Tom Grimms est un mignon petit Poufsouffle. Il est arrivé à Poudlard cette année scolaire, en 2043, comme sa sœur jumelle Naala qui, elle, fut envoyée à Serdaigle. 

Autant vous dire qu'au début, c'était difficile. Hors de Poudlard, Tom et Naala étaient toujours collés l'un à l'autre. Et c'était Naala qui faisait tout. Par exemple, c'était toujours elle qui demandait du gâteau pour les deux à leur parent après le dîner ; ou elle qui leur demandait si les cousins pouvaient rester dormir à la maison ; elle encore qui allait taper, en primaire, ceux qui embêtaient son frère. 

Maintenant, et pour la première fois de sa vie, il était seul. Bien sûr, il voyait sa sœur et leur grand frère Arthur le Serpentard, pendant les repas et il avait parfois des cours en commun avec Naala, mais ce n'était pas comme avant. Il avait dû apprendre à sociabiliser tout seul, comme un grand, pour la première fois de sa vie. C'était ça, le problème des enfants Grimms : ils avaient tous été trop couvés par leurs parents ! Alors s'ils n'étaient pas dotés d'un gros caractère comme Naala, ils se plaisaient difficilement dans la société quand ils devaient y plonger. Arthur avait eu le même problème. 

Donc voilà le tableau : Tom était un garçon un peu naïf, très gentil mais sans caractère. Il s'était fait quelques copains quand même, mais sa sœur lui manquait tout le temps terriblement. 



Passons maintenant à notre Serpentard préféré : Arthur Grimms. Arthur, lorsque les jumeaux sont arrivés à Poudlard, avait craint devoir s'en occuper sans arrêt, être couvert de questions dès qu'il les croiserait quelque part et entendre hurler après eux concernant toutes les bêtises qu'ils feraient. Résultats, ils n'étaient pas dans la même Maison donc les bêtises étaient limitées. Ensuite, il avait eu moins de questions que prévu. Les deux semblaient bien s'adapter au château et c'était tant mieux. Non pas qu'il ne les aimait pas. Bien sûr que non. Il les adorait évidemment. Mais ils pouvaient être difficiles parfois. Il espérait souvent que Poudlard, les cours et toute cette indépendance les feraient grandir, comme cela avait marché pour lui. 

Ce jour-là, alors qu'il avait un peu de temps libre et qu'il se rendait à la bibliothèque pour faire son devoir d'HdlM, Arthur vit son petit frère Tom au loin. Il allait le saluer quand il vit qu'il avait la bouche pleine et qu'il observait avec admiration une carte. Les fameuses chocogrenouille. Arthur sourit par fierté. Tom avait commencé sa collection grâce à lui. Il lui avait offert sa toute première chocogrenouille à noël, il y avait quelques années de cela. 

En se rapprochant donc, Arthur commençait, avec stupéfaction, à voir la couleur de la carte. Or. C'était doré, tout doré, trop doré même ! Bon sang, Tom avait eu une carte rare ! Le Serpentard avait hâte de savoir laquelle c'était ! Enfin, il arriva à la hauteur de son petit frère à lunettes. 

"- Coucou Tom !
- Arthur ! Répondit ce dernier avec un grand sourire, après avoir avalé son chocolat. Tu vas bien ? Tu vas où, là ?
- À la bibliothèque, mais j'ai un peu de temps. J'vais bien, et toi ? T'as eu une nouvelle carte ? Demanda le grand frère en pointant l'objet du doigt. 
- Oui, regarde !"

Enfin, Arthur put observer la carte. Il n'en croyait pas ses yeux. C'était la numéro 10 Or : Hermione Granger ! Elle était magnifique ! Et surtout, lui, Arthur, il ne l'avait pas ! Bon sang... Tom n'en était qu'au début de sa collection. C'était quoi ? Peut-être sa quinzième carte, grand maximum ! Lui en avait exactement 197, dont plusieurs en double et en triple, voir en quadruple. Et jamais il n'avait vu celle-ci. 
Arthur réfléchit alors très vite. Lui était un Serpentard, et Tom un Poufsouffle ! N'y avait-il pas un coup à jouer là ? 

"-Bof, pas terrible, dit Arthur d'un air dégagé. 
- Ah bon ? Répondit Tom, visiblement déçu de ne pas avoir impressionné son grand frère comme il l'aurait voulu. Mais c'est une carte Or, pourtant !
- Ouais, mais tu vois, des fois, ça, ça veut rien dire. C'est juste que elle, elle était célèbre mais la carte, elle est courante. Je l'ai déjà moi, par exemple. Et deux fois !
- Oh... Bah, tant pis si elle est pas si top, parce que je l'ai pas moi. Donc ça agrandit ma collec' quand même !
- C'est vrai mais ça me fait un peu de peine pour toi. Tu ne voudrais pas avoir une très belle collection, et ça, dès le début ?"

Tout en parlant, Arthur se rapprochait de Tom et s'appuya contre le mur, prenant l'allure d'un mafieux venant subtilement menacer un homme.

- Je sais pas... Je veux juste toutes les cartes, au final. 
- Ok, alors voilà ce que je te propose, dit-il en fouillant dans la poche de sa cape. J'ai toujours des cartes sur moi, pour faire des échanges quand je peux. C'est un conseil que j'te donne d'ailleurs. Donc, je peux te filer la Rita Skeeter contre celle-là. Mais c'est bien parce que tu es mon petit frère, hein !
- Mais c'est une Bronze celle-là, non ? 
- Oui, mais je t'ai dit : ça ne veut rien dire les couleurs des cartes. 
- Bah j'sais pas. Je la trouve plus belle celle d'Hermione quand même. 
- Rho, Tom, sois pas stupide. Je sais que t'es à Poufsouffle, mais quand même ! Tu ne me crois pas ? Si je te dis que la carte Bronze de Rita Skeeter est beaucoup plus rare que la carte Or d'Hermione Granger, tu ne me crois pas ?! Moi, ton grand frère ? Alors qu'en plus, je te propose cet échange gentiment ! 
- Bon... D'accord... T'as sûrement raison. Pardon."

La scène se déroula presque au ralenti. Tom avança sa main, prêt à donner la précieuse carte à Arthur. Dans quelques secondes, il l'aurait en sa possession. Dans quelques secondes...

George profitait de son moment de libre pour déambuler avec ses deux amis dans les couloirs. Ils n'avaient pas de devoirs en retard, et aucune envie de se plonger dans des révisions intensives des examens de fin d'année alors qu'ils n'avaient qu'une heure de battement avant leur prochain cours. Ils marchaient donc, complètement au hasard, sans même faire attention à où leur pas les menaient. Les discussions allaient bon train entre les trois garçons. Les trois adolescents avaient des physionomie un peu semblable; fin, épaules voussées, dégingandé... Seul George sortait du lot avec sa tête de plus. C'était le cas depuis toujours et aucun des trois n'y faisait réellement attention, mais il y avait toujours un imbécile heureux - expression paternelle que le garçon affectionnait - pour leur faire remarquer. Comme si ça avait de l'importance. Des grands et des petits, y'en avait toujours eu et y'en aurait toujours... Mais aujourd'hui ils étaient au dessus de tout ça, ça coulait carrément sur eux et les plus virulents des mauvais blagueurs s'étaient lassés. Il en subsistaient toujours quelques uns pour refaire une tentative chez les plus âgés mais c'était bien tout. La plupart avait mûri et chez les plus jeunes, le badge de préfet sur la robe du blond impressionnait suffisamment pour limiter les verves à leur encontre. Et parmi les Gryffondor, dès que le dit préfet se trouvait dans la pièce, les remarques et comportements désobligeant s'estompaient grandement. Ce n'était dû ni à sa prestance, ni à son charisme mais bien à l'intransigeance dont il faisait preuve malgré sa maladresse en passe de devenir légendaire et son air rêveur constamment plaqué sur le visage. Et voilà qu'au bout de ce couloir se trouvait une situation qui allait lui demander d'utiliser son statut de préfet et l'intransigeance qu'il s'appliquait à utiliser dans ce genre de situation. Mais à ce stade, il ne le savait pas encore et il voyait juste un Serpentard de son année - Arthur Grimms - discuter avec un jeune Poufsouffle alors en possession d'une carte or - il en voyait le reflet - de la collection de carte chocogrenouille dans les mains. Le jeune de 15 ans n'avait aucune raison de porter plus d'attention à leur conversation mais un échange le fit tiquer:

- "Mais c'est une carte Or, pourtant !" disait le plus jeune qui a y regarder ressemblait à Grimms. Suffisamment pour se dire qu'ils appartenaient à la même famille.

- "Ouais, mais tu vois, des fois, ça, ça veut rien dire. C'est juste que elle, elle était célèbre mais la carte, elle est courante." George écarquilla les yeux à l'affirmation du plus âgé et fit signe à ses deux comparses de rester où ils étaient alors qu'il s'avançait vers les deux autres pour mieux cerner la situation. Et la suite de la conversation ne laissait aucun doute. Le vert et argent venait bel et bien de convaincre le jaune et noir de troquer une carte bronze courante contre une or dite légendaire. Le cinquième année s'avança encore et s'éclaircit la gorge alors que la main du gamin tendait la carte or en direction de l'adolescent.

- "Je serais toi, je ferais pas ça", dit-il à celui qui était en train de se faire embobiner avant de se tourner vers le plus vieux. "Dis Grimms, je pensais pourtant que de nous deux, j'étais pourtant le moins futé!" Ça c'était vu dès leur première année, quand le brun collectionnait les bonnes notes, le blond peinait à obtenir une note correcte. Et le choix de leurs filières en avait découlé. Le blond s'en fichait mais il comptait bien utiliser cette information pour changer ce qui allait se passer en disant d'une voix ironique: "Parce qu'il n'y a pas besoin d'être major de promotion pour savoir qu'une carte est or lorsque la personne représentée est célèbre ET que la carte est très rare." Il se tourna alors vers le Poufsouffle pour ajouter d'une voix bien plus douce: "La carte d'Hermione Granger est une des plus rare de la série. Donc je serais toi, je la fourrerait fissa dans ma poche. Je ne sais pas si Arthur c'est ton frère, mais je serais toi, je le croirais pas sur parole." Termina-t-il en posant un regard accusateur et inquisiteur sur le plus vieux. Il était certains qu'il s'agissait d'un manœuvre particulièrement roublarde de sa part.

La carte était là, à portée de main. Oh, dès qu'il l'aurait en sa possession, Arthur irait tout de suite la ranger dans sa chambre et l'ajouter à son carnet et tant pis pour les devoirs à la bibliothèque ! La carte était plus importante ! 

Mais la transaction fut empêchée. 

"Je serais toi, je ferais pas ça"

Le plan d'Arthur n'arriva pas à son terme à cause d'un Gryffondor nommé George. George, le préfet... En entendant ces paroles, Tom baissa la main et regarda le nouveau venu. Ni lui, ni Arthur n'eurent le temps de dire quoi que ce soit que le garçon enchaîna. 

"Dis Grimms, je pensais pourtant que de nous deux, j'étais pourtant le moins futé ! Parce qu'il n'y a pas besoin d'être major de promotion pour savoir qu'une carte est or lorsque la personne représentée est célèbre ET que la carte est très rare. La carte d'Hermione Granger est une des plus rare de la série. Donc je serais toi, je la fourrerait fissa dans ma poche. Je ne sais pas si Arthur c'est ton frère, mais je serais toi, je le croirais pas sur parole."

Tom regarda la carte, puis Arthur, puis la carte, puis George. 

"Oui, c'est mon frère..." Dit-il, suivi d'un regard déçu vers Arthur. Il ne semblait pas croire ce que venait de lui dire George parce qu'il jeta à nouveau un coup d’œil sur la carte. Arthur était son grand frère, son modèle. Il a dit qu'il voulait l'aider avec sa collection. Il ne pouvait pas avoir menti ! 

"C'est vrai Arthur ? Elle est rare la carte ?" Demanda donc le petit Poufsouffle, les yeux grand ouverts derrières ses grosses lunettes. 

Donc problème chez le Serpentard. Que faire ? Persister dans le mensonge sachant que c'était peine perdue maintenant et qu'il avait les yeux perçants d'un préfet rivés sur lui ou avouer la vérité et baisser dans l'estime de son petit frère ? Arthur n'avait pas vraiment le choix. Et puis bon, ce n'était pas très grave, juste une histoire de carte ! Tom s'en remettrait. 

"- Ouais, bon, j'avais mal vu. En fait il a raison, elle est rare ta carte. Tu ferais mieux de la garder, comme il a dit.
- T'avais pas mal vu ! T'avais très bien vu au contraire ! T'as menti ! Tom commençait à élever le ton. 
- Oh, calme-toi ou monsieur le préfet ici présent va te disputer ! C'est vrai, j'avais bien vu, pardon. Mais tu verras plus tard, tu feras tout pour avoir une carte que t'as pas. 
- Non. Pas tout. J'suis pas un sale Serpentard comme toi ! J'vais voir si j'trouve Naala. Merci."

Ce dernier mot prononcé par Tom était pour George. Le petit frère tourna les talons et partit dans le couloir. Le ton avec lequel il s'était adressé à Arthur avait été froid, sans parler de l'insulte à sa Maison. On pouvait le comprendre mais Arthur, lui, trouvait ça exagéré. Il était maintenant seul avec le préfet et était toujours dégoûté de ne pas avoir obtenu la carte. Il s'adressa donc à George. Ce dernier allait d'ailleurs peut-être rattraper Tom pour le punir de ses mauvaises paroles vis-à-vis des Serpentards ? 

"Franchement, ça va. C'est pas grave ! Il s'en serait même pas rendu compte que la carte était rare ! Je lui apprends la vie. Il sera peut-être moins naïf maintenant."

Arthur espérait maintenant que les mots qui sortiraient de la bouche du préfet soient "Ouais, c'est vrai." et qu'il pourrait aller faire ce qu'il avait prévu au tout début : ses devoirs à la bibliothèque, malgré la frustration qu'il ressentait à présent.  

En voyant le bras du tout jeune garçon descendre et son expression changer, George su qu'il avait déjoué les plans du Serpentard. Pas qu'il en tirait de la fierté mais sa manœuvre était révoltante. Tout ça pour une carte de chocogrenouille. Difficile à avoir certes. Mais une carte de collection. Le gamin regarda tour à tour les deux adolescents, son regard se perdant un instant sur sa carte d'Hermione Granger avant de revenir à son grand-frère.

Déception était l'émotion principale qui sortait de sa voix et qui suintait par ses yeux. Avant de hausser le ton après les espèces d'excuses formulées par le plus vieux de sa fratrie. George observait la scène sans intervenir. Arthur en apprendrait peut être quelque chose. Le gamin avait par contre sans doute été trop loin dans ses paroles. Mais le préfet blond n'avait pas vraiment l'envie de le réprimander. Aussi, il ne le héla pas, pas plus qu'il ne lui courra après. Si jamais il le recroisait, et trouver les premières années n'était jamais bien compliqué. Surtout avec son nom. Il suffisait de trouver un camarade de sa maison et ça serait joué. Par contre, il voulait sérieusement discuter avec Arthur. Il avait voulu être plus malin et finalement, il était roulé.

- "T'as raison, c'est pas si grave que ça. Une carte, c'est quoi? Par contre, la confiance..." Le Gryffondor était rarement cynique. Mais après les paroles du vert et argent, il n'avait pas pu faire autrement. Et puis la situation l'avait ramené à une similaire en école primaire moldue, avec celui qui se disait être son meilleur ami. Ami qui avait voulu lui faire croire que sa grosse bille, trois fois plus grosse, avait bien moins de valeur que la petite avec un œil de chat qu'il lui tendait. Heureusement, son frère était passé par là. Se sortant de cet évènement - pas si grave que ça - il continua de répondre à son camarade d'année:

- "T'as raison, il sera moins naïf. Dommage qu'il se sente trahi par son propre frère et qu'il ne lui fasse plus confiance n'est-ce pas? J'irais même jusqu'à penser que tu mérites bien l'insulte. Contrairement aux autres Serpentard." Le blond avait toujours ce cynisme inhabituel pour tous qui contrastait avec ses épaules voussées. Il sentait le regard curieux et étonné de ses amis et peut être d'autres élèves dans son dos. Maintenant, il fallait réussir à clore le sujet en toute habileté. Pas fcile dans cette situation car elle n'exigeait pas réellement une retenue. Finalement, quel motif valable aurait-il pu donner au professeur Kown? Tentative d'extorsion de carte de collection? Mouais... Autant faire ça autrement.

- "Je crois qu'en fait tu vas avoir du boulot pour remonter dans son estime. Et je vois pas de meilleure punition pour toi." Ajouta le préfet d'une voix plus neutre, un petit sourire sur le visage, tout en attendant la réaction du brun.

Arthur faisait face au préfet Miller et se demandait bien ce que ce dernier aurait à lui dire. Toute cette histoire de carte chocogrenouille lui semblait ridicule. Ridicule comme le fait qu'il n'ait pas eu le droit de l'avoir tandis que Tom avait pu la conserver, lui qui n'avait qu'une ridicule collection. 

Le Serpentard dut donc faire face à un cynisme déstabilisant. Il n'eut pas de punition et c'était la seule bonne nouvelle dans l'affaire. Car George mit le nez d'Arthur sur la douleur infligée par la trahison d'un frère, aussi petite fut-elle. Le jeune Grimms se sentit décontenancé l'espace d'un instant. Pourquoi cette soudaine déstabilisation ? Il n'aurait pu répondre. Peut-être était-ce à l'entente du mot "trahi". 
Mais il tenta de ne rien montrer. Il devait garder la face, surtout que George avait tout son groupe de potes derrière lui. Arthur releva la tête et toisa le préfet comme un digne héritier de Serpentard l'aurait fait. Enfin, c'était ce qu'il pensait car le plus misérable des observateurs aurait pu voir la culpabilité naître dans ses yeux et entendre l'incertitude dans sa voix. 

"J'suis son frère, il ne m'en voudra pas bien longtemps. T'sais quoi ? Au pire, j'vais lui offrir quelques cartes pour me faire pardonner."

L'espace d'un instant, Arthur fut contrarié à l'idée de devoir donner gratuitement des cartes simplement pour amorcer une réconciliation. Puis il s'en voulut encore plus d'avoir pensé ça ! Il avait vraiment un mauvais fond, semblait-il ! Non, il donnerait des cartes à Tom. Peut-être même une carte or ! Ou une argent plutôt. 

Quiconque observait la scène pouvait penser qu'Arthur était l'un de ces adolescents qui allaient racketter les plus petits pour se sentir supérieur, par pure méchanceté ou égoïsme. Difficile de penser le contraire car c'était exactement ce que le Serpentard venait d'incarner. 
Pourtant, il y avait un an de cela, il en aurait été tout autrement. Il était gentil et généreux, avec un cœur énorme et une sensibilité difficilement contrôlable et égalable. Peut-être avait-il changé, en quelques mois, et pas en bien. Peut-être n'était-ce qu'une passade. Peut-être que son grand cœur se cachait encore quelque part sous cette méchanceté soudaine. L'avenir le révélera... 

Arthur revoyait le regard déçu de Tom et repensait à sa manipulation. Avait-il était trop loin ? Sur le moment, il avait cru sa technique plutôt légère et pas bien grave. Maintenant, il se demandait comment lui-même aurait réagi si on lui avait fait ça lors de sa première année. Si sa grande sœur Ava lui avait fait un coup pareil. Après tout, Tom n'avait que onze ans. 

"Tu crois qu'il va vraiment m'en vouloir ? Genre, que ça l'a touché ? C'était qu'une carte..." Dit-il à George. 

Ce n'était qu'une carte chocogrenouille, oui. Mais le problème n'était pas ça. Le problème était dans la confiance avec laquelle Arthur avait joué, le mensonge naturel et éhonté, l'égoïsme d'un grand frère au détriment de son admiration. 
Arthur se rendit compte de tout cela. Il ferma les yeux et soupira. 

"Merde."

George vit l'expression sur le visage de son camarade de Serpentard changer assez brusquement alors qu'il lui annonçait ce qu'il allait devoir faire. Quelque chose de bien plus difficile qu'une retenue en somme. D'une certaine confiance mêlée à il ne savait quoi d'autre, il était passé à une incertitude marquée malgré l'air fier qu'il s'efforçait de prendre. Il n'y avait pas à dire, même si chacun savait maintenant qu'une maison ne faisait pas la personne, il y ressortait tout de même des facettes de personnalité communes à tous les membres répartis au même endroit. Beaucoup de verts et argent étaient fiers, Arthur Grimms ne faisait pas exception. Chez les Gryffondor, c'était plutôt le côté justicier qui ressortait. Et George en était un parfait exemple dans cette situation, ce n'était pas tant sa qualité de préfet qui l'avait poussé à intervenir. Mais bien son incapacité à voir une injustice se dérouler juste sous son nez. Il était possible de trouver moult autres exemples. Mais là n'était pas la question. La question portait plutôt sur les dires du brun.

- "Si tu le dis." Lui dit George après sa première sortie. Mais le blond se demandait s'il y croyait vraiment vu l'intonation de sa voix. Il tourna la tête de gauche et de droite et vit que ses amis s'étaient reculés. Ils observaient la scène de loin, et il voyait bien à leurs expressions qu'ils ne s'approcheraient pas. Il l'attendaient. Point. Par contre, la vision de pseudo attroupements autour d'eux le dérangea plus. Il s'adressa alors à l'ensemble des élèves qui chuchotaient il ne savait quoi ou pire, restaient les yeux rivés sur eux. e spectacle était-il si intéressant?

- "Ça serait bien de circuler. Vous n'avez jamais vu deux personnes discuter?" Mentionna-t-il d'une voix un peu égale contrastant avec ses épaules voussées. Des regards étonnés et quelques murmures lui répondirent.

- "Allez, tout le monde va en cours, à la bibliothèque, peu importe mais vous bougez." Continua-t-il insistant et se redressant. Mais quelles commères ces gamins - essentiellement en première et deuxième années... Il eu la satisfaction de voir qu'ils bougeaient enfin alors que son camarade de la section complète semblait prendre conscience de la situation.

- "Je ne crois pas, j'en suis sûr. C'est pas la carte l'important. Pour lui, tu as juste voulu le voler. Et puis tu es son grand frère, celui qui est sensé le protéger, pas lui faire du mal." Dit-il plus doucement en voyant les yeux du jeune homme qui se fermaient dans un soupir. Il venait de mesurer l'ampleur de son erreur et le chemin à parcourir.

- "Je te dis pas que ça sera facile. Mais je serais toi, je traînerai pas trop. Quitte à passer par une lettre ou demander à quelqu'un qui vous connaît tous les deux de faire tampon. Le tout, ça va être de communiquer." Voilà qu'il se mettait à utiliser des termes techniques de potions... C'était tellement incongru de sa part qu'il tourna une seconde la tête, profitant des yeux clos de son camarade pour étouffer un sourire.

Des curieux commençaient à se regrouper autour de George et Arthur. C'était compréhensible. Un préfet qui reprenait un élève, c'était toujours intéressant à voir ! Le Serpentard en aurait certainement fait de même s'il n'était pas celui qui se faisait reprendre. Là, il n'avait qu'une envie : les baffer tous un par un. Heureusement, George fut plus rapide et leur demanda à tous de bouger. Et quand un préfet demandait quelque chose, il était généralement obéi. 

Ne restait alors que le Serpentard et le Gryffondor, ou presque. Si Arthur était pris de remords, il fut légèrement agacé quand ce dernier lui fit la leçon, mais essayait de ne pas le montrer. George disait qu'Arthur était un grand frère et qu'en tant que tel, il devait protéger et pas blesser. Mais Arthur n'avait pas blessé non plus ! Oui, il avait maintenant conscience que Tom serait triste pendant quelques temps et il s'en voulait maintenant qu'il réalisait que sa machination pouvait être violente pour un garçon de onze ans. Mais il trouvait les mots du préfets un peu forts malgré tout. Ce dernier passa ensuite à quelques conseils comme une lettre, de la communication etc. Il ne connaissait pas son interlocuteur ! 

"Ouais, j'essayerai d'aller lui parler. Pas le temps de faire une lettre par contre !"

Oui, la période était compliquée pour le Serpentard. Les BUSEs... Horribles examens de fin d'année qui le laissaient complètement épuisé. Il était à cran, à bout de nerfs et tout l'énervait ! Il travaillait sans cesse, s'entraînait, organisait son groupe de révisions Epsilon Nu Enosi... Où trouverait-il le temps de confectionnait une lettre ? 

"T'sais, c'est peut-être la période aussi qui est compliquée. J'ai pas réfléchi avec Tom. Avec les exams et tout. Mais il doit en avoir en plus, lui aussi. On pourra peut-être travailler ensemble. J'irai le voir."

L'angoisse qui grandissait en lui au fur et à mesure des jours qui avançaient vers les épreuves expliquait sûrement son comportement, sans l'excuser même si lui pensait le contraire. Il était irritable avec tout le monde ! Sauf avec Nora. 
Et c'était aussi ça les examens : apprendre à gérer son stress. Parce que si son état continuait ainsi, qu'en serait-il devant les examinateurs le jour J ? Il n'aurait aucune excuse, pas plus que pour son comportement du jour. 

Maintenant, il pensait avoir tout dit à George et l'écouter lui faire sa leçon de préfet pendant encore longtemps ne lui disait vraiment rien. Arthur inspira profondément. Il avait cette espèce de brume à l'intérieur de lui qui le rendait irrité et irritant. Il était de mauvaise humeur alors que le Gryffondor ne faisait que son travail. Il n'y était pour rien et avait même agi en chevalier en venant aider un plus jeune ! 

"J'crois qu'on s'est tout dit, du coup. J'irai voir Tom et je m'excuserai, c'est promis."

Le Serpentard essayait de ne pas montrer trop agressivité dans sa voix mais bon sang, c'était compliqué ! Dire qu'habituellement, Arthur détestait donner une mauvaise image de lui. Il voulait que tout le monde l'aime et le trouve sympa et drôle. Il aimait être sympathique et de bonne compagnie. Mais il avait toujours eu ce sacré caractère qui venait contredire ses plans et ces derniers temps, c'était pire que tout. 

Il n'avait certainement pas montrer une bonne facette de lui à George aujourd'hui. Et il n'aurait pas pu tenir rigueur à ce dernier s'il l'avait trouvé insupportable.  

Arthur semblait avoir saisit que le problème n'allait pas forcément être simple à résoudre. Et le simple fait pour George de l'entendre dire qu'il allait aller lui parler était une victoire en somme.

- "La lettre c'était un exemple, tu fais comme tu le sens..." Il haussa les épaules. Parce qu'en soit c'était vrai, le préfet avait juste cherché à donner des pistes pour rétablir la communication et puis son camarade vert et argent avait raison, ils vivaient une période stressante et particulièrement stressante. L'ensemble des cinquième et septième années, et les plus stressés des autres, réagissaient parfois au quart de tour, sans prendre le temps de réfléchir à plus loin que le bout de leurs nez. Donc George pouvait comprendre. Et puis il remarqua la mine du brun qui n'avait rien à voir avec ce qu'elle était habituellement. Il ne racontait pas de bobard.

- "Va le voir, propose lui tout ça. Et prend le temps de souffler aussi. T'as l'air épuisé..." C'était ça aussi le job de préfet. Mais les compétences de George en la matière étaient quasi nulle. S'il y avait eu un examen là dessus, il aurait eu T malgré tout ses efforts. Tant qu'il avait un règlement sur lequel s'appuyer il s'en sortait mais pour conseiller sur comment prendre soin de soi et des autres... Aucune compétences. Alors il se tut, laissant Grimms finir leur échange avec autant de retenue qu'il semblait ne être capable en ce moment précis. Le blond acquiesça et le laissa filer. Il avait raison, il n'y avait pas grand chose à ajouter à ce propos et il ne savait pas vraiment quoi dire de plus. Alors il rejoignit ses amis qui s'étaient tenus en retrait. Amis qui lui firent remarquer qu'ils devaient aller en cours, l'heure de libre courant dangereusement à sa fin. Si les deux autres garçons reprirent leur conversation initiale comme s'ils n'avaient jamais été interrompus, le blond lui, épaules voussées et tête rentrée, avançait par automatisme, silencieux. Son esprit réfléchissait à tout ce qui venait de se passer et au fameux petit Tom qui mie de rien, n'avait pas eu des propos très... Un insulte restait une insulte, quelque soit la circonstance... Fichu sens moral qui le poussait maintenant à aller affronter un deuxième Grimms. Et puis avec un peu de chance, il pourrait jauger les difficultés qu'aurait le grand frère pour se faire pardonner avec le plus jeune. Plus jeune qui avait parlé d'une certaine Naala... Le Gryffondor éloigna cette information et se concentra plutôt sur où il pourrait trouver le jeune Poufsouffle. Et pour ça, il avait un allié de taille. Un ami de cette maison, c'était appréciable, il pourrait manger à cette table sans que ça paraisse étrange et parler au gamin.

Mes excuses pour le retard, mauvaise gestion de planning

Arthur ne pensait pas que sa journée prendrait cette tournure. Si, pendant un court instant, il avait cru à une bonne nouvelle en voyant la carte chocogrenouille, c'était à présent le poids de la culpabilité qui s'abattait sur ses épaules. 

Heureusement pour lui, il y avait eu George. L'orgueil du Serpentard était trop grand à cet instant pour même s'avouer à lui-même que le Gryffondor l'avait remis dans le droit chemin. C'était vraiment ça, finalement. Peut-être que la Maison d'Arthur, ses mauvais côtés, commençaient à trop l'imprégner. Au début de sa scolarité, il n'avait pas compris le choix du Choixpeau. Il aurait voulu se retrouver ailleurs. À Poufsouffle, pourquoi pas ? Mais Serpentard ? Non, il n'avait pas compris jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, il commençait à entrevoir le serpent qui sommeillait en lui. Et encore, ce qu'il avait fait là, c'était rattrapable. Mais il devait maintenant veiller à ne pas aller plus loin dans la ruse, dans l'ambition, dans l'envie. 

George finit leur conversation en conseillant à Arthur de se reposer. Il n'avait pas tort, cette fin d'année était vraiment compliquée. Le jeune Grimms se contenta de hocher la tête, autant pour dire qu'il prendrait ce que George a dit en compte que pour le saluer. Il repartit ensuite de son côté, traînant sa culpabilité de méchant grand frère derrière lui. 



Quelques jours plus tard, lors du dîner dans la Grande Salle, Arthur voulait trouver Tom. Il n'avait pas réussi à le retrouver depuis ce fameux jour où il avait tenté de lui piquer sa carte chocogrenouille. Aujourd'hui, enfin il le voyait assis à la table de Poufsouffle avec un ou deux potes. Sans attendre, le grand frère vint à sa rencontre, et s'assit en face de lui (non sans pousser légèrement son camarade). 

"Tu veux quoi ?" Le ton glacial de Tom était sans équivoque : il était toujours en colère contre Arthur et ce dernier n'aurait pas pu lui en tenir rigueur. 
"- J'ai un truc pour toi. Pour... m'excuser en gros.
- M'en fous, j'en veux pas. 
- Tom ! Ne me parle pas comme ça ! Regarde ce que c'est au moins !"

Joignant le geste à la parole, Arthur déposa devant son frère trois cartes chocogrenouille. Elles étaient dorées et portaient les noms suivants : Severus Rogue, Bowman Right et Helga Poufsouffle. Arthur avait eu un peu de mal à les lâcher, ces cartes, mais sa relation avec Tom les valait largement. Il tâchait de se le rappeler pour ne pas les reprendre immédiatement. 
Tom, de son côté, s'empara des cartes et les examina attentivement. Un sourire se dessina sur son visage. Il observa Arthur qui avait visiblement les dents serrées à l'idée de se séparer de ces cartes si rares. Ce qui montrait donc l'effort qu'il faisait là. 

"Merci." Dit Tom.

Les deux frères finirent alors de manger ensemble. 

Bien sûr, tout ne sera pas aussi simple et aussitôt les deux frère séparés, Naala (la jumelle de Tom) se précipitera vers son jumeau pour lui dire de ne pas pardonner aussi facilement au grand frère Grimms. Naala n'était pas aussi naïve que Tom. 

Mais pour l'heure, Arthur et Tom partageaient dans les sourires et la bonne humeur une délicieuse mousse au chocolat sous les bougies de la Grande Salle. 



Merci @George Miller :)