Lundi 1 septembre

Je venais de terminer le petit-déjeuner dans la Grande Salle et je marchais à présent dans l’immense couloir du château d’un étage. Lequel ? Je l’ignore, j’étais encore nouvelle dans ces lieux et je ne connaissais encore rien ni personne. Et autant dire que pour l’instant, je n’en avais encore moins l’envie !

J’étais toujours autant remontée contre le fait que je puisse faire partie d’une maison qui ne me correspondait et me correspondrait certainement pas. Je veux dire, j’ai toujours grandi avec cette idée de perfection qu’incarnait la fameuse et célèbre maison de Salazar Serpentard et depuis toute petite, j’avais toujours rêvé maintes et maintes fois me faisant repartir dans cette merveilleuse maison verte et argentée.
Seulement voilà, les rêves étaient finis, j’étais désormais une sorcière de onze ans et demi qui avait intégré la plus prestigieuse des écoles de magie mais qui hélas, ne pouvait plus faire de son désir une réalité...

- Vraiment, il n’a pas pu me placer à Serpentard, ce foutu Chapeau magique de mes deux !

Je continuai donc à marcher tout en ronchonnant dans ma barbe, quitte à me faire passer pour une folle se parlant à elle-même face aux autres élèves de l’école. Plus rien ne pourrait attiser ma curiosité... Si tant est que je puisse changer de maison mais cela est fortement impossible.

Je me mis alors à regarder les alentours du couloir, ne voulant pas pour autant me faire passer pour une "solitaire et sans ami" et c’est alors que je rencontrai cette fille de la même maison que moi.

Je voyais la jeune fille de ma maison les bras croisés qui semblait attendre que j’arrive vers elle et qui voulait sûrement me dire quelque chose. Une fois arrivée devant elle, un petit silence assez embarrassant s’installa puis je décidai de le rompre en prenant la parole la première.

- Qui était ce garçon ? Pourquoi t’a-t-il bousculée ?

Je devais bien avouer au fond de moi que je paraissais légèrement rude et distante avec elle mais c'était dans ma nature d'être ainsi avec les gens que je ne connaissais pas. C’était un peu comme une barrière que je plaçais entre moi et les autres, ou peut-être une protection, qui sait. Je restai donc debout face à elle, attendant une réponse de sa part. Bien sûr, je ne comptais pas l’aider en lui demandant si elle allait bien etc, ce serait bien trop "sympa" de ma part. Mais je m'intéressais de savoir qui était ce garçon qui l’avait bousculée et pour quelle(s) raison(s) l’avait-il fait. Une simple curiosité.

- Je préfère te prévenir à l'avance. Ne t'imagines pas que nous deviendrons amies juste parce que je suis venue faire la causette avec toi.

Je voyais sur son visage une sorte de déception et tristesse apparaître discrètement et je ne pus m'empêcher de ressentir une petite pointe de culpabilité en moi. Après tout, cette fille avait été victime d’une bousculade plutôt violente et au lieu de l’aider, j'étais ici à la rabaisser et la rejeter.
Non je ne devais décidément pas agir de la sorte. Je suis désormais à Gryffondor, ça c’est un fait que je n’en peux plus nier et je me dois donc d’aider les miens afin de ne pas me faire passer pour une "fille méchante et égoïste".

- Excuse-moi de t’avoir parler ainsi. C’est juste que... Je suis assez réticente et distante avec les gens que je ne connais pas. Je m’appelle Abigail Warners.

Je tendis ma main droite vers elle en signe de salut, espérant de tout cœur qu’elle la serrerait et me sourirait. Je ne voudrais pas m’attirer des ennemis dès les premiers jours à Poudlard.

Non mais je rêvais !
Pourquoi osait-elle me parler ainsi ? Se croyait-elle dans une pièce de théâtre ou quoi ?
Je veux dire... Certes, elle a bien le droit de se comporter de la sorte, c’est sa façon d’être après tout mais quand même...

Je préférai donc ne pas prendre en compte ce petit détail et je relâchai sa main une fois l’empoignade faite. Je la regardai étrangement de haut en bas, oui c’était dans ma nature d'étudier physiquement les gens à qui je m’adressais, surtout quand je me devais de paraître "sympathique". Ce qui ne semblait pas être gagné d’avance car je pouvais voir sur son visage qu’elle aussi avait remarquée mon tempérament peu abordable. Je l’écoutai me parler, m’expliquer sa vie en quelque sorte dont je ne faisais pas plus attention que ça. Puis vint le moment où elle se pencha légèrement vers moi et me susurra ses mots. Je continuai à la laisser faire son "cinéma", si on pouvait appeler ce comportement du cinéma.
Une fois son monologue terminé, un petit silence s’installa entre nous et je ne sus que faire à ce moment-là. Je finis alors par inspirer un grand coup et répondre finalement:

- Écoute, je ne sais pas non plus qui est ce garçon qui t’a bousculée et je n’ai clairement pas envie de le savoir. Il t’a bousculée ? D’accord, c’est ton problème. Mais ne m’immisces pas dans tes histoires. Je ne voudrais pas avoir des ennuis à mon tour.

Je voyais sur son visage l’expression faciale se changer et je me voulais encore une fois de plus de la crudité de mes propos. Mais comme je ne cesserai jamais de le dire, je n’y pouvais rien car c’était dans ma nature, dans ma peau et mon ADN de répondre ainsi, face à ce genre de situation.
Et c’était bel et bien ce dont je pensais ! Pourquoi moi, Abigail Warners, fille issue d’une famille de sorciers, aurais-je besoin de m’intéresser aux petits craquenards d’une fille que je ne connais même pas ? Si ça se trouve, elle aussi se disait sûrement la même chose à mon sujet et c’était d’ailleurs fort possible qu’elle me méprise et me regarde de travers. Comme tous les autres. Voilà pourquoi il valait mieux que je prenne mes distances et garde à ne pas m’attacher à quiconque dans ce château.

"Mieux valait être seul.e que mal accompagné.e"

Je voyais tant bien que mal ses larmes et la voir ainsi me faisait un peu de peine. Je me sentais coupable quelque part, de lui avoir parlé aussi froidement alors qu’elle n’avait rien fait de mal. Je décide donc de me rattraper.

- Excuse-moi pour mon comportement. C’est que je suis de nature assez froide et distante avec les inconnus. Je me présente, je m’appelle Abigail Warners, j’ai onze ans et je suis une élève de première année comme toi.

Je lui affiche un grand sourire et tends la main vers elle, espérant de tout cœur qu’elle accepterait mes excuses et qu’on pourrait devenir amies.
C’était bien étrange pour moi de prononcer ce mot, moi qui d’habitude fait tout pour rester seule et n’avoir rien à faire avec quiconque. Qui sait, cette fille serait différente de toutes celles que j’ai déjà rencontrées dans ma vie, avant de venir ici. Peut-être n’était-elle pas aussi vicieuse et manipulatrice que les autres, qui n’hésiteraient pas à retourner leurs vestes contre moi et à me trahir.

- Quant à ta demande de t’aider dans une "mission", eh bien tout dépendra de ce qu’est cette mission au juste et si ça peut me permettre de mieux connaître les lieux ici. Mais s’il n’y aura aucun problème vis-à-vis des adultes et des professeurs, alors je veux bien le faire.

Je la regardai et attendis une réponse. Intérieurement, je croisai les doigts pour qu’elle accepte. Une nouvelle amitié pourrait sans douter naître entre nous et je sais que même si Gryffondor n’est pas ma maison préférée, j’en fais partie maintenant et au lieu de me plaindre, je ferai mieux d’apprendre à m’adapter à cette maison et donc à ses membres.

Je la voyais s’agiter de joie, peut-être à l'idée de savoir que j’ai accepté son offre. Mais qu’elle ne s’y méprenne pas, je ne suis pas encore devenue entièrement amie avec elle ! 
Je l’écoutais donc me détailler les différentes missions reposant sur les cinq qualités de la maison et une fois qu’elle eut fini, je souris et lui répondis d’une traite:

- Je ne sais pas vraiment comment fonctionnent ces sortes de "missions" mais je vais faire l’effort d’essayer de comprendre quelque chose. Même si je sens que ce ne sera pas simple et de tout repos.

Je ne savais pas si ma réponse lui plairait mais peu m’importe. L’essentiel était que je me sente à l’aise dans tout ce que je fais et surtout, que je n'hésite pas a dire le fond de ma pensée aux gens, quitte à ce que ça les vexe ou les fâche. J’ai toujours appris à être sincère et honnête avec moi-même, ce n’est pas maintenant que ça risquerait de changer.

- Étant donné c’est toi qui m’a demandée de l’aide et qui m’a fait part de ces mission, c’est donc naturellement à toi de dire quoi faire, par où commencer. Et sans oublier qu’en cas de problèmes, tu seras entièrement responsable. Tu n’auras donc pas intérêt à m’immiscer.