On est revenu au lundi. Et, ils ne s'étaient toujours pas reparlés. Esmée faisait en sorte de ne plus le croiser. Mais, quand ce dernier osait se mêler de sa vie, de gré ou contre son gré, elle lui envoyait son plus lourd venin. Elle lui en voulait. C'était idiot. Audric n'y était pour rien. Il ne l'aimait juste pas. Qu'est-ce qu'elle allait en faire de ses sentiments? Les jeter? Les écraser? Les bruler? Les enterrer à jamais? Mais où?
Coléreuse, elle envoyait tout promener, ses cours, ses camarades, Aria, sa famille. Tout son être criait. Elle voulait hurler. Ses murmures tonners. Ses pleures éclataient. Elle sanglotait rouge.  Elle craquait.  


Sortant du cours de Défense contre les Forces du Mal, elle bouscula par mégarde Helmet.

- Eh! Peterson! C'est pas parce que ton chéri t'a largué qu'il faut s'en prendre aux autres.

Son sourire mauvais ne s’estompait donc jamais. Toujours présent, toujours là pour lui faire du mal. Car, ce fourbe savait toujours quels mots utiliser contre cette dernière. Esmée ne répondit pas. Elle voulait échapper à cette interpellation dont "l'autre" était le sujet. C'était encore trop tôt. Elle allait se faire dominer par Helmet. Elle resserra ses manuels sur son torse, se courba en avant et lui tourna le dos. Helmet se moqua bruyamment.

D'une marche rapide, elle quitta le couloir. À l'angle, elle souffla. Ses larmes coulèrent doucement. Rageuse, triste, elle s'accroupit. Elle ne pensait pas aux gens autour. Elle mit sa tête entre ses jambes et ses bras s'enroulèrent entour d'elle, lâchant ainsi ses manuels brusquement. Sept jours... Ce n'était donc pas suffisantx pour l'oublier. Audric. Audric. Audric. Audric. Audric. Audric. Audric. Audric... Elle gémissait faiblement son nom. Ce nom qu'elle s'était interdit de prononcer. Haineuse de sa faiblesse, elle leva brusquement sa tête qui se heurta fortement au mur. Aucun bruit ne sortit de sa bouche. Elle essuya nerveusement son visage à l'aide de sa manche, puis se remit debout.

On l'observait, la montrait du doigt discrètement en la jugeant. «Folle», «cinglée», «frappée» de tels chuchotements faisaient écho au couloir. Esmée les discernait aussi, mais elle se contrôla en fuyant le lieu. Au bord de la crise de nerfs, elle s'arrêta devant une fenêtre. Elle tenta de se calmer en regardant l'extérieur, mauvaise idée. Il était là. Audric était avec Jonathan au parc. Ils rigolaient et se dirigeaient vers l'entrée du château. Sa main se dirigea vers lui, comme si elle voulait le saisir. Lui, riant. Sentant ses yeux humides, elle s'énerva et tapa violemment son poing sur la fenêtre. Elle se cassa. La vitre était teintée de rouge. Elle n'avait pas mal. Elle s'en moquait de sa main. Elle reprit ainsi sa route mais, un garçon l'interpela violemment.

Les vacances de fin d'année étaient passée bien trop vite pour George. Vraiment trop vite. A peine descendu du Poudlard Express qu'il avait fallu y remonter. Laissant derrière lui sa famille. L'ambiance n'était pas toujours au beau fixe, il y avait parfois des tensions. Mais c'était sa famille. Et puis, depuis qu'il avait renoué avec Shean de manière concrète il était beaucoup plus facile de gérer les conflits de leurs parents. C'était plus ou moins ce à quoi il pensait quand il se dirigeait en cours de Défense Contre les Forces du Mal en ce onze janvier. Il avait, d'après sa propre opinion, plutôt bien réussi le devoir qu'il avait fallu rendre à la rentrée et attendait avec une certaine impatience sa note. Note qui devait venir avec la correction ce jour même. Alors, bien que restant nonchalant et avachi, il marchait d'un pas vif pour son habitude. Mais sur le trajet, il remarqua bien qu'il y avait quelque chose qui clochait. Beaucoup de murmures, de doigts tendus vers quelqu'un. Un quelqu'un qu'il put identifier comme étant une Gryffondor de quatrième année. Après quelques secondes d'observation - arrêté au milieu du couloir - il reconnu sans peine la Capitaine de Quidditch. Esmée Peterson avait remplacé Nora Starks en septembre 2043. Elle n'était pas forcément connue pour ses facilités dans les rapports sociaux, mais bien plutôt pour son caractère bien trempé et quelques accès d'humeur. Mais elle n'était pas, et de loin, la pire des rouges et ors.

Toujours arrêté en plein milieu du couloir, plus ou moins bousculé par les autres élèves qui cherchaient à passer, le préfet ne quittait pas sa cadette des yeux. Vraiment, quelque chose clochait dans son comportement. Elle n'était pas connue pour fuir comme elle le faisait mais plutôt pour rentrer dans le lard. Alors quoi? Il jeta un regard à sa montre. Il allait être en retard s'il ne s'activait pas. Il lui faudrait peut être mener enquête plus tard. Il pivota donc sur ses pieds et amorça un pas pour repartir en direction de sa salle de cours quand un bruit de verre brisé se fit entendre. En une fraction de seconde, il avait fait demi-tour et pu voir Peterson partir, la main gouttant de sang, alors qu'un tableau non loin de lui - un homme - lui soufflait que la jeune fille avait une sacrée droite. Il secoua la tête, se dirigea vers elle de son pas le plus rapide. Il courrait presque:

- "Hey, Peterson... Tu fais quoi là?" C'était sa voix de préfet, celle un peu autoritaire qu'il utilisait dans les cas un peu grave. Et là, on y était clairement. Briser une fenêtre - il venait de passer devant et il y avait du verre partout... Elle ne répondait pas. L'ignorait-elle? "Peterson! Esmée!" Il venait d'insister sur son prénom dans l'espoir d'une réaction. "Tu m'expliques!"

Les taches de sang coulaient sur sa robe et coloraient goute à goute les pierres grises et rectangulaires du château. Son cœur saignait, battait au rythme des taches qui se versaient au sol. Le visage baissait, elle piétinait ces marques rouges.

- Peterson! Esmée!

Esmée se retourna. Son visage était vide. Seules ses larmes attestaient sa tristesse. Elle fixait George sans lui témoigner signe de vie. Elle ne voulait plus parler. Elle ne voulait plus marcher. Elle ne voulait plus se cacher. Mais, elle voulait non plus pas l'écouter.

- Tu m'expliques ?

Lui expliquer quoi? Lui expliquer son malheur? À lui? Lui narrer sa vie sentimentale foireuse? Lui chanter son amitié meurtrie? Il se prenait pour qui. Elle le défia du regard et essuya, de sa main ensanglantée, ses larmes. Les cristallins de la vitre, plantés sur ses doigts, égratignèrent son visage sali. Diverses nuances de rouge se dessinaient sur ses joues. Elle faisait peur à voir.

- Aille.

Surprise, elle posa enfin ses yeux sur sa blessure. Ses doigts étaient déchiquetés. Plusieurs petits bouts de chairs pendouillaient. Elle ne s'était pas ratée. La douleur faisait enfin effet et l'empêcha de lever sa main pour toucher son visage balafré. Elle sourcilla et reposa son attention sur le préfet.

- Je n'ai rien à expliquer. Lui dit-elle d'une voix monotone.

Esmée n'aimait pas spécialement George. Il était trop "présent" selon elle. Le genre de personne qui ne laisse rien passer, brandissant constamment sa cape de super héros moralisateur. Il passait son temps à corriger l'attitude d'Esmée en lui réclamant des comptes. Son insigne lui montait à la tête. Elle n'avait pas besoin de lui. Et n'avait pas peur de lui. Esmée faisait en sorte de ne pas s'emporter lorsqu'il était dans les parages. Elle l'évitait, lui et ses ennuis à deux balles, mais c'était tout. Ne voulant pas l'entendre déblatérer ses futures réflexions sur son comportement inadmissible, elle lui tourna le dos. Elle commença sa marche, cherchant à se soigner rapidement. Esmée n'avait pas envie d'être vu ainsi et espérait se réfugier dans la salle sur demande.

Sa camarade se retourna vers elle et le jeune homme pu constater à quel point il devait se passer quelque chose d'important, quoi qu'elle en dise. La question était; quoi? Parce qu'il connaissait le caractère de la jeune fille d'un an plus jeune que lui. Elle était colérique et impulsive. Elle pouvait s'en prendre plus ou moins brutalement aux autres, mais là, c'était une autre dimension. Aïe. Il posa ses yeux sur la main blessée en même temps qu'elle. Rien d'irréparable pour miss Loyd, mais nul doute que c'était douloureux et qu'il ne fallait pas laisser la jeune fille dans cet état. Et il ne parlait que de cette main dont le sang s'échappait bien trop, sang qu'elle étalait maintenant ur son visage dans un geste réflexe.

- "Rien à expliquer? Sérieusement?" Il laisser échapper un soupir en fermant les yeux puis, fixa ses prunelles dans les siennes. Sauf que la jeune fille ne l'entendait pas de cette oreille et tourna les talons pour s'en aller. Il lui emboîta le pas pour se mettre juste à côté d'elle:

- "Pas à moi. Tu es impulsive, mais jamais je ne t'ai vu te mettre dans un état pareil. C'est comme le nez au milieu de la figure que tu ne vas pas bien. Qu'est ce qu'il se passe depuis la rentrée?" Et il ne posait pas la question à la légère. Les préfets devaient surveiller leurs camarades mais ils avaient aussi pour rôle de détecter quand les autres avaient des soucis. Et d'agir en tierce personne en cas de conflit avant d'en référer aux professeurs si possible. Et avec Esmée, il était précisément dans ce cas. Restait à savoir si elle accepterait son aide ou pas. Sinon, il serait bien obligé d'uniquement lui donner une sanction et l'envoyer à l'infirmerie. Que l'idée plaise au blond ou non, il se doutait qu'elle choisirait cette option.

George ne voulait décidément pas lâcher l'affaire. Son comportement du bon élève bienveillant l'énerva de plus belle. Et elle jura grossièrement un gros mot jugeant les hommes sur leur incapacité. Elle avait envie de crier d'autres injures plus acerbes pour ne plus l'entendre parler. Elle voulait le faire taire une bonne fois pour toutes. Lui qui croyait tout savoir, il pensait la connaître! Et d'où il se permettait de souffler en la regardant de haut avec, "presque", son mètre quatre-vingts. Il se prenait pour qui? Arrivant à se contenir, elle n’aboya qu'un: 

- Laisse moi!

D'autres insultes sortirent par la suite. Elle pleura de rage. George se prit tout dessus. Tout ce qu'elle contenait depuis son râteau. Il était, sans raisonnement logique la cause de son malheur. C'était sa faute! Car, sans le faire exprès, il remuait le couteau dans la plaie. Puis, s'il savait? Qu'allait-il bien pouvoir faire? Voir Audric pour lui parler de son état? Non... Personne ne pouvait changer ce qui était fait. Ils n'étaient plus amis et ils ne le seraient plus. Elle n'avait pas envie d'en parler. Elle essayait déjà de ne pas y penser, alors se confier... Et à lui? Surement pas.

Malgré l’engueulade qu'il venait de se prendre, George était toujours présent et n'avait pas bougé d'un pouce. Il était fort habitué. Depuis le temps qu'ils se disputent pour des broutilles, il n'était plus impressionné par son instabilité. Esmée s'étant bien défoulée, renifla. Un silence s'installa. Ne voulant pas camper ici, elle précisa sèchement:

- Je suis juste "impulsive" comme tu l'as si bien dit. 

Elle se retourna en espérant l'avoir suffisamment blessé pour qu'il ne puisse plus réagir. Mais n'étant pas sotte, elle se doutait bien qu'il allait la punir. Il était témoin de son cassage de vitre et, en tant que préfet, il ne pouvait pas y faire abstraction.

George se prit l'orage? la tempête? l'ouragan? le déluge? il ne savait pas trop comment qualifier la quantité d'injure et d'insulte qu'il venait de prendre et prenait toujours en pleine figure. Il laissa sa jeune camarade finir de déverser sa verve sur lui en ne bougeant pas d'un millimètre et en réfléchissant à son comportement depuis leur retour de vacances. Il était certain, comme deux et deux font quatre, qu'il s'était passé quelque chose. Et que ça c'était passé peu après la rentrée. Il l'observa, alors qu'elle arrêtait enfin de lui crier sa rage dessus. Il savait qu'elle ne lui était pas destinée personnellement mais ça faisait quand même du bien quand ça s'arrêtait. Il était même certain d'avoir appris de nouveau gros mots et autres noms d'oiseau grâce à sa tirade invective.

- "Juste impulsive?" Il souria tristement alors qu'elle lui tournait le dos.

- "La Esmée juste impulsive, elle n'aurait pas ton regard triste, elle aurait son regard bougon ou en colère et elle m'aurait laissé planté là au milieu de se couloir..." C'est qu'à force de la voir agir dans toute l'école, il avait compris comment elle fonctionnait. Et là, il avait juste mal pour la quatrième année.

- "Donc je recommence, c'est quoi le problème?" Le blond réfléchit à l'entourage de la lionne - c'était le cas de le dire - et poursuivit alors qu'elle lui montrait toujours son dos et que sa main gouttait toujours de sang:

- "C'est la fille de ton dortoir? Un de tes potes?" Il ne voyait que ça... A moins que ça ne soit un prof... Il n'aurait pas forcément plus de piste pour l'aider car il n'était pas le meilleur des conseilleur mais après l'infirmerie et la punition d'usage, il pourrait toujours lui dire qui aller voir pour régler le fond du fond.

- Lâche l'affaire Miller! Cria-t-elle le dos tourné. Tu crois pouvoir tout arranger? Tu te prends pour qui? T'es qu'un préfet! Les poings serrés, elle se retourna. Je n'ai pas envie de te parler, tu l'entends ça... Gémit-elle le souffle coupé par ses sanglots.

Comme si parler pouvait résolver tous ses problèmes! Elle ne voulait pas mettre un mot dessus, elle s'interdisait de prononcer la moindre chose évoquant sa dispute avec Audric. Si elle le faisait, son amitié finie deviendrait vraie et irrémédiable. George lui demandait trop. Ce n'était pas facile, Audric n'était juste pas son meilleur ami, il était devenu sa moitié. Il était son calmant, il était son oreiller, il était son air frai, il était son sourire, il était sa bouche, il était... Il était tout ce qu'elle aimait chez elle.

- Et ce n'est pas mon pote! Hurla-t-elle entre deux sanglots.

Comment Audric pouvait-être résumé à un simple "pote" ? Ne tenant plus sur ses jambes, elle se posa brutalement sur le sol froid, ses jambes écartées et les mains la retenant pour ne pas tomber en avant. George pointa facilement son point faible. Audric ne voulait être qu'un "pote" et elle non. Les mots de ce dernier résonnaient en boucle dans sa tête: «Tu ne peux pas». Il l'interdisait de l'aimer. «T'es ma meilleure amie». Mais elle, elle ne pouvait pas être son amie. Elle pleura davantage. La machine était lancée, elle ne pouvait plus s'arrêter...

- T-tu'peux... M'en-enmener à l’infirmerie. Bégaya-t-elle à George plus gentiment.

Elle voulait se reposer, dormir et faire un "to reset"de cette journée foireuse. Mais, elle n'arrivait plus à se lever... Et même si elle n'aimait pas trop George, elle préférait se le coltiner le temps du trajet que de rester là, avachie sur les pierres froides.

Bon. Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Elle n'avait pas envie d'avoir d l'aide. Enfin, la sienne pour être exacte. Mais le garçon n'était pas dupe, Esmée avait toujours eu un caractère explosif qui la faisait dépasser quelques points essentiels du règlement, et ce jour là en était bien la preuve. Si lui même avait été quelqu'un d'aussi sensible - parce qu'est-ce-que c'était d'autre que de la sensibilité en cet instant? - il aurait pu se retrouver, lui même, submergé par l'émotion de la jeune fille. Elle état sur le point d'explo... Trop tard. La capitaine de l'équipe de Quidditch venait de lâcher une sacrée information avant de s'effondrer au sol. Il ne savait pas quoi en faire de cette phrase, pas plus que de sa cadette assise au sol en prise à un sacré désespoir. Que Merlin lui vienne en aide.

- "Ok..." souffla-t-il alors qu'elle lui demandait de l'aider à se rendre à l'infirmerie. Et, avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever, il jeta un coup d’œil à la fenêtre dont la vitre était toujours dans un piteux état. Ah oui, il ne pouvait pas laisser passer ça c'est vrai. Mais quelle punition pourrait-il trouver? Dans cet état elle n'était pas capable de grand chose. Et puis franchement vu l'allure de sa main, lui faire faire quoi que ce soit sans l'aide de la magie relevait de la folie. Alors il prit sa baguette pour faire disparaître les morceaux de verre. Un elfe devait attendre patiemment caché quelque part pour la réparer.

Ce fut seulement à ce moment là qu'il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Pas question d'initier lui même le contact, il tenait à sa peau. Et puis après, il verrait pour la soutenir jusqu'à l'infirmerie où Miss Loydd saurait quoi faire pour sa main. Il se laissait plus ou moins le temps du trajet pour trouver quelque chose. Et si d'ici là il n'avait aucune idée et bien il fermerait les yeux. Elle allait assez mal non?

Sans le regarder, elle leva sa main valide pour attraper de celle de George. Esmée ne put s'empêcher de grimacer et se releva difficilement. Enfin debout elle échappa un : «merci» inaudible. Elle renifla ensuite et se tut tout le long du couloir.

La présence du préfet commençait à la gêner. Elle se rendait enfin compte de la manière dont elle s'était comportée en sa présence. Elle avait agi comme une enfant. Les sourcils froncés, elle se força d'oublier ses gémissements... Elle secoua ainsi fortement sa tête de droite à gauche, puis de gauche à droite pour effacer ces images d'elle entrain de pleurer.  

Esmée pensa alors à l'infirmerie. Elle espérait y trouver personne, même pas l'infirmière! Elle pourrait ainsi se poser directement au lit et s'enfermer dans les draps pour l'éternité. George n'allait tout de même pas la coller pour s'assurer de la guérison de ses plaies? Si... il en était bien capable. Esmée souffla. Une chose est sûre c'est que grâce à lui, elle ne pensait presque plus à Audric durant le chemin. Mordant sa lèvre inférieure, Esmée tenta d'élaborer un plan pour que son préfet la lâche devant l'infirmerie sans obtenir de punition. Elle s'imagina donc lui dire : «merci, tu peux me laisser ici. Je peux me débrouiller et désolée pour t'avoir crié dessus pour rien». Elle plissa du nez rien qu'à l'idée de lui dire cette phrase toute mielleuse. Mais bon, de toutes ses combines, c'était le scénario le moins grotesque... Il faut dire que frapper son préfet et lui infliger le maléfice du saucisson n'était pas une brillante idée, même si l'idée fut assez tentante.

Plongée dans ses songes, Esmée ne remarqua pas qu'elle était enfin arrivée devant l'infirmerie. Elle se crispa donc, telle une enfant. Péniblement, elle se força à dire les mots d'adieu... Mais elle ne put lui dire qu'un autre: «merci» silencieux. Les plans c'est bien joli dans la tête mais quand on doit les exécuter c'est autre chose. Elle détourna son regard et n'ajouta rien. Esmée attendait donc sa punition lasse. Ses bras tombants le long de son corps, le regard perdu vers le sol et le dos appuyé inutilement sur la porte.

Alors qu'il terminait d'aider sa camarade à se lever, George se demanda ce qu'elle venait d'échapper dans un murmure absolument inaudible. Il resta interdit un dixième de seconde devant l'éventualité d'un remerciement. A tel point qu'il l'accompagna tel un automate jusqu'à l'infirmerie, oubliant même qu'il devait la punir pour son geste d'humeur. Il était alors bien plus préoccupé par ses reniflements et sa main qui continuait de saigner. S'il se souvenait bien du caractère de la Capitaine de Quidditch, elle serait bien capable de ne pas entrer dans l'infirmerie si d'aventure il la laissait devant la porte. Il réfléchissait donc à un moyen pour être certain que l'infirmière puisse agir. Comment faire en sorte qu'elles soient en contact pour ne pas laisser échappatoire à la quatrième année? Il en était toujours de là quand ils arrivèrent devant la porte de la pièce médicalisée du château. Les deux adolescents semblaient bel et bien plongés dans leurs pensées, aucun des deux ne bougeant ou ne pipant mot. Jusqu'à ce que la jeune fille s'appuie sur la porte et prononce un très simple merci. Très bas. Vraiment très bas. Avant de baisser la tête et de laisser ses bras pendre le long du corps - comme si elle attendait quelque chose. C'est alors que la scène revint à la mémoire de George. Il fallait bien lui donner une sanction! Il chercha rapidement une idée et ce qui lui vint n'était ni original ni très punitif mais vu l'état émotionnel de la brune, et le manque d'idée du blond, c'était toujours ça:

- "Déjà, je vais attendre que tu entres dans cette pièce et ensuite tu retrouveras Pepsi dans le couloir où tu as brisé la fenêtre ce soir après le repas. Il t'y attendra à 20h." Le préfet savait qu'il n'y aurait aucun problème pour que l'elfe s'occupe de la retenue de l'adolescente. Il savait se faire obéir et puis, il ne serait pas loin.

D'après tes indications, nous avons terminé ce RP