Inscription
Connexion

03 juil. 2019, 17:41
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
27 mai 2044



Avec @Azaël Liderick



Ses pas traînaient sur les pierres du château comme si elle s'était transformée en zombie. C'était à peine si ses yeux reflétaient encore la moindre étincelle de vie, gonflés et rougis par les larmes qui ne cessaient de couler depuis plusieurs nuits maintenant. Elle s'était confiée à Herschel la veille, mais l'aveu, bien que nécessaire et bénéfique, avait ouvert en elle un nouveau niveau dans l'abysse qui l'avait happée depuis l'annonce du décès de son père. Chaque levé de soleil lui rappelait l'atroce réalité de sa situation. Chaque conversation lui semblait dénuée de sens depuis qu'elle savait qu'il n'était plus là. Qu'il ne serait plus jamais là. Cette pensée lui arracha un hoquet de douleur tandis qu'elle tourna à droite dans un couloir ... pour se retrouver à un endroit qu'elle connaissait bien.

La fenêtre. Le mur en face. Même les pierres lui semblaient familières.
C'était à cet endroit précis qu'elle avait rencontré Azaël pour la première fois, quelques mois auparavant. L'occasion aussi d'apercevoir un vivet d'or se poser sur le rebord de la fenêtre, et de se prendre son premier coup de poing en pleine figure. Les deux enfants avaient parcouru beaucoup de chemin depuis et étaient même devenus, contre toute attente, bons amis. Panthéa eut le sentiment qu'une éternité s'était écoulée depuis cette fameuse rencontre. Plus elle y songeait, et plus cela semblait même s'être déroulé dans une dimension parallèle, loin, très loin de celle dans laquelle elle évoluait à présent, l'âme déchirée et le corps ravagé par le chagrin.

Elle alla s'asseoir au même endroit sans y prêter une réelle attention. Sans doute était-ce pour elle une façon de trouver du réconfort dans ce moment où elle se sentait particulièrement seule et désespérée. Un réconfort qui ne l'obligeait pas à tenir une conversation avec d'autres de ses camarades, ni à souffrir les rires et le bonheur des autres qui lui laissaient un goût amer dans la bouche.
Là, assise contre le mur, elle ramena ses genoux sous son menton et posa ses bras croisés dessus, avant d'y fourrer tout entier son visage tuméfié. Panthéa n'était plus que l'ombre d'elle-même, c'était à peine si elle se sentait encore vivre. Ses émotions la coupaient du sommeil et de l'appétit. N'importe qui la voyait dans cet état pouvait aisément penser qu'il ne s'agissait plus que de quelques heures avant qu'elle ne se transforme en fantôme.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
A Serdaigle ? Une question ? Envoie moi un hibou !

11 juil. 2019, 19:52
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Les jours passent et se ressemblent. Enfin, oui et non. Depuis le début du mois, les choses ont un peu changé. T'as pas tout compris, il y avait beaucoup d'histoires d'adultes là-dedans. Mais t'as bien compris que le Ministère était tombé, et qu'à présent le pouvoir avait été récupéré par quelqu'un qui n'est pas franchement connue pour sa bonté de coeur. Mais t'es qu'un enfant, tu n'as pas suivi grand chose, si ce n'est la partie qui s'est déroulée dans la Grande Salle avec tous les directeurs des autres écoles. N'empêche, même en étant sur place t'as réussi à ne pas y comprendre grand chose. Comme quoi, toutes ces histoires sont bien compliquées. T'as quand même aidé en envoyant un sort dans un bâton, comme tous les élèves trop jeunes pour assurer la protection de l'école.

Sauf que, depuis, t'as reçu une lettre de tes parents t'annonçant que t'es officiellement un Sang-Pur, reconnu par le système en place. Le Conseil ils l'ont appelé. Encore une fois, cette histoire de Sang-pur, tu n'y as pas compris grand chose non plus. Si ce n'est que, grâce à ça, t'es encore meilleur que les autres. Mais comme tu l'étais déjà, au fond, ça ne change rien. Tu réfléchis souvent à tout ce qu'il s'est passé. Pour essayer de voir les choses un peu plus globalement. Mais tu manques d'informations, et tu n'oses pas tellement en demander de peur de passer pour un idiot. Alors tu te contentes d'en glaner ça et là. En ce moment, t'écoutes ce qu'il se dit autour de toi. Juste pour pouvoir saisir quelques informations au vol et les accumuler pour un jour pouvoir te faire ta propre idée.

Tandis que tu te balades dans les couloirs, mains dans les poches de ta robe de sorcier, complètement perdu dans ton fil de pensée, ton regard est attiré par une silhouette au sol, à un endroit que tu connais bien. Et t'as bien l'intention de continuer ton chemin sans demander ton reste, jusqu'à ce que ton cerveau se décide à reconnaître cette chevelure familière, ainsi que le reste de la personne une fois la mise au point terminée. Panthéa. Depuis plusieurs jours, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Et tu n'as jamais trouvé le moment d'en parler avec elle. Mais à chaque fois que tu la croises, avec cet air triste et absent que tu ne lui connais pas, ton coeur se serre dans ta poitrine. C'est donc le plus naturellement du monde que tu viens t'asseoir à ses côtés.

Pas si loin que la dernière fois. Pas trop proche non plus. Tu ne sais pas si tu peux réellement entrer dans cet espace personnel qu'elle s'est créé. Dans tous les cas, elle ne peut que savoir que tu es là. Tu cherches un instant comment amener les choses. Tu ne sais pas ce qu'elle a. Mais tu veux être là pour elle. Tu lui as promis la dernière fois.

- Tu peux me parler tu sais. Ou me taper. Ou faire ce que tu veux pour que ça aille mieux.

T'aimes bien taper des trucs ou des gens, souvent, tu te sens mieux après. Parce que ça te défoule. Tu ne sais pas vraiment si elle a besoin de ça là tout de suite. Mais tu peux toujours lui proposer. T'aimerais bien savoir ce qu'elle a, quand même, pour avoir troqué son sourire pour des larmes.

13 juil. 2019, 13:46
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Elle l'avait entendu arriver. Elle avait reconnu son pas dans le couloir.
Panthéa ne savait pas très bien dire si, en s'installant ici, elle avait espéré le rencontrer. Elle ne savait pas non plus si elle avait envie de compagnie, mais la présence d'Azaël était réconfortante, elle ne pouvait pas le nier.
Il semblait la comprendre sans qu'elle eut besoin de parler, aussi laissa-t-elle s'écouler quelques minutes de silence après qu'il eut brisé la glace. Fallait-il qu'elle le lui dise ? Fallait-il qu'elle prenne le risque de se mettre de nouveau dans tous ses états, comme la veille avec Herschel, au moment de l'aveu ?

Azaël était un garçon à la fois limpide et difficile à cerner pour la fillette. Elle le considérait comme un ami dont elle se sentait très proche, et en même temps, il pouvait être un parfait inconnu : imprévisible, impulsif. Mais toujours sincère. Toujours vrai. Aussi songea-t-elle qu'elle lui "devait bien" la vérité. N'avait-il pas été profondément sincère quand il s'était confié, à la seconde occasion où ils s'étaient rencontrés ? Ne s'étaient-ils pas promis de s'entraider ? Cela devait forcément impliquer les moments comme celui-ci, où le monde semblait s'écrouler sous leurs pieds. Où rien ne la raccrochait plus à aucun espoir.

Lentement, sa tête bascula et trouva un point d'appui sur l'épaule du jeune garçon qui se tenait à côté d'elle, lui révélant son visage ravagé par le chagrin. Elle n'osait pas le regarder cependant. Ce n'était pas une question de faiblesse ni de fierté, elle ne voulait simplement pas lui imposer une vision aussi morbide.
En vérité, Panthéa était à bout. Elle n'avait plus aucun contrôle sur sa vie. Tout partait à vau-l'eau et elle était complètement impuissante, inutile. Nulle. En-dessous de tout.


"Mon père est mort.", dit-elle enfin, la voix enrouée, à peine audible. Les mots s'étaient échappés malgré elle. Après ce qu'elle avait dit à Herschel, maintenant que des mots avaient été posés sur l'indicible vérité, elle n'avait plus de difficulté à le révéler. Mais cela l'épuisait quand même. Elle avait le sentiment d'être un CD rayé.

"Il a été tué. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir."
Elle laissa sa tête contre lui, complètement amorphe, ne s'apercevant même pas que les larmes qui dévalaient le long de ses joues commençaient à mouiller le vêtement de son ami.

Panthéa n'avait plus conscience de grand chose depuis l'annonce qui lui avait été faite : robes, coiffures, posture ... ses vêtements étaient chiffonnés, ses cheveux en désordre, son dos et ses épaules toujours courbés vers l'avant comme si elle avait toujours mal. Plus rien de tout cela ne comptait à présent.

Elle était perdue.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
A Serdaigle ? Une question ? Envoie moi un hibou !

15 juil. 2019, 13:37
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
C'est d'abord le silence qui te répond. Un silence lourd, pesant, qui indique à lui seul l'ampleur de la tristesse qui frappe Panthéa en ce moment. Evidemment, ce n'est pas la première fois que tu remarques les changements chez elle ces derniers temps. Et tu t'en veux de ne pas avoir pu lui en parler plus tôt. T'es un ami en carton. Tu sens une boule se former dans ton ventre. Une boule que tu connais bien, qui apparaît à chaque fois que tu t'en veux. Elle s'appelle Culpabilité, et elle n'est jamais bien loin. Elle ne fait que grossir, encore et encore, elle prend toute la place dans ton estomac qui semble se serrer. Et puis, tu sens la tête de ton amie qui tombe sur ton épaule, aussi légère qu'une plume. Tu te rapproches légèrement d'elle pour qu'elle soit mieux installée, passant ton bras derrière son dos pour la serrer doucement contre toi.

Elle ne te regarde pas, mais au moins elle est bien là, vivante. Tu peux sentir la chaleur qui se dégage de son corps, preuve que, malgré le fait que son esprit semble s'être envolé, rien n'est perdu. Tu peux encore te rattraper, la rattraper. Tu refuses de la laisser partir alors même qu'elle est ta seule amie et que tu lui as promis d'être toujours là pour elle. Et puis les mots finissent par tomber, lourds de sens. Bien trop lourds pour une fillette aussi douce que celle qui se trouve dans tes bras. Son père est mort. T'as du mal à visualiser la chose. A comprendre ce que ça fait. A te mettre à sa place. L'empathie ne fait pas partie de tes qualités. Mais de toute manière, tu doutes que quiconque n'ayant pas vécu cela puisse avoir la capacité de comprendre ce que ça fait. La boule semble remonter dans ta gorge. Tu ne sais pas quoi lui dire. Comment prétendre que tout va bien se passer en toute connaissance de cause ?

Tu retiens un soupir. Tu te contentes de la serrer un peu plus contre toi, comme pour la protéger du reste du monde. Comme pour l'emporter avec toi dans une bulle dans laquelle elle peut se lâcher, parce que vous n'êtes que tous les deux. Jamais tu ne la laisseras tomber. Et pourtant, tu ne sais pas comment faire pour lui remonter le moral. Ce n'est pas comme si quelqu'un avait été méchant avec elle et que tu pouvais aller lui casser la figure. Ce n'est pas comme si elle avait eu une mauvaise note et que tu pouvais l'aider à réviser. Elle a perdu son père. Et toi, tu ne peux strictement rien n'y faire. Cette impuissance face à la tristesse de ton amie te dégoûte. T'es encore trop faible. Trop faible pour la protéger de ce monde qui s'amuse à voir s'éteindre le sourire d'une fillette dont le courage et la gentillesse t'ont sauvé d'une solitude amère.

Ta joue se pose sur le haut de sa tête, inspirant la douce odeur de lavande dégagée par ses cheveux. Et alors que tu cherches désespérément quelque chose à lui répondre, la suite de la confession arrive. Il n'est pas simplement mort. Il a été tué. Tout a été soudain. Et la voilà à présent en train de pleurer sur ton épaule, ses larmes imbibant ta robe de sorcier. Mais tu t'en fiches. Rien n'a d'importance à cet instant. Rien, si ce n'est parvenir à tenir la tête de Panthéa hors de l'eau. Tu n'as pas la prétention de pouvoir la faire aller mieux. Tu n'as pas la prétention de savoir exactement comment réagir, ou quoi faire. En revanche, t'es sûr d'une chose : il n'est pas question que tu la laisses ainsi. A présent, lui remonter le moral devient ta priorité numéro un. Et tout le reste n'a plus d'importance. Ton deuxième bras vient l'entourer. Tu la serres contre toi plus encore, pour qu'elle sache que tu es là.

- Par qui ? Pourquoi ?

Ce sont les premières questions qui te sont venues à l'esprit. Parce que sa mort n'est pas naturelle, et que ça rend les choses pires encore. Mais au moins, il y a un coupable, quelqu'un à blâmer. Si tu deviens assez fort, tu pourras peut-être le venger, pour Panthéa. Elle a dit qu'elle n'a pas pu lui dire au revoir. Si vraiment elle le veut, t'es sûr qu'il y a une possibilité d'y remédier. Après tout, ne dit-on pas que ceux qui s'en vont continuent de veiller sur nous ? Toi, t'y crois. Il y a forcément quelque chose après la mort, peu importe ce que c'est. Rien ne dit qu'il ne reste pas un lien avec le monde des vivants.

- Tu sais, je pense qu'il veille toujours sur toi. Si vraiment tu as besoin de lui dire au revoir, je suis sûr qu'il t'entendra.

Après tout, personne de sensé ne laisserait Panthéa seule de cette façon. Si une parole lancée au hasard ne suffit pas, elle peut sans doute lui écrire une lettre d'adieu que vous ferez s'envoler par la magie, ou quelque chose comme ça. Parce que t'es sûr que, pour avoir eu une fille comme la sienne, le père de Panthéa est bien allé quelque part là-haut. Là où le ciel est toujours bleu.

16 juil. 2019, 22:40
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Azaël n'était pas un garçon qui cherchait le contact comme aurait pu le faire Herschel. Panthéa le savait mais n'y avait pas songé lorsqu'elle avait laissé sa tête basculer contre lui. Elle non plus n'était habituellement pas prompte au contact. C'était comme si son corps ne lui obéissait plus vraiment. Certains gestes lui échappaient comme autant d'actes manqués, comme s'il avait besoin de s'exprimer tandis qu'elle cherchait à taire la souffrance qu'elle ressentait depuis des jours. Elle sentit son bras passer outre la barrière d'intimité qu'ils avaient toujours respectée. Il la pressa doucement contre lui. Panthéa sut, comme une intuition, qu'il s'agissait là du plus beau geste, de la plus belle preuve de soutien que le jeune garçon pouvait lui apporter à cet instant-là. Elle ne lui en fut que plus reconnaissante encore, bien que les mots lui manquèrent complètement.

Malgré la température élevée qui annonçait, au-dehors, les beaux jours du mois de juin, la fillette se sentait froide, glacée comme quelqu'un qui n'avait pas dormi depuis des lustres et qui se contentait de errer sur Terre, à la recherche de la raison qui le poussait encore à vivre. Pourtant, là, contre Azaël, elle sentit une vague nouvelle de chaleur la saisir. Le réconfort. La promesse qu'il ne la laisserait pas tomber. Dans le tunnel qu'était devenue son existence, elle voyait enfin la lumière distiller ses premiers rayons dans le lointain. Sans doute lui faudrait-il du temps, mais le geste d'Azaël et sa présence furent salvateurs. Où était passé le garçon violent qui lui cherchait querelle au début de l'année ? Où était-il, ce camarade réservé, renfermé, incapable de pardonner comme tant d'autres le lui avaient affirmé ?

Il rompit le silence après ce qui sembla une éternité, lui demandant l'auteur et la raison de l'acte odieux qui lui avait enlevé son père. Le sujet paraissait hautement épineux, il n'avait cependant pas hésité dans son intonation. Elle appréciait beaucoup la franchise de son ami, la façon dont il avait de se confronter aux autres sans sembler craindre le retour de flamme. Cette franchise lui causa cependant un haut-le-cœur tandis qu'elle rassemblait dans sa tête, avec difficulté, les bribes de l'annonce de la directrice : les condoléances, les explications ... un suspect dont elle n'avait pu dire le nom ... la mise en garde contre la solitude et la dépression causées par le chagrin ...


"Il distribuait des tracts sur le Chemin de Traverse parce qu'il n'était pas d'accord avec les idées du Conseil des Sorciers.", dit-elle dans un souffle à peine audible. Certains avaient parlé de la bravoure de son père à la petite réunion à laquelle elle avait été conviée, quelques jours plus tôt. Elle, ne voyait que le danger dans lequel il s'était sciemment plongé. Avait-il seulement pensé à eux avant d'accomplir son ultime bravade ? Avait-il voulu leur dire au revoir ? Sa mère avait-elle donné son accord, ou bien l'avait-il fait dans son dos pour ne pas risquer de se voir empêché ? N'avait-il pas promis de toujours être là pour elle ? Avait-il voulu prouver au monde entier qu'il était un homme attaché à ses convictions au point de faire son intéressant de la sorte ?
Elle sentit la rancœur l'assaillir puis une immense vague de culpabilité.

Ces pensées, ces questions sans réponse torturaient Panthéa et lui retournaient les tripes à chaque fois qu'elle y accordait une attention plus prononcée. Les larmes dévalèrent de nouveau le long de ses joues sans qu'elle puisse rien y faire. Elle voulut s'excuser auprès d'Azaël qui la gardait contre lui malgré tout mais n'en trouva pas la force. Son nez encombré et ses yeux gonflés par les jours et les nuits de sanglots lui donnaient le sentiment de ressembler à un hideux crapaud mais son apparence était, à ce moment-là, le cadet de ses soucis.

Elle s'essuya grossièrement le visage d'un revers de manche avant de reprendre, la voix entrecoupée par des hoquets incontrôlés :

"C'est ... C'est un manteau noir qui l'a tué. En lui lançant un ... en lui lançant le Sortilège de la Mort.", parvint-elle finalement à dire, le coeur serré autant que sa gorge. Sa respiration encombrée émettait un sifflement insupportable. Il avait dit qu'il serait toujours là, et il avait rompu sa promesse. Il l'avait rompue en s'en allant pour toujours.

Azaël sembla lire dans ses pensées puisqu'il affirma, avec beaucoup de confiance et de douceur, qu'Edwin continuait à veiller sur elle, peu importe l'endroit où il se trouvait à présent. Il évoqua même la possibilité qu'il l'entende si elle s'adressait à lui. Panthéa n'avait jamais eu la foi mais les mots de son ami trouvèrent une résonance particulière en elle.
Elle releva les yeux vers lui pour la première fois, lui laissant tout le loisir de découvrir sa mine ravagée, tuméfiée par la détresse et le chagrin.


"De quelle façon ? Comment ça ?" Sa supplique révélait l'urgence dans laquelle elle se trouvait. Elle annonçait aussi, implicitement, qu'elle serait prête à tout pour tenter de communiquer avec lui une ultime fois, même si on ne pouvait pas lui promettre de réponse. Quitte à passer le reste de sa vie sans explication de la part de son père, elle ne voulait pas passer à coté de la moindre occasion, de la moindre possibilité, même la plus infime, de lui dire qu'il lui manquait. De lui dire, tout simplement, qu'elle l'aimait.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
A Serdaigle ? Une question ? Envoie moi un hibou !

23 juil. 2019, 23:49
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Les hauts de coeur de Panthéa te font te mordre légèrement les lèvres. T'as peut-être pas dit ce qu'il fallait. T'es un peu bête de poser des questions comme ça, sans même essayer de la réconforter avant. Surtout avec ce qu'elle vient de t'annoncer, t'aurais peut-être pu essayer d'avoir un peu de tact pour une fois dans ta vie. Sauf que tu sais pas comment on fait, alors tu te retrouves juste comme un crétin à attendre qu'elle puisse aligner quelques mots pour t'expliquer une situation qui la met dans tous ses états. Et voilà une nouvelle fois que les mots sortent. Que sa voix résonne en toi, malgré le murmure à peine audible. Tu te crispes légèrement à son explication. Il est mort pour avoir distribuer des tracts qui allaient à l'encontre du système en place ? C'est donc ça, le monde dans lequel vous vivez à présent ?

Tu sens un frisson de dégoût te parcourir l'échine. Dire que tu fais partie de ceux que le Conseil des Sorciers estiment. Ceux qui ont le sang pur. Ceux qui ont tué le père de Panthéa. Tes mâchoires se serrent tandis que tu assimiles les données en essayant de ne pas laisser paraître le trouble qui te prend. C'est pas le moment de penser à toi. La seule chose qui importe c'est elle. Tu dois trouver un moyen de tarir ses larmes. Tu les sens d'ailleurs, qui trempent encore ton épaule. Mais tu t'en fiches. Un sortilège de Mort... Au moins, ça a dû être rapide. C'est peut être mieux que de se retrouver emprisonner. Mais pour une fois, tu gardes ta pensée pour toi, te rendant compte que ce n'est probablement pas la meilleure façon de lui remonter le moral.

Tu te contentes de hocher légèrement la tête, pour montrer que t'as bien compris ce qu'il s'était passé. Tu ne sais pas trop ce que tu dois dire dans une telle situation. Alors tu préfères garder le silence. T'es pas du genre à lancer des mots en l'air sans pouvoir assumer leur portée derrière. Et tandis que tu lui affirmes que son père doit encore veiller sur elle, où qu'il se trouve, elle semble retrouver une étincelle de vie. Pour la première fois, elle te regarde droit dans les yeux. Son regard te marque d'ailleurs. Ses yeux rougis, cernés. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Si tu l'avais déjà remarqué, c'est encore plus flagrant à cet instant. Tu hausses légèrement les épaules en répondant à sa question.

- Il paraît que les bonnes personnes rejoignent les étoiles. Je crois que c'est vrai. Quand on leur parle, elles écoutent. Tu devrais essayer.

Tu lui souris doucement. Peut être qu'elle va te prendre pour un fou. N'empêche, les étoiles ont toujours été là pour toi. Quand tu les regardes, tu te sens plus apaisé que jamais. Comme si, enfin, quelqu'un te comprenait, t'écoutait. Comme si tu pouvais apparaître à coeur ouvert. Et t'as même pas besoin de parler. Il suffit de les regarder et de laisser tes pensées vagabonder. Le calme de la nuit et la lueur des étoiles fait le reste.

- On pourra aller sur la Tour d'Astronomie ce soir si tu veux. Enfin... Si ça te tente et que tu veux bien que je t'accompagne.

Peut être qu'elle préfère le faire toute seule. Ou peut être qu'elle n'y croit pas une seule seconde. Mais ça ne pourrait pas lui faire de mal. Quitte à ne pas dormir, tout est bon à essayer. Et puis, un peu de calme et une jolie nuit étoilée, c'est toujours agréable. Peut être un peu moins quand on vient de perdre son père. Mais il doit bien y avoir un moyen de lui changer les idées, et c'est le seul qui te vient à cet instant.

03 août 2019, 20:12
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Elle avait cru, l'ombre d'un instant, qu'Azaël connaissait un moyen de véritablement s'adresser à son père dans l'au-delà. Mais il lui parlait en métaphore. Pas de magie, pas de coup de baguette pour invoquer le fantôme de son père et lui demander une explication, pas de séances comme celles dont lui avait parlé sa grand-mère, où des gens réunis autour d'une table ronde invoquait les esprits pour leur demander des nouvelles. A quoi servait Poudlard si on n'y était pas fichu de faire ce genre de choses ? Il y avait les fantômes de tout un paquet de personnes qui se promenaient librement dans les couloirs, mais personne pour proposer d'inviter son défunt père pour un thé. Cette dernière pensée l'accabla tout en lui arrachant un sourire dément, nerveux.

Quelle hypocrisie.

L'atrocité de la situation la rattrapa très vite. Aussi vite que son accès de colère sourde. Elle avait perdu son père, et Azaël était le seul à lui proposer de remédier à son chagrin. Concrètement. Le seul à s'être assis à ses côtés sans demander son reste. Le seul à écouter son chagrin sans lui dire l'habituel "je suis désolé" qu'elle avait entendu maintes et maintes fois depuis la nouvelle.
"Je suis désolé, Panthéa." Certes, les mots étaient gentils, mais ils avaient été les mêmes, certains prononcés avec plus de compassion que d'autres. Parfois les personnes qui les lui avaient dits ne la connaissaient pas vraiment. C'était de l'automatisme. De la décence. De la simple politesse. Et elle en avait assez soupé.

Alors oui, c'était sans doute ridicule de se tourner vers les étoiles et de leur faire la conversation comme s'il s'agissait d'une véritable personne. Mais que pouvait-elle espérer de plus ? Un miracle ?
Azaël semblait, en outre, tenir son plan de source sûre.
"Je crois que c'est vrai. Tu devrais essayer."

Puis l'évidence lui sauta soudain aux yeux. Il lui offrait de l'espoir. Azaël. Celui que tout le monde pointait du doigt en accusant de n'être qu'un amas de méchanceté sans aucune compassion, sans aucune empathie, Azaël lui donnait de l'espoir. Il lui proposait un moment de répit dans la tempête qu'avait été sa vie depuis quelques jours. Et il se proposait même de l'accompagner dans l'aventure, qu'elle qu'en fut l'issue.

Comment avait-elle pu ressentir de la colère devant une proposition aussi gentille et bienveillante ?


"Je crois que j'aimerais bien", finit-elle par dire après avoir laissé la question en suspens pendant une longue minute. "J'aimerais bien y aller et ... j'aimerais bien que tu viennes, oui."

La tour d'astronomie. Le lieu lui plaisait beaucoup. Plus elle y songeait, et plus elle accordait à cette excursion de l'intérêt. Même si les étoiles ne lui répondaient pas, se rapprocher du ciel ne pourrait que s'avérer apaisant, surtout à cette période de l'année où les soirées et les nuits étaient plus chaudes, grâce à l'approche de l'été.

"C'est une bonne idée", ajouta-t-elle à l'adresse de son ami en se relevant avec difficulté. Elle épousseta sa robe dans un geste grossier qui lui était inhabituel, tant elle était accoutumée à toujours traiter ses vêtements avec le plus grand soin. Sa robe présentait d'ailleurs un horrible faux-pli dont elle ne semblait guère se soucier.
Ses yeux étaient cernés mais la fatigue ne l'arrêterait pas dans sa quête. Si, comme semblait le croire Azaël, les étoiles écoutaient vraiment, alors il fallait essayer.

Théana : there's alchemy between us

"Ecureuil" au sein de M.E.R.L.I.N
A Serdaigle ? Une question ? Envoie moi un hibou !

14 août 2019, 23:04
Perdue dans le dédale ...  Privé   A.L 
Un nouveau silence. C'est bizarre, que Panthéa ne parle pas plus que ça. T'as pas trop l'habitude. Mais vu les circonstances, elle a une excuse. Et tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas trop parler, t'es le premier à compter soigneusement le nombre de mots que tu utilises par peur de gâcher trop de salive. N'empêche, ça t'inquiète un peu, ce changement radical de comportement qu'elle a. T'espères quand même que tu pourras retrouver la Panthéa d'avant. Celle qui illumine le monde d'un sourire, d'une phrase. Celle qui t'a tendu la main alors même que tu n'avais rien trouvé de mieux à faire que de lui coller dans la figure avant ça. Et puis elle finit par répondre, encore. Elle accepte. Tout. La tour d'astronomie, les étoiles, ta présence à ses côtés.

Tu esquisses un sourire, empli de sincérité et de bienveillance. Un sourire qu'elle est la seule à pouvoir t'arracher parce qu'elle est la seule en qui tu as vraiment confiance, avec qui tu peux te permettre de montrer autre chose que du mépris et de l'arrogance. Tu acquiesces d'un simple signe de tête, comme pour lui annoncer que le rendez-vous est pris, pour le soir même. Que tu seras bel et bien là, et qu'elle pourra enfin trouver oreille attentive aux mots qu'elle a besoin d'expulser. Elle ajoute que c'est une bonne idée. Tu n'en sais trop rien. Les étoiles, ça marche pour toi. Mais t'es bizarre, c'est pas un scoop. Du coup, tu ne peux pas être sûr que ça l'aidera vraiment. Mais tu espères, de tout ton coeur. Parce que tu détestes cette sensation d'impuissance que tu ressens face à la tristesse infinie renvoyée par ton amie.

Tu te lèves à sa suite, imite son geste pour épousseter tes vêtements, sans doute avec un peu plus de soin étant donné ton côté maniaque. Tu ne sais pas trop si elle veut partir toute seule ou si tu peux l'accompagner pour un bout de chemin. T'es pas trop du genre à parler, et encore moins à lancer une conversation. Mais t'es du genre à être là, tout simplement. Montrer que tu l'es et que tu le seras toujours pour peu que ta présence soit voulue. Mais tu peux comprendre qu'elle veuille rester seule. Tu comprends pas grand chose aux normes sociales, c'est pourtant pas faute de les avoir apprises. C'est simplement qu'il y a toujours quelque chose qui fait que tu ne parviens pas à les appliquer comme il se doit. Un détail qui bloque, quelque chose à prendre en compte absolument et qui ne se trouve dans aucune règle précise. Comment on fait dans ces cas-là ?

Parce qu'on t'a jamais dit ce qu'il fallait faire quand une amie perd son père. Enfin, sûrement présenter des condoléances et tout ça. Mais tu trouves ça nul. C'est pas comme ça que tu vas l'aider. C'est pas comme ça qu'elle ira mieux. Et c'est clairement pas comme ça qu'elle pourra faire ses adieux. Tu retiens un léger soupir.

Et tu finis par tout simplement poser la question, histoire de savoir si oui ou non elle veut bien de toi encore un peu. Voilà. Quand tu sais pas, tu demandes. Certains pourraient croire que tu manques de tact. Toi, tu trouves que c'est les autres qui manquent de simplicité. Et c'est ainsi que vous vous retrouvez à marcher côte à côte, dans un silence reposé.

Fin du RP