Qu'il était grand ce château. Ses frères l'avaient prévenu, mais Blaze ne s'attendait pas à se perdre autant entre les multiples couloirs et les escaliers un peu partout. Bien sûr si Amory, Oskar et Solal avaient chacun apporté leurs remarques et commentaires sur la structure du château, personne ne s'était porté volontaire pour lui faire visiter. Ce n'était pas grave, un Rosenberg se suffisait à lui-même et n'avait pas besoin d'un autre Rosenberg dans les pattes pour vivre sa vie. Voilà, et bim. Enfin, le résultat  était surtout qu'il s'était déjà perdu plusieurs fois, empruntant souvent les mauvais escaliers qui sur un coup du sort, se décidaient à bouger pour l'emmener vers un autre couloir. Il était arrivé plusieurs fois en retard à ses différents cours mais aujourd'hui, c'était fini.

Il montait une expédition : partir à la découverte des moindres recoins du château et explorer l'ensemble des couloirs et divers lieux. Pour cette mission de la plus haute importance, le jeune aiglon avait besoin d'un brave acolyte pour l'accompagner. Malheureusement, il était manifestement tout seul, mais plus pour très longtemps. Puisqu'il n'avait pas encore de copains ni de camarades de jeu, il s'en ferait aujourd'hui, c'était décidé. Il regarda tout autour de lui à la recherche d'un autre première année. Il n'y avait pas énormément de passage et il était surtout entouré de grands qui ne le regardaient même pas. Peut-être qu'il était trop petit et que ça demandait trop d'efforts pour baisser les yeux jusqu'à ce qu'il apparaisse dans leur champ de vision. Il repéra finalement une tête qui ne lui était pas inconnue ; une jeune fille qu'il avait déjà aperçue dans la masse de première année à la rentrée. De par ses cheveux blancs de mamie, elle était très reconnaissable et s'il se concentrait, il était même certain de pouvoir réussir à remettre le doigt sur son nom. Aloïs... Elyse... Alizea... Machintruc ? « Hé, toi là ! » héla-t-il finalement en agitant le bras, comme s'il avait peur de ne pas être vu. « Salut moi c'est Blaze Rosenberg, ça te dit on explore le château ensemble ? »

Ses petits pas résonnaient dans le couloir. Perdue. Encore, encore perdue. Pourquoi diable n'exposaient-ils pas le plan de ce maudit château sur les murs ? Alice n'était certainement pas la seule à se perdre dans l’immensité de l'école, il y avait bien quelqu'un d'autre qui s'y était perdue au moins autant de fois qu'elle ! Les professeurs, la directrice, monsieur Lamberts et les préfets, pourquoi ne proposaient-ils pas de visiter le chateau au moins une fois à leur arrivée ? C'était n'importe quoi.

La fillette décida de faire une pause pour prendre connaissance de ce qui l'entourait. Peut-être, par le plus merveilleux des hasarde, qu'elle reconnaitra un pan de mur déjà passé. Mais rien. C'était rageant. Et tous ces élèves qui passaient et repassaient autour d'elle, si seulement elle reconnaissait un Serpentard à suivre jusqu'à la salle commune ! Mais, malheureusement... Alice ne connaissait pas bien les visages des plus grands de sa maison. Et elle n'avait pas envie de suivre seulement une robe verte inconnue.

Et puis, dans la foule, quelqu'un s'agita. Alice ne l'aurait certainement jamais remarqué si il n'avait pas remuer ses bras de la sorte, attirant ainsi les regards, dont le sien. C'était un garçon au visage parsemé de quelques taches de rousseur. Sur son crâne ondulaient une masse de cheveux châtains désordonnés. Il ne semblait pas plus grand qu'elle, du moins pas à la distance qui les séparaient.

« - Hé, toi là ! »

Les sourcils d'Alice se haussèrent. Mais qu'est-ce qu'il lui voulait ? Oh à présent tout le monde les regardait... Alice décida de se rapprocher, de quelques mètres au moins. Tout ce qu'elle voulait, c'est qu'il cesse de se ridiculiser ainsi !

- Salut moi c'est Blaze Rosenberg, ça te dit on explore le château ensemble ?

Il ne tournait pas autour du pot, et mettait immédiatement les pieds dans le plat. Alice garda le silence quelques instants, réellement secouée par ce garçon qui venait de la sortir de son petit monde bien droit et carré.

- Bonjour, finit-elle par dire avec hésitation. Enchantée Blaze...je suis Alice Sangblanc. Et... navrée, je ne m'attendais pas à une telle proposition, au détour d'un couloir.

Son ton était soutenu, ses manières peut-être un peu précieuses. Elle finit par étirer un léger sourire. Après tout, cette proposition, aussi étonnante soit-elle, était la bienvenue.

- Eh bien, qu'attendons-nous pour partir à l'exploration ? »

A son plus grand bonheur, la fille aux cheveux blancs s'approcha de lui suite à son invitation. Elle mit un moment avant de répondre, et le jeune garçon crut bien qu'elle allait l'envoyer balader. Finalement, quand elle prit la parole, Blaze clignota plusieurs fois des yeux, surpris par son langage. Il n'était pas certain de comprendre tous les mots et se demandait si le "navrée" se référait au "navet", devait-il lui dire qu'il n'aimait pas tous les légumes ? Cette dénommée Alice était bien étrange ; elle parlait comme sa grand-mère ! En plus, elle avait des cheveux blancs comme une personne âgée. La petite lumière monta jusqu'au cerveau de Blaze, qui finit par remettre les pièces du puzzle en place. Alice était une personne âgée qui avait abusé d'une potion de rajeunissement ! 

Mais alors, que faisait-elle à Poudlard ? Était-ce une professeure ? Il écarta rapidement cette hypothèse ; non seulement elle ne s'asseyait pas à la table des professeurs, mais de plus, elle avait passé la cérémonie de répartition en même temps que lui et elle avait déjà été dans sa classe. Tout en caressant son menton avec ses doigts, Blaze était perdu dans ses réflexions et fit à peine attention aux propos suivants de la grand-mère, qui était favorable à l'expédition. Ah. Il avait trouvé ! C'était soit une espionne d'un autre pays qui voulait observer les méthodes d'éducation à Poudlard, soit juste une personne âgée très nostalgique de ses études. Dans un cas comme dans l'autre, Blaze ne voyait pas d'inconvénient à aider cette pauvre dame.

« Chouette, allons-y alors ! J'ai commencé à dresser une carte, je vous... » Il s'interrompit, se mordant l'intérieur des joues au passage pour se faire taire. S'il la vouvoyait, elle saurait qu'il l'avait percée à jour et cela pourrait la mettre mal à l'aise. Par nécessité, il devait la tutoyer. « ...je te montrerai. On peut partir par la gauche si tu veux, moi je viens de la droite et il n'y avait rien d'intéressant là-bas à part quelques tableaux bizarres et des statues de chevaliers. » Parce qu'il ne devait pas être facile de paraître jeune et de marcher sans canne malgré sa vieillesse évidente, le jeune garçon tendit galamment son bras à Alice. « Tu peux prendre mon bras pour marcher si tu veux... »

Ce garçon était vraiment étrange. Pour commencer, Alice n’aimait pas cette drôle d’attitude qu’il adoptait avec elle. Cette façon de cligner des yeux comme si elle venait de mal se comporter... c’était très agaçant. Et puis il l’avait vouvoyé ! Alice l’avait bien entendu, ça ! La prenait il vraiment pour une adulte ? Non, impossible. A moins que sa vision soit très, très, très mauvaise... Non, vraiment Alice ne comprenait pas. Ce Blaze était étrange.

Alice écoutait tout de même le garçon. Qu’entendait-il par « il n’y avait rien d’interessant » ? Évidemment, c’est une école, pas un musée ! Alice jeta un regard par la gauche et observa le long couloir qui s’offrait à eux. Elle ne savait pas où il pouvait mener... cette excursion était vraiment une bonne idée. Bon, il fallait faire abstraction du drôle de caractère de ce garçon mais sinon, l’aventure promettait d’être intéressante.

Alice reposa ses yeux sur Blaze... et son bras qu’il tendait vers elle, comme une invitation à s’en saisir.
C’était une invitation à s’en saisir.
Le regard de la fillette remonta sur le visage du garçon, un sourcil haussé exprimant son incompréhension. La politesse, c’était bien. Mais il ne fallait tout de même pas en abuser, et garçon se roulait dedans.

« - C’est très aimable à toi mais je peux très bien marcher toute seule, refusa gentiment Alice.

La petite Sangblanc espérait ne pas l’avoir froissé. Peut-être était-il susceptible ? Oh, et c’est lui qui avait cherché, de toutes façons !
Alice désigna le couloir de gauche d’un geste de la main.

⁃ Allons y, je suis certaine qu’il sera meilleur que celui de droite !

Un couloir, meilleur qu'un autre ? C'était stupide, en réalité. C'était un couloir, point.
Alice sourit brièvement au garçon et s'avança dans ce fameux couloir de gauche. Et, comme prévu, il était d'une simplicité déconcertante. C'était un couloir, après tout ! Seulement un couloir !
La fillette jeta un regard au garçon.

- Tu disais avoir commencé à dresser une carte ? C'est une bonne idée. Peux-tu me la montrer ? »

C’était prévisible. La dame avait refusé son bras, toujours avec ses manières de grand-mère et son sourcil haussé un peu de la même façon que lorsqu’un adulte vous juge, vous enfant, après avoir dit une sottise. La mission s’annonçait délicate, mais Blaze s’adapterait à l’étrange créature qui l’accompagnait. Ne sachant pas quoi faire avec son bras, il commença par remonter sa main jusqu’à sa tête et après avoir ébouriffé encore un peu plus ses cheveux, son bras retomba le long de son corps. Il voyait désormais cette expédition un peu comme un défi : plus il réfléchissait et observait la dénommée Alice, et plus il avait envie de lui faire avouer son secret. Pour cela, la discrétion serait de mise. Une fois la cible mise en confiance, il lui arracherait des aveux par de subtiles questions. Elle ne verrait rien venir !

« Allons à gauche alors. » confirma-t-il simplement. Attendre que la cible soit mise en confiance. Subtilité. Patience. Il n’y avait rien de spécial dans ce couloir, mais Blaze entrevoyait au loin des escaliers. C’était peut-être ceux qui bougeaient dans tous les sens ; il avait du mal à s’y repérer. « Ouais attends, je la sors tout de suite. » répondit-il à Alice qui demandait à voir sa carte. Il sortit un parchemin tout froissé de son sac et le déplia. Il y avait une sorte de rond étrange au milieu duquel il était écrit « SERDAIGLE DORTOIR », et après, des traits représentant des chemins à prendre et des escaliers semblaient mener à un autre cercle dans lequel on pouvait lire « SALLE REPAS ». Blaze toussota. « Bon, c’est encore un peu incomplet pour le moment. J’sais pas si y a un secret concernant l’emplacement des salles communes, tant pis hein. Si t’as des trucs à rajouter. D’ailleurs, je crois qu’on n’est pas très loin des escaliers, là. » Il lui jeta un regard en coin. Avait-elle confiance désormais ? C’était l’heure de passer aux subtiles questions.  « Alors, tu t’appelles Alice hein ? C’est assez commun comme prénom je crois, mais c’est surtout donné aux personnes âgées, non ? Faisons un peu connaissance. Tu l’as reçue quand toi ta lettre pour Poudlard ? » par cette dernière question très subtile, il s'attendait à ce qu’elle se trompe et avoue par mégarde que cela faisait bien quatre-vingt ans. Mais comme elle semblait très intelligente, elle n’allait peut-être pas tomber dans le panneau. Il renfonça le clou avec une troisième question. « C’est vraiment la première fois que tu… visites… l’école ? » Et voilà. Après tout c’était bizarre car si on partait sur l’hypothèse de la vieille dame nostalgique, elle était quand même censée se souvenir de la structure de l’école, pas être perdue ainsi. Ou alors elle avait des problèmes de mémoire mais dans ce cas, cela poserait problème pour les cours donc ce n’était pas logique. Ou bien, c’était bien une espionne. Et là, se souvenant de son nom qui n’avait pas vraiment une consonance anglaise, il sut que cette hypothèse était confirmée.

Alice était agréablement surprise. Le garçon avait peut être l’air un peu... énergique, mais il était méthodique. La carte dépliée sous yeux, Alice ne pouvait que le reconnaître. Bon, il ne s’agissait pour l’heure que du chemin de la salle commune des Serdaigle à la salle ce banquet, et le parchemin était très, trop froissé mais.. il était tout de même méthodique.
Alice ne voyait rien à ajouter à la carte de Blaze. En général, la fillette s’arrangeait pour suivre la masse. De loin, bien sûr. Pour ne pas avoir l’air d’un petit chat perdu... et pour ne pas avoir à subir une quelconque discussion.
Alice jetait un regard au fond du couloir pour constater si oui ou non, il y avait un couloir. Bon, pas encore, mais ils ne devaient pas en être bien loin. Ce château était définitivement trop grand.
Blaze semblait vouloir en savoir plus Alice. Maladroitement, d’ailleurs. Alice, un nom donné aux personnes âgées ? C’était un nom, point ! Pas forcément donné aux vieilles personnes, en plus !

« - Alice est un prénom français très commun, corrigea la fillette. Donc il est assez probable que de nombreuses personnes plus âgées le portent. Ma famille paternelle est française donc j’ai un nom français, voilà. Et si tu veux tout savoir, j’ai reçu ma lettre au mois de juillet.

Décidément, il était curieux, ce garçon ! Cela amusait Alice plus que ça ne la dérangeait. Parler d’elle, c’était agréable, même si les questions étaient assez spéciales.
La troisième était elle plus étrange.
« C’est vraiment la première fois que tu… visites… l’école ? »
Évidemment ! Sinon, Alice n’aurait pas besoin courir dans tout le château pour retrouver son chemin !

⁃ Eh bien, oui. Comme toi je suppose. Sinon, nous ne partirions pas en expédition ensemble. Enfin, je crois. Dis moi, tu ne t’attends pas à ce que je te fasse visiter le château, n’est-ce pas ? Parce que sinon, je préfères te le dire de suite : on est mal. »

Alice souriait légèrement mais espérait réellement que Blaze ne l’imaginait pas comme une guide. Après tout, elle était en première année ! En plus, son sens de l’orientation était... légèrement troublé par ce château trois fois trop grand.

Grâce à ses subtiles questions, Blaze put soutirer quelques informations à Alice. Malheureusement -mais il s'y attendait, c'était prévisible, elle n'avait donné aucune information sur ses activités réelles au sein du château ou sur son âge. Elle expliqua que son prénom était très commun ; soit, elle esquivait parfaitement bien la question, il hocha la tête, peu convaincu. Il frissonna lorsqu'elle évoqua son nom de famille. Il l'avait questionnée sur son prénom, sur sa lettre et sur sa connaissance du château, mais il ne lui avait rien dit pour ses doutes concernant ses origines étrangères. Et pourtant, pile quand il pensait à son nom qui n'avait aucune consonance anglaise, elle avait ressenti le besoin de le justifier. A cela, il ne voyait qu'une seule explication : elle était capable de lire dans ses pensées. C'était donc une Legilimens. Assez logique pour une espionne française qui avait infiltré l'école ; il fallait affûter ses armes et être prêt à combattre de bien des façons.

Elle indiqua avoir reçu sa lettre en juillet ; certes, mais le juillet de quelle année ? 1885 peut-être ? Bien, elle était douée. Très douée. Elle savait répondre aux questions de manière à ce que cela paraisse naturel, mais en évitant de dévoiler des informations sensibles. Sa réponse se fit encore plus vague pour la dernière question. Bon, si c'était vraiment une espionne, elle ne mentait peut-être pas. 

« Oui effectivement ! Non, ne t'inquiète pas, puis j'ai un assez bon sens de l'orientation une fois que j'ai repéré les lieux, ça devrait donc aller. » répondit-il de manière tout aussi vague. Comme il le pensait, le couloir déboucha sur de multiples escaliers. L'un partait sur la gauche, l'autre sur la droite. Le garçon rangea sa carte de toute façon inutile, puis décida de tester les dons de legilimancie de l'espionne. Il observa l'escalier de gauche. Puis celui de droite. Se tourna vers Alice et planta son regard dans le sien. Gauche. Gauche. Nous irons à gauche. « Je te laisse choisir pour la suite de l'expédition, Alice. Partons-nous à gauche ou à droite. D'ailleurs faudra qu'on prenne des notes sur nos découvertes, on est passés devant un tableau avec un champ rempli de vaches dessus et on a rien noté. Gauche ou droite ? Choisis ! » Allez, tombe dans le panneau, montre-moi que tu es bien une Legilimens, choisis la gauche et je saurai que j'avais raison ! Gauche, gauche... A gauche, je crois qu'il y a le bureau du concierge... Petite espionne, il y a probablement beaucoup à apprendre dans ce genre d'endroit... C'est le coin idéal pour des personnes comme toi... Gauche, gauche... 

Blaze ne s’était pas fourvoyé sur Alice, et ne la prenait donc pas pour une guide. C’était parfait. Les deux enfants étaient sur un pied d’égalité, et allaient pouvoir se rendre mutuellement service. L’un avec la carte, l’autre... eh bien, disons qu’Alice était suffisamment observatrice pour lui dire quoi noter de pertinent. Blaze disait avoir un bon sens de l'orientation ? Cela comblerait ses difficultés.

Comme prévu, le couloir les mena à deux escaliers, l’un partant à gauche et l’autre à droite. Alice se retint de lâcher un profond soupir. Ce château était un véritable labyrinthe. Pourquoi, ô grands Dieux pourquoi n’y avaient-ils pas une toute petite pancarte pour dire où ils menaient ! Pourquoi fallait-il toujours que tout soit si compliqué !

Et en plus, c’était à elle que revenait le "plaisir" de choisir. Alice étudia soigneusement un côté comme l’autre, ses doigts clacottant doucement sur sa hanche. A gauche, ou à droit ?. Blaze la fixait, accentuant alors la danse de ses doigts. Ce n'était pourtant pas si compliqué comme choix, cela n'influerait certainement pas sur leur hypothétique bonne entente. Et pourtant, Alice se sentait stressée !

« - Partons à droite, dit-elle comme si le choix était évident. Je ne saurais dire pourquoi, mais ces escaliers m'inspirent.

Alice s'avança et descendit les premières marches, retenant sa robe de sorcier comme si elle ne voulait pas l'abimée.

- A ton avis, où est-ce qu'ils mènent ? demanda la fillette en basculant sa tête blanche vers le garçon. Je serais ravie de voir à quoi ressemble la salle des trophées. Mon frère dit que c'est assez impressionnant, qu'il y règne une certaine aura. Tu as de la famille à Poudlard ? »

Son visage se décomposa lorsque Alice choisit la droite. Pourquoi la droite alors qu'il lui avait crié mentalement d'aller vers la gauche ? Il la regarda d'un air suspicieux. Deux possibilités : soit elle n'était pas aussi douée en légilimancie qu'elle semblait pourtant l'être, soit elle était trop intelligente, bien trop intelligente pour le pauvre garçon. Elle avait très bien pu lire son plan dans sa tête, se rendre compte qu'il voulait uniquement la tester et donc, choisir de contrarier son souhait. C'était bien joué. Mais il n'en serait que plus méfiant -et d'autant plus subtil dans ses propos. Oui, il finirait bien par l'avoir.

Il lui emboîta le pas dans les escaliers. Il ne savait pas trop où cela menait, mais s'ils descendaient jusqu'au rez-de-chaussée, ils devraient trouver facilement la Grande salle et ses alentours. La bibliothèque était aussi au rez-de-chaussée d'ailleurs, mais cela ne l'intéressait pas plus que cela. 

« La droite... » répondit-il avec un air contrarié. « J'sais pas trop où ça mène, mais j'suis pas sûr qu'il y ait la salle des trophées par-là. Enfin, je veux dire, je suis déjà passé devant une fois et ça ressemblait pas à cet endroit là ! Mais je crois qu'on est pas loin de certaines salles de cours. » Il avait tiqué en entendant le mot frère. « Il est encore en vie ?! » s'étonna-t-il. Bon Blaze, niveau subtilité, on a connu mieux.  « Il a quel âge ? » Le garçon imaginait aisément un vieillard de quatre-vingt-dix ans. Peut-être que lui, il était professeur. Quoi qu'il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà vu des gens vraiment très vieux dans l'équipe professorale, du moins pas beaucoup. Ou alors, c'était un ancien élève. Il avait peut-être quitté l'école ? « Ouais moi aussi j'ai des frères. J'en ai trois à Poudlard, en fait. Y a Amory, il est en septième année et c'est un Serpentard. Oskar, Gryffondor. Et Solal, un Serdaigle comme moi ! Le petit dernier c'est Cosmo, il rejoint Poudlard dans deux ans.»

Alice avait plusieurs fois cligné des yeux, dévisageant alors Blaze d’une drôle de façon. « Il est encore en vie ?! » comment ça, il est encore en vie ? Pour quelle raison Jacob ne serait-il pas encore en vie ! Blaze avait l’air si étonné, Alice ne savait pas quoi en penser. Ce n’était pas comme si il blaguait, il semblait tellement surpris !

« - Il a 20 ans, avait répondu Alice à la question de Blaze. Il aura 21 ans en Août ...

Blaze devenait de plus en plus bizarre. Alice n’avait rien contre lui, au contraire il avait l’air d’être un très gentil garçon. Mais cette question ... Pourquoi s’intéressait-il à Jacob ? Et pourquoi cette drôle de question ? S’était-il passé quelque chose ? Alice n’avait pas lu la Gazette du Sorcier, ce matin !
Son coeur se mit à battre plus fort, soudainement submergée par la peur. Il avait eu un accident. Quelqu’un lui avait fait du mal ! C’était des représailles, quelqu’un voulait se venger de papa ! Alice manqua de trébucher dans les escaliers en se tournant vivement vers Blaze, peinant à se calmer.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est-ce que tu as vu ça ! Non non, il va bien ! Il va bien, n’est-ce-pas ? Pourquoi tu as posé cette question ! Il lui est arrivé quelque chose ? Tu as lu un article qui mentionnait son nom ? Il n’est pas mort ! Non ?

Tout s’emmêlait dans la tête de la petite fille. Il plaisantait, il plaisantait sûrement ! Mais ce n’était pas drôle, pas drôle du tout ! Et si ce n’était pas une plaisanterie ? Et si Jacob c’était attiré des ennuis et qu’il était ... non, Jacob était gentil, il ne lui arrivait jamais rien ! Par Merlin, et si il s’agissait de Thomas ? Mais oui, c’était forcément Thomas !
Plus la petite fille réfléchissait, et plus peinait à conserver son calme. Le garçon allait s’expliquer ! Le garçon allait lui dire que c’était une blague, et ils reprendraient leur exploration ! Ou alors elle le laisserait planter là. C’était une plaisanterie. C’était forcément une plaisanterie.
Son regard sur Blaze devenait presque implorant. « Dis moi que tu as fait une blague ! Dis moi seulement que tu as fait une mauvaise blague ! »