Ce matin du début de mois de juin était plus qu’agréable pour la jeune Eileen. La journée s’annonçait chaude, mais pas trop, et la petite brise qui balayait le domaine de Poudlard apportait une sensation de fraîcheur plaisante ; mais surtout, et étonnement pour cette période de fin d’année qui se rapprochait dangereusement des examens, elle n’avait pas cours de la matinée. Malgré tout, elle s’était levée comme d’habitude, ayant envie de mettre sa matinée à profit pour continuer ses fiches sur les différentes potions et ingrédients qu’elle avait vu au cours de l’année.

  C’est alors avec cette idée en tête que l’Irlandaise se dirigeait vers la salle d’étude, qu’Eileen espérait trouver relativement vide pour y être plus au calme qu’elle l’aurait sûrement été à la bibliothèque, qui se trouvait au deuxième étage. La brune marchait tranquillement, son sac besace contenant ses affaires bien perché sur son épaule, lorsqu’elle aperçoit du coin de l’œil quelques élèves discuter dans un couloir adjacent au sien, n’en pensant pas grand-chose, elle continua son chemin. Mais à peine deux pas plus tard elle s’arrête, se plantant en plein milieu du couloir, ne prêtant pas attention au fait qu’elle pouvait déranger les gens qui passaient. Venait-elle vraiment d’entendre ce qu’elle avait entendu ? Elle n’était pas une inconnue à cela, alors lorsque le « Tu vas faire quoi l’microbe ? » s’enregistra vraiment dans son cerveau, Eileen fit volte-face, revenant sur ses pas pour se diriger vers le groupe d’élèves qu’elle venait de passer et d’où semblait s’être élevée la voix qui venait de prononcer cette phrase. L’Irlandaise avait longtemps fait face aux moqueries et aux prises à part de ses anciens camarades moldus et elle c’était depuis jurée que si elle en avait la possibilité, elle empêcherait à ce que quelqu’un ait également à subir ce qu’elle a pu subir.

  Elle se rapprocha dans un premier temps doucement du groupe de quatre personnes, trois garçons qui semblaient acculer une jeune rousse contre un mur. Mais le « Essaie seulement MacLynn et tu vas le regretter ! » la fit démarrer au quart de tour et elle se dépêcha de les rejoindre avant que ça ne dérape.

« Vous avez besoin d’aide peut-être ? » Demanda la brune lorsqu’elle se trouva enfin à leur niveau, lança un regard noir à chacun des garçons qui semblaient être en troisième année, mais peu importe leur âge et leur maison, elle ne les laissera pas faire du mal à la jeune fille.

   Profitant de l’instant de flottement que son arrivée avait provoqué, Eileen en profita pour s’intercaler entre la petite rousse, une Serpentard si elle en croyait l’uniforme qu’elle portait, et les trois idiots.

« C’est très courageux pour des quoi ? Troisièmes années ? De s’en prendre à trois contre une première année. Vraiment courageux, » continue-t-elle avec sarcasme.

   Ne se préoccupant pas d’eux, elle se détourne un instant pour s’assurer du regard que la jeune fille allait physiquement bien car elle se doutait que psychologiquement ça ne devait pas être la joie.

« Qu’a-t-elle fait de si terrible pour que vous vous en prenez comme ça à elle ? » Demande Eileen après avoir reporté son attention sur le trio, croisant ses bras pour essayer de se rendre plus imposante qu’elle ne l’était tout en attendant leur réponse.

{hrp: désolée pour ce retard }

   Ils ne faisaient que discuter ? Vraiment ? La prenaient-ils pour une idiote ? Trois garçons entourant une jeune première année qui était acculée contre un mur, un air presque apeuré sur le visage, et ils ne faisaient que discuter… Eileen leva les yeux au ciel et mordit sa langue jusqu’à s’en faire mal pour se retenir de parler, ça ne valait pas forcément la peine d’ouvrir la bouche à ce moment-là. Mais, ils avaient de toute évidence l’intelligence d’une petite cuillère s’ils pensaient qu’elle allait croire leur mensonge, s’excuser de les avoir dérangés et partir. L’Irlandaise n’avait beau être « qu’une » Deuxième Année et eux des Troisième Année, c’était mal la connaître que de croire qu’elle allait se laisser embobiner et, par la même occasion leur laisser la possibilité de continuer d’embêter la jeune fille derrière elle. D'autant plus lorsque la petite rousse prit la parole pour confirmer ce que pensait Eileen.

« D’où est-ce que tu dénonces toi là la roukmoute ?! »

« Dénoncer ? Mais je croyais que ne faisiez que discuter ? » Demanda la brune en toisant du haut de son mètre cinquante les trois dadais en face d’elle.

   Son intervention lui valut un regard noir de leur part, mais elle n’en baissa pas ses yeux pour autant, elle gardait la tête haute. Elle aurait sûrement des ennuis plus tard, mais peu lui importait, elle se débrouillerait. Tant que la jeune première année qu’elle protégeait derrière elle en réchappait, ça lui allait. 

   Ses orbes gris ne quittèrent pas le trio une seule seconde lorsque ce dernier s’en alla, et Eileen ne put s’empêcher de leur adresser la parole une dernière fois, mais elle ne cria pas, ne prenant pas la peine de savoir s’ils l’entendraient ou non.

« Que je vous recroisse pas à embêter qui que ce soit, vos visages sont facilement reconnaissables. J’aurai aucun problème à vous indiquer aux professeurs. »

   Une fois sûre que les trois garçons étaient bel et bien partis, elle se retourna enfin vers la jeune rousse qui semblait vraiment secouée et éprouvée par cet épisode, et à raison. Eileen sourit légèrement à la Serpentard lorsque cette dernière la remercia.

« Ne me remercie pas, c’est normal, je n'allais pas te laisser seule face à ces trois crétins. J’espère juste ne pas être arrivée trop tard, » grimaça l’Irlandaise avant de tenter de rassurer sa camarade en posant une main qui se voulait réconfortante sur son épaule.

   Ne voulant pas acculer la première année, ni la brusquer, la Poufsouffle lui laissa le temps de souffler, de se ressaisir un peu, la laissant prendre l’initiative de la conversation lorsqu’elle sera prête.

   Eileen sourit à nouveau lorsque la jeune fille, dont elle connaissait à présent le prénom, Irisia, la remercia une nouvelle fois. Mais alors une question vint lui brûler les lèvres, pourquoi s’en étaient-ils pris à elle ? À moins qu’il n’y en ait pas et que les trois l’avaient juste fait pour s’amuser.

« Enchantée Irisia, moi c’est Eileen Shelby, » elle marqua une légère pause avant de reprendre. « Qu’est-ce qu’ils te voulaient, les trois garçons ? »

   La jeune brune laissa le temps à la Serpentard de reprendre ses esprits. Elle avait l’air d’aller mieux depuis que les garçons étaient partis. Eileen connaissait bien ce sentiment, cette sensation de sentir comme un poids être soulevé de sa poitrine, redonnant à ses poumons la capacité de respirer correctement.

   Eileen observa la jeune rousse avec un regard bienveillant, la voyant prendre une grande inspiration comme pour absorber le bon et se débarrasser du mauvais ; ce qui fit sourire la Poufsouffle qui hocha ensuite la tête lorsqu’Irisia la remercia. L’Irlandaise n’avait pas fait ça dans le but d’être remerciée, loin de là, elle ne voyait d’ailleurs pas l’intérêt d’aider autrui juste simplement dans le but d’être gratifiée pour sa « bonne action » par la suite, mais cela faisait toujours plaisir de voir que son geste fut apprécié et utile.

   Eileen Eastwood… Oui, elle avait entendu parler de son homonyme. Elle ne l’avait jamais vraiment rencontrée elle-même, peut-être croisée deux ou trois fois dans les couloirs, mais elles ne se sont jamais adressées le moindre mot. Seul le fait que la Serpentard était la capitaine de l’équipe de Quidditch faisait qu’elle la connaissait ; ça, et bien évidemment, la « dispute » qu’elle a eu avec Maddie devant la salle de potion. Et ce qu’elle a pu voir lui a laissé un goût amer dans la bouche, mais elle ne la connaissait pas vraiment, alors elle ne pouvait pas dire quoi que ce soit. Elle se contenta donc de sourire simplement.

« Je te comprends, l’envie de se venger est forte, mais tu peux risquer gros. Si jamais ils reviennent, où une autre personne vient t’embêter, n’hésite pas à aller voir un préfet ou un professeur. »

   L’Irlandaise espérait que la jeune fille en face d’elle tiendrait compte de son conseil. Souvent, en tant qu’enfant, aller voir les adultes n’est pas la première solution qui vient à l’esprit, mais c’était mieux que de s’enrouler dans une spirale de vengeance et bien souvent de tomber dans la méchanceté et parfois la violence. 

« Je te raccompagne, je n’ai pas cours ce matin. J’expliquerais à ton professeur ce qu’il s’est passé, tu n’auras pas de problème à cause de ton retard normalement, enfin j’espère, » sourit Eileen avec retenue, car malgré ses explications, il y avait toujours une possibilité que la Serpentard se fasse punir pour son retard.

   Eileen se laissa alors emmener par la rousse jusqu’à la salle où cette dernière avait cours, les deux jeunes filles discutant de tout et de rien sur le chemin. Une fois arrivées devant la salle de classe, elles se séparèrent après que la Poufsouffle ait expliqué au professeur de la jeune fille la raison de son retard avec un petit signe de la main.

   Malgré son petit contre-temps, la brune reprit son chemin vers la salle d’étude, toujours déterminée à réviser pour les examens qui approchaient à grand pas.