.......MISSION N°5 : Question pragmatique
Nombre de points : 4 points par post
Participants : @Edward Penwyn et Ruby Everheart
Lieu : Poudlard
But : La jeune Ruby, élevée par deux parents sorcier vient d'apprendre l'existence des cours d'Etude des moldus. Elle a bien du mal à comprendre l'intérêt d'une telle matière. Avec son impulsivité habituelle, elle saisit sa chance d'interroger le premier concerné lorsqu'elle croise le professeur Penwyn. [Chaque post devra faire 440 mots minimum]

Cela faisait exactement une heure et trente-sept minutes que Ruby, acharnée, planchait sur ses devoirs. L'atmosphère de la pièce en devenait étouffante : on pouvait sentir les cerveaux chauffer, et les plumes transpirer leur encre. L'odeur de parchemin qui régnait dans l'air commençait à devenir âcre pour la jeune élève, qui avait bien hâte de sortir de cette salle.
Les neurones de la fillette, quant à eux, lui semblaient réduits à néant. Après ces longues, longues minutes d'intense réflexion, Ruby sentait ses pensées divaguer, sans n'avoir plus aucun contrôle sur celles-ci. Son esprit papillonnait, totalement ailleurs, et son regard se posait çà et là. Observer les autres élèves avait quelque chose d'amusant, au fond ; leurs traits tirés par la concentration auraient presque arraché un rire à la petite Everheart. Avait-elle cette même expression lorsqu'elle s'employait à faire ses devoirs ?
Chacun, remarquait-elle, organisait sa table selon son envie. Son voisin de droite, par exemple, avait face à lui son encrier, et à sa gauche son manuel. L'intitulé interpella vivement Ruby : "MANUEL D’ÉTUDE DES MOLDUS". Avait-elle bien lu ? Elle ne connaissait pas cette matière. Que pouvait-on bien lui trouver ? L'incompréhension était totale chez la petite, élevée par deux parents sorciers, mais Ruby ne demandait qu'à être éclairée. Elle n'osa pas demander à son voisin, qui lui paraissait bien trop absorbé dans sa rédaction, mais se promit d'en savoir plus dans les jours à venir. Estimant que son esprit s'était suffisamment diverti, Everheart se replongea avec attention dans sa tâche, les idées troublées.
Enfin, après une dernière ligne couchée sur le papier, ce fut l'heure pour Ruby de s'échapper. Ramassant livres, plume et encrier, elle passa la porte sans un regard en arrière. Après avoir inhalé cet air frais qui lui avait tant manqué, Ruby poussa un soupir de soulagement. Mais la vision du mystérieux manuel lui trottait toujours dans la tête...





Ruby s'était finalement renseignée sur l'identité de l'adulte enseignant cette matière ; il s'agissait du professeur Penwyn. Un grand brun et barbu, lui avait-on soufflé en Salle Commune. Ni le nom, ni la personne ne lui disaient quelque chose.
La jeune sorcière marchait, perdue, une fois de plus, dans ses pensées. Pensées qui étaient totalement accaparées par l’Étude des Moldus, bien sûr.
Everheart releva la tête, dégageant une mèche de cheveux de sa vision, quand soudain, elle aperçut à l'angle du couloir une silhouette masculine plutôt hirsute. Consciente de sa chance, la petite écarquilla les yeux et accéléra le pas pour parvenir jusqu'à lui.

« Monsieur ! »

Essoufflée malgré la courte distance, Ruby s'approcha de l'adulte, le cœur battant. En face d'elle se tenait bel et bien l'homme qu'elle avait reconnu, le professeur Penwyn. L'air étonné, celui-ci interrogeait clairement du regard cette Première Année, qu'il n'avait pas en cours et qu'il ne connaissait pas. La jeune sorcière s'empressa de s'expliquer :

– Excusez-moi Monsieur. Je suis Ruby Everheart, élève de Première Année à Gryffondor.

Précision bien superflue, sa robe de sorcière indiquait ouvertement son appartenance. Mais les présentations étaient faites, du moins de son côté, et la fillette poursuivit sur sa lancée.

– Voilà, je me posais quelques questions à propos de la matière que vous enseignez... Sans vouloir vous vexer, je ne vois pas l'intérêt d'étudier les Moldus...

Ruby souffla. Elle avait dit ça de sa petite voix aiguë, pendant que M. Penwyn l'incitait à continuer.

– Mais... Si vous pouviez m'aider à mieux comprendre...

Elle allait enfin obtenir, elle l'espérait, des réponses à ces questions qui la taraudaient tant depuis deux jours.

Halloween approchait à grand pas et les élèves que le professeur Penwyn avait chaque jour en cours devenaient de plus en plus excités à l'idée de participer au bal organisé pour l'occasion. À les entendre, il s'agissait de l'événement social de l'année à ne pas manquer. Las de les entendre bavarder sans cesse durant ses classes, Edward avait décidé de modifier un peu son programme de cours. Il avait à l'aide d'un rétroprojecteur enchanté, passé un film d'épouvante classique afin de faire découvrir un peu plus la culture des non-magiciens à ses cinquièmes années.

L'effet escompté était arrivé. Intrigués, passionnés, terrifiés par ce film, les élèves n'avaient pas ouvert la bouche une seule fois hormis pour retenir quelques cris sur certaines scènes. Dix minutes avant la fin du cours, le professeur avait fait un tour de table des étudiants pour recueillir leurs impressions et discuter avec eux des étapes caractéristiques que tout bon film d'horreur se devait d'avoir. Lorsque la sonnerie retentit, il laissa les enfants sortir de la salle avec un sourire sur les lèvres : le professeur avait réussi son objectif et le cours s'était déroulé convenablement dans son ensemble. Il était 16 heures de l'après-midi, il avait une heure de libre avant d'enchaîner le dernier cours de la journée avec les troisièmes années.

Profitant de ce moment de répit où il n'avait aucun élève dans les pattes, Edward choisit de se diriger vers ses appartements afin de répondre à une correspondance que sa compagne lui avait envoyé plus tôt dans le matin. Avant de devenir professeur à Poudlard, le couple s'échangeaient des messages avec des smartphones, mais puisque les nouvelles technologies moldues ne fonctionnaient pas à Poudlard - et que le réseau de son opérateur de téléphonie ne couvrait probablement pas la zone - ils avaient dû retourner à une méthode de communication plus archaïque. Plume, encre et hibou.

Après avoir tourné à droite et monter quelques marches d'escaliers, il fut interrompu par la voix d'une jeune fille l'appelant. Se retournant, l'homme regarda avec un sourire bienveillant l'enfant et écouta ce qu'elle avait à lui dire. Elle se présenta comme étant Ruby Everheart, une élève de la maison Gryffondor en Première Année et disait avoir des questions à lui poser sur la matière qu'il enseignait. Ne l'ayant pas en cours, il ne la connaissait pas du tout. D'un signe de la tête, Edward l'invita à continuer et fit une légère grimace lorsque la fillette dit qu'elle ne voyait pas l'intérêt à étudier les moldus. Poussant un petit soupir, le Gallois regarda Ruby dans les yeux quelques instants avant de lui répondre :

- Bonjour Mademoiselle Everheart. Vous ne me dérangez pas, c'est mon rôle de vous aider du mieux que je peux.

C'était faux. Il n'avait que bien trop de temps pour monter jusqu'à ses appartements et répondre à sa correspondance avant son prochain cours, mais Edward était bien trop poli et courtois pour laisser transparaître le moindre signe d'impatience sur son visage. Si la jeune fille était venu le voir, c'est que ses questions lui taraudaient l'esprit et qu'il dénouerait un bon problème en répondant à ses questions. Il prit quelques instants pour réfléchir et dit :

- Quelque soit votre statut de sang, il est utile de savoir ce que nos homologues non-magiciens sont et font. Pour des Nés-Moldus, il s'agit de poursuivre l'apprentissage du monde dans lequel ils ont grandi et ont été arrachés à onze ans. Pour les autres, il s'agit de découvrir un univers bien différent du monde magique, voir qu'il est possible d'accomplir de grandes choses sans utiliser une quelconque magie.

La cage thoracique de Ruby s'affaissa net, après avoir déversé tous ces mots au visage du professeur. Everheart sourit naturellement, prête à entendre ce que monsieur Penwyn allait lui apprendre. Avec la plus grande bienveillance, il lui répondit, expliquant d'une manière compréhensible l'utilité de sa matière.

– Je vois...

C'était à moitié vrai. Quelques termes lui parlaient vaguement, la faisaient légèrement s'identifier à un élève d'Etude des Moldus. Leur monde l'intéressait. Un peu. Après tout, elle appréciait s'attarder sur les gros titres de la presse moldue, devant les kiosques à journaux londoniens. Elle aimait s'informer sur leur monde, se tenir au courant de ce qui s'y déroulait. Et puis, il fallait bien l'avouer, la fillette avait l'habitude de lorgner sur les beaux livres reliés qui s'étalaient derrière les vitrines des librairies. Ruby faisait souvent ça, lorsqu'elle se promenait avec sa famille dans les rues de la capitale. Les bouquins ne dataient pas d'aujourd'hui, mais du haut de ses onze ans, et même avant, la fillette leur trouvait un charme fou. La lecture la reliait décidément au monde moldu. Mais était-ce assez pour intégrer la classe ? Ruby repensa à l'élève qu'elle avait remarqué, deux jours plus tôt. Il avait obtenu ce droit d'entrée, lui !

– Pourquoi est-ce que je ne suis pas vos cours, Monsieur ?

C'était une question toute simple. Toute bête. Une de plus que se posait Ruby, la Première Année qui en découvrait, des choses, sur sa scolarité. Oh, elle ne voulait pas non plus assommer monsieur Penwyn de questions qui lui paraîtraient bien négligeables. Alors elle attendit, et se tut, en ouvrant la vanne du flot de ses pensées pour patienter. Comme elle le faisait souvent.

"Et que diraient mes parents si je venais à suivre des cours portant sur les Moldus ?"

D'accord, Eileen et Alexander Everheart n'avaient jamais exprimé clairement, ou de quelque manière qui soit, leur aversion envers ces gens. Devant leurs filles, leur avis restait neutre. Il leur arrivait, plutôt régulièrement même, de fréquenter des bâtiments moldus ; tenez, le célèbre Royal Opera de Londres par exemple. Un des endroits favoris de Ruby dans sa ville. Ce qui s'en dégageait, c'était si... Ah, c'était un lieu moldu merveilleux, et, pur paradoxe, il lui semblait rempli de magie.
Mais combien de fois avait-elle entendu le mot Sang-Pur résonner entre les murs de leur demeure ? Les Everheart semblaient très attachés à leur Statut de Sang. Digne lignée, au sang pur depuis plus de quatre générations - c'était quelque chose. Cette famille était indéniablement attachée à la culture, et pourtant, la bibliothèque familiale ne contenait que très peu de classiques moldus, de ce que la petite avait pu explorer. Mais au fait... La bibliothèque de Poudlard, peut-être...

Ruby secoua la tête, monsieur Penwyn méritait toute son attention, autant qu'il lui en accordait. La petite Gryffondor s'en remit à lui pour quelques explications ; sans aucun doute, le professeur répondrait aussi bien qu'il l'avait fait la première fois.

Le sourire satisfait d'avoir pu répondre convenablement à la question de la jeune fille, Edward la regarda quelques instants en se demandent si elle avait d'autres questions à lui poser ou si il pouvait continuer son chemin et se rendre à ses appartements. C'est ainsi sans faire exprès, en pensant à sa destination, qu'il jeta des coups d’œil par dessus l'épaule de Ruby. Se surprenant de son action, l'homme se ressaisit - il était vraiment mal venu de regarder ailleurs en pleine discussion, il avait été bien mieux éduqué que ça.

Une autre question arriva : l'enfant voulait savoir pourquoi elle ne pouvait pas suivre ses cours. Était-ce une question masquée pour dire qu'elle désirait suivre ses enseignements ? Peut-être. Mais de ce qu'il avait retenu du court entretien qu'il était en train d'avoir avec elle, Ruby n'était qu'en Première Année et devrait attendre deux années de plus si elle souhaitait pouvoir choisir l'Etude des Moldus comme matière optionnelle. En effet, en tant qu'enseignant à Poudlard, le Gallois ne faisait classe qu'aux élèves à partir de la Troisième Année. Souvent, il se disait que c'était une chance, car il n'avait pas à réprimander les Première et Deuxième Années qui, n'ayant jamais été à l'école avant, avaient bien du mal à être discipliné en cours et bavardaient sans cesse.

- L'Etude des Moldus est une matière seulement enseignée à partir de la Troisième Année. Et encore, il faut que vous choisissiez cet enseignement, car il n'est pas obligatoire. Ce sera à vous de faire selon l'orientation que vous voulez donner à votre cursus à Poudlard !

Le sourire bienveillant d'Edward ne quittait pas son visage tandis qu'il discutait avec l'enfant. Toujours souriant, il était rare de ne pas le voir de bon humeur ; et dans le cas contraire, il valait mieux ne pas le chercher lorsqu'il n'était pas souriant. La présence ou non de son sourire trahissait souvent son humeur car l'homme était bien trop honnête pour feindre ses émotions. Il regarda la montre à sa poignet, il était 16h05. Finalement, il aurait bien assez de temps avant dix-sept heures pour écrire sa lettre et pouvait donc accorder un peu plus de son temps à l'enfant. Ainsi, le sorcier questionnait Ruby :

- Eh bien dîtes-moi Miss Everheart, vous êtes bien curieuse pour une élève de Première Année. D'où vous viennent toutes ces questions autour de l'Etude des Moldus ?

L'adulte aimait discuter - un peu trop même d'ailleurs - et se demandait bien ce que la Gryffondor avait pu rencontrer récemment pour s'intéresser à sa matière. Avait-elle vu un livre à la Bibliothèque ? Entendu des Cinquième Année sortir de sa salle de classe ? Ou bien était-ce un défi qu'on lui avait donné ? Bientôt, il aurait une réponse à sa question.

Sa Troisième Année... Elle paraissait bien distante à la fillette. Et... Oh. Cela touchait à son avenir, alors, non ? Que c'était vaste, et loin ! La petite fille ne savait même pas ce qu'elle voulait faire, plus tard. Et comment le savoir, si elle n'avait pas découvert toutes les matières enseignées ici ? Oui enfin ! Comment faire un choix déterminant pour son futur, en sélectionnant plusieurs matières censées lui être utiles, sans savoir si ces dernières allaient lui plaire ?
Cela paraissait si illogique pour l'enfant. Et un jour, ce serait à elle de faire le Choix ? Ruby était bien contente de n'être âgée que de onze ans seulement. Les problèmes comme ça, ils arrivaient quand on devenait Grand. Tout un tas de fils à démêler, qui bien souvent s'emmêlaient à nouveau dès que possible. Toute une pelote de nœuds. Parfois, c'était la faute du propriétaire de la pelote, mais d'autres fois, les Autres intervenaient pour tout vous emmêler. Que c'était injuste ! Est-ce que c'était ça, la Vie, ce qui l'attendait elle-aussi ? Les questions avaient rarement afflué aussi vite dans l'esprit de la jeune Everheart, et le comble, elles ne concernaient même pas l'Etude des Moldus.
Et lui, monsieur Penwyn, avait-il des problèmes aussi, en tant que Grand ? Ce n'était pas une question que Ruby lui aurait réellement posée, non. C'était bien trop personnel, et pas à elle de se renseigner. En fait, c'était juste une question fugace, et non une réelle interrogation.
En général, les Grands réglaient leurs problèmes eux-mêmes. Qu'ils étaient solitaires ! Toujours à se réfugier chez l'Autre, pourtant, à chercher la compagnie, sans cesse, et à la fin, à finir par se renfermer en prétextant que tout se réglait toujours mieux seul. Qu'on ne pouvait jamais compter sur l'Autre, seulement sur soi. Ruby avait appris ces leçons de Vie en observant son cours, à l'extérieur comme chez elle. Papa, Maman. Eux-aussi deux Grands, qui s'étaient trouvés pour mieux prendre appui sur l'autre. Se lâcheraient-ils un jour ?
Monsieur Penwyn, d'ailleurs, avait-il trouvé son Autre ? Sa moitié féminine, celle sur qui il s'appuierait à son tour ? Comme tous les Grands qui avaient précédé sa génération, et ceux d'avant encore ? Ça non plus, Ruby ne lui demanderait pas.

L'enfant aperçut alors le poignet du professeur se tourner légèrement, le cadran de sa montre orienté vers ses yeux. Etait-il pressé de se retirer ? Peut-être sa compagnie lui était-elle déplaisante ?
Mais l'homme sembla plutôt apaisé, soulagé presque. La jeune Gryffone décida de ne pas lui en tenir rigueur. En plus, son sourire était toujours accroché à son visage. Everheart se demanda s'il était ainsi chaque jour, aussi bienveillant et attentif, ou si elle était simplement tombée sur lui dans un de ses bons jours. En attendant, le professeur lui avait posé une question.

– C'est vrai monsieur, répondit Ruby, rendant un sourire rieur à son interlocuteur. Il y a quelques jours, en Salle d'Etudes, j'ai aperçu un élève, dépassant la Troisième Année alors, qui s'aidait d'un manuel d'Etude des Moldus pour son devoir.

"Il avait l'air bien difficile son devoir, d'ailleurs..." pensa la fillette, malicieuse.

– Comme je ne connaissais pas... l'existence de cette matière, je me suis dite qu'il était plus simple de vous demander !

Elle hésita, sa lèvre inférieure comme témoin, puis se permit de lui poser une dernière question. Enfin, Ruby ne promettait pas totalement que sa question serait la dernière.

– Je sais que vous devez être occupé monsieur - il faut corriger les copies de ces élèves, sûrement, mais qu'apprend-on réellement sur les Moldus, dans vos cours ? Je veux dire, comment parler de ce monde qui nous paraît si différent ? Et de quoi parler ?

Ouf. Il ne s'agissait pas d'un stupide défi qu'un de ses camarades lui avait demandé de faire - ce n'était ainsi pas une blague destiné à mettre une enfant dans une situation déplaisante -, au contraire, la Première Année de Gryffondor semblait avoir un esprit bien curieux, prêt à accueillir en son sein des connaissances à foison. Un énième sourire passa sur le visage du professeur d'Etude des Moldus en apprenant que c'est par curiosité qu'elle était venu le voir, après avoir vu l'un des élèves de sa classe étudier avec le livre qu'il leur avait demandé d'acheter pour l'année scolaire. À son âge, Edward était bien différent. Jamais il ne se serait intéressé aux livres que ses camarades utilisaient en salle d'étude - si tant est qu'il se trouve à étudier et non pas à traîner dans une salle abandonnée à discuter avec ses amis. D'ailleurs, si il avait l'âge de Ruby, il se serait même moqué d'elle, gentiment certes, pour aller discuter et fayoter auprès d'un professeur qu'elle n'avait même pas encore en classe. Mais comme avec les années viennent une certaine maturité, le professeur trouvait l'attitude de l'enfant assez charmante et appréciait qu'elle est pris l'initiative de se renseigner.

- Vous avez très bien fait de venir me voir, Miss Everheart ! Je suis là pour aider les élèves du mieux que je peux !

Son sourire bienveillant s'accentuant en regardant l'enfant et en opinant de la tête lorsqu'elle se met à lui poser une nouvelle question. Ruby voulait savoir ce qui était enseigné en cours d'Etude des Moldus. Si il n'avait pas pris le temps de réfléchir, il lui aurait probablement répondu "Tout et rien à la fois", mais ce n'était sans doute pas la réponse à laquelle elle s'attendait. L'homme se mordit la lèvre quelques instants pendant qu'il réfléchissait à la meilleure réponse à fournir à la question de la Gryffondor. À vrai dire, le programme d'Etude des Moldus était en général laissé à l'appréciation du professeur, puisque le champ d'étude était divers et variés. Seules quelques lignes directrices étaient données pour l'aider à préparer ses cours, mais il était grandement laissé à l'abandon.

- C'est assez varié, il y a tellement de choses à apprendre sur eux. J'imagine que dans ce cours, on apprend ce qu'il faut pour pouvoir passer incognito dans une foule de moldus et ne pas se dévoiler en tant que sorcier. L'idéal à la fin de la scolarité est d'avoir les bases dans de nombreux domaines moldus, que ce soit culturel, sociétal, ou même technologique, afin que lorsqu'on est confronté à une situation que l'on ne connaît pas, qu'on puisse arriver à s'en sortir et comprendre de quoi il s'agit.

Sa définition avait été bien plus longue que prévue, mais sa passion pour le monde non-magique en tant que sorcier avait pris le dessus. Il espérait ne pas avoir assommé l'élève avec plus d'informations qu'elle n'en demandait.

- Que connaissez-vous des moldus Miss Everheart ?

Affreusement désolée pour ce retard...

L'homme commença par rassurer Ruby, lui assurant qu'il était tout à fait disposé à l'aider, et à mieux lui faire comprendre l'Étude des Moldus. Et la Rouge et Or se trouva réellement apaisée par cette réponse. Elle n'avait plus à s'inquiéter d'un éventuel dérangement.
Elle sourit lorsque le professeur termina sa tirade. La fillette en avait compris l'essentiel, mais surtout, ce débit lui rappelait le sien, quand trop d'idées affluaient dans sa tête, et qu'elle ne pouvait s'empêcher de toutes les détailler. Vraiment, monsieur Penwyn lui était sympathique, et la Gryffondor comprenait son enthousiasme à exposer cette matière qui lui était chère. Elle s'appliqua pour sa réponse :

– Eh bien... Ces personnes n'ont pas de pouvoirs magiques, et ne connaissent pas ou peu l'existence du monde sorcier... De toute façon, je crois qu'ils ne nous aimeraient pas ; je veux dire, ils ne seraient peut-être pas ravis d'apprendre que des gens parmi eux sont capables de contrôler la magie. Moi en tout cas, je serais jalouse, ou alors je prendrais peur...

Les sourcils de la petite fille se froncèrent à cette pensée, alors qu'elle se dandinait gauchement, ne sachant pas quoi faire de son corps. Sa matière grise s'activait à toute allure, réfléchissant à ce qu'elle pouvait savoir d'autre à propos des Moldus.

– Mais certains enfants sorciers nés de parents moldus sont obligés de leur révéler leur nature... En fait, les deux mondes cohabitent, sans que les Moldus ne le sachent. Je crois qu'il y a plein de différences entre les deux, nous n'avons pas les mêmes loisirs par exemple.

Ruby resta pensive un instant, marquant une pause bienvenue. Ainsi, les Moldus ne connaissaient pas le Quidditch ? Sport qu'elle avait elle-même découvert en début d'année. La Gryffondor avait raté l'occasion d'encourager l'équipe de sa maison en ce début de mois, et elle comptait bien se rattraper au prochain match. En tout cas, cette réflexion ne lui était jamais venue, et sans la question du professeur, elle ne serait sans doute jamais arrivée.

– Et puis ils ont un ministère à eux, je crois. J'aime bien lire leurs journaux quand je peux, même si je ne comprends pas tout. Et les images ne bougent pas, c'est un peu déstabilisant...
Mais à vrai dire, je n'en connais pas plus sur ces Moldus.

Ruby se demanda quelle allait être la réaction de monsieur Penwyn après ce long monologue. Sa réponse allait-elle lui être satisfaisante ? La Rouge et Or n'en avait aucune idée. Mais l'homme ne lui paraissait pas du genre à la juger, seulement à lui poser des questions pour en savoir plus, comme Ruby elle-même aimait tant le faire.

À mon tour de m'excuser pour mon retard...

Un sourire bienveillant apparut sur le visage d'Edward en entendant la jeune fille de Gryffondor lui déballer une grande partie de ce qu'elle savait sur les Moldus. Il écouta avec attention tout ce qu'elle disait ; son point de vue était plutôt intéressant, et en tant qu'enseignant, il était ravi de découvrir ce que les enfants de cet âge qui n'avaient jamais vécu dans le monde non magique pensaient. Son appréhension des Moldus était biaisée par le fait, sans doute, de ne pas en connaître.

- Vous avez en partie raison en disant que certains Moldus ont peur de ce qu'ils ne peuvent appréhender, qu'ils jalouseraient des personnes ayant des facultés qu'ils n'ont pas. Mais il y en a d'autres, qui au contraire, seraient capable de l'accepter, de travailler avec les sorciers pour faire un monde bien meilleur.

Il ne fallait pas qu'ils donnent une mauvaise impression des Moldus à la jeune fille. C'est pour cela qu'il se tût sur l'ancienne cohabitation entre les sorciers et les non-magiciens qui avait forcé la communauté magique à vivre dans le secret pour son propre bien.

- Certains de vos camarades sont en effet issus d'une famille de Moldus. Je le suis moi-même. Les parents sont pour la plupart très heureux d'avoir un sorcier dans la famille. On projette souvent tous nos espoirs et nos ambitions sur nos enfants, c'est une aubaine que notre enfant possède des capacités que l'on a toujours rêvé avoir.

Edward s'éclaircit la gorge en regardant l'enfant droit dans les yeux. Sa soif de curiosité pétillait dans son regard, elle semblait avoir un appétit insatiable pour la connaissance.

- Vous en connaissez déjà pas mal pour une élève si jeune de Poudlard, c'est très bien, lui dit-il en souriant. Si vous voulez en apprendre plus, vous pourrez découvrir en Troisième Année tout ce que les Moldus arrivent à faire et que nous arrivons pas, encore, à copier. Ils ont des bibliothèques de poche qui leur permettent en quelques instants d'avoir accès à toute la connaissance de leur monde, ce n'est pas beau ?

Vraiment désolée, à nouveau...
Mots en gras pour le Stand des Défis (Gryffondor).

Un peu anxieuse, la fillette avait toujours en tête qu'elle venait de déballer ses connaissances sur les moldus au professeur spécialisé... On aurait dit une sorte d'interview, où Ruby venait enquêter auprès de l'homme en lui posant toutes sortes de questions. Bien entendu, elle allait s'empresser de les recopier sur son petit carnet, qui l'attendait au fond de la malle de son Dortoir. L'échange avait cependant un caractère nettement moins officiel qu'un interrogatoire classique, supposait la fillette. Justement, c'était au tour de monsieur Penwyn de répondre. Il commença son explication, et c'est à peine si la fillette se croyait embarquée dans un cours particulier, tant elle apprenait des choses avec lui. En revanche, Ruby n'avait aucune idée de la localisation de son agence. Si elle tombait sur le bureau du professeur, ou la salle de cours d'Etude des Moldus, ce serait sans doute par hasard à ce stade de l'année. Elle hochait la tête, compréhensive aux paroles du professeur, un sourire aux lèvres du fait de toutes les informations mises à sa disposition. Inutile de les compter, elle préférait profiter. La jeune Gryffondor ponctuait parfois les phrases de l'homme d'un « C'est une bonne chose. » ou encore « Je vois... ».

– Ça ne cause pas trop de distinctions ? s'enquit la fillette lorsque monsieur Penwyn évoqua les différences de statut. Bien qu'elle semblait avoir une partie de la réponse : "Né-Moldu" sonnait parfois d'une façon négative dans la bouche de quelques sorciers, au contraire de "Sang-Pur", ce qu'elle était. Ruby ne savait pas vraiment quoi en penser. L'homme parvint une fois de plus à la tirer de sa réflexion, en prononçant seulement les mots « Bibliothèque de poche » et « Connaissance de leur monde ». Aussitôt, Everheart ne manqua pas de s'exclamer :

– C'est merveilleux vous voulez dire ! Je ne savais pas !

Puis, repensant à la presque-invitation du professeur, Ruby reprit :

– C'est encore loin, mais au moins, je vois mieux ce qu'est l'Etude des Moldus.

Elle tâcherait de s'en souvenir au mieux pour son passage en Troisième Année. Peut-être même que monsieur Penwyn serait toujours là, et qu'elle l'aurait comme professeur.
Un frisson vint la traverser, alors qu'un courant d'air s'engouffrait sous sa cape. La petite ne traînerait pas plus longtemps ici si elle ne voulait pas risquer une sinusite. Rien ne valait les braises de la cheminée des Gryffons, sans nul doute en train de crépiter à l'heure actuelle. Leur chaleur comparable à celle d'un volcan n'était pas de refus pour Ruby. Avec amabilité, elle s'adressa alors au professeur :

– Merci beaucoup pour toutes ces explications monsieur, et merci de bien avoir voulu répondre à mes questions. Je crois que c'est tout d'ailleurs, alors... Je vous souhaite une bonne journée ! Au revoir !

Concluant par ces mots, la petite Everheart jeta un dernier regard reconnaissant à l'homme, puis s'éloigna pour tourner à l'angle où elle était arrivée pour monter jusque dans la tour du cinquième étage.

Fin du RP pour moi, merci monsieur ! Je vous laisse le conclure si vous le souhaitez.