Lorsque le jeune garçon changea précipitemment de sujet, Emma comprit qu'il était gêné par sa question, ou qu'il pensait être aller trop loin. Elle s'apprêta à lui dire que ce n'était pas grave, qu'il n'avait pas à se sentir coupable, ou on-ne-sait-comment, mais Ethan la devança et commença à lui raconter sa passion ; lamer.
"C'est drôle pour une passion, la mer ! Ou peut-être est-ce moi qui ne pense qu'aux livres et à la magie... A voir ! pensa Emma, plongée dans ses pensées.

Le jeune garçon lui demanda alors si il habitait près de la mère. Emma rit un peu avant de répondre :
- Moi ? Habiter près de la mer ? Non ! Et ce n'est pas près d'arriver, déjà parce que ma soeur est thalassophobe, ou aquaphobe, si tu préfères ; une peur de l'eau, en quelque sorte. Moi aussi, en plus, je le suis un peu, mais beaucoup moins qu'elle, heureusement !
Emma rit un peu avant de poursuivre, d'un ton doux :
- Moi, j'habite à Glen Coe, en Écosse. C'est de la campagne, de la campagne, et que de ça ! Ma grande maison est nichée dans un petit village dans le centre-ville. Et c'est assez loin de toute source d'eau !

Emma laissa un peu de silence entre tous ses flux de paroles. Elle parlait un peu trop, et le savait !

Horrifié! Eberlué! Scandalisé! Epaté! Interloqué! Assommé! Et certainement encore bien d'autres sentiments chocs. Ethan n'en revenait pas. Il ignorait qu'il était possible d'être thalassophobe. Une vie sans eau devait être morne et sans intérêt. Bon, il exagérait peut-être car il voyait bien qu'il était possible de s'amuser et de passer du temps sans eau ici à Poudlard. Mais quand même!

- Et tu le vis bien? Comment tu fais quand tu dois passer un pont? Et tu ne vas jamais aller à la mer? Le lac ici ne te stresse pas trop? Tu oses quand même boire de l'eau? demanda-t-il, toujours un peu sous le choc d'avoir appris la nouvelle.

Il se rendait compte qu'il mitraillait sa camarade de questions, mais c'était plus fort que lui, il voulait tout savoir au niveau de cette phobie étrange et tellement handicapante, du moins par rapport à ses propres critères de ce qu'il considère important dans la vie. Quand elle décrit son lieu de vie, il eut pitié d'elle.

- Oh, la campagne. C'est triste là-bas, non? J'veux dire pas d'eau -ok tu n'aime pas ça- mais aussi pas l'animation de la ville. Seule au monde sur ton lopin de terre.

Poudlard était pour cela une vrai miracle car cette école rassemblait des personnes venant de tous les horizons et en faisait un joyeux mélange. On apprenait à connaître des personnes qu'on n'aurait sans doute jamais eu l'occasion de rencontrer si on était resté dans sa région natale. Il trouvait ça intéressant de parler avec Emma. Il l'imagina en train de travailler dans le champs avec son râteau et ses grandes bottes, et tout en contournant une flaque en prenant une distance de sécurité. Il chassa cette image qui lui donnait envie de rire. Il n'avait pas trop envie de raconter à sa camarade ce qui le faisait rire tellement c'était cliché et exagéré.

Lorsque Emma apprit à son ami que sa sœur et elle -un peu moins quand même- étaient thalassophobes, elle crut que Ethan allais s'étouffer. Puis, il changea un peu de couleur, tournant du blanc au vert, puis revenant à sa couleur d'origine. Ensuite, il bombarda Emma de questions.
Celle-ci rit un peu en voyant Ethan sous le choc, comme si un attentat était arrivé, puis elle essaya de répondre à toutes ses questions, en tout cas celles qu'elle n'avait pas oublié :
- Oui, je le vis assez bien. ce n'est pas très grave, et un rien handicapant ! Je peux quand même aller à la plage, tu sais ! J'aime bien ça, même, mais... je ne vais pas très loin dans l'eau, quoi ! Quand je dois passer sur un pont ? En fait, j’adore ça ! Oui, c'est un peu bizarre en tant que thalassophobe, mais au-dessus de l'eau, je me sens comme en sécurité, tu vois ? Là au moins, je sais qu'il n'y a aucun risque de noyade ou un truc dans le genre !
Elle laissa un peu de temps au jeune Poufsouffle de digérer ses longues réponses, puis essaya de rassembler ses souvenirs pour répondre à ses questions.
Emma réfléchit à voix haute:
- Le lac... hum, difficile à dire... globalement, enfin, habituellement, il ne me stresse pas... enfin, pas trop ! Une seule fois, j'ai failli tomber dedans, et j'ai, mais tellement flippé !

Emma rit un peu avant de poursuivre :
- Et si j'ai peur de boire de l'eau ? Oui, je t'ai entendu, Ethan ! Haha ! Non, et heureusement !
Emma rigola encore une fois. Décidément, Ethan la faisais rire !
- Pour toi, la campagne c'est triste ? reprit-elle. Détrompe-toi ! Certes, c'est moins... égayé que la mer, mais il y a d’autres choses ! Comme les boutiques, les... le... enfin bref, tu m'as compris ! Et puis, j'habite au centre du village..., conclut Emma, ne sachant que dire de plus.

Emma semblait être quelqu'un d'intègre, ce qui plaisait beaucoup à Ethan. La fille disait ce qu'elle pense, sans réel filtre. Au moins il savait qu'elle disait la vérité. Du moins sa vérité à elle. Il lui répondit par un clin d’œil amusé quand elle lui dit qu'elle l'avait entendu murmurer si elle osait boire de l'eau. Il ne pouvait s'empêcher de se demander quelle aurait été sa vie avec une telle peur. Certainement plus sèche, se dit-il en lui-même pas très sérieux.

Quand Emma tenta de le convaincre que la campagne c'était chouette aussi, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'était pas convaincante. Surtout en parlant de boutique.

- Par boutique, tu veux dire des fermiers qui vendent des laitues? répondit-il en riant. Je te taquine, je suis sûr que la campagne doit être reposante, ce qui n'est pas plus mal parfois. Et vu ton aversion à l'eau, tu vis à l'endroit idéal!, ajouta-t-il en souriant.

Le passage des élèves dans le couloir s'était intensifié, ce qui signifiait que les cours allaient reprendre. Ethan sauta à terre et se prépara à filer.

- Je dois y aller, sinon je vais arriver en retard au prochain cours. C'est métamorphose et je n'ai pas envie que notre chère directrice soit fâchée sur un Poufsouffle! Heureux d'avoir fait ta connaissance Emma, et à une prochaine fois!

Il détala ensuite comme un lapin car il devait faire un détour au dortoir pour aller chercher son manuel du cours. Il était content de s'être fait une nouvelle amie. Comme quoi, il peut parfois résulter quelque chose de bon quand on était d'humeur massacrante.