Suite directe à ce RP

    Discuter avec Panthéa avait vraiment été une bonne expérience. Il y pensait souvent mais aujourd'hui comme jamais, il se disait qu'il avait véritablement de la chance d'être son ami. Elle était tolérante, bien plus que ne le seraient jamais certains. Et simplement rester avec elle, sachant qu'elle ne le jugerait jamais et qu'elle ne penserait jamais à lui comme une personne étrange, bizarre. Elle était parfaite et il ne savait pas du tout ce qu'il avait fait pour mériter d'avoir dans sa vie quelqu'un comme elle. Mais elle était là et sa présence ne lui avait jamais été autant bénéfique qu'aujourd'hui. Ce n'était pas un jour comme les autres, il le ressentait au fin fond de ses entrailles : quelque chose changeait en lui. Il évoluait pour passer à autre chose, comme un papillon sortant de sa chrysalide. C'était puissant, c'était pur. C'était vivant, la sensation l'était, elle battait au rythme de son cœur. Il en ressortirait forcément changé, ça ne pouvait être autrement. Pas beaucoup, possiblement pas vraiment, ce ne serait pas obligatoirement quelque chose de visible, qu'on pourrait toucher mais simplement une chose dans son esprit, quelque chose auquel il arriverait à donner un nom. Il savait qu'il ne pourrait pas inventer ce changement, c'était quelque part dans sa tête, il n'avait simplement jamais pu y mettre un nom, une sensation ou une odeur. 

    Il avait adopté une démarche dansante en rentrant vers la salle commune. Il n'avait plus peur, plus pour le moment. Les tremblements s'étaient taris, il avait prit confiance en lui, bien plus que depuis qu'il était sortit de son dortoir. Il avait eu l'impression de pouvoir se réduire en miettes à chaque pas tellement le stress semblait manger ses jambes et ses muscles pour le laisser accroché aux poignées de portes parce qu'il ne pouvait plus rester debout.  Il avait prit un peu de courage. On ne pouvait pas dire qu'il était fier comme un paon et qu'il passait dans les couloirs comme un roi, mais il ne donnait plus l'impression d'avoir peur de son ombre. Il restait tout de même près des murs même si ses yeux n'étaient plus au sol, plus maintenant. C'était compliqué d'oser changer, surtout à cet âge là, parce que les enfants devaient apprendre à penser tout seul, même si cela voulait dire qu'ils ne pouvaient plus suivre les copains, sans oublier que si la vérité sortait de la bouche des enfants, les plus grosses conneries sortaient de celle de leurs parents. Apprendre à réfléchir tout seul à se créer une opinion indépendamment des autres, une personnalité et un style de vie, c'était compliqué, encore plus quand nos décisions pouvaient apporter parfois la haine et l'incompréhension des autres. Ce n'était pas facile de devenir courageux sur un sujet comme ça quand la seule chose qu'on avait envie de faire, c'était de rester comme avant, de ne pas grandir et rester à pleurer seul dans son lit. 

Isaac venait à peine de sortir des toilettes des garçons. Oui, il s'agissait là d'un détail utile à savoir, mais c'était la raison pour laquelle il était à présent en train de descendre les marches.. En se plaignant mentalement du ô combien les toilettes étaient sales, que cette école en elle-même l'était, et d'autres joyeuses pensées du genre. Quoiqu'il en soit, il se dépêchait de descendre les escaliers afin de se rendre en salle d'études. Il y était avant d'avoir une envie pressante, et y avait oublié un morceau de parchemin. Il y avait inscrit de nombreuses astuces en tout genre dessus, pour les examens qui approchaient. Il comptait bel et bien obtenir des O dans toutes les matières, même en botanique ou en métamorphose bien qu'il n'appréciait guère ces deux dernières matières. Et il n'était pas ne serait-ce qu'envisageable qu'une personne s'empare de ses réflexions, il comptait bien être le seul à en profiter.. A la limite partager avec Ulysse, mais personne d'autre ! Il entra précipitamment dans la pièce, ce qui eut pour effet d'en étonner plus d'un qui se retournèrent, tandis que d'autres râlaient car ils avaient fait une rature sur leur parchemin à cause de la surprise. Sans un regard désolé, Isaac s'en fichait bien d'eux, il se dirigea vers la table à laquelle il était assis précédemment, et heureusement pour lui, son écrit était toujours présent. Il le prit donc, puis sortit de la salle non sans une révérence avant de franchir la porte et de la claquer en la fermant. Il n'était habituellement pas du genre à se donner en spectacle, mais il fallait se l'avouer, le sentiment de savoir qu'ils allaient tous se rétamer aux examens et qu'ils étaient tous stressés était bien trop profitable pour ne pas s'en moquer. Néanmoins, ce court plaisir changea bien vite au moment où il entendit la porte claquer derrière lui. A présent, il pouvait se laisser divaguer par les récents événements plus importants, par le changement de gouvernement, par son père et sa soeur. Qu'allait-il donc faire ? D'un côté, il y avait sa famille dont les idées suivaient celles d'Ursula Parkinson, et de l'autre, il y avait celles de ses connaissances de Poudlard, de son meilleur ami. Il avait beau être fourbe, provocateur, râleur, analyste, cru, manipulateur, et bien d'autres défauts qui constituaient ses principaux traits de personnalité, il n'en restait pas moins fidèle. Il l'était extrêmement même, et bien qu'il ne le dirait jamais car trop fier, il était de ces personnes capables de tout par loyauté envers quelqu'un, même aux pires atrocités. Mais là n'était pas la question, il était surtout embêté. Tiraillé entre deux camps. Il marchait d'un pas toujours relativement rapide dans les couloirs, puis percuta une personne à un détour. 

« Excuse-moi. »

Il s'apprêtait à s'en aller comme si de rien n'était, puis quelque chose retint son attention.. La personne qu'il venait de percuter était une fille ou un garçon ? Des cheveux lisses et roux, une robe, elle semblait féminine.. Mais quelque chose semblait différent. Le visage, c'est ça, le visage. Le visage en lui-même était plus masculin que féminin, et c'était ce qui avait attiré son attention dans un premier temps. Il devait probablement être un garçon habillé en fille. Mais aussi loin qu'il s'en souvienne, Isaac n'avait jamais remarqué un tel élève. Certes il ne faisait que peu attention à ses camarades qu'il oublierait aussitôt diplômé, mais il aurait tout de même remarqué cette personne, ce n'était pas commun et ceci aurait forcément attiré son attention. Alors il reprit, avec une question qui pouvait sûrement porter à confusion, ajouté à cela ses yeux qui scrutaient de haut en bas cet inconnu, observateurs, analystes.

« Tu t'habilles toujours comme ça ? »

    Il se fit bousculer. Il avait l'impression de se faire bousculer chaque jour, comme s'il était un coin de table vraiment vilain qui est totalement au mauvais endroit, juste à côté de la porte d'entrée et qu'on ne songe jamais à déplacer pour arrêter de se le prendre systématiquement en rentrant dans le pied en rentrant de ses obligations le soir. Un vilain coin de meuble, qu'on aime pas de toute façon, parce qu'il n'est pas très beau, trop petit pour en faire quelque chose de bien mais trop grand pour le ranger dans un placard à l'abri des regards. Le genre de truc moche récupéré d'un héritage d'une grande tante qu'on a jamais vraiment connu vu qu'elle dormait toujours à chaque repas de famille dont on sait pas quoi faire, alors on le met dans l'entrée, sous une nappe pour essayer de le cacher, parce qu'on essaie bien de le vendre mais que personne n'en veut. Il se sentait un peu comme ce meuble, pour le nombre de fois où il était boulé dans les couloirs. Il n'était ni très grand, ni très gros, alors on le voyait rarement arriver quand on levait la tête en marchant d'un pas pressé. Il marquait assez vite alors il lui arrivait souvent de se retrouver avec des bleus qu'il n'arrivait pas à expliquer. Il y était presque habitué, maintenant, tellement qu'il arrivait aujourd'hui à ne pas se retrouver par terre systématiquement. Il eut juste quelques centimètres de recul en gémissant de douleur. 

    -Ouch. Il hocha la tête aux mots de l'autre. Pas de soucis, c'est pas grave, tu vas bien ?

    Il s'arrêta quelques instants avant de rouvrir la bouche pour une question. Herschel eut un mouvement de recul avant de se souvenir. La robe. Il tira un peu dessus pour la reposer sur ses genoux, puisqu'elle s'était un peu remontée alors qu'il marchait. Il savait bien qu'à partir du moment où on le regardait de plus près, ça se voyait que ce n'était pas une fille et qu'il n'avait donc, aux yeux des autres, pas tous mais la plupart, rien à faire dans ces vêtements là parce qu'ils n'étaient pas genrés, typés, pour les garçons. Même s'il avait toujours trouvé ça stupide parce que certaines filles mettaient des tee-shirt de garçon avec des jeans pour filles sans que personne ne dise rien, mais à partir du moment où c'était l'inverse, il y avait tout de suite beaucoup plus d'insultes ou de remarques parfois blessantes ou parfois totalement indiscrètes. Il se sentait agressé, là tout de suite. Ça n'avait pourtant pas l'air, parce que l'autre ne donnait pas l'impression d'avoir envie de le frapper, mais le ton sur lequel il avait posé la question donnait l'impression qu'il allait s'énerver, et pour un petit garçon comme Herschel, c'était bien suffisant pour le faire devenir méfiants. Il tira une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, en essayant de ne pas détruire la coiffure que Panthéa lui avait faite. 

    -Pas vraiment, mais peut-être plus tard... 

« Je vais bien, merci. »

C'était donc parce qu'il ne portait habituellement pas des vêtements pour filles qu'il ne l'avait jamais remarqué jusqu'à présent. Voilà qui expliquait tout, il aurait été surprenant que son attention n'ait jamais été attirée par cette personne alors qu'il n'est pas commun de voir un garçon habillé en fille. Le jeune Serpentard était donc satisfait, il avait eu la réponse à sa question. Il pouvait à présent s'en aller, mais le garçon semblait mal à l'aise. Pourquoi donc ? Isaac savait qu'il n'était peut-être pas le meilleur quand il s'agissait des premières impressions, mais il n'avait pas le sentiment d'avoir fait quelque chose de travers pour le moment, il lui avait à peine parlé. De plus, une petite bousculade ne pouvait être considérée comme une "mauvaise impression" à proprement parlé, il s'agissait là d'une simple maladresse au détour d'un couloir, ni plus ni moins. Alors il continua de toiser du regard cette personne.

« Je vois. Et sinon, quelque chose ne va pas ? »

Cette formulation pouvait peut-être sembler trop délicate, et surtout, pas adaptée au contexte. Le rouquin pourrait croire qu'il s'inquiète pour lui, ce qui n'était absolument pas le cas, et il comptait bien le lui faire savoir. Alors il se reprit, avec des paroles peut-être trop provocatrices cette fois.

« Enfin je veux dire, t'as quelque chose à dire ? »

S'il pouvait mentalement se frapper, il le ferait probablement dans la seconde qui suit. Pourquoi donc n'arrivait-il pas à s'exprimer correctement, était-il si perturbé que ça par les récents événements ? Il poussa un soupire exaspéré en passant une main dans sa nuque, sa main libre, comme si faire cela lui permettrait de se rafraîchir les idées. Bien évidemment, ce ne fut pas le cas, et il reposa donc un regard ennuyé sur le jeune Serdaigle qui n'avait rien demandé. 

    Il expira quand l'autre lui avoua aller bien. Au moins quelque chose qu'il n'allait pas se reprocher, il n'avait pas blessé l'autre. Si il l'avait fait, il s'en serait vraiment vraiment voulu. Encore plus que s'il avait cassé son badge préféré. Il finit par faire un grand sourire à l'autre qui avait l'air d'avoir vu un mort ou d'avoir apprit que son rat avait été mangé par le chat de son pire ennemi. C'était presque pire que la tête que faisait Blaze devant Azaël et ça, c'était très fort comme exploit, d'égaler sa tronche à ce moment là. On aurait juste dit que l'autre n'avait jamais sourit de sa vie et c'était vraiment triste comme impression alors il espérait qu'en lui souriant, l'autre aurait au moins l'envie d'avoir l'air un tout petit peu heureux. Même un rictus lui aurait fait plaisir. L'autre sembla même commencer à s'inquiéter pour lui alors qu'il posait une question.

    -Tout va b... il se stoppa en pleins dans sa phrase quand l'autre reprit la parole, avant deux faire deux pas en arrière. 

    Il baissa les épaules et ses yeux ne quittèrent pas ses chaussures. Qu'avait-il fait de mal ? Pourtant il avait essayé d'être gentil. Avait-il été méchant sans s'en rendre compte ? Était-il de ces personnes qui étaient méchantes juste comme ça, dans leur nature ? Il se mordilla la lèvre inférieure en se retenant de pleurer. Avait-il finalement fait mal à l'autre quand il l'avait bousculé, si mal que l'autre voulait le frapper ? Il l'aurait mérité, il n'aurait pas dû le bousculer, c'était vraiment méchant. Ou, à l'inverse, allait-il le frapper parce qu'il avait l'air faible ? L'air d'une femmelette ? Ou peut-être tout simplement parce sa tête ne lui plaisait pas, son caractère ou son apparence ? Il n'aimait pas être violenté, Herschel détestait ça. Il avait toujours été un enfant très doux qui préférait s'écraser devant les conflits plutôt que d'y participer, ce qui faisait qu'il avait souvent eu une réputation de faiblard, mais pour lui n'étaient faibles que les personnes ne sachant régler leur problèmes que par la violence, parce que ça voulait dire qu'ils devenaient faibles devant leurs sentiments, les laissant les contrôler. Même s'il n'aurait jamais osé dire ça à voix haute, parce que c'était méchant. 

    -Tu..... Tu vas me taper ? Je suis vraiment désolé de t'avoir bousculé, je voulais pas, je suis vraiment vraiment désolé, mais s'il te plait, ne me tape pas, je te promet, je ferais tes devoirs ou je te porterais ton sac, mais me tape pas...S'il te plait ?

« .. Comment ? »

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Il n'avait pas rêvé, ce rouquin venait d'une part de lui demander s'il allait le frapper, et d'une autre, s'était lui-même mis en position de racket ? Il haussa un sourcil, tandis que son visage se faisait de plus en plus jugeur. Mais pour qui le prenait-il ? Pour un vulgaire moldu intellectuellement moins élevé n'ayant d'autre moyen que la violence pour s'exprimer et tenter de montrer une certaine forme de supériorité à cause de son indubitable faiblesse ? Et puis, à en juger par la manière dont il s'était volontairement mis en position de faiblesse, il devait sûrement penser qu'il était énervé à cause de cette bousculade. Pensait-il sincèrement qu'une personne pourrait s'énerver pour quelque chose d'aussi futile ? Que lui pourrait s'énerver pour ça ? Ou faisait-il cela dans le but de le provoquer, en faisant exprès de paraître idiot pour montrer que lui l'était encore plus ? Isaac le dévisagea de haut en bas, surtout son visage et ses yeux. Non, il semblait bien trop enfantin pour penser à ce genre de choses, il avait réellement l'air intimidé, ça paraissait si vraisemblable. En retirant l'hypothèse qu'il faisait ça volontairement pour le prendre pour un imbécile, il ne restait que la seconde, qu'il était un idiot fini.

« Tu sais, j'en ai rien à faire qu'on se soit bousculé, on s'est excusés et il n'y a pas eu de blessures, c'est fini maintenant. Et je suis pas assez imprudent pour te laisser faire mes devoirs ou porter mes affaires. Je ne serais sûrement pas satisfait de tes devoirs, et en plus tu pourrais voler dans mon sac si tu le gardais. »

En revanche, il y a quelque chose qui le perturbe. Qui le révulse. C'est cette faiblesse. Etait-il de ces personnes qui, bêtement, avaient aspiré toutes les idioties affirmant que ceux qui se laissent faire sont les plus intelligents, sans même se dire qu'il ne s'agissait là que d'un moyen de les maintenir en bas, afin de contenter les brutes du dessus ? Que de cette manière, les deux côtés restent dans leur coin et un équilibre est gardé ? N'avait-il donc pas compris que les personnes réellement intelligentes n'appartenaient à aucune de ces deux catégories ? Ou non, peut-être s'en fichait-il. Peut-être qu'il n'avait pas dit ça parce qu'il pensait que c'était la chose la plus intelligente à faire, mais simplement par réflexe. Sans ce genre d'arrières pensées, il pourrait paraître un peu plus décent. 

« Tu proposes toujours aux gens un service racket gratuit comme ça ? »

    Il prit une respiration tremblante et passa ses mains, tout aussi tremblantes que ne l'était ses bouffées d'air, sous ses lunettes pour se frotter les yeux. Aucune larme, ils brûlaient juste la frustration et la honte. Ses joues rougissaient autant que ses oreilles. Pourquoi ne partait-il pas ? Ses pieds semblaient ne pas pouvoir quitter le sol tellement la honte était puissante. Il avait l'impression d'être le pire des idiots de la terre, le faiblard de service. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Mais aujourd'hui ce n'était pas le bon jour et si il avait pu rester joyeux devant les autres, faire comme si cela ne le dérangeait pas parce qu'il savait que c'était au final de sa faute, aujourd'hui, il savait qu'il n'y arriverait pas. Ce n'était pas tant que quelque chose s'était mal passé aujourd'hui, c'était simplement parce qu'il n'était pas dans les bonnes dispositions. Il était en robe dans un couloir devant un garçon qui le traitait de stupide et de voleur. Il était en robe devant un garçon qui l'écrasait comme un insecte sous la botte de sa répartie. Ce n'était pas le garçon le problème, il avait vécu pire, c'était qu'il était en robe. Qu'il avait enfin eu le courage de porter ce foutu vêtement et de quitter son dortoir et que l'autre était arrivé et avait tout foutu en l'air. Il avait envie d'aller se terrer dans son dortoir, parce que rien ne serait arrivé s'il n'avait pas porté la robe. L'autre se serait excusé de l'avoir bousculé et serait parti. Sans plus. Il avait juste l'impression que tout était de sa faute, d'avoir voulu changer les choses. Il aurait dû rester comme avant. 

    C'était de sa faute. Comme avec les autres, comme avec Azaël. Il lui avait proposé de faire ses devoirs, à Azaël, parce qu'il voulait se faire pardonner et ça avait semblé fonctionner puisqu'il ne le détestait plus. Du moins, Herschel le pensait. Il recula encore d'un pas. Ce n'était pas du racket, il avait proposé. Parce qu'il avait fait quelque chose qui méritait qu'il s'excuse. Le devoir qu'il avait fait pour Azaël lui donnait l'impression d'avoir brûlé dans son sac, cramant la lanière et brûlant ses mains. Il faillit le lâcher. Ce n'était pas du racket. Il n'y avait que les harceleurs qui rackettaient. Azaël n'en était pas un. Poudlard ce n'était pas ça. Il avait proposé, ce n'était pas du racket. L'autre disait n'importe quoi. Il ne se laissait pas autant marcher sur les pieds. Il le savait. C'était pas vrai. Il avait proposé parce qu'il avait fait un truc de méchant, qu'il devait se faire pardonner. Parce que c'était sa faute. 

    -C'est pas du racket, tu dis n'importe quoi, d'abord, et je suis pas un voleur. Et puis je peux très bien faire des devoirs sans les rater, j'suis intelligent moi. 

Le regard du brun se leva légèrement, comme s'il pensait.

« C'est vrai, peut-être que le terme "racket" n'était pas le plus approprié. Après tout, je t'aurais pas demandé ton accord si je voulais que tu fasses mes devoirs ou que tu portes mon sac. Puis il se baissa à nouveau sur son interlocuteur, avec un sourire innocent dans lequel il était tout de même possible de voir une pointe de malice. Mais ça y ressemble quand même. Les gens qui se font racketter font ces services pour pas se faire brutaliser. C'est exactement ce que tu voulais faire. »

Comme si son sourire n'avait été là que dans le simple but de lui lancer un pic, ce dernier s'effaça aussitôt les dernières paroles prononcées. Après, il était vrai qu'il n'avait en rien l'air d'être un voleur. Il semblait bien trop maladroit, il ne réussirait  probablement pas à ouvrir la poche du sac sans se faire remarquer ou le faire tomber par terre, le faisant résonner dans le couloir en même temps que son propre cri de surprise. Quant à la partie devoirs.. Isaac aurait bien été tenté de répondre qu'il devait à présent en avoir l'habitude, et qu'ainsi c'était le minium à faire de ne pas les rater, mais ça aurait peut-être été trop provocant. Certes il aimait bien énerver certaines personnes, notamment les Gryffondors allez savoir pourquoi, mais irriter les petites natures qui se mettent elles-mêmes en position de faiblesse.. Ce n'était pas vraiment amusant. Il préférait de loin le faire avec des bêtes de foires brutales qui finalement ne pourraient rien rétorquer, leur fermer comme il se doit leur clapet, qu'avec des personnes qui n'ont de répartie dès le départ. Son objectif n'était pas de faire pleurer les enfants. 

« Mais ça te dérange pas, toi ? Que les gens se servent de toi ? »

Ca ne le concernait pas, mais il voulait savoir. Faisait-il ça dans le simple but de ne pas se faire violenter ou y avait-il une autre raison ? Par les temps qui courent, peut-être avait-il peur d'être seul, ou alors c'était dû à un caractère serviable ? Trop serviable ? Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'on croisait une personne proposant ses services d'elle-même, il devait forcément y avoir une raison derrière. Mais peut-être allait-il trop loin, peut-être n'arrivait-il toujours pas à réfléchir correctement, et qu'il cherchait de ce fait la petite bête là où il y en avait pas. Alors il soupira, ce climat qui s'était installé dans l'école le rendait parano, toutes ces histoires de camps qui le faisaient voir les autres comme des hypocrites, pas réellement gentilles mais avec des idées derrière pour ne pas être seules, et ainsi de suite. 

« Enfin, si ça te fait plaisir c'est le principal je suppose. Excuse-moi si j'ai été rude. »

    Que les autres se servent de lui ?
    Non. Non ils ne se servent pas de lui, il propose ses services, ce n'est pas comme si les autres l'y obligeait. Mais, et si l'autre avait raison, finalement ? S'il proposait tout ça tout simplement pour ne pas se faire frapper, comme l'autre l'avait dit, est-ce que cela voulait dire qu'il était faiblard ? Qu'il n'arriverait à rien ? Est-ce que toutes les personnes à qui il rendait service étaient successibles de le frapper ? Ça ne lui plaisait absolument pas. Et puis, il avait peut-être vraiment tord. Après-tout, e n'était pas comme si tout le monde voulait le frapper ou avait déjà pensé à le faire. Juste Azaël et lui. Les deux personnes à qui il avait proposé de l'aide pour leurs devoirs. Mais ce n'était pas de leur faute, ce n'étaient pas eux qui avaient fait quelque chose de mal, c'était de la sienne, c'était la sienne. C'était pour ça qu'il avait proposé son aide. Il recula encore. 

    -Les gens se servent pas de moi... C'est pas vrai.... c'est moi qui propose parce que c'est de ma faute et que je dois me faire pardonner. Tu t'es jamais excusé à quelqu'un toi ? T'as jamais pensé que les autres pourraient jamais te pardonner parce que tu avais été tellement affreux avec les autres ?

    Et puis, ça ne le regardait même pas. Il l'avait bousculé dans un couloir et avait donné l'impression qu'il allait le frapper. Oui, il avait poussé l'autre aussi, d'une certains façon, mais il n'avait pas mérité de se faire parler comme ça. Maman disait souvent, comme papa et Angélique que tant qu'on avait rien fait, il n'y avait pas de raison pour que l'on se fasse exploser oralement. Il n'avait rien fait de mal, là.

    -Et pis j'aurais pas dû proposer, parce que tu as été aussi méchant que moi sur ce coup là, d'abord, parce que tu m'as autant bousculé que moi je l'ai fait. 

Isaac arqua un sourcil. Il avait, d'un seul coup, une inlassable envie de briser ce petit être qui se tenait face à lui. Etait-il si idiot ? Devait-il le pousser une bonne fois pour toute au fond du gouffre pour qu'il puisse enfin voir à quel point bousculer une personne était d'un puéril absolu en comparaison ?

« Et tu crois sincèrement que bousculer une personne est quelque chose de "tellement affreux" qu'on te pardonnerait pas ? T'es aussi incapable que ça de relativiser ? Puis je me suis excusé, au cas ou tu aurais déjà oublié. »

Il n'avait pas envie d'en venir aux poings, Isaac n'était violent que verbalement, et en rien physiquement. De plus, il n'avait pas l'intention de se prendre une sanction maintenant, alors que c'était la fin de l'année. Même si techniquement, il pourrait. Après tout, ce boulet n'avait certainement pas l'air d'un rapporteur, il pleurerait probablement dans son coin en attendant qu'un ami vienne l'aider, en quête d'attention, mais trop honteux pour aller la chercher de lui-même. Un faible. Un moldu.  Un moldu ? Isaac venait-il réellement de penser ça, d'utiliser ce terme comme s'il s'agissait d'une insulte ? Bien qu'il ne le montrait pas physiquement, il s'était lui-même surpris. Non, il ne devait pas penser ça, son meilleur ami avait des origines moldues, penser ça était une insulte envers Ulysse, une insulte envers lui, et c'était pas acceptable. Intolérable. Inconcevable. Alors il se gifla mentalement, et son attention se porta à nouveau sur le rouquin. Qu'est-ce que dirait Ulysse s'il le voyait réagir comme ça ? S'il savait qu'un instant, son meilleur ami avait souhaité briser mentalement cette personne ? Alors il poussa un râle, puis partit d'un pas rapide après quelques mots.

« Honnêtement, je me fiche de qui t'es, de ce que tu fais, comment tu t'habilles ou même de ton sang. Mais commence pas à tenter de faire culpabiliser les autres pour excuser ta propre faiblesse. C'est pathétique. »