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10 nov. 2019, 09:26
Une histoire d'Art  privé 
octobre 2044
deuxième étage, aile nord


Fin octobre, le froid s'installait sans douceur sur le château. On craignait déjà l'arrivée du givre et des gelées. Naomi les craignait plus que quiconque ici certainement. Toutes les plantes à sa charge craignaient le froid. Sauf peut-être quelques solides spécimens un peu aidés par la magie. Mais elle devait pour les protéger prendre bon nombre de mesures préventives nécessaires. Pour ce qui était de l'intérieur des serres, quelques flammes magiques suffisaient à les laisser baigner dans une chaleur idéale nuit et jour. Le problème évident était les plantations extérieures. Au pied des figuiers elle avait placé ce qu'on appelait des brûlots, un pour chaque arbre. Il s'agissait simplement d'un liquide qu'on faisait brûler juste avant l'aube, alors que le froid était le plus mordant, pour éviter le point de non-retour où gelait la rosée. La professeure avait choisi d'utiliser comme combustible du whisky pur feu, un investissement coûteux mais qu'elle n'aurait à faire que pour une année puisqu'elle envisageait pour les prochaines de produire ses propres combustibles, voir d'aller les récolter sur un wiggentree. Quant aux plantes qui n'étaient pas des arbres, on pouvait prévoir de les arroser en continu avec un liquide juste au-dessus du zéro pour encore une fois empêcher le gel, mais elle avait préféré les protéger par magie, une méthode bien plus simple. Toutefois elle se baladait actuellement dans le château à la recherche de sa collègue de sortilège à qui elle avait besoin de demander conseil puisqu'elle hésitait encore sortilèges et potions.

Voilà donc la raison qui l'avait poussé à se trouver un peu perdue malgré elle dans le deuxième étage. "Après toutes ces années, me perdre encore !" marmonna-t-elle pour elle-même.
Les escaliers capricieux et les difficultés rencontrées face aux nombreux couloirs tous similaires perdaient tout le monde mais évitaient au moins la monotonie. Une chose particulièrement fiable servait de point de repère ; les tableaux. Les tableaux d'origines bien sûr, pas les personnages, ceux-ci se promenant à leur guise. Alors pour comprendre où elle se trouvait, Naomi se tourna vers le mur.

Le premier tableau sur lequel elle tomba était vide. C'était une chambre dont elle avait oublié le propriétaire, plutôt ordinaire et qui aurait pu servir de décor à n'importe qui. « ça ne m'aide pas » pensa-t-elle. Le suivant, ne l'aide pas plus. Elle crut d'abord qu'il était vide de tout habitant, mais il semblait en réalité qu'il y en ai un. Ou plusieurs ? Ce personnage-là n'avait rien d'ordinaire non... Un nez triangulaire, comme dessiné par un enfant, une bouche plus droite que l'horizon derrière lui, un front deux fois trop large, des sourcils plus épais que les yeux : "Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé à toi ?" demanda-t-elle à voix haute.

La bouche parfaitement droite se fendit en deux : « Moi ? Mais rien enfin ! »
La voix semblait étouffée, lointaine. Naomi s'interrogea, pouvait-ce être quelqu'un quand même ? Quelqu'un mal représenté mais malgré tout suffisamment bien ensorcelé pour parler ? Décidément, c'était incompréhensible !

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

10 nov. 2019, 14:21
Une histoire d'Art  privé 
Le rendez-vous était fixé dans une heure, Circéia prenait son temps. Revenir, si tôt, sur le terrain de ses études était étrange mais elle savait depuis un certain temps qu’elle n’y couperait pas. L’impression d’être entre passé et avenir l’emplissait progressivement, une sorte d’ellipse temporelle entre deux semaines d’intenses études supérieures. Le simple fait de baguenauder habillée en sorcière et non plus en élève constituait pour elle une grande nouveauté. Cela devait être une composante de l’âge adulte, avoir ce luxe de mesurer le chemin parcouru par ce genre de biais... le monde change. Parfois imperceptiblement, parfois de manière flagrante. Durant ses études, la professeure de Botanique avait beaucoup compté. Madame Kwon avait constitué pour Circéia une sorte de synthèse parfaite entre la grande sœur, la mère, l’enseignante et d’une certaine manière même la grand-mère. Sans doute l’adulte n’en avait pas pris conscience mais Circiéa avait une profonde affection pour elle. Quand elle avait appris qu’elle quittait Poudlard, on aurait sans doute plutôt dû parler de disparition… cela l’avait beaucoup peiné mais dans le même temps, les chances de la croiser dans le monde des adultes s’en trouvaient renforcées. Et cet espoir, toujours possible, avait rendu la nouvelle acceptable. La communauté sorcière étant un univers assez familial, elle n’avait pas tardé à apprendre  deux ou trois choses de sa remplaçante. Entre autres celle-ci avait-elle tutoyé d’un peu trop près le danger, d’où une canne semblable à celle qu’une vieille chanteuse moldue avait sur scène durant sa jeunesse, Circéia la vénérait. Comment sont les choses... L'étudiante ne connaissait rien d’autre que ce détail, ni son nom, ni même son âge… mais une canne, appendice élégant associé à jamais au handicap, même chez les sorciers. La limitation, la gêne, très souvent maquillée en manière d’être, en trinket que l’on customise aisément pour en faire un atout. Ce n’est pas le son qui attira son attention, quand on marche avec une canne, cela s’entend toujours. Non, la femme, posée devant un tableau dont elle semblait questionner le sens, était figée, enracinée dans le sol par ses trois piliers, dont l’un ne tenait sans doute plus que grâce au soutien magique de Merlin et ses sbires… Ainsi voyait-elle pour la première fois la nouvelle professeure de Botanique de Poudlard. Ce n’était en rien une curiosité pour elle, seulement un fait. S’approchant discrètement, elle entendit l’échange entre la femme et le personnage principal du tableau, une surprenante représentation des affres de la magie. Une créature comme les peintres hollandais moldus en représentaient, enfin… Bosch surtout. Un peintre, moldu certes, dont Circéia s’était souvent demandé comment il était parvenu à réaliser des toiles aussi proches du monde sorcier. Visages tordus, comme déformés par la vie, sorte d’enfer sur terre, peuplé d’animaux humains et de bêtes sauvages plus humaines encore… d’un coup lui vint l’idée que peut-être il avait été sorcier, dans le secret de son atelier et Père avait voulu leur montrer son œuvre pour cette raison-là. Nous sommes toujours rattrapés par notre éducation.

- C’était peut-être la volonté du peintre de représenter la vie ainsi ?...

Contre toutes les convenances, elle avait poursuivi une conversation qui n’existait pas encore, sans se présenter, ni même demander la permission d’intervenir. Quand on visite un musée, on se sent proche des autres, d’une manière qui n’est pas commune dans la rue, ou même dans une auberge. C’était cette relation-là qu’elle avait pris sur elle d’initier, naturellement, en toute insolence et maladresse. Ce qui pourtant ne lui ressemblait pas. Le visage de la professeure ne s’était pas encore montré, absorbée qu’elle était par la puissance évocatrice de l’œuvre.

- ...Ou bien ce sont nos yeux qui ne savent pas voir au-delà des apparences ?

A dire vrai, Circéia n’avait jamais remarqué ce tableau mais il en existait tant dans le château, même après la deuxième guerre sorcière, ils avaient presque tous retrouvé leur place et les restaurateurs magiques avaient œuvré avec talent et ténacité pour que Poudlard demeure un musée vivant. Des centaines… alors un tableau de plus ou de moins…Mais cette œuvre-là avait une particularité du fait de l’écart entre la torsion du personnage et le traitement finalement classique du reste. Un individu, dans son salon. Un portrait, de genre…

- Vous êtes le nouveau professeur de Botanique, n'est-ce pas ?

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

11 nov. 2019, 17:07
Une histoire d'Art  privé 
Naomi sursauta à l'arrivée d'une nouvelle interlocutrice. Elle se tourna pour la jauger du regard et fronça les sourcils. Cette femme était complètement inconnue au bataillon Et ses habits n'indiquaient pas qu'elle soit élève. Elle avait pourtant l'air si jeune... La professeure un peu sur la défensive eu comme premier réflexe de se méfier. Il n'était pas anodin de voir des sorciers extérieurs à l'école y pénétrer et la vigilance était de mise par les temps qui couraient.

" Qui êtes-vous ?" s'enquit-elle.

Et pour se rassurer plus que parce qu'elle pensait réellement devoir entamer un combat Naomi glissa sa main dans sa poche pour la serrer autour de sa baguette. Il ne fallait pas donner une chance à une potentielle adversaire de la prendre au dépourvu...

Mais une fois la surprise passée Naomi réalisa que la jeune femme avait répondu à ses questionnements concernant l'étrange tableau qu'elle regardait. Si c'était une manière de représenter la vie, l'auteur devait en avoir une vision assez sombre... Peut-être un travail de questionnement sur la laideur et la beauté toute subjective ? Mais chez les sorciers on avait rarement de l'art pour de l'art. Le grand courant de la peinture sorcière se résumer à peindre des personnages existants pour leur donner une seconde vie dans une illustration. Mais si comme elle le disait il s'agissait d'une manière de représenter la vie, il y avait bien une seconde vie. Quant au personnage qui l'intégrait il était dur de deviner qui cela pouvait être.

Le tableau commenta l'interprétation de la nouvelle venue avant elle : "Voyez ? Ce sont vos yeux qui ont un problème !"

La professeure souffla du nez, agacée et amusée à la fois par la situation. Sa vue avait toujours été bonne, mais sa vision des choses elle... toujours très terre à terre. Trop peut-être ? Elle se força à tenter de voir au-delà des apparences mais pour elle l'exercice constituer à chercher un dessin caché, une énigme et pas un sens philosophique : " Eh bien je vois qu'on vous a volontairement raté, ça c'est plutôt clair. Et vous petit être de peinture, qui êtes-vous censé être ?"

Le tableau ne répondit pas de suite. L'arrivante posa une question à laquelle elle avait la réponse. Étonnant d'ailleurs qu'elle connaisse sa profession, pensa Naomi. Peut-être était-elle voyante ? Ou bien elle avait entendu parler d'elle et savait la reconnaître. La professeure s’inquiéta qu'on puisse la caractériser par sa canne. La dernière chose qu'elle voulait était d'être vue par tous comme une personne aux abilités physiques réduites et pas comme une botaniste émérite. Elle passa outre et nota tout de même que la femme s'adressait à elle avec le masculin. "Quoi je ressemble à un homme en plus ?" se demanda t'elle. Mais soupçonnant que son interlocutrice puisse avoir des problèmes de vision, puisqu'elle aussi avait des yeux incapables de voir de l'apparence, elle se contenta de rectifier : "La nouvelle professeure de botanique oui. Je suis une femme. Mais comment l'avez-vous su ?" demanda t'elle bien qu'effrayée par la réponse.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

11 nov. 2019, 19:15
Une histoire d'Art  privé 
Amasser les meilleurs intentions du monde... quand vous êtes jeune, vous êtes maladroite et il peut manquer un atout clé de la vie en société, le sens de la répartie. Circéia avait trop bien deviné. Mais elle n’avait pas su le garder pour elle. Trouver une parade constructive, vite, même si personne ne serait dupe... Pourtant, et en cela Circéia était-elle une Serpentard typique, le mensonge n’était pas son fort. Au sens où, à ses yeux, la faute n’était pas assez grave pour justifier de chercher un expédient ; "c’est ma mère qui me l’a dit"…."j’ai entendu parler de vous dans les couloirs il n’y a pas cinq minutes"... Oui, les idées lui venaient presque naturellement. Mais l’envie, la nécessité faisaient défaut.

- Qui que l'on soit, on est tel que le peintre l'a imaginé. Et s’il nous a fait ainsi, c’est à cela que nous ressemblons.

Le troisième larron l’aidait, pour un temps, à esquiver la question difficile. Durant son enfance, Circéia n’avait pas côtoyé le handicap, quel qu’il fut. Elle n’en avait qu’une intelligence très abstraite. Les handicapés sont des êtres identiques aux autres, ils ne sont pas moins. Encore moins inférieurs. Toujours ce sentiment de la justice, de l’équité, une vision du monde qui ne l’abandonnait jamais vraiment. Le ton avait été un peu ferme, il ne faut pas se laisser insulter par les personnages de ces tableaux, Circéia l’avait compris au fil de ses années d’étude. Et même si les cachots n’étaient pas le lieu le plus décoré de ce point de vue, elle avait pu s’exercer à l’art de remettre en place les bougons. Mais la professeure n’était pas en reste. Circéia ne montrait que rarement ses émotions, cela semblait davantage le cas de cette femme, à moins qu’il ne s’agisse du caractère.

- Ces tableaux remplis d’irascibles m’ont toujours horripilée.

Elle avait trouvé une idée, restait à l’amener avec délicatesse.

-…en plus, il est peut-être cabossé mais il a quelque chose cet homme…

Le regard posé sur la toile, elle poursuivit.

- Je n’avais pas beaucoup de chance de me tromper, vous êtes la seule nouvelle enseignante cette année,  je crois !?!

Habile façon de mettre sur son dos la pression d’une erreur possible sans parler de cette canne qui n’était pour Circéia qu’un aléa de l’existence, sans doute très pénible mais qu’y pouvait-on ? Elle ne serait ni compatissante ni indifférente, tant qu’on ne lui parlait pas de Mère et ses foutues plantes écossaises, rien  ne l’insupportait en Botanique. Elle se dit seulement qu’il valait mieux éviter de parler de madame Kwon. Les professeurs n’aiment jamais entendre que leur prédécesseur était excellent, compréhensif, doux, attentionné… empli de toutes les qualités du monde qu’on redoutait ne pas retrouver. La question ne serait pas là entre elles mais il valait mieux faire attention. Et puis, dans le tableau, le personnage fulminait en préparant une sortie pour le moins discourtoise.

- Je suis ce que je suis mais je n’ai pas votre goujaterie…

- Peut-être un ersatz de Picasso ?! Vous connaissez ce peintre espagnol moldu ?

Pour un devoir d’étude des moldus, Circéia avait étudié le cubisme, une façon finalement assez brutale de résumer certains traits du visage  de l’homme qui les toisait avec mauvaise humeur et grossièreté affleurante.
Elle se souvenait surtout d’un tableau intitulé « la ville de Paris », qui l’avait aidé à comprendre les intentions de ces artistes. Elle était entrée en peinture par les russes une fois encore… Kandinsky, Malevitch. Mais elle n’y connaissait pas grand-chose en fait. Juste des bases, elle préférait les choses en mouvement, les éléments dynamiques, non finis. Pour elle, une partie d’échecs demeurait la plus belle expression des possibilités de l’existence. Les peintres de cette époque avaient un rapport à la couleur qui la questionnait. Et ce peintre français avait dit beaucoup de son art en une seule toile.
Ainsi aurait-elle pu chercher à exciter le portrait. Mais ce n’était pas dans sa nature de provoquer.

- Vous osez mettre sur le même plan un enfant moldu et l’homme qui a réalisé ce chef d’œuvre ?

- Tu n’as pas besoin d’être méchant pour exister tu sais !?!

On ne faisait pas grand cas des auteurs dans le monde la peinture sorcière. Les tableaux avaient une fonction… cathartique, apaisant la douleur de la séparation. Et les côtés pratiques l’emportaient sur l’expression des profondeurs de l’artiste. C’est ce que le personnage évoquait à sa manière. Et qui agaça Circéia au point de le tutoyer, chose très rare de sa part… mais elle ne parlait qu’à une image et pas à un être de chair et de sang. Comme pour démontrer au vieux ronchon qu’il n’était pas le centre du monde, elle regarda la professeure et lui dit enfin.

- Veuillez m’excuser, je ne vous ai même pas demandé votre nom….

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13 nov. 2019, 16:09
Une histoire d'Art  privé 
Être tel que le peintre l'a imaginé signifiait que l'on devait notre existence à un être supérieur, chose à laquelle Naomi ne pouvait se résoudre à croire. Et même si le peintre daignait se considérer sur un plan d'égalité ou d'infériorité avec sa création, elle était seule peintre d'elle-même. Le tableau devant elles, avait bel et bien dû subir le sort infligé par le pinceau. Quelque chose que la professeure ne laisserait jamais arriver à elle-même : "Ce tableau peut-être. Moi je suis telle que je me suis construite. Nombreux ont donné des coups de pinceaux, plus ou moins importants, à l'ensemble, mais le maître d'œuvre, cela reste moi."

La professeure savait peut-être faire fausse route, mais il lui avait bien semblé que par l'utilisation du "on" la jeune fille avait voulu généraliser au vivant. C'est pourquoi elle s'était enquise avec fierté de défendre ce qu'elle était. Bien sûr, elle était ce qu'elle voulait, mais bien des choses l'avaient changé. Alice, le dragon, ses parents, les pétasses, Dom, sa période sans emploi, et même ce qu'elle avait mangé ce midi. Tout. Mais même avec tout ça elle restait propre à elle-même. Elle n'était pas l'un de ces tableaux immuables et dessinés par un seul artiste.

La professeure ne rebondit pas sur la phrase qui suivit. Elle ne savait pas vraiment quel critère rendait un tableau irascible... Elle supposa que celui-ci l'était, puisqu'il se montrait plutôt pénible.
Quant au fait de trouver quelque chose à cet homme, Naomi ne lui aurait certainement rien trouvé même dessiné à la perfection. Il était physiquement intéressant puisque très différent de l'humain ordinaire, mais on pouvait l'imaginer comme une interprétation comme l'avait dit plutôt la jeune fille.

" Oui, seule nouvelle. Vous étiez donc là l'an dernier ?"

Naomi avait bien noté que la jeune femme avait omis, peut-être volontairement, de se présenter. Elle ne savait pas ce qu'elle cachait, mais cela ne la rassurait pas et elle restait crispée sur sa baguette.

Elle fut distraite par le tableau la traitant de goujate. "ça c'est la meilleure" pensa t'elle.
Et la conversation qui en suivant confirma ces craintes, le personnage à défaut d'être agréable ne manquait pas d’ego. Ainsi la solution pour le faire parler devait sans doute être la flatterie. Naomi choisit donc d'essayer de marcher dans le sens du bonhomme carré : "Et une œuvre aussi...parfaite, aurait-elle été créée par un Homme ? Car je n'en connais pas un qui soit capable d'une si belle chose..."

La jeune fille demanda ensuite le nom de la professeure, lui rappelant une fois encore qu'elle-même ne s'était pas présentée. Naomi toujours un peu sur la défensive fût directe : "Je vous le donnerais, si vous daignez me donner le vôtre."

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14 nov. 2019, 20:26
Une histoire d'Art  privé 
- Circéia Sergueïeva Alekhina.

C’était la première fois qu’elle se nommait ainsi, par son nom entier. Une forme de refus de se plier au jeu que la professeure cherchait à lui faire jouer. Ce prénom paternel qu’elle exécrait représentait une façon pour elle de se renier. Avec un plaisir tout intime, elle se cacha donc derrière ce paravent pour ne pas donner d’elle ce qui était pourtant énoncé. Circéia  Alekhina, si longtemps Alekhin. Et c’était peut-être sous ce nom-là que la professeure la connecterait à sa mère. A moins qu’elle ne connaisse de sa consoeur que le nom de jeune fille ; Gunnray. Depuis peu, l’étudiante éprouvait un certain plaisir à ne pas plier aux injonctions. Les premiers cours de l'après Poudlard l’avaient marquée au point de changer radicalement sa vision de la vie.

- J’étais en Septième année, effectivement…

- Une gamine… tu m’étonnes qu’elle soit insolente, avec les professeurs d’aujourd’hui, on ne voit plus que cela, des limaces incapables de la moindre magie acceptable.

- Tu devrais faire attention à ton nez, j’ai peut-être les moyens de le rectifier plus qu’il ne l’est déjà.

- Petite effrontée, tu mériterais…

Et dans un dédain surjoué, le personnage préféra se retenir et quitter le tableau. Les deux femmes se retrouvaient seules dans le couloir, pour un temps au moins car Circéia était persuadée qu’il ne tarderait pas à revenir. Une fois le grand guignol évaporé, le tableau n’était vraiment plus le même ; il régnait paix et douceur dans ce paysage improbable. Un arbre de Judée, et au loin les montagnes alpines. Un jeu de lumière devenu classique depuis les artistes de la renaissance moldue, un jeu mais très bien exécuté et s’il manquait le héros du tableau, on sentait sa vacuité par le fait que même vide, il restait équilibré, presqu’idéal.

- Il est plus joli sans lui vous ne trouvez pas ?

Circéia n’était pas pressée d’obtenir la réponse quant au nom, elle pourrait le savoir sans difficulté. Non. Elle préférait ne pas insister sur le sujet puisque la dame avait donné le ton d’une relation… marquée par une froideur qu’elle n’avait pas imaginée au départ. Mais après tout, la professeure avait tout à fait raison, Circéia avait agi de manière cavalière, devant donc reconnaître que l’on doit être deux pour entrer dans l’atmosphère particulière d’un musée. A bien y réfléchir, et du peu qu’elle pouvait en conclure, son ainée n’avait pas regardé le tableau par une recherche esthétique, ou alors elle avait une idée en tête qui n’était pas la sienne. Du coup, sa dernière question allait sans doute être l’objet d’une nouvelle secousse, une réplique comme elle venait déjà d’en entendre une. Patiente, elle continua de scruter les embus, plus nombreux qu’il n’y paraissait de prime abord. Ce tableau recelait des zones d’ombre presque parfaitement disposées. Comme si l’artiste avait voulu indisposer son personnage. Des… punaises dans la peinture, ou bien des moustiques alimentant le paysage en autant d’éléments agaçants. D’où le caractère du bonhomme. Vengeance à l’encontre d’un mécène disgracieux ou réalité que le payeur n’avait pas su voir à l’origine ? Un tableau cache systématiquement des repentirs, que les spécialistes aiment à traquer. Pour un sorcier, il est très facile de les découvrir dans un tableau moldu mais dans une toile faite par un sorcier, c’est bien plus complexe car tout peut s’animer au gré des mouvements du personnage. Dans ce tableau, précisément, les repentirs étaient les embus. Mais définitivement, ils étaient trop nombreux pour que cela soit… normal. Alors elle s’approcha pour y voir clair. Mais les aspérités de lumière ne se donnent pas en toutes circonstances. Et lui vint, tandis qu’elle ne trouvait pas la réponse, l’idée que les embus se logeaient ailleurs en l’instant, dans le corps meurtri de cette femme sans doute blessée au plus profond, qui le maquillait par ses propres aspérités. Aussi la jeune femme eut-elle honte d’avoir été aussi intrusive.  Et dans un mouvement lent, elle la regarda dans les yeux, comme pour chercher ce qui se nichait au fond de cette personne à trois pattes. Et ses yeux noirs, qui n’exprimaient rien, fixaient l’autre paire, à moitié refermée, comme les volets d’une maison délaissée depuis trop longtemps et dont le crépi entame sa dégénérescence.



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20 nov. 2019, 18:21
Une histoire d'Art  privé 
Alekhina. Finalement soulagée d'obtenir ce nom, Naomi se demanda si elle ne l'avait pas déjà entendu. Elle aurait juré qu'il lui disait quelque chose... Mais si la jeune femme était une ancienne élève il était probable qu'elle l'ai déjà lu en salle des trophées ou alors qu'elle l'ai entendu de la bouche de ses collègues. Elle ne chercha donc pas plus longtemps dans sa mémoire tangible.

Le comportement qu'eut le drôle de personnage auquel la professeure s'adressait à l'origine l'étonna grandement. Il était d'une rare impolitesse. Décidément pas une oeuvre d'art qui donnait envie d'être regardée bien longtemps... La comparaison des élèves aux limaces arracha un rire à Naomi bien qu'elle suivait une remarque sur l’incompétence des professeurs. Les limaces en effet, étaient l'un des plus grands ennemis de la botaniste, qui s'évertuait à les faire fuir de ses serres. Rien ne suffisait pour se débarrasser d'elles. Elle doutait même que la magie noire puisse y parvenir. Elle fit donc remarquer : "Oh les élèves sont bien moins coriaces que des limaces. Et heureusement ! "

Il ne fallut guère plus de temps à ce que l'élève achève le personnage cubique. Celui-ci s'en alla, laissant dans le couloir un grand silence bienvenu. En partant, il avait dévoilé l’entièreté du paysage. Bien qu'elle n'ai jamais été sensible à l'art et à toute notion de beauté, Naomi accepta le fait que le tableau était indéniablement plus beau ainsi : "Il est plus joli selon la définition que vous donnez au beau... Mais si cela ne tenait qu'à moi de l’affirmer je vous répondrais que c'est mieux ainsi, et que c'est peut-être là ce que nous devions voir."

Naomi restait tout à fait paumée, sa question originelle s'étant perdu dans une conversation aux acteurs surprenants. Mais au moins elle put prendre un instant pour réfléchir à l'art en général. Ses seules connaissances à ce sujet lui venaient d'Alice, qui adorait les musées, moldus comme sorciers. Ici les couleurs avaient été choisies avec soin, et plus ou moins harmonisées pour que les dégradés donnent l'illusion d'une profondeur. Souvent, les tableaux nous envoyaient plus loin, nous faisaient voyager dans le lieu parfois imaginé qui les avait inspirés. Naomi quand elle voyagea à travers ce tableau, se prit immédiatement à en imaginer la flore en détail. Asphodèles, champ de tournelunes, menthes et origan... elle s'interrompit sous le regard de sa collègue sorcière. "Ah oui, j'avais dit que je lui donnerais mon nom !" se souvint-elle : "Miss Bergsturm. Mais ce sera Naomi pour vous, puisque vous n'êtes plus élève."

La professeure oubliait souvent les normes de politesses, certainement à cause de l'indifférence qu'elle vouait à ce que l'on pouvait penser d'elle. Un jem'enfoutisme qu'elle réservait aux inconnus le plus souvent. Il fallait dire qu'elle avait été habituée à accepter que peu importe ces actes et ces paroles, elle serait toujours jugée et négativement en prime.

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

21 nov. 2019, 09:46
Une histoire d'Art  privé 
Placer Circéia dans une situation de conflit était un sport national à Poudlard. Et la professeure venait sans s’en rendre compte le moins du monde de le faire. Car chez les Alekhin, on ne tutoyait pas l’adulte. La bienséance était d’attendre longtemps avant d’appeler les gens par leur prénom. Elle se voyait encore comme une enfant, même si elle ne l’était plus, elle avait encore des traces de ce passé récent en elle. Le vernis était frais. Pourtant, ne pas le faire revenait à offenser la personne. Et cela, elle ne le pouvait pas non plus. Un dilemme comme la vie d’adulte en propose quotidiennement pour les impétrants. Il ne lui était pas forcément désagréable d’imaginer avoir une relation d’égalité avec un professeur, d’autant qu’elle était venue…ici pour davantage encore. Il fallait le faire, comme un rituel nécessaire, d’autant plus important que le naturel serait la condition de la réussite. Parler calmement, comme si de rien n’était, ne pas montrer la gêne que lui procurerait cette promiscuité. Cela faisait beaucoup. Dans le même temps, elle avait elle-même placé la relation dans un cadre intime, celui d’un musée que l’on arpente avec avidité, ferveur, plaisir des tableaux, des voyages uniques que chacun permettait.

- Si vous y tenez…

En fait, tous les professeurs de l’institut lui imposaient cette règle, cela n’aurait pas dû la remuer. Mais elle était à Poudlard et tutoyer une institution relevait d’une autre audace, celle d’accepter qu’on en était sortie, et que l’on ne reviendrait pas en arrière. Elle en venait presque à s’étonner de ne pas la voir demander le tutoiement. A moins que ce ne soit sa prochaine demande. Le ton vif et acéré qui était le sien laissait à penser que ce pourrait être son genre de manière, enfoncer le clou pas à pas, méthodiquement. Un vrai professeur. Une femme en plus, tout pour constituer un aiguillon sans fin. J’appréciais, et redoutais car l’expérience m’avait poussée à conclure que les professeures étaient bien plus tenaces et exigeantes que leurs congénères masculins. Si bien que je me méfiais d’elles. Les hommes me donnaient l’impression de posséder une faille propre à ce qu’ils étaient. Des hommes, dont les pulsions, que je ne comprenais pas comme telles, permettaient de les orienter « favorablement ». En cela le personnage du tableau et sa grandiloquence étaient l’archétype du mâle d’un autre âge ; dominateur, sûr de lui, arrogant, presque ignorant de ce qu’était une femme. Le monde sorcier croyait être bien plus avancé que celui des moldus quant à la cause féminine mais, du haut de ma grande expérience…, j’avais pu toucher du doigt qu’il n’en était rien. La magie donnait l'impression de nous mettre à égalité mais les sortilèges d’entretien, c’était pour les femmes, les soins à Saint Mangouste aussi. La statistique du nombre de femmes à la t^te du ministère, édifiante, ne faisait que confirmer la règle. Ces questions ne me concernaient pas, considérant qu’une sorcière devait tout d’abord exister par elle-même, je n’envisageais pas de lutter pour elles, nous. Si le déséquilibre était plus sourd que dans le monde moldu, il existait. Et il ne fit que le confirmer, une fois encore.

- J’espérais au moins que le professeur saurait corriger l’enfant. Je vois que l’autorité est une vraie déliquescence de nos jours.

Définitivement, ce tableau perdait le peu de beauté, cachée dans la seule technique mais tout le monde n’a pas le talent des grands maîtres, qu’il possédait dès que le personnage ronchon l’honorait de sa présence. Je ne comptais pas lui faire remarquer qu’il était odieux de dire les choses sans les dire, de viser la faiblesse des femmes sans oser démontrer sen sentiment de supériorité. Il n’attendait que cela pour jouer les offusqués. Le provocateur est accompagné par la ruse de l’intelligence, un très ancien concept que beaucoup manipulent sans même s’en avoir conscience.

- Naomi… ne trouvez-vous pas que les hommes ont un déficit de vocabulaire quand ils s’en prennent à nous ?

Il nous arrive de prononcer des phrases dont on ne sait pas même comment elles ont pu sortir de nous. Des oukazes, des vérités ou de simples proverbes. Parfois même la formulation d’une loi… je venais de faire de l’esprit, tout en parvenant à lui parler comme si nous étions sœurs. A tout prendre, j’aimais bien ce moment.

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30 nov. 2019, 08:00
Une histoire d'Art  privé 
A la surprise de Naomi le personnage du tableau finit par revenir pour leur faire part de son commentaire personnel. La professeure s'exclama : "Ah bah te revoilà toi ! Tu nous as pas manqué monsieur carré..."

Sa remarque de plus, était impertinente. La jeune femme à ses côtés n'était plus une élève, il n'y avait aucun inconvénient à ce qu'elle la nomme par son prénom d'autant qu'elle n'avait jamais été sa professeure. Pour Naomi elles n'étaient que des inconnus sans relations prédéfinies. Elles deviendraient ce que donneraient leurs interactions, mais il n'y avait aucun besoin de les éloigner l'une de l'autre par des marques de respect désuètes. Elle le lui signifia ; "Ce n'est plus une élève, elle peut m’appeler comme je souhaite qu'elle m'appelle."

- Ce n'est pas là le problème ! Le problème est qu'elle ai eu l'audace de croire que ce tableau pouvait être plus beau sans moi, et que vous avez confirmé ses sornettes !

- Je suis une professeure qui dit ce qu'elle pense !

Naomi pouffa. Il se prenait trop au sérieux ce bonhomme-là... Elle n'aimait particulièrement pas les gens arrogants, et préférait leur rire au nez que de leur répondre. L'homme dépeint ici était des plus agaçants et elle se trouva chanceuse de ne pas avoir pu lui demander son chemin car à coup sûr il l'aurait envoyé balader. La situation lui sembla d'un coup un peu étrange ; deux femmes au milieu d'un couloir à parler à un tableau raté. C'est cette scène dans son ensemble qui formait un drôle de tableau.

A la remarque de la plus jeune Naomi tilta. Finalement peut-être devait-elle reprendre sa place de professeure pour apprendre quelque chose à la jeune fille... Elle n'aimait pas la césure que l'on faisait entre hommes et femmes. Bien trop souvent on attribuait certains traits à l'un ou l'autre des deux sexes de manière injuste et loin d'être scientifique. L'un des plus grands leitmotivs des penseurs de ce sujet était de ne pas confondre corrélation et causalité. Pour Naomi c'était vrai, et il fallait abandonner l'idée de voir différemment une personne parce qu'elle avait un sexe ou l'autre. Les dimorphismes sexuels chez l'Homme étaient peu présents qu'ils le veuillent ou non, il ne servait à rien d'essayer de trouver de nouveaux caractères différents pour scinder encore plus l’espèce en deux.

La professeure lui répondit avec lassitude, un peu fatiguée de ce débat qui perdurait encore en 2044 ; "Circéia...Sans vouloir te fâcher, je crois que cet homme-là est un goujat, et qu'il ne faut pas faire une généralité de quelques cas isolés. Je ne suis pas sûre que le sexe et le déficit de vocabulaire aient un rapport..."

Pas qu'elle soutenait le ton paternel pris par certains hommes pour s'adresser aux femmes ou qu’elle les défendait, bien au contraire, mais il fallait différencier ces hommes-là des autres. Ne pas tout mettre dans le même panier. Eux étaient une bande d’arriérés. Naomi ajouta même avec un humour assez polémique ; "Si tu n'as rencontré que des hommes comme lui, tu n'as pas dû en aimer beaucoup !"


Sachant qu'elle s'orientait sur une pente glissante la professeure préféra changer de sujet ;

"Et donc, puis-je te demander ce que tu fais là ?"

"Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme." Desproges

01 déc. 2019, 19:07
Une histoire d'Art  privé 
Comment nomme-t-on cet état plongeant les plus forts d’entre nous dans une situation d’indisposition totale ? A ma façon, j’étais en train de recevoir une énième leçon de vie. Pas une leçon de magie, non. Et aucune nostalgie du temps passé ici. Je n’avais pas exploré certains aspects de la vie des filles de mon âge. Et les émois du cœur constituaient à l’évidence un sujet qui me laisserait sans voix, je rendrais parchemin blanc. Il n’était pas question de lui avouer mes espoirs fantasmés. D’ailleurs, à ce moment de la semaine, je n’avais pas encore tout à fait compris ce que je faisais ici. Je nageais en plein mensonge, refusant d’admettre que j’étais venue pour lui, et sous des prétextes particulièrement fallacieux.  Un hibou lui proposant de m’accompagner au bal, son refus… mais j’étais quand même venue. Mon idée serait de lui rappeler ce que l’on s’était dit un jour, dans son bureau. Qu’il pourrait m’aider dans un travail que j’aurais à effectuer pour mes études. Je tenais là un alibi parfait. Que je n’utiliserais qu’en dernière instance, et uniquement face à lui. Je n’avais pas intérêt à dévoiler mes bobards à quelqu’un d’autre. Et surtout pas à quelqu’un doté d’un esprit aussi vif que cette Madame Bergsturm. Je n’avais aucune intention de me montrer à lui avant le bal. Ayant planifié de préparer ma robe dans la salle sur demande, j’avais une journée de travail et disparaitre me serait facile. Elle pourrait lui révéler ma présence mais comment saurait-elle qu’il s’agissait de lui ?

- Je suis venue voir un ami.

Le ton était neutre mais je pense que mes joues, même légèrement poudrées, devaient témoigner d’une certaine nervosité. Il n’est pas si aisé, quand le sujet vous touche au plus intime, de ne rien montrer. Je faisais mine d’être légère, comme superficielle mais il était évident que je n’y parviendrais pas totalement.

- Et je tombe sur un rustre…

Celui-là allait m’aider finalement. Je pourrais me servir de lui le temps de faire diversion.

- Vous avez raison, les gens ne sont pas tous à ranger dans les mêmes boîtes. On a vite fait de cataloguer.

Pour sûr. J’aurais bien aimé savoir dans quelle catégorie d’élève elle me rangerait. Sans me connaître, sauf d’extérieur.  A qui, à quoi pouvais-je bien ressembler ? La question valait son pesant de gallions. Je pensai à sa canne, elle était peut-être une ancienne auror ayant eu maille à partir avec des mages noirs. Une femme dangereuse ce faisant, capable de délier tous les mystères et qui saurait vous réduire en miettes plus vite que je ne l’imaginais. Un être semblable à moi en taille. Et je savais de ma maigre expérience qu’il ne fallait surtout pas se fier à ce genre de trompe l’œil. De même que cet homme dans le tableau faisait tout pour cacher son vrai mystère, elle détenait ses secrets que rien au monde ne pourrait mettre au jour sans son accord. J’avais peut-être une chance de la voir oublier le sujet de ma présence, si je faisais en sorte de détourner son attention. Je devrais me risquer à donner une piètre image de moi mais s’il le fallait, c’était un prix modique, bien plus abordable que de devoir se justifier d’être là pour Rhys Saunders, le sorcier aussi beau qu’inaccessible. Oui, j’étais prête à fixer sa canne pour faire croire que je me questionnais sur son origine plutôt que de céder du terrain sur le seul sujet occupant vraiment mes pensées profondes. Je faisais, outre le reste, l’expérience de l’obsession. Disons plutôt la montée en puissance de quelque chose d’incontrôlable, qui me ferait réaliser des actions audacieuses. Et peut-être d’autres bien plus répréhensibles. Je me sentais prête à presque tout. Mais je ne devais pas gâcher mes chances dès mon arrivée.

- Alors la gamine !!! Tu n’oses pas lui demander comment elle s’est fait ça hein ? Et c’est moi qu’on traite de goujat ?

Le salut. Au moins jusqu’à la prochaine parole professorale.

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...