée, je restais angoissée à l'idée de pouvoir être vue ici et finir dans le bureau de... ne pas y penser. Je ne finirais nulle part ailleurs que dans ma chambre tranquille et l'esprit aéré alors il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Mon cœur s'emballait malgré mon envie de faire preuve de patience et de calme, on ne choisissait pas ce qu'ordonnait notre inconscient.

Après un moment j'avais fini par me détourner du couloir pour jeter un œil pus appliqué à la chambre. Le nombre d'exemplaires de but était...affligeant. Comment pouvait t'on autant admirer un gros pif ? Non sans vouloir juger sur l'apparence, ce type était méchant et je me permettais d'attaquer le physique des gens méchants. Non vraiment cette admiration était effrayante, comme les dizaines de corps que l'on pouvait retrouver chez un tueur en série les photos s'entassaient de manière abusive, et comme chez ces mêmes tueurs une odeur nauséabonde et invisible embaumait la pièce, une odeur directement communiquée par mon instinct, celle de ma propre peur et celle de l'admiration malsaine, une obsession peu naturelle et qui faisait suinter par les parois de la pièce une odeur d'histoire qui va trop loin par-dessus évidemment les relents de testostérone et de déodorant bon marché pour sorcier.

Aishani cherchait depuis plusieurs minutes quand elle s'adressa à moi. Je réfléchis et pris soin de mesurer ma pensée. Il fallait en me mettant à sa place donc que je fasse preuve d'un minimum d'intelligence... mais c'était un garçon après tout aussi son seuil d'intelligence ne devrait pas être si dur à atteindre. Je décidais d'exprimer chacune de mes pensées dans l'espoir que l'une d'entre elles soit la bonne. "Dans une armoire... personne range sa valise dans une armoire alors ce serait une bonne cachette.." Mais Aishani n'avait-elle pas déjà fouillé les armoires ? Non c'était trop simplet comme cachette... "Dans un poêle ou une poubelle,ou dans une cabine des chiottes des filles fermée à clé de l'intérieur ! " les toilettes ce n'était pas une bonne idée, les elfes savaient défaire les loquets de l'extérieur... Un poêle celui-ci semblant chauffer cela impliquait une protection magique pour empêcher la valise de brûler mais au vu de la taille de celui-ci une valise n'y logeait de toute façon pas... Une poubelle, ben voyons ! Tu crois vraiment avoir la place dans une poubelle ? Non mais je vous jure... " Avec toutes ses valises magiques la meilleure cachette ce serait une autre valise. Ouais je mettrais ma valise dans celle de Daisy ma collègue de chambre. Ou dans une cachette secrète genre sous une latte ou dissimulée derrière une tapisserie. Il y a plein de possibilités en fait ! Mais quand on est suivi comme lui le dortoir et idéal, c'est là où il est le plus seul."

Pendant que Jenny réfléchissait à voix haute, Aishani ne perdit pas de temps. A la première phrase elle était sur l'armoire, l'ouvrant sans réellement se soucier de ce qu'il pouvait arriver. Une masse compacte de vêtement se déversa du haut du meuble, en direction de la jeune Gryffonne.

"Woup !"

D'un pas rapide en arrière, l'indienne tenta d'éviter l'éboulement. Elle y réussi presque si ce n'était pour une chaussette sale tombant sur sa magnifique chevelure. Elle se retourna vers Jenny, les yeux ronds et dégoutés, la chaussette lui faisant une nouvelle mèche fort peu esthétique.

Aishani soupira, s'arrachant la chaussette et la jetant sur le tas. Elle enjamba celui ci pour aller fouiller dans l'armoire, laissant la Serpentard continuer. Ne trouvant rien, et l'exprimant d'un mouvement de tête, elle passa ensuite à la poubelle sur le côté, mais celle ci était trop petite pour contenir le moindre accessoire de voyage. Elle passa donc à la suite des idées de sa camarade. D'abord, elle ouvrit la malle, mais ne trouva rien. Puis la malle proche du lit sur la droite, sans résultats. Jenny venait de terminer le cheminement de sa pensée lorsqu'Aishani se déplaça vers le lit sur la gauche.

"Avec de la chance...", d'un mouvement elle tenta d'ouvrir la malle mais celle ci résista :"Oh ! Une malle fermée, nos chances augmentent..."

Elle tomba à genoux, sortant de sa chevelure deux petites aiguilles en acier noir qu'elle inserra à l'extérieur. Deux minutes et une centaines de petits cliquettements plus tards, la serrure cedait, laissant à l'indienne la possibilité de continuer sa recherche. Gardant les crochets serrés entre ses dents, elle commença à fouiller l'intérieur de la valise, enlevant quelques vêtements. Surprise par ce qu'elle découvrit, elle siffla de contentement.

" ♪♫ ! Deux valises, dont une qui ressemble très fortement à la mienne ! Bien joué, Jenny !"

Elle sortit une valise au patchwork rouge et marron, de taille et de facture quasi identique à celle de la Gryffondor, qui trainait toujours au milieu de la pièce. Rapidement elle l'amena à proximité, avant de bidouiller son ouverture. Elle l'ouvrit une fois, dévoilant un contenu de valise normal.

"Nope", commenta t elle, refermant la valise :"Où est le mécanisme déjà... Ah ! Le voila."

Elle l'ouvrit à nouveau, dévoilant cette fois ci un trou béant à l'intérieur, accompagné d'une petite échelle. Aishani était aux anges, gloussant pour elle même.

"Ufufuh, je me doutait que c'était un truc de ce genre..."

Sans attendre, elle sauta rapidement sur le palier, descendant avec agilité à l'intérieur. Une dizaine de seconde plus tard, une voix sortit de la valise.

"Jenny ?.. Il faut que tu vois ça..."

Aishani en avait les bras qui tombaient. Autour d'elle, sur une salle de bonne taille, c'était tout un atelier de potion qui se présentait. Des flammes, des alambics, une véritable bibliothèque de bocaux en tout genres, étiquetés précisément. Un étrange objet, ressemblant à un aspirateur, était collé au plafond, aspirant sans se lasser l'ensemble des fumeroles diverses sortant de la plupart des chaudrons et expériences en cours. La salle était étrangement éclairée, par de petits globes de lumières volants avec nonchalance. Il y avait beaucoup d'objets animés : Des louches, des pichets, automates perdus dans leurs tâches monotones, s'activant et s'arrêtant en fonction d'instructions obscures. Un bureau se trouvait dans un coin, couvert de livres ouverts et fermés...

Enfin, dans un coin, trois chaudrons de taille moyenne, chacun bouillonnants légèrement. Ils semblaient à différents états d’exécution. Le premier était rempli d'une potion d'un blanc argenté, touillé avec attention par une louche en pierre. Le second était plus doré, bouillonnant doucement. Le troisième avait son liquide brillant d'une couleur d'or pur, à peine frémissant, attirant l’œil et le regard. Juste à côté une petite étagère, avec tout un tas de petites fioles en diamant, bien rangées. Il y en avait plusieurs dizaines, toutes vides, à part une poignée, remplie du liquide doré.

Aishani n'était pas à proprement parler très agile. Elle semblait vive et ne pas manquer d'activité sportive mais cela n'empêchait pas ses gestes d'être maladroits et même désordonnés parfois. Elle réussit à faire tomber bon nombre de vêtements d'un meuble. Je ris de constater qu'elle ne put esquiver une chaussette dont la propreté même d'ici semblait laissait à désirer.

Elle finit par me répondre. La chance... la chance tenait simplement du hasard. Là il ne s'agissait pas de chance que de finir par trouver une potentielle suspecte. Une malle donc...fermée à clé. Je ne trouvais pas que cela nous arrangeait, bien au contraire. Mais pour la gryffondor une serrure n'était qu'un obstacle anodin. Après un long moment d'acharnement de sa part le coffre s'ouvrit. J'étais impressionnée qu'elle déverrouille la chose à la main sans même essayer alohomora. Peut-être était-elle moldu d'origine pour avoir ce réflexe plutôt que celui d'utiliser sa baguette ? Je gardais en tête pour plus tard cette question que je rêvais maintenant de lui poser, où as-tu diable appris à crocheter des serrures avec des pinces à cheveux ?

Finalement dedans elle fit la trouvaille tant espérée. Elle sortit une valise semblable à la sienne et je m'approchais ne résistant pas à l'appel de la réussite. Je jetais tout de même un œil au couloir, la gorge nouée par la peur d'entendre des pas, mais je me résignais à oublier le danger pour regarder Aishani crocheter. Qu'elle était fascinante lorsqu'elle fixait ainsi ces petits bouts de métaux qui œuvraient doucement. Comment pouvait-elle être assez maladroite pour faire chuter toute une pile de vêtements et assez habile pour effectuer un tel travail de minutie ?

Je fus déçue de constater que la valise était ordinaire mais satisfaite de la voir s’ouvrir à nous pour de vrai lorsque ma collègue eue trouvé le mécanisme qui le permettait. Je souris en entendant sa voix m’appeler du fond de la valise. Je pénétrais à mon tour dans l'antre de notre suspect et restait bouche entrouverte un instant devant la splendeur du lieu.

- Enfin nous y sommes...

Je laissais mes yeux aller d'un objet à l'autre admirant le génie de ce détestable jeune homme. La couleur du contenu des gros chaudrons me tapa immédiatement à l’œil. Je la reconnaissais bien même si je n'avais pu la voir qu'en livre. Il en fabriquait donc en boucle, usant d'instruments automatisés sans arrêt. Et le talent que lui donnait la potion lui permettait certainement de réussir tous ses sorts et toutes ses autres potions et ainsi il pouvait éternellement en produire sans que personne ne déjoue son cercle de vicieux.

- Eh bien voilà nos chaudrons... Elles sont en cours...presque finies pour la plus dorée. Je te déconseille ne serait-ce que d'y goûter. Tu y serais vite accro et cela mettrait à mal notre envie de faire le bien... Que faisons-nous désormais ? Amenons-nous la valise à un professeur ? Il me semble que c'est le mieux à faire...

L'indienne fronçait les sourcils. Dans un lieu aussi théâtralement magique, l'indienne n'éprouvait que dégout et colère. Tout ce déballage de puissance pour un but aussi pervers et égoïste qu'un peu de chance en bouteille... La Gryffondor en était révulsée...

"J'ai juste envie de tout détruire... Sang noir, tout ceci est répugnant..."

Elle ferma ses poings, serrant si doigt si fort que ses jointures en devinrent blanche... La douleur articulaire lui permit de garder le contrôle...

"Oui... Un professeur serait parfait... Mais qui ? Mon Directeur de Maison ? Non, il est tellement à notre contact qu'il est certainement depuis longtemps sous le charme... La prof de Potion ? Elle était sous son charme avant... Botanique, Sortilèges, Divination, Métamorphoses... Ce n'est pas leur spécialité... Non, il nous faut un prof qui s'y connaisse en Droit, qui sera capable de voir les preuves, et de garder un esprit totalement objectif sur la situation... La Directrice s'y connaitrait, mais elle n'est pas fiable avec toutes ces rumeurs à son sujet... Peut être la jeune prof d'Histoire de la Magie ?.. J'veux dire, si elle fait de l'Histoire, elle doit s'y connaitre en trucs bizarres et hors la loi... Aïe !"

L'indienne vint porter ses doigts à sa tempe, un mal de tête fulgurant venant lui percuter le crâne... Ca ne voulait dire qu'une chose...

"Jenny, notre temps est écoulé... On doit sortir d'ici et vite ! Allez !"

Poussant sa camarade vers l'échelle, l'indienne monta rapidement à sa suite hors de la valise. Les deux jeunes filles se retrouvèrent à nouveau dans le dortoir des garçons, bien plus dérangé que lorsqu'elles étaient arrivées. Elles n'avaient pas le temps de couvrir leur méfait...

"Jenny ! Saute dans ma valise ! J'ai un plan pour sortir d'ici, mais personne ne doit te voir !"

Alerta Aishani, poussant littéralement la Serpentard dans sa propre valise ouverte. Alors que sa camarade descendait, la Gryffondor sauta sur la valise de Paddock, la fermant en vitesse, avant de la jeter dans sa propre valise, aux pieds de Jenny. Elle lança un dernier regard à la jeune fille dans la pièce minuscule.

"Accroche toi, ça va secouer..."

Puis elle referma la valise d'un mouvement sec, verrouillant son contenu. Un nouveau pic de douleur se fit plus pressant... Paddock ne devait pas être très loin... Se redressant, l'indienne se saisit de sa propre valise et se précipita vers l'escalier extérieur... A peine eut elle ouvert la porte qu'elle aperçu un garçon plus âgé remonter l'escalier. Les deux restèrent interdits une poignée de seconde. Aishani reconnaissait l'un des acolytes de Paddock, celui ci la voyait sortir de leur chambre.

"Hey ! Qu'est ce que !.."

A peine commença t il à réagir qu'Aishani posait un pied sur les marches de l'escalier. D'un coup, une alarme se fit entendre et l'escalier sembla se tordre bizarrement, comme se préparant à éternuer. L'indienne comptait sur cela. Elle allait se précipiter en avant, mais l'escalier ne lui en laissa pas le temps, les marches se rétractant soudain en une pente abrupte et glissante, long toboggan qui ne fit aucune différence sur ses occupants. Aishani et le sbire dégringolèrent en coeur, leurs grognements de douleurs accompagnant leur chute jusqu'à la salle commune.

Le garçon chut en premier, s'étalant de tout son long dans un grognement surpris, avant que tout le poids de la première année sur son dos ne vint lui faire pousser un hurlement de douleur surprise. Aishani ne perdit pas de temps. Immédiatement relevée, elle fila avec sa valise en direction de la porte du dortoir, évitant ses camarades, échappant aux regards du préfet qui se précipitait vers l'escalier des dortoirs. Son mal de crâne lui bourdonnait la cervelle... Bon sang, Paddock était tout proche...

Elle poussa l'arrière de la Grosse Dame de toute ses forces, qui hurla de surprise dans un bruit aigu. La chance n'était plus de son côté. Devant elle, Paddock Buttercup et sa clique, qui étaient en train de rentrer.

"Hey ! Je te connais toi, non ?"

Aishani n'eut pas le temps de s'arrêter, elle lui fonça dessus, le heurtant au niveau de l'épaule. Cela lui fit lâcher une petite fiole dorée qu'il cachait dans sa main, qui vint se briser sur le sol, répandant son contenu. Les deux Gryffondors s'arrêtèrent pour contempler l'accident, dans un instant étrangement figé, tout deux bien au courant de ce que cela voulait dire... Derrière, un grand cri éclata depuis la salle commune.

"Pad ! Elle a volé ta valise !"

Celui ci eut le visage qui passa de la confusion à la sidération, alors que son esprit faisait le point sur la situation. Aishani fila hors de portée, n'ayant aucune envie d'attendre que le sixième année ait saisi ce qu'il se passe. Mais Pad était rapide, elle n'avait pas fait vingt mètres qu'il avait déjà sorti sa baguette, une grimace de colère se dessinant sur sa tête ronde :

"Accio Laboratoire !"

Aishani continua dans sa lancée, sautant et descendant les escaliers quatre à quatre, totalement imperméable au sortilège. A l'intérieur de la valise de la Gryffondor par contre, Jenny pu voir la valise de Pad commencer à léviter légèrement dans l'air, avant de se précipiter telle une furie vers son ouverture, se cognant avec un choc sourd contre le couvercle. Elle resta à pousser quelques secondes sans succès, avant de léviter plus bas, puis foncer de nouveau sur le couvercle, tentant par la force d'en fracasser l'ouverture...

Aishani sauta par dessus la rambarde, alors que l'escalier était en train de tourner vers un nouveau positionnement. Elle avait beaucoup de chemin à parcourir avant de redescendre au 1er étage... Derrière elle, Paddock Buttercup, apoplectique, vociférait des ordres d'une voix stridente :

"Rattrapez la, bande d'abrutis ! Cette valise est plus précieuse que vous tous réunis !"

Quatres Gryffondors de sixième année se précipitèrent dans les escaliers, baguettes dressées, courant après l'indienne. A l'intérieur de la valise, celle de Paddock continuait de fracasser l'entrée.

Sa réaction était excessive, mais je la trouvais justifiée. Après tout Pad était un être abject et son talent pour les potions ne justifiait en rien ses actes. Il agissait en adolescent manquant de confiance en lui. Il avait eu son heure de gloire mais c'était désormais terminé et j'en étais bien heureuse. Si je dépréciai rarement des gens, j'avais une aversion particulière pour ceux qui se servaient du savoir qu'on leur enseignait à mauvais escient. Ils étaient, d'après ma définition du mot, des vilains, des méchants, des pillards, des bandits, des malotrus que je réduirais bien en bouillie.

Aishani fit la liste des professeurs auxquels nous pourrions demander assistance. Malheureusement la liste des professeurs auxquels il était impossible d'en parler était bien plus longue que celle des professeurs fiables. Qu'elle propose d'aller voir la directrice m'arracha un frisson . Si cette femme était plus gentille qu'il n'y paraissait, son regard de pierre n'en était pas moins effrayant. Je n'avais aucune envie de retrouver ces deux topazes brûlants ni cet immonde œil flottant qui surveillait l'entrée du bureau. Je soupirais de soulagement en entendant le nom de notre professeur d'histoire de la magie. D'un sérieux implacable et d'une gentillesse infinie, elle était une aide parfaite.

Soudain Aishani plia à nouveau sous le poids de céphalées. Mon premier réflexe fût d'avancer d'un pas vers elle. Inquiète, je mis quelques secondes à comprendre ce qu'elle me disait. Mon cœur accéléra presque autant que mes pieds. Je me précipitai dans l'échelle sans rien dire de plus, cessant d'instinct de penser aux douleurs de ma collègue. Une fois dehors j'obéis immédiatement et me rendit dans la valise de la rouge, non sans me tordre une cheville sur les barreaux. Arrivée en bas je secouai celle-ci en regardant l'issue se fermer. Je m'assis tandis que le sol sembla se dérober sur mes pieds. Je compris qu'elle n'entrait pas et qu'elle allait elle-même me faire sortir de là.

J'entendis une voix assourdie par les parois de la valise, trop lointaine pour comprendre distinctement ce qu'elle disait. J'étais inquiète mais étrangement rassurée d'être cachée dans cette valise. Les meubles restaient parfaitement en place malgré de forts tremblements, la magie était décidément très impressionnante. Je me levais tant bien que mal, intriguée par quelque chose... Sur le bureau se trouvait le carnet dédié à Pad. Je me dis qu'Aishani avait du le laisser là accidentellement, nous en aurions peut-être besoin si nous nous retrouvions face à miss Montmort. Je n'aimais pas toucher à ce qui ne m'appartenait pas mais dans le doute je glissais l'objet dans l'une des poches de ma robe.

Le mouvement se fit plus doux...puis inexistant. Pensant à une fin je m'assis sur le lit et soufflais un coup remerciant les dieux d'être encore en vie. Mais tout ne pouvait se passer ainsi. La valise de Pad qui avait glissé à un ou deux mètres de moi sembla prise d'une rage folle. Je la supposais ensorcelée pour se comporter ainsi. Elle heurta la trappe, je compris qu'elle voulait sortir mais restait figée devant le spectacle n'osant rien faire. Puis on se remit à bouger et je m'accrochais comme je le pouvais sans lâcher la valise du regard. Cette valise allait casser la trappe, je décidais d'agir.

"Alohomora !"

Je me concentrais autant que possible malgré la situation contraignante. Malheureusement ce n’est pas la trappe qui s'ouvrit, ce fût la valise. Je ne sus alors que faire.

Voyant la valise tomber au sol je me dis qu'y entrer ne serait pas mauvais. Finalement je m’exécutais. Après tout si cette valise voulait retrouver son propriétaire il fallait tout tenter pour ne pas la perdre quand il la retrouverait. La valise se remit en mouvement quand j'y entrais et je tombais de l'échelle plus que je n'en descendis. Contre la trappe le couvercle se referma bruyamment me laissant seule dans cette valise.



Alors que Jenny s'interrogeait sur son sort à venir, Aishani ,elle, courait encore et encore pour fuir son adversaire. Mais vint le coup fatal pour sa malle, la trappe qui retenait la valise de Pad prisonnière s'ouvrit bruyamment laissant celle-ci rejoindre son propriétaire. La trappe en s'ouvrant avait été endommagée mais les dégâts n'étaient que moindres et un simple sortilège de réparation suffirait à la remettre en état. Cependant la seule et unique preuve dont les filles avaient besoin venait de retomber entre les mains de Pad qui rentrait désormais précipitamment dans son dortoir sans savoir qu'il transportait avec lui un drôle de passager.

L'indienne courait dans les escaliers de la tour principale, maintenant une longueur d'avance correcte sur ses poursuivants. A chaque détour, elle tournait légèrement la tête, vérifiant la poursuite, bien trop habituée à l'exercice pour une simple première année. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans ce genre de situation.

Aisha avait eu une première année de collège folle et pleine d'aventures. Les joies de l'enseignement intermédiaire s'étaient alliées à la découverte de nouvelles libertés totalement inédite à la jeune fille, alors qu'elle devait désormais aller et rentrer seule du collège chaque jour de la semaine. Ce qui fut d'abord une expérience terrifiante, se révéla bientôt tout un nouveau terrain de jeu à explorer, plein de mystères et de dangers. Vive, intelligente, et paraissant bien plus âgée qu'elle ne l'était, elle se lia rapidement d'amitié avec un groupe de marginaux de quatrième année, qui lui firent découvrir le milieu des soirées de Manchester, où les petits criminels en culotte courte sautent les palissades des propriétés, afin de trouver les meilleurs chemins vers les concerts clandestins du quartier, perchés en hauteur pour éviter le regard des adultes. La jeune fille y avait appris l'escalade, l'art du crochet pour ouvrir les petites barrières. Elle y avait découvert son goût pour la musique alternative, ainsi qu'un certain talent pour les fuites endiablées. La demoiselle n'avait pas son pareil pour décamper.

Elle était confiante, tout ces sorciers étaient bien en deçà de ses capacités physiques... Mais dans les couloirs étriqués du château, plein de foule étudiante, et avec la possibilité à tout moment de se recevoir un sortilège dans le dos, rien n'était vraiment assurée. La jeune fille avait entendu parler d'un sortilège capable de faire perdre en quelques secondes toute la chevelure d'une personne. Il lui arrivait de se réveiller en sursaut la nuit, suante et traumatisée, à l'issue d'un cauchemar de ce genre. De fait, elle ne laissait pas un instant sa personne dans une ligne directe avec ses poursuivants. Sautant, feintant, se cachant parmi les étudiants.

Cette nature insaisissable perturbait profondément ses poursuivants, peu habitués à ce genre de situation. Plusieurs fois l'un d'entre eux pensa l'avoir dans sa ligne de sort avant de se retrouver bloqué par une armure, un élève choqué, ou le regard menaçant d'un tableau renfrogné. Les sixièmes années couraient toujours pourtant, leur loyauté toute dévouée à Pad, qui les suivait en soufflant comme une locomotive. Alors que l'indienne filait hors de vue dans les méandres du premier étage, il s'arrêta sur l'escalier, soufflant à s'en tordre les poumons... Complétement essoufflé, il releva sa baguette, murmurant dans un souffle :

"Uff. Accio Laboratoire... Arrh..."

Son échec précédent ne lui laissait que peu d'espoir sur son nouvel essai. Mais sa baguette sembla ferrer quelque chose ! Les yeux écarquillés, Buttercup tira d'un coup pour raffermir sa prise.

Aishani déboula en trombe dans le couloir menant à la salle d'Histoire de la Magie. Après avoir terminé sa course dans un dérapage contrôlé, elle testa la poignée mais trouva la porte fermée. Paniquée, elle se mit à tambouriner sur la porte.

"Professeur ! Professeur ! Ouvrez s'il vous plait !"

Mais aucune ne réponse ne vint immédiatement. Ce fut à cet instant précis que le couvercle de sa valise craqua sur lui même et vola en éclat, laissant une valise furieuse s'échapper dans l'air, avant de repartir dans le couloir en arrière.

"Non !" Cria l'indienne, la valise de Pad Buttercup filant dans le couloir, disparaissant de sa vue. Elle n'eut pas le temps de s'émouvoir de sa perte, car l'accessoire croisa le chemin du plus rapide de ses poursuivants. L'indienne sauta hors de vue, filant dans un couloir secondaire.

Oh la chance ! Oh. La. Chance !! Il l'avait ferré ! Il la sentait revenir ! Sa valise ! Son laboratoire ! Sa vie ! La sienne ! Qu'il croyait volée. Pad accueilli de ses deux bras sa valise, la serrant fort contre sa poitrine. Magnifique objet. La somme de toute sa douleur, de toutes ses épreuves à l'intérieur. Le résultat de plusieurs années de planification. Oh on ne le reprendrait pas, il n'était pas question qu'on la lui vole de nouveau... Il ne savait pas qui était cette Gryffondor, c'était la deuxième fois déjà qu'il la voyait fureter dans ses affaires. Elle serait facile à trouver avec un peu de chance liquide. Et alors... Et alors, il la ferait parler. Comment savait elle ? Que savait elle ? Quitte à utiliser un sortilège de séduction pour lui tirer les vers du nez...

"Pad ? Oh te voila ! Je t'attendais devant ta salle, tu sais !"

Le Gryffondor tourna la tête, se faisant prendre à partie par sa si belle petite amie. Oh Lucrèce, si belle, si cruelle, si insaisissable auparavant. Presque parfaite maintenant. Elle l'embrassa avec passion, avant de le regarder avec des yeux renfrognés.

"Tu sais que je n'aime pas être en retard, Pad. Allons, allons ! Nous avons un cours d'Histoire de la Magie qui nous attends !"

"Lucrèce ma belle, je dois remonter au dortoir poser ma valise. Je te rejoins plus tard."

La jeune Serdaigle passa son bras dans son bras, se serrant contre lui.

"Et ne pas arriver ensemble en cours ? Allons Pad, tu n'y penses pas. Notre couple fait la jalousie de toute l'école, il n'est pas question que je laisse quiconque émettre une mauvaise rumeur à notre sujet..."

Elle le regardait, sibylline, son regard d'un bleu si limpide qu'il en montrait tout l'ouragan intérieur. Pad déglutit, bien conscient qu'au moindre faux pas, il risquait deréveiller le dragon qui dors. Il lui sourit, timidement.

"Bien sur Lucrèce, tu as raison. Ma valise peut attendre..."

Les deux sixièmes années, l'une princière, l'autre dépité, terminèrent de descendre l'escalier. Ils retrouvèrent leurs acolyte quelques couloirs plus tard, avant de se rendre en cours, comme si de rien n'était. Aishani avait épié leur entrée.

"Bon sang... Jenny...", gémissait elle en se mordant l'ongle du pouce : "Où es tu passée !?"

Seule dans une valise... Autour de moi le décor de tout à l'heure que je redécouvrais. Rien avait bougé, ni les potions ni les fioles. L'endroit si il n'était pas très grand avait permis à Pad de se créer un véritable paradis potionniste. Je réfléchis à mon plan et le pensait soudainement insensé. Trop d'imprévus pouvaient le mettre en péril.

L'heure du déjeuner était terminée et tous les élèves rentraient en cours à cette heure. Moi j'étais là, dans une valise, comment allais-je donc expliquer à mon professeur que si je n'étais pas dans son cours c'était parce que j'avais séjourné dans la valise d'un escroc ? Ce n'était pas dans mon habitude de louper les cours... cela signifiait qu'ils le remarqueraient sans doute et m'en tiendraient rigueur pour s'assurer que je reste une élève modèle. Sans que je le veuille mon cœur battait la chamade. Je n'avais manqué des cours que pour de la neige lorsque j'étais petite. Là je les manquais de manière délibérée. Je n'avais pas le choix mais j'étais certainement la seule à le penser... Les possibles conséquences m'angoissaient particulièrement. Et si mon père l'apprenait ? Et si on m'envoyait dans le bureau de... Je coupais court à mes pensées pour me ressaisir.

Je soupirais lentement et m'assis sur le sol. Que faire maintenant ? Je fixais les fioles prêtes à la consommation... si j'en prenais je trouverais certainement une idée... C'était criminel mais personne n'en saurait rien... Je chassais rapidement l'idée de ma tête. On m'attraperait forcément. Pad s'en servirait pour m'accuser moi plutôt que lui ou une excuse dans le genre. Mais lui non plus n'avait pas pris de potion depuis un moment, sa réserve était là-devant moi, et lui n'avait rien. On remarquerait vite l'imposture et avec de la chance Aishani reviendrait ici me sauver...

Les chances que ma collègue rouge vienne étaient plus moindres que celles que ce soit Pad qui me surprenne directement. Je fixais ma montre. Il était l'heure que j'agisse par moi-même et sans attendre d'aide des autres. Je devais montrer que moi aussi j'en étais capable ! Bon trois possibilités, ou Pad était en cours et moi avec, ou nous étions dans le dortoir de Gryffondor, ou il avait caché sa valise totalement ailleurs... Quoi qu'il en soit il allait bien falloir que je sorte un jour. Je mis mes mains dans mes poches et fixait la trappe. Serrait le petit carnet dans ma main comme pour me donner du courage et... le petit carnet ? Je fronçais les sourcils et le sortit de ma poche. C'était le carnet d'Aishani ! Il y avait dedans une myriade d'informations sur Pad... m'en voudrait-elle si je le feuilletais ? Oh de toute façon c'était une situation d'urgence, elle ne pourrait pas me reprocher d'avoir tout fait pour que nous réussissions à arrêter ce criminel.

Voyons voir... une liste de ses amis, trop longue. Un répertoire des actions louches... je remarquais qu'elle avait rajouté l'événement de la bombe de peinture à sa liste... Je me souvins de ce jour, pas si lointain où tout avait commencé. J'aurais pu me contenter de regarder Aishani passer sans réagir ce jour là. Que m'avait-il pris de me lancer dans pareille aventure ? J'étais trop sage pour aimer ce genre de petites aventures... pourtant l'adrénaline dans mes veines et quelques hormones dans mon cerveau me criaient le contraire.Qu'aimais-je le plus dans tous ça ? Les aventures ou Aishani ? La question ne se posait pas, j'avais la réponse bien ancrée en tête.

Je fuis de mes pensées et revint au carnet. Les pages défilaient et rapidement je trouvais l'essentiel, l'agenda. Je cherchais quel cours était censé avoir Pad. Histoire de la magie ? C'était idéal... J'allais devoir sortir alors autant le faire maintenant, dans un cours animé par une professeure que je savais gentille. Ce n'était pas à elle qu'Aisha voulait dénoncer Pad ? C'était elle.

Je me relevais et pris mon courage à deux mains. Sortir me faisait peur, mais c'était la seule chose qui me sortirait de cet enfer de bulles et de chaudrons brûlants. Même si la pièce m'aurait paru formidable en temps normal, elle me paraissait simplement de plus en plus oppressante. En passant devant l'armoire avec les fioles je ne résiste pas à l'envie d'en prendre une. J'avance vers l'échelle. Je pose une main sur mon estomac, je peux sentir le lointain battement des tambours de la destinée, dont l'allure est plus que vive. Je gravis les barreaux uns à uns. Aussi lentement que possible pour retarder l'échéance. La trappe...Je posais ma main sur la poignée et la poussais un peu. Un interstice me laissa regarder l'environnement extérieur. Pieds de tables, de chaises et d'élèves, nous étions en cours. Alors c'était parfait, nous étions en cours.

Je me rendis compte en regardant ma montre que l'heure était plus avancée que je ne le pensais. Il me fallait me dépêcher de trouver un moyen de partir. Je sortis ma tête intégralement. Pad et sa copine avaient choisi une place idéale, bien au fond de la salle ! Je repérais la porte, à peine à deux mètres de moi. L'idée de sortir et de m'exposer à la vue de tous me faisait trop peur, je préférais essayer de sortir discrètement. Je levais le regard, Pad était affalé sur sa table contre la jeune fille à côté de lui...dégoûtant. Je n'entendis que des murmures et le grattement d'une craie. Si j'avais de la chance la professeure serait assez occupée à faire écrire sa créée pour ne pas me voir. Le plus silencieusement possible de sortir un bras et posait une main au sol. Je fis attention à la fiole et la glissais dans ma poche pour libérer mes mains. Puis petit à petit je m'extirpais entièrement. Je glissais jusqu'à la porte et m'accroupis juste pour tirer la poignée. Une fois la porte entrebâillée je m'y glissais avant d'atteindre le couloir sur le ventre. Je poussais un long soupir de soulagement et me relevais pour regarder la salle. J'y voyais les élèves me faisant dos et la professeure qui parlait à nouveau. En silence je fermais la porte mais pas entièrement pour ne pas avoir à enclencher la poignée qui était trop bruyante. Cela fait je me relevais et observais cette fois le couloir.

Je souris en voyant Aishani et m'adressais à elle en chuchotant. "Mon dieu, enfin je te retrouve ! Si tu savais comme j'ai eu peur. Bon, dès que le cours est fini on va voir miss Montmort ! Et la valise est dans la salle... juste à côté de Pad. Il est assis tout au fond, si on tendait le bras à la porte la bas on pourrait l'attraper mais ce serait courir le risque de se faire prendre. J'ai même pas osé fermer la porte tant j'avais peur de me faire chopper !"

L'heure passait, les minutes s'égrenant avec une lenteur écrasante. Aishani n'avait pas bougé, se cachant derrière l'une des statues du couloir, à l'abri des regards. Elle devait faire quelque chose, mais elle ne savait pas comment le faire. Alors elle attendait, rongeant son ongle, indécise. Que pouvait elle faire maintenant ? Pad avait de nouveau la valise, Jenny avait disparue avec elle. L'indienne supposait qu'elle était rentrée dans l'autre valise... Pourquoi Jenny ? Pad te trouverait immédiatement... Elle regarda sa propre valise, les barrettes d'ouverture défoncées, l’empêchant de la fermer de nouveau... Pour passer le temps, elle alla chercher à l'intérieur une bobine de ficelle pour la refermer correctement... Les minutes continuaient à tomber les unes après les autres ... lentement ... silencieusement ...

Puis un bruit, l'ouverture fugitive d'une porte. Aishani tendit son regard. Une forme menue sortait de la salle de cours... Jenny !? Elle avait réussi à sortir sans se faire repérer !! L'indienne se précipita à sa rencontre avec toute la vitesse de ses pas silencieux. Arrivée à sa hauteur, Aisha allait dire quelque chose, mais Jenny fut plus rapide. Dans un flot soutenu, la Serpentard la tint au courant de la situation.

D'une main, l'indienne tira Jenny sur deux pas, les éloignant de la porte toujours entrouverte. Elle s'approcha de son visage, fronçant les sourcils.

"Tu m'as fait sacrément peur aussi, Jenny !", chuchota t'elle avec force : "Je ne savais pas où tu étais, si tu avais été capturée, ou pire encore un truc magique, non identifié...", ses yeux étaient humides :" Mais tu es là désormais..."

Elle jeta un regard dans le couloir vide, vérifiant que personne ne venait. A cette heure, les cours n'allaient pas tarder à terminer.

"Bon, qu'est ce qu'on fait ?", chuchotait elle toujours : " Si on veut agir avec miss Montmort, c'est maintenant ou jamais ! On n'aura pas d'autres chances d'avoir Pad, sa valise et nous même dans la même pièce... On n'a pas le choix... Même si c'est très dangereux..."

Elle s'interrompit, son regard braqué sur le sol, concentrée. Pad essaierais certainement de quitter le cours en vitesse pour se précipiter dans son dortoir, et cacher de nouveau sa précieuse marchandise. C'était l'instant décisif, et il n'était pas question de le manquer. Elle releva la tête, déterminée.

"On n'a pas le choix... J'dis qu'on entre à la fin du cours avec fracas et on l'accuse publiquement. On a tout ce qu'il faut ! Mon carnet ! La valise et son contenu ! Nos deux témoignages. Tant pis si c'est public. Tant pis si on mets miss Montmort en difficulté. Il faut absolument qu'elle nous écoute sinon cette histoire n'en finira jamais..."

Aishani s'approcha de nouveau de la porte, afin de jeter un coup d’œil à l'intérieur. Du peu qu'elle voyait, la plupart des étudiants continuaient à gratter le papier. Elle se prépara mentalement à ce qui allait arriver...

Qu'Aishani ne dissimule pas son inquiétude me surprit. Elle qui était si adepte des interdits était finalement capable de s'inquiéter de quelque chose. Elle gardait le sens du danger même en vivant ses petites aventures hors la loi. Cela me donnait l'impression de pouvoir lui faire confiance pour me garder saine et sauve même si j'étais seule responsable des risques que je prenais. Ses yeux luisants démontraient qu'elle avait assez d'affection pour moi pour s'inquiéter réellement. Je culpabilisais un peu de l'avoir ainsi abandonné mais si j'étais restée dans sa valise nous en serions au même point. De plus j'avais récupéré cette fiole qui...pouvait potentiellement servir de preuve.

Entrer dans un grand fracas ? C'était une manière d'être sûr de se faire remarquer... Être le centre de l'attention c'était tentant d'un côté mais un peu prétentieux d'un autre. Et il fallait prendre en compte que depuis son absence notre professeur n'était plus aussi joviale et vivante qu'avant, elle vivait de soupirs entrecoupés de regards sévères depuis le retour des vacances. Fort heureusement elle restait gentille avec les élèves, mais je doutais qu'elle le reste si nous venions à l’interrompre avec fracas. Non il fallait arriver tout juste à la fin et interrompre les élèves quand ils rangeraient leurs affaires plutôt qu'elle quand elle finirait son cours. Parlant sans qu'on puisse nous entendre j’enchaînais : "Non, être brutaux diminuerait nos chances. Tu n'as pas vu comme miss Montmort était souvent grognon ces temps-ci ? Elle est souvent dans le même état que toi tu es quand Pad approche. Il vaut mieux que nous soyons discrètes. Attendons la fin du cours et quand les élèves rangeront leurs affaires nous entrerons et feront une...entrée fracassante silencieuse. Fracassante comme une biscotte qu'on coupe en deux, tu vois ?"

Je réfléchis aux éventuels détails pratiques en regardant fixement le sol de pierre. Peut-être devrions-nous simplement demander à ce que Pad reste, ou alors le dénoncer à toute la classe ? En tout cas nous allions devoir étudier notre timing. Je glissais une main dans ma poche avec espoir de n'avoir pas rangé un objet qui nous serrait très utile. Je sentis la texture désagréable d'un mouchoir usagé, posais ma main sur le verre froid de la fiole et me rappelais sa présence puis enfin touchais ce qui m'intéressait. Je vérifiais qu'Aishani n'avait pas vu mon temps de pause au moment de toucher la fiole et sortit l'objet qui nous intéresserais pour l'instant : "Des oreilles à rallonge !" m'exclamais-je dans un murmure duquel perçait un peu ma voix. Je m'expliquais : "Pour écouter attentivement ce qu'il se passe dans la classe et agir au bon moment. Je ne sais pas si c'est utile, mais je les avais gardés depuis le piège de l'armoire..."

Je nous jugeais désormais prêtes à agir. Mais avant de tenter quoi que ce soit un souvenir me revint en tête. Celui de la gryffondor quelques instants plus tôt dont les yeux s'étaient couverts d'un voile humide. Me rendant compte que je ne m'étais même pas excusée pour ma bêtise je pris le temps de le faire, penaude et les yeux sur mes pieds : "Et... désolée, je ne voulais pas t’inquiéter"