[Avril 2044] 
En sortant de potion.

  Il fit un geste de la main à Eliott et Blaze qui partaient de leur côté pendant que lui rangeait ses affaires lentement. Ils avaient une pose pour le moment alors il prenait son temps et avait l'envie d'aller se balader, à la bibliothèque ou juste à marcher dans les couloirs, tout seul. Quand il passa la porte de la salle, un sanglot attira ses oreilles vers un couloir semblant beaucoup trop noir pour que cela soit naturel. Les grandes fenêtres apportaient beaucoup de lumière, même quand le soleil se couchait, ils restaient assez lumineux grâce aux torches ou simplement grâce à la lumière de la lune. Ce n'était pas normal qu'un couloir soit si noir, sans rien pour l'éclairer, même dans les cachots, puisqu'il y a assez de torches pour éclairer toute l'Angleterre. Un autre sanglot résonne lourdement contre les murs de pierres. Un bruit qui transperce son cœur et lui donne l'impression d'être la pire personne de la terre pour ne pas aller aider cette personne en courant. C'est simplement que l'angoisse qui lui noue la gorge quand il regarde dans le couloirs l'empêche de faire un pas en avant. Un cri de loup semble résonner dans sa tête et il étouffe un sanglot avant de se rendre compte que ce n'est qu'un simple courant d'air créé par une porte se fermant quelques mètres plus loin de sa position. 
 
  Finalement, tremblant de tout son corps, il sort sa baguette et la tend devant lui alors qu'il avance lentement dans le couloir noir. Le noir semble le bouffer, s'entourant autour de lui et l'étouffant, s'entourant autour de son cou comme un serpent vicieux. Il ferma les yeux et murmura :

  -L-lumos. 

  Sa baguette s'éclaira et lui permit de ne plus sentir le noir le manger. Il s'avança, essayant d'être courageux même si ce n'était pas ce que proclamait ses couleurs. Il était un pirate ! Pas un froussard, un pirate grand et courageux. Il sortit ses épaules et leva la tête. En tout cas, essaya de le faire, n'échouant qu'à moitié. Après plusieurs mètres il vit un petit corps collé contre le mur, au sol. Comprenant que c'était cette personne qui pleurait et qu'il n'y avait aucun semblant de danger, il s'en approcha à grands pas et une fois à son niveau, se mit à genoux devant elle, tenant sa baguette bien droite pour essayer de noter chaque petit détail qu'il pouvait voir. Une fille, parce qu'il était impensable que cela n'en soit pas une, de Gryffondor au vu de son écusson et de la couleur rouge présente dans sa robe. Il se posa finalement par terre et croisa ses jambes. 

  -Hé toi. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Les cours s'étaient tous déroulé d'une manière calme, laissant ainsi les élèves se détendre en cette fin d'année où tout était compliqué : Les forces du mal frappaient de toute part, comme si cette école, qui avait accueilli le grand Harry Potter, les attirait grâce à un champ surpuissant, leur criant qu'ils pouvaient mettre ses élèves et enseignants en danger.
Conséquence, il n'était pas rare de voir les élèves être en groupe à la sortie des cours. Ce que semblait souvent faire la jeune étudiante qu'était Taylor Bagholmes, mais cette fois, cela en fut totalement différent.
Prenant son temps pour ranger ses affaires, elle n'avait pas remarqué que ses habituels compagnons de classe, Athéna Taylor et Ulysse Mage, étaient partis sans prévenir, ou bien même, sans l'attendre. Ce fut donc seule qu'elle quitta sa salle de cours, cherchant où aller, cherchant ses camarades entre chaque couloir, s'aventurant entre autres dans des recoins qu'elle ne connaissait guère.

Par-là, c'est certainement les classes des cachots, il faut donc que j'y aille.

Mauvaise idée de la part de l'enfant, cette direction ne fut qu'un amas de couloirs supplémentaires, tous identiques les uns aux autres. L'obscurité ne put aider l'adolescente à s'y retrouver, au contraire, cela ne fit qu'agrémenter la peur qui jaillissait au fond de son être, l'empêchant de faire usage de la magie pour se sortir de l'impasse. Le noir, la peur éternelle des enfants, provoqua chez elle un sentiment d'inconfort, d'insécurité, insérant dans son subconscient l'impression qu'un danger imminent s’abattrait sur elle, lui volant corps et âme.
Paniquée, elle ne put empêcher l'écoulement de ses larmes et la non-existence de ses jambes qui la lâchèrent sous l'angoisse grandissante. Elle ne semblait plus capable de se maîtriser, alors, elle pleurait, se recroquevillait sur elle-même, hurlant à petite voix qu'elle n'était rien qu'une jeune fille innocente.

Pitié... Laissez-moi... Laissez-moi, je n'ai rien fait de mal... Pitié, laissez-moi...

Finalement, la peur avait eu raison de la fillette. Taylor ne réagissait plus à rien, n'entendant pas même la voix d'un élève semblant venir la sauver de cet endroit. Elle n'avait aucune connaissance de son arrivée, jusqu'à ce que cette voix apparût en même temps qu'une vive lumière.

— Hé toi. Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Je-je... ne...s-sais pas...où...où...je s-suis...

  Une petite voix lui répondit, comme si elle avait peur de s'enfoncer dans les ténèbres. Sa peur du noir revint au galop et il frissonna en écoutant l'autre. Si cela se trouvait, c'était un fantôme. Mais il y avait quand même peu de chance qu'il tombe sur un fantôme comme ça, au beau milieu d'un couloir, et en pleurs de surcroît. Il baissa les yeux sur la forme devant lui avant de s'asseoir par terre, ayant mal au jambes à force de rester accroupis devant elle. Il croisa les jambes et posa son menton dans le creux de sa main libre. 

  Il se souvenait de ce que Angélique lui disait quand il avait peur du noir. Au début, elle avait dit qu'un monstre se cachait dans ses placards et viendrait lui arracher les pieds la nuit s'il avait le malheur de les laisser hors de la couverture. Mais après, elle avait vu la figure de son petit frère qui pleurait tellement elle lui avait fait peur et elle s'était excusée avant de dire qu'elle avait menti et que les monstres n'existaient pas et que si jamais quelqu'un voulait lui faire du mal un jour, elle serait là pour le protéger et qu'elle ne laisserait personne toucher son petit frère. Elle l'avait prit dans ses bras et l'avait serré bien fort le temps qu'il se calme. Maintenant, il n'avait plus beaucoup peur du noir, simplement parfois il faisait peur et d'autres fois non. La nuit dans le dortoir, il n'avait pas peur parce que la lumière de la lune filtrait à travers les fenêtres et qu'il pouvait écouter les respirations de ses amis le temps qu'il se calme et ne réussisse à tomber dans un sommeil sans cauchemars. Peut-être que l'autre avait un grand frère ou une grande sœur qui lui avait parlé des monstres et qu'elle avait peur du noir. 

  -Ça va aller, on est à Poudlard, juste à côté de la salle de potion, dit-il en posant une main sur le genou de la fillette. Je m'appelle Herschel, tu me fais confiance si je te dis que y'a pas de danger ?

— Ça va aller, on est à Poudlard, juste à côté de la salle de potion. Je m'appelle Herschel, tu me fais confiance si je te dis que y'a pas de danger ?

Levant la tête face aux paroles du jeune garçon, Herschel, Taylor put remarquer une légère peur dans son regard. Elle pouvait comprendre que lui aussi semblait quelque peu déstabilisé par rapport à la situation, mais bien moins qu'elle ne pouvait l'être en cet instant-même.
Cependant, elle devait se l'avouer, il devait être bien plus courageux qu'elle n'aurait pu l'être, elle, élève de Gryffondor. Pouvait-elle donc se trouver aussi ridicule dans pareille situation.
Son cœur battait à tout rompre, Taylor le sentait comme s'il se dirigeait dans son cerveau et qu'elle allait mourir dans ce sombre endroit.

C'est bien beau d'essayer d'être rassurant, mais la peur ne nous lâchera jamais. Et il faut être fou pour l'oublier.

Le songe disparut à la fin de sa phrase, mais il avait raison, surtout pour Taylor, la peur ne la quittait pas, malgré l'esprit rassurant de son sauveur. Allait-il vraiment l'aider à se sortir de cet infâme sombruosité que jouissaient les lieux ? Ou tout n'était-ce que le fantôme d'une illusion ?
Cela personne ne le savait, enfin, Taylor ne le savait pas.

— Je... Je...pensais que cela était le cas, m-mais l'impression d-de t-tourner en rond est ve-venu si rapidement...

Cette phrase semblait si vraie à l'écoute, mais dans l'obscurité, tout pouvait donner cette impression de déjà vue, de tourner en rond, et surtout d'avoir la sensation de n'avoir plus aucun repère. Elle n'avait jamais été loin du couloir des salles de classe des cachots, pourquoi alors ? Qu'est-ce qui avait bien pu jouer en sa défaveur. Le stress ? Le fait d'être seule ? Ou tout simplement la fusion des deux ? Il ne fallut guère plus de temps pour que le remords la replonge dans une nouvelle vague de larmes, encore plus salées que les premières. Une emprunte bien pathétique s'imprimait ainsi que le visage, la honte d'être aussi si stupide, si inférieur à ses camarades. Pourquoi avait-elle été admise à Poudlard avec un courage si insignifiant ? 
Avant qu'elle ne réponde à la seconde phrase du jeune garçon face à elle.

— Moi...C'est Tay-Taylor, mais...le...danger...existe tou-toujours à Poudlard...

    -C'est parce qu'on est pas encore habitués à Poudlard, mais ça va aller mieux, ne t'en fais pas d'accord ?

    Ses mots ne semblaient pas aider l'autre qui se remit à pleurer.

    Elle avait raison d'une certaine façon : le danger existait toujours à Poudlard, et ça ne changerait pas, mais on vivait avec et on apprenait à se défendre face à la peur, à faire en sorte que les choses qui nous terrifiaient à notre arrivée ne le fassent plus quelques mois plus tard : c'était évoluer pour le meilleur et c'était ce que l'homme faisait à chaque instant. C'était comme apprendre à voler, il fallait s’entraîner. C'était normal de pas bien y arriver la première fois, le truc c'était que par la suite, on s’entraînait et qu'on finissait toujours par y arriver un peu mieux voire très bien. La courage c'était pareil. Au début, on était courageux sur quelques points et plus tard, on s’améliorait et on avait peur d'encore moins de choses. Il ne fallait pas espérer être parfait dès le début et arriver à tout, parce que personne n'était parfait et encore moins un dieu et que c'était normal de toujours avoir quelque chose à améliorer sur notre personne, c'est pour ça qu'on grandissait, qu'il y avait des études. Il ne fallait jamais arrêter de faire des efforts, parce que si on arrêtait, reprendre là où on avait laissé tombé était pratiquement impossible et il fallait tout reprendre depuis le début. 

    Herschel n'avait plus peur, même le noir autour de lui n'arrivait plus à le déranger ou à le faire trembler. Il avait quelque chose de plus important à penser, comme le fait d'aider la fille devant lui. C'était plus important que son envie de se lever et de hurler de terreur en courant dans les couloirs loin d'ici pour aller se cacher sous son lit pour trembler comme une feuille. L'autre enfant semblait tellement plus effrayée que lui qu'il n'eut pas envie d'avoir peur, parce que ça n'aurait pas aidé l'autre à se sentir mieux s'il transpirait la peur. 

    -Hé bien Taylor, tu sais que même si y'a du danger, y'a toujours un moyen de s'en échapper, de s'en protéger, suffit d'apprendre, d'accord ? Arrête de pleurer, dit-il en essuyant les joues de la fillette, il faut pas faire pleurer les autres, c'est toujours mieux quand ils sourient, et puis si la peur te fait pleurer, moi je vais aller la voir et lui botter les fesses, d'accord ? 

Ne pas avoir peur ? C’était facile à dire. Lui botter le cul ? Comment peut-on botter les fesses de l’invisible et de qui vit en nous ? Je ne le comprends pas, mais il est si… si rassurant.

En effet, elle se sentait rassérénée par ce jeune garçon, par ce rédempteur, qu’elle regrettait de ne pas avoir connu sous un autre contexte ; car qui avait-il de plus monstrueux que d’apparaître devant une personne pendant que l’on rencontrait un moment de détresse ? Et cela, Taylor l’avait parfaitement inclus, par cela même que la honte, le besoin de s’en vouloir d’avoir agi comme cela, malgré la maison à laquelle elle appartenait. Comment allait-il réagir après ce moment de sauvetage ? Allait-il se moquer d’une Gryffondor finalement pas si courageuse ? Allait-elle devenir la hantise de son propre quartier ? Il n’en fallait pas plus à Taylor pour s’imaginer une multitude de scénarios la dégradant personnellement.

Son cœur battait la chamade face à la peur qui montait en elle et qu’elle essayait en quelque sorte d’oublier, mais seulement grâce à l’aide de son nouveau camarade. Il était quelqu’un de bien ; elle n’avait aucun doute sur le sujet et elle devrait l’en remercier à un moment où à un autre. Tout simplement parce qu’il lui avait apporté soutient avec une immense gentillesse, et elle ne pourrait l’omettre de son esprit d’enfant.

— Je… Merci Herschel…

Elle ne savait pas quoi dire de plus, même si elle sécha du mieux qu’elle pût les larmes qui menaçaient encore de couler. Alors, une fois qu’elle fut sûre que ses perles d’eau ne se montraient plus, elle chercha à se relever, ne quittant pas ce sauveur des yeux.

Il possède tellement de courage en lui, ce que je ne détiendrai certainement jamais, et ce, même si je fais partie de la maison Gryffondor, n’y a-t-il donc pas eu un échange de personnalité. Il est bien plus Gryffondor que je ne le suis, mais au fond, le Choipeaux s’annonce infaillible sur le fait de la répartition, et personne ne peut aller contre. Peut-être que ce questionnement était en réalité l’un des fantômes des élèves de cette école ? Peut-être est-il tout simplement le mien ?

La réflexion se tut dans l’antre de l’esprit de la jeune fille, mais le regard qu’elle adressa avec ses iris pers envers le jeune homme se voulut plus qu’évident ; réellement sincère et très significatif de ce qu’elle ressentait pour lui. Il avait sauvé son être de ses démons intérieurs, bien plus dangereux que Poudlard en eux-mêmes ; car tous savent parfaitement que notre propre pensée peut-être le pire des ennemis, mais leur jeune âge les empêchait de s’en rendre véritablement compte.