..Aux alentours du 1er janvier 2044..

Katherine en avait marre. Plus que marre. Son frère Chan ne lui avait toujours pas écrit. À tous les coups, c'était encore à cause de ses parents. Ils avaient dû lui dire qu'elle ne voulait pas être dérangée par une lettre. Ce qui était vrai... pour ses parents. Pour son frère, ça ne la dérangeait pas, elle attendait même ça avec impatience ! Maintenant, elle allait être obligée d'envoyer une lettre à sa famille. Et tout le monde lui écrirait et elle serait ensevelie sous une montagne de courrier. Non merci.

Tu vas arrêter de rouspéter, nom d'une tortue handicapée ?! lui cria sa conscience. Oh toi, ça va. Tu peux te la mettre où je pense ta tortue handicapée ! Et voilà, ça la reprenait. Elle insultait de nouveau sa conscience, comme une parfaite schizophrène. Ce qu'elle n'était pas. Enfin... Normalement. Rhaaa... je deviens complètement maboul !

La jeune écervelée se trouvait dans un des nombreux couloirs du château, toute seule. Elle ne savait même plus quelle heure il était. 7 heures ? 8 heures ? Plus ? Aucune idée. Elle n'avait jamais été très douée pour jauger l'heure.

Elle tourna à un angle du couloir, puis encore à un autre. Tiens, je ne suis pas déjà passée par là ? La fillette continua son chemin sans vraiment s'alarmer, persuadée qu'elle allait bientôt trouver le chemin de sa salle commune. Mais était-elle seulement au bon étage ? Elle n'en savait rien, elle avait oublié. Quand elle passa devant une drôle d'armure avec un casque un peu tordu, elle se souvint qu'elle était déjà passée par là... elle ne savait plus quand. Je crois que je suis vraiment perdue, maintenant...

Elle revint sur ses pas, traversa d'autres couloirs, revint encore sur ses pas, mais dû se rendre à l'évidence : elle ne savait pas où elle était, ni même à quel étage. Elle soupira de frustration et s'assit contre l'un des murs, attendant que quelqu'un passe. Quelqu'un allait bien venir. Non ?

@Deamon Bellartis

Deamon était perdu. Complètement. Depuis une heure qu'il vagabondait à travers les couloirs sombres et froids, il n'avait toujours pas retrouvé son chemin. Il donna un violent coup de pied dans un des murs et hurla de douleur.

-Espèce de... ! grogna-t-il en tenant sa chaussure.

Il ne termina pas son insulte, sachant très bien que c'était un peu de sa faute. Un peu. Seulement un peu. Le mur n'avait pas qu'à se trouver là, aussi ! Il reprit sa route, claudiquant légèrement. il n'y était pas allé de main morte dans son coup de pied.

Il passa les dix minutes suivantes à tourner en rond. Mais c'est pas possible ! C'est un vrai labyrinthe, ce château ! Le garçon continua tout de même à marcher, persuadé qu'il trouverait bien son chemin. C'était quand même à en devenir dingue ! Il avait fait un léger détour après être allé aux toilettes des garçons, pensant prendre un raccourci pou rejoindre sa salle commune, et il se retrouvait là ! Il n'était même pas sûr d'être au bon étage, en plus. Quelle idée aussi d'avoir emprunté ces fichus escaliers !

Puis, après un virage, il aperçut quelqu'un assis par terre, contre un mur. Il ne mit qu'une seconde à reconnaitre les longs cheveux noirs et le teint de porcelaine de cette personne. Katherine ! Son amie s'était-elle perdue ? Il s'approcha vivement d'elle, oubliant son pied encore endolori.

-Eh, Kitten ! Qu'est-ce que tu fais là ? Toi aussi tu t'es perdue ?

Il s'arrêta à quelques centimètres de la jeune fille et se baissa pour s'asseoir à côté d'elle.

Katherine releva vivement la tête en entendant quelqu'un s'approcher. Deamon ? Mais que faisait-il là ? Elle ne s'attarda pas sur ça, trop contente à l'idée de retrouver son chemin et de pouvoir se mettre au chaud dans son lit. Mais son ami anéanti tous ses espoirs :

-Eh, Kitten ! Qu'est-ce que tu fais là ? Toi aussi tu t'es perdue ?

Eh ben, le bon lit bien chaud, c'est pas pour tout de suite ! grommela-t-elle intérieurement. Deamon s'assit à côté d'elle et leva les yeux pour le regarder.

-On est perdus tous les deux, si je comprend bien... soupira-t-elle.

Elle bascula sa tête en arrière jusqu'à ce que celle-ci touche le mur. Elle observa le plafond au dessus d'elle, espérant presque qu'un plan y apparaisse comme par magie. Pourquoi ils ne font pas de plan de l'école, histoire d'éviter qu'on se perde ?! Si ça se trouve, ils allaient rester là pendant des heures, voire des jours avant qu'on les retrouve ! Et ils n'avaient rien à manger, ni à boire ! Bon, pour la nourriture, il y a peut-être ce qu'il faut... rigola son esprit, tandis qu'elle tournait la tête vers Deamon. Espèce de cannibale ! hurla-t-elle à sa conscience. Elle n'allait pas manger Deamon, quand même ! Elle devait vraiment être fatiguée pour penser à des idioties pareilles. Même morte de faim, elle ne pourrait jamais manger quelqu'un.

Imaginer tout ça lui donna des haut-le-cœur et elle dû se retenir de ne pas vomir. Elle attendit un peu que le malaise passe et lança à son ami :

-Comment tu t'es perdu, toi ?

Au bout d'un moment, Katherine lança un drôle de regard à Deamon, ce qui le fit hausser les sourcils. Avait-il quelque chose coincé entre les dents ? Ses cheveux étaient-ils en bataille ? Il vérifia discrètement, mais ce n'était rien de tout ça. Il allait demander ce qui n'allait pas quand Katherine ouvrit la bouche avant lui :

-Comment tu t'es perdu, toi ?

Il se gratta la tête, un peu gêné. Il failli laisser son côté arrogant prendre le dessus et dire à son ami que ce n'était pas sa faute, que quelqu'un l'avait amené dans la mauvaise direction, mais il savait très bien que la jolie brune n'en croirait pas un mot et lui ferait la tête. Il la connaissait de mieux en mieux, à force et savait qu'elle ne supportais pas qu'il rejette toujours la faute sur les autres histoire d'avoir l'air parfait. Il répondit donc avec sincérité :

-Je cherchais un raccourci pour rentrer à la salle commune, mais apparemment, je me suis trompé quelque part.

Sa tentative d'humour était pourrie et il fit un petit sourire d'excuse à son amie. Il la fixa ensuite droit dans les yeux, comme il le faisait souvent ces derniers temps.

Les deux Gryffons s'étaient beaucoup rapprochés depuis la rentrée et passaient désormais beaucoup de temps ensembles. Il parlaient de tout et de rien, se racontaient leur enfance, leur bêtises de quand ils étaient petits. Toutefois, Deamon avait appris à ne pas aborder de lui-même le sujet des parents de Katherine. Il savait que c'était un sujet sensible pour elle et ne voulait surtout pas la blesser.

-Et toi, comment tu t'es perdue ?

Il se rapprocha peu à peu d'elle jusqu'à ce que leurs épaules se touchent. Son battit un peu plus fort, sans qu'il sache pourquoi.

Quand Deamon le regarda droit dans les yeux, Katherine sentit son cœur rater un battement. Elle ne s'était toujours pas habituée à la couleur des yeux de son ami, et ça lui faisait un choc chaque qu'elle regardait ces drôles d'yeux jaunes. Ils n'étaient pas moches, ni terrifiants, ils lui allaient même très bien, c'est juste qu'ils étaient surprenants. On aurait dit des yeux de félins, comme deux d'un lion.

Deamon lui demanda comment elle s'était perdue, elle aussi et allait lui répondre quand elle sentit l'épaule de Deamon toucher la sienne. La jeune fille se retint de ne pas sursauter. Le contact n'était pas désagréable, mais ça faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas côtoyé quelqu'un d'aussi près qu'elle en avait presque oublié la sensation d'apaisement que ça lui faisait ressentir. Elle eut un mini-sourire à l'intention de son ami. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait dire. Qu'est-ce que Deamon lui avait demandé, déjà ? Ah oui, elle s'en rappelait, maintenant !

-J'ai un peu fait comme toi, sauf que je ne cherchais pas un raccourci. Je me suis juste trompée de couloir et j'ai passé des heures à essayer de retrouver mon chemin. Ce château est un vrai labyrinthe, une chatte n'y retrouverait pas ses petits !

Elle se tut. Sans savoir comment, au fur et à mesure qu'elle parlait, elle s'était rapprochée de Deamon, au point d'être presque collée à lui. Elle s'écarta vivement. Mais qu'est-ce qu'il me prends ? Je suis en train de faire quoi, là ? Son ami devait la prendre pour une folle, aussi se justifiât-elle en bégayant :

-Je... eum... j'ai cru... voir une souris. Mais... j'ai sans doute dû rê... rêver.

Super crédible, bravo ! railla sa conscience. Oh toi, va voir ailleurs si j'y suis ! Et voilà, elle criait de nouveau après sa conscience...

Une souris ? Sérieusement ? Il ricana discrètement. Bien sûr, tu n'as pas inventé cette excuse pourrie parce que t'étais gênée d'être aussi près de moi... ironisa-t-il intérieurement. Il préféra ne rien dire, pour ne pas vexer son amie. Mieux valait éviter de se prendre des coups sur la tête.

Faisant comme si il n'avait pas remarqué l'excuse bidon de la Gryffonne, il fouilla dans ses poches, à la recherche de quelques friandises à grignoter. Il dénicha quelques chocogrenouilles encore emballées, bien qu'un peu écrasées. Il montra son petit butin de 6 chocogrenouilles à Katherine. Il lui en donna la moitié et garda le reste pour lui.

La faim commençait à se faire sentir et il commença à ouvrir ses friandises. La garçon ne jeta même pas un regard aux cartes et enfourna deux chocogrenouilles dans sa bouche. Sans prendre le temps de mâcher, il avala le tout. Et failli s'étouffer.

Deamon toussota en essayant de faire passer les friandises, un peu trop grosses pour son gosier. Il y réussi avec quelques difficultés. Essayant de garder contenance face à son amie, il lui demanda :

-Alors, tu as quoi comme cartes ?

Il jeta un coup d'œil aux siennes. Il les possédaient déjà en plusieurs exemplaires chacune, aussi les tendit-il à Katherine en lui souriant.

-Je les ais déjà, tu peux les garder. À moins que toi aussi tu ne les aient, auquel cas, je pourrais les échanger.

Katherine remercia Deamon quand celui-ci lui donna quelques unes de ses chocogrenouilles. Ça faisait tellement longtemps qu'elle n'en avait pas mangé ! Elle prit soin de ne pas les manger trop rapidement, histoire de les faire durer le plus longtemps possible. Deamon, lui, n'eut pas ce souci : il les dévora aussitôt. La jeune fille rigole en le voyant s'étouffer et se prépara à lui taper dans le dos pour l'aider, mais heureusement, il réussi à avaler le tout.

-Alors, tu as quoi comme cartes ? lui demanda le garçon.

Elle allait les lui montrer, quand il lui donna les siennes. Elle leva un regard interloqué vers lui. Il lui donnait ses cartes ? Elle secoua la tête à cette pensée. Il voulait peut-être simplement les lui montrer. Pourtant, le garçon confirma sa première idée. Apparemment, il possédait déjà ces cartes.

Elle lui montra les siennes, assez communes. Son petit frère en avait des dizaines comme celles-là. Elle s'en souvenait pour avoir trop souvent dû lui en donner. À vrai dire, elle les lui avaient toutes données. Ses parents s'étaient montrés très clair là-dessus. Elle pouvait manger autant de chocogrenouilles qu'elle voulait à condition d'en donner les cartes à Chan. Elle ne les avaient jamais eu plus de deux minutes en main.

Soupirant, elle manga une autre chocogrenouille, très lentement. C'était tellement bon ! La fillette rangea ses cartes dans sa poche et remercia une nouvelle fois son ami. Elle jeta un coup d'œil au couloir et se remémora pourquoi ils étaient là.

-Tu as un idée de la façon dont on pourrait retrouver notre chemin ?

Le jeune garçon observa son amie avec attention. Quelques secondes auparavant, elle semblait dans ses pensées et avait d'ailleurs un air un peu tristounet. Il avait failli lui poser sa main sur l'épaule comme pour la réconforter mais il savait qu'elle n'aurait surement pas apprécié.

-Bah, je suppose qu'on peut toujours marcher. On finira bien par retrouver notre chemin. (Il bailla un coup.) Et nos lits. Je ne sais pas quelle heure il est, mais sans doute plus de 8 heures. Et demain je dois me lever tôt.

Il aida la jeune fille à se relever et ils partirent tous deux en quête d'un endroit connu. Deamon ne savait pas depuis combien de temps ils marchaient. Tout le monde devait déjà être rentré dans les dortoirs depuis belle lurette à présent.

Couloirs après couloirs, détours après détours, marche après marche, ils finirent enfin par atteindre l'étage des Gryffondor. Le peu de luminosité ne les avaient pas aidés à se repérer et le jeune garçon avait bien cru qu'ils ne trouveraient pas avant le lendemain. Heureusement, son sens de l'orientation infaillible ne lui avait pas fait défaut. Il sourit fièrement à Katherine avant de s'avancer jusqu'au portrait de la Grosse Dame. Cette dernière dormait à poings fermés et il eut beau se racler la gorge autant qu'il voulait, elle ne se réveilla pas. Il poussa un gros soupir et se prépara à user de la manière forte.

Ils avaient enfin trouvé la salle commune ! La jeune allait enfin pouvoir roupiller et reposer ses jambes. Elle était épuisée après avoir tant marché. Ce château était vraiment gigantesque ! Elle était persuadé que personne ne pouvait en connaître tous les recoins, sauf peut-être la directrice et certains fantômes.

Quand Katherine vit que la Grosse Dame ne daignait pas se réveiller, elle commença à s'énerver. Elle vit que Deamon pensait la même chose qu'elle et avant que ce dernier ne puisse ouvrir la bouche pour tirer la Grosse Dame de son lourd sommeil, elle frappa très fort des mains près de la tête peinte de cette dernière. La tableau se réveilla en sursaut et s'apprêtais à crier, mais la vue des deux jeunes gens l'arrêta.

-C'est à cette heure-ci que vous rentrez ? leur lança-t-elle, mauvaise.

-On s'était perdus, pas de quoi en faire un formage, grommela Katherine.

Elle n'attendit pas la réponse du tableau et donna le mot de passe. Mais La Grosse Dame était sensiblement énervée d'avoir été tirée du pays des rêves de cette façon-là et par une fille aussi mal élevée. Elle commença à rouspéter.

-Vous auriez pu éviter de vous perdre quand même ! Et aussi de me réveiller à cette heure indue ! Vous savez quelle heure il est, au moins ?

La jeune fille perdit patience et hurla presque le mot de passe. La Grosse Dame s'affola et ouvrit précipitamment le passage qui menait à leur salle commune. Le tableau se referma aussitôt sur les deux Gryffons.

-Espèce de petite peste ! s'écria le tableau.