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06 févr. 2019, 16:54
Stigmates  solo 
Septembre 2043 - entre Myriade et la Troisième Tâche
Couloirs - Poudlard
3ème année


J’étouffe.

D’un geste habile, je repousse loin de moi la couverture et je pose mes pieds sur le sol froid. J’attrape ma baguette et ma cape qui cache Zikomo, puis je traverse le dortoir et surtout, surtout je ne lève pas la tête. Je me faufile dans la salle de bains et ferme la porte derrière moi. Je m’appuie un instant sur cette dernière, tête penchée en arrière et bouche entrouverte. Quelques longues secondes sont nécessaires pour que je trouve la force de m’en éloigner et de me pencher sur l’un des lavabos pour baigner mon visage dans l’eau fraîche qui coule du robinet.

Quand je me redresse, je plonge mon regard dans mes propres yeux qui se reflètent dans le miroir. Sans un mot, je m’observe. Je me vois minuscule et sombre. Une face toute pâle, auréolée de la noirceur de mes cernes. Je les regarde profondément, ces Laideurs ; en fait, elles ne sont pas si grosses. Elles sont seulement là. *’Fait longtemps*. Ma figure paraît flasque et gonflée de sommeil. Mes cheveux ternes n’aident en aucun cas à éloigner cette impression.
De toute manière, ce n’est guère important : je me regarde dans la glace et je me rends compte que je n’en ai rien à faire. Passé le premier regard, je n’en ai plus rien à faire.

Poussant un profond soupir, je me détourne et rejoint un cabinet de toilette. Je m’assoie sur la cuvette et, dans le silence d’une aube de salle de bains, je pose mes coude sur mes genoux et mon menton dans mes mains. Je regarde un peu la pierre et les parois de bois qui m’entourent puis, peu à peu, mes yeux s’effilochent jusqu’à ne plus rien regarder du tout.

Ce n’est qu’à cet instant que je le sens ; l’étau. En fait, je le sens depuis que je suis réveillée, mais maintenant que je suis seule avec moi-même, il m’étouffe.

Je ferme les yeux et passe une main sur mon visage.

Mon esprit est une mélasse de boue. Je ne parviens pas à fixer mes idées ni à regarder mes pensées. Je pense à la journée qui n’attend que moi et je pense à la Maison. Je vois le visage de Zak’ qui se balade devant mes yeux, et ceux de Narym et de Papa et Maman ; je n’ai plus envie de leur en vouloir. Alors je les regarde et j’ai envie de pleurer.
Je ne le fais pas.
Pleurer me fait penser à d’autres choses auxquelles je ne veux pas penser.

J’appuie la base de mes paumes contre mes yeux, atténuant de ce fait la douleur qui les brûle. J’écrase mes mains sur ma figure. Je frissonne à peine quand un courant d’air frais passe sous la porte du cabinet que j’occupe et frôle mes jambes nues. J’aurai aimé frissonner, mais cela ne servirait à rien. Mieux vaut rester ainsi, sans bouger, sans penser clairement, pour ne pas se faire happer par mes souvenirs de merde.

Un temps indéfini passe. Je ne bouge pas. Je ne pisse même pas. Puis, quand les premiers bruits de vie m’interpellent, je remonte ma culotte et réajuste ma cape.

Quand je retourne dans le dortoir, j’ai envie de crever. Les Autres filles se lèvent, me regardent à peine. Pour une fois, juste une fois, j’aurai aimé que l’une d’elles m’adresse la parole pour me détourner de mon coeur qui s’ébat dans ma poitrine. Hein ? J’aurai voulu que l’une d’elles m’insulte ou m’interpelle sur le livre qui trône sur ma table de chevet, que l’on me rentre dedans pour que je puisse tomber dans un regard. Mais j’ai beau me perdre au milieu de ce dortoir lunaire, les bras ballants et l’oeil hagard, personne ne me calcule. Alors, la gorge bien trop nouée, j’enfile mes bottines et dégage de là. Et surtout, surtout je ne regarde pas le reste du dortoir. Je ne sais que trop bien qu’elle est Là, quelque part.

Les couloirs m’accueillent avec leur lot de bavardages et d’odeurs matinales. Ma gorge nouée ne semble plus vouloir me quitter. Lorsque j’arrive dans le hall, mes pensées sont si bouleversées que je m’arrête, ne sachant plus où aller.

Un coup dans l’épaule m’arrache à ma torpeur. C’est brutal et sec. Mon coeur s’emballe et mon souffle se coupe ; *Gil’Sayan !*. Je ne sais plus si j’ai peur ou non.
Je me retourne.
Je tombe sur une courte chevelure châtain et un corps plus grand que le mien. *Oh*.

« Oups, me fait l’Autre, désolée je t’avais pas vu ! Reste pas en plein milieu comme ça, hein. »

Un sourire hésitant m’est lancé à la figure puis l’Autre me contourne et file dans la foule éparse.
Je le regarde partir avec un quelque chose de douloureux dans le corps. Je le regarde partir ; le présent coule alors que mon crâne reste coincé dans un passé tout proche. *’Sayan ?*. Je reste ainsi quelques secondes, la peau secouée de frissons douloureux.

*J’suis trop bête !*
Le mot n’est pas assez fort, mais je n’en ai pas d’autre. Je m’infiltre à mon tour dans la coulée d’élèves et pénètre dans la Grande Salle. Je trouve une place sans trop regarder, je m’assoie et j’attrape une brioche et un verre de jus de citrouille pour faire semblant. Je pose le tout devant moi et j’entoure de mes bras mon assiette.

J’ai l’estomac retourné. Ou peut-être bien qu’il est noué, lui-aussi. Il se crispe tout au fond de moi et se révolte sous la vision de la bouffe.

J’enfourne une bouchée de ma brioche, mâche, avale et m’arrête brusquement, la main en l’air. Je repose ma brioche ; je suis à bout de souffle. Mon coeur bat fort dans ma gorge et mes lèvres sont ouvertes pour laisser passer le souffle qui me défracte la bouche.
Mes pensées tournent dans tous les sens, le bruit de la Grande Salle m’enveloppe. Je me sens à la fois ici et ailleurs.

Je suis paumée. Paumée dans mon crâne qui ne cesse de penser.
Le problème se jette à ma gueule : j’ai envie de hurler. Putain, j’ai envie d’être au Domaine, de grimper dans nos cabanes de pierre et de hurler comme une enfant. J’ai un cri coincé dans la gorge, un hurlement bloqué dans le coeur. C’est pour ça que je me sens mal. J’ai envie de crier, mais je ne le fais pas : du coup, j’ai envie de me mettre à chialer, ici, dans la Grande Salle. Je veux me recroqueviller et fondre en larmes. Me verrait-il ? Oh, Ao’, si tu me voyais pleurer, tu viendrais n’est-ce pas ? Je voudrais tellement qu’il vienne sans que j’ai à pleurer.

Je me lève et je quitte la Grande Salle. Les mains accrochées à la lanière de mon sac je file dans les couloirs.
Je ne veux pas voir Ao’, ni personne. Cela ne servirait à rien et je suis bien mieux sans eux. Sans eux. Dans un flash, je me souviens de ce qu’il s’est passé il y a quelques jours.
*Penses y pas !*. Putain, Aelle, n’y pense pas ! Tu t’en fous, tu l’as déjà dit, tu t’en fous ! C’est qu’une fille, c’est pas grave si t’avais l’impression qu’elle pouvait être ce qui te manquait. C’pas grave, je me répète en boucle dans ma tête pour ne pas penser à Gil’Sayan.

Mon esprit est un petit malin. Il me montre des images de la Maison pour me faire passer à autre chose et, insidieusement, me ramène à ce que je ne veux pas voir ni entendre :

J’TE DÉTESTE !
JE LA DÉTESTE !


Je m’arrête au détour d’un couloir et m’appuie contre le mur de pierres. Les environs sont vides, je suis seule dans un couloir assombri par la noirceur du temps d’Ecosse. Un petit rire sort de ma bouche ; il me paraît si lointain. Et si faux. Il quitte mes lèvres à l’instant même où j’ai cette pensée.

Je dois être un petit peu folle.
Je suis folle.

C’est pour cela que Zak’ me gueule tout le temps dessus et c’est aussi pour cela qu’Ao’ ne m’aime plus. Et que ‘Naël a peur de moi, que Narym me couve et que Papa et Maman réagissent avec moi comme ils n’ont jamais réagi avec les autres.
Il y a un truc de foncièrement tordu en moi.
Si ce n’était pas le cas, je n’aurais jamais connu Stalbeck.

J’essuie d’un revers de manche mes yeux humides.

C’est pour cela qu’elles me détestent.
Elles qui ne sont rien.
Charlie, je crois que je comprends. Moi aussi je la déteste. Enfin, je crois.
J’aimerai *non…* la regarder encore une fois pour voir si elle me déteste réellement. *Ça sert à rien*. Je sais bien, elle me déteste comme je la déteste. Je crois que pour la comprendre il me faut juste me regarder moi.
Peu importe. Je ne veux plus jamais, jamais avoir affaire à toi, Charlie. Si je pouvais t’oublier, je le ferais. N’est-ce pas ? Je doute ; je déteste ça.

Je lève la tête vers les tableaux qui me font face.

« J’le promets, chuchoté-je d’une voix bizarre. J’promets que j’le ferais. »

Depuis le début, je n’ai jamais voulu rien d’autre. Par tous les Mages, je ne sais même pas pourquoi je veux ça.

Je me décale du mur et renifle fort. Je marche lentement.

Et elle ?
Ouais, et toi Gil’Sayan ?
*C’tout pareil*, songé-je. Tout pareil. Et pourtant, la même pensée me vrille le crâne depuis notre rencontre : ce n’est pas exactement pareil. Non, pas exactement.

Je secoue la tête.
Je dois arrêter de penser. Arrêter de penser.

Je tourne à droite. J'accélère pour faire sortir de mon coeur la douleur qui me rend lourde. Qu’elle aille se faire voir. Qu’elles aillent se faire…

Je traverse un couloir, puis une volée d’escalier. Enfin, je pousse les portes de la bibliothèque et soupire quand le regard de la centaine de livres m’accueille.

Je dois arrêter de penser.

07 mars 2019, 10:30
Stigmates  solo 
Septembre 2043
Quelques jours après Myriade
Bibliothèque - Poudlard
3ème année


*Ce n’est pas tant la force de la limitation d’énergie qui importe*, lisé-je *mais la rapidité de réalisation du flux*. Je hoche lentement la tête et me penche sur mon carnet pour écrire quelques mots dans l’un des coins. Sans me relever, je me plonge à nouveau dans la lecture de Frewd. Les mots coulent sous mes yeux avec facilité ; ils le font plus encore dans ma tête et dans mon coeur. Je connais De l’expérience d’Ool à la vie d’Isabella par coeur, pourtant chaque relecture m’apprend de nouvelles choses. C’est la seule raison qui me mène à aimer Frewd : sa capacité à m’enfermer dans son monde de mots. C’est simple, avec lui. Il suffit de se laisser aller.

Mes yeux me brûlent. Je les frotte avant de continuer ma lecture. Cette table isolée de la bibliothèque m'accueille depuis de longues heures maintenant et Frewd m’a plus aidé à me détourner de mes pensées que les autres ouvrages de magie qui couvrent mon espace de travail.


Quelques temps plus tard, je me redresse pour étirer mon dos douloureux. Je lève mes bras au ciel et étire mes membres. Mon regard tombe par inadvertance sur une Poufsouffle qui gratte son parchemin sur la table la plus proche de la mienne ; celle cachée par le rayon qui me fait face. Mon coeur se tord dans ma poitrine et je ramène mes bras contre moi pour l’en empêcher. Cela ne l’empêche absolument pas de s’emballer bêtement et mon esprit de murmurer un prénom tout au fond de mon crâne. Je jette un regard noir à la Poufsouffle et retourne à ma lecture.
Le coeur battant, j’essaie d’alpaguer les mots mot pour ne pas *sale conne* penser à autre chose. *Il n’y a pas plus de deux raisons à l’expansion de Charlie que… Merde ! à l’expansion d’Ool si…*. Je lève un oeil sur la Poufsouffle et me mord la lèvre. *... si l’on s’appu…*.

Mon regard se perd entre deux lignes. Mon regard se perd sur la page jaunie, sur les mots d’encre. Je regarde les phrases sans les lire, je lis les mots sans les comprendre. Peu à peu, je sens le poids revenir, s’installer sur mon coeur et je soupire imperceptiblement.  *T’avais pas à faire ça*, je pense alors. Je serre mon poing au-dessus de mon carnet, ma plume se tord entre mes doigts et je la relâche aussitôt, une moue désolée sur le visage. Pourtant, je pense encore : *pourquoi t’as fait ça ?*.

Je darde la Poufsouffle de mon regard noir.

*Pourquoi tu lui r’ssemble ?*. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas normal qu’elle soit passée de tout à rien du tout. Ce n’est pas normal qu’elle ait été si… Si elle et qu’elle se soit finalement transformée en Charlie. *J’t’en veux, sale conne !*.
Lui en voulais-je ?
Ouais. Je lui en voulais foutrement à la Fille-fermée. Gil’Sayan.

Je pince mes lèvres et penche la tête sur le livre de Frewd. Cela ne sert à rien de penser à cette Autre menteuse. Elle n’a rien à foutre dans ma tronche. Il faut que je lui en veuille. C’est normal de lui en vouloir. Elle a fait la seule chose qu’elle ne devait pas faire.

06 août 2019, 18:18
Stigmates  solo 
Je t'autorise à me voir telle que je suis ; magnanime et profondément gentille.


17 Septembre 2043
Grande Salle - Poudlard
3ème année



*Qu’est-ce que j’fous là ?*

Pas la moindre idée. Je peux encore faire demi-tour.

*Pas envie.*

J’avance lentement, regardant les Autres sans avoir l’air de les regarder. En fait, je n’ai pas envie de les regarder ; je ne veux pas voir leur Regard me frôler. Je les sens d’ores et déjà arriver vers moi.
Il y en a plus qu’avant, j’ai l’impression.

Je passe sans m’arrêter devant deux gamines qui me regardent de leurs grands yeux sales.

J’avance jusqu’au bout de la table Poufsouffle, tout près de la table des Prof’, là où personne ne va à cette heure. Je pose mon sac sur la table en bois et m’assoie. Je sors mes parchemins, ma plume, mon encre, mes livres. J’ai la sensation de faire ce que je ne dois pas faire. Comme si je n’avais aucune raison d’être ici, comme si on espionnait le moindre de mes gestes.

Je repousse loin de moi ces sensations en ouvrant un livre.
J’ai parfaitement le droit d’être ici.
Par Merlin, depuis quand ne suis-je pas venue travailler dans la Grande Salle ? Avant, je détestais y all… *’s’en fout*.
Je regarde du coin de l’oeil les Autres. Il y a des grands à la table de Serdaigle face à moi ; un garçon et une fille. Ils sont penchés l’un contre l’autre et murmurent au-dessus d’une pile de parchemins.

Je pose un coude sur la table, attrape une plume et appuie ma joue contre ma paume. Je me penche pour écrire, mais je ne détourne pas mon regard des Serdaigles. Ils n’ont rien de particulier, mais ils sont là et ils ne me regardent pas. Alors je les observe, le regard hagard et l’esprit ailleurs.

Je me mets à écrire sans y penser. Quand je cligne des yeux, je me rends compte que je regarde mon parchemin et non plus les Serdaigle. Je laisse courir ma plume sur le parchemin ; je me sens lourde, mais pour une fois je n’ai pas la gorge nouée. Je n’étouffe pas. Je suis juste Présente. Non, je n’ai pas la gorge nouée.

Papa, Maman, suis-je en train d’écrire.

J’arrête.
Je regarde ces deux mots. Je n’ai rien d’autre à écrire. J’ai pourtant follement envie de le faire. Envie qu’ils me répondent et qu’ils me noient sous les informations inutiles venant du Domaine. J’ai bien envie de me perdre dans ces histoires qui ne m’intéressent pas. Envie de recevoir un courrier moi aussi ; ne plus jamais regarder Bezo se poser devant Ao’ et m’ignorer, comme la dernière fois.
Je repousse ma rancoeur.

Vous avez reçu les f…

Encore, je m’arrête. Un bruit d’ailes me fait lever la tête. Je fronce les sourcils en avisant une chouette rentrer par les hauteurs de la Grande Salle. Ce n’est pourtant pas l’heure. Je la regarde faire un tour de la salle, battre des ailes pour la traverser paresseusement. Je soupire..

les fameux arrivages du mois ? Papa, tu disais qu’il y aurait des…

L’oiseau tourne au-dessus de ma tête. *Qu’est-c’qu’il veut c’ui-là ?*.  Je jette un regard aux autres et avise les Serdaigles qui me regardent. Je déglutis quand le hibou atterrit devant moi. Mon coeur se met à battre un peu plus vite dans ma poitrine, mais le piaf, je m’en fous. Je jette des regards furtifs aux Serdaigles ; j’ai peur qu’ils me regardent parce que je suis moi.
Je me mords la lèvre.
S’ils étaient juste à coté de moi, ces Serdaigles, m’auraient-ils adressé la parole ?

Je lève les yeux sur la chouette lorsque celle-ci m’envoie un cri aigu. Je fronce les sourcils et lui lance un regard noir :

« Qu’est-c’que tu veux ? » lui dis-je à voix basse.

Elle est toute sombre et son regard brille sous la lumière des flammes. Elle me regarde avec un drôle d’air ; elle est marrante. Mais j’ai pas envie de rire, alors je secoue ma plume devant elle et je lui chuchote :

« Retourne à la volière ! Allez, va voir ai… »

Les mots restent coincés dans ma bouche quand je remarque la lettre nouée à la patte de l’animal. *C’pour moi, ça ?*. Je détaille le hibou ; je ne le connais pas. ‘Naël s’est-il fait offert une chouette ? La bestiole n’est pas horrible, mais son drôle d’air pourrait correspondre à Natanaël. Je jette un regard hésitant à mon propre parchemin avant de revenir au courrier. La chouette s’approche et pose ses grosses pattes sur mes mots. « Eh ! » je lance, mais l’animal n’a que faire de ce cri : il me tend la patte et son regard ne me quitte pas.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 07 août 2019, 09:24, modifié 1 fois.

07 août 2019, 06:55
Stigmates  solo 
« Ça va, je murmure. J’aurai préféré voir Varb plutôt qu’toi, l’piaf… »

Je décroche doucement la lettre de l’oiseau. Je vais pour l’ouvrir, mais au dernier moment je la pose devant moi et je caresse la tête de la chouette. Je murmure un remerciement et la regarde s’envoler et quitter la Grande Salle de la même façon qu’elle est entrée.

Alors seulement je me penche sur mon courrier. Je me tords les yeux en matant les Serdaigle face à moi ; ils baissent la tête aussitôt. J’essaie d’ignorer mon coeur qui se sert dans ma poitrine.
Je déplie la lettre devant moi. Elle est recouverte de mots. L’écriture m’est inconnue.

Je baisse les yeux pour voir la signature ; comme toujours, je veux Savoir avant de prendre connaissance.

« Thalia, lu-je d’une voix faible. »

Thalia.
Je me mords la lèvre, regarde autour de moi ; deux, trois regards se détournent. Une dernière paire d’oeil reste fixée sur ma tête. Je le fixe aussi, ce garçon. Un mec au teint sombre, aux cheveux sombres, aux yeux sombres ; une tête d’indien. Quelques secondes passent, il me regarde encore. Il est seul à la table Poufsouffle, à plusieurs banc de moi. Je ne le connais pas. Je commence à m’agiter, une couverture de honte me recouvre lorsqu’il se détourne et accorde son attention à son bouquin. Le coeur battant, je le regarde derrière les mèches qui me tombent sur le front. Il ne me regarde plus, ne montre même pas de signe de mal être. *J’ai p’t-être rêvé*.

Je me retourne sur ma lettre, regarde de nouveau la signature. *Ah oui… Thalia*. Qui est-ce ? Un prénom féminin, semble-t-il. Et alors ? Je ne connais personne ici. Et surtout pas de Thalia. Je soupire un peu avant de m’installer pour lire la missive du début. J’espère que ce n’est personne de Poudlard ; j’espère surtout que c’est une erreur. Personne n’a jamais rien à me dire et je n’ai rien à dire à personne. Le coeur un peu lourd, jetant un dernier regard aux Serdaigle qui ne me regardent plus, je balade mes yeux jusqu’à atteindre les premiers mots.

Le tout premier me saute à la gueule ; cinq lettres et mon coeur rebondit : Aelle. Aucun moyen que ce soit une erreur. J’approche mes fesses de la table et me redresse. Je ramène mes bras autour de moi comme pour éloigner les Autres de mon corps qui déjà se met à craindre la suite.

*Pas d’raison d’s’en faire*, me dis-je. Certes, il n’y a pas de raison, mais je m’en fais tout de même. Peu importe la raison pour laquelle cette Autre, cette Thalia veut me causer, ça ne peut pas être bon. En aucun cas.

Tu te souviens de moi ? lu-je lentement, le coeur en peine. Je m’arrête, fronce les sourcils, me force de toute mon âme à ne pas lire la suite : *Bien sur que non, idio…*. La suite s’impose à mes yeux qui ne peuvent se retenir d’avancer dans la lecture.

La suite s’impose et, par Merlin, une douleur m’arrache le coeur.
Je ferme les yeux très fort. Le parchemin se froisse entre mes doigts. Derrière mes paupières abaissées éclatent des fragments blancs qui s’agitent comme une vague pourrait le faire. Le bruit de ma respiration résonne dans mes oreilles ; mon nez me pique, je ne sens que cela. *Non, non*, je me répète. Une seconde après la certitude de ce que je viens de lire s’effrite déjà : *j’ai mal lu*.

Je n’ouvre pas les yeux. *Sois pas idiote, Ely*.
Non, ne le soit pas.
Et si c’est vrai ?
*C’est pas ‘rave*.
Non, ce n’est pas grave si c’est vrai.

J’essaie d’apaiser ma respiration. Je me force à l’apaiser.
*Et. Si. C’est. Elle ?*, je me force à penser. Ce n’est pas elle, je le sais. Alors je peux y penser. Ouais, je peux. Si c’est elle, alors… Alors quoi ? Elle ne m’aime pas, au mieux elle me le répètera, au pire, elle s’excusera. Cela ne pourra pas me faire plus mal de le lire, non ? Je l’ai déjà entendu, je sais déjà que ça fait mal sans raison. Je m’en fous, de toute manière. Cette Autre ne me connaît pas, elle me déteste à cause de l’an dernier, elle me déteste parce que je l’ai dérangé dans sa folie. Elle ne me connaît pas.

*Elle est comme…*

J’ouvre les yeux, brutalement. Je cligne des paupières pour réajuster ma vision.
Le monde est encore là autour de moi. Je suis dans la Grande Salle ; ma main me fait mal, mes phalanges hurlent sous la crispation que je leur impose. Je ne desserre pourtant pas mes doigts. Je ne veux pas libérer la lettre.
Je cligne des yeux, regarde mon parchemin.

Papa, Maman.

Mes mots semblent fades, abscons. Ils ne veulent plus rien dire à présent. Pourquoi j’ai voulu leur écrire, déjà ?
*P’pa*.
Si seulement j’étais à la Maison. Si seulement j’étais au Domaine. Dans le salon. Devant la cheminée. Avec Mam…

*Ça chang’rait rien.*
Rien du tout.
Je respire lentement, c’est bon.


*Et si c’est elle ?*, me dis-je encore, les yeux fixés sur mes propres mots. Si c’est elle, je déchire le parchemin. Je le déchire en mille morceaux et je lance un Flamavo. Je ferais ça comme cela je n’aurai plus de trace, je n’aurai plus rien de ce Jour, plus rien du tout. Ouais, j’arrêterais d’avoir peur de la croiser dans la Salle Commune et à la table des Poufsouffle. Je brûlerais tout, comme ça ses mots n’auront plus d’intérêt. Comme ça, la prochaine fois que l’on voudra me dire que l’on me déteste, je pourrais réagir à temps et arrêter la personne. Ni Gil’Sayan, ni Charlie… Elles s'effaceront d’elles-mêmes et je serais enfin seule.

07 août 2019, 16:34
Stigmates  solo 
*J’le suis d’jà*. Mon coeur tremble au fond de ma poitrine et cette fois je ne me détourne pas de lui. Je suis un petit peu seule, c’est vrai. Et alors ? C’est pas grave, j’ai Frewd, Zak’, Papa et Maman ; ça suffit. Cela me suffit, les lettres. C’est tout ce dont j’ai besoin.
Je déglutis difficilement, je baisse les yeux sur ma main qui garde en son sein la Lettre.

Si c’est Gil’Sayan, je déchire la lettre. Je me le promets.
*Pour quoi faire ?*
Je desserre lentement ma main et défroisse la lettre. Mon yeux sont fixés sur un point sur la droite, sur la table en bois de Poufsouffle. J’ai peur de lire des mots avant d’avoir pris ma décision. Je dois la prendre avant de lire, comme ça ses paroles n’auront aucun pouvoir sur moi.
Je vais déchi… *Ça servirait à quoi ?*.

« Merde…, » marmonné-je en machouillant ma lèvre.

Je ne suis plus sûre de déchirer la lettre. Pourquoi je ferais cela, hein ? Je peux garder sa lettre et lui balancer à la gueule dès que je la verrais. Et après, je partirais comme la dernière fois. Sans tourner le dos, sans… *Pourquoi j’l’ai frôlé ?*. Cela me revient soudainement, l’image me frappe, la sensation me secoue : la dernière fois je suis partie et je l’ai frôlé ; j’ai voulu la frôler. Pourquoi j’ai fait ça ? Mon coeur s’emballe dans ma poitrine et je grimace. Pourquoi j’ai fait ça ? Quelque part au fond de moi je me demande pourquoi mon corps s’agite à ce souvenir. Quelque part au fond de moi la pensée se fait engloutir par d’autres, plus grandes qu’elle. Je l’ai frôlé alors que j’aurais pu la pousser. Et avant ce moment, c’était bien hein ? Avant qu’elle me gueule dessus sans raison ; comme Charlie.
*Ça change rien.*
Elle reste une connasse d’Autre.
Non, pas ça. Le mot est un peu fort, il me fait rougir à l’intérieur. Connasse. Ça ne veut rien dire.

« J’comprends rien, » gémis-je en laissant tomber mon crâne dans mes mains.

Rien à rien. Les pensées coulent dans ma tête et s’échappent par mes yeux ouverts. Je ne comprends rien à ce que je pense et je ne pense rien de ce que je crois comprendre. J’essaie de Savoir, par Merlin tout puissant ! Savoir pourquoi j’hésite à lire cette putain de lettre et pourquoi je ne suis pas absolument certaine que je vais la déchirer dès qu’elle sera lue. Et pourquoi attendre ? Je devrais la déchirer maintenant pour arrêter de me prendre la

*Non. Non, non, non, non.*
Je veux pas. Je dois la lire.

*Si Elle m’avait envoyé un truc après, j’l’aurais lu*. Je l’aurais foutrement lu, comme j’ai lu avec avidité chacune des lettres qu’elle m’a envoyé Avant. Avant que *va-te-faire-foutre-Charlie !*. Elle n'est plus là de toute manière. Elle est avec sa Chinoise.

J’enfonce mes doigts dans mon front. Mes ongles courts ne fendent pas ma peau comme je l’ai espéré, mes doigts ne me font même pas mal.

« ‘Fais chier ! »

Je relève la tête, me plonge dans la Grande Salle, l’esprit fumant de pensées, crachant des idées, et remballant des souvenirs. Les Serdaigle ont disparu. Tant mieux, ils étaient étranges. Sans y penser je tourne la tête sur la droite et frémis en tombant dans le regard du garçon tout sombre. *’y m’mate depuis tout à l’heure ?*. Je lui jette un regard noir ; il lève un sourcil et fait la moue avant de secouer la tête et de se détourner. Je me détourne moi aussi sans parvenir à me défaire de l’impression que j’ai déjà vu ce garçon ; vu en lui autre chose que son statut d’Autre inintéressant.

La pensée se barre comme toutes les autres.
Je regarde la lettre.
Si Charlie m’avait envoyé quelque chose après les sous-sols — j’ignore mon coeur qui se serre atrocement —, je lui aurais répondu.

Mais elle ne m’a rien envoyé. Rien du tout. Juste une lettre idiote des mois et des mois après ; et je lui ai répondu. Et elle n’a pas répondu. Ça veut tout dire et rien à la fois. De toute façon, je m’en fous de Charlie. Je m’en fous.

Je renifle pour faire partir ma peine.

Je me penche sur les mots de l’inconnue. *Nan, Thalia*. C’est son prénom ?
Je vais lire. D’accord ? Je lis.

Je suis la fille aux yeux fermés.  Je sais qu’ils t’ont frappé, mes yeux, t’as dit que tu les aimais bien.

J’avale difficilement ma salive. Je lui ai dit ça, oui. Je ne sais plus pourquoi. *Mais si…*. En fait si, je sais. Je sais bien. C’est la seule qui ne m’ait pas maté, contrairement aux Autres. Mais ça sert à quoi de ne pas regarder si c’est pour continuer à gueuler ? Rien du tout. Et cette Gil’Sayan elle gueule comme elle respire ; elle gueule comme Charlie fait mal. Avec plaisir. *T’es qu’une…*.

Tu m’en veux ? lu-je. Ma gorge est nouée. Je suis désolée, a écrit Gil’Sayan. Je ne sais plus très bien ce que je lis. Mes yeux me font mal et les mots se brouillent. Tu m’en veux ? Je ne sais plus très bien qui me parle. Je suis désolée. Les mots sont foncièrement différent de ceux de Charlie. L’écriture n’est pas la même. Je suis désolée. Et la voix ? C’est Charlie que j’entends me lire cette lettre dans ma tête. « Je suis désolée ». Je l’entends comme si elle était près de moi, mais je sais qu’elle n’est pas là. « Tu m’en veux ? ». Elle n’est pas là du tout.

09 août 2019, 15:39
Stigmates  solo 
Je m’essuie furieusement le visage. J’arrache les larmes de mes yeux et de mes joues, je les fais disparaître facilement. Et les prochaines qui coulent encore, je les fais partir de la même façon.

« C’est Tha... Non, Gil’Sayan qui écrit c’te lettre. Ok ? me chuchoté-je faiblement. C’est l’autre de la dernière fois. C’pas Charlie. C’est l’Autre-de-la-dernière-fois. »

Je renifle encore et récupère la lettre qui gît sur la table. Mes mains tremblent, je le remarque comme je remarque les allées et venues autour de moi. Je le remarque sans y faire attention. Je prends une grande respiration, prête à plonger.
Sauf que je ne suis pas prête du tout.

Ce que j’ai gueulé à Mcwood

*C’est elle !*. L’information me vrille le crâne. Je n’étais pas prête. C’est pour ça qu’elle m’a gueulé dessus la dernière fois, quand j’étais avec Gil’Sayan ! C’est elle. Celle qui m’a harcelé quand j’étais encore à la Maison avec son hibou idiot. Je reste pantelante un instant, redécouvrant sa colère et les mots douloureux qu’elle m’a envoyé à la face. Elle avait mal pris mon hibou ; *bien fait pour elle*. Mcwood est une vraie idiote. Non sans un sentiment de fierté déplacé, je me rappelle que Gil’Sayan aussi lui a gueulé dessus. J’espère que ça l’a blessé.

Mon coeur se serre lorsque je lis la suite : Ce que j’ai gueulé à Mcwood, je pense qu’à ça depuis que t’es partie. C’est de son Cri-sans-raison, qu’elle parle ? Le même que… Le même que Charlie.

Je sais que tu m’en veux, continué-je à lire, et merde, je m’en veux tellement moi aussi. Mais peut-être que tu t’en fous, hein ?

Je t’en veux.
Mon visage se tord un petit peu.
Je lui en veux à crever.
Et je t’en veux à te crever Charlie.

Mais peut-être que tu t’en fous, hein ?

Ça me fait me marrer, cette phrase. Je la relis encore et encore, et un petit rire amer s’échappe de ma bouche. Bien sur, Gil’Sayan, je m’en tape complètement de ce que tu as dit, hein ? Je m’en fous tellement que ça me fait chialer.
Merde, je lui en veux réellement.

*Elle le sait, alors ?*, murmure une petite voix au fond de moi.
Elle le sait et elle s’est excusé. Ah ! ça ne sert à rien de s’excuser, ça n’a aucune saveur.
Mais elle sait exactement ce qu’elle doit savoir puisqu’elle a écrit : je sais que tu m’en veux.
C’est pas comme Charlie qui ne sait rien de rien, hein ?

Tu aurais raison, écrit Gil’Sayan. Ou pas ? Je sais pas, je te connais pas, de toute façon, hein ?

Une moue se dessine sur le coin de mes lèvres. Je comprends rien. Pourquoi me dit-elle que j’ai raison alors qu’elle me demande, tout juste deux lignes au dessus, de l’excuser ? Je grimace un peu plus fort. *Tu m’connais pas, ouais, là t’as raison*. Elle prendra jamais le temps, de toute façon. Elle prendra jamais le temps ; personne ne le prend jamais. Charlie la première.

J’aimerais tellement de revoir.

« Quoi ? »

Je me penche sur la lettre, le coeur battant.

« J’aimerais tellement te… te revoir ? lu-je lentement avant de me stopper. Elle s’fout d’moi ? »

*Merlin…*.

« Tu voudrais bien me revoir ? » chuchoté-je en lisant les mots sur le parchemin.

Je regarde autour de moi. A droite et à gauche, m’attendant presque à la trouver là, la Fille-aux-yeux-fermés, en train de me mater en se marrant. Mais il n’y a personne, même le garçon sombre a disparu. Je ne suis pas seule, mais personne ne me regarde, le sourire caché derrière la main. Hésitante, je regarde ses mots, encore.

« Elle veut m’r’voir ? »

Je crois que je n’y crois pas.
J’abandonne la phrase ici. J’ai beau la lire et la relire, elle est toujours aussi incompréhensible.
La suite me frustre, me fait gémir et ma main se crispe autour du parchemin déjà froissé.

« C’tout ? C’est quoi c’te dernière phrase d’merde ? Ça veut rien dire, putain. »

Je laisse retomber la lettre et je plonge mon visage dans mes mains. A l’abri, je respire un peu plus sainement. Je sens mon odeur sur ma peau, ma chaleur contre mes joues. Je me sens entièrement, de la tête au pied.

Je ne me suis jamais senti aussi seule.

J’entrouvre mes doigts, je défroisse la lettre, je lis.
Et je lis encore.
Et encore.
Et encore.

A la fin de la lettre, je me sens toujours la même : comme une idiote qui espère trouver d’autres mots alors qu’elle sait qu’il n’y a rien. Et à chaque fois, j’arrête de remuer les lèvres en même temps que cessent les mots de Gil’Sayan. Puis je sens la peine qui m’engloutit, la même qui me fait penser tout le temps à la Maison ; la même qui me fait mal depuis que j’ai revu Charlie. La même qui fait que je suis ici, avec moi-même, à dégueuler des émotions incompréhensibles sur un parchemin miteux.

*T’aurais pu écrire un peu plus…*.

C’est quoi, ça ?
Ces pensées de gamine ?
Qu’aurait-elle écrit d’autre ?
Tu n’as pas vu ce que tu cherchais, n’est-ce pas ?
Tu veux qu’elle te le dise d’elle-même pour être bien sur ?
*Elle a p’t-être oublié*.
Oublié quoi, hein ? Qu’elle te déteste ? Ce n’est pas si difficile à oublier, Charlie l’a bien fait elle. Elle l’a fait si rapidement, si simplement, qu’elle a même réussi à transformer sa colère en jeu, et son jeu en lettre idiote et sa lettre en absence de réponse.

Le coeur en branle j’observe la lettre froissée qui gît sur la table. Les pensées se mélangent dans ma tête, les questions se ruent sur mes lèvres sans les franchir. Ma gorge est si étroitement nouée qu’elle me fait mal. Je lève la tête, observe la Grande Salle et ses occupants ; ils ont l’air si normaux, si tranquilles. Comment peuvent-ils paraître si paisibles alors que dans ma tête un vent d’angoisse souffle sur mes pensées ? Comment peuvent-ils être si hermétiques à ce que je ressens ? Mes doigts pianotent sur la table, mes jambes s’agitent sous le banc. Je mordille ma lèvre.

*J’fais quoi ?*.

J’ai beau tourner la question dans mon crâne, la retourner encore et encore, aucune réponse ne s’offre à moi. Je regarde la lettre de cette Thalia et aucun mot ne me vint, aucune envie. Rien du tout. *Non*. Non, pas rien du tout. Quand je regarde la lettre, je ne peux pas empêcher mon foutu coeur de crever d’espoir dans ma poitrine. Par Merlin, il tressaute comme un coeur d’enfant.

*Elle veut m’revoir !*.

Mon coeur d’enfant se tord d’un bonheur qui me fait mal. Je n’en veux pas de ce bonheur ! Je ne veux pas de Gil’Sayan. Je ne veux rien du tout.
Ce n’est qu’une menteuse.
*Mais elle s’excuse…*.
Une menteuse.


- Fin -  
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