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14 août 2019, 15:59
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
Samedi 24 octobre 2043
Couloirs — Poudlard
3ème année


*Dans deux s’condes, j’y vais !*
Deux secondes passent et je ne bouge pas.
*Dès qu’le Serpentard me dépasse, j’fonce !*
Un Autre enveloppé dans son écharpe verte me dépasse et je ne bouge toujours pas.

Mes yeux ne sauraient regarder avec plus de force le garçon qui se tient à l’autre bout du couloir.

Le lendemain de ma rencontre avec Fleurdelys, j’étais décidé à l’envoyer se faire voir. J’allais garder son collier — d’où pendait une fort jolie pierre, d’ailleurs — et je n’irais jamais le revoir. J’ai passé la journée à fomenter mon plan, à imaginer toutes les choses que je lui enverrais dans la poire lorsqu’il viendrait chercher son bien, à le croire dévasté par son erreur et sa misérable existence. Dès que je le croisais dans un couloir ou la Grande Salle — car je le croisais, à ma plus grande horreur, bien plus de fois que je ne l’aurais voulu —, je baissais la tête et j’essayais d’oublier toute cette histoire qui ne m’avait apporté que des malheurs (je mettais beaucoup d’ardeur à me répéter cette phrase).

Je baisse précipitamment la tête lorsque la sienne se lève.

Le deuxième jour qui a marqué notre rencontre, j’ai noirci un parchemin entier destiné à Papa pour qu’il me dise combien pouvait bien valoir une pierre de lune de cette taille — j’avais cherché des heures durant à la bibliothèque pour trouver le nom de cette chose, en vain. Finalement, c’est Zikomo qui m’a donné la réponse quand je lui ai avoué, avec beaucoup de difficulté, l’histoire de la pierre. J’étais prête à envoyer le courrier à Papa, rien que pour le bonheur de dire à Fleurdelys quand il viendrait me voir : j’lai vendu, ta merde, alors va te faire voir ! Je n'ai pu laisser partir ce fichu hibou. 

La journée, j’oubliais Fleurdelys. La colère passait. Parfois, je ne le voyais pas du tout. Puis tout à coup il apparaissait à un détour de couloir et je restais béate, tétanisée par le sursaut de mon coeur.  Passé la surprise, je me rappelais que j’étais censé le détester. La nuit, quand j’avais finis de discuter avec Zikomo, je pensais à tout un tas de choses dans le calme des dortoirs et l’image du garçon me revenait à l’esprit. Me prenait alors l’envie d’aller le narguer, juste pour apaiser la lourdeur de mon coeur maltraité par les idioties qui se murmuraient sur mon passage dans les couloirs. Parfois, me prenait même l’envie d’aller le voir pour entendre son rire résonner dans mes oreilles. Mais ces pensées ne duraient jamais : je les évinçais car elles étaient idiotes.

Et cette histoire de bottine ! Car je n’ai pas de deuxième paire de chaussures d’hiver, bien entendu. A quoi cela m’aurait-il servi ? J’ai des sandales pour les beaux jours et des bottines pour les autres jours. Si elles sont abîmées, je les change à Noël. C’est simple. Cela a fonctionné les deux années précédentes.
Mais cette fois-ci, il ne me restait qu’une seule bottine.
Quel bobard j’ai dû raconter à Maman et Papa pour qu’ils me rachètent et m’envoient une paire sans poser de question. Il avait été question de lac et de calmar. Finalement, plus d’une semaine après j’ai reçu le colis tant attendu et j’ai pu sauver mes pieds du froid abominable qui circule déjà dans les couloirs ouverts à tous les vents.

Et aujourd’hui, il est devant moi. Mon regard noir le sonde. Une dizaine de mètres nous sépare, je me réjouie qu’il ne m’ait pas encore vu ; j’ai un temps d’avance considérable. Il n’est occupé à rien du tout, batifolant comme à chaque fois que je le croise. Et comme toujours, je dois résister à l’envie de fondre sur lui. Il me faut avoir l’esprit clair pour cela. Il me faut être prête. C’est pourquoi je n’ai pas bougé depuis cinq minutes. Je me prépare. N’est-ce pas ? Je prépare mon plan. Et j’attends le moment opportun.
*J’flippe grave…*
Idiote pensée ! Je n’ai sûrement pas peur de ce minable qui a besoin de moi pour lui apprendre un sortilège.

Mon pied frappe en rythme le sol empierré. Sans que je ne l’y autorise, ma main vole autour de mon cou pour triturer la pierre du garçon. Lorsque je m’en rends compte, je laisse retomber mon bras. Mon coeur s’affole comme un idiot. N’ai-je pas d’autres choses à faire ? Étudier ? Parler à Zikomo ? Être n’importe où ailleurs ?
*J’veux aller l’voir*
Cette pensée me décide à bouger. Je la renvoie dans les limbes de ma conscience et je me décolle du mur contre lequel j’étais appuyée. Je traverse le couloir et marche à grands pas en direction de Fleurdelys. Rien ne peut me détourner de mon chemin, m’efforcé-je à croire. J’avance, je lui parle, je l’embarque. Peu importe les Autres autour. Peu importe. Et si Fleurdelys croit qu’il peut me répondre par la négative, je lui remettrais les idées en place du bout de ma baguette.

Par Merlin, mes mains sont moites et le rythme de mon coeur accélère. Ma respiration est bloquée quelque part dans ma gorge et le pendentif autour de mon cou semble peser une tonne. Je dois me faire violence pour ne pas m’enfuir en courant dans la direction contraire. J’ai l’impression de ne jamais arriver à destination ; pourtant j’y parviens et je m’arrête devant lui, la panique faisant vriller mon crâne et les mots coincés dans ma gorge. Pendant un instant, je le regarde sans ne pouvoir faire quoi que ce soit. Puis je lève le menton et croise les bras sur ma poitrine.

« S’tu veux apprendre avifors et tenter d’récupérer ta babiole, c’est maint’nant ou jamais, Fleurdelys. »

Plus tard, sans doute serais-je fière du ton glacé de ma voix. Mais pour le moment, la seule chose qui m’importe c’est que je suis en train de crever de peur.
Bien loin de la colère que j’étais persuadée de ressentir face à lui.

24 août 2019, 06:43
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
10h30

Presque deux mois à Poudlard sans avoir envoyé de hibou à son ami Grégoire, le jeune Gryffon ne parvenait pas à trouver un moment pour lui conter sa nouvelle vie. Les journées étaient bien remplies entre les cours d’astronomie qu’il affectionnait particulièrement, d’histoire de la magie, de défense contre les forces du mal, de métamorphose ou de potions... Tant de matières tout aussi passionnantes les unes que les autres et qui changeaient tant des horribles leçons d’arithmétique ou de grammaire suivies dans son ancienne école moldue.

À Fife, les jours se ressemblaient. L’école fermait ses portes à seize heures, Gabryel et Grégoire prenaient alors un gouter rapide chez l’un ou chez l’autre, puis les deux garnements décampaient à travers les bois ou au port pour vivre mille et une aventures d’enfants. Le bonheur et l’insouciance étaient maîtres-mots.
À l’école des sorciers, si le plaisir était une constante, aucune semaine n’avait la même saveur que la précédente. Chaque heure amenait son lot d’étrangetés, de rencontres insolites ou de fabuleuses découvertes magiques. Une cape se transformait en nuée d’oiseaux, ou une simple chaussure en coffre-fort, les tableaux conversaient ou ronflaient, l’on volait sur des balais, et les friandises avaient parfois la saveur d’une crotte de nez...

Gabryel s’était rapidement adapté à ce nouvel environnement, même si sa timidité maladive lui jouait encore quelques tours. Toutefois, les autres élèves étaient globalement avenants et sympathiques, c’était la le vrai changement avec son ancien groupe de camarades moldus dont la principale source d’amusement résidait à le tourmenter à propos de son bégaiement. Heureusement, il y avait eu Grégoire, qui était comme son frère, et avec lequel il avait tout supporté.

L’Écossais venait de récupérer un livre oublié au second étage, en salle d’études. Adossé dans le couloir face à l’une des fenêtres, il observait un hibou survoler le parc. Il était vraiment temps d’écrire à Grégoire. Ainsi, l’enfant rêvassait comme à son habitude en ce doux samedi matin d’octobre, sans se soucier des allers et venus des autres aprentis sorciers autour de lui.

- Aelle : « S’tu veux apprendre avifors et tenter d’récupérer ta babiole, c’est maint’nant ou jamais, Fleurdelys. »

Cette voix déterminée et peu aimable le sortit instantanément de ses songes éveillés. Il la reconnue entre mille. Il leva les yeux et plongea dans ceux de la jeune sorcière plantée devant lui, les bras croisés comme si elle désapprouvait quelque chose. Un sourire s’éveilla au creux des lèvres du garçon. Aelle l’observait, le regard sombre et méfiant. Comme il adorait cette fille.
Il l’avait croisée au parc quelques jours auparavant. Au milieu de la boue, et après un premier contact chaotique, il lui avait demandé de lui apprendre un sortilège qu’elle avait elle-même réalisé devant lui. Cet instant restait gravé dans son coeur.
Il s’aperçut qu’elle portait toujours à son cou la pierre de lune que Grégoire lui avait offerte, et qu’il avait prêtée à Aelle en gage d’amitié et de sympathie. Il n’avait plus revue la demoiselle depuis, bien qu’il l’ait parfois cherchée du regard ici ou là.

- Gabryel : (souriant et enjoué) Aelle ! Je suis content de te vvvvoir... C’est vrai, tu es d’accord ?

Il espérait qu’elle ne se moque pas de lui, pénétrant ses pupilles de ses grandes prunelles bleues.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 12 févr. 2021, 00:19, modifié 4 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

26 août 2019, 10:24
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
Son sourire me déstabilise et me rassure. Tant que le garçon sourit, c’est que tout va bien. Mes épaules se décrispent ; il va parler, je le sais. Il ne manque pas de le faire et moi, en réponse, je lève les yeux au ciel.

« J’ai l’choix ? » grimacé-je.

Puis, après un grognement destiné à Fleurdelys, je me détourne et m’engage dans le couloir. « Y’a une cour, là-bas. Ce s’ra bien mieux que dans ce couloir. » Je ne vérifie pas s’il me suit ou non, après tout je suis persuadée qu’il le fera.

Mon coeur s’affole dans ma poitrine. Il s’agite dans tous les sens, sursaute aux moments inopportuns et rend ma respiration difficile. Comme si j’avais besoin de cela dans un tel moment. Comme si j’avais besoin d’être anxieuse. Sans aucune raison ! Anxieuse d’aller voir Fleurdelys ? Quelle idée ! Je n’ai peur ni de lui apprendre un sortilège que je maîtrise, ni de lui faire face. Je le connais, je sais qu’il n’est pas méchant et, si je ne le titille pas trop, il ne fera rien d’autre que sourire et rire.
C’est peut-être ça qui me fait peur, après tout.
Le rire et le sourire.

Je soupire et tourne à l’angle du couloir. J’en profite pour lancer un regard noir à Fleurdelys qui me suit sans ne rien dire. J’accélère légèrement le pas, plus pour l’agacer que pour le distancer. Je ne sais pas pourquoi je fais cela ; mais j’aime le faire.

Après une volée d’escaliers, nous arrivons enfin dans la cour. Elle n’est pas très grande, les murs du premier étage sont percés de fenêtres et quelques bancs forment un cercle en son centre. Des plantes grimpent le long des poteaux en pierre qui ouvrent sur la coursive. Je pénètre au sein de la cour et m’installe au milieu du cercle de bancs. Le temps est clément, aujourd’hui. J’ôte ma robe d’école et mon sac que je dépose soigneusement sur un banc, après avoir récupéré ma baguette. La brise n’est pas assez forte pour passer la barrière de mon uniforme, mais un frisson me secoue tout de même.

Après avoir accordé un regard songeur au garçon, je fouille mon sac et en ressort ma vieille bottine esseulée. Un rictus moqueur sur le visage, je la dépose sur le banc opposé au Gryffondor.

« On va voir si tu peux la faire disparaître, elle aussi. Quoi que j’préfère la voir s’transformer en oiseaux que l’imaginer je-ne-sais-où. »

La mine sérieuse, je pars me poster près du garçon. J’essaie de ne pas le regarder, ni de répondre à la pulsion que me pousse à me saisir du collier pour le triturer entre mes doigts. Non, je reste sagement droite, les bras serrés autour de moi et ma baguette enfermée dans la cage de ma main. Au dernier moment, je me décale pour avoir le garçon sous les yeux ; ce n’est pas la bottine que je dois surveiller, mais lui. Je le désigne du menton et gromelle, l’air un peu revêche :

« Alors ? »

A ma plus grande horreur, je ne ressens aucun mal-être d’être ici. Au contraire. Si ce n’est mon coeur anxieux, je me sens plutôt bien. C’est vraiment débile.

13 sept. 2019, 13:24
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
Aelle semblait réellement encline à prendre un peu de temps pour lui apprendre avifors. Le garçon sentit que si ce n’était pas maintenant, ce ne serait jamais.
Avant de suivre la jeune sorcière dans cette fameuse cour, et qu’elle ne se mette à accélérer le pas, il aperçut autour de son cou le pendentif qu’il lui avait confié, la pierre de lune offerte par son meilleur ami Grégoire. Il sourit à sa vue, un peu rassuré qu’elle l’ait conservé.

Lorsqu’ils atteignirent la cour que Gabryel connaissait pour s’y entrainer en sortilèges quelques fois, Aelle, d’un geste décidé, déposa une bottine sur le banc face à lui. Il s’agissait de la deuxième chaussure, celle qui avait échappé à l’Evanesco que l’Ecossais avait lancé sur la première dans le parc quelques jours auparavant.

- « On va voir si tu peux la faire disparaître, elle aussi. Quoi que j’préfère la voir s’transformer en oiseaux que l’imaginer je-ne-sais-où. »

L’Écossais fixa l’objet, sans aucun mot. D’ailleurs, il n’avait encore rien dit depuis leur arrivée dans la cour. Tout cela était très rapide, il avait à peine eu le temps de reprendre son souffle après cette course à travers les couloirs. Bien-sûr, il était ravi que la Poufsouffle se consacre à lui pour partager ses connaissances, et n’avait rien de prévu aujourd’hui, c’était donc le moment idéal. Mais il restait un peu circonspect. Il devait se lancer sur-le-champ. Il ne s’était jamais réellement frotté à Avifors.

Et puis, il aurait aimé savoir comment allait Aelle, parler un peu avec elle car il l’appréciait beaucoup. Il avait pensé à elle quelques fois, leur rencontre s’était déroulée un peu comme hors du temps, il ne savait comment l’expliquer. Il n’avait croisé personne comme cette fille depuis son arrivée à Poudlard. Il ne savait rien d’elle.

- « Alors », s’impatienta la troisième année.

Le Gryffon déposa sa besace sur le sol, remonta les manches de sa robe de sorcier sur ses avants bras et sortit de sa poche sa baguette en bois de noyer. Un petit frisson caressa sa nuque. Il fit quelques pas vers la bottine et se concentra. Mais son esprit n’était pas totalement serein. Il sentait les yeux de l’anglaise sur lui, un regard appuyé, comme un poids sur ses épaules.
Après un court instant, il tenta de visualiser les mêmes petits oiseaux que la dernière fois, effectua le signe de l’infini du bout de sa baguette, et finit par prononcer sans trop de conviction, il faut bien l’avouer, la formule :

- « Avifors »

Une minuscule flammette s’extirpa de l’objet, virevolta au-dessus du sol un infime instant, mais n’atteint pas la bottine. La lueur sembla s’écraser sur le sol comme une crotte de pigeon et s’éteignit aussi vite qu’elle était apparu.
C’était un échec cuisant, retentissant même.
L’enfant baissa les épaules et posa ses grands yeux bleus sur Aelle. Un seul mot sortit du bord de ses lèvres, un peu honteux de cette déconfiture :

- « Désolé... »
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 12 févr. 2021, 00:32, modifié 3 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

02 oct. 2019, 16:44
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
Mes yeux décryptent le moindre de ses gestes. De la manière qu’il a de se pencher pour poser son sac à son air concentré. Je l’observe monter les manches sur ses avants-bras, je l’observe s’avancer vers mon Défi, je l’observe rassembler ses pensées et sa magie. Il se prépare. C’est une bonne chose. Les bons sorciers ont des rituels de préparation et je ne manque rien du sien. Le vent souffle doucement autour de nous, jouant avec mes cheveux, soulevant les pans de la cape du garçon. Le temps est en suspens. Il attend, lui aussi. Mais il n’est pas plus impatient que moi ; il semble serein, comme mon coeur.

Les sourcils légèrement froncés, je me déplace pour avoir une meilleure vue sur le visage du garçon. Ce dernier est étrange à regarder. Il ne présente ni sourire, ni pétillement. C’est un visage de marbre, concentré, irréel. J’ai l’impression, pendant un instant, que ce visage est un Mensonge. Mais je suis bien incapable de dire pourquoi. Quand le garçon bouge enfin sa baguette, ces pensées s’envolent ; mon coeur rate un battement et enfin Fleurdelys énonce son sortilège.
Je me tourne vers la bottine, persuadée qu’il va réussir du premier coup. Mon coeur se soulève une seconde trop tôt. Je comprends que le sortilège a échoué en apercevant du coin de l’oeil la petite flammèche lutter pour vivre avant de s’éteindre sur le sol.

Je grimace. Je ne sais pas ce que c’était, mais ce n’était certainement pas Avifors. De la magie, oui, mais un sortilège, non. Je me concentre sur Fleurdelys, ma surprise ne quitte mon visage. Je ne m’attendais pas à ce qu’il réussisse du premier coup, mais je ne pensais certainement pas qu’il serait aussi médiocre.
*Pas médiocre*, me corrigé-je instantanément *la magie est quand même là*. Pas médiocre, non. Seulement incomplet et faiblard. Flemmard.

Je tombe dans les yeux bleus du garçon. Son air sincèrement désolé m’agace. Je ne suis pas ici pour l’écouter s’excuser et moins encore pour m’amuser.
Contrairement à lui.
Qui joue avec sa magie.
Qui ne montre aucune intention, aucun effort.
Qui ne fait rien du tout.

Je m’approche de lui d’un pas, la colère se reflétant dans mes yeux.

« Tu te fous de ma gueule, Fleurdelys ? grondé-je, indignée. La dernière fois t’as fait disparaître ma bottine avec… brio et là tu fais cette merde ? »

Un sourire ironique me déforme la bouche. Mais je n’ai pas envie de rire. J’ai envie de le secouer et de lui hurler que s’il croit pouvoir se jouer de moi, il peut se foutre sa baguette dans l’oeil jusqu’au coude.

« Plus de hargne ! » m’exclamé-je soudain en agitant ma baguette devant lui. Ma voix résonne quelques secondes dans la cour silencieuse. « J’te préviens que si t’es là pour t’foutre de moi, c’est sur toi que j’lance Avifors, c’est clair ? »

Je lui crache ces mots avant de m’éloigner d’un pas, les bras croisés sur ma poitrine et le coeur tambourinant. Son comportement me fait plus de mal que prévu. Je devrais m’en foutre de son je-m’en-foustisme et m’en aller. Au lieu de ça, je reste ici à attendre qu’il m’humilie, qu’il me dise qu’il ne veut pas de moi, qu’il ne veut passer aucune seconde à mes côtés. Il va le dire, c’est certain, puis partir en un grand éclat de rire.
C’est obligé.
Et dire que je me suis dis qu’il serait content que je vienne lui proposer d’apprendre ce sortilège. C’est vrai, hein ? Je l’imaginais avec son rire, sa bonne humeur et son… Son quelque chose de… Son Lui, tout simplement. Et dire que je pensais que nous passerions un bon moment, moi et lui. Hein, que je l’ai pensé ? *Ouais, j’suis idiote*.
Au lieu de ça, il tire la tronche et ne montre aucune volonté. C’est simple à comprendre ; il ne veut pas être avec moi, il se force. Comme un enfant récalcitrant. Je me suis trompé sur toute la ligne. Il ne veut pas de moi. Moi non plus, je ne veux pas de lui. Je suis ici seulement parce que j'en ai fait la promesse, voilà tout. 

Mon regard se fixe résolument sur la bottine. Je dois me concentrer sur elle. Je le dois absolument, sinon je vais commencer à espérer. Ce que je ne fais pas, bien sûr, j’ai parfaitement conscience des véritables intentions de Fleurdelys. Sinon, je serais en train d’espérer qu’il me prouve qu’il veut bien être là, avec moi, pour apprendre, pour passer du temps av… Mais non, je n’espère pas. J’attends seulement qu’il se révèle au grand jour.
Merlin, mon coeur bat si vite que j’ai l’impression que tout mon corps tremble.


Excuse-moi pour mon temps de réponse, Tendre Plume. 

23 oct. 2019, 16:25
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
En d’autres circonstances, le jeune Écossais aurait certainement évité le conflit en récupérant ses affaires et en prenant le large. Il n’aimait guère les situations tendues et préférait ne pas perdre de temps avec cela. Mais avec Aelle, tout était différent. La réaction de cette fille était en totale adéquation avec l’image qu’il se faisait d’elle : Forte, qui n’abandonne point au premier échec, persévérante et enthousiaste. Il était évident que la sorcière ne s’apitoierait pas sur le pauvre sorcier, ce dernier n’ayant donné qu’une infime partie de son énergie pour transformer l’essai en réussite.

Les mots de l’Anglaise s’avérèrent avoir l’effet d’un électrochoc pour Gabryel, poussé dans ses retranchements. Sa camarade avait pris du temps pour lui, ce n’était certainement pas pour discuter autour d’une tasse de thé. Il se devait d’y arriver.

Les deux pieds ancrés au sol, le Rouge et Or souffla un grand coup, et se repositionna devant la bottine, la baguette en bois de noyer tendu dans sa direction. Il releva à nouveau ses manches.
Son esprit se focalisa sur cet objet, et sur rien d’autre. Autour de lui, le paysage disparut un instant, la demoiselle n’était plus présente. Il ne faisait ni ensoleillé, ni pluvieux, ni jour, ni nuit. Le temps se figea. Seule une nuée de petits oiseaux occupait son esprit. L’enfant les visualisa, se dessinant par-delà la chaussure. Dans sa projection intérieure, leurs petits becs, leurs yeux puis leurs ailes apparaissèrent au travers des lacets, comme un trait de crayon formerait librement dans l’air une ébauche de dessin. Les ailes naissaient dans la semelle, en plumage de plus en plus clair. La texture de leurs duvets soyeux prit vie dans l’esprit du Lionceau. Un sentiment de légèreté s’empara du garçon.

Du bout de sa baguette, il forma le contour de l’infini avec la passion d’un catholique accomplissant le signe de croix. D’une voix aussi claire que celle d’un nouveau-né, il prononça Avifors. Un filet crépitant assez puissant pour faire trembler tout son corps s’extirpa du bâton en direction de la botte, s’entremêla autour tel un serpent et la fit totalement disparaître dans un halo aveuglant. De minuscules piallements résonnèrent jusqu’à ce que deux, puis trois, quatre, cinq et enfin six petits oiseaux apparaissent dans son champ de vision, gracieux et aériens tandis que l’intensité de la luminosité baissait un peu. Ils déployérent leurs ailes et prirent leur envol. Blancs comme la neige, ils tournoyèrent un instant au-dessus des enfants, avant de disparaitre dans le ciel, en nuée compacte.

Image

Puis tout redevint calme, dans cette arrière-cour silencieuse. Seul un petit filet de fumée perdurait à l’endroit où se trouvait la chaussure. Les battements de coeur de Gabryel baissèrent un peu d’intensité pour laisser place sur son visage à un sourire presque lunaire. Il se laissa choir par terre, un peu à bout de souffle, les yeux toujours levés vers le ciel.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

31 oct. 2019, 10:39
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
Mon ressentiment est plus puissant que je ne le pensais. Mes mains tremblent, cachées sous mes bras croisés, et mon esprit, ce vil esprit, ne cesse de me rappeler avec force tous les espoirs qui font vriller mon coeur. Mais je ne veux pas espérer, moi. Je ne le veux pas. C’est pour cela que j’entretiens ma colère en me répétant combien Fleurdelys se fout de moi, combien il joue avec moi, combien il n’est qu’un menteur, qu’un foutu menteur. J’en suis à me persuader qu’il n’a jamais été ce garçon souriant au rire perturbant lorsqu’un bruit provenant de lui me force à le regarder, les sourcils froncés d’appréhension.

Il soupire.
*S’il soupire parce qu’il a la flemme, j’le défonce*. Je m’en fais la promesse. Mais en tombant sur son visage, mes yeux ne voient ni flemme ni découragement. Mon coeur sursaute en le voyant ainsi. J’en ouvre la bouche, béate. Voilà, le voilà ! J’en perds mon souffle. J’ai envie de sourire, mais je suis bien trop concentrée pour cela. Le voilà, Fleurdelys ! Le vrai. Celui qui m’a regardé dans le parc, les yeux brillant de détermination. Celui qui m’a envoyé un sortilège brillamment réussi. Celui qui sait, celui est capable. Ce garçon a deux faces, pensé-je alors en le regardant de mes yeux grands ouverts. Il y a son rire, si désarmant. Et il y a cette détermination, si belle à regarder. Je ne sais même pas pourquoi je pense à cela, même pas pourquoi le voir ainsi agite mon coeur. Je pense seulement qu’il est agréable à regarder quand il s’habille d’une telle détermination. Ce garçon-là, c’est à lui que j’ai promis de l’aide. Pas à l’abruti incapable qu’il m’a fait croire être il y a un instant.

*Il va y’arriver, c’est certain.*
Ce regard, cette posture, la tension dans l’air.
Tout indique qu’il est prêt à réussir. Et mon coeur n’en bat que plus fort.
Sa baguette dessine le signe. Je tourne la tête vers la bottine, la bouche béate d’appréhension. Mon corps réagit comme si c’était moi qui m’amusait avec ma magie. Comme si elle se rassemblait pour s’expulser au travers ma baguette, mon sang s’agite, mon cerveau se fige, les battements de mon coeur se font plus lents. Mais je ne fais rien du tout, je me contente de regarder. Le fuseau de magie passe devant mes yeux, il a la bonne couleur, il est assez puissant. Il frappe la bottine et cette dernière disparaît. Le temps semble se surprendre. La magie alpague toute ma concentration, elle m’emprisonne dans ses serres impitoyables. Puis les sons arrivent ; ceux que j’attendais ; des piaillements. Et je les vois ! Une nuée — petite nuée — d’oiseaux prend son envol, piaillant de vie, et s’envole. Je me tords le cou pour les regarder se confondre avec le ciel. Un sourire ravi vient s’installer sur mes lèvres. C’est la beauté de la magie qui gonfle mon coeur de joie.

Je baisse la tête, cherche le garçon des yeux. Il est là, par terre, le visage levé vers le ciel. Son sourire rencontre le mien. Ils sont semblables, des grimaces d’extase. Là aussi, le temps reste en suspend. L’euphorie de Fleurdelys côtoie la mienne et à cet instant, j’ai réellement l’impression que nous nous comprenons comme personne. Moi et lui, nous sommes exactement pareils à cet instant. Deux sorciers qui viennent d’assister à un spectacle merveilleux.
Sauf que je n’ai rien fait.
Mon sourire s’efface peu à peu de mes lèvres pour ne laisser que la sensation d’extase au fond de mon coeur. Je détourne le regard, de peur que le garçon se mette à rire et que je ne sois plus capable de le quitter des yeux.

« Tu m’as menti, non ? » Ma voix résonne dans la cour. Je lève la tête vers le ciel, comme pour regarder les oiseaux, sauf qu’ils ont disparu. « T’as pas b’soin d’moi, Fleurdelys. »

L’énoncer tout haut est étrange. Cela revient à mettre à nu les pensées cachées par mon euphorie. Celle-ci tend d’ailleurs à me quitter, laissant dans mon coeur la seule morsure de… De quoi ? Pourquoi est-ce que je me sens si lourde, tout à coup ? Pourquoi est-ce que mon sourire me quitte, pourquoi est-ce que mon coeur se serre ? *T’as pas b’soin d’moi*. Une grimace ironique s’installe sur mon visage. Le garçon n’a absolument pas besoin de moi. Il va s’en aller. Et je ne le rattraperais pas. Je soupire doucement en quittant le ciel du regard. Je baisse la tête sur le banc sur lequel était posé la bottine. Je le regarde quelques secondes avant de m’en détourner et de m’approcher de mes affaires.

« C’était beau, » félicité-je le garçon en attrapant ma robe d’écolière.

Je l’enfile rapidement. Je n’ai rien d’autre à dire. Ma gorge se serre. En arrangeant le col de mon uniforme, mes doigts frôlent la chaîne du collier que m’a donné le garçon. Mon coeur rate un battement quand mes yeux se posent sur la pierre. J’emprisonne ma lèvre entre mes dents et referme les pans de mon vêtement pour cacher le collier. Si je ne dis rien, me chuchote mon esprit, si je ne dis rien il l’oubliera et un jour il reviendra me voir pour le récupérer. C’est le seul moyen pour qu’il revienne. Le seul moyen. Mon coeur s’active dans son carcan. Merlin, fais qu’il oublie le collier. S’il-te-plait, laisse-moi cette chance-là.

07 nov. 2019, 17:15
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
- « C’était beau »

Cette seule phrase avait plus de valeur aux yeux du jeune sorcier que tous les sorts réussis. Gabryel prenait la magie pour ce qu’elle était, la possibilité d’évoluer et d’apprendre sur lui-même et sur les autres, une source de partage et d’échanges, le moyen d’aider ceux qui en ont besoin. Son apprentissage lui permettait de se dépasser, de puiser dans son coeur une force qu’il ne soupçonnait pas. S’il avait aujourd’hui réalisé Avifors avec succès, Aelle en était la principale motivation. Elle avait eu confiance en lui, n’avait pas douté de sa réussite et l’avait poussé à excelller. Il posa sur elle un regard remplit de gratitude. Il l’observa ramasser ses affaires.

- « Sans toi, je n’y serai pas parvenu Aelle... »

Il voulait qu’elle entende. Spontanément, il lui attrapa la main avec douceur et la posa dans la sienne. Ses yeux se posèrent dans les prunelles de l’Anglaise. Son visage se fit soudainement solennel, et non plus enfantin.

- « Tu as entendu ? C’est pour toi que j’ai puisé les ressources dont j’avais besoin »

Il ne bégayait pas, les mots sortaient de ses lèvres sans une once d’hésitation. Il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait en lui, mais cette fille provoquait dans son esprit des sentiments nouveaux. Aelle lui donnait envie de la surprendre encore, de l’impressionner. Plus elle se faisait fuyante ou distante, davantage s’installait en lui le désir d’être en sa compagnie et de vivre encore des moments comme celui-ci. Gabryel aperçut la pierre de lune autour du cou d’Aelle. Il la frôla du bout des doigts, et sourit.

- « Elle est bien plus jolie autour de ton cou que du mien... »

Rougissant, il lâcha la main de la sorcière et ramassa à son tour sa besace. Il resta un instant à observer à nouveau le ciel.

- « Quel est le prochain sort que tu vas m’apprendre ? Je sens qu’avec toi je suis capable de tous les réussir... »

Il se tourna de nouveau vers la fille en rangeant sa baguette. Il avait retrouvé ses traits d’enfant. Un sourire mutin emplit son visage.

- « Tu es maintenant mon pppporte-bonheur... »

L’Écossais éclata de rire en s’entendant à nouveau buter sur le mot qu’il venait de prononcer. Il se gratta le bout du nez.
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 21 nov. 2019, 13:12, modifié 1 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

21 nov. 2019, 10:47
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
J’attrape mon sac et passe la bandoulière sur mon épaule. Puis je m’immobilise, le coeur à l’envers, le visage tourné pour que le garçon ne me voit pas. Il me frappe bien étrangement, ce coeur. Il me frappe douloureusement, comme si le bonheur de l’instant précédent n’était qu’une facette, qu’une mauvaise blague que m’a joué le monde. Oui, c’est cela. Il m’a fait espérer pendant un instant que tout pouvait être simple. Moi qui apprend des sortilèges à Fleurdelys, c’est simple. Mais ce n’est pas éternel. J’aurais préféré que le garçon ne soit pas aussi doué. Je pourrais rejeter toute la faute sur lui, mais je préfère penser que c’est de la mienne. J’ai envie de pleurer. C’est absolument n’importe quoi. Je veux courir rejoindre mon dortoir, me rouler en boule sous ma couette avec le talisman de Zik et pleurer toutes les larmes de mon corps. Peut-être Thalia me verra-t-elle passer. Peut-être que je pourrais aller la retrouver ? Non, mieux vaut que je reste seule. Elle aussi n’aura plus besoin de moi, bientôt.

« Sans toi, je n’y serai pas parvenu, Aelle… »

Mon sourire ironique revient s’installer sur mes lèvres en entendant ces mots. Bien sûr, fous-toi de ma gueule, Fleurdelys. Le talent ne vient de personne d’autre que soi-même et je sais qu’il le sait. Je hausse les épaules comme pour dire : peut-être, tu as raison. Alors qu’intérieurement je pense : tais-toi, je t’en prie. Ne dis rien qui pourrait transformer ma tristesse en colère.
Mais j’avais oublié que Fleurdelys était un garçon d’action plus que de mot. Il s’approche de moi sans que je ne réagisse. Après tout, que peut-il me faire ?
Il attrape ma main et l’entoure avec la sienne.
Mon coeur rate un battement en sentant cette étreinte toute simple, toute chaude. *Non !*. Lâche-moi ! Mais mon regard croise le sien et j’en perds toute volonté.

« Tu as entendu ? C’est pour toi que j’ai puisé les ressources dont j’avais besoin. »

Je ne peux pas bouger. Sa peau brûle la mienne. L’étreinte est de plus en plus chaude et mon coeur bat de plus en plus vite. Mes doigts sont mous dans sa main. C’est comme si j’étais hors de moi. Je me regarde de l’extérieur, j’observe ces deux mains liées, je ressens de l’extérieur toute ma haine des contacts que je n’arrive pas à exprimer. Je vois le garçon lever la main, je sens la panique dans mon coeur, puis je le vois se pencher sur la pierre qui pend à mon cou, entre nous. Il la frôle doucement et un sourire nait sur ses lèvres.

« Elle est bien plus jolie autour de ton cou que du mien... »

Je réintègre mon corps. Je vais arracher ma main de la sienne et m’éloigner un peu pour pouvoir respirer en paix. C’est ce que je vais faire. C’est ce que j’allais faire. Mais le garçon se détache de moi tout seul et je reste pantelante devant lui, le regard baissé sur mes chaussures, gênée comme jamais auparavant.
C’est instantanée. La honte arrive toute entière et me prend sans prévenir. Elle habite tous les pores de ma peau et me brûle. J’essuie ma main sur le revers de ma cape. Dans ma tête, c’est la folie. *Pourquoi j’l’ai pas lâché avant, j’aurais dû l’lâcher avant*. Maintenant, il risque de croire que je suis une personne à laquelle on peut prendre la main. Mais c’est impossible, absolument impossible. Et dans ma tête, je me promets que la prochaine fois qu’il fait une chose comme celle-là, je lui envoie mon poing dans la tronche. Etrangement, cette pensée me rassure. Je retrouve le contrôle de moi-même. Je m’agrippe à la bandoulière de mon sac et j’ose enfin lever la tête pour trouver le garçon.

Il est là, non loin. Ce constat aussi me rassure. Il n’est pas parti, finalement. Il parle trop et toujours pour dire des choses sans queue ni tête, mais il n’est pas parti. Je n’ai pas besoin de penser à ce qu’il m’a dit. De toute façon, il a tort : sa force lui vient de lui, pas de moi. C’est complètement con de penser le contraire.

Face à son regard qui se tourne vers moi, je me grandis. Je redresse le dos et lève le menton. Je lisse mon visage pour que rien ne s’y voit, même si je ne peux rien contre la chaleur qui fait brûler mes joues, et je le toise comme me toise parfois Zikomo. J’essaie de ne pas réagir à ses mots, mais ne peut m’empêcher de lever les sourcils quand je l’entends me demander quel sera le prochain sortilège que je lui apprendrais.
*Comment ça ?*
Un autre sortilège ?
Mon coeur s’agite, encore.
Il veut que l’on se revoit ?
Mon coeur s’affole, encore.
Mon espoir, ce fol espoir qui malmenait mon coeur et que j’ai fini par brider revient de plus belle. Il mange toute la place dans mon corps, même la honte d’avoir laissé ma main dans celle du garçon disparaît.
Je suis tellement surprise que je ne réagis pas quand l'autre éclate de rire. Je me contente de le regarder, bouche bée et le souffle court. Je vais finir par m’éloigner de moi-même de ce con. C’est ce que je me dis en le regardant. Je n’aime pas du tout ce qu’il fait de moi. Tantôt je me retrouve figée par la peur ou par la gêne, puis son rire détruit tout. Il mange mes émotions pour en faire ce qu’il désire. Ma colère, il la désamorce comme si elle n’était rien du tout. Ma honte, il l’avale sans y faire attention. Mon bonheur, il le détruit avec son talent. Alors, que suis-je désormais ? Que suis-je si je ne peux rien ressentir, si je ne peux pas rester constante face à lui ?

Je hausse les épaules pour garder un minimum de contrôle sur ce que je suis. Je peux au moins faire cela, agir. Il ne peut rien faire pour contrer mes actions. *Sauf quand il te prend la main*. Je fais quelques pas dans la cour pour m’éloigner de Fleurdelys ; hors de question de lui laisser l’occasion de manger mes actions également.

« Repulso. »

Le mot sort de ma bouche avant même que je ne puisse penser à ce qu’il signifie réellement. Quand je l’entends, un fin sourire se dessine sur mes lèvres. C’est un sort parfait. Il est au programme de troisième année, je ne l’ai même pas encore vu en cours. Je sais le lancer parce que j’ai passé des heures et des heures dans la cour de la maison à m'entraîner, ces derniers mois. Je voulais apprendre un sortilège qui ne soit pas de mon niveau pour montrer à tous les habitants du château que j’étais parfaitement capable de me débrouiller sans eux. Finalement, je n’ai rien montré du tout, mais au moins j’ai appris à lancer ce sortilège. Et je me débrouille pas si mal que cela, songé-je en me rappelant de la réaction de Loewy.
C’est un sort parfait. Il faudra de longs mois à Fleurdelys pour pouvoir le lancer. Il y a peu de chance qu’il y parvienne cette année, d’ailleurs. Mon coeur bat un peu plus vite à cette idée : avec ça, il ne pourra pas se débarrasser de moi avant longtemps.

Je me tourne pour lui faire face.

« Sortilège d’expulsion, troisième année, récité-je comme une professeure. Super dur à lancer. Moi j’y arrive seulement parce que je me suis entraîné et que j’suis bonne en magie. Ça t’prendra des mois et des mois, p’t-être des années… Si t’es pas prêt à bosser, t’as qu’à t’barrer direct. »

*Oh, mais tais-toi !*
Pourquoi est-ce que je le pousse à s’en aller, foutu Merlin ?

« J’suis pas ton porte-bonheur, seul’ment ton prof. Alors si tu penses qu’c’est juste à cause d’moi qu’t’arrives à réussir tes sorts, c’est p’t-être que t’as pas l’talent qui faut. »

C’est faux.
Il a du talent.
Je le sais.
Et je devrais fermer ma gueule, s’il saute sur l’occasion pour se barrer je serais la seule fautive. Je détourne les yeux en ouvrant la bouche, soudainement gênée. Mais je lève le menton encore plus haut pour qu’il ne remarque rien. Et d’un voix sans émotion, je dis :

« A un d’ces quatre ? » Je hausse les épaules. « Quand j’aurais l’temps de… De… » *Merlin !*, songé-je en m’entendant bafouiller. « De… Du temps à gaspiller pour ça, j’viendrais t’trouver. »

Voilà, parfait. Au moins, je pourrais aller le chercher dès que j’en aurais l’envie. Je n’aurais pas à attendre vainement qu’il vienne à moi. C’est moi décide du moment, de l’endroit et de tout le reste. C’est bien plus simple ainsi.

28 nov. 2019, 18:35
Chandrakant  PV Gabryel Fleurdelys 
- « Repulso »

Aelle lui annonçait un sortilège de défense de troisième année, très difficile selon ce qui se disait, et qui nécessitait de l’entrainement et de la persévérance. C’est d’ailleurs ce que la jeune fille lui confirma l’instant d’après :

- « Sortilège d’expulsion, troisième année. Super dur à lancer. Moi j’y arrive seulement parce que je me suis entraîné et que j’suis bonne en magie. Ça t’prendra des mois et des mois, p’t-être des années… »

L’enfant ne broncha pas, d’une part car il n’avait pas tout à fait conscience de la somme de travail et de l’investissement que cela représentait de maîtriser ce sort, mais aussi parce qu’il avait toute confiance en Aelle comme professeur. Il savait qu’elle ferait tout pour le tirer vers le haut, et serait honnête si elle estimait qu’il ne produisait pas les efforts souhaités :

- « Si t’es pas prêt à bosser, t’as qu’à t’barrer direct. J’suis pas ton porte-bonheur, seul’ment ton prof. Alors si tu penses qu’c’est juste à cause d’moi qu’t’arrives à réussir tes sorts, c’est p’t-être que t’as pas l’talent qui faut »

Le ton était donné. Il savait que la jeune sorcière n’était pas là pour lui dire ce qu’il voulait entendre. C’est pour cela que cette fille sortait du lot et ne ressemblait à aucune autre personne qu’il connaissait. Mais elle l’appréciait, il le savait, il le sentait, preuve en était sa présence aujourd’hui. Elle n’était pas du genre à perdre son temps ou à en prendre pour des gens qui ne l’intéressaient pas. Elle vivait selon ses propres critères, et faisait fi de ceux des autres. C’était, comme disait sa mère en français, « à prendre ou à laisser », en quelque sorte. Il se demandait comment elle se comportait avec les autres élèves de sa classe. Finalement, il ne la connaissait pas dans son quotidien, il ne savait rien d’elle, de son histoire. Ce serait l’occasion de la découvrir. Il en mourait d’envie.

Gabryel ne la lâchait pas des yeux, il l’observait réunir ses affaires pour s’apprêter à partir. Aucun mot ne sortait de la bouche du garçon. Il adorait la voir prendre son air renfrogné. Elle avait cette façon bien à elle de ne faire aucun geste gratuit. Elle allait à l’essentiel, sans posture ni fioriture. Elle ne passait pas sa main dans ses cheveux toutes les deux minutes pour se recoiffer, ne pouffait pas de rire pour un rien. Ses regards n’étaient jamais gratuits et se voulaient être une extension pour appuyer ses pensées et son point du vue sur les choses. C’est en tout cas comme cela que Gabryel ressentait sa camarade depuis le premier jour de leur rencontre.

- « A un d’ces quatre ? Quand j’aurais l’temps de… De… De… Du temps à gaspiller pour ça, j’viendrais t’trouver »

- « Et… tu aurais du ttttemps à gaspiller pour venir voir ma cabane demain après-midi ? Elle est près du lac, dans un arbre. Je l’ai construite tout seul, elle est chouette. Je l'ai appelé "Le Petit Chalet" (silence gêné, passe sa main sur sa nuque) Enfin, c’est si ça te dit… Histoire de prendre l’air...»

Il sourit à sa camarade et remonta le col de son manteau sur ses joues, ses pupilles posées sur elle, un peu inquiet qu'elle ne refuse sa proposition. Il se gratta machinalement le bout du nez.

Fin de RP pour moi. Merci beaucoup !
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 04 févr. 2020, 22:21, modifié 2 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »