fevrier

RP avec @Herschel Sherringford et @Blaze Rosenberg

-"Bah alors tu t'en vas déjà?

Foutu château de m*rde. La rage au ventre, je quitte les grands Serpentard qui m'ont embêté. J'entends leurs rires derrière moi alors que je me dépêche de m'éloigner. Ils n'ont rien d'autre à faire que de m'insulter de weirdo alors que je ne fais que réviser. Je sais que j'ai cette réputation dans Poudlard, chez les Serpentard du moins, le petit garçon qui ne sourit jamais et qui est tout le temps tout seul, mais s'ils continuent de se comporter ainsi, ça ne risque pas de changer.

Ô ce que j'aurais aimé pouvoir me défendre, leur mettre mon poing dans la figure et regarder le sang couler de leurs nez en rigolant, mais ils étaient beaucoup plus grands et nombreux que moi, je n'avais aucune chance. Je devrais faire une liste de personnes à mater, toutes celles qui ont été méchantes avec moi, je mettrais Loewy en tête de liste. J'ai hâte qu'elle soit vieille et faible quand moi je serai jeune et fort. Là je pourrais la regarder dans le blanc des yeux et lui montrer qu'elle a eu tort.

Cette conviction et détermination me fait avancer dans les couloirs comme un boulet de canon que rien ne pourrait arrêter. Tous ceux qui font plus d'un mètre cinquante-cinq ne doivent même pas me remarquer passer. Bien décidé à rentrer à la salle commune pour m'allonger sur mon lit durant les quatre prochains mois, je ne me laisse distraire par rien, je regarde mes pieds.
Alors que je rajuste ma bandoulière sur mon épaule, je tourne pour emprunter un couloir adjacent. Sans crier gare, la douleur débarque. Elle arrive d'abord sur le haut de mon front puis s'éparpille un peu partout tant le choc est violent. J'ai l'impression qu'elle tente de rentrer dans mon crâne pour atteindre mon cerveau, mais j'ai la peau dure.
Néanmoins je tombe sur les fesses. Il n'est pas dur de comprendre ce qui vient de se passer, j'ai percuté une nana de plein fouet. À mon grand désarroi, je constate que toutes mes affaires se sont étalées par terre, tout comme les siennes je crois. 
Ça va me faire perdre du temps, c'est vraiment pas ma journée. L'adrénaline parle à ma place.

-P'tite idiote! Regarde c'que tu as fais! C'est toi qui vas tout ramasser peut-être?

Sans prendre la peine de me relever, je commence à remettre mes affaires en fouillis dans mon sac. Faire cette tâche ingrate m'énerve plus encore.

-T'as pas les yeux en face de tes lunettes binoclarde!"

Par dessus le marché, je touche mon front qui est encore très douloureux et je constate qu'une bosse conséquente s'est formée. Quelle horreur, je ne vais ressembler à rien. J’aplatis mes cheveux pour tenter vainement de le cacher et après deux trois jurons, je me remets au boulot.
J'avais à peine remarquer que la fille n'était pas toute seule.

     Comme souvent, il portait trop de livres pour arriver à voir ses petits pieds dépasser par le haut des bouquins. Il faisait donc confiance à Blaze, qui avait accepté de prendre deux livres pour lui, voyant bien que son ami n'y arriverait pas, pour l'alerter si jamais il y avait des chances pour qu'il se prenne les pieds dans quelqu'un ou quelque chose. Il était serviable quand il fallait, surtout parce qu'il était presque surprotecteur. A chaque fois qu'Herschel se ramenait avec un bleu au soir dans les dortoirs, il lui sautait toujours dessus pour savoir qui l'avait frappé, avant de gueuler à Azaël, leur camarade, qu'il lui péterait le nez si c'était lui. Il n'avait pas bien digéré le fait que l'autre l'ai poussé en Janvier, même si Herschel lui avait expliqué pendant une bonne vingtaine de minutes qu'il allait bien et que c'était de sa faute également. La plupart du temps, ses bleus étaient simplement dû au fait qu'il se cognait ou tombait souvent et marquait bien plus vite qu'il ne s'endormait à peu près partout. 

     Les deux amis rentraient donc au dortoir, avant que les petits bras d'Herschel lâchent sous le poids des bouquins. Dieu savait qu'il aurait été effroyable pour lui de laisser tomber des bouquins en prenant le risque qu'ils prennent des dégâts. Herschel en profitait pour raconter à Blaze le contenu du livre qu'il avait lu le jour d'avant, au soir. Une histoire, non pas de pirates cette fois-ci, mais un livre sur les vivets dorés que lui avait gentiment prêté Panthéa. Il y avait de grandes chances pour que cela n'intéresse pas particulièrement son ami puisqu'il n'avait jamais montré d'attention particulière aux petits oiseaux dorés, mais il faisait tout de même le plaisir à son ami d'écouter et même de sembler passablement s'intéresser à ce qu'il disait. Et ça, c'était un vrai cadeau, parce que Blaze savait parfaitement montrer quand quelque chose ne l'intéressait vraiment pas. Peut-être qu'au fur et à mesure, il commençait à s'intéresser un peu aux mêmes choses que son ami ? A bien y réfléchir, ils n'avaient pas beaucoup de points communs, à part les insectes et le fait qu'ils s'aimaient juste bien. Y'avait pas vraiment d'explication à leur amitié, simplement, ça avait bien fonctionné. 

     -Et donc, Panthéa m'a dit qu'elle en avait déjà vu trois ! Ou deux.... C'est f... il fut coupé par une masse qui le projeta par terre de plein fouet. Ouch !

    Il remonta les yeux vers l'autre, qui essayait de reprendre aussi vite qu'il pouvait ses affaires. Les insultes le firent broncher et il remonta ses lunettes sur son nez en baissant la tête, ne remarquant même pas que l'autre avait accordé les mots comme s'il était une fille. Ça n'avait pas d'importance. Il lui tendit un de ses livres. 

    -Tiens, c'est à toi. J-je suis v-vraiment désolé de t'être rentré dedans, j'voulais pas, vraiment. Ça va ? Tu as besoin d'aller à l'infirmerie ? J'suis vraiment désolé, je voulais vraiment vraiment pas ! Il s'appuya sur le bras de son ami pour se relever et tendre sa main à l'autre. Tu as besoin d'aide ? 

    Si jamais un de ses livres était abîmer, il allait vraiment pleurer. 

La bibliothèque. C'était ennuyant. Blaze aimait pourtant la lecture, mais ses premiers mois à Poudlard, les nombreuses heures de cours et les devoirs ne lui donnaient pas envie de plonger à nouveau son nez dans un bouquin, il ne cherchait qu'une seule chose : de quoi se distraire. Pourtant, et principalement parce qu'il aimait beaucoup Herschel, il avait accepté d'accompagner ce dernier à la bibliothèque. Encore une fois, le petit rouquin en était ressorti avec une pile impressionnante de livres. Blaze se demandait encore comment il faisait pour lire tout cela. Par compassion pour ce petit bout d'homme qui ne semblait pas cacher beaucoup de muscles dans ses frêles bras, le garçon prit quelques livres pour le décharger. Les deux Serdaigle reprirent ensuite le chemin du dortoir. Parfois, c'est à peine si le garçon écoutait son camarade qui comme d'ordinaire, était une véritable pipelette. Perdu dans ses pensées, il arrivait qu'il se contente de hocher la tête et de grommeler des "Oui" ou encore des "Ah c'est cool", un peu comme un accusé de réception automatique.

Au détour d'un couloir, Blaze eut la surprise d'entendre un gros bruit de choc -et de retrouver deux garçons à terre, leurs affaires étalées sur le sol. Il ouvrit de grands yeux ronds, surpris, et se pencha aussitôt vers son ami très inquiet pour lui. Herschel, oh non, Herschel ! Et s'il s'était cassé un bras ? Une jambe ? La tête ? Son cerveau fonctionnerait encore ? Et ses lunettes, elles n'étaient pas cassées ? Allait-il avoir un bleu ?! Le mec qui avait eu l'audace de bousculer son meilleur ami se mettait désormais à l'insulter. Aussitôt, Blaze faillit sortir de ses gonds, mais une chose le retint : l'autre parlait de Herschel comme si c'était une fille ?! Il avait du caca de moineau dans les yeux ou quoi ! 

Le petit rouquin, comme à son habitude, se montrait aussi doux qu'un agneau et s'excusa aussitôt, proposant même son aide. Blaze roula des yeux, exaspéré. Il fallait vraiment qu'il apprenne à son ami à être moins sympathique. Un jour, cela lui poserait problème. 

« Eh toi là, l'aveugle. » fit-il tout en bousculant légèrement l'autre avec le bout de son pied pour attirer son attention. « Déjà on parle pas comme ça à mes potes, compris ? Herschel t'a pas vu, tu l'as pas vu, c'est de la faute de personne alors t'as pas à lui parler comme ça. Tu t'excuses ! » grogna Blaze en foudroyant le Serpentard du regard. Ensuite, il saisit Herschel par la manche pour le désigner.

« Puis t'as vraiment de la crotte dans les yeux mon gars. Herschel c'est pas une nana, ça se voit non ?! » s'exclama le petit Serdaigle en observant son camarade à la recherche de preuves. Il resta interdit face à son visage encore assez androgyne, ses cheveux plus longs que la moyenne pour un garçon, et sa robe de sorcier qui n'aidait pas spécialement. « Il a.. euh... Il... Ses cheveux... nan, attends pas ses cheveux, euh... » Il bégayait et perdait ses mots. Pourtant, il savait que Herschel était un garçon, mais caché sous ses vêtements et avec ses airs efféminés, ce n'était pas si simple à déterminer. « Il est musclé, comme un grand ! » fit Blaze en frappant dans la poitrine de Herschel pour montrer à quel point il était dur comme du roc. Ce dernier vacilla sous le choc et Blaze dut le rattraper pour qu'il ne tombe pas à nouveau. Il espérait ne pas lui avoir fait un bleu. Le garçon se gratta la tête. Il voulait montrer l'évidence au Serpentard -cela crevait les yeux qu'il s'était trompé ! Pourtant, aucun argument ne lui venait à l'esprit. Il se résolut à utiliser le dernier moyen en sa possession. « J'l'ai déjà vu tout nu un jour où il a pas fermé à clef, c'est un mec un vrai de vrai ! Il transpiiiire la tétonstorone ! »

Tandis que je ramasse mes livres et dernières affaires au sol, j'entends la fille s'excuser, s'inquiéter et me proposer son aide. Je me stoppe dans mes activités et la regarde avec un air de franche surprise. Comment peut-elle réagir comme ça? Si c'était moi que j'avais percuté, je me serais déjà fichu deux coups de genoux. Ma colère s'affaisse subitement dû à mon incompréhension de la situation. Ma fierté, elle, demeure intacte et je me contente de grommeler un "Non ça va merci" tout en reprenant le livre qu'elle me tend .  Je me contente de faire comme si je n'avais pas vu sa main pour ne pas la prendre mais ne pas la refuser ostensiblement pour autant.

Toutes mes affaires sont de nouveau bien au chaud dans mon sac. Alors que je m'apprête à repartir, le garçon qui était avec elle me pousse du pied ce qui manque de me faire perdre mon équilibre alors que je m'étais accroupi. J'ai horreur qu'on me touche alors je me relève brusquement prêt à en découdre.
Blablabla, pote, blabla, Herschel blablabla, excuses. S'il croit que je vais m'excuser, c'est vraiment qu'il ne me connaît pas.
Attendez, Herschel? Mais c'est pas un nom de fille ça. Je tourne les yeux vers l'autre, pourtant on dirait vraiment une fille. Son copain le confirme en disant que j'ai du caca dans les yeux, et que Herschel c'est pas une fille et qu'il le sait parce qu'il l'a vu tout nu.

Je ne peux m'empêcher de grimacer un sourire. J'ai vraiment cru que c'était une fille.

-"Oui bah ça va, j'l'avais mal vu. J'l'ai pas vu tout nu moi, j'l'espionne pas quand il ferme pas sa porte à clef, je pouvais pas savoir. Désolé mais tu ressembles un peu à une fille quand même. J'ajoute en direction d'Herchel.

Je ressasse intérieurement les paroles de l'autre garçon et je lui dis:

-En plus y'a pas que les garçons qui transpire, les filles aussi ça transpire. Et puis je sais pas ce que c'est de la tétonstorone mais je suis sûr que c'est débile."

C'est vrai quoi, qu'est-ce-qu'il raconte avec ses mots qui ne veulent rien dire. Moi aussi je peux inventer des mots. Ils sont vraiment bizarres comme ami, y'en a un qui est très calme et gentil, et l'autre est excité et teigneux. Ils font vraiment une drôle de pair. 
Encore une fois je suis tout seul face à plus nombreux que moi. J'aimerais bien avoir un copain moi aussi pour me défendre des fois. Je suis tout le temps obligé de me défendre tout seul. Mais aussi, tous les autres ils sont trop bêtes pour être mes copains. Et puis les seules personnes que je connais ne vont pas me venir en aide, c'est pas Adaline qui pourrait faire quoi que ce soit dans cette situation.
Je devrais demander à Peter Speculus d'aller voir les gens qui m'embêtent des fois, il est pas très grand, mais il est en troisième année, donc c'est déjà ça.

Je n'ai pas bougé, j'aurais pu partir mais je veux savoir ce qu'ils ont à répondre, en particulier à propos de cette mystérieuse tétonstorone.

    Comme d'habitude à chaque fois que quelqu'un avait le malheur de le toucher d'une façon que Blaze ne voyait pas amicale, il s'emballa facilement et devint agressif, sous le regard désapprobateur de son ami, qui de toute façon n'aurait rien changé à tout ça. Il lui donna un coup d'épaule dès qu'il vit son ami donner un coup de pied à l'autre, si faible soit-il. Son coup n'avait pas pour but de faire mal à l'autre, mais simplement de lui montrer qu'il n'était pas d'accord avec ce qu'il venait de faire. Herschel n'aimait pas la violence, autant chez ses amis que chez les autres, même s'il y avait une bonne raison. De toute façon, pour lui, il n'y avait jamais de bonne raison de frapper les gens, c'était vilain et mesquin et ça n'avait pas sa place dans une école. Ou partout ailleurs, s'il y réfléchissait. Il ne connaissait pas l'autre garçon, mais il était certain que ça ne lui ferait pas plaisir qu'on lui parle comme ça. Qui était-il ? Il ne l'avait jamais croisé, ou n'y avait jamais fait attention. En tout cas, il n'était pas un première année, de ce qu'il savait. 

    Il défaisait son chignon où était nichée sa baguette tandis que les deux autres garçons continuaient de parler, jusqu'à ce qu'il revienne sur la terre en sentant Blaze le pousser sur la poitrine. Il se rattrapa encore une fois au bras de son ami juste pour entendre sa dernière phrase qui lui donna le feu aux joues. Il n'était pas un garçon particulièrement timide, ou particulièrement pudique mais que son ami hurle au beau milieu d'un couloir qu'il l'avait déjà vu tout nu alors qu'il avait simplement oublié de fermer la porte de la salle de bain le mettait incroyablement mal à l'aise.  Et si quelqu'un d'autre l'avait entendu ? Et si Panthéa avait décidé comme ça de passer dans le couloir sans raison précise ? Ses oreilles rougirent d'elles-mêmes. Il remonta ses lunettes à nouveau sur son nez avec les mains tremblantes. 

  -C-c'est pas tr-très grave, t'exc-cuse pas....Enfin, j'veux dire, ça arrive tout le temps, dit-il en se triturant les mains, enfin non, pas tout le temps, mais... Heu, en fait presque jamais parce qu'on me bouscule pas souvent... mais j'veux pas dire que c'est d'ta faute... Juste, je suis pas un garçon.... Enfin, si, j'suis un garçon ! J'voulais dire, j'suis pas une fille. Parce que je suis un garçon, tu vois ? Enfin, non, tu vois pas mais.... J'suis un garçon, finit-il.

    Il fut prit d'une quinte de toux, presque faussée alors qu'il rougissait toujours. Il avait totalement oublié que les deux garçons se battaient encore. 

Blaze attendait fermement des excuses. Ne touchait pas à ses amis qui le souhaitait. Surtout Herschel parce qu'il était fragile, il fallait constamment le protéger, rôle que le petit brun prenait vraiment très à cœur. L'autre ne semblait toutefois pas disposé à s'excuser, alors que le regard méchant de Blaze était censé être selon lui suffisamment convaincant pour l'y pousser. Au contraire, il évoqua une histoire d'espionnage, ce qui donna vraiment très envie au petit Serdaigle de le frapper. Il s'excusa tout de même. Mais Blaze était trop énervé pour l'entendre. Finalement, il déduisit que le Serpentard était un imbécile parce qu'il ne savait pas ce qu'était la tétonstorone, ce qui l'aida un peu à se calmer. En fait : Blaze non plus ne savait pas précisément ce que c'était, il l'avait juste entendu de la bouche d'un voisin qui semblait affirmer que cela l'avait rendu viril -au final, il avait juste commencé à avoir des poils sous les bras et à d'autres endroits ; le garçon n'avait pas souhaité vérifier. Blaze, lui, attendait encore l'arrivée de ses premiers poils. Mais le Serpentard n'avait pas besoin de le savoir. 

Herschel s'excusa à nouveau. Son ami lui donna un léger coup de coude pour lui faire comprendre qu'il n'aimait pas qu'il enchaîne ainsi les excuses alors qu'il n'était absolument pas en tort. Finalement, il continuait à s'emmêler les pinceaux, ce qui énerva encore plus Blaze. Visiblement, les mots de l'autre avaient fini par mettre le doute à Herschel, qui ne savait plus s'il était un garçon ou une fille. Pourtant, Blaze avait vu son ouistiti : ce qu'on avait à cet endroit-là indiquait bien ce qu'on était, non ? Ou bien se trompait-il, existait-il des subtilités cachées dont il n'avait pas conscience ? Son cerveau commençait à surchauffer sous l'effet de la réflexion, et pour faire redescendre le tout, il eut très envie d'écraser son poing sur la figure de l'autre. Mais Herschel était là et le rouquin n'aimait pas qu'il se batte. Blaze était certain qu'il se mettrait à pleurer s'il le faisait, et il n'avait pas envie de le rendre triste. Il fit donc un effort considérable pour prendre sur lui, mais lança un regard assassin à sa cible.

« Déjà, si tu sais pas c'que c'est la tétonstorone, c'est que t'es vraiment trop INCULTURÉ comme gars, trop la honte ! C'est euh, c'est c'qui fait d'toi un homme, voilà ! M'en demande pas plus, j'ai pas de temps à perdre avec toi pour t'expliquer la vie. Et puis Herschel d'abord je l'espionne pas ! J'voulais pas le voir moi son ouistiti, j'y peux rien s'il se lave sans fermer la porte. Et ne lui DIS PAS qu'il ressemble à une FILLE ! Après il va commencer à te croire -déjà là on dirait qu'il est plus sûr. Et s'il te croit, si ça se trouve après il ressemblera encore plus à une fille et p't'être même qu'il voudrait faire des bisous ou des câlins -'fin, des trucs de filles tu vois, à Eliott ou à moi et j'ai pas envie même si je l'aime bien. Enfin, tu vois quoi. C'est un gar-çon. » 

Herschel semble complètement inoffensif et dépourvu de méchanceté mais le fait qu'il n'arrive pas à aligner trois mots m'agace un peu. Je le garde néanmoins pour moi. Quant à l'autre il part dans un monologue dénué de sens. Je comprends pas tout ce qu'il dit mais apparemment la tétonstorone c'est pour devenir un homme. J'en ai jamais entendu parler alors ça m'étonnerait beaucoup mais je demanderais à Papa pour être sûr, en tout cas ça voudrait dire que Michael n'est pas un homme parce que je suis sûr que lui non plus il sait pas ce que c'est de la tétonsterone. Oh et puis quel mot débile! Je préfère l'oublier.

Quand l'autre me dit qu'il a vu son "ouistiti" je pouffe de rire, c'est bien la première fois que j'entends ce surnom pour... heu, pour ça quoi. Personne dit ouistiti, vraiment personne. La plupart des enfants ils utilisent mon surnom pour désigner la chose.*
En plus il sait pas parler anglais, il a dit inculturé et ça se dit pas. Quand il commence à dire que le fait de prendre pour une fille Herschel va le rendre attiré par les garçons, je rigole franchement pendant quelques instants avant de répondre.

-"Je suis peut-être bête, mais au moins je sais que inculturé ça se dit pas, on dit qu'on manque de culture ou qu'on est pas cultivé d'abord. En plus tu raconte n'importe quoi, c'est pas parce qu'il ressemble à une fille qu'il va faire des bisous aux garçons. T'façon c'est pas possible qu'un garçon fasse des bisous à un autre alors tu dis n'importe quoi.

C'est vrai ça, quelle idée. On dirait qu'il a un retard mental ou je ne sais quoi mais il se comporte pas comme un enfant de mon âge, même Charles il est plus intelligent. 
Je fais tourner mes méninges en un dixième de seconde et je sais ce que je dois faire. Comme Papa et Maman me l'ont toujours dit, je dois me montrer plus intelligent! Je sais bien faire ça, être intelligent. Pour être intelligent faut faire la paix je crois, ou un truc du genre. Alors je bombe le torse et je déclare:

-"De toute façon ça sert à rien de se battre, je sais bien maintenant que c'est pas une fille -même si il y ressemble - et je veux pas insister. Moi j'voulais juste retourner tranquillement dans ma salle commune parce que des grands m'ont embêté et maintenant j'ai une grosse bosse sur le front!"

En me rendant compte que cette journée est encore plus pourrie que les autres, je deviens un peu triste. Il faut que j'arrête de sortir de la salle commune sauf pour aller manger et en cours, comme ça je n'aurais plus de problèmes et peut-être que je n'aurais plus de bosses.


=*Le mot anglais "Willy" est le mot utilisé par les enfants anglophones pour désigner la chose   

    Maman a toujours dis que le fait qu'un garçon soit tel, ça ne l'empêchait pas de pouvoir tomber amoureux d'un autre garçon, et vice versa, pareil avec les filles. Elle disait que le fait de s'embrasser ou de s'aimer, ça n'avait rien à voir avec ça mais avec ce qu'on avait dans la tête. C'était chacun son choix et on avait pas le droit d'être méchant avec les autres pour ça. Elle disait que c'était comme la couleur de peau ou la couleur des cheveux naturelle, qu'on pouvait pas choisir mais que si on pouvait,bah c'était pas grave parce qu'il fallait accepter les choix de tout le monde, sans exception, tant que ça faisait pas du mal aux autres. 

    Encore tout rougissant, il se permet d'interrompre l'autre. 
   -Alors ça, c'est pas vrai du tout. Deux garçons bah c'est comme deux filles, l'peuvent s'faire des bisous quand même. On choisit pas de qui on tombe amoureux, t'es pas tolérant. 

Il s’apprête à tourner les talons et à tirer Blaze loin d'ici avant qu'il ne se décide à frapper l'autre pour l'offense qu'il lui a faite, jusqu'à ce que l'autre dise qu'il s'est fait mal et qu'il cherchait pas la bagarre. A partir de là, il fait trois pas vers le garçons et remonte sa frange. 

    -Tu t'es fais mal ? Tu t'es fais embêter ? Faudra en parler à Miss Kwon, et si tu veux on peut aller à l'infirmerie parce que ça va te faire un bleu tout moche. Parce que c'est nul d'embêter les gens, et maman m'a dit qu'il fallait en parler parce que sinon c'est du har... har....harcèlement ! il se tourne vers Blaze. Et pis c'est pas grave si je ressemble à une fille, pas vrai ? Finalement, il lâche l'autre comme s'il était brûlé. Pardon, j'voulais pas... Après-tout, tu dois déjà savoir ça...

    Il se recule, ramasse ses bouquins et ferme sa bouche à double tour avant de balancer la clé très loin. Après-tout, il a raison, il ressemble vraiment à une fille. Peut-être que c'est ça qui les dérange tout les deux, et peut-être parce que c'est pour ça que Blaze le protège tout le temps ou qu'il s'est senti obligé de l'espionner sous la douche parce qu'il savait pas ce qu'il était. Maman disait toujours que c'était pas grave, mais si chez lui ça ne l'était pas, à Poudlard, ça l'était peut-être. 

   -Et puis vous disputez pas pour ça, j'suis désolé d'accord ? J'me couperais les cheveux ou autre chose, mais c'est nul de vous disputer à cause de moi, et puis c'est débile parce que ça sert à rien.  

Pourquoi il rigolait, l'autre. Pourtant, Blaze n'avait rien dit de drôle. Il n'y avait strictement aucune raison de rire, parce que la virilité de Herschel Sherringford était en jeu et ce n'était pas sujet à plaisanterie. Finalement, il le reprit sur son orthographe. Le petit Serdaigle sentit ses joues s'empourprer. Pour cela, il voulait bien le croire : on lui disait toujours qu'il faisait énormément de fautes, mais il ignorait que cela se ressentait aussi à l'écrit. Et il était bien d'accord avec la suite : un garçon, ça ne pouvait pas aimer un autre garçon. Enfin du moins, il le pensait, même s'il n'en était pas absolument certain parce qu'il avait déjà vu deux garçons qui se tenaient la main. Par contre des bisous ça non, jamais il n'en avait vu ! Mais si c'était un garçon qui se prenait pour une fille, comme Herschel, c'était différent non ? C'était un problème plutôt compliqué pour le jeune Blaze. Du haut de ses onze ans, il avait des idées bien arrêtées et n'était pas très ouvert d'esprit. Herschel, lui, avait une autre vision des choses. Cela étonna beaucoup Blaze. Ils n'avaient jamais évoqué ces sujets-là. Mais bon, ce n'était pas le sujet de la conversation : ce qui intéressait Blaze, c'était bien de convaincre l'autre (comment ça, c'était déjà fait ?) que Herschel n'était pas une fille. 

Il demanderait plus tard à son ami de prouver que les garçons étaient bien capables de s'embrasser.

La conversation dériva sur le fait que le Serpentard se faisait embêter par ses camarades. Il n'avait pas l'air bien méchant, et il semblait même plutôt un petit peu triste. Le petit sorcier se dit que finalement, il ne méritait peut-être pas d'être frappé. Herschel prit les choses en main et proposa à leur camarade de l'emmener à l'infirmerie. Blaze, discret jusque-là, intervint enfin suite à la question du petit roux.

« Non Herschel, moi au fond j'm'en fous si tu ressembles à une fille. Tu pourrais ressembler à un troll des montagnes que tu serais toujours mon meilleur ami. »

Il posa sa main sur la tête de Herschel et lui ébouriffa les cheveux pour le rassurer. Après une hésitation, il crut bon de rajouter :

« Du moment que tu veux pas me faire des bisous sur la bouche, tout me va. Parce que moi je veux faire des bisous que aux filles, tu comprends ? »

Il se tourna vers le Serpentard.

« Je veux bien faire la paix avec toi parce que tu ne sembles pas bête et t'es pas trop méchant. A l'avenir, évite d'insulter mon copain parce que ça va pas l'faire. Si t'as besoin, on peut t'emmener à l'infirmerie. Et si jamais t'es suffisamment sympa pour être notre ami, si tu veux, je m'occuperai des gars qui t'embêtent.  »