C'était comme ça tous les dimanches. Elle le savait, et pourtant, cela ne l'avait pas empêchée de soupirer d'un air ostensiblement agacé lorsqu'une troupe de garçons avait débarqué dans le parc en criant, interrompant Panthéa en pleine contemplation de la nature.
"Contemplation", c'était d'ailleurs vite dit. Elle observait. Et elle dessinait ce qu'elle voyait. C'était, selon sa mère, le meilleur moyen de progresser en maniement du crayon. Panthéa souffrait tellement de son niveau passablement médiocre sur un balai qu'elle avait reporté tous ses espoirs sur le dessin, persuadée qu'elle se débrouillerait très bien toute seule.

Elle n'en voulait pas vraiment aux garçons de venir jouer dans le parc. Elle leur en voulait de ne jamais lui proposer de venir avec eux, et ce n'était pas faute de leur avoir posé directement la question :

"Nan Théa, tu peux pas, c'est que les garçons cette fois-ci !
- La prochaine fois alors ? Promis ?
- Euuuuuhm ... ouai ouai, s'tu veux, on verra !"

Mais c'était à chaque fois la même chose, et même si elle aurait beaucoup aimé joué au ballon avec eux ou attraper des insectes en leur compagnie, ils disaient toujours non. Il y avait bien des groupes de filles qui étaient là, elles aussi, et qui avaient son âge, mais elles ne faisaient que discuter, assises dans la pelouse. Certaines faisaient même leurs devoirs. Pire encore ! Certaines comparaient leurs résultats ! Panthéa n'avait certainement pas besoin de ça. Elle avait bien cherché ses amies du regard, mais c'était peine perdue : elles étaient certainement à la bibliothèque.

"Ils sont idiots d'abord. Idiots !", souffla-t-elle, fâchée et vexée, tandis qu'elle prenait à regret le couloir de l'école direction la bibliothèque. "Et gnagnagna t'es une fille tu peux pas jouer !"

Elle s'arrêta un instant dans sa marche et dans sa complainte pour ranger son carnet à dessins et ses crayons dans son sac lorsqu'elle entendit des bruits de pas qui se rapprochaient. Il semblait que quelqu'un était en train de courir vers le parc à grandes foulées, le pas lourd et le souffle ... retentissant.

Il faisait beau ! Tellement beau ! C'était l'heure de jouer dehors, d'attraper des insectes et de courir après un ballon. Blaze n'avait pas emmené Herschel et Eliott avec lui, mais il était certain de trouver plusieurs garçons sur place qui seraient ravis de l'intégrer dans leur groupe de jeux. Le petit garçon était tellement pressé de les rejoindre qu'il bravait l'interdiction de courir dans les couloirs. Il avait tellement peur que le soleil s'échappe ! Les nuages pouvaient arriver en un claquement de doigts, il ne fallait pas rater ces beaux rayons de soleil et cette promesse de chaleur !

Dans le couloir, il aperçut une petite silhouette qui semblait ranger des choses dans son sac. En s'approchant, il vit un carnet et quelque chose qui ressemblait à des crayons. Blaze leva les yeux jusqu'au visage de la jeune fille et sursauta en reconnaissant Panthéa. C'était une première année de sa maison, pas très méchante, et même plutôt jolie, mais Blaze avait du mal à l'apprécier à sa juste valeur. En fait, il ne lui reprochait qu'une chose : elle était un petit peu trop proche de son meilleur ami. Et le jeune Blaze n'avait jamais aimé partager les personnes qui lui étaient le plus cher. Ce garçon était un brin possessif ! La puissante aversion qu'il ressentait envers le petit ami (il fut pris de frissons) de son frère pouvait en témoigner. 

Herschel n'était pas là. Eliott non plus. Personne n'était là en fait, à part eux deux. Blaze pouvait donc en profiter. Mains dans les poches, il se plaça face à Panthéa et l'observa avec curiosité.

« Salut, Panthéa. » Son ton était un peu sec, mais il affichait un visage ouvert et amical. Le garçon ne put s'empêcher de lui adresser une petite pique. « Tu ne traînes pas avec Sherly, aujourd'hui ? »

Blaze. Bien sûr. Elle aurait pu reconnaître son pas de course entre mille - discrète, la jeune fille était en effet très observatrice et notait tout. Il ne manquait plus que lui pour faire de cet après-midi une vraie déception.
Blaze, le garçon populaire, l'ami de tout le monde, qui papillonnait d'activités en activités avec une facilité surprenante. C'était en tout cas tout ce qu'elle voyait en lui, et même si elle lui reprochait son caractère impulsif et son comportement parfois indiscipliné, elle ne pouvait s'empêcher - sans se l'avouer, évidemment - de profondément l'envier. Elle, celle que l'on prenait pour une fille hautaine et distante, à qui l'on adressait difficilement la parole. Lui, qui avait le contact facile et la parole décomplexée. L'apercevoir dans le couloir à cet instant précis raviva toute la colère qu'elle avait ressentie à cause des autres garçons qui avaient refusé de l'intégrer dans leurs jeux.

Il s'était planté devant elle, les mains dans les poches, ce qu'elle prit pour un air de défi et qui fut confirmé, selon elle, par le ton particulièrement sec qu'il avait adopté en s'adressant à elle.

« Salut, Panthéa. Tu ne traînes pas avec Sherly, aujourd'hui ? »

Elle se redressa et croisa les bras, prenant le même air et le même ton que lui.

"Blaze.", même pas un salut, elle n'allait même pas lui accorder ça. C'était très inhabituel. "Non, et toi non plus, visiblement. Tu vas rejoindre les autres ? Ils font trop de bruit alors je suis partie."

Elle contre-attaqua en appuyant là où ça pouvait faire mal.

"Mais peut-être que je vais rejoindre Herschel. Je voulais lui prêter un livre."

Pouah, elle ne semblait pas très commode, cette fille. Pourtant quand il la voyait tourner autour de son meilleur ami, elle était toujours très souriante. Blaze ne comprenait pas pourquoi elle perdait ainsi son sourire lorsqu'elle parlait avec lui. Elle le trouvait probablement moins intéressant que Herschel. Pourtant, il se trouvait plus beau que son camarade. Comme si la beauté faisait tout. Puisqu'elle croisait les bras, Blaze choisit de faire de même. Il aimait imiter les autres. C'était une manière de dire "eh, moi aussi, j'sais le faire. Tu m'fais pas peur."

Il grimaça. Il était à deux doigts de répondre qu'effectivement, il allait jouer avec les autres garçons dans le parc mais ses derniers mots avaient touché un point sensible. Il y avait en fait deux choses qui ne lui plaisaient pas : la première, elle voulait passer plus de temps encore avec son meilleur ami. La seconde, c'était pour lui prêter un livre, ce qui sous-entendait qu'ils lisaient ensemble et donc que Herschel faisait une activité avec elle qu'il ne faisait pas avec lui.

« Eh bien, si tu veux aller voir Herschel, allons-y ensemble. Je viens justement de me souvenir qu'on a échangé nos doudous pour dormir cette nuit, et je ne lui ai pas encore rendu le sien. Il va le croire perdu et il va paniquer, je dois le rassurer, tu vois ? »

Le garçon fit volte-face, prêt à marcher cette fois-ci en direction de leur salle commune. Il se tourna vivement vers Panthéa tout en grimaçant légèrement. Une question lui brûlait les lèvres.

« Dis-moi, Panthéa. T'es à combien sur l'échelle de l'amitié avec Herschel ? Car tu le vois quand même vraiment très très souvent. Moi, sache que je suis à 10/10 car je suis son meilleur ami. Je suis donc prioritaire sur ceux qui sont à 9/10 ou moins.»

Il avait croisé les bras et la toisait d'une drôle de façon. Quoi, il se prenait pour un caïd ? Son frère était bien plus grand que lui, et elle n'en avait même pas peur, d'abord !
Elle avait senti une particule très fine d'hésitation dans son regard quand il reprit :

« Eh bien, si tu veux aller voir Herschel, allons-y ensemble. Je viens justement de me souvenir qu'on a échangé nos doudous pour dormir cette nuit, et je ne lui ai pas encore rendu le sien. Il va le croire perdu et il va paniquer, je dois le rassurer, tu vois ? », et il se retourna sans attendre, retournant droit vers leur salle commune.

Touchée ! Un doudou !? Ils s'échangeaient leurs doudous !? A bien y réfléchir, oui, ça n'avait rien d'étonnant quand on connaissait Herschel, c'était même plutôt parfaitement logique. L'image très nette des deux garçons complices se prêtant mutuellement leur peluche la fit déglutir. Elle lui emboîta le pas immédiatement, saisissant son sac au passage avec un empressement qu'elle ne parvint pas à cacher.

« Dis-moi, Panthéa. T'es à combien sur l'effet de l'amitié avec Herschel ? Car tu le vois quand même vraiment très très souvent. Moi, sache que je suis à 10/10 car je suis son meilleur ami. Je suis donc prioritaire sur ceux qui sont à 9/10 ou moins.»

Panthéa le foudroya du regard avant de répondre, la voix légèrement tremblante : "Je suis sûre d'être sa meilleure amie fille, donc je m'estime à un bon 10/10 aussi.", elle détestait ça, mettre des chiffres, se comparer, mais il avait déclenché en elle une jalousie telle qu'elle n'en avait jamais connue jusque-là.

"Je le sais parce qu'il m'a donné sa barrette. Tu vois ?", répondit-elle, sur un ton ferme, en désignant une barrette en forme de fraise accrochée à ses cheveux. "Bien sûr, il pouvait pas te la donner à toi, tu l'aurais cassée en jouant."
Elle était bien décidée à ne pas se laisser faire. Il voulait comparer ? Elle tiendrait la distance.

10/10 ! Aussitôt, Blaze lança un regard foudroyant à la jeune fille. Ce n'était pas possible. Elle mentait. Il n'y avait que Eliott et lui qui pouvaient avoir une telle note. Il acceptait de partager cette place uniquement avec le troisième membre de leur trio. Pas avec une fille sortie de nulle part et avec qui il n'avait rien en commun. Pourtant elle semblait tout à fait sérieuse. Si elle n'avait pas été une fille et si elle n'était pas l'amie de Herschel, Blaze lui aurait mis son poing dans la figure. Il se retint mais ne put s'empêcher de se sentir particulièrement agacé.

Un jeu de comparaison semblait avoir débuté. Cela ne posait aucun problème au garçon qui était certain de gagner haut la main. Lorsqu'elle désigna la fameuse barrette, Blaze ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il posa ses mains sur ses hanches et offrit un sourire moqueur à Panthéa.

« T'es trop bête, les barrettes c'est pour les filles ! (il réfléchit un moment) Les filles et Herschel. (il fronça les sourcils. C'était bizarre, dit ainsi) C'est pour ça que Herschel ne peut pas me la prêter, moi je suis un garçon et ça n'irait pas sur ma tête. Mes cheveux sont toujours décoiffés, ça tiendrait même pas. C'est donc pour ça qu'il ne me l'a pas prêtée même s'il en avait probablement envie.  »

Il haussa un sourcil. C'était probablement son tour de sortir des preuves de l'attachement de Herschel à son égard.

« Moi j'ai déjà ramassé des insectes avec lui. On s'est tenu la main et on a déjà dormi ensemble. J'veux dire, dans le même lit. Il me collait comme si on était amoureux. »

Et toc !

Crac.
C'est le bruit que fit son coeur lorsqu'il y planta la dernière phrase comme un couteau. "Comme s'ils étaient amoureux" ? Mais ils n'étaient pas amoureux ! Ils étaient meilleurs amis !
Elle lui renvoya son regard avec une noirceur supplémentaire. Sans doute aurait-il pu lire, à ce moment-là, une colère sourde monter dans les entrailles de la jeune fille et prête à la faire éclater, mais elle se contint autant qu'elle put avant de répliquer, cinglante :

"Herschel me tient la main parfois, quand on lit. Et il coiffe mes cheveux aussi, il les aime bien, il dit qu'ils sont longs.", elle réfléchit à toute vitesse, elle ne voulait lui laisser aucune faille dans laquelle il pourrait s'engouffrer. Panthéa construisait des remparts autour de son coeur mais, quand on lui parlait d'Herschel, c'était facile de les faire tomber.
Elle n'avait pas du tout apprécié le ton moqueur et supérieur qu'il avait prit l'instant d'avant, osant mettre en doute sa place en tant que "fille" et "amie" auprès du jeune rouquin. Cela avait été d'autant plus efficace qu'elle avait toujours voulu, secrètement, faire partie du petit trio qu'ils formaient avec Eliott - après tout, elle était aussi dégourdie et intelligente qu'eux, il suffisait qu'ils veuillent bien lui parler. Seulement voilà, les filles ne faisaient pas partie des bandes de garçons. Du moins, Panthéa n'en connaissait aucune qui avait ce genre de passe-droit.

Prise d'une profonde tristesse à cette idée, elle dégaina une arme qu'elle avait devinée redoutable contre Blaze :

"Et puis il m'a invitée chez lui cet été. On attend juste que ces parents disent oui."

HA ! Qu'allait-il répondre à ça ?

Panthéa disposait de plus d'armes qu'il ne le pensait. Déjà, ses premières répliques avaient été comme un coup de poignard pour Blaze. Il n'aimait pas vraiment l'idée que Herschel puisse tenir la main d'un(e) autre que lui. Et ce dernier n'avait jamais coiffé ses cheveux. Les trouvait-il trop emmêlés, pas assez soyeux à son goût ? Instinctivement, Blaze porta une main sur sa tête pour caresser sa masse capillaire. Quelques brins d'herbe tombèrent par terre.

Ses derniers mots l'achevèrent et il se sentit presque vaciller sous le choc. Effectivement elle avait visé juste. Herschel n'avait jamais parlé de l'inviter chez lui. Pourtant le garçon aurait beaucoup aimé découvrir la ferme dans laquelle vivait son ami. Il serra les poings et lança un regard noir à Panthéa. Elle était vraiment en train de lui voler son meilleur copain. Heureusement, il n'avait pas terminé et il lui restait aussi quelques armes sous le coude. Il frappa en premier avec celle qui ferait probablement le plus mal.

« Herschel et moi on va passer notre vie ensemble. C'est prévu. » Il sourit, amusé au souvenir de leur conversation datant de leur chasse aux insectes. « On va tous les deux devenir magizoologistes, enfin normalement. On a prévu de former une équipe et travailler ensemble, donc on sera toujours ensemble, tu vois ? »

Ouf, heureusement, il n'était pas vaincu. Ses mains cessèrent de trembler tandis qu'il reprenait peu à peu confiance en lui. Il afficha un sourire triomphant.

« On est tellement copains lui et moi qu'il m'a même fait un pin's. Il l'a dessiné lui-même et il est trop beau. » Il dégagea un pan de sa cape pour montrer l'objet qui ornait sa poitrine. Celui-ci représentait un ver de terre. « Et j'ai déjà essayé ses lunettes aussi. C'est lui qui les a mises sur mon nez. »

Une équipe pour la vie !?
La conversation qu'elle avait eu à leur rencontre en octobre lui traversa l'esprit. Ils avaient parlé d'aller un jour voir les dragons dans la réserve de Roumanie. Herschel lui aurait-il menti ? Est-ce qu'il avait pris l'idée pour la donner à Blaze et partir avec lui, comme elle lui avait proposé à ce moment-là ? Elle fut prise d'un haut le coeur tant la peine causée par les mots de Blaze était grande, et elle laissa lourdement tomber son sac à côté d'elle.
Elle aussi adorait les créatures, chercher les insectes, observer les oiseaux ... Quand elle avait aperçut le vivet, Herschel lui était tombé dessus, elle avait presque pris ça comme un signe qu'ils seraient toujours meilleurs amis parce qu'ils partageaient le même amour des animaux. Mais il n'avait jamais parlé de devenir Magizoologiste avec elle.

Ses lèvres se mirent à trembler et c'est avec une force de volonté extrême qu'elle retint ses larmes. Elle sentit alors un petit objet lui glisser le long du poignet pour atterrir plus près de sa main, presque dans sa paume. Le bracelet !

Cela lui rendit un peu de confiance en son amitié pour Herschel, et c'est avec beaucoup de fierté qu'elle tendit le bras devant lui pour mettre le bracelet bien en évidence :

"Oui, un pin's, mais si tu le regardais mieux tu aurais vu qu'il portait un bracelet avec mon prénom dessus, et moi tu vois, je porte un bracelet avec son prénom dessus."

Elle le tourna et le retourna pour bien découvrir toutes les lettres. Il s'agissait d'un bracelet tissé avec beaucoup de maladresse mais visiblement beaucoup d'application. Il était bleu avec des lettres orange.

"Même qu'il a dit que comme ça, il me porterait toujours avec lui."

Et vlan ! On la sous-estimait trop souvent.

Les yeux de Blaze s'écarquillèrent à la vue de ce bracelet. Il se sentit trahi. Non seulement Herschel n'avait jamais proposé qu'ils aient un bracelet commun -bien qu'ils aient déjà tous les deux le même pin's, mais de plus, il ne lui avait pas parlé du fait qu'il partageait un bracelet avec Panthéa. Pourtant, il était bien visible. Il aurait du le voir quand ils étaient en pyjama ou quand ils traînaient dans la salle de bain. Le garçon essaya de camoufler sa peine. La fille ne devait pas voir que cela l'avait atteint. Mais c'était difficile. Il essayait de se convaincre qu'un pin's avait plus de valeur qu'un bracelet, parce que c'était plus visible et aussi plus joli, mais son regard était très attiré par les lettres formées dans le tissu. Il ne pouvait s'empêcher de se demander qui était arrivé le premier, entre ce bracelet et le pin's. Avec qui Herschel avait-il partagé un objet commun en premier ? Lequel était le plus important à ses yeux ? 

En plus, le roux n'avait jamais dit qu'il le porterait toujours avec lui. Lorsqu'il lui avait offert le pin's, il avait alors fait un grand sourire et s'était exclamé que c'était pour marquer leur aventure. Il y avait une différence entre "toujours en lui" et "juste une aventure". Blaze n'était donc qu'une aventure pour Herschel. 

Retenir ses larmes devenait difficile. Il essaya d'enchaîner des arguments en sa faveur mais il commençait à être en manque d'idées.

« On... on... Euh... Herschel une fois, il m'a dit que j'étais trop fort. Des étoiles brillaient dans ses yeux. Il m'fait souvent des compliments comme ça et... » Il chercha ses mots. La panique commençait à transparaître sur ses traits, il ne pouvait plus cacher sa peine grandissante. « Nos doudous, ils se font un bisou sur chaque joue tous les soirs avant d'aller se coucher. » Il déglutit. Il ne savait pas quoi ajouter. Avait-il perdu... ?